Sommaire : Post-saison 3. Lorsque seul un drame peut pousser John à revenir vivre avec Sherlock….
Pairing : John/Sherlock (Johnlock).
Disclaimer : les persos ne m'appartiennent pas.
Note : en tant que maman ce texte a été une épreuve à écrire….
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I'm Sorry For Your Loss.
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John était debout, au milieu de cette pièce qui lui paraissait gigantesque à l'heure actuelle, la gorge serrée.
Le silence s'étirait depuis plusieurs minutes agonisantes.
La boule qu'il avait au fond de la gorge ne voulant apparemment pas s'en aller.
Sherlock semblait aussi figé que lui, ressemblant presque à une statue.
Statue grecque, évidemment.
Le détective se décida enfin et se racla la gorge.
-Toutes mes condoléances, John.
Il serra son poing tellement fort qu'il était sûr d'avoir la marque des ongles enfoncée dans la chair.
Une douleur fugace comparée à celle, indélébile, qu'il percevait à présent.
Il était veuf.
Il était sans enfant.
Mary… et le bébé.
Deux tragédies.
C'était monstrueux, c'était cruel, c'était invivable, c'était… inexorable.
Certains appelaient ça le Destin, d'autres le Karma ou bien d'autres encore la Fatalité.
Il ne savait pas comment lui devait appelait ça.
Il était vide, n'éprouvant pas grand-chose.
C'était différent de ce qu'il avait ressentit, et vécu, lors de la chute de Sherlock.
La culpabilité du survivant le tourmentait, comme elle l'avait tourmenté lorsqu'il avait quitté l'Afghanistan.
Lui était en vie, les autres non.
Lui respirait, sa femme et sa fille non.
Il reconnu, avec une certaine difficulté, que la mort de Mary ne le touchait pas comme il l'aurait crût. C'était le vide laissé par sa fille qui l'avait dévasté.
Sa fille qui n'avait pas vécu une journée entière.
-Merci, Sherlock.
Six petits mots venaient seulement d'être échangés et pourtant il ressentait la différence.
La culpabilité ne s'était pas envolée comme par magie mais il ne pouvait nier être plus serein.
Revenir ici, à Baker Street, à la maison en quelque sorte, n'avait pas été une décision consciente.
Ca faisait des jours qu'il ne voulait voir personne, ne parler à personne.
Jusqu'à ce que Sherlock ne lui envoie ce message.
John esquissa un début de sourire.
Sherlock…
Sherlock avait toujours réussi à lui faire faire des choses improbables, certaines dont il ne voulait même pas entendre parler.
Il revint au moment présent lorsque son meilleur ami lui présenta une tasse de thé, qu'il observa avec soupçon se rappelant d'un autre temps où ce genre de breuvage pouvait être empoisonné.
-Je ne l'ai pas drogué John !
Son sourire se fit plus franc devant le ton brusque et agacé employé par le détective.
Il acquiesça et prit une timide gorgée.
-Je…
-Oui !
Il arqua un sourcil surpris.
-Tu ne sais même pas ce que j'allais demander.
-Tu veux revenir vivre ici.
Il ouvrit la bouche pour la fermer aussitôt, n'ayant aucune objection.
-Tu es sûr ?
Sherlock plongea alors son regard dans le sien, essayant sans doute de trouver quelque chose.
-Et toi ?
Là était toute la question, la Grande Question.
Etait-il prêt ? Peut-être pas. Est-ce que c'était trop tôt ? Sans doute.
Peut importait au fond, sa réponse était la même.
-Oui.
Les deux hommes partagèrent un sourire timide.
-Bienvenue chez toi John.
Il s'avouait soulagé.
L'espace d'un instant il se sentit coupable d'être soulagé et puis le malaise passa.
Il ne s'était pas attendu à une autre réponse de la part de Sherlock, ayant laissé le peu de bagages qu'il avait chez Mrs Hudson.
Son espèce de ré emménagement fût bref et très vite les habitudes reprirent le pas.
/
La journée se transforma en soirée, puis les jours en semaines.
Ils ne parlaient jamais de la tragédie, c'était une règle tacite.
Comme plein d'accords chez eux.
Le dialogue sur des choses privées n'avait jamais été leur fort mais ils s'amélioraient, un peu.
Sherlock se montrait plus avenant et plus présent aussi.
Il lui montrait son soutient et John reconnu que ça lui faisait du bien.
La routine fragilement installée se brisa tard un soir lorsqu'ils rentrèrent d'une nouvelle course poursuite avec un suspect.
Tout était presque redevenu comme avant.
Presque.
L'adrénaline, les blagues inconvenantes et les rires surtout.
Et puis Sherlock avait posé la question, celle qui avait ouvert la boite de Pandore.
-Est-ce qu'elles te manquent ?
John s'était immobilisé plusieurs secondes, incapable de répondre.
Parce que la vérité était trop… dure.
Oui et non.
Oui parce qu'elles seront un vide à jamais comblé.
Et non parce qu'en toute honnêteté ça faisait des jours qu'il n'y avait pas pensé.
-Parfois.
C'était ce qui ressemblait le plus à la vérité.
Il avait réappris à vivre.
Il faisait petit à petit son deuil.
Sherlock n'essaya pas d'en savoir plus, quelque part il comprenait et la réponse était suffisante.
Il avait encore des questions à poser mais, avec le temps, avait appris à taire sa curiosité maladroite.
Est-ce que John allait de nouveau essayer de rencontrer quelqu'un ? Est-ce qu'il aimerait fonder une famille ? Est-ce qu'il le quitterait un jour ?
-Sherlock….
Quelque chose dans le ton de John semblait indiquer qu'il avait saisi ses peurs.
-Je ne partirai plus.
-D'accord.
/
Il n'aurait pas pensé retrouver cette même émotion vive, cette même boule dans la gorge, un an après.
Sherlock avait voulu l'accompagner et, si au début il avait voulu décliner, il était heureux de sa présence à ses côtés, devant leurs tombes.
Les pierres paraissaient trop grandes et trop petites à la fois et elles semblaient froides.
L'inscription de leurs noms et des dates seule était présente.
C'était… assez.
Assez pour comprendre, assez pour se souvenir.
Sherlock glissa sa main dans la sienne, lui provoquant un flash d'une autre journée glaciale et d'une autre visite devant une pierre tombale.
Celle de Sherlock.
Beaucoup de choses s'étaient passées depuis ce temps là.
Il avait perdu femme et enfant.
Il avait regagné Sherlock.
Resserrant son emprise sur les doigts du détective, il fit un mouvement de tête.
-Au revoir.
Il écrasa la larme qu'il avait au coin de l'œil et pivota, remarquant seulement les larmes qui coulaient librement sur les joues de Sherlock.
Il ne dit rien, continua juste son chemin, la main de Sherlock toujours dans la sienne.
-Viens, on rentre à la maison.
Leurs regards s'accrochèrent et communiquèrent.
-Oui à la maison.
Parce que malgré les épreuves et tragédies, tout ne se résumait qu'à ça finalement.
Lui et son détective, ensemble, de retour chez eux.
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