Disclaimer : Rien n'est à moi, et heureusement.
Cette histoire est une réponse au Chiche de Neechu, posté sur le Forum de Tous les Périls : GRISE, moi je veux l'UA où Perona essaye de séduire son papa Mihawk avec l'aide involontaire de son esclave frère Zoro. Cela devra inclure des jeux de mots sur des sabres et leurs fourreaux (dans des moments particulièrement inopportuns si possible) ainsi que de la petite dentelle.
Normalement, elle aurait dû être publiée sur Défi(nitivement) fou, mais elle est tellement longue que j'ai décidé de la fractionner en plusieurs parties et d'en faire une histoire à part entière. En espérant qu'elle vous plaise !
Akilie m'a très justement fait remarquer que certaines termes de 'joueurs' peuvent prêter à confusion. J'ai donc rajouté des petites notes !
Avertissements :
Cette histoire traite d'un amour incestueux. Certains considéreront que non car Mihawk et Perona ne sont pas unis par le sang, mais voilà…
Mention d'un réseau de prostitution infantile. C'est très léger, c'est en passant, mais c'est là tout de même.
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Tous les chemins mènent quelque part
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Partie 1 :
« Quand je serais grande, j'épouserai Mihawk. Donc si tu veux, tu peux m'appeler 'Maman' tout de suite. Ça ira plus vite. »
Zoro, huit ans, regardait avec des yeux curieux l'adolescente en face de lui. On la lui avait présentée comme Perona. Désormais lui avait dit Mihawk, elle serait sa grande sœur.
Zoro voulait retourner à la maison, avec Koshiro, mais il savait que ce n'était plus possible. Koshiro était tombé malade peu après la mort de Kuina et, comme disait pudiquement les adultes, il penchait vers la tombe. Comme pour rejoindre plus vite son enfant chérie.
Il ne pouvait plus s'occuper de Zoro, et il l'avait confié à un de ses amis qui avait accepté de prendre en charge l'orphelin. Le petit garçon savait qu'il aurait dû être reconnaissant, mais il se sentait juste intimidé et mal à l'aise.
Et surtout en face de cette fille bizarre, avec ses grands yeux ronds et ses cheveux roses. Elle était habillée en noir, une robe pleine de dentelles et de rubans, comme les poupées que les vieilles dames ont et avec lesquelles elles ne jouent jamais.
« J't'aime pas, déclara-t-il. T'es pas maman, et t'es pas ma sœur.
— Bon, et bien au moins tu sais parler. J'allais finir par en douter, têtard. »
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Ses pieds engoncés dans ses ignobles bottes qu'elle semblait adorer pour une raison qui dépassait le maigre entendement de la mode qu'avait Zoro, Perona, étalée sans grâce sur le canapé, contemplait le plafond avec une obstination morne.
« Je veux l'embrasser.
— S'il te plait, dit-il sans relever la tête, penché sur son problème de maths qui se révélait être un très coriace adversaire, c'est notre père.
— Il m'a adoptée à l'âge de douze ans. Crois-moi quand je te dis que je ne l'ai jamais considéré comme un père.
— N'en dis pas plus, je ne veux rien savoir.
— Comme si un obsédé des sabres comme toi pouvait comprendre quelque chose à l'amour. »
Zoro ne répondit pas, parce qu'il était effectivement obsédé des sabres et qu'il ne comprenait rien à l'amour. Et certainement pas celui que sa sœur d'adoption ressentait pour leur père. Ça faisait bien neuf ans qu'il se posait la question. Depuis qu'il l'avait rencontrée, en fait.
« Je veux l'embrasser, reprit-elle inlassablement, et je veux qu'il m'embrasse en retour.
— Je ne t'écoute pas.
— Ça tombe bien, je ne parle pas pour toi. Ensuite, il m'emmènerait dans sa chambre, qui deviendrait bientôt notre chambre, et il me déshabillerait… »
Ok, il ne comprenait peut-être rien à l'amour, mais vu la direction que prenaient les salades que déblatéraient Perona, il savait déjà qu'il ne voulait pas en savoir plus.
