Vologda, Russie.
15 juin 1988.
« Maman à peur », se dit Natasha en observant sa mère qui tachait de contenir ses tremblements, tout en ne cessant de regarder dehors, dans le jardin, là où son père était sorti quelques minutes plus tôt, suivant des hommes étranges, habillés tout en noir. Natasha n'aimait pas ces hommes. Ils avait l'air méchant.
La fillette rousse de six ans se tenait recroquevillée près de la porte de la cuisine, mâchouillant son doudou, un vieux lapin en peluche rapiécé. Sa mère lui avait déjà ordonné de monter dans sa chambre, mais Natasha refusait. Sa maman était en bas, de même que son petit frère Nikolaï, qui jouait allégrement avec ses voitures sous la table, inconscient de ce qui se passait. Alors elle aussi elle devait être là, avec eux. Natasha, elle, se rendait compte que quelque chose n'allait pas. Que c'est hommes étaient dangereux et que son papa n'aurait pas du rester si longtemps dehors. Elle aussi, elle avait peur.
Un bruit sourd retentit dans la cour, faisant sursauter la petite fille de frayeur. Sa mère poussa alors un hurlement strident, portant la main à sa bouche, regardant d'un air horrifiée par la fenêtre. Nikolaï se mit à pleurer en entendant sa mère crier, et Natasha ne put retenir ses tremblements de peur plus longtemps et porta les mains à ses oreilles pour couvrir les cris de sa mère et ferma fort les yeux. Mais soudain, elle sentit une main puissante la soulever de force, et elle leva la tête, voyant le visage paniqué de sa mère au-dessus d'elle, tenant son petit frère dans ses bras.
- Lève-toi, Natasha ! Vite, vite !
La petite fille obéit et se leva, et sa mère l'entraîna en courant dans le couloir de leur petite maison, Nikolaï hurlant dans ses bras. A plusieurs reprises, Natasha tomba par terre et à chaque fois sa mère la relevait. La fillette sentait son cœur battre à cent à l'heure, et les larmes coulait sur son visage. Où était donc papa ? Sa mère l'emmena dans la cave de la maison, lui faisant descendre les escaliers à toute vitesse et un bruit de porte briser se fit entendre à l'étage, de même que des voix d'hommes dure.
Sa maman se jeta contre la porte d'un petit débarras, et emmena ses enfants à l'intérieur avant de tirer des cadenas et de nombreux verrous que le père de Natasha avait fait installer quelques semaines auparavant. La petite observa sa mère, haletante et effrayée, les enfermer dans cette petite pièce avant de déposer Nikolaï par terre, près de sa soeur, et de s'accroupir avant de retirer le vieux tapis qui avait toujours été là et de frapper du poing le sol. Natasha vit alors que les planches de bois bougeait et sa mère les retira, révélant un espace sombre, comme un long tunnel. Les voix d'hommes retentirent non loin d'eux, et sa mère gémit avant de se tourner vers elle.
- Natasha chérie, écoute-moi bien, sanglota-t-elle, tu va descendre en bas, d'accord ? Il n'y à rien à craindre, tu est en sécurité là-dessous et tu devras courir, courir aussi vite que tu peux, toujours tout droit, tu ne t'arrête à aucun moment et tu ne lâche pas la main de ton frère, c'est compris ? Au bout d'un moment, tu verras de la lumière derrière des barreaux, tu n'aura qu'à pousser les barreaux et tu seras dehors.
Natasha commença à secouer négativement la tête. Pas question qu'elle parte sans sa maman et son papa mais sa mère lui posa le doigt sur la bouche et lui tendit un petit appareil noir que la fillette reconnut pour avoir vu ses parents souvent les utiliser. Un portable.
- Quand tu sera sorti, tu aura juste à appuyer sur le bouton vert, et ça appellera ton oncle, il viendra vous chercher, Nikolaï et toi, et vous serez en sécurité…
- Maman, tu ne viens pas avec nous ? Interrogea la fillette, la lèvre tremblante.
- Non, ma chérie, non, pleura-t-elle en caressant la joue de sa fille, je dois aller retrouver papa et nous vous rejoindront… Nous vous rejoindrons plus tard, d'accord ? Tu dois partir avec ton frère, tu est forte, Natasha, je le sais, tu vas y arriver…
- Non, maman, tu dois venir…
- Je t'aime, Natasha, l'interrompit sa mère en la soulevant. Ne l'oublie pas, jamais.
Natasha n'était pas certaine de tout comprendre, mais elle pleura de toutes ses larmes dans les bras de sa mère. Elle voulait rester dans les bras de sa maman, à tout jamais. Mais sa mère la repoussa aussi vite qu'elle l'avait prise.
- Allez, ma chérie, vous devez partir…
Le même bruit sourd explosa dans les oreilles de Natasha, mais tout près d'elle cette fois et elle vit quelque chose transpercer la porte et venir se ficher dans la tête de son petit frère, l'éclaboussant de sang. Sa mère hurla en voyant cette scène mais elle ne perdit pas de temps avant de prendre Natasha et de la pousser dans le tunnel avant de refermer brusquement le sol et d'y replacer le tapis. Natasha tomba sur le sol froid et humide et gémis de douleur mais elle parvint à se relever et leva la tête, mais ne vit rien d'autres que des planches de bois. Cependant, elle entendit sa mère supplier et elle entendit aussi les coups de feu qui suivirent.
