Salut les girlz !

Et non, vous n'êtes pas victimes d'une hallucination collective, il s'agit bel et bien d'une ENIEME nouvelle fic !

*PAS TAPER SIOUPLAY !*

Promis, je n'abandonne pas les autres, mais l'inspiration ne se commandant pas, me voici donc sur un nouveau projet.

Nouveau ? Pas totalement en réalité... Certaines d'entre vous doivent se souvenir que je l'avais sporadiquement évoqué dans mes fictions précédentes et pour cause, cette idée me trotte dans la tête depuis... deux ans tout pile.

D'ailleurs, fun fact, la première moitié de ce texte avait été écrite en 2016. Je n'ai donc fait que la reprendre et la peaufiner.

En espérant que le résultat soit à la hauteur, mais ça, c'est vous qui en décidez !

Normalement, enfin je prends des pincettes en le disant hein, cette fic devrait être relativement courte, mais heyyy comme d'habitude, c'est vous qui décidez ! J'aviserai alors selon son "succès" ! ^^

Bref, sur ce, enjoy !

P.S. : Cette fic, c'est la VOTRE ! Je l'ai écrite pour vous et je compte d'ailleurs la rendre "interactive" en vous invitant à participer dans les prochains chapitres, concernant des choix. De plus, il faut voir dans cette histoire la volonté de vous offrir un véritable AoKaga qui "se produit" rapidement, par opposition avec mes autres fictions qui sont plus dans le développement, la lenteur et le slow burn. Je le répète encore une fois, le but de cette fanfiction sera de vous donner ce que beaucoup d'entre vous aiment et attendent : du SEXE :)

C'est mon petit cadeau pour vous, j'espère donc que vous l'aimerez et je compte sur votre soutien, en prenant le contrepied de mes écrits habituels.


Aomine Daiki avait toujours aimé le sexe.

C'était un fait aussi notoire, qu'immuable.

Oh, ce n'était pas une addiction pour autant, enfin, peut-être avant, oui, lorsqu'il vivait encore chez ses parents, où sa chambre d'adolescent était ornée de posters de joueurs de basket, (sa passion première au départ), tandis que paradoxalement le sol, lui, était tapissé de magazines de « charme » écornés.

De cette période, Aomine avait retenu deux choses.

La première, c'est qu'une mère arrive toujours à débusquer vos « petits outils de divertissement personnels », quel que soit l'endroit où vous les planquez. Que votre cachette secrète soit le matelas de votre futon, un tiroir avec un double fond ou bien même la couverture d'un manuel scolaire pour donner l'illusion que vous révisez, votre génitrice aura toujours son sixième sens pour l'aider à déloger vos chers ouvrages de cul clandestins.

Et la seconde – peut-être la plus importante leçon qu'Aomine avait apprise - était que la branlette ne rendait pas sourd, Dieu merci ! Parce que sinon, il aurait définitivement eu besoin d'un sonotone avant ses vingt ans... et il en avait presque trente neuf aujourd'hui...

Oui, Aomine avait toujours aimé le sexe.

C'était une part si importante de sa vie et de lui-même, à tel point qu'il avait tout naturellement décidé d'en faire son métier. Tout avait commencé un peu par hasard. Il s'était filmé avec sa petite amie de l'époque avec qui il était resté huit mois en couple (son record actuel). C'était juste avant la fin du lycée et pour mettre du piment dans leur relation amoureuse, ils avaient décidé d'un commun accord de le faire sous l'oeil mécanique de la caméra.

La video n'était pas d'une qualité terrible, mais pour le fun, Aomine avait quand même pris l'initiative de l'envoyer à un producteur de films pour adultes. Franchement, il ne savait pas trop ce qui lui était passé par la tête à ce moment-là pour avoir l'idée de faire une chose pareille. C'était sûrement le contrecoup de l'orgasme...

… Ou alors le fait que sa copine ne proteste pas et trouve même la proposition plutôt amusante. Il ne lui en fallut pas plus pour franchir le pas. Et ce qui n'était alors qu'un délire d'ado à la base lui mit finalement le pied à l'étrier de l'industrie du X. Le producteur avait été emballé par leur « performance » et il avait recontacté Aomine dès la semaine suivante, presque dans la foulée, pour lui faire une offre que le brun ne put décemment pas refuser.

Après avoir obtenu leur diplôme de fin d'études (l'équivalent de notre cher BAC), la majorité des jeunes Tokyoïtes se battent pour obtenir une place dans les facultés les mieux cotées du pays.

Tous, sauf Aomine.

En effet, le brun avait toujours su que les études supérieures n'étaient pas faites lui, mais il était en revanche incapable de savoir ce qu'il allait faire, une fois l'examen d'entrée à l'université en poche. Il n'y avait jamais trop réfléchi, pour la simple et bonne raison qu'il se disait à chaque fois qu'il avait le temps d'y penser.

Sauf que le temps défilait atrocement vite. Et en moins de temps qu'il n'en faut pour dire « pornographie », il s'était retrouvé sans la moindre ambition quant à sa future carrière en tant qu'adulte, sans le moindre indice sur ce qu'il pourrait faire pour gagner sa vie. Jusqu'ici, il s'était toujours laissé porter et à deux mois de la fin du lycée, ce manque de proactivité lui avait joué des tours, sans perspective d'avenir.

Heureusement, grâce à cette idée de génie, même si elle était partie d'une blague potache au départ, lui avait littéralement sauvé la mise. Aomine avait reçu un coup de fil si rapidement qu'il avait l'impression qu'il ne s'était écoulé qu'un seul jour entre le moment où il avait envoyé sa video amateur par COURRIER (et oui les enfants, c'était à l'aube des années 2000, Internet n'était pas encore aussi développé que maintenant...) à la société de production, et l'instant où le gars l'avait contacté. Le type lui avait proposé sans hésiter de faire une apparition dans un de ses films dont le tournage devait commencer à la fin du mois.

Oh c'était un tout petit rôle, vraiment, juste de la figuration payée au lance-pierres, mais pour Aomine c'était surtout un fantasme qui se réalisait ! On allait lui filer du fric pour baiser ! Quoi de meilleur ? En plus, le gars lui avait promis que si Aomine assurait, il n'aurait aucun mal à lui retrouver du travail par la suite et qui sait, peut-être que quelqu'un de plus influent repérerait le jeune étalon et lui proposerait d'être la vedette masculine de ses prochains films ?

Naïvement, Aomine avait accepté, juste dans l'optique de s'amuser et de voir l'envers du décor. Et au pire, il se rincerait l'oeil, lui qui avait toujours adoré les filles, en particulier les actrices de ce genre d'oeuvres, dotées délicieuses poitrines opulentes, alors pourquoi s'en priver ? Il pouvait bien participer et saisir la chance qu'on lui offrait et puis voir par la suite si le délire lui convenait vraiment. Même sa nana, pas jalouse, l'avait encouragé.

Alors Aomine s'était lancé dans l'aventure sans trop y croire...

Et non seulement ce jour-là il avait reçu la meilleure fellation de sa vie, mais la magie avait opéré. Aomine était en effet très photogénique et naturel. Il rendait bien devant la caméra. Sa peau chocolatée, plutôt rare pour un japonais pur souche et ses attitudes félines avaient fait des émules. Et pour cause, en plus de son physiques agréable, il était jeune, enjoué, mignon et surtout, il disposait d'un excellent coup de reins. Que demander de plus ? C'était du tout bon pour ce genre de films !

A partir de ce moment, Aomine avait eu du travail en continu après être sorti du lycée, sans son diplôme d'ailleurs. Mais au moment où les heureux lauréats allaient user leurs culs sur les bancs de la fac, lui allait user celui des actrices avec lesquelles il jouait. Il enchaîna les tournages, sans répit, écumant les plateaux et parfaisant sa technique. Même si quand il était encore lycéen il n'avait déjà pas à rougir de son tableau de chasse, mais avec les tournages effrénés, celui-ci était devenu particulièrement conséquent.

C'était le métier qui rentrait, comme on dit...

… Et Aomine quant à lui, rentrait dans tous les vagins se présentant sur son chemin, en contrepartie.

Ravi de ce succès fulgurant, Aomine s'accrochait de toutes s es forces à cette bouée de sauvetage providentielle, lui qui jusqu'alors ne savait jusqu'alors pas quoi faire de sa vie.

Mais malgré des performances plus que louable, c'était surtout ce petit truc en plus, comme une étincelle, qui avait contribué à sa notoriété grandissante.

Cette pureté.

Cet enthousiasme communicatif et de bonne volonté...

Oui, Aomine Daiki avait toujours aimé le sexe...

Mais plus tellement ces derniers temps.

Après presque dix-huit ans de carrière bien remplis (merde, il était déjà un vétéran dans ce milieu à seulement trente-cinq berges, presque un retraité.), il se sentait moins investi. La faute à un rythme éreintant sans doute. Il enchaînait jusqu'à trois tournages par jour. Pas le temps de souffler. Pas le temps de se rappeler des visages de ses partenaires. A peine le temps de prendre son pied. Et encore moins le temps d'avoir une vie privée...

Le domaine du X était florissant au Japon et la demande devenait de plus en plus difficile à satisfaire, d'un point de vue strictement physiologique, avec seulement soixante-dix « hardeurs » japonais pour dix-mille « hardeuses ». (et ce sont de vrais chiffres officiels.)

La pénurie d'acteurs masculins engendrait une situation alarmante et à cause de ce boulot à la chaîne, le corps d'Aomine commençait à avoir du mal à suivre. Quelle tristesse, il était pourtant dans la fleur de l'âge et en parfaite santé, mais son mental souffrait atrocement des conditions de tournage devenues extrêmement rigides. Il avait carrément fini par se dégoûter lui-même.

Non pas qu'il ait honte de son métier, il en était même très fier et il ne s'en cachait jamais au détour d'une conversation quand un mec le reconnaissait dans un bar ou qu'une fille d'un soir lui demandait ce qu'il faisait pour gagner son pain quotidien. Même devant sa famille et ses rares « amis » ou « connaissances », il avait toujours assumé, sans mentir ou s'inventer une vie.

Mais là... il avait besoin de souffler.

De connaître autre chose.

De trouver LE truc qui le ferait vibrer à la hauteur de ses ambitions.

Un nouveau challenge, un défi plus noble...

Après tout, sa « carrière » dans le porno n'était pas sensée en être une. Dans sa tête, il avait toujours s'agit de quelque chose temporaire.

En cet instant, il était appuyé sur le balcon de son grand appartement du centre de Tokyo. Appart' que le producteur de sa boîte actuelle le laissait occuper à titre gracieux, d'ailleurs. Le mec en question était un vrai taré. Un psychopathe. Aomine sourit amèrement en y pensant. Un vrai connard qui ne pensait qu'un fric et qui avait régissait d'une poigne de fer la carrière de quatre autres pauvres types comme lui qui espéraient percer dans le milieu.

« Percer... » Pensa le brun.

Putain d'ironie ce terme à la con... parce qu'il s'agissait littéralement de cela, quand il était question de porno. Aomine le savait mieux que personne et il se demanda si son patron n'était pas un yakuza vu la tune indécente qu'il brassait et se faisait sur leur dos. Son entreprise était tellement florissante que son boss devait dormir dans un lit jonché de billets verts, Aomine en était persuadé. Pas qu'il soit prêt à se rendre jusque dans sa chambre à coucher de son producteur pour le vérifier par lui-même, cela dit...

Clope au bec, le brun laissait la brise printanière du soir lui caressait le visage, pendant qu'il observait la rue située en dessous d'un air absent. Il avait toujours besoin de sa dose de nicotine intoxicante après le sexe... Une sale habitude qu'il avait piquée sur les plateaux de tournage toujours bondés et à l'atmosphère suffocante.

Au début de sa carrière, ce qui l'avait frappé pendant les tournages, c'était la chaleur étouffante qui y régnait. Il avait pensé au départ que tous les radiateurs devaient être poussés à fond, juste pour les faire suer davantage, mais en réalité, c'était la lumière aveuglante des spots qui les carbonisait sur place. Jusque là, Aomine avait toujours trouvé ridicule que dans tous les films, après une bonne partie de jambes en l'air, la première chose que le mâle triomphant fasse était de s'extirper des draps pour aller fumer, en mode « dark tourmenté ».

Et voilà que maintenant, il faisait exactement la même chose...

C'était dire si ça allait mal dans sa tête...

Il avait attrapé sa compagne de la nuit dans un bar. Oui, « attrapé », ou « capturé », c'était du pareil au même. Enfin peut-être... il avait plutôt le sentiment que cette gonzesse s'était jetée délibérément dans ses filets... Il n'avait même pas eu besoin de lever le petit doigt pour la lever.

Ca devenait vraiment trop facile... Les filles de Roppongi n'étaient pas farouches et pour cause, il s'agissait souvent de prostituées et autres hôtesses rompues à l'art de la séduction. Elles appâtaient aisément le chaland étranger grâce à leurs charmes et les dépouillaient ensuite sans remords, telles de vraies mantes religieuses aussi belles que féroces.

Mais pas Aomine.

C'était lui le mâle dominant.

La panthère qui se baladait dans cette jungle (au sens propre du terme) urbaine tentaculaire.