Se retirant dans sa chambre, parce que, et peu importait ce qu'en disait sa fierté, la fuite était parfois nécessaire, il laissa son exaspérante sœur à ses rêveries incestueuses.
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« Tu feras attention, j'ai mis du gui au-dessus de la porte. »
Zoro, qui tentait de revenir à une notion concrète de la réalité après une nuit de sommeil trop courte (il aimait jouer en ligne. Il aimait encore plus gagner quand il jouait en PvP (1) contre cet abruti de Lovercook qui aurait bien dû avoir pour pseudo Losercook tellement il était nul) croisa le regard trop maquillé de sa sœur et ne dit rien.
« Du gui. Au dessus de la porte. Pour avoir un prétexte pour l'embrasser.
— Si tu veux embrasser Mihawk, déclara Zoro en réussissant enfin à comprendre de quoi elle parlait, tu vas avoir besoin de plus qu'un prétexte.
— C'est une tradition ! C'est un homme honorable qui comprend ces choses-là. » Elle eut un regard rêveur et ajouta : « Mais bon, maintenant, il est hors de question que tu m'appelles 'Maman'. Ça fait trop longtemps que je te connais, ça me ferait bizarre… »
Zoro préféra ne pas répondre et consulta rapidement le tchat de sa guilde. Losercook était connecté. Il lui envoya quelques insultes, et remercia silencieusement ce tocard d'être là pour le distraire des pensées tordues de sa sœur.
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Dans le car qui l'emmenait au lycée, Zoro ignora successivement Nami, qui venait lui réclamer son argent, Luffy, qui venait lui réclamer son déjeuner, et Chopper qui venait lui rappeler qu'il avait une analyse de sang à faire.
Zoro aimait ses amis, il les adorait et il aurait tué pour eux. Mais parfois, il avait besoin de se défouler d'une autre manière, et pour ça il n'y avait pas trente-six solutions. En sortant du car, il posa sur la petite foule d'élèves son regard acéré, à la recherche de cheveux jaune pisse.
Sans surprise, il trouva leur propriétaire déjà en train de tourner autour de Nami, qu'il avait attendu à la porte du car et dont il portait le sac.
« Hey, sourcil en vrille, c'est moi ou t'es encore plus ridicule dans ton costard ce matin que d'habitude ? »
Le jeune homme blond releva la tête, et leurs yeux se croisèrent.
Immédiatement, l'animosité entre eux devint presque palpable. « Nami, je corrige cet abruti et je reviens prendre soin de tes affaires, ô ma douce colombe, » gazouilla le blond en direction de ladite colombe qui tenait plus de la harpie carnassière que de n'importe quel autre volatile, du moins selon Zoro.
Sans un mot à son encontre, le blond se précipita sur lui. Zoro était meilleur avec un sabre, ou plus précisément avec trois, mais la dernière fois qu'il en avait apporté un au lycée, il y avait eu toute une série de répercussions désagréables, sous prétexte qu'on ne pouvait pas se battre avec. Zoro pouvait parfaitement se battre avec, merci bien, et Losercook, malgré sa nullitude complète, était un opposant digne de lui, mais le proviseur avait quand même menacé de porter plainte la prochaine fois. Il y alla donc avec les poings tandis que son adversaire y allait de sa technique favorite, les coups de pieds.
Ils arrivèrent tous les deux en retard et les habits déchirés, mais Zoro se sentait mieux et il réussit à ne pas penser à Perona plus de trois fois dans la journée.
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« ZORO ! IL FAUT QUE TU M'AIDES ! »
Zoro, en train de polir son sabre, activité qui demandait concentration et attention, et qui n'avait rien de sexuel malgré toutes les allusions masturbatoires que sa sœur ne manquait jamais de faire avec un grand rire, ne releva pas la tête. Peut-être que s'il l'ignorait, elle disparaîtrait. Hélas, Perona était une tique à sa façon et il fallait plus que ça pour la déconcerter.
Elle secouait à la main un magazine : « Est-ce que ce n'est pas la plus ravissante culotte de dentelle que tu aies jamais vu de toute ta vie ? »
Zoro se paralysa. Sous ses yeux, un mannequin en petite tenue exposait ses fesses et un bout de lingerie.