Elle voulait remonter. Elle voulait remonter et venir en aide à sa maman et à son petit frère. Mais elle ne savait comment. Alors elle fit ce que sa mère lui avait dit de faire : courir, les larmes coulant sur ses joues.
Reno, Californie, Etats-Unis.
17 mars 1989.
Clint serrait le pistolet si fort qu'il en avait mal aux mains. Son cœur battait à tout rompre et il transpirait tellement que son tee-shirt était trempé. Il était résolu à le faire. Le jeune garçon de 12 ans ne comptait plus le nombre de nuits où il s'était retourné dans son lit, ses os brisés et ses nombreux bleus le faisant souffrir atrocement, à ruminer sa rage contre son père. Clint avait imaginé cent mille façons de tuer son salopard de géniteur. Le pousser dans les escaliers. L'empoisonner. Lui déchirait le ventre à coup de couteaux.
Ce qui était bien quand on vivait dans les quartiers mal famé de Reno, en Californie, c'est que les dealers et trafiquants des rues pouvait procurer n'importe quoi à n'importe qui tant que celui-ci payait. Clint aurait pu avoir ce qu'il voulait. Mais il avait finalement opté pour le flingue. Il voulait regarder son père droit dans les yeux lorsqu'il lui tirerait une balle entre les deux yeux. Il s'était acheté le pistolet avec l'argent volé à son père plus tôt dans la soirée, et le trafiquant n'avait pas l'air gêné de vendre une arme à feu à un gosse de douze ans. Maintenant, Clint attendait.
Son père devait être au pub, à l'heure qu'il est. A boire bière sur bière, à dépenser son fric dans le poker et les paris. Bientôt, il se rendrait compte qu'il lui manque une grosse somme et rentrerait, furieux, pour casser la gueule à son fils aîné qui lui avait volé son pognon. Clint l'attendait de pied ferme. Cette fois, il ne se laisserait pas faire. Il pourrait enfin venger sa mère.
Officiellement, Lucy Barton était morte dans une mauvaise chute dans les escaliers. Un simple accident qui avait brisé une famille. Mais Clint savait la vérité. Il savait que son père battait sa mère dès qu'il buvait et qu'un jour, un coup était parti trop fort et qu'il lui à briser la nuque. Elle était morte bien avant de tomber en bas des marches. Il avait vu toute la scène et son père l'avait surpris. A cette époque, Clint n'avait que six ans et n'avait pas osé parler à la police, terrorisé par son père et déterminé à protéger son jeune frère, Andy. Mais il n'avait jamais oublié et s'était juré de venger sa mère. L'heure était enfin venue.
Ce n'était pas l'angoisse qui le rendait si fébrile. Il s'en savait capable. Il avait trop alimenté sa haine durant ces dernières années. Clint haïssait son père. Au point que cela le hante, nuit et jour. Il fallait qu'il en finisse. Il n'avait pas peur pour l'après. Voilà longtemps qu'il s'élevait tout seul, depuis la mort de sa mère. Il était bien conscient qu'une fois que ce serait fait, il devrait disparaître. Vivre dans le monde de la rue. Cela ne l'effrayait pas, il avait affaire aux trafiquants depuis un bail. Et son père avait tellement d'ennemis que l'enquête n'irait pas loin, pas dans la cité dans lequel ils vivaient. Les mecs retrouvés morts tué par une balle étaient monnaie courante dans les environs.
La seule chose qui réjouissait Clint, c'était qu'Andy ne serait pas là pour voir ça. A la mort de sa mère, Andy était chez ses grands-parents maternels dans l'état de Washington et s'était battu pour garder la garde du petit. Il se demandait quelques fois pourquoi ils n'avaient pas cherché à le prendre, lui aussi. Pourquoi ils l'avait laissé avec son père, vu qu'apparemment ils le connaissait suffisamment pour savoir qu'Andy était en danger avec lui ? Clint n'en savait rien et n'était pas sûre de le savoir un jour. Il valait mieux pour Andy qu'il ne cherche pas à le voir. A partir de ce soir, il serait un meurtrier à la rue après tout.
Le bruit d'une voiture qui se gare devant leur petite maison crasseuse se fit entendre, et Clint se figea. Le voilà qui arrivait. Prenant une grande inspiration, il se leva et regarda son visage dans le petit miroir posé sur sa table de nuit, qui avait appartenu à sa mère. Il voyait un garçon maigre et pâle, des cheveux châtain clair désordonnés et des yeux verts remplis de colère et de détermination. Clint ressemblait à sa mère, et il remerciait le seigneur pour cela. Cela l'aurait tué d'être le parfait portrait de cet ivrogne de Gary Barton.
La porte s'ouvrit avec fracas au rez-de-chaussée et Clint entendit la voix de son père beugler :
- Clinton ! Où est-tu, petit bâtard ? Viens ici tout de suite ! Clinton !
