Titre : Clochette

Raiting : M (par précaution mais pas de lemon)

Paring : Slash, Yaoi, HP/SS

Disclaimer : Je prendrais bien deux litres de Snape en intraveineuse !

Statut : Terminée, trois chapitres

Résumé : Elle l'avait appelé Clochette... Lui, le terrible Mangemorts Severus Snape... Clochette... Slash, yaoi, HP/SS

NdA : Tout a commencé par un épisode de Cold Case... Je discutais tranquillement sur Skype avec les merveilleuses AudeSnape et Pauu-Aya, [Pauu: Ouaip.. vous devez commencer à nous connaître :D] tout en regardant un épisode qui parlait des descentes de flics dans les bars gay des années 50 pour aller « casser du pédé »... Comme c'est charmant... J'en parle donc aux filles, et fais un court résumé de l'épisode lorsque Pauu me dit que je pourrais me servir de cette histoire pour faire un Snarry. Je lui ai alors répliqué, qu'étant donné que l'un des deux personnages était un gros black, se faisant appeler "Clochette", ce n'était pas vraiment possible et... C'est là que ça a dérapé... xD

Donc, défi lancé par Pauu : [Pauu : waouh… Je me souvenais même pas de ça...]

Écrire un Snarry où Severus est appelé/se fait appeler "Clochette".

Ce n'était pas évident pour que ce soit crédible, sans que ce soit ridicule, mais je pense, ou plutôt j'espère, que j'ai réussi à faire un truc pas trop débile.

Quoi qu'il en soit, bonne lecture !

PS : j'ai aussi ajouté un clin d'œil à HIMYM pour ceux qui connaissent la série ;) La scène du baiser est aussi emprunté à la série Cold case, pour le clin d'œil au défi (saison 1 épisode 11).

Bêta : Pauu-Aya a intérêt de me corriger ça ! xP [Pauu : Visiblement j'ai pas le choix… :P]

Merci à Pauu et à AudeSnape pour leur aide et leur correction ! (kiss)


§§§

Severus Snape marchait à pas vifs dans l'allée marchande.

Il ne sortait en public que rarement maintenant, et surtout pas lorsqu'il y avait autant de monde mais il avait besoin d'ingrédients.

Même s'il n'avait jamais de problème avec les sorciers et les sorcières qu'il croisait, il préférait de loin rester chez lui avec ses bien-aimées potions, seul ou en compagnie de ses quelques rares amis.

Une fois qu'il eut été sauvé de la cabane hurlante par Saint-Potter, après la bataille de Poudlard, il avait été envoyé en prison sans plus de soin, traité comme une véritable pourriture. Il ne s'en était pas plaint pour autant, il le méritait selon lui. Avoir tué tous ces gens... Avoir tué Dumbledore...

Mais bien sûr, c'était sans compter sur ledit Saint Potter...

Dès le lendemain, celui-ci était allé hurler au Ministère. Il avait ramené les souvenirs que Severus lui avait donné et pleins d'autres preuves, trouvées dans le bureau du directeur. Le procès avait été organisé dans la journée et le soir même, Severus était libre et complètement paumé...

Vivant, mais paumé...

Il avait alors hurlé sur Harry, l'accusant de tous les maux, puis, il était parti droit devant lui, avec la ferme intention de se jeter dans la tamise.

Malheureusement, Potter, encore lui, l'avait suivi et l'en avait empêché.

Severus qui n'avait pas récupéré sa baguette au Ministère, n'avait pas pu se défendre face à Potter, qui l'avait attrapé pour le faire transplaner directement à Saint-Mangouste, où, complètement apathique, il s'était laissé guider jusqu'au service de Psychomagie.

Il était resté dans cet état pendant une semaine, avant de prendre conscience de l'endroit où il se trouvait.

Lorsqu'il s'en était aperçu, il avait hurlé, avait cassé tout ce qu'il pouvait dans sa chambre et, à sa plus grande honte, avait pleuré. Il avait finalement accepté de rencontrer le psychomage, l'une des conditions pour sortir de cet endroit.

Le psychomage, s'appelait James Wood et rien que pour son prénom, Severus avait refusé de lui parler. Ça n'avait pas dérangé James, car il parlait pour deux. De cette façon, en disant tout ce qui lui passait par la tête, il avait réussi à faire sortir Severus de ses gongs.

Severus avait hurlé, mais au moins, il s'était exprimé. Alors, petit à petit, ils avaient commencé à avoir de vraies conversations, et Severus s'était livré. Il avait extériorisé ses démons.

Plusieurs mois plus tard, il était ressorti de l'hôpital, sain de corps et d'esprit, et avec un ami prénommé James.

La peur au ventre, il s'était alors rendu directement chez les Malfoy, pour savoir où ils en étaient, depuis la fin de la guerre, il avait été coupé du monde extérieur et n'avait donc aucune nouvelle.