« Bon, ça doit sans doute être la seule, mais est-ce qu'elle n'est pas ravissante ? Elle m'irait à ravir. »
Zoro baissa la tête, très inconfortable. Il ne s'était jamais senti très porté vers les femmes, ou vers les hommes, ou vers le sexe en général, mais la vision de sa sœur avec la petite culotte en question le mettait très mal à l'aise et lui donnait des envies de se faire moine.
« Je n'en sais rien, dit-il d'un ton plutôt fatigué.
— Elle m'ira, c'est moi qui te le dis. Après tout, ce cul, » et elle se claqua les fesses pour bien appuyer son propos, « damnerait un saint.
— Arrête.
— Quoi, arrête ? Mais non j'arrête pas ! Par contre, je suis à sec et j'ai besoin d'argent. Je sais que t'en as, alors aboule.
— Quoi ? Non mais ça va pas la tête !?
— Zoro, ce n'est pas pour moi que je te demande ça.
— Ah oui, alors c'est pour qui ?
— Mais pour Mihawk, bien sûr. S'il me voit là-dedans, c'est sûr, il voudra me l'arracher avec les dents. »
Zoro résista bien, c'était son argent, durement économisé sou à sou et pour rembourser les sommes que Nami lui avait prêtées, mais quand Perona proposa de lui montrer comment lui allait le porte-jarretelle qu'elle venait d'acheter et qui avait emporté son argent de poche du mois, il finit par céder, le cœur gros. Tout, pourvu qu'elle se taise et qu'elle parte.
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Cette fois-ci, Losercook et lui avaient été obligé de faire équipe. Bon il fallait dire que le donjon était vraiment démoniaque, et Barbe à Papa, qui était de loin le meilleur healer (2) que Zoro connaissait avait été intraitable : soit ils collaboraient, soit il n'aidait ni l'un ni l'autre. Comme quoi Chopper pouvait être impitoyable quand il s'y mettait.
Zoro ruminait l'EXP (3), l'or et l'équipement qu'il avait dû partager avec cet abruti tout en mastiquant avec morosité ses céréales quand Perona entra comme une tornade, beaucoup trop en forme pour l'heure matinale.
« Zoro ! J'ai montré ma culotte en dentelle à Mihawk. »
Eurk. Il allait vomir.
« Et il ne m'a pas embrassée ! »
Zoro ne comprit pas le rapport de cause à effet, mais dans un sens, lui non plus ne l'aurait pas embrassée donc ceci expliquait sans doute cela.
« Il nous faut un nouveau plan.
— Nous ? » ne put-il s'empêcher de répéter avec un brin d'inquiétude. Depuis quand il y avait un 'nous' dans toute cette histoire. Il y avait des elles, Perona et ses illusions de folle, mais certainement pas de nous.
« Oui, nous ! Tu es mon frère, tu veux mon bonheur, n'est-ce pas ?! »
Zoro trouvait tout à fait fascinant que Perona s'appuie présentement sur leur lien de parenté quand elle avait d'habitude à grand cœur de le renier.
« Tu as encore besoin d'argent, c'est ça ? Je te préviens, je n'ai rien à te prêter.
— Radin. Mais de toutes manières, non, ce n'est pas le problème pour l'instant. Je crois qu'en fait Mihawk est un grand romantique. Il ne faut pas qu'il me désire seulement pour mon corps. Il doit également désirer mon âme. Et alors, nous pourrons fusionner dans un corps à corps aussi bien charnel que mental.
Le jeune homme gémit : « Tu te rends compte que tu parles d'un homme que j'appelle 'Père' ? »
Perona haussa les épaules, n'accordant aucune importance à ce détail, comme tout ce qui relevait du bien-être de Zoro, et continua :
« Or, il aime les sabres. Zoro, je n'en reviens pas de te le demander, mais apprends-moi à manier les sabres. »
Le visage mi-horrifié, mi-ennuyé de Zoro se transforma en un masque froid alors qu'il sentait la colère exploser en lui : « N'ose pas dire ça. L'escrime est un sport noble et sérieux, ça n'a rien à voir avec tes rêveries tarées ! Je ne souillerai pas cet art pour une raison aussi débile ! »
Il se sentait furieux, à un point qui l'étonnait lui-même, car il n'était pas vraiment du genre à s'énerver. Mais Perona n'avait jamais montré le moindre intérêt pour l'escrime, et en l'entendant en parler d'une manière si nonchalante, il ne pouvait penser qu'à Kuina et à son amour du sabre.