Il en connaissait chaque recoin, chaque code. La plupart des dealers nigérians le saluaient même lorsqu'il passait dans le quartier en quête d'une proie, tant il était devenu une figure incontournable des nuits de Roppongi. Même s'il quittait moins souvent sa tanière depuis quelques temps, coucher avec avec une dizaine de partenaires sexuelles différentes par semaine ne lui suffisait plus.

Il avait besoin de se mettre en quête de celle parviendrait à tromper son ennui mortel. Ennui qui rongeait son cœur comme de le plus corrosif des acides. Oui, par moment, même lui avait juste besoin de sexe, mais sans être payé pour cela et sans avoir besoin de se donner en spectacle devant une dizaine de professionnels de l'image et du son.

Juste un peu de chaleur humaine... de réconfort... des bras fins qui vous entourent... une poitrine douce contre laquelle se blottir pour trouver le sommeil... Une relation normale, équilibrée. Où c'est l'instinct qui dicte les mouvements et non pas un putain de script. Où ce sont les cris de plaisirs de sa partenaire qui le récompensent, sans simuler. Où il n'y a personne pour lui ordonner de changer de position et de varier l'angle de pénétration...

Mais quand finalement Aomine parvenait à obtenir cela, il ne parvenait pas à s'en contenter... il fuyait, ne supportant pas de sentir l'odeur de sa conquête éphémère sur lui après le sexe... Il se sentait sale... sans importance. Comme si on venait de profiter de lui, de le souiller, de l'utiliser pour son corps. Alors qu'en vérité, c'était avant tout lui qui se servait des autres.

Et il n'en pouvait plus.

Il était épuisé.

Dans son corps et dans son esprit.

Il fallait que cette vie insensée cesse. Bien-sûr quand on a dix-huit ans, qu'on est sans le sou et qu'on n'a aucune idée de l'avenir, ce genre de vie facile peut vous faire rêver et même tourner la tête et Aomine ne regrettait rien, vraiment.

Sauf qu'à présent, il aspirait à autre chose.

Quelque chose qui pourrait le combler et lui faire recouvrer ses crocs, émoussées par toutes ces années d'excès...

Maintenant.


Elle était blonde, elle était belle. Ses longs cheveux légèrement ondulés coulaient sur les draps de satin, tels un halo de lumière angélique.

Il avait toujours eu une préférence pour les blondes.

Tout petit, quand il avait débarqué avec ses parents dans ce grand pays inconnu, il s'était raccroché à la télévision. Comme son père travaillait beaucoup, la petite lucarne était devenue sa baby-sitter en quelque sorte, lui tenant compagnie en son absence. Et que ce soit dans les séries ou sur les plateaux télévisés, il y avait toujours ces grandes dames élégantes aux brushings parfaits défiants les lois de la physique. Elles portaient leurs plus beaux bijoux et arboraient un sourire extra bright.

Cheveux dorés, yeux bleus, poitrine refaite, taille fine et lèvres rouges, elles incarnaient le rêve américain.

Celle-ci était étrangement souple, sûrement une ancienne gymnaste ou une danseuse exotique. Oui, elle avait des traits si élégants et un corps si gracile qu'il aimait à se l'imaginer ex-meneuse de revue dans un cabaret de Las Vegas.

Elle semblait même sur le point de rompre tant il la malmenait. Son corps écrasait et compressait rudement celui de la jeune femme alanguie sous lui, comme s'il cherchait à l'enterrer dans le matelas un peu trop ferme. La poitrine généreuse de la sirène rebondissait de manière hypnotique sous l'impulsion de ses coups de butoir furieux. Le lit tremblait, paraissant sur le point de céder et la chair claquait sèchement.

Il était en sueur, mais qu'importe. La jolie fille hurlait son plaisir et se tordait sous lui. Cela lui vrillait les neurones. Toute la pièce résonnait de bruits moites liés au sexe et même si c'était le métier de la blonde de se montrer exagérément expressive, Kagami aimait à penser qu'il était responsable de son état et qu'elle ne feignait pas son plaisir.

Elle enserrait d'ailleurs possessivement sa taille, les cuisses passées autour de ses hanches robustes comme pour mieux encaisser les coups de poignard. A cause de cela, Kagami était contraint de faire des mouvements de vas et viens plus amples, plus profonds et moins rapides pour que la caméra puisse les capturer entièrement.

La fille en avait les larmes aux yeux. Ses cils étaient vraiment longs, sans doute faux, comme sa superbe paire de seins qui jurait sur son corps si fluet. Mais qu'importe. Elles étaient toutes ainsi maintenant, à devoir respecter les canons de la beauté imposés par l'industrie.

A devoir se changer en poupées pour adultes.

Kagami la secouait si puissamment à présent que la « pauvre » fille (chanceuse) avait basculé la tête en arrière, à la recherche d'oxygène.

Mais c'était vain.

Tellement vain...

Parce que lorsque le tigre vous saisit à la gorge, c'est l'inéluctable suffocation qui s'en suit.

Sa proie résistait, alors il faisait de même. Sentant l'apothéose approcher à grands pas, Kagami jeta subtilement un regard en direction du réalisateur, qui hocha de la tête. C'était le signal annonciateur qu'il attendait. Le moment de tout donner. Ils étaient dans la dernière ligne droite et la prise était bonne, alors il fallait terminer en beauté. Pour le bouquet final, Kagami ne ménagea ni le malheureux lit, ni sa partenaire, ni ses pauvres reins déjà endoloris. Le sommier couinait. A moins qu'il ne s'agisse de la fille. Tout se mélangeait, c'était une véritable cacophonie de bruits tous plus érotiques les uns que les autres qui résonnait sur le plateau.

Soudainement, le rouge s'agrippa à la tête de lit pour s'aider dans ses tractions et sous la puissance du rythme imposé, la jeune femme poussa un long gémissement. Son corps s'affaissa alors complètement, cessant de lutter. Le tigre était épuisé, mais il acheva la scène en quelques pénétrations moins frénétiques, le temps que l'actrice récupère de son orgasme.

Et qu'il atteigne le sien.

Ce qui arriva dans la foulée, heureusement, parce que son érection commençait vraiment à être douloureuse et à le faire souffrir.

L'éjaculation fut vécue comme un soulagement bien mérité pour le rouge.

« Coupez ! » Indiqua brusquement le metteur en scène.

Kagami se retira en douceur de l'écrin de velours dans lequel il s'était démené héroïquement, tel un vaillant guerrier.

Mais la fille l'enlaça par surprise pour un dernier baiser d'adieu. Kagami ferma les yeux et le savoura, pleinement satisfait de leur prestation commune.

« Toi alors... on peut dire que tu connais ton métier. J'ai hâte qu'on tourne à nouveau ensemble. » Sourit-elle, lâchant à regret ses lèvres.

Kagami n'était jamais contre ce genre de petites attentions. Au contraire, cela le rendait fier. Beaucoup d'acteur partaient s'enfermer dans leur loge aussitôt après avoir tiré leur coup, mais lui, il avait tendance à traîner un peu sur le plateau. A discuter avec l'équipe technique. A embrasser et féliciter ses partenaires féminines. A se montrer amical avec tous ceux qu'il croisait dans ses films. Il y mettait un point d'honneur. Avoir une bonne réputation dans le milieu était essentiel, surtout aux Etats-Unis où la concurrence est rude et les places sont chères.

« Ca risque d'être difficile... je pars au Japon demain. »

« Pour faire carrière ? »

« Ouais. Je suis japonais alors... on peut dire que je rentre chez moi, en quelque sorte. »

« Oh... quel dommage, ça veut dire qu'on ne se reverra plus jamais... Mais c'est vrai que j'ai entendu dire qu'ils manquaient grave d'acteurs masculins là-bas... Tout le contraire d'ici. C'est donc une belle opportunité à saisir pour toi, Tiger. »

Tiger...

C'était son pseudonyme ici en Amérique et il se demanda s'il n'allait pas devoir le changer une fois de retour dans son pays natal. Merde... Cela faisait quasiment dix ans qu'il n'y avait pas remis les pieds. A vrai dire, Kagami ne savait pas ce qu'il allait y trouver, ni s'il avait pris la bonne décision en décidant de quitter les States. Ici au moins, il commençait à se faire un nom dans le milieu tandis qu'au Japon, il n'était qu'un illustre inconnu. Il avait bataillé pour en arriver à ce niveau et il allait devoir tout recommencer à zéro dans un autre pays. Prendre un nouveau départ. C'était aussi excitant qu'effrayant mais heureusement, les défis ne lui faisaient pas peur ! C'était un territoire à conquérir et il comptait bien y parvenir à la force du poignet ! Enfin... à la force du coup de poignet... et du coup de reins aussi, en fait...

Passant un peignoir chaud, il remarqua qu'une autre blonde toute aussi désirable que la fille avec laquelle il venait de coucher, lui faisait de grands signes de main depuis les coulisses. Kagami lui sourit gentiment et il se dirigea vers elle.

Il s'agissait d'Alexandra Garcia, ancienne actrice de films pour adultes, reconvertie en manager. Elle gérait la carrière de Kagami d'une main de maître(sse), ainsi que celle d'un autre Japonais nommé Tatsuya Himuro, le « senior » du rouge dans le domaine du X. Kagami ne put réprimer un frisson en repensant au brun. En effet, ils avaient eu une petite aventure sentimentalo-sexuelle à ses débuts, ce qui faisait techniquement d'Himuro son ex. Kagami n'était pas très regardant sur l'identité sexuelle (non binaire...?) de ses compagnons. En effet, tout ce qui comptait à ses yeux était qu'ils soient physiquement agréables et ouverts d'esprit sur son métier. Mais puisque lui et Tatsuya partageaient la même impressario et qu'ils étaient de la même origine, les deux anciens amants s'étaient tout naturellement liés l'un à l'autre.

Ils étaient d'ailleurs restés deux ans en couple et avaient même vécu ensemble, ce qui dans le milieu faisait figure de record, mais malheureusement leur histoire s'était terminée il y a quelques mois. La blessure était encore fraîche dans le cœur de Kagami, aussi préférait-il ne pas y repenser. Et pour cause, les deux garçons étaient pour ainsi dire encore en froid à l'heure actuelle, tout ça parce que Tatsuya avait préféré se concentrer sur sa carrière et que rapidement, il était devenu jaloux de celle de Kagami, quand ce dernier avait commencé à décrocher plus de contrats que lui. Kagami était alors devenu LE rival à abattre et leur aventure n'avait pas survécu au caractère envieux du brun.

La blonde à lunettes lui tendit une serviette pour qu'il s'éponge le visage et Kagami l'accepta bien volontiers. Il essuya lentement la sueur qui dégoulinait de son front.

« Excellent travail Taiga ! »

« T'as aimé la scène ? »

« Oui, c'était très pro comme toujours ! On sentait vraiment la passion, c'était très chaud sur le plateau, vous avez fait monter la température de quelques degrés, j'en ai encore des frissons ! »

« Tant mieux. »

« On a du mal à croire que tu joues la comédie quand on te voit si... investi ! Et c'est exactement pour ça que j'ai accepté de m'occuper de toi, parce que tu es différent des autres acteurs. »

« Tu exagères... » Rougit-il un peu, gêné par ces compliments, ce qui pouvait sembler ironique pour un type qui baignait dans le milieu le plus sordide qui soit.

« Non, je t'assure ! Tu dégages une aura particulière. Quelque chose de pur, de brut, comme un diamant qui n'aurait pas encore été poli. Surtout, ne change pas. C'est ce que j'aime chez toi, cette fraîcheur désintéressée, c'est tellement rare dans notre milieu…. »

C'était flatteur et Kagami savait qu'il avait beaucoup de chance qu'une fille aussi maternelle qu'Alex l'ait pris sous son aile. L'ancienne pornstar et playmate avait de l'expérience à revendre, mais pour autant, jamais elle ne le forçait à tourner dans des productions douteuses ou miteuses. Elle faisait toujours au mieux pour lui, se démenant pour lui décrocher les meilleurs contrats avec les plus belles actrices et dans des conditions de tournage optimales.

Elle lui tendit ses billets d'avion et le raccompagna dans sa loge pour lui expliquer le programme des prochaines quarante-huit heures décisives. Kagami n'attendit pas pour se précipiter sous la douche. Il était en nage après l'effort physique important qu'il venait de fournir et il avait besoin de laisser son corps – son outil de travail - se délasser sous l'eau chaude.

Il se débarrassa de son peignoir devenu encombrant devant sa manager qui en avait vu d'autres de toute façon. Alex ne put cependant s'empêcher de noter que son poulain avait appliqué à la lettre ses conseils en se mettant à la musculation intensive. Et elle ne se priva donc pas pour se rincer l'oeil, laissant son regard vagabonder le long du corps parfait de Kagami.

Prenant place dans un des fauteuils, elle ouvrit son agenda et commença à lui expliquer ce qu'ils allaient faire demain, une fois arrivés à Tokyo. Donc, d'après ce que Kagami parvint à capter en occultant le bruit de l'eau qui coule, dans deux jours en début d'après-midi, ils avaient un entretien décisif pour sa carrière. Ils auraient à peine le temps de se rendre à l'appartement qu'Alex avait loué pour lui, afin d'y déposer ses affaires. Oui, parce que la Garcia était PERSUADEE d'avoir découvert le prochain Rocco Sifredi. En toute logique son protégé ne pouvait donc que convenir au producteur qui l'avait contactée. A tel point qu'elle avait même déjà pris l'initiative de lui trouver un logement de longue durée, tandis qu'elle coucherait à l'hôtel de son côté.