Il avait alors eu le plaisir de voir que Lucius, Narcissa et Draco étaient ensemble, au manoir Malfoy. Lucius était assigné à résidence, mais il ne s'en plaignait nullement, c'était mieux que ce qu'il avait osé espérer, et tout cela, grâce à Potter, encore une fois. Les mois précédents, il avait œuvré pour que les Malfoy ne se retrouvent pas en prison - ou qu'il en sorte pour Lucius - sans une explication, sans rien demander en échange. Les procédures avaient été plus longues que pour Severus, mais ils étaient aujourd'hui tous réunis et c'était tout ce qui comptait.

Alors, la vie avait repris son court, et Severus savourait sa liberté depuis une dizaine d'année maintenant.

Il était... heureux.

Il travaillait sur ses recherches en potion et avait déjà breveté plusieurs d'entre elles. Il se faisait donc un joli petit pactole et avait vendu l'impasse du Tisseur pour s'acheter une jolie chaumière près du manoir Malfoy.

Il passait beaucoup de temps avec Lucius et sortait parfois, le plus souvent dans l'anonymat du monde Moldu. Il faisait quelques rencontres, sans que cela n'aille jamais très loin.

C'était peut-être le seul bémol de sa vie actuelle : le manque d'une présence à ses côtés…

C'était dur de trouver quelqu'un qui aurait la force de le supporter, lui et ses manies, son caractère de cochon et ses souvenirs souvent trop présents. En plus de cela, lui aussi était plutôt compliqué dans le choix de ses conquêtes…

Severus était presque arrivé à la boutique de vente d'ingrédients, lorsqu'il sentit sa cape être légèrement tirée vers le bas, en plusieurs petits coups secs.

Il baissa la tête vers le sol et aperçut une minuscule petite fille.

Elle était tellement mignonne que même Severus se sentit fondre. Elle devait avoir environ six ans, et avait de longs cheveux noirs et ondulés, coiffés en deux couettes. Elle portait une petite robe blanche moldue, en dessous d'une robe sorcière noire ouverte. Son visage était en forme de cœur et ses yeux étaient d'un vert magnifique, la même teinte que ceux que Severus revoyait parfois dans ses cauchemars.

Des yeux qui, actuellement, étaient brouillés de larmes.

« Monsieur ? Tu le vois mon papa toi, depuis là haut ? »

Severus leva un sourcil perplexe et regarda autour de lui, pour voir tout d'abord si la petite s'adressait vraiment à lui, et ensuite pour voir si quelqu'un l'accompagnait. Apparemment, elle était seule et lui parlait bien à lui.

« Pardon ? » lui dit-il enfin.

« Je vois plus mon papa. Tu le vois toi ? »

Severus s'abaissa pour être à la hauteur de l'enfant.

« Et si tu me disais qui est ton papa ? »

La petite baissa les yeux, serra ses mains, et se tortilla sur ses pieds.

« J'ai pas le droit de le dire... »

« Je vois... » soupira Severus. « Et comment t'appelles-tu ? »

« Ça non plus... » dit la petite en mordillant sa lèvre inférieure.

« Ça va être simple, » grogna Severus en se relevant. « Et que t'as dit ton papa, au cas où tu te perdrais ? »

La petite se tortilla encore, un doigt sur la bouche, semblant réfléchir intensément.

« Qu'on se voit au dragon ! »

« Gringotts... » marmonna Severus.

Il regarda autour de lui, mais ne vit personne à qui il pourrait demander d'escorter la petite fille. Il n'allait pas la confier à un inconnu tout de même...

Lançant un tempus, il soupira. La boutique d'ingrédients allait fermer, il n'aurait jamais le temps de chercher tout ce dont il avait besoin... Tant pis... Il n'allait pas planter la gamine ici de toutes manières.

« Bien, suis-moi. Je t'emmène... au dragon. »

Sans attendre de réponse, il se détourna de l'enfant pour reprendre sa route en direction de Gringotts. Il n'avait pas fait deux pas qu'il sentit une main minuscule se loger au creux de la sienne. Il s'arrêta et regarda les deux mains liées avec étonnement. La petite de son côté, regardait partout avec anxiété et Severus serra légèrement sa main pour la rassurer avant de reprendre sa route. Il ne savait pas qu'il était capable de faire une telle chose.

Juste serrer une main, pour donner de la chaleur, du réconfort.

Sur le chemin, la petite demanda soudainement :

« Tu t'appelles comment monsieur ? »

Severus leva un sourcil et baissa la tête vers elle.

« Tu ne veux pas me dire ton prénom, mais je devrais te dire le mien ? »

« Toi, tu pourrais me faire du mal. Moi je ne peux pas t'en faire. » Elle lui lança un regard étrange. « T'as pas peur d'une petite fille quand même ? »

« Évidemment que non, » grogna le Maître des Potions. « Je suis Severus Snape. »

La petite s'arrêta net au milieu de la rue. Elle avait l'air profondément choqué et Severus pensa qu'il était soudainement devenu le croque-mitaine. Ça devait être la nouvelle histoire qu'on racontait aux enfants qui n'étaient pas sages : Severus Snape, le méchant Mangemort qui vient dévorer les enfants qui n'écoutent pas leurs parents.

« Pourquoi ? » demanda la petite.

Severus la regarda à nouveau, ne comprenant plus rien. Elle reprit :

« Pourquoi tu t'appelles comme ça ? C'est trop méchant comme nom ! Ça fait sévère et toi, t'es trop gentil pour être sévère, » débita-t-elle à toute allure.