Kuina, qui avait brillé comme une étoile filante, belle, magnifique, brillante et bien trop vite éteinte.
Il se leva et sortit en trombe de la cuisine, sentant qu'il allait commettre l'impardonnable s'il restait en présence de l'autre évaporée.
« Tu devrais baiser ! lui cria-t-elle. Ça t'ouvrirait les chakras et ça te ferait le plus grand bien au caractère ! »
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« Zoro, je voudrais te parler. »
Zoro entendait la voix de l'autre côté de la porte, mais il refusait d'écouter. Ça faisait trois jours qu'il se murait dans un silence farouche dès que sa sœur s'approchait de lui.
Au début, elle l'avait à peine remarqué, Perona aimait s'écouter parler et ça ne l'avait jamais dérangé de le faire dans le vide, mais même elle avait de temps en temps des contacts avec la réalité. À l'occasion d'une de ces rares rencontres, elle avait semblé avoir une épiphanie.
« Je n'aurais pas dû te demander ça. »
Il n'écoutait pas. Il était en train de se taper une interminable quête annexe pour récupérer des pierres de sang (trente cinq, bordel, il en fallait trente cinq !) afin de crafter des nouvelles runes et il n'avait pas le temps ou la volonté pour ce que sa sœur voulait.
« Je me suis mal comportée. Je n'ai pas pensé à ton amie. »
Et en plus, ces saloperies de monstres étaient super chiants à tuer, cuirassés qu'ils étaient par devant et résistants à la magie, il fallait absolument les avoir par l'arrière.
« Zoro, je suis désolée. Tu peux m'ouvrir la porte s'il te plaît ? »
Zoro grogna, envoya un 'afk' laconique sur le tchat de la guilde, et referma l'écran de son ordinateur.
C'était rare. Perona ne s'excusait jamais, et n'avait pas l'habitude de s'encombrer de politesses. Quand elle voulait entrer quelque part, elle le faisait sans même prendre la peine de frapper.
« Entre, dit-il, et aussitôt la porte s'ouvrit.
— Ça pue chez toi, c'est une horreur. Tu te laves parfois ?
— C'est ce que tu étais venue me dire ? »
Perona secoua sa tête, et avec précaution, chercha un endroit du lit qui n'était pas occupé par des t-shirts sales, ou pire.
« Écoute, je le répète, je suis désolée. En plus c'est une mauvaise idée. Je suis sûre que je serais nulle au sabre.
— Oui. »
Il ne voyait pas pourquoi il s'embêterait à mentir. Perona évitait les efforts physiques et n'avait aucune rigueur.
« Et bien, c'est gentil de m'encourager ! Tu sais, toute cette histoire, c'est important pour moi.
— Le sabre ?
— Non, abruti, Mihawk. »
Zoro fit appel à toute la colère qu'il put mais le ton si triste de sa sœur d'adoption l'avait frappé.
« Qu'est-ce que tu lui trouves, enfin ? finit-il par lâcher. Quand t'étais petite, tu claironnais déjà que tu voulais l'épouser, et ça n'a été qu'en empirant avec les années. C'est un bâtard sans cœur, obsédé par ses sabres et qui ne se souvient de notre existence qu'une ou deux fois par an, entre un voyage d'affaires et une compétition d'escrime ! »
Il mentait, bien sûr. Mihawk n'était pas si horrible que ça et il était même plutôt fier de l'appeler Père. Mais il ne comprenait pas pourquoi sa sœur s'obstinait avec cet amour idiot qu'il avait pris comme une blague qui n'était pas vraiment drôle, jusqu'à ce que récemment, elle devienne nettement plus agressive.