Elle avait préféré opter pour cette solution, car elle ne comptait pas rester très longtemps. En effet, elle ne pouvait pas se permettre de rester trop longtemps éloignée du pays de l'Oncle Sam, puisque son autre poulain restait aux Etats-Unis, pour le moment. (il avait encore quelques tournages à boucler de son côté) Elle devait donc revenir pour lui, une fois qu'elle se serait assurée que Kagami était entre de bonnes mains. De toute façon, Kagami ferait l'affaire, c'était obligé. Il ne pouvait pas en être autrement. Il était grand, athlétique, endurant, plutôt beau garçon et... il possédait certaines qualités... « intrinsèques » nécessaires à ce métier très exigeant. Alex se félicita d'avoir découvert le roux avant quelqu'un d'autre et de lui avoir permis d'exprimer son plein potentiel. Et puis, ce n'était que temporaire. Et pour cause, elle comptait bien le rejoindre avec Tatsuya dès que possible.

Les deux prochains jours s'annonçaient donc chargés. Kagami avait pas mal de rendez-vous à honorer et il était même prévu de lui faire tourner un bout d'essai pour le lancer et qu'il s'imprègne des codes japonais. Dans l'esprit du rouge, ce ne serait qu'une simple formalité. Le milieu du X nippon ne pouvait pas être si différent de l'américain. Baiser, c'est baiser, quel que soit l'endroit de la planète auquel tu te trouves. Point. Il y a quelques subtilités et des positions variées, certes, mais le boulot reste sensiblement le même.

Ce fut donc le cœur plein de rêves et d'espoir que Kagami s'endormit ce soir-là.

Il avait vraiment trop hâte d'y être !


Quand ils atterrirent sur le tarmac en fin de matinée, Kagami se sentait extrêmement heureux. Il avait peu dormi la veille, trop impatient de revenir dans son pays natal, dont il ne lui restait que de vagues souvenirs. Une nouvelle vie s'offrait à lui et l'avenir serait sûrement radieux ! Il prit un taxi et embarqua ses deux uniques valises. Il n'avait pas beaucoup d'effets personnels et la plupart étaient restés à Los Angeles, au cas où son aventure japonaise s'arrêtait prématurément. Kagami n'avait pas vu l'utilité de tout emmener avec lui, ne s'encombrant que de quelques vêtements. Il pourrait toujours acheter des bibelots ici, ce n'était sûrement pas ce qui manquait et puis, il n'y avait rien à quoi il tenait par dessus tout qui soit resté aux Etats-Unis. De toute manière, ce n'était pas comme s'il ne pourrait pas y retourner ou comme si Alex ne pourrait pas lui ramener quelque chose, si par hasard il s'avérait qu'il ait oublié quelque chose de vital.

En tous cas, pour l'heure, il avait les crocs. Et ce n'était pas avec la maigre collation qu'on leur avait distribuée dans l'avion que son estomac serait rassasié. Il se dépêcha de poser ses valises dans l'entrée de l'appartement, ne prenant ni la peine de le visiter, ni de ranger ses fringues. Il faisait confiance à Alex de toute façon, la connaissant, elle avait du lui prendre un petit nid bien douillet. Il se dépêcha donc de descendre quatre à quatre les marches de son immeuble pour aller offrir à son corps ce qu'il lui réclamait tant.

Son ventre criait famine en se tordant de douleur et comme Alex avait pris la direction de son hôtel en taxi, il était livré à lui-même pour trouver seul de quoi se sustenter. Se repérer dans cette immense ville inconnue allait être chaotique, son premier défi en tant qu'expatrié, mais constituerait néanmoins sûrement une bonne manière d'appréhender le quartier où il allait passer les prochaines semaines et peut-être plus, si tout se passait bien.

Mais en bon expatrié, pour son premier repas, Kagami n'était pas très désireux de tester la gastronomie locale. Non, il lui fallait quelque chose de gras, de bourratif et surtout de bien calorique. Quelque chose de typiquement américain ! Et par chance, il trouva exactement son bonheur au coin de la rue qui menait à son appartement. Parfait ! Il allait adorer le Japon, il le sentait ! Le fait qu'il y ait un fast food juste à l'angle du boulevard était de très bonne augure pour la suite des événements ! Le tigre, par l'odeur alléché, se laissa guider jusqu'à l'enseigne ornée d'un « M » majuscule doré. Bavant légèrement devant la façade de la bâtisse, Kagami avait l'impression d'avoir à faire à une apparition de la Vierge en personne ! Il entra donc sans se faire... prier, ahaha !

La première chose qui le frappa, fut de constater que le restaurant au carrelage blanc était agencé de la même manière qu'aux U.S.A. En effet, malgré son métier et même s'il était amené à beaucoup voyager sur le territoire américain, Kagami ne partait jamais en vacances à l'étranger. Pas le temps. Pas l'envie. Il avait bien quelques souvenirs du Japon, mais en dix ans, les choses changent énormément. Sourire aux lèvres, Kagami s'avança jusqu'au comptoir. Il commençait à ressentir les effets du décalage horaire, mais au lieu de le fatiguer, le jet lag lui donnait une faim de LOUP ! Il aurait pu dévorer un bœuf entier, bien que Kagami doutait d'en trouver un en cuisine, hélas... Levant les yeux vers le panneau situé derrière le caissier, un menu en particulier attira son attention. Certes, ici les portions étaient minuscules comparées à celle de son pays d'adoption, mais le rouge se sentit immédiatement en terrain connu, lorsqu'il aperçut le menu « California », dont il raffolait tant. Apparemment, il était indiqué sur le tableau qu'il s'agissait d'un menu à durée limitée et Kagami fut heureux de pouvoir encore en profiter pile le jour de son arrivée. Quelle chance ! Ses débuts au Japon commençaient vraiment bien ! (et oui, il ne lui en fallait pas beaucoup pour se réjouir...) La taille du burger principal (qu'il accompagnerait de toute façon d'une dizaine de petits cheeseburgers...) était assez remarquable comparée aux autres et le mini drapeau américain planté au sommet du bun avait quelque chose de familier et donc, de rassurant pour lui qui débarquait tout juste de son pays de résidence. Rapidement vint son tour et ce fut donc l'écume aux lèvres que Kagami passa commande :

« Bonjour Monsieur, bienvenu chez Maji Burger ! Je vous écoute pour votre commande ! » Sourit de manière très commerciale l'équipier de caisse.

« Bonjour... Heu... » Purée, ça lui faisait bizarre de devoir reparler japonais et il lui fallut donc quelques secondes pour trouver ses mots et les convertir dans sa tête. « Je voudrai douze cheeseburgers et un menu California en taille XXL, s'il vous plaît. » Finit-il pas demander poliment.

« Très bien. Cela fera 4200 yens. Vous avez de la chance, c'est le dernier menu California qu'il nous reste. Il a beaucoup de succès et à cause de sa popularité, presque tous les restaurants de notre enseigne sont en rupture de stock en ce moment. Beaucoup de gens qui ne viennent pas ici d'habitude font même un détour tout spécialement pour l'acheter dans notre établissement, parce que nous étions les seuls à en avoir encore quelques uns. » Vanta le jeune homme, qui semblait avoir appris parfaitement sa leçon.

« Oi ! Le dernier vous dites !? » Pesta soudainement un type à la voix grave, situé juste derrière lui dans la file.

Kagami n'y prêta guère attention, mais l'homme insista, posant carrément une main sur son épaule comme pour l'écarter ! Il ne manquait pas d'air celui-là !

« Pas moyen, j'le veux ! «

« Pardon !? » Répondit Kagami, surpris par tant de zèle.

Dans ses souvenirs, les Japonais étaient plutôt disciplinés et respectueux, mais celui-là apparemment, puisqu'il avait le culot de faire comme si le rouge n'existait pas en s'imposant. Cette attitude cavalière engendra la panique chez le pauvre serveur.

« D-désolé ! Mais c'était le dernier et ce monsieur était là avant vous, alors... »

« J'veux pas l'savoir, faites m'en un autre dans ce cas ! » Exigea t-il.

« C-c'est impossible, je vous assure ! »

« Alors am'nez moi l'patron ! C'est inadmissible d'être aussi insolent et incompétent ! Je suis client et le client est roi, on ne vous l'a jamais dit ? Votre travail est donc de satisfaire TOUS mes souhaits, parce que c'est grâce à moi si vous avez un salaire ! »

Agacé par cet exaspérant comportement, Kagami repoussa sèchement la main qui reposait sur son épaule et il se tourna vers le gars en question, pas impressionné pour un sou.

« Hey abruti, qu'est-ce que t'as pas compris au juste dans « c'était le DERNIER menu disponible et quelqu'un l'a déjà acheté » ? Commande autre chose à bouffer et fais pas chier, mec ! » Répondit le tigre du tac au tac, ses doubles sourcils froncés.

« Hé mais comment tu m'parles toi ? »

L'indélicat enleva alors sa paire de Rayban Aviator et ce fut un choc pour Kagami.

D'abord, parce que cet homme était beau, très beau, même. Grand (à peu près sa taille qui frôlait le mètre quatre-vingt-dix.), une beau chocolatée sans défaut, brun aux cheveux courts, mais également, des yeux d'un bleu foncé profond dans lesquels Kagami était en train de se noyer.

Et ensuite... et surtout en fait, son visage n'était pas inconnu pour le tigre.

« Aomine Daiki... » Pensa le rouge.

Star, que dis-je, LEGENDE du hard japonais. Un coup de reins inégalé. Une peau basanée remarquable.

Et le spécialiste incontesté et incontestable du shiofuki...

Mais qu'est-ce donc que le shiofuki, me demandez-vous ? Il s'agit tout simplement du nom japonais donné... à l'éjaculation féminine. Aux femmes fontaines, si vous préférez. Aomine était connu dans le milieu pour maîtriser une technique NINJA ANCESTRALE déclenchant SYSTEMATIQUEMENT cette réaction physiologique chez ses partenaires féminines. Et ce à l'aide de ses doigts, principalement. (bien qu'Aomine en soit également capable avec sa langue, mais de façon moins précise.) Le fougueux brun avait d'ailleurs bâti sa réputation sur son doigté exceptionnel, à tel point qu'une ligne de sextoys élaborés d'après le moulage de ses DOIGTS avait été commercialisée avec succès au milieu des années 2000.

Jamais Kagami n'aurait pensé le croiser au coin d'une rue, dès son arrivée.

A vrai dire, il n'aurait même jamais espéré le rencontrer sur un tournage, tant Aomine était une sommité adulée de tous. Un authentique trésor national et le mot était faible ! Les japonais l'avaient élu « Meilleur acteur de films pour adulte » pendant dix années consécutives, c'était dire sur le brun avait marqué son industrie et laissé son empreinte ! Et pour être tout à fait honnête... il était à l'origine de la vocation de Kagami...

… qui avait eu ses premiers émois sexuels en matant ses vidéos sur l'ordinateur de son père...

… Et ce n'était pas grâce aux filles que le brun était en train de trousser à ce moment-là, si vous voyez ce que je veux dire...

Le rouge se figea, ébloui par son idole.

Mais hélas, cet émerveillement fut de courte durée, puisque le mauvais caractère de ce dernier lui rappela bien vite qu'il y a un fossé entre fantasme et réalité...

« Tu sais qui j'suis au moins, espèce de plouc ? »

Oh que oui, il savait... Sans doute mieux que personne...

Cependant, face à l'échec de sa tentative d'intimidation, le bleu le bouscula, prêt à en découdre, ce qui déstabilisa notre tigre sur le coup.

Mais pas longtemps.

Récapitulons, à ce stade, deux choix s'offraient à Kagami : fuir et céder sa place au brun pour éviter tout esclandre ou riposter et défendre son steak (littéralement), quitte à se battre comme des chiffonniers sur le sol du Maji Burger, devant tout le monde, staff et clients y compris...

Ayant pesé le pour et le contre pendant genre... deux secondes à tout casser, ce fut tout naturellement que Kagami opta pour la seconde option.

« J'en ai rien à foutre tu pourrais être l'empereur du Japon que ça ne changerait rien au fait que j'étais là avant toi ! Mais si ça t'plaît pas, on peut toujours régler ça entre hommes... »

Ouais, c'était risqué de se faire remarquer ou de finir en garde à vue dès le premier jour, mais Kagami était très tatillon lorsque son honneur était menacé. Ou allègrement bafoué, même, comme c'était le cas ici. Car s'il y avait bien quelque chose dont le rouge avait horreur, c'était bien qu'on lui manque de respect et qu'on abuse de sa réussite sociale pour s'imposer.

Sauf que sans le savoir, en proposant cette alternative au brun, Kagami venait de commettre sa première erreur, comptant naïvement sur le fait qu'Aomine refuserait de se donner en spectacle au beau milieu du restaurant. Mais surtout, Kagami aurait espéré que l'acteur chevronné l'inviterait à poursuivre leur petite joute verbale dehors.

Ce qui ne fut pas le cas.

« J'vais t'apprendre c'que ça fait de chercher la merde avec la mauvaise personne... »

Un coup de poing inattendu vola en sa direction, mais grâce à ses réflexes hors du commun, Kagami parvint à l'éviter de justesse en se baissant au dernier moment. Pris dans son élan, le brun perdit l'équilibre et il bascula vers l'avant, s'écrasant lamentablement sur le comptoir, sous les cris de panique et de surprise des badauds présents. Profitant de ce qu'Aomine venait de percuter la caisse, Kagami se glissa derrière lui en vitesse et il passa un bras autour de la nuque du brun pour le tirer en arrière. Aomine se débattit comme un beau diable pour le faire céder, mais une fois que le tigre tient sa proie à la gorge... hey... vous connaissez la suite...

