Série : Naruto

Auteur : Schismatik

Disclaimer : Naruto (les livres, les personnages…), ne m'appartient pas


Libre

… tu parles

S'il n'était pas l'exemple type du Hyuga, Neji se serait volontiers soulé jusqu'à plus soif avec l'ivrogne affalé au comptoir du bar (soit dit en passant minable) de ce microscopique village où il avait trouvé refuge.

Après l'examen chunin, la leçon de morale administrée par Naruto et les révélations de son oncle, il y avait presque cru. Mais même Ibiki dans son meilleur jour ne pourrait lui faire avouer ne serait-ce que le commencement d'un début d'acquiescement comme quoi cette journée avait bouleversé sa vie. On est Hyuga ou on ne l'est pas. Et quand on s'appelle Neji Hyuga par dessus le marché…

En lui-même cependant, lorsqu'il s'accordait quelques secondes de repos entre les entraînements avec Gaï-sensei, ceux avec Hiashi-sama, ou les siens en solitaire, Neji admettait que c'était le cas.

Sa vie auparavant n'était que rancœur, vide de sens, toute tracée par les entrelacs délicats du sceau sur son front. Il se sentait attaché à son destin d'esclave plus sûrement que s'il avait eu des fers au pieds. Jamais il n'aurait pu seulement imaginer pouvoir choisir sa voie. D'autres, prétendument plus sages, en avaient déjà décidé bien avant sa naissance, gravant dans sa chair leur outrageuse prétention, le condamnant, lui et les siens, sur des prétextes de sang, à une existence de servitude, d'humiliations et de sacrifices.

Combien de fois avait-il eu l'envie brûlante de se rebeller, mais sans savoir comment faire. Combien de fois avait-il bravé sans y croire l'autorité haïe, pour ne récolter que la souffrance. Combien de fois avait-on du le soigner en urgence pour lui éviter la folie, le placer en catalepsie pour lui permettre de récupérer, réparer son corps déchiré par la douleur, mais sans jamais apaiser son âme meurtrie.

Ce jour-là, pour la première fois, il avait commencé à croire qu'autre chose était possible. Parce qu'un baka, un perdant qui refusait de le rester, un dernier de la classe qui prétendait à la plus haute charge (et un casse-pieds de première, il devait s'en rendre compte par la suite), avait fait voler ses convictions en éclats, à coups de poings bien sentis, d'ailleurs.

Par la suite, il lui avait fallu du temps pour s'habituer à ce nouveau monde.

Ne plus voir Hinata-sama comme l'Héritière qui ne méritait pas son rang, mais comme une petite sœur bien plus capable qu'aucun ne croyait, et elle aussi prisonnière de chaînes qui, pour être dorées, n'en étaient pas moins lourdes. Ne plus voir son oncle comme un tyran égoïste sacrifiant tout pour sa propre survie, mais comme un frère contraint de laisser son frère mourir.

Mais aussi des anciens non pas sages, mais enfermés dans leurs certitudes, des règles non pas sacrées mais obsolètes. Et lui même, et ceux de la Bunke, trop aveugles, ou trop lâches, ou les deux, pour réagir.

Il lui avait fallu du temps.

Pour reconnaître que tout n'était pas mauvais. Pas plus que tout n'était bon.

Pour arriver à se dire qu'il y avait vraiment un espoir, qu'il pouvait changer les choses, qu'il pourrait être libre au delà de son sceau.

Aujourd'hui, il n'y croyait plus.

3 mois plus tôt

- Neji ! Je te défie !

Misère. A peine remis de son opération et le voilà qui recommence.

Je suis heureux de le voir sur pieds. Sa tunique verte, ses hurlements et son enthousiasme m'ont manqué. Mais ce n'est pas aujourd'hui qu'il le saura. Comme d'habitude, mon visage reste inexpressif. Je laisse à peine passer un soupçon d'ennui dans mon regard lorsque Gaï-sensei et Lee se congratulent l'un l'autre sur la merveilleuse « Fougue de la Jeunesse », je cite.

Au vu du regard narquois que m'adresse Tenten, un doute me prend. Aurais-je pu laisser filtrer une autre émotion ? Cette fille me connaît décidément trop bien. Mais il est impossible qu'elle sache à quel point je suis soulagé de revoir Lee guéri. C'est après tout le premier ami que j'ai jamais eu. Dire qu'il m'a fallu le voir sanglé sur son lit à l'hôpital pour l'admettre.

En même temps…

- Neji ! Tu te dois de répondre au défi de Lee ! Car combattre pour…

… il y a des fois où j'ai comme un regret du temps (si court, si court) de paix que les Kami m'ont accordé, sans défis, ni hurlements, ni « Fougue de la Jeunesse », je cite, bis.

Heureusement Tenten (vient à mon secours) réagit pour demander qu'elle est la mission du jour.

quelques deux heures plus tard

Je retire ce que j'ai dit. Tenten aurait du se taire. Et l'Hokage, sanin ou pas, à intérêt à ne pas croiser mon chemin de sitôt.

Que Lee soit en convalescence, je veux bien. Mais, non d'un Inuzuka, il a quand même tenu face à l'un des meilleurs éléments d'Orochimaru, et Tenten, Gaï-sensei et moi sommes en pleine forme ! Alors pourquoi nous donner des missions que même un genin unijambiste pourrait mener à bien par une nuit de brouillard sans lune !

Après la surveillance des cours de lancer de shurikens à l'académie, la sécurité d'une réunion inter-clans, nous voici « chargé de l'escorte d'un haut dignitaire de Suna… Lee ! Oserais-tu remettre en cause les décisions de ton Hokage ? », et gratifiés au passage de la promesse d'une mort extrêmement lente et douloureuse si nous avions le malheur de laisser Lee faire des efforts trop violents.

Ce qui a transformé notre mission d'escorte en mission de surveillance d'un excité (vert) nettement moins que ravi d'être considéré comme un vase de porcelaine. Ce que, soit dit en passant, je comprend. Mais si je dois enclencher mon Byukagan pour la 67e fois pour ce simple matin, je crois que la « Fougue de la Jeunesse » va finir ligoté au chariot à provision. A moins que Tenten n'agisse en premier. J'aurais presque pitié…

- Là ! Le buisson a bougé ! Montre-toi, vil agresseur ! Rien n'empêchera les Ninjas de Konoha de mener leur mission à bien !

- Lee ! Tu as l'oeil du tigre ! Je suis fier de toi ! Sus à l'ennemi !

presque…


A suivre...