« J'avais douze ans quand il m'a adoptée. Tu sais pourquoi ? »
Perona ne parlait jamais de son passé. Zoro en avait eu de vagues échos, mais ce n'était pas un sujet qu'elle aimait aborder. Il savait juste que ça n'avait pas été drôle et qu'elle allait voir un psy une fois par mois pour en discuter, mais c'était quelque chose qu'elle n'avait jamais voulu partager avec lui.
« Il a eu pitié de moi. Personne n'avait jamais eu pitié de moi.
— On a toujours pitié des orphelins, fit-il avec un brin d'amertume.
— Pas de ceux qu'on achète pour coucher avec. Zoro, je faisais partie d'un réseau de prostitution infantile. »
Le jeune homme bondit sur son lit, faisant presque tomber son ordinateur, ce qui sur le moment, ne lui importait pas le moins du monde.
« QUOI ?
— Ne crie pas, je suis à côté.
— Mais enfin c'est du délire ! Tu ne me l'as jamais dit !
— Pourquoi je l'aurais fait ?
— Parce que tu es ma sœur !
— C'est justement parce que je suis ta sœur que je ne pouvais pas te le dire.
— Mais enfin, il s'est passé quoi ? Et attends, tu veux dire que Mihawk t'a achetée ? »
Zoro ne pouvait pas le croire. C'était… c'était impossible.
« Bien sûr que non ! » Perona avait un ton horrifié. « J'ai réussi à m'enfuir d'une chambre d'hôtel où j'étais avec un client. Je me suis précipitée dans l'ascenseur, je suis tombée sur Mihawk qui rentrait dans sa propre chambre. Je me suis mise à pleurer et je lui ai tout raconté. Et il m'a crue. J'étais une inconnue pour lui, une petite fille qui n'allait lui apporter que des ennuis, et je peux te dire qu'il en a eu, parce qu'il a fait prévenir la police et ils n'ont pas été tendre avec lui. Mais il a tenu bon. Quand il a été prouvé qu'il n'avait rien à voir dans l'histoire et qu'ils l'ont laissé me voir, il m'a demandé si je voulais venir habiter avec lui. Ça n'a pas été simple. N'importe qui d'autre aurait abandonné. Pas lui. Il m'a sauvé et il m'a offert une nouvelle vie. »
Zoro ne savait absolument pas quoi dire. Il digérait l'horreur.
« Je suis désolé, finit-il par dire, sans trop savoir pourquoi.
— T'y es pour rien, crétin. Mais c'est juste pour que tu comprennes. Ce que je ressens pour lui… c'est sérieux. Ce n'est pas une phase. »
Elle avait baissé la tête, et Zoro, qui détestait toute forme de contact physique n'incluant pas la violence, sentit pourtant qu'il devait faire quelque chose. Il en ressentait même le curieux besoin. Il rampa vers sa sœur et l'enlaça.
Il ne savait absolument pas quoi dire. Il était triste et choqué par ces révélations, mais il sentait au fond de lui que Mihawk ne verrait jamais Perona autrement que comme la petite fille qu'il avait sauvée.
Son désarroi augmenta quand sa sœur lui rendit son étreinte et qu'il sentit, au léger tressautement de ses épaules et à l'humidité dans son cou, qu'elle pleurait.
« Là, là, ça va aller. » Il mentait, mais que pouvait-il dire d'autre ?
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« Alors, les pierres de sang, le nullos, ça avance ? »
La voix de Losercook dans les écouteurs lui crispa les nerfs. Après la scène de l'après-midi et le long moment que sa sœur et lui avaient passé à être juste ensemble, en silence, il avait ressenti le besoin, une fois celle-ci retournée dans sa chambre, de se défouler les nerfs sur son jeu favori. Machinalement il avait remis le casque et le micro, mais il se rendit compte qu'il n'avait vraiment envie de parler à personne. Et à cet abruti blond encore moins qu'à tous les autres.
« Pas aujourd'hui. Laisse-moi tranquille. »
Il y eut un silence de l'autre côté. Zoro ne fuyait jamais un combat, ne manquait jamais de réagir à une insulte.