« Putain mais lâche-moi grosse brute ! »

Malheureusement, en se cognant contre le présentoir, Aomine avait renversé le contenu de plusieurs plateaux posés là. Contenu qui s'était répandu sur le sol et qu'en reculant, Kagami ne vit pas. Maladroitement, le tigre glissa sur un burger à moitié écrabouillé et il entraîna Aomine dans sa chute. Le dos du tigre percuta la surface carrelée de plein fouet, se recevant par dessus le marché tout le poids d'Aomine également sur le ventre.

Mais sans lâcher prise, bien que le basané au lieu pouvoir se retourna rageusement et se mit à le frapper au visage ! Sonné par la douleur sourde qui lui vrillait la colonne vertébrale, Kagami se protégea du mieux qu'il put en plaçant ses bras devant son visage défensivement et en donnant des coups de pieds pour faire reculer son agresseur. Au final, le rouge attrapa une poignée de frite qui se trouvait à portée de main et il l'envoya valser dans la figure du brun déchaîné. Suivi d'un bon crochet du droit qui atteignit sa cible cette fois.

Et paf !

En plein dans la jugulaire !

Surpris, Aomine eut un mouvement de recul, juste pour constater en passant sa main sur sa lèvre que celle-ci était fendue, comme le confirmait le sang qui maculait ses doigts.

« Espèce de... ! »

Et de repartir de plus belle à l'assaut du tigre en l'attrapant par le col pour qu'il évite de bouger. Toujours assis à califourchon sur Kagami, le brun s'en donna à cœur joie, frappant à l'aveugle sur le sa victime qui se protégeait avec les moyens du bord, bloquée dans ses mouvements. Encore une fois, Kagami eut de la chance, puisqu'il n'eut qu'à tendre la main pour choper un plateau et se cacher derrière pour éviter la furie vengeresse d'Aomine...

… Mais à vrai dire, se prendre des coups n'était pas forcément ce qui inquiétait le plus Kagami dans sa position actuelle...

Non, sa préoccupation était toute autre...

L'adrénaline, la proximité et la chaleur dégagée par le corps d'Aomine formaient un cocktail explosif et irrésistible. Si bien que malgré l'incongruité de la situation, Kagami était en train d'avoir une irrépressible érection...

Il croisait les doigts (façon de parler...) pour qu'Aomine ne s'aperçoive de rien.

Mais c'était impossible de par la nature même du métier exercé par la panthère sensuelle, n'est-ce pas ?

Alors Kagami devait agir ! Et pour commencer, il devait trouver un moyen d'inverser leurs positions. Donnant un coup de reins féroce et envoyant toute sa masse musculaire en un seul mouvement, ce qui eut pour effet de déséquilibrer Aomine. Une fois en position de seme, Kagami neutralisa le brun en lui attrapant les poignets à une main, tandis que de l'autre, il se saisit d'un burger qu'il enfonça dans la bouche du basané.

« Livraison spéciale ! Le « California Burger » ! Offert par la maison ! »

… et c'était rigolo, parce que Kagami lui aussi était directement en provenance de Californie...

Douce ironie, quand tu nous tiens...

Aomine secoua la tête, poussant des cris étouffés qui tendaient à prouver qu'il était réellement en train de s'étrangler. Apparemment, notre star nationale n'avait pas l'habitude de pratiquer la gorge profonde... contrairement à Kagami, mais jamais le jeune acteur n'aurait cru qu'un jour, cela constituerait un avantage pour lui ! Parvenant finalement à cracher le burger à moitié mâché à la tronche du tigre, Aomine tenta à nouveau de reprendre le dessus, ce que Kagami ne lui permit pas et cette tentative déboucha sur un roulé-boulé sur le sol de la cafétéria.

On aurait dit deux chats de gouttière se battant pour la même poubelle, toujours sous le regard ébahi et choqué de l'assemblée. (qui ne se risquait même pas à essayer de les séparer...) Leurs vêtements étaient trempés et le costume classe (sans doute haute couture...) d'Aomine faisait grise mine, souillé par le soda bon marché. Quant à Kagami, il avait de la salade dans les cheveux, les deux jeunes hommes étaient chacun dans un état lamentable et le ridicule de cet événement s'accentua encore lorsque deux agents de police, qui avaient fait irruption en urgence dans le restaurant, les relevèrent pour les expulser de force du fast food. Les deux acteurs n'avaient même pas remarqué leur présence et ce ne fut que lorsqu'ils se firent séparer et passer les menottes qu'ils réalisèrent l'ampleur de la mouise dans laquelle ils venaient de s'enfouir jusqu'au cou !

Les deux flics les firent disparaître dans leur voiture, malgré les protestations énergiques de Kagami et Aomine, surtout d'Aomine d'ailleurs, qui criait à la méprise.

« Et merde ! Tout ça, c'est d'ta faute sale tocard ! J'ai un tournage dans vingt minutes, moi ! »

« Parce que tu crois que j'ai du temps à perdre moi, peut-être ? »

« Bah ouais ! Vu tes fringues de prolo, t'es sûrement un clodo ou un truc dans l'genre, alors tu t'en fous toi, t'as toute ta journée de libre pour faire la manche devant l'métro ! » Pérora le vétéran.

Wow, décidément, ce n'était pas la diplomatie qui étouffait Aomine... et quelque part, c'était extrêmement décevant. Kagami ne l'imaginait pas du tout ainsi en vrai... Pas qu'il soit déçu sur l'aspect physique, l'emballage était très beau, mais alors ce qu'il contenait, l'était nettement moins. L'âme du brun était franchement laide, pourrie même, n'ayons pas peur des mots. Quelle diva ! Et Kagami avait une sainte horreur des gens qui pensaient que tout leur était du. Heureusement que Kagami était attaché au passage, parce que sinon, il se serait fait un p'tit kiff en rectifiant le portrait de cet ignoble prétentieux ! En anglais, il y avait d'ailleurs un mot pour décrire les types comme Aomine : « dick ». Et le hasard (ou pas) voulait que ce terme désigne également les « bites ». Alors, simple coïncidence ? Aomine remplissait pourtant toutes les cases.

Et c'est ainsi que la voiture de police (avec gyrophare) démarra en trombe, direction le commissariat...


Jamais Kagami n'aurait pensé finir dans un poste de police japonais, en dehors du décor d'un film pornographique, bien entendu. Surtout pas dès le premier jour, ni en compagnie de son modèle de carrière...

Et pour couronner le tout, ils furent bien entendu enfermés dans la même cellule...

Un instant, Aomine sembla tenté de cogner à nouveau sur Kagami, mais il se ravisa, comprenant sans doute que cela ne ferait que compromettre davantage sa situation. Au lieu de cela, il dégaina un téléphone portable de rechange qu'il avait caché on ne sait où et il se permit d'appeler quelqu'un en toute impunité, sous le regard étonné de Kagami.

Apparemment, ce téléphone avait échappé à la confiscation lors de la fouille au corps qu'ils avaient subie.

Aomine était décidément un homme plein de ressources, exactement comme se l'imaginait Kagami pour le coup... ce qui le fit malgré tout un peu remonter dans son estime.

« Allô Satsu ? Ouais... j'suis dans la merde là... hmm... non mais attends, laisse-moi parler là, oh ! J'sais que j'suis en r'tard pour le tournage, mais il faut qu'tu viennes me chercher... C'est la galère, les flics m'ont conduit au poste et... OI MAIS ARRETE DE GUEULER PUTAIN J'M'ENTENDS PLUS PARLER ! J'ai pas l'temps de t'expliquer t'façon, juste, viens me chercher, j't'envoie ma position GPS par SMS... et puis grouille-toi, c'est urgent ! »

La panthère raccrocha sèchement, sans avoir laissé son interlocutrice en placer une. Kagami de son côté, s'était assis sur l'unique banc de la cellule. Il n'avait pas vraiment d'impératif et sans téléphone portable, il n'avait d'autre choix que d'attendre que les officiers veuillent bien l'autoriser à passer un coup de fil. Alex n'allait certainement pas être contente, quoiqu'avec elle, c'était dur à dire... En effet, la blonde pourrait tout aussi bien être amusée par l'aspect aussi rocambolesque, qu'improbable de la situation.

En tout cas, Aomine semblait s'être calmé...

… ou pas, étant donné qu'il faisait les cent pas dans sa cage, tel un fauve enfermé.

Mais au moins, il pestait dans sa barbe, ne semblant pas vouloir re-déclencher un affrontement avec le tigre. (qui n'avait de toute manière pas tourné en sa faveur...) Pour être honnête, Kagami aurait voulu... lui parler. Discuter avec lui. Mais pour lui dire quoi ? Qu'il l'avait toujours admiré ? Qu'il le faisait bander depuis qu'il avait douze ans ? Paie ta crédibilité après lui avoir esquinté la face... Enfin, c'était tout de même dommage... il aurait aimé échanger quelques mots avec son idole... et pourquoi pas obtenir quelques conseils ou tuyaux mais... les conditions n'étaient pas réellement optimales...

Finalement, au bout d'un certain temps tout de même (sans doute plusieurs minutes, difficile à dire tant Kagami était plongé dans sa contemplation et ses pensées...), Aomine le tira de sa léthagie.

« Arrête d'me mater l'cul. »

WHAAAAAAAAT !?

Kagami s'empourpra.

Et Aomine s'entêta.

« T'es sourd ou t'es juste con ? J't'ai dit d'arrêter d'reluquer mon cul ! »

« N'importe quoi ! J'étais pas en train de... ! »

Mais maintenant si. Bravo Aomine, comment attirer l'attention sur son postérieur en une seule phrase...

« T'es vraiment pas discret en plus, alors me prends pas pour un lapin d'trois s'maines, j'ai bien remarqué ton p'tit manège de tarlouze ! Mais moi, j'mange pas d'ce pain là tu vois, même si c'est flatteur. Désolé gamin, mais y a qu'les gros nibards qui me font bander. »

Bander... ? Aurait-il remarqué que Kagami avait eu une certaine réaction physique à son encontre un peu plus tôt ? Enfin bref, c'était quoiqu'il en soit des informations que Kagami possédait déjà et dont il se serait bien passé... Pas besoin que le brun lui rappelle son amour immodéré pour les opulentes poitrines, contre lesquelles le rouge ne pouvait pas concourir.

A ce stade, Kagami imagina nier son attirance, en invoquant le fait qu'Aomine n'était pas du tout son type d'homme. Mais ça aurait été mentir et surtout, tendre le bâton pour se faire battre, vu ce qui s'était passé dans son pantalon, au restaurant. Alors le tigre prit sur lui, préférant garder le silence. Il aurait bien sûr pu arguer pouvoir faire changer d'avis Aomine, mais mieux valait ne pas s'aventurer sur ce terrain glissant... ou plutôt aride, sans vaseline. Cependant, le jeune acteur se mit secrètement à espérer qu'il aurait l'occasion de tourner une scène avec Aomine sur le sol japonais. Juste une seule, même s'ils ne se touchaient pas, ce serait vraiment un rêve qui se réaliserait pour lui. Le brun avait beau être un enfoiré de première dans la vie privée, à l'image, son professionnalisme n'était plus à prouver et le rouge était persuadé qu'il aurait beaucoup à apprendre de son aîné.

Cela étant, il n'eut pas beaucoup de temps pour s'appesantir d'avoir laissé filer sa chance, puisqu'il entendit le bruit d'une porte qui s'ouvrait. Une jeune femme en émergea, accompagnée d'un agent. Elle était merveilleusement belle, une véritable sirène et même si Kagami avait déjà couché avec la majorité des plus belles actrices dans le cadre de son travail aux U.S.A., il fut tout de même impressionné par la sensualité de celle-ci. Une taille marquée, des hanches développées, une paire de seins naturels rebondis et ronds, sans parler de ses jambes fines et de son visage d'ange.

Elle portait une robe estivale jaune poussin, à la jupe patineuse plissée et au décolleté relativement plongeant. Alex avait expliqué à Kagami que les japonaises n'avaient en général aucun mal à dévoiler leurs jambes (et leur culotte !), mais que malheureusement, elles avaient tendance à couvrir leur poitrine, car la dévoiler était jugé comme socialement immoral. Ce fut donc non sans une certaine satisfaction que Kagami constata que celle-ci n'avait aucun mal à tout montrer. S'agissait-il d'une actrice également ? Hmm... il ne l'avait jamais vue dans le moindre film, que ce soit récent ou ancien et pourtant, le tigre en était un grand consommateur.

Cependant, elle semblait avoir l'âge d'Aomine, même si elle faisait un peu plus jeune que lui et même si elle avait été actrice fut un temps, aujourd'hui, elle serait considérée comme trop âgée. Quel dommage quand on voyait à quel point elle était charmante ! Kagami n'aurait d'ailleurs pas été contre une petite scène (en présence de caméras ou non...) chaude avec elle, histoire de faire connaissance. Pour autant, aussi mignonne soit cette mystérieuse inconnue, elle n'égalait pas le magnétisme animal qu'Aomine exerçait sur lui sans partage.