Son père ne l'appelait jamais Clint. A cause de cela, il ne supportait pas d'entendre son vrai prénom. Serrant le Beretta dans sa main, il ouvrit doucement la porte de sa chambre et descendit lentement les escaliers, prenant tout son temps alors que son père continuait de l'appeler en criant, envoyer insulte sur insulte. Bizarrement, toute son agitation s'était envolée. Un calme olympien l'avait envahi dès qu'il avait ouvert la porte. Le pistolet lui parut presque léger dans sa main. Clint arriva en bas des escaliers, et vit son père, ivre, titubant dans le couloir, les yeux injectés de sang.
- Sale petit morveux… Tu m'as volé du pognon ! Je te le jure que tu vas la regretter !
Clint ne répondit pas. Il était habitué aux insultes et aux menaces. Quelques jours auparavant, il avait tremblé et pleuré devant ce même homme, son propre père. Plus jamais, se promit-il intérieurement. Plus jamais il ne pleurerait devant personne, plus jamais il ne supplierait qui que ce soit. Alors que son père s'approchait de lui, tombant à moitié, Clint leva son bras et pointa l'arme vers son père. Celui-ci se figea quelques instants puis éclata de rire.
- Ah, qu'est-ce que je vois là ? Un flingue ? Tu te crois où, putain, espèce de…
Clint appuya sur la gâchette avant qu'il ait pu finir sa phrase. La détonation le surprit et la force du coup lui fit partir le bras en arrière. La balle vint se lever entre les deux yeux de Gary Barton, l'interrompant. Il écarquilla les yeux et dévisagea son fils, surpris, avant d'émettre un étrange gargouillis et de tomber sur le sol, le sang s'écoulant de son front.
Clint cligna des yeux et observa le cadavre de son père. Il s'attendait à ressentir de la joie, de la satisfaction de s'être débarrassé de lui, mais ce n'était pas le cas. Il ne ressentait que du froid et une indifférence cuisante. Il baissa son arme et expira un grand coup. C'était fait. Il n'avait pas hésité. Et la précision de son tir l'impressionnait presque autant qu'elle l'effrayait.
Il savait maintenant qu'il fallait qu'il parte en vitesse. Remontant en vitesse à l'étage, il prit le sac qu'il avait préparé avec ses maigres affaires et mit le pistolet dedans avant d'enfiler sa veste et de redescendre, s'arrêtant à côté de son père et fouillant dans ses poches, ayant quand même pris la peine de porter des gants pour lui retirer les billets qu'il avait. Presque quatre mille dollars ! La soirée avait du être bonne au poker pour Gary Barton. Il empocha l'argent et ne jeta pas un regard de plus à son père. Il avait vengé sa mère et il s'était libéré de l'emprise de Gary. Maintenant, il n'avait plus d'autre choix que de quitter la ville. Tandis qu'il ouvrit la porte de la maison, il regarda derrière lui une dernière fois. Peut-être aurait-il mieux valu faire brûler la maison pour effacer les preuves. Mais il n'avait pas le temps. Il promena son regard une dernière fois sur l'endroit où il avait passé ses douze premières années. Et se jura de ne jamais revenir dans cette maison, de ne jamais revenir à Reno de préférence.
Puis Clint Barton tourna les talons et quitta sa maison d'enfance pour toujours, afin de commencer sa nouvelle vie.
Coucou les amis ! Voilà, je me lance dans une nouvelle fic sur mon gros coup de cœur du moment : le couple Natasha Romanoff et Clint Barton du film Avengers ! J'avoue que quand j'écris pour cette fic, je me sens constamment terrain glissant. Je vais y aller à l'instinct. Les deux premiers chapitres ne seront qu'une mise en place de l'histoire. Je vais rapidement survoler les premières années de Clint et Natasha avant de vraiment lancer la fic. Donc, avec ce premier chapitre, j'ai voulu montrer comment tout avait commencé. Etant donné que dans les films, on sait peu de choses sur Clint et Natasha, j'ai laissée court à mon imagination.
Pour moi, l'histoire de Natasha commence avec la vengeance. Sa famille à été massacré et elle voudra tout faire pour les venger, c'est ainsi qu'elle deviendra la Veuve Noire. Qui, pourquoi, quand, comment, ce sera dans les prochains chapitres. J'ai bien l'intention de travailler tout ce à quoi elle fait référence dans le film, comme par exemple dans sa conversation avec Loki… « La fille de Dreykov », « Sao Paulo », « L'incendie de l'hôpital », « Budapest », toutes ces petites choses, ces petits détails seront des instruments pour moi ! )
Pour Clint, les choses sont différentes. Il était un enfant malmené selon moi et il se retrouve très jeune seul, ce qui va le pousser à apprendre à se débrouiller, à devenir adulte trop tôt. Voilà, j'espère que ce premier chapitre vous a plu, surtout n'hésitez pas à le dire si vous n'aimez pas ! Que ce soit pour un avis négatif où positif, une review fait toujours plaisir ! )
Roza-Maria.
