La fourrure blanc de neige de l'animal se détachait sur le tapis de feuilles aux couleurs d'or et de sang, qu'il foulait sans bruit, comme un fantôme. Tout autours, la forêt s'était tue, comme pour saluer l'arrivée de la louve. Ses yeux perçants d'un bleu électrique scrutaient les alentours, comme pour graver à tout jamais l'image de cette forêt d'or que le soleil de fin d'après-midi embellissait de tous ses rayons.
Non loin derrière la louve, une femme marchait. Elle semblait faite de marbre tant sa peau était pâle, et ce malgré les rayons chauds du soleil. Ses cheveux aussi blancs que la fourrure de la louve, qui ne paraissait nullement importunée par la présence auprès d'elle de cette femme, tombaient librement sur ses épaules, se mêlant à la blancheur de sa tunique. Ses pieds nus foulaient les feuilles mortes alors qu'elle suivait la louve d'un pas léger, se déplaçant entre les arbres le port serein et altier, comme une reine se déplacerait entre ses sujets. En dehors de ses vêtements, une longue tunique, une cape et un pantalon, elle ne portait qu'un arc de belle facture et un carquois à la taille, assortis d'un long couteau de chasse. Ni bijoux, ni sac, ni équipement.
Elle semblait parfaitement à son aise au milieu de cette nature sauvage teintée de douceur, appréciant l'harmonie d'une nature qui était pour elle la plus belle des maisons, plus belle que la plus fastueuse des demeures, car que serait cette demeure sans le sentiment familier et la chaleur que dégage un lieu lorsqu'on y a sa place, sinon un bâtiment froid, un objet sans âme, triste et terrifiant.
C'est ainsi que la femme évoluait, dégageant une joie et une sérénité totale, ayant pour effet de rassurer la vie alentour, qui se départit de son immobilité, reprenant peu à peu sa vraie nature. Les animaux, bien que se tenant à distance respectueuse de la louve et de sa compagne, n'avaient plus peur. Et bientôt la rumeur se répandit à travers la forêt et au delà : elle était de retour, et les monstres auraient à se faire du souci. La vie allait reprendre ses droits, et personne ne se mettrait en travers de sa route. Que tous reconnaissent en cette femme le messager de la nature. Que tous reconnaissent en elle l'incarnation de la loi qui depuis toujours a régné sur la vie.
Elle. La Chasseresse.