« Moooh Dai-chan ! Ce n'est vraiment pas possible, je te laisse seul cinq minutes pour aller te chercher à manger et je te retrouve à la fourrière ! »

« Nan, ça c'est les matous errants qui finissent à la fourrière ! Pour les humains, ça s'appelle une prison ! »

« Vraiment ? Et bien je ne vois aucune différence entre toi et l'un de ces animaux à l'heure actuelle ! Regarde toi, tu es dans un état de saleté inacceptable ! L'Inspecteur Tanaka m'a tout raconté, il paraît que tu t'es battu comme une bête sauvage dans un lieu public, alors tu ne vaux pas mieux que l'un de ces sacs à puces abandonné à mes yeux ! »

« Ouch... that was hard man... » Pensa Kagami.

Mais la délicate rose n'avait tout de même pas tort. Malheureusement, Aomine semblait totalement insensible à son autorité, sans doute à cause de la différence de gabarit qui les séparait. Parce que malgré le fait que la jeune femme soit perchée sur des sandales à semelles compensées de plus de dix centimètres, elle ne lui arrivait même pas sous le bras...

« Wesh c'est bon, au lieu de me casser les oreilles, t'as pensé à apporter de quoi payer ma caution plutôt ? »

« Tsss... tu ne le mérites vraiment pas, tu sais... D'ailleurs, ne te méprends pas : si j'accepte de te sortir de te pétrin, c'est uniquement parce que d'autres personnes sont également impliquées ! Tout le monde t'attend sur le plateau et le temps, c'est de l'argent, on ne peut pas se permettre d'annuler un tournage juste à cause de tes caprices ! »

« Ouais, ouais, c'est ça, dis plutôt que trouver un mec assez bon pour me remplacer au pied levé, c'est mission impossible ! J'suis l'meilleur et tu le sais, l'équipe technique le sait, les actrices le savent aussi et les spectateurs aussi. Sans mon nom en tête de l'affiche, cette production de seconde zone serait vouée à l'échec ! » Lança Aomine, narcissique au possible.

Apparemment, c'était la vérité, puisque la rose n'y trouva rien à redire...

… ce qui ne fut pas le cas de Kagami qui avait assisté à tout ce dialogue surréaliste.

« T'as d'la chance de n'pas être un chat... parce que moi, j't'aurai déjà fait piquer depuis longtemps si j'étais ton proprio. » Lâcha Kagami, un sourire provocateur fiché sur le visage.

Et avant que vous ne criiez au scandale, laissez-moi préciser que BIEN ENTENDU jamais Kagami ne ferait de mal à une pauvre bête ! Mais c'était juste pour la métaphore...

« Qu'est-ce que tu viens de dire toi ? »

Alors qu'on venait d'ouvrir la porte de leur cellule pour lui permettre de sortir, Aomine se retourna vers Kagami, le regard mauvais.

« Dai-chan ! Ca suffit, ignore ses provocations, nous sommes déjà suffisamment en retard ! » Essaya de le dissuader sa manager.

« Pas question que j'laisse passer ça. T'as un problème avec moi, gamin ? Ton père t'as pas assez corrigé quand t'étais enfant et t'as besoins de moi pour combler le manque ? Le daddy kink, c'est pas trop mon truc d'ordinaire, mais j'peux faire une exception pour toi, si tu insistes... »

Il s'approcha de Kagami, le toisant agressivement, ce qui obligea le rouge à se lever de son banc pour être à la même hauteur que lui et donc, pouvoir lui tenir tête.

« Désolé, mais la seule partie de mon anatomie que t'auras au cul, ce sera mon pied... »

« Vas-y j't'attends Monsieur-Grande-Gueule... et j'espère que t'es plus efficace avec tes pieds qu'avec tes poings... sinon, tu risques encore de finir par terre, comme tout à l'heure... » Le railla Kagami.

Mais contre toute attente, Aomine ne le frappa pas. Au contraire, il lui attrapa subitement le visage entre les mains et l'embrassa férocement.

« ! »

Figé, Kagami se laissa faire, trop surpris pour réagir. La langue d'Aomine força sournoisement le passage de ses lèvres serrées par l'étonnement et elle vient jouter avec sa comparse. Le ballet lingual se fit incisif, presque violent et Aomine dompta facilement le tigre, comme pour mieux le dominer et établir sa supériorité, attachant même un gémissement franc à sa proie. Lorsque leurs bouches se séparèrent, Aomine profita d'un moment d'inattention de Kagami (et de son euphorie, surtout) pour lui mordre la lèvre inférieure.

FORT.

Jusqu'au sang.

« Voilà, comme ça, on est quittes ! » Fit-il, triomphant, en passant sa langue sur sa propre lèvre précédemment meurtrie par le coup de poing de son cadet. « A plus' Tiger ! J'suis sûr que tu trouveras bien quelqu'un ici pour jouer à la savonnette avec toi... »

Sur ce, le vétéran le lâcha et il sortit de sa prison, non sans avoir envoyé un dernier baiser furtif à Kagami.

… Kagami, qui restait planté là, incrédule.

Est-ce que ça venait vraiment d'arriver, ou était-ce le fruit de son imagination ?

Mais la douleur de sa lèvre craquelée le ramena sur Terre de la plus cruelle des façons...

Qu'importe, son idole, sa muse, l'avait embrassé...

Et il avait hâte de raconter cela à Alex ! La connaissant, elle n'allait sans doute pas le croire !

Finalement, tout bien considéré, son séjour au Japon commençait on ne peut mieux.

Enfin presque, parce qu'il avait sacrément faim maintenant...


Comme c'était à craindre, Aomine arriva foutrement en retard sur le tournage. Il n'eut même pas le temps de « s'échauffer » pour se mettre en condition, ce qui était toujours problématique pour un performer. C'est qu'il ne faudrait pas risquer le claquage en forçant un peu trop sur un muscle à froid ! Cela étant... le baiser bestial qu'il avait échangé avec Kagami n'avait pas laissé le brun de marbre, loin de là, constituant déjà un premier palier d'échauffement... Aomine se rendit rapidement en coulisses pour se faire maquiller par une jeune femme qui eut bien du mal à dissimuler sa lèvre, qui avait gonflé, ressemblant à une belle pulpe sanglante.

Heureusement, la cosmétologie fait des miracles de nos jours et il parvint à recouvrer figure à peu près humaine, avant de se rendre sur le plateau. Son costume lui par contre, était ruiné. Sans doute impossible à récupérer... Et dire qu'il avait rendez-vous avec son producteur juste après la scène ! Avant de passer entre les mains de la maquilleuse, il s'était bien entendu déshabillé, avait pris une douche rapide pour être propre et se s'était même branlouillé un peu histoire d'être en condition. Ensuite, Aomine avait confié son costume à Momoi, sa manager, dans l'espoir qu'elle puisse trouver un teinturier apte à le sauver.

De toute la profession, il était l'un des seuls, si ce n'était même LE seul à avoir une manager de sexe féminin.

Déjà, parce que la plupart des acteurs n'avaient tout simplement pas d'agent et travaillaient en free lance. GROSSE erreur de l'avis d'Aomine, qui avait toujours pu compter sur Momoi pour lui décrocher les meilleurs contrats. De même faire partie d'un « collectif » avait l'avantage de ne jamais laisser sur la paille. Il enchaînait les tournages sans discontinuer et en général, son agenda était rempli des mois à l'avance, ce qui évitait de se tracasser concernant d'éventuel lendemains de disette.

Cela étant, pour un acteur masculin au Japon, travailler seul restait entièrement possible du fait qu'on ne manquait jamais de travail pour eux, du fait de leur rareté, justement. Mais pour Aomine, Momoi était plus qu'une représentante : c'était une amie, une confidente et celle qui l'avait aidé à se mettre en selle. A vrai dire et pour être plus précis même, sans elle, rien n'aurait jamais été possible puisqu'il s'agissait de LA fille avec laquelle il avait tourné sa sextape amateur à l'époque. Et oui, les deux jeunes gens étaient sortis ensemble à un moment donné de leur vie et ils s'étaient séparés d'un commun accord, restant malgré tout extrêmement proches.

La rose le connaissait mieux que personne et elle le maternait constamment, lui apportant tout son soutien. Elle gérait son image de marque et sa fortune mieux que personne. Et le mieux dans tout cela était qu'elle ne prenait qu'une commission dérisoire sur les gains de son poulain. Dire qu'à la base, la jeune femme se destinait à une carrière plus classique de manager en entreprise, car contrairement à son meilleur ami, Momoi avait poursuivit ses études au delà du lycée, aidant ponctuellement Aomine à décrocher des rôles. Quel gâchis cela aurait été qu'elle passe à côté de cette vocation, tant elle était douée pour négocier les contrats d'Aomine à sa place. Le brun avait d'ailleurs une confiance en elle totale.

C'est pourquoi, lorsqu'il lui demanda un verre d'eau avant de commencer, Momoi sut exactement ce qu'elle avait à faire. Elle soupira, mais ne protesta pas néanmoins et elle revint avec un gobelet en plastique et une petite pilule bleue dans l'autre main.

« Dai-chan... » Tenta t-elle tout de même.

« Non. Je ne veux rien entendre. »

« Tu devrais faire plus attention avec ça... ce ne sont pas des bonbons, tu sais... »

« Ouais, mais hier soir après le taf, j'ai baisé une nana et avec le rythme de dingue des tournages, j'ai du mal à suivre en ce moment... alors y a pas d'mal à prendre un petit remontant de temps à autres, n'est-ce pas ? »

« Certes, mais il ne faudrait pas en abuser non plus... Je m'inquiète pour toi, si tu continues, tu ne pourras bientôt plus travailler sans être obligé de prendre du Viagra avant chaque prise... »

« Mais nan, t'es parano... Tu t'fais vraiment du souci pour rien Satsuki, je t'assure. Fais-moi confiance, c'est juste un p'tit coup d'mou passager... »

« Si tu le dis... en tout cas, je vois que tu ne m'as encore pas écoutée ! Je t'avais pourtant recommandé d'arrêter de coucher avec des filles la veille de tournages importants ! Ca nuit à tes performances et c'est à cause de ça que t'es obligé de prendre ces saletés pour tenir la cadence ! »

« Oh ça va, c'est bon hein ! Pas la peine de m'faire la leçon, j'suis loin d'être le seul à prendre cette substance en plus. Et puis tu préférerais peut-être que je m'enfile des rails de coke à la place pour pouvoir assurer ? » Répliqua t-il plus agressivement. « Non ? Bon alors estime-toi heureuse et m'casse pas les couilles avec ton blabla, ça va me mettre encore plus à la bourre... »

La rose n'ajouta rien, baissant simplement la tête. Bien-sûr qu'elle s'en faisait pour la santé de son ami, c'était même plus fort qu'elle ! Mais Aomine était têtu et il ne voulait jamais rien entendre... Pas dupe, elle commençait d'ailleurs à craindre que le bleuté ne consomme du Viagra même en dehors des tournages... dans le cadre de sa vie privée. Pas qu'il y soit devenu accro, mais... il avait tellement la pression en tant que porn star mondialement connu, que la tentation devait être grande de céder à la facilité pour obtenir de meilleures performances...

Il était encore si jeune pourtant...

Aomine entra donc en scène, nu comme Adam et fier comme.. une pomme d'Adam... ? Nan, je plaisante, fier comme un coq allons, tout le monde le sait ahahaha... Erm bref, je m'égare... C'était donc à lui de jouer. La fille était brune, de longs cheveux raides et une poitrine énorme qui ressemblait à deux beaux coussin bien moelleux comme il les aimait.

La panthère ne perdit pas de temps pour s'allonger sur sa proie et la dévorer...

En espérant silencieusement que cela l'aiderait à repousser la dépression qui le dévorait à petit feu...


« Et... coupez ! »

Aomine se sépara en sueur de la fille.

Il lui fallut quelques secondes pour récupérer.

Et c'était plus que la dernière fois...

Sa partenaire se leva sans un mot, regagnant les coulisses nue pour aller se laver. Aomine quant à lui, fixait le plafond, allongé dans le sofa étroit.

Il aurait besoin d'une bonne clope. Qu'il attendait qu'on lui apporte, bien entendu.

Mais cette dose de nicotine fort bienvenue n'arriva pas.

Etrange...

Avant, les filles se collaient toujours à lui pour un dernier câlin.

Mais depuis quelques temps, les actrices semblaient le fuir une fois leur scène terminée. Baaaah... pas de quoi se prendre la tête ! Toutes ces petites jeunes étaient pressées et impolies, voilà tout ! Le milieu avait changé et le respect se perdait. La concurrence était tellement rude entre nanas, qu'Aomine y assimilait l'aigreur qui semblait parasiter ses partenaires dernièrement.

Evidemment, il ne vint pas à l'idée du brun qu'il pouvait être la cause de ce désamour. Impossible pour lui d'envisager de se remettre en cause, après tout, ces gonzesses avaient une chance INESTIMABLE de coucher avec lui ! Elles devraient se battre pour cela normalement et surtout se montrer un peu plus reconnaissantes ! Après tout, il leur faisait l'honneur de les BAISER ! Lui, le DIEU du porno !

Un peu contrarié tout de même, Aomine se leva, direction sa loge PERSONNELLE et il repassa sous la douche. Momoi n'était pas là, mais elle lui avait laissé un autre costume propre sur son fauteuil pour qu'il puisse se changer et être présentable devant Akashi. Mieux valait d'ailleurs ne pas trop traîner, le rouge détestait attendre...