Severus hésita un instant, entre se lamenter et éclater d'un rire tonitruant. Lui ? Gentil ? Non impossible. Il était tout sauf gentil. Ce n'était pas parce que actuellement, il tenait la main d'une petite fille pour la ramener à son père qu'il était quelqu'un de gentil. Elle reprit :

« C'est vrai, moi je veux pas t'appeler par un nom méchant ! »

Elle réfléchit un instant, fronçant les sourcils de concentration tout en sortant un petit bout de sa langue.

« Je vais t'appeler "Clochette" ! »

Severus, qui s'apprêtait à lui dire d'arrêter de parler et de se dépêcher, s'étouffa avec sa propre salive. Qu'avait-elle dit là ?!

« Pardon ? » dit-il d'une voix rauque après sa crise de toux.

« Tu fais "Gling-Gling" quand tu marches ! Comme une clochette ! »

« Ce sont mes fioles que j'ai dans mes poches ! » éructa Severus.

« Oui mais ça fait un bruit de clochette ! »

« Ça ne... »

Severus n'eut pas le temps de finir sa phrase que la petite fille se mit à sautiller sur place, en balançant sa main à toute vitesse et qu'elle cria :

« Papa ! »

Severus releva la tête qu'il avait braquée sur la sauterelle hurlante pour voir qui elle regardait, de ses grands yeux verts plein d'admiration.

Il s'attendait à tout, sauf à tomber sur Harry Potter en chair et en os, plus ébouriffé que d'habitude.

Il était maintenant un adulte, mais il n'avait guère changé. Il était plus grand, plus musclé, mais avait toujours les mêmes cheveux courts et en pagaille, ses lunettes rondes et ses incroyables yeux verts. Il était cependant bien habillé, avec bon goût et son visage accusait quelques rides, sur le front et au coin de ses yeux.

Son regard passait dans la foule avec frénésie, semblant chercher quelque chose ou quelqu'un, et Severus n'avait aucun mal à deviner de qui il s'agissait.

Severus vit la main tremblante que le Sauveur passa dans ses cheveux, pour ce qui semblait être la vingtième fois au moins, avant que ses yeux ne se fixent sur la petite silhouette, gigotant à côté de lui.

Avec une expiration sèche, il se précipita à genoux sur les pavés du chemin, pour étreindre la petite fille avec force, sans voir que celle-ci se cramponnait toujours à la main du Maître des Potions.

« Lily, ma fleur de lys, où étais-tu ? J'étais inquiet, ne pars plus jamais comme ça ! »

Severus s'était figé, regardant les retrouvailles entre Harry Potter et celle qui était vraisemblablement sa fille. Il l'avait appelée Lily... De si beaux souvenirs pour une si jolie petite fille.

« Mais je vais bien papa ! C'est Clochette qui m'a aidée. »

« D'accord, d'accord Lilypad. Je vais dire merci à Clochette et même... l'inviter à manger à la maison ce soir. Ok ? Mais je t'en prie ne me fait plus jamais ça, » souffla le jeune homme sans même un regard pour Severus qui était très surpris.

Quelle inconscience ! Inviter un inconnu dans sa demeure de cette façon, sans même prendre connaissance de son identité !

« T'as entendu Clochette ? » dit la gamine surexcitée en levant le nez pour le regarder.

« Grmblh... » grogna-t-il pour manifester son mécontentement.

Severus vit le jeune homme se figer et ses yeux se lever lentement pour suivre le bras de sa fille, sa main, enlacée par la sienne, suivi de son bras, recouvert d'un lourd tissu noir, de son épaule carrée, de son cou dont la peau claire révélait une pomme d'Adam bien marquée et de sa mâchoire solide avant de se fixer dans ses yeux noirs.

Après quelques secondes de flottement, Potter se releva vivement, trébuchant légèrement, pour se tenir face à son ancien professeur de potion.

« Professeur Snape, je ne vous avais pas vu, » bafouilla-t-il.

« J'avais remarqué... » répondit Severus avec un sourire ironique.

« Vous... C'est vous qui... ? » demanda maladroitement le jeune homme, paraissant toujours aussi gauche que dans les souvenirs de Severus.

« Oui, j'ai ramené votre fille. C'est elle qui est venue me trouver lorsqu'elle s'est perdue. »

« Je suis désolé... Elle a dit "Clochette" et... Lily a de nombreux amis imaginaires. En entendant ce prénom j'ai cru que c'était l'un d'eux. »

Voilà l'explication ! Potter pensait qu'il était l'un des amis imaginaires de sa fille, et c'était pour cela qu'il l'avait invité à manger, sans même le connaître !

Severus regarda la petite qui s'était renfrognée.

« Mais, il existe Clochette, regarde ! » dit-elle en agitant la main du potionniste le plus haut qu'elle put, au dessus de sa tête.

« Oui oui Lilypad, j'ai vu... » souffla Harry.

« Clochette viendra quand même manger à la maison. Hein papa ? »

« Je... Heu... » bafouilla Harry.

Il regarda son ancien professeur dans les yeux.