« Ok, fit Losercook, toi, moi, des tonnes de popo (4) et une invocation niveau 5 !
— À deux contre une lvl 5 sans healer ? On va se faire crever !
— T'as peur ?
— Moins que toi.
— Alors ramène tes fesses à la Fontaine des Druides, je lance l'invocation dès que je vois ta sale figure. »
La suite ne fut qu'une suite de grognements, de cris, de jurons. Ils épuisèrent leurs stocks de potions respectifs et manquèrent de mourir plusieurs fois, mais finalement, ils réussirent à renvoyer l'invocation dans les tréfonds de l'enfer d'où elle n'aurait pas dû sortir.
Zoro ne remercia pas Losercook, mais le lendemain, il lui fit un vague signe de tête, reconnaissant pour quelques secondes qu'ils appartenaient à la même équipe. Après quoi, il entreprit de lui démonter la figure, parce que certaines choses ne devaient pas changer.
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Un coup à la porte, pourtant ouverte. Zoro leva les yeux de sa dissertation, heureux d'échapper au déterminisme sociologique, quelque en fut la raison.
« Fils. »
Mihawk était sur le pas de la porte, attendant l'autorisation implicite pour entrer dans le domaine de son fils. Zoro apprécia la nuance et hocha la tête.
« Tu es revenu plus tôt. Je croyais que tu devais rentrer demain.
— Les conférences du dernier jour ne m'intéressaient pas. Je me suis dit que je dormirais tout aussi bien dans l'avion. »
Le jeune homme eut un soupir : « Je suppose que je ne peux pas appliquer cette théorie à mes cours ?
— Non.
— Dommage.
— Comment tu t'en sors en cours ? »
Zoro ne se tortilla pas sur sa chaise. Mais pour un peu, il aurait pu. Ses résultats en anglais n'étaient pas exactement fabuleux. Quant à l'histoire, la seule raison pour laquelle il ne s'endormait pas, c'était que Robin avait la main vive et visait si bien avec la craie qu'elle aurait pu rivaliser avec Usopp.
« Ça va, » se décida-t-il prudemment. 'Ça va' était un choix sage qui pouvait être décliné plus tard en 'ça va pas trop' ou 'ça va bien'. Ça dépendrait essentiellement des appréciations sur son bulletin.
« Et le sabre ? »
Zoro bondit presque hors de sa chaise : « Tu veux te battre ?
— Non, pas ce soir.
— Oh. »
Il ne cacha pas sa déception. Son père avait rarement le temps de s'entraîner avec lui. Pourtant, il avait l'impression de progresser à pas de géant à chaque leçon. Un jour, il arriverait à le vaincre, il en était sûr.
« Je voudrais te parler de ta sœur. »
L'estomac de Zoro se tordit. Il n'arrivait pas à lui en vouloir aussi fort qu'avant pour son invraisemblable idée de…
…
Dieu, il n'arrivait même pas à formuler l'idée, même à l'abri de son propre cerveau. De se mettre en couple avec leur père ?
Brr, ça lui collait la chair de poule, rien que d'y penser.
« Est-ce que tu as remarqué qu'elle agissait bizarrement ces derniers temps ?
— C'est Perona, se crut-il obliger de signaler. Elle agit toujours bizarrement.
— C'est vrai, mais ces derniers temps, son excentricité m'inquiète. L'autre jour, elle a tenu à me montrer et à avoir mon avis sur ses sous-vêtements. Tu imagines ?
— Oui, fit Zoro avec une voix sinistre.
— À toi aussi ?
— Pas exactement, mais quelque chose d'approchant, dit le jeune homme.
— Je me demande… Est-ce qu'elle ne serait pas amoureuse d'un garçon ?
— J'ensaisrien, » marmonna l'adolescent, absolument mortifié.
Au regard que lui adressa Mihawk, il ne fut pas dupe une seconde.
« Ta sœur est une grande fille et je respecte ses décisions, mais je suis inquiet. Est-ce que cette personne est convenable pour elle ? »
Zoro faillit rire.
« De ce que j'en sais, cette personne est absolument indifférente. »
Mihawk soupira.
« Bon, et bien il ne reste plus qu'à espérer qu'elle ne fera pas de folie comme s'exhiber devant lui en sous-vêtements. Mais bon, je ne crois pas que ce soit son genre. »
Zoro eut la force de ne pas réagir.
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« Perona… ? »
En plein milieu du salon, Perona avait installé une véritable débauche de flacons et d'instruments de tortures et était actuellement occupée à se vernir les ongles.
« Moui ? »
Une émission quelconque sur une chaîne musicale faisait un bruit de fond mais son attention était concentrée sur ses doigts bien plus que sur la télévision.
« Qu'est-ce que tu vas faire si Mihawk ne… Enfin si entre toi et lui, ça ne marche pas ?
— Je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas. Il n'est peut-être plus de première jeunesse mais il reste sexy et moi je suis une bombe. En plus, on vit déjà sous le même toit.
— Mais si jamais… tu sais, il te voit comme sa fille ?
— Ça épicera notre vie sexuelle. »
Zoro se sentit verdir. Littéralement.
« Et s'il ne veut pas, tout simplement ? »
Perona leva ses yeux ronds et les planta dans ceux de son frère.
« J'attendrai. »
Ça ressemblait à une promesse, ou à une menace.
Sa sœur était vraiment une enfant pourrie-gâtée, se dit-il intérieurement, avant de se crisper. Non, il ne pouvait pas dire ça après… maintenant qu'il savait par quoi elle était passée.
Ces derniers temps, tout son être était en contradiction avec la manière qu'il devait avoir de traiter Perona. Il ne voulait rien modifier à leurs relations, parce que ce qu'elle lui avait raconté ne changeait rien à qui elle était, son insupportable et écervelée grande sœur, mais malgré lui, il ne pouvait s'empêcher de vouloir faire quelque chose pour elle. Pour la faire sourire. Pour la rendre heureuse.
« Et tu as un plan ? »
Ça lui coutait atrocement de demander ça, de s'aventurer sur ce chemin. C'était terriblement stupide parfois ce qu'on était prêt à faire pour les autres.
« J'ai pensé le rendre jaloux. Sortir avec un garçon… pour de faux, bien entendu. Les seules lèvres qui toucheront les miennes, ce seront les siennes.
— Et tu as ça en stock ?
— Hélas non. Je t'aurais bien demandé de l'aide, mais avec les amis que tu te traînes… Entre le débile qui pense qu'à bouffer, le blond avec qui tu te bats tout le temps, le gamin qui traîne avec vous et le grand chiant à mourir avec sa mécanique… Non, tu ne me sers à rien. J'ai besoin d'un homme, un vrai. »
Luffy, Losercook, Chopper et Franky. Perona ne cita pas Usopp. C'était une espèce de règle tacite entre eux. Usopp n'existait pas.
Même quand elle le croisait dans les couloirs de la maison, elle faisait semblant de ne pas le voir. Elle ne lui pardonnerait jamais la plaisanterie avec les cafards en plastique dans son café. Son hurlement ce matin-là avait failli briser les vitres de la maison, et elle s'était ensuite évanouie dans sa propre urine.
Zoro en riait encore, mais sous cape.
« Mais tu as l'air bien docile, pour une fois, dit-elle, soudain soupçonneuse. Il s'est passé quelque chose ? Oh mon dieu, Mihawk t'a dit quelque chose ?
— Non. Simplement, tu sais… Que tu sois contente, et tout…
— Est-ce que tu rougis ? Têtard, tu es tellement mignon que si j'avais les ongles secs, je te ferais un câlin.
— Ouais, non merci, » fit le jeune homme avant de sortir prudemment du salon.
Il voulait vraiment que Perona soit heureuse. Ça aurait été plus simple si elle avait décidé par elle-même de renoncer à toute cette histoire, mais elle avait l'air aussi déterminé qu'au premier jour.
Zoro était sûr de deux choses : c'était une mauvaise idée, et il ne voulait pas y contribuer. Et pourtant, au fond de lui, le doute s'obstinait : et si le bonheur de sa sœur était à ce prix ?
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Ça faisait longtemps qu'ils n'avaient pas été tous les trois ensemble pour le dîner. Lorsque Mihawk n'était pas en voyage, il s'enfermait généralement dans sa salle d'armes.
Zoro avait pris l'habitude de dîner en tête à tête avec sa sœur, ou bien, quand celle-ci décidait qu'elle avait mieux à faire, de manger devant l'ordinateur.
Mais pour une fois, leur père était avec eux, et Zoro se demandait pourquoi il se sentait si atrocement gêné.
Il avait l'impression d'être en trop dans cette histoire, et il aurait bien voulu aller se réfugier dans sa chambre, mais Perona avait déclaré qu'elle avait une grande nouvelle à leur annoncer à tous les deux.
La conversation passa sur le lycée, s'attardant sur l'université où Perona était en première année de master 2 en marketing.
Puis alors qu'on entamait les poires au vin, le dessert préféré de Mihawk, la jeune femme prit sa respiration et dit : « Je sors avec quelqu'un. »
Zoro, pas autrement surpris, soupira.
« Le pauvre.
— Ta gueule, le têtard.
— Perona, est-ce que c'est un jeune homme de confiance ? demanda Mihawk.
— Ce n'est pas précisément un jeune homme.
— C'est une fille ? » Zoro n'en revenait pas. Mais à quoi jouait Perona ?
« Vous verrez bien ! fit-elle avec un sourire triomphant. Je l'amène ce samedi pour manger. Alors vous avez drôlement intérêt à bien vous comporter. Et toi, Zoro, à prendre une douche. »
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Perona avait un sourire de chatte qui a trouvé comment ouvrir le pot de crème, l'a boulotté, l'a remis à sa place et regarde l'enfant de la maison se faire engueuler pour quelque chose qu'elle a fait.
Bref, elle faisait peur à Zoro.
« Tu vas vraiment ramener une fille ?
— Je ne sais pas, chantonna-t-elle.
— Mais en quoi ça avancerait ton plan ?
— Quoi, c'est un fantasme chez tous les hommes, non ? Deux filles pour s'occuper de monsieur… Ça ne te fait rien, toi ? »
Zoro imagina deux filles en face de lui. Les images qui vinrent furent celle de Nami et Robin. La seule idée de ce qu'elles pourraient lui faire si elles arboraient un sourire un tant soit peu semblable à celui de sa sœur lui collait une frousse de tous les diables.
« Non.
— Bon, t'es jeune, ça finira par venir ! Après tout, à un moment ou à un autre, tu vas devoir laisser quelqu'un d'autre faire joujou avec ton sabre.
— Je ne laisserai personne toucher à mes sabres ! »
Perona se mit à rire et Zoro comprit qu'elle faisait une nouvelle fois référence à la masturbation. Comment faisait-il pour tomber dans le panneau à chaque fois ?
« Ça ne fait rire que toi, tu sais.
— Et bien au moins ça fait rire quelqu'un. »
Zoro se retint de secouer la tête. Pourquoi continuait-il à tenter de s'impliquer, lui-même n'aurait su le dire.
« Je ne te comprends pas.
— Non, et crois-moi, Mihawk ne va pas comprendre non plus ce qui lui tombe dessus… »
Zoro quitta le salon à reculons. Il ne savait pas ce que planifiait sa sœur, mais ça sentait le roussi.
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(1) PvP : Player versus Player, se dit dans un jeu quand deux joueurs s'affrontent, par opposition à PvE, quand le joueur se bat contre le jeu.
(2) Healer : Soigneur, un joueur qui soigne les autres.
(3) EXP : L'expérience, généralement acquise en battant des monstres ou en accomplissant des quêtes permet au personnage de progresser.
(4) popos : Potions, objet de soin.
Et voilà, c'est fini pour aujourd'hui ! Qui est le mystérieux(se) petit(e) ami(e), mystère. Il y a un indice dans la dernière phrase, mais si vous arrivez à le deviner, chapeau ! Si ça vous a plus, n'hésitez pas à laisser une review !