… Raison pour laquelle Aomine ne se pressa pas.

Après tout, qu'avait-il concrètement à craindre ?

Il était l'acteur STAR du Studio Kiseki ! La tête d'affiche ! Sans lui, rien ne serait possible ! Akashi avait bâti sa renommé sur ses performances d'acteur ! Aomine ne risquait donc rien, il était la poule aux œufs d'or et jamais son producteur ne s'en prendrait à lui. Et puis, pourquoi Akashi aurait-il quoi que ce soit à lui reprocher ? Aomine était très professionnel ! Irréprochable ! Alors ça valait bien un petit retard de temps en temps...

Sortant de sa douche sans s'affoler, il s'habilla, chaussant de nouveau ses lunettes de soleil pour passer incognito. Un taxi l'attendait déjà, alors Aomine grimpa dedans.

Une fois arrivé au siège de l'entreprise, il prit le chemin habituel du bureau d'Akashi, sans même prendre la peine de se faire annoncer. Il était comme chez lui ici, il pouvait faire tout ce qu'il voulait, n'ayant besoin d'aucune autorisation. Après avoir grimpé dans l'ascenseur qui le conduisit au plus haut étage, Aomine fut surpris qu'en sortant, aucune des secrétaires qu'il croisa dans le couloir ne lui propose un café...

Qu'à cela ne tienne, il ne manquerait pas de se plaindre à Akashi qu'on ne le traitait pas avec les égards dus à son rang et ça allait barder pour ces demoiselles, qui n'auraient ensuite plus qu'à faire usage de leurs petites mains (et bouches) sur un plateau de tournage ! Voilà qui devrait les remettre bien à leur place ! S'auto-satisfaisant de sa grande magnanimité, Aomine déboula dans le hall qui donnait sur le bureau du BIG BOSS. Une hôtesse essaya bien de l'arrêter, en lui demandant d'attendre mais Aomine n'en fit qu'à sa tête et il déboula dans le bureau du PDG, tel un ouragan...

Ou plutôt, tel un cheveu sur la soupe !

Parce que, voyez-vous, Aomine ayant à son actif un retard de plus d'une heure, Akashi avait trouvé de quoi s'occuper entre temps, pensant sans doute que son étalon ne viendrait plus...

… C'est ainsi qu'il en avait donc trouvé un autre à monter.

« A-Aomine-san ! » S'écria le malheureux en apercevant la panthère qui pénétrait dans la salle.

Akashi, quant à lui, afficha une mine sévère, mais cela ne l'empêcha pas de finir pour autant... Après tout, il n'était plus très loin de l'orgasme ! Ce n'était donc pas pour Aomine qu'il allait interrompre sa petite sauterie !

« Yo Akashi ! » Lança Aomine, OKLM, faisant mine de ne rien avoir remarqué.

« Daiki, ne vois-tu pas que je suis occupé ? Tu as plus d'une heure de retard, j'espère que tu as une bonne excuse. » Répondit le rouge d'une voix dure.

L'argenté coincé sous le corps d'Akashi essaya bien de se sauver, mais malgré leur différence de taille significative, le producteur maîtrisa aisément, lui arrachant couinements et gémissements contris, par la force de ses coups de butoir. Penché en avant sur le bureau de son patron, yeux fermés et accroché au rebord boisé, Mayuzumi Chihiro, le secrétaire personnel d'Akashi encaissait les estocades sèches sans broncher. A cause de l'entrée impromptue d'Aomine, les intrusions d'Akashi étaient beaucoup moins tendres, signe qu'il voulait vite en finir.

Cela ne dérangea apparemment en rien Aomine, qui s'installa tranquillement dans un des fauteuils, pour attendre, sans qu'on l'y ait invité et sans la moindre gêne, évidemment.

Le silence était pesant, uniquement rompu par les claquements de peau sévères et les soupirs de plaisir – et d'embarras – du secrétaire, qui semblait essuyer toute la frustration dégagée par Akashi envers Aomine. La paperasse qui jonchait le bureau étaient en désordre, portant même la trace du corps de Mayuzumi, ce qui semblait indiquer qu'il s'était carrément retrouvé allongé sur l'intégralité de la surface à un moment donné.

Aomine avait attrapé un magazine sur la table basse qui lui faisait face et il s'y était plongé, ignorant royalement les deux amants qui finissaient leur affaire. Heureusement (pour Mayuzumi, surtout...), cela ne prit que peu de temps. Quelques vas et viens supplémentaires suffirent à avoir raison du secrétaire et de son patron. Tant mieux pour Aomine, qui détestait attendre. Mortifié, Mayuzumi se dépêcha de remettre son pantalon et il se sauva sans demander son reste, claquant la porte derrière lui. Akashi quant à lui, resserra dignement sa cravate. Le reste de sa tenue n'avait pas bougé, toujours impeccable malgré les cabrioles auxquelles il venait de se livrer.

« Ton assistant est d'une impolitesse ! Même pas il m'a dit bonjour quand j'suis rentré ! Et que dire des autres employés que j'ai croisé, y a du laissé aller dans les rangs ! Va falloir remettre tout ce p'tit monde au pas sans attendre, Akashi ! L'insubordination, y a rien d'pire ! »

« Et c'est fort à propos, puisque j'en ai un exemple parfait juste sous les yeux. » Répliqua Akashi, en reprenant place dans son fauteuil en cuir.

« Hein ? »

« Non, rien. Je suppose qu'on voit toujours la paille dans l'oeil du voisin, mais jamais la poutre que l'on a dans le notre. Là encore, tu en es l'illustre exemple. »

« Qu'est-ce que tu racontes ? Je bite rien à c'que tu dis aujourd'hui... »

« Oublie cela. En revanche, puisque a abordé les sujet de la « bite », c'est précisément de cela dont je voulais m'entretenir avec toi... »

« Oi, sans voir te vexer Akashi, t'es vraiment pas mon genre ! »

« Plaît-il ? »

« Ben ouais, tu viens de dire que tu voulais parler de bite avec moi, mais j'suis pas gay et j'voudrai surtout pas rendre ton assistant jaloux... il a une tronche de psychopathe ascendant yandere, si tu veux mon avis, du genre à commettre un crime passionnel si on essaye de lui piquer son mec... »

« Daiki... » Soupira Akashi en se massant les tempes. Ca allait être compliqué. « Assieds-toi je te prie. »

« J'suis d'ja assis ! »

« Non mais, face à moi, dans le fauteuil. Ce serait plus facile pour communiquer. »

« Hmm... ouais, ok. » Accepta le brun en daignant finalement se lever.

Aomine s'installa donc confortablement, à moitié en travers du fauteuil, jambes posées sur l'accoudoir.

« Merci. Tout d'abord, n'as-tu rien à me dire Daiki ? »

« Bah nan, c'est toi qui m'as convoqué ici, j'te rappelle. »

« Tu en es sûr ? Réfléchis bien. Tu sais que tu peux tout me dire. »

Aomine plissa des yeux, pas convaincu. Ca sentait le piège à plein nez mais...

« Désolé, mais j'ai rien de spécial à te confier qui me vienne à l'esprit dans l'immédiat. »

« Dans ce cas, je suppose que c'est à moi de parler. Bien, je vais t'expliquer la raison pour laquelle je t'ai convoqué ici. Il se trouve que tes performances se sont dégradées de manière drastique ces derniers temps et j'ai reçu de nombreuses plaintes à ton sujet. »

« Des... plaintes ? C'est quoi ces conneries !? » Eructa Aomine.

« L'on m'a rapporté que tu arrivais souvent en retard lors des shootings, que tu étais exécrable envers le personnel ainsi que tes collègues, ce qui fait que plus aucune actrice connue ne veut travailler avec toi, à cause de la mauvaise ambiance que ta seule présence instaure en plateau. »

« Tsss... n'importe quoi ! J'y peux rien si tu m'forces à tourner avec que des nanas frigides ! »

« C'est toi le problème, pas elles. Les filles que je sélectionne pour toi sont toutes des professionnelles qui connaissent parfaitement leur métier. Métier qu'elles exercent depuis plusieurs années. Ce ne sont donc pas des débutantes. Je suis au courant pour tes problèmes physiques, Daiki. Je sais que tu prends des pilules contre les troubles de l'érection. Cela ne me dérangerait pas si tu étais à la hauteur ensuite, après tout, c'est une pratique plutôt répandue sur les tournages. Mais en tant que fondateur et directeur du Studio Kiseki, dois-je te rappeler quelle est notre ligne de conduite ? Celle sur laquelle nous avons basé notre réussite et notre réputation ? »

« La qualité de nos productions... » Commença Aomine, sifflant entre ses dents serrées. « Nous ne tournons aucun long métrage médiocre. »

« Exactement. Cela passe par la mise en œuvre de moyens financiers et techniques largement supérieurs à ceux alloués aux productions du genre, en temps normal. Notre budget est environ 40 % plus important que celui de nos concurrents et cela se ressent dans la qualité globale de nos œuvre. C'est cette qualité qui constitue notre gagne-pain et nous ne pouvons en aucun cas nous permettre de l'écorner. Or, cette qualité découle également directement du jeu et de l'attitude de nos acteurs, tu comprends ? Vous constituez une pièce toute aussi essentielle du puzzle que les autres éléments, c'est pourquoi, vous devez vous montrer irréprochables. C'est la raison pour laquelle il est donc intolérable que tu puisses arriver saoul sur un lieu de tournage. »

Comment était-il au courant de cela ? Aomine se mordit la lèvre inférieure.

« Pfff... c'est arrivé juste une fois, pas d'quoi en faire tout un plat ! J'ai assuré ensuite ! »

Mais Akashi secoua la tête.

« C'est faux. Non seulement l'un des caméramen m'a rapporté que tu avais passé cinq bonnes minutes à essayer de baiser un coussin avant de te rendre compte que tu l'avais confondu avec une actrice, mais en plus, tu as tenté d'étouffer l'affaire en me le cachant. Pourtant, les faits dont tu es responsable sont d'une gravité qui aurait pu entacher l'image du studio et la compromettre auprès des spectateurs et des professionnels du milieu. Si nous sommes les meilleurs à l'heure actuelle, c'est parce que nous sommes absolus. Oui, le Studio Kiseki est l'absolue perfection. Et toi, tu as failli ruiner tous nos efforts à cause de tes caprices. Maintenant, je te le redemande Daiki : as-tu quelque chose à m'avouer ? »

Grand silence.

Akashi insista.

« Daiki, je te connais et travaille avec toi depuis maintenant plus de dix ans. Ce studio a été fondé autour de ta personne, tu en es la pierre angulaire primordiale, ce qui signifie que je ne peux donc pas t'évincer. »

Ces mots semblèrent rassurer Aomine qui reprit la parole, prêt à dire ce qui lui pesait sur le cœur.

« T'as raison... j'ai un problème... »

« De quel ordre ? Financier ? Tu sais que si tu as besoin d'un crédit ou d'une avance sur salaire, je peux... »

« Non. » Le coupa t-il fermement. « C'est... c'est autre chose. De la lassitude, je crois. »

« De la lassitude ? Je ne comprends pas. »

« Je pense que... j'ai fait le tour de ce métier, Akashi. Ca ne m'excite plus comme avant. Ca ne m'intéresse plus. C'est toujours la même rengaine, les mêmes gestes mécaniques, c'est répétitif au possible. J'ai l'impression d'être un robot... Rien ne change, à part moi... ou alors c'est le contraire : tout a changé, sauf moi. Je ne sais plus, je suis paumé putain... »

Sa voix tremblait et Aomine se passa une main dans les cheveux, tête basse.

« De quoi as-tu envie alors Daiki ? »

« J'en ai aucune idée, si seulement j'le savais putain ! Mais... ce que je sais en revanche, c'est que j'veux surtout pas arrêter... c'est sûrement passager, ça finira bien par s'arranger... peut-être que j'fais un burn out ou un truc du genre ? Mais j'te promets que j'vais faire en sorte que... »

Parce que... se retrouver sans rien, tout à coup, ce serait brutal. Trop brutal... et le brun doutait de pouvoir s'en remettre. Pour le moment, le temps qu'il puisse faire le point en tout cas, il préférait s'accrocher à ce qu'il avait déjà. A ce qu'il lui restait... Oui, c'était sûrement l'option la plus sage et la plus raisonnable...

Certes, il en avait marre mais envoyer tout valser d'un seul coup serait une erreur monumentale qu'Aomine ne pouvait juste PAS se permettre en l'état actuel des choses. Il avait besoin de plus de réflexion, au risque de se retrouver complètement sur la paille du jour au lendemain, suite à une décision trop hâtive. Or, c'était sans doute ce qui l'effrayait le plus, finalement. Que tout s'arrête, brusquement. Sans qu'il n'ait prévu la moindre porte de sortie...

« Tu devrais peut-être prendre des vacances ? Cela fait longtemps que tu n'en as pas eu. »

Mais avant même qu'Aomine n'ait eu le temps de répondre positivement à cette généreuse offre, Akashi reprit d'une voix beaucoup moins douce :

« ... Ou carrément prendre ta retraite. »

« Quoi ? » Répondit Aomine en serrant les poings. « Mais je croyais que le studio ne pouvait pas se passer de moi !? »

« C'est vrai, notre écurie ne peut se passer de son meilleur étalon. Mais elle peut toujours le faire remplacer. Par quelqu'un de plus jeune, de plus enthousiaste et de plus frais, par exemple. Pour faire simple, j'ai juste besoin d'un acteur qui puisse remplir le rôle que tu occupes actuellement, cela ne devrait pas être très compliqué à trouver. Des milliers d'autres hommes rêveraient d'être à ta place. » Enjoliva un peu le rouge.