« Bien sûr, vous êtes invité si vous le souhaitez, mais je comprendrais si vous refusiez... »

Severus, qui regardait le jeune homme, baissa à nouveau la tête vers la petite fille, qui le fixait avec des grands yeux verts larmoyants. Il n'était pas homme à s'attendrir, ni à céder à une gamine, mais cette petite... Elle ressemblait tant à Lily, son amie d'enfance... Il culpabilisait tellement pour sa mort, qu'il n'avait pas le cœur à refuser quoi que ce soit à cette insupportable gamine si attachante.

« Si cela peut faire plaisir à... Lilypad, » fit ironiquement Severus.

Le jeune homme sembla surpris mais offrit ensuite un immense sourire à son ancien professeur. Celui-ci grogna, mal à l'aise :

« Avez-vous d'autres achats à faire ? »

« Non, nous allions partir lorsque Lily s'est perdue dans la foule. Et vous ? »

« Et bien... Je devais passer chez l'apothicaire avant de la rencontrer... »

Le jeune homme attrapa vivement sa fille, et, contractant les muscles de ses bras, la souleva pour la déposer sur ses épaules. Il se tourna vers Severus qui haussa un sourcil.

« Allons-y alors, avant que ça ne soit fermé ! » dit-il ensuite avant de tourner les talons pour partir en direction de la boutique d'ingrédients.

Severus hésita, puis suivit Potter dans les rues pour rejoindre la petite boutique.

Arrivé devant le magasin, le jeune homme déposa sa fille sur le seuil et lui ouvrit la porte, la tenant aussi pour que le Maître des potions entre avant lui.

« Monsieur Snape ! Quel bon vent vous amène ? » dit un homme bedonnant en ouvrant les bras, un sourire joyeux plaqué sur le visage.

« Bonjour Monsieur Davis, » répondit sombrement Severus, avec tout de même un léger sourire.

Il se dirigea immédiatement vers le comptoir pour parler avec le gérant des ingrédients qu'il était venu chercher, marchandant les prix suivant la qualité. Ils avaient l'habitude, Severus venait souvent ici et était un client exigeant.

« Clochette ? » appela la petite fille pour la cinquième fois.

Severus se retourna enfin, exaspéré. Il ne voulait vraiment pas répondre à ce surnom ridicule encore une fois, mais il ne pouvait pas parler tranquillement avec Monsieur Davis si la sauterelle hurlante était derrière lui.

« Quoi ?! » grogna-t-il.

« Regarde-moi ! » dit-elle en levant les bras.

Sous le regard ébahi des trois adultes, la gamine tenait dans ses mains, couvertes de substance gluante, deux globes oculaires d'hippogriffe, ingrédients très rares et très précieux, pour les mettre devant ses yeux et agiter la tête en faisant des grondements sonores et en gonflant les joues.

Le gérant du magasin resta immobile, bouche béante alors que le père de l'enfant se précipitait sur elle pour remettre les globes dans le liquide visqueux d'un bocal ouvert sur l'étagère de droite.

« Je suis vraiment désolé... Je payerai pour tous les dommages occasionnés, » bafouilla-t-il en refermant maladroitement le couvercle, manquant de faire tomber les fioles placés à côté.

Severus ne tînt plus et éclata de rire, comme il l'avait rarement fait. La scène avait été magnifique, cette petite fille était merveilleuse et le père, toujours aussi maladroit ne pouvait que le faire rire.

Quelques années auparavant, il aurait hurlé qu'abîmer des ingrédients précieux était une honte, qu'une enfant n'avait rien à faire dans cet endroit et que Potter l'avait mal éduquée mais là... Il avait juste envie de se laisser aller et de ne pas s'énerver pour des choses aussi futiles. Sa thérapie l'avait rendu plus doux apparemment.

« Mais qu'est ce qui te prend aujourd'hui Lily ?! » gronda le jeune homme. « Depuis quand touches-tu des choses dans les magasins sans me demander la permission avant ? »

« Mais... C'était juste des billes papa... » répondit la petite, les yeux pleins de larmes.

« Ce n'était pas des billes Lily ! C'était des ingrédients de potion très chers ! » s'exclama son père en lançant un regard noir à son ancien professeur qui, s'il s'était légèrement calmé, ricanait toujours. « Vous ne m'aidez pas ! » grogna-t-il ensuite.

« Viens-la Lily, » dit Severus en s'approchant pour la prendre dans ses bras. Il l'emmena dans le rayon des plantes et lui montra les bocaux. « Nous sommes dans un magasin d'ingrédients servant à faire des potions. Tu sais ce que sont les potions ? »

« Oui, » répondit-elle avec un sourire fière. « Papa, y m'a dit qu'il aimait pas les potions, parce qu'il était nul. »

« Je ne te le fais pas dire... » ricana Severus en entendant une exclamation offusquée derrière lui. « Moi, j'aime beaucoup les potions et c'est mon métier. »

« Trop cool ! » dit-elle en brandissant son bras en l'air. « Comment tu fais ? »

Severus haussa un sourcil sarcastique et fit un sourire en coin.

« J'assemble des ingrédients dans un chaudron et ça donne différentes potions. »

« Moi aussi je peux le faire ! » s'exclama Lily.

« Il ne suffit pas d'ajouter n'importe quoi, » gronda légèrement Severus. « Il faut suivre une recette très précise. »

« Comme pour la cuisine ? »

« Comme pour la cuisine. »

« Et toi tu sais en faire combien ? »

Severus sourit et approcha son visage à l'oreille de la petite fille pour lui chuchoter :

« Toutes. »

« Wahou, » glapit Lily en tapant dans ses mains avec entrain.

« Tu vois ça, » dit-il en désignant une fleur violette. « C'est du Napel, elle est utilisée pour faire la potion Tue-loup et pour la potion de l'Oeil vif par exemple. »

Severus resta environ vingt minutes à montrer les différentes plantes à une Lily complètement passionnée. Elle l'écoutait avec les yeux grands ouverts, buvant ses paroles avec avidité.

Lorsque le magasin dût fermer, Severus déclara avec nonchalance qu'il repasserait plus tard pour ses ingrédients, et sortit de la boutique, Lily toujours fermement coincée entre ses bras. Le Gryffondor, l'air complètement décontenancé par son attitude, le suivit dehors.

Sans se concerter, ils allèrent tous deux jusqu'à la zone de transplanage et le jeune homme saisit le bras de son professeur pour le faire transplaner chez lui. Severus se laissa faire, tenant fortement Lily dans ses bras pour qu'elle ne se désartibule pas durant le voyage. Apparemment, celle-ci connaissait bien le procédé car elle s'accrocha bien à lui et entoura ses bras autour de son cou.

Ils réapparurent quelques secondes plus tard dans un petit jardin bien entretenu, muni d'un chemin de cailloux menant à une petite chaumière pleine de charme. Il n'y avait autour, que des champs et des forêts. Seul le bruit du vent et des oiseaux résonnait dans le silence de cette fin de journée.

« Lorsque j'ai cherché une maison pour m'installer, j'avais une seule exigence, c'était qu'elle soit perdue au milieu de nulle part et de pouvoir acheter tous les terrains aux alentours. Ça n'a pas été facile, mais j'ai réussi à trouver mon cocon. »

« Vous possédez tout ce terrain ? » demanda Severus.

« Oui, depuis la colline là-bas, » répondit Harry en désignant l'endroit. « Jusqu'à une partie de la forêt, » finit-il en montrant l'opposé.

« Et qu'en faites-vous ? »

« Je laisse les paysans alentours les exploiter comme ils le désirent. »

« Hé regarde Clochette ! » les interrompit une petite voix fluette. « Le gros arbre là-bas, papa m'a fait une cabane ! Tu veux la voir ? »

« Plus tard Lilypad... » souffla Harry.

« Et arrête de m'appeler par ce surnom ridicule jeune fille, » gronda le Maître des potions. « Tu peux m'appeler Severus, Monsieur Snape ou même Professeur. »

« Tu es professeur ? » demanda Lily, les yeux pleins d'étoiles.

« Je l'ai été pendant quelques temps... » éluda Severus avec un geste de main vague.

« Et moi, tu pourras être mon professeur ? »

« Peut-être un jour... » répondit Severus avec un léger sourire en coin.

« T'as entendu ça papa ? Je vais avoir mon Professeur Clochette ! » cria la petite fille en courant à toute vitesse vers la maison.

Severus baissa la tête en serrant l'arrête de son long nez entre son pouce et son index. Cette enfant était l'incarnation du diable avec des couettes. Elle était tellement pleine de vie, avec un sourire immense et des yeux rieurs, les mêmes yeux qu'il avait connus avec sa vieille amie, Lily Evans. Lily Potter lui ressemblait tellement, mise à part la couleur ébène de ses cheveux qui semblait être la marque de fabrique des Potter. Il releva vivement la tête lorsqu'il entendit un petit son étouffé à côté de lui et tomba sur le visage légèrement rouge du père de la gamine. Le jeune homme avait plaqué sa main sur sa bouche et semblait contenir son fou-rire avec le plus grand mal.

« Vous moqueriez vous de moi ? » grogna-t-il.

« Moi ? Non Monsieur, » répondit le jeune homme en se mordant la lèvre inférieure dans une tentative infructueuse de retenir un gloussement.

Severus leva les yeux au ciel devant le manque de retenue de son ancien élève et avança dans l'allée, sans y avoir été invité, pour y rejoindre la sauterelle hurlante qui trépignait sur place en attendant que son père ouvre la porte.

Potter le suivit et rejoignit la petite fille. Il lui demanda alors avec sévérité de se calmer et d'être plus disciplinée car il n'avait pas envie de se fâcher et de la punir. Lily sembla comprendre et baissa la tête d'un air coupable.

« Écoute-moi bien Lilypad... Une fois qu'on sera rentrés, je veux que tu trouves une occupation. Soit tu vas dans ta chambre pour faire un puzzle, soit tu vas jouer dehors, soit tu viens dessiner dans le salon mais dans tous les cas, je veux du calme. La journée a été suffisamment éprouvante. D'accord ? »

La petite acquiesça et Potter ouvrit la porte, qu'elle s'empressa de franchir pour se précipiter dans ce qui semblait être sa chambre. Severus entra à son tour et laissa son regard se poser sur la pièce dans laquelle il se trouvait.

C'était une petite entrée, ouverte sur un salon confortable et un peu sombre. Le sol était de pierre brute couverte par un imposant tapis, les meubles étaient en bois sombre et en cuir. Severus avait presque l'impression de se retrouver dans ses anciens cachots à Poudlard. Pourtant, les coussins, le plaid et les photos disposées un peu partout, rendaient l'endroit... douillet. De même que le tee-shirt posé sur le canapé, les jouets d'enfant sur le tapis et le tas de papiers complètement désorganisé sur le bureau, rendaient le lieu vivant.

« Je vous débarrasse professeur ? » demanda le jeune homme une fois qu'il eut posé sa veste dans un placard.

Severus enleva la pince en argent de sa cape et d'un geste gracieux, la fit glisser de ses épaules pour la tendre à son hôte.

Après avoir rangé le vêtement, le jeune homme alla dans le salon et avec des gestes fébriles, attrapa ce qui traînait.

« Je suis désolé pour le désordre professeur, je ne m'attendais pas à une visite, et encore moins à la vôtre. »

« Je ne suis pas aussi maniaque que j'en ai l'air Potter, » déclara Severus d'une voix absente alors qu'il regardait les photos sur les meubles.

L'une d'elle montrait Potter un peu plus jeune, au côté d'une femme qu'il reconnut comme étant Ginevra Weasley. Les deux souriaient gaîment, tenant un nourrisson entre leurs bras enlacés. Une autre montrait Potter avec ses deux amis Weasley et Granger, le jour du mariage de ses derniers, très certainement. Un cliché montrait Potter en pleine partie de Quidditch avec tout une troupe de rouquin.

Et des photos, il y en avait des dizaines. Ginevra Weasley y apparaissait parfois, Potter également, mais le plus souvent c'était Lily, souriante, adorable, joueuse, joyeuse.

Severus grogna lorsqu'il vit une photo des Maraudeurs à l'époque de Poudlard.

« Cette photo vous rappelle sûrement de mauvais souvenirs... A moi, elle me rappelle juste que je n'ai aucun souvenir... » souffla le jeune homme, apparaissant soudainement derrière lui.

« Qui est ce garçon ? » demanda Severus pour changer de sujet, pointant l'une des photos du doigt. « Son visage m'est familier... »

Effectivement, le petit garçon sur la photo avait des yeux d'ambre, les cheveux châtains ébouriffés et un petit nez retroussé.

« Oh oui ! C'est Teddy. Teddy Lupin. »

« Oh... L'enfant de Tonks et du loup-garou... »

« Exactement. » répondit le jeune homme sans sembler s'offusquer de ce mot qui était bien souvent une insulte dans la bouche des gens. « Il est à Poudlard maintenant. Le temps passe si vite... »

« A Poudlard dites-vous ? »

« Oui ! Première année à Serpentard ! »

« Serpentard ? Le fils de Remus Lupin, Gryffondor pur souche et de Nymphadora Tonks, la plus maladroite des Poufsouffles est à Serpentard ? » s'étrangla Severus.

« Oh vous savez, Tonks est la fille d'une Serpentard et Andromeda a élevé Teddy. En plus, Remus, malgré son courage et sa loyauté, avait un côté très Serpentard... Teddy a toujours été un enfant calme et légèrement calculateur, même s'il est d'une extrême gentillesse. Il a été Chapeauflou mais je pense que Serpentard était un bon choix pour lui. »

Severus ne répondit pas. Il était assez fasciné par cette nouvelle, mais aussi par la façon dont le jeune homme prenait la chose. De façon posée et mature, comme un adulte responsable qu'il devait être maintenant. Ce n'était pas trop tôt...

« Voulez-vous quelque chose à boire ? »

« Avez-vous de l'alcool fort Monsieur Potter ? »

« Bien sûr ! J'ai un très bon bourbon. »

« Alors allons-y pour le bourbon. »

Le jeune homme se dirigea vers un buffet et ouvrit le verrou d'un sort, sûrement pour éviter que la petite puisse fouiller dedans. Il en sortit deux verres et la bouteille promise. S'installant à table, il servit deux bonnes doses et proposa à son ancien professeur de le rejoindre. Celui-ci s'exécuta et commença sa boisson.

« Où se trouve votre... conjointe ? » demanda Severus, ne sachant pas s'ils étaient mariés ou non.

La presse en avait très certainement parlé, mais il ne s'en occupait absolument pas. Ni de la presse à scandale, ni du foutu Potter alors il n'était absolument pas au courant des derniers potins... Il vit bien le visage de Potter s'assombrir à la mention de sa compagne, ou apparemment, ancienne compagne.

« Ginny et moi ne sommes plus ensemble depuis quatre ans maintenant... »

Le silence s'étira avant qu'il ne reprenne.

« Nous nous sommes mariés et nous étions heureux... Je crois... Mais ce n'était qu'une façade pour elle. Lily avait deux ans lorsque Ginny est partie subitement, me laissant une lettre pleine de reproches. Je n'en sais pas plus, nous ne l'avons jamais revue... »

Severus ne savait pas quoi dire. Il n'allait pas le réconforter, il ne savait pas faire ça. Il n'allait pas non plus changer subitement de sujet. Alors il ne dit rien. Laissant le jeune homme gérer ses émotions lui même.

« Regarde Professeur Clochette ! » dit Lily en courant vers lui et brandissant à quelques centimètres de son visage, une poupée dans sa robe sorcière ridiculement rose.

« Qu'est ce que cette chose ? » demanda Severus avec une grimace de dégoût.

« Bah... C'est Frimousse ! Elle est belle hein ? »

« Magnifique... » grommela Severus en regardant le truc hideux pendu devant ses yeux.

« Et elle chante, regarde ! »

Lily appuya dans le dos de la poupée qui s'anima et se mit à danser, comme une vraie personne miniature – et de façon assez provocante, il fallait bien l'avouer – en chantant une chanson ridiculement niaise.

« Je suis une sorcière,

à Poudlard je prospère

et avec la magie,

c'est de la folie ! »

Severus grogna devant ce jouet grotesque et jeta un coup d'œil à Potter qui se retenait encore de rire.

« Tu n'as rien de plus... intelligent ? » demanda-t-il ensuite à la petite fille, qui fronça les sourcils dans la réplique parfaite de son père, enfant, lorsqu'il était devant une recette de potion complexe.

« Tu trouves ça idiot ? » demanda-t-elle d'une voix pleine d'innocence.

« Oui, vraiment... Tous tes jouets sont comme cela ? »

« Non, celui-là c'est une vieille amie de papa qui me l'a acheté. »

Severus tourna la tête vers le fameux papa qui fit une grimace avant de prendre la parole :

« Nous avons croisé Lavande Brown un jour au Chemin de Traverse. Elle nous a quasiment forcés à venir voir sa boutique de coiffure qu'elle a ouverte, et en a profité pour offrir cette... chose... à Lily. »

« Je vois que Miss Brown a toujours la même passion pour les choses futiles, comme les magazines féminins que je lui confisquais au moins une fois par mois, » répondit Severus avec un rictus moqueur.

« Si tu veux j'ai des jeux intelligents, » dit Lily avec un sourire confiant avant de partir dans sa chambre à toute vitesse.

« Elle est pleine de vie... » souffla Harry.

« C'est vrai... » répondit Severus de la même façon. « Elle me rappelle votre mère... »

Leurs yeux se croisèrent et cet instant fut chargé d'émotion. En un regard, ils se comprenaient. Severus était maintenant en paix avec lui même et comprenait la souffrance du jeune homme. Il savait aussi que lui-même comprenait la sienne. Ils avaient tous les deux vécu des épreuves difficiles, avaient perdu des êtres chers et chacun s'était senti abandonné.

Severus l'avait été par sa mère lorsqu'elle détournait les yeux alors que son père le rouait de coups. Il s'était senti abandonné par Lily Evans, lorsqu'elle avait refusé ses excuses et s'était mariée avec James Potter. Par le Lord aussi, lorsqu'il n'avait pas respecté sa promesse et avait tué la femme qu'il avait aimée. Par Albus également, indirectement, lorsqu'il lui avait demandé de le tuer lui même...

Toutes ses personnes l'avaient un jour abandonné et aujourd'hui qu'il se sentait mieux, il n'avait pas la même vision de tout cela, même si c'était toujours douloureux.

De son côté, Harry Potter avait un nombre incalculable de raisons de se sentir abandonné. Severus en était persuadé.

Deux hommes brisés par les mêmes épreuves, la même guerre, et...

« Regarde ! J'ai ça ! » s'exclama la petite fille, le coupant dans ses réflexions. « Ça c'est tata Hermione qui me l'a offert ! » dit-elle en lui montrant trois livres qui parlaient de magie, avec des mots simples et écrit en grosses lettres pour les enfants. « Et tonton George il m'a offert un kit de potion, mais papa y veut pas m'aider à le faire parce qu'il a peur de tout faire exploser. »

Severus ricana alors que le jeune homme enfouissait son visage rougissant entre ses mains.

« Tu m'aideras toi, hein professeur ? »

« Si tu veux Lily... Mais pas maintenant. » souffla-t-il en réponse.

« Chouette ! » cria la petite en courant dans sa chambre à nouveau.

Le silence s'installa entre les deux hommes et Potter finit par se lever pour préparer à manger dans la cuisine ouverte sur le salon.

« Je suis désolé mais je n'avais pas prévu grand chose à manger pour ce soir... » dit-il.

« Je me contente de peu, » répondit Severus en regardant autour de lui.

Il reprit ensuite la parole, posant la question qu'il avait en tête depuis qu'il avait revu son ancien élève :

« Que faites-vous dans la vie maintenant Potter ? »

« Oh, et bien je suppose que je peux vous le dire à vous... » répondit le garçon hésitant légèrement.

Severus se redressa imperceptiblement, écoutant d'une oreille attentive. Il n'avait absolument aucune idée de ce qu'était devenu le garçon. Le Maître des potions vivait un peu dans son monde à lui, avec ses ingrédients et les quelques personnes qui constituaient son entourage.

« Pour le monde sorcier, je vis un peu en autarcie et ils n'ont que rarement des nouvelles de moi. Tout le monde pense que je me cache et c'est un peu le cas... Ce qu'ils ne savent pas c'est que je suis devenu écrivain. »

« Plaît-il ? » demanda Severus, un sourcil relevé.

« Je ne voulais pas travailler dans le monde sorcier, où tout le monde m'aurait reconnu et jugé sur ce que j'ai fait. Je ne pouvais pas travailler dans le monde Moldu, après avoir arrêté l'école à onze ans... Alors j'ai décidé de travailler chez moi et plus particulièrement, d'écrire ce dont j'ai rêvé pendant des années. Ça n'a pas été facile au début mais j'ai pu publier au bout de trois ans, sous mon nom de plume. Je n'y serais jamais arrivé sans l'aide d'Hermione... Avec l'argent qu'elle et Ron ont reçu du Ministère pour service rendu au monde sorcier, elle a ouvert sa propre librairie et sa propre maison d'édition dans laquelle j'ai investi moi aussi. »

« Avez-vous beaucoup publié ? »

« Je viens de sortir mon huitième tome. »

« Et vous avez du succès ? »

« Un peu, » éluda le jeune homme avec un geste négligent de la main. « Et vous ? Que faites-vous depuis... »

Il ne continua pas sa phrase, ayant certainement peur de dire quelque chose qui braquerait le Maître des potions.

« Depuis que vous m'avez fait interner ? » grogna Severus qui avait toujours du mal à avaler la façon dont il s'y était pris – il n'avouerait jamais que c'était assurément la seule façon d'y arriver.

« Oui... » murmura le jeune homme tout en touillant la nourriture rissolant dans la casserole.

« Et bien... Une fois... soigné, j'ai démissionné de Poudlard et fait breveter quelques potions inventées pendant la guerre. Avec cet argent, j'ai pu m'acheter une maison, assez similaire à celle-ci, du moins, du point de vue de sa localisation perdue. Je passe mon temps à inventer de nouvelles potions pour des particuliers le plus souvent, ou pour mon propre intérêt. »

« Vous aussi avez voulu vous éloigner de la communauté sorcière ? »

« Exactement. Entre ceux qui me prennent pour un héros de guerre et ceux qui me considèrent comme un Mangemort – ceux-ci sont d'ailleurs beaucoup plus nombreux – j'aime autant ne pas trop me montrer... »

Le jeune homme acquiesça et, d'un coup de baguette, mis la table pour trois personnes. Il appela ensuite Lily et servit les assiettes de la poêlé de légumes qu'il avait réchauffée avec un morceau de gigot.

Lily arriva comme un boulet de canon pour se mettre à sa place et commença à babiller joyeusement. Tellement, que Severus ne l'écoutait plus vraiment dès le milieu du repas. Il pensait surtout à sa discussion avec Potter. Il était maintenant écrivain... Pourquoi pas... Mais plusieurs questions tournaient encore dans sa tête.

« Vas te coucher ma puce, tu as école demain. »

« Mais... Papa... » sanglota la petite fille.

« Ne discute pas Lilypad, » dit fermement son père en l'embrassant sur le front. « Je viendrai te lire une histoire lorsque tu seras dans ton lit, va te préparer. »

La petite fille hocha la tête puis, les yeux pleins de larmes et d'un mouvement vif, elle claqua un baiser sonore sur la joue de Severus avant de trottiner jusque dans la salle de bain.

« A bientôt Clochette, » dit-elle doucement avant de fermer la porte.

Severus resta un instant stupéfait. Cette gamine accordait vraiment sa confiance à n'importe qui. Il se leva ensuite lorsqu'il reprit contenance et se tourna vers le jeune homme qui débarrassait la table.

« Je vais prendre congé à présent, pour vous laisser coucher... Lily. »

« Bien sûr Professeur. Je vous remercie d'avoir accepté de dîner avec nous, Lily vous aime beaucoup je crois. »

« Votre fille est bien trop confiante Potter, vous devriez faire attention... »

« Je la protège comme je peux... » répondit le jeune homme sur la défensive.

« D'ailleurs, comment se fait-il que vous n'ayez pas été assailli par une horde de fan au Chemin de Traverse ? »

« Oh, lorsque je sors, je mets un sortilège d'apparence que j'ai trouvé dans la bibliothèque des Black. J'ai un physique différent pour tout le monde, sauf pour ceux que j'inclus dans mon sortilège. »

« Je vous fais entièrement confiance, et inconsciemment, j'ai dû vous inclure dans le sortilège... »

« Vous m'en voyez flatté, » déclara ironiquement Severus alors qu'il ajustait sa cape, tendue par le jeune homme, d'un geste gracieux.

Potter ouvrit ensuite la porte pour l'inviter à sortir et le scruta pendant un moment. Severus fit un sourire en coin et s'avança pour franchir le seuil. Avant de partir dans la nuit de cette soirée déjà bien avancée, il se retourna pour regarder le jeune homme.

« Quel est votre nom de plume ? »

« Terry Pasha Jotrem, » répondit-il avant de refermer la porte avec un sourire.

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