« En ces temps, le vrai amour était rare en ces temps de guerre. Nous ne devons pas tomber amoureux de n'importe qui, et le plus souvent c'était des mariages arrangés. C'est ce que je ressentais, moi Yuria Hagoromo. Comme j'étais fille de chef, il serait fort probable que je sois victime de mariage arrangée ; quelque chose dont je voulais éviter par tous les moyens… »

Les tempêtes de neige ne cessaient depuis l'hiver, la seule chose de positif c'était que les guerres se calmaient ces temps ci. Mais Yuria n'avait sûrement pas l'intention de laisser le froid l'empêcher de sortir, sa liberté était tellement précieuse. Cette jeune femme respirait le bonheur partout autour d'elle. Dans le clan on avait tendance à dire qu'elle était niaise et qu'elle ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. C'était le cas, elle ne savait pas que tout allait mal dans son clan pour la simple et bonne raison que son père le lui cachait. « Les affaires politiques et économiques ne regardent pas les femmes, et surtout pas ma fille. » Ne cessait-il de répéter. Mais pour lui c'était bien plus complexe que ça, il voulait la savoir niaise afin de la manipuler à sa guise.

Sortant d'une bassine d'eau chaude, elle fut séchée et coiffée par des domestiques. Les femmes l'enviaient elle et sa vie de princesse, surtout depuis qu'elle était devenue une ravissante jeune femme de seize ans. Effectivement, ce n'était plus la même que lorsqu'elle était enfant. Depuis peu, ses seins avaient bien poussés, comme toute jeune femme de son âge. Ses cheveux d'un bleu sombre étaient devenus plus longs, sa peau d'une pâleur anormale faisait ressortir ses yeux bleus azurs. Enfin, ses courbes plus qu'envieuses faisaient saliver beaucoup d'hommes. Mais sa liberté était beaucoup plus importante que n'importe quel homme pour le moment.

Elle fut revêtis par ses domestiques, de son kimono habituel de couleur blanc qui s'arrêtait jusqu'en dessous de ses frêles genoux. Sa ceinture en tissu bleu s'attachait d'un nœud papillon derrière son dos. Sans un mot pour ses domestiques, elle sortait de la salle d'eau pour se diriger jusqu'à la cuisine. La jeune femme n'était pas pourrie gâtée comme on pouvait semblait le croire, seulement ici la gentillesse était inutile et même nuisible. Un seul remerciement et on vous marchait sur les pieds. La méfiance était requise dans le clan Hagoromo.

Azaku, le père de Yuria était déjà à table, c'était un homme très matinal. Il avait des cheveux marrons foncés qui s'arrêtaient jusqu'à sa nuque et yeux perçants de couleur sombre. Autant dire qu'il ne ressemblait pas du tout à sa fille, mais jamais elle n'avait relevé ce détail.

- Tu t'es enfin levée. Intervint-il, la sortant de ses pensées.

- Ça va, ce n'est pas comme ci j'avais fait la grâce matinée.

Sans un mot de plus, elle s'assit en face de lui en commençant à déguster son petit déjeuner déjà préparée.

- Tu oublies donc ce que je t'ai dit hier.

À ces mots, il la transperçait du regard en fronçant les sourcils. Elle leva les yeux vers lui, et froidement, elle lui répondit :

- Si tu parles de cette fameuse réunion, tu peux oublier.

- Tu ne voudrais pas que je me fâche ?

- Ne me prends pas pour une imbécile. Tu veux juste que je vienne voir mon « futur mari », mais tu peux oublier. Il ne me plaît pas.

La vérité était tout autre, ce n'était pas une question de physique mais elle voulait esquiver un quelconque mariage. Azaku fit une mine outrée mais tant pis, de toute manière ça n'aurait rien apporté de plus au clan ce mariage avec le fils du chef des Kurama. La discussion se terminait là.

Ayant terminé de manger, elle se levait et sortait de la cuisine. La jeune femme n'était pas aussi bête que tout le monde voulait le faire croire. Sinon elle n'aurait pas apprit les techniques de soins ninja ; d'ailleurs elle était très douée mais elle ne se servait jamais de son don pour la médecine.

Se couvrant les épaules d'une couverture bleutée, elle sortit de chez elle après avoir enfilé ses zoris. Elle prenait l'air en franchissant les portes du clan, marchant calmement dans la forêt. Bien qu'elle semblait niaise, sa personnalité était aussi glacée que le temps. Elle repensait à son père ; elle savait que ce n'était pas fini pour le moment et qu'il n'allait pas tarder à remettre le sujet sur le tapis. À cause de ça, elle était contrariée.

S'arrêtant près de la rivière glacée par le temps, elle contemplait la neige qui commençait à tomber du ciel.

Lorsque cet homme avait posé les yeux sur elle, il était resté bloquée sur ce qu'il regardait. Peu de femmes s'aventuraient dans ce genre d'endroit bien que l'hiver avait rendu les batailles quasiment inexistantes. En fait non, il n'y avait aucune femme à part celle qu'il voyait qui s'aventurait dans ce genre d'endroit et rares étaient les hommes. Sans comprendre pourquoi, il n'arrivait pas à la quitter des yeux. Serait-il tombé sous son charme ? Non, Tobirama Senju n'avait jamais cru en l'amour.

Sans voir l'homme l'observer derrière l'arbre à quelques mètres d'elle, Yuria rebroussait chemin pour retourner chez elle. Il ne pouvait pas voir l'emblème dans son dos à cause de la couverture sur ses épaules ; il pestait légèrement en rebroussait chemin lui aussi. Il aurait voulu savoir d'où elle venait, il ne s'avouait pas sous le charme mais intriguée. Il aurait pu trouver ça dommage si elle venait d'un clan ennemi tel que celui des Uchiha. Pourtant, se disait-il, il n'y avait aucun risque ; ses yeux étaient d'un bleu magnifique. Il secouait la tête comme pour reprendre ses esprits avant de voir son frère en face de lui.

- Tiens, tu semblait pensif. Intervint Hashirama.

- Tu m'as surpris, idiot de grand frère.

- Oh et je peux savoir à quoi tu pensais ? Sourit Hashirama.

- Alors ça, ça ne te concerne pas.

- Allez je veux savoir !

- La ferme ! Lui criait son cadet.

Comme à son habitude, Hashirama se mit à déprimer. Tobirama soupirait ; il fallait toujours qu'il déprime pour un non ou pour un oui. Ils finirent tout de même par rentrer au clan eux aussi.

La jeune femme ne s'était pas attardé à la rivière, pas parce qu'elle s'ennuyait mais parce qu'elle avait effectivement sentit une présence l'observer. Elle n'était pas dupe, mais elle était assez surprise de ne pas s'être fait suivre. Sûrement parce que le shinobi qui l'espionnait n'attaquait pas les femmes civiles lorsqu'il en voyait une, se disait-elle. Mais si seulement il savait qui elle était, elle n'aurait sans doute pas pu rentrer. Elle avait su faire preuve d'impassibilité et de calme pour une civile en tout cas. Elle aurait pu devenir kunoichi, mais son père n'avait jamais jugé bon de lui faire confiance. Il lui avait au moins fait une fleure lorsqu'il l'avait laissé apprendre les techniques de soins. Évidemment elle s'était perfectionnée sans que son père le sache.

Rentrant dans le clan, elle profitait du fait qu'elle soit déjà dehors pour aller voir du côté du cimetière. Elle se dirigeait devant la tombe de sa mère décédée depuis des années déjà. De loin qu'elle s'en souvienne, elle n'avait jamais éprouvé de l'attachement ni pour sa mère ni pour son paternel. Ce genre de liens, elle n'avait jamais su y comprendre quoique ce soit. Certains disaient qu'elle était forte, d'autres disaient qu'elle n'avait pas de cœur. Mais on ne pouvait pas plaire à tout le monde. Elle se trouvait là simplement par respect.

Mais ce fut au bout de quelques minutes, qu'elle rentrait chez son père qui était devant la porte à ce moment là :

- Tu rentres plutôt que d'habitude, quel miracle.

- Je ne fais pas ça pour te plaire mais pour échapper au froid. Répliqua-t-elle.

- Si tu le dis. Je rentre tard. Ne m'attends pas.

Sans un mot de plus, il sortit de la maison la laissant seule chez elle.

De son côté le Senju aux cheveux grisâtre discutait avec son frère dans la salle de réunion et à les entendre c'était une conversation animée.

- On ne peut pas accepter d'enlever la fille des Hagoromo Tobirama !

- Il en va de notre mission. On est en temps de guerre, le sentimentalisme c'est pas pour les Senju.

- Jusqu'où les hommes sont-ils prêts à aller juste pour une femme ? Soupirait le brun.

À ces mots Tobirama repensait à la jeune femme qu'il avait vu sur la rive enneigée. Son frère n'était pas dupe, il voyait bien qu'il était pensif.

- Bon, coupa Tobirama. On commence demain.

À ces mots, il franchit le seuil de la porte pour sortir de la pièce sous le regard curieux de Hashirama.