« Le rôle que j'ai ? Akashi, pourquoi ai-je l'impression que tu parles de moi comme d'un pion dont tu peux librement disposer ? Tu s'rais pas en train d'essayer d'me la faire à l'envers, hein ? Pas toi, quand même ? On bosse ensemble depuis des années...! »

« A vrai dire, je me doutais depuis un moment que tu avais une baisse de motivation et malheureusement, à cause de ton caractère prompt à l'abattement, combiné à ton âge déjà bien avancé pour le milieu, je ne crois pas en tes chances de rétablissement. J'ai donc déjà pris l'initiative de convoquer un jeune acteur talentueux, entièrement disposé à prendre ta place. Sois cependant assuré que cette décision m'en coûte énormément. »

« Putain d'ordure ! J'étais sûr que tu préparais quelque chose ! »

Aomine se leva d'un bond et il attrapa Akashi par le col. Ce dernier ne se laissa pas impressionner.

« Tu espères vraiment que me frapper va changer quoi que ce soit à ton sort ? Comme c'est naïf... » Ne cilia pas le rouge.

« Ca ne changera peut-être rien, mais ça me défoulera et c'est déjà bien suffisant ! »

Akashi ricana.

« Allons, allons, nous sommes de bons amis, Daiki. Et on ne frappe pas ses amis. »

« Les bons amis comme tu dis, ne se tirent pas dans les pattes ! Mais toi, au lieu de m'aider à remonter la pente, tu m'enfonces dans la merde sans une once de remord ! »

« Au contraire Daiki, réfléchis bien : je te donne la meilleure des occasions pour la remonter cette pente justement. Car maintenant que tu sais que tu es sur la sellette, que comptes-tu faire ? Accepter ton sort ou te battre ? Tu te serais sans doute résigné et tu aurais baissé les bras, si je ne t'avais pas dit que tu allais avoir un remplaçant, n'est-ce pas ? Mais maintenant au moins, tu as une raison de montrer les crocs et de tout donner. Je suis un fervent partisan de l'émulation. Je suis convaincu qu'une saine concurrence aide à se surpasser et à déployer des réserves d'énergie insoupçonnées. »

« Attends, t'es en train d'me dire que c'est une bonne chose que tu m'aies trouvé un rival et que je devrai m'en réjouir ? »

« Exactement, tu dois apprendre à relativiser. Regarde moi avec Nijimura-san du Studio Teiko, c'est la même chose. D'ailleurs, si nous arrivons à être si compétitifs, c'est grâce à cette rivalité qui existe entre nous et nous force à donner le meilleur de nous-mêmes, constamment. »

Aomine reposa le rouge sur son fauteuil et il le lâcha même, pensif.

Il ne pouvait nié qu'il y avait un certain sens aux propos que tenait Akashi. Mais comment exploiter cette nouvelle menace et la retourner à son avantage, alors qu'il n'avait même plus la force de bander ? Ni la volonté, d'ailleurs...

Mais ce fut contre toute attente Akashi qui vint à son secours.

« J'ai une offre à te faire. »

« Qu'est-ce que tu proposes ? » Se méfia Aomine.

« C'est simple. Tu vas rentrer chez toi. Prendre le reste de ta journée et je vais te laisser vingt-quatre heures de réflexion. Pas une minute de plus. Et demain, tu reviendras ici à la même heure et tu me feras part de ton choix et de tes conclusions. »

« Pas la peine ! Je te l'ai dit, je veux continuer ! »

« Je ne te parlais pas de cela Daiki. Mais de ce que tu vas faire... concernant la poursuite de ta carrière. »

« Hein ? »

« Tu sais mieux que personne sur quelles valeurs repose notre studio. Il y a d'abord la qualité globale qu'il propose, mais pas seulement. Contrairement à d'autres maisons de production plus grandes, le Studio Kiseki ne s'est attaché les services que de cinq acteurs qui lui sont liés par un contrat d'exclusivité. Il y a d'abord eu toi, puis Tetsuya, Shintaro, Atsushi et enfin, notre nouvelle recrue Ryota. Et qu'ont tous ces quatre là en commun que tu ne possèdes pas encore ? »

« Une spécialité... » Comprit Aomine.

« Correct. Chacun d'eux remplit une « niche », voire deux. Tetsuya fait dans le shota et en règle général toutes les perversions et fétichismes liées à l'âge physique. Shintaro occupe tout le pan sadomasochiste et il est amusant de constater qu'il y était presque prédestiné de par ses initiales "S.M". Atsushi, quant à lui, se spécialise dans le food porn ou food play et le muscular, aussi appelé « bara », ce qui est ironique considérant son nom de famille. Et enfin Ryota est la star de nos productions adressées aux femmes, parce qu'il occupe la niche la plus douce, sensuelle et charmante, comme un gendre idéal ou un boy next door. Il a un côté accessible et une photogénie qui plaisent beaucoup à nos spectatrices. Mais toi, Daiki, qu'as-tu de particulier ? Tu es un touche à tout, mais tu n'as finalement aucune spécialité. »

« Et le shiofuki ? C'est quand même ma marque de fabrique ! Tu ne trouveras pas mieux que ces doigts pour faire grimper les gonzesses au plafond ! »

« C'est exact mais tu n'es pas sans savoir qu'il existe à présent des sextoys à leur effigie et avec lesquels on obtient des résultats similaires. J'ai donc bien peur que ton argument ne soit pas recevable. Trouve autre chose. »

« Autre chose ? T'es marrant toi ! Moi j'veux bien, mais quoi ? » Paniqua le brun.

« Penses-y à tête reposée. Toi seul es en mesure de savoir ce que tu peux faire mieux que tous les autres. Mais je ne m'inquiète pas, je suis certain que tu vas trouver. »

« Et si je n'y arrive pas dans le délai imparti ? »

« J'ai bien peur que je ne doive dès lors choisir ton successeur immédiatement. »

« Tu déconnes !? »

« Absolument pas. Je te donne uniquement cette possibilité, celle de la dernière chance, au nom de notre amitié et j'espère donc que tu sauras la saisir. »

Aomine tapa du pied, mais il savait qu'Akashi était sérieux. Ce qui signifiait donc que le temps jouait contre lui. Le chronomètre avait déjà commencé à tourner et Aomine n'avait pas une minute à perdre ! La panthère devait absolument trouver une solution avant la fin du temps imparti ou il serait viré comme un malpropre, après des années de bons et loyaux services. Quelle fin cruelle pour lui qui avait sacrifié ses meilleures années à l'ambition dévorante d'Akashi...

Il méritait définitivement mieux que cela... Mais tout n'était pas encore perdu, s'il parvenait à faire changer d'avis le boss. Certes, Aomine aurait très bien pu décider de lui-même de raccrocher les gants, mais il ne voulait pas avoir l'impression que c'était quelque chose qu'on lui imposait de manière unilatérale. Il en avait encore sous le pied et il allait le prouver à cet enfoiré d'Akashi !

Revigoré par les paroles provocantes du PDG, Aomine sortit en trombe du building...

Il n'était pas né celui qui prendrait sa place !

Il n'était pas né celui qui était meilleur que lui !

Il était temps, oui, temps... le temps est la clé... il y a un temps pour tout dans la vie et ce n'était certainement pas celui de se retirer ! Mais bel et bien l'heure de se battre et de donner une bonne leçon à cet enfant pourri-gâté d'Akashi !


Pendant ce temps, à l'autre bout de Tokyo...

Alex venait d'arriver au commissariat pour récupérer son poulain... ou plutôt, son boulet. Alalala... mais quand quelle galère Kagami était-il donc allé se fourrer à peine arrivé ? Ca ne lui ressemblait pourtant pas de s'attirer des ennuis de la sorte. En effet, le tigre était une personne mature et responsable, malgré son jeune âge. Pas le genre à chercher les problèmes.

Inquiète, la blonde avait fait aussi vite qu'elle avait put, mais la vérité... c'est qu'elle s'était endormie en arrivant à l'hôtel. Puis, lorsqu'elle avait enfin reçu l'appel bien plus tard, elle s'était perdue en chemin. Ben quoi ? C'était immense Tokyo ! Et surtout, écrit en japonais PARTOUT ! Or, son japonais était un peu rouillé et même approximatif sur certains points. De plus, les nippons n'étaient pas non plus connus pour être extrêmement doués en langues étrangères et elle avait donc galéré avant de trouver quelqu'un en mesure de lui indiquer la bonne direction... Mais comme si cela ne suffisait pas, elle avait du se battre avec les différents métros.

Bref, au moins maintenant, Alex était arrivée mais elle s'en voulait d'avoir fait attendre Kagami plusieurs heures... A sa bonne surprise cependant, son protégé allait parfaitement bien et les cellules nipponnes semblaient propres et... pas trop mal fréquentées comparées aux américaines.

« Alex ! » Sourit Kagami en la voyant arriver.

Le rouge se colla à la porte de la cellule et son mentor le prit dans les bras a travers les barreaux.

« Dieu soit loué, tu n'as rien ! Ils ne t'ont pas fait de mal, j'espère ! »

« Non, non, tout va bien... »

Un officier libéra alors Kagami.

« Que s'est-il passé ? »

« Peut-on sortir d'abord ? Je te raconterai tout dehors... j'ai pas franchement envie de rester ici une minute de plus... »

« Oh oui, bien-sûr ! Je veux dire, c'est compréhensible, viens ! »

Les deux adultes remontèrent alors à la surface si je puis m'exprimer ainsi et prirent la direction du métro.

« Alors, raconte ! Le policier au téléphone m'a raconté que tu t'étais battu avec un type dans un fast food ! J'ai même cru qu'il s'agissait d'une erreur de numéro au départ. »

« Je n'en suis pas fier, mais effectivement, je me suis frité contre un type qui me cherchait des noises... Mais c'est pas ça l'important... »

« Ah non ? »

« Non... ce qui compte, c'est pas POURQUOI je l'ai frappé mais QUI, j'ai frappé. Et tu ne devineras jamais de qui il s'agissait. »

« Alors dis-le moi ! Tu sais très bien que je n'aime pas quand le suspense dure trop longtemps ! »

« Aomine Daiki... »

« Quoi ? »

« Le mec avec qui je me suis embrouillé... c'était Aomine Daiki... »

« Aomine Daiki... ? » La blonde consulta sa mémoire un instant, avant de sursauter. « Oh ! Tu veux dire Aomine Daiki comme dans... Aomine Daiki !? Mais naaaaaaaaan ! »

« Mais si ! Je t'assure que c'était lui, j'ai pas pu m'tromper, j'le reconnaîtrais entre mille ! »

« Tu as vu sa bitousquette ? » ^^

« Pardon ? »

« Et bien... pour l'identifier aussi catégoriquement, il a forcément du te montrer sa quéquette à un moment ou à un autre, soyons honnêtes ! Je sais très bien que ce n'est pas sur son visage que tu te focalises, lorsque tu regardes des vidéos de lui... »

Kagami devint aussi rouge que ses cheveux. Certes, il ne pouvait nier s'intéresser au... potentiel anatomique de son aîné, mais c'était à des fins purement... professionnelles ! Pour s'inspirer de ses... techniques et de son savoir !

« Hmpfff... c'est pas c'que tu crois et non, je n'ai pas vu ses parties génitales ! Pas besoin de ça pour savoir que c'était bien lui ! E-et puis... je ne regarde ses œuvres qu'à titre... de comparaison ! Pour le travail, pour m'améliorer ! »

« Ahahaha si c'était POUR LE TRAVAIL, ça va alors ! Et donc... » Elle lui donna un coup de coude dans l'estomac, amusée. « Il est comme tu l'imaginais ? Il paraît qu'on est toujours déçu de rencontrer ses idoles en vrai. »

Kagami s'empressa de secouer la tête pour la contredire.

« Je ne dirai pas que j'ai été déçu de son apparence, il était exactement comme dans ses films. Par contre, en ce qui concerne son caractère... il y a un certain nombre de choses à revoir ! Mais là encore... je n'ai pas franchement été déçu... je m'y attendais même un peu, en général, les beaux mecs qui sont conscients de leur physique sont les pires... »

« Hmm... ça dépend du contexte. Je reste persuadée que si c'est bien fait, ça pourrait en exciter plus d'un ! »

« Certains peut-être mais... pas la majorité... Et puis, pourquoi est-ce qu'on est en train d'avoir cette conversation, d'abord ? »

« Mais au cas où l'occasion se représenterait, pardi ! » Ricana la blonde à lunettes carrées.

« Rêve pas trop. C'est pas comme si j'allais retomber sur lui au détour d'une rue, une seconde fois... »

« Qui sait ? Peut-être que si ça se reproduisait, tu pourrais jeter un coup d'oeil à sa bite cette fois ahaha ! »

Kagami leva les yeux au ciel. Alex était irrécupérable quand elle s'y mettait !

Mais c'était aussi pour cela qu'il l'aimait bien, au fond... pour son éternel optimisme et son côté maternel.

Et puis, elle n'avait pas franchement tort : si l'occasion se représentait, cette fois, Kagami le prendrait comme un signe du destin et il n'hésiterait pas à demander au brun de sortir son instrument de travail...


Les heures, les minutes, les secondes, avaient défilé.

Et Aomine les avait regardées s'envoler sur son horloge, incapable de prendre une décision.

D'avoir une idée.

De faire quelque chose, n'importe quoi.

Il avait son destin entre les mains et pourtant, il ne s'était jamais senti aussi impuissant.

Tu parles d'un paradoxe !

Et d'ailleurs, il n'avait même pas encore parlé de l'ultimatum lancé par Akashi à Momoi...

Qu'allait-il se passer pour elle si Aomine raccrochait ? Ou plutôt, si on le FORCAIT à raccrocher ? Sans doute rien de bon et la rose avait besoin de ce boulot ! Elle avait une famille à nourrir... Lui, en revanche hmm... ouais, c'était définitivement plus pour son amie qu'il avait peur. De toute façon, il allait obligatoirement trouver quelque chose !

Vociférant dans sa barbe, le futur acteur au chômage se leva d'une seule traite. Il paraît que dans ces cas-là, bouger aider. On irrigue le cerveau en sang par le mouvement et il devient alors plus facile de réfléchir. Alors Aomine se mit à marcher...

… Et avant même qu'il s'en soit rendu compte, ses pas l'avaient guidés dans l'un des bars les plus chauds de Roppongi où il avait ses habitudes, tel un chat domestique qui retrouve toujours le chemin de sa gamelle... En général, c'était ici qu'Aomine faisait son « marché », c'est-à-dire qu'il chassait ses conquêtes d'un soir à cet endroit précis. D'une part, parce que l'adresse se trouvait à juste quelques lieues de son appartement et ensuite, parce qu'il aimait bien les types qui y bossaient, majoritairement issus de la communauté nigériane.

Ces mecs-là n'étaient pas coincés comme les japonais et on se marrait bien avec eux, surtout concernant les anecdotes de cul qui étaient légion... Définitivement, Aomine appréciait leur compagnie toujours joviale.

Et c'était exactement ce dont il avait besoin, alors finalement, son subconscient l'avait guidé au bon endroit !

Dès qu'il pénétra dans l'établissement, le basané fut accueilli comme un ROI, que dis-je, un EMPEREUR ! Mais alors qu'on allait lui attribuer d'office la meilleure table, quelque chose, ou plutôt quelqu'un attira son regard.

Accoudé au bar, assis sur l'un des tabourets, Aomine n'eut aucun mal à reconnaître cette silhouette remarquable, même de dos. Surtout de dos, même, étant donné que c'était la première image qu'il avait eu de lui lors de leur rencontre cet après-midi.

Sourire narquois aux lèvres, il s'approcha félinement de sa proie.

« Comme on se retrouve Tiger... »

Et de le gratifier d'une main baladeuse aux fesses, ce qui ne manqua pas de faire sursauter Kagami.

A tel point qu'il en cracha sa boisson.

Ce geste amusa Aomine.

Que voilà un AGREABLE passe-temps : emmerder son cadet.

Après tout, ce petit impertinent avait osé lever la main sur lui et lui tenir tête un peu plus tôt dans la journée et cela méritait donc une petite vengeance personnelle.

« E-encore toi !? »

« Bah quoi ? J'me trompe ou t'as pas l'air ravi d'me voir ? »

Comme le monde était petit...

Aomine le toisa l'espace d'un instant : même s'il était grand et carré et que ses sourcils bifides lui donnaient au moins dix ans de plus, Aomine n'était pas dupe... Le tigre face à lui n'avait pas plus de vingt et un ou vingt deux ans en réalité, ce qui faisait qu'au Japon, il était considéré comme à peine majeur.

Intéressant...

« Alors comme ça, on picole comme un grand, la boisson des adultes ? Hey, jt'e jure que si jamais tu viens d'siffler la dernière bouteille de vodka, j't'encule à sec ! » Lança Aomine, charmeur.

S'il avait paru surpris précédemment et dans le mauvais sens du terme, cette fois, son interlocuteur eut un petit sourire.

« Il se trouve que tu as de la chance, c'était bien la dernière bouteille, mais je n'ai pas encore fini de la boire on devrait donc pouvoir la partager au lieu de s'écharper cette fois, qu'en dis-tu ? »

« Ohhh tiens donc, en voilà une idée qu'elle est intelligente ! Ca m'étonne que ni toi, ni moi, n'y ayons pensé ce midi... »

« Penses-tu ! Ca nous aurait évité tellement d'ennuis, ça aurait été trop facile ! »

« Entièrement d'accord ! D'ailleurs, j'espère que tu as apprécié la visite personnalisée des geôles que je t'ai offerte. »

« Je dois bien reconnaître que pour un premier rencard, tu as fait fort... je me demande comment tu vas réussir à faire mieux ce soir... » Le provoqua un peu Kagami, en versant de l'alcool dans un verre qu'il tendit à Aomine, avant de re-remplir le sien.

« A mon avis, on va très vite le savoir... En attendant, je propose qu'on trinque ! »

« Et à quoi, Monsieur l'Emmerdeur ? »

« A nous. A l'avenir. A tout ce qui nous attend. »

L'avenir... il en avait forcément encore un. Aomine refusait de croire que c'était la fin précoce de sa brillante carrière ! L'acteur vedette prouverait à Akashi à quel point il s'était fourvoyé en l'envoyant à moitié bouler !

« Ca me va. » Souffla Kagami en passant sa langue sur sa lèvre mordue, tandis qu'il levait son verre.

Les deux récipients se percutèrent énergiquement et leur contenu disparut cul sec dans le gosier des deux hommes. L'ambiance était plus détendue, presque fraternelle entre eux, preuve qu'ils avaient enterré la hache de guerre. Immédiatement, Kagami se mit à glousser. Après tout, il avait promis à Alex d'aborder un certain sujet s'il revoyait Aomine par hasard...

« C'est marrant... une très bonne amie à moi m'a très sérieusement conseillé de te demander de me montrer ta queue, si d'aventure, je venais à te recroiser. Je n'pensais vraiment pas ça possible, alors il faut que je saute sur l'occasion cette fois. »

Oh. Alors le petit savait donc qui il était ? C'était sûrement un fan. Aomine sourit.

« Ce doit être le destin en effet et il ne faudrait surtout pas aller à son encontre. A part ça, elle a des gros nibards ta copine ? » S'intéressa le vétéran.

« J'vois pas c'que ça vient faire dans la conversation, mais si tu veux tout savoir, ouais, plutôt. »

« Juste comme ça, pour se renseigner. »

« Mouais. J'y crois pas à ton excuse bidon, dis plutôt qu'tu veux que j'te la présente, ça ira plus vite. »

« T'es perspicace en fait. C'est l'alcool qui te rend comme ça ou la perspective de voir ma bite en vrai ? »

« Peut-être les deux, qui sait... »

« Que dirais-tu qu'on continue cette conversation ô combien passionnante disons... aux chiottes ? »

« Déjà ? Mais tu m'as dit tout à l'heure que tu n'aimais que les nichons... et je croyais qu'il te faudrait plus d'un verre d'alcool pour virer ta cuti... »

« C'est vrai qu'à la base j'étais v'nu là pour picoler et me détendre, mais... je peux faire une exception pour toi. Et si tu n'es pas d'accord pour me suivre, je n'ai rien contre te re-casser la gueule à la place. »

« Oula... apparemment t'es déjà bourré au bout d'un seul verre, puisque tu racontes déjà des conneries, comme quoi t'aurais eu le dessus sur moi, alors qu'en vrai, on sait très bien tous les deux que c'est toi qui t'es fait rétamer. »

« Nan c'est toi, fais pas l'innocent. Mais là j'ai besoin d'aller pisser, pas de débattre, alors tu viens ? C'est le moment ou jamais de pouvoir reluquer ma teub. » Fit Aomine en se remettant debout, pendant qu'il caressant la lèvre abîmée de Kagami du bout du pouce.

« Il m'est difficile de résister à une invitation si chevaleresque ! » Se moqua Kagami en se levant à son tour.

… Et à ce stade, l'auteure décline toute ressemblance, même fortuite, avec « Voisins » ou encore « Gros Calibres, Petits Réservoirs. »

Même si bon, le recyclage, c'est écolo tout ça...


Oublié le p'tit pipi.

Envolée la grosse envie.

Le dos de Kagami heurta violemment le dos de la cabine dans laquelle Aomine l'avait poussé sans ménagement.

Qu'était-il en train de se passer ? Etait-ce vraiment les lèvres d'Aomine qu'il sentait s'écraser sur les siennes ? Oui... ce petit goût cuivré de sang ne l'y trompait pas.

« C'est marrant... de constater que ce sont toujours les hétéros purs et durs qui prennent plaisir à le répéter dans toutes leurs phrases... qui sont également les premiers... aaahh... à changer d'bord... dès que l'occasion se présente... » Gémit le tigre sous les assauts de la bouche vorace d'Aomine.

Mais un coup de foudre, ça ne s'explique pas.

Un coup de foutre non plus, d'ailleurs.

« Ta gueule et suce-moi ! » Exigea Aomine, autoritaire, en appuyant sur le crâne de sa future conquête.

« Tu sais que si tu m'demandes de la fermer ET de te faire une fellation ensuite, ça risque d'être un peu compliqué mon chou... » Interjecta Kagami, sourcils froncés.

Pas qu'il soit contre un peu de trash talk pour se mettre dans le mood, mais...le langage fleuri d'Aomine relevait plus du tue l'amour que de l'aphrodisiaque. Mais bien décidé à ne pas passer à côté de sa chance, Kagami qui était prêt à découvrir intimement sa muse, s'exécuta. Il s'agenouilla sur le sol vraiment pas très propre et même un peu collant, ce qui tendrait à prouver qu'ils n'étaient pas les premiers à avoir eu cette idée coquine...

« Dépêche-toi... » S'impatientait Aomine.

Parce que s'il commençait à se montrer inerte, là, il se mettrait inévitablement à réfléchir et donc à hésiter.

Or, Aomine avait besoin de se vider la tête.

Parce que sa propre impuissance le bouffait. Il ne savait toujours pas ce qu'il allait dire à Akashi demain et il lui restait un peu moins de seize heures pour sortir LA solution miracle de son cul ! C'était dire si la pression était énorme et dans ces cas-là, Aomine faisait toujours en sorte de se détendre. Il n'y avait rien de tel pour chercher l'inspiration.

Et c'était un peu la force du désespoir qui l'avait poussé jusqu'ici...

« T'as une capote ? » Demanda Kagami, responsable, tandis que ses doigts s'affairaient sur la braguette du brun.

« T'en as pas toi ? »

« J'avais pas exactement prévu de baiser ce soir, alors... » Avoua le tigre à demi-mots.

« Dans ma poche arrière... » Souffla Aomine en fermant les yeux pour mieux profiter du moment.

Kagami tâta d'une main experte le fessier ferme et rebondi d'Aomine en quête du petit sachet argenté magique qu'il trouva sans peine. La courbure du postérieur de la panthère sous ses doigts était franchement agréable et Kagami prit son temps pour extraire le préservatif de sa cachette.

« Qu'est-ce que tu fous putain ? »

Ne voulant pas se faire disputer davantage, Kagami sortit ET le sexe basané ET la capote du pantalon d'Aomine.

« Faut toujours v'nir avec ton propre équipement gamin, on n'te l'a jamais appris ? » Continua Aomine.

Mais devant l'air plus que circonspect de Kagami et surtout en constatant qu'il ne sentait toujours rien sur son pénis mis à nu, Aomine se décida à rouvrir les yeux qu'il avait fermé pour faire abstraction du fait que, et bien oui, Kagami était un homme...

« Qu'est-ce qu'il y a ? Elle ne te plaît pas ? Ou t'as peur qu'elle te morde, dégonflé !? »

« C'est pas ça. Regarde. »

Kagami attrapa fermement le manche chocolaté et commença à le masser pour montrer à Aomine l'évidence.

La douloureuse réalité :

L'acteur ne bandait pas.

Et merde.

Ca recommençait !

Aomine n'avait même pas pensé à prendre ses pilules miracles avant de sortir. Tu parles qu'il pouvait faire la leçon à Kagami ensuite en mode « faut toujours s'équiper avant de partir en croisades ! » Mais en vérité, ce dont Aomine avait peur en cet instant était que Kagami puisse se détourner de lui et le planter là, parce que le tigre imputerait son incapacité à avoir une érection au fait qu'il était... un mec. Et que donc, il n'excitait pas Aomine. Ce qui n'était pas entièrement faux, cela constituait indubitablement une barrière ou plutôt, un frein dans son excitation mais... d'un autre côté, Aomine avait aussi vraiment envie d'essayer quelque chose de différent.

D'innover, comme lui avait conseillé Akashi.

Mais s'il ne parvenait pas à avoir le kikitoudur, ce n'était même pas la peine d'y penser.

Quelle tuile, si prêt du but...

Et le glas de la défaite sonna lorsque Kagami lâcha son jouet et se redressa, comme pour partir.

« Attends, j-j'vais y arriver, j'sais pas c'qui s'passe, mais pars pas, ok ? »

« De quoi tu parles ? » Répondit le roux, avant de déposer un baiser papillon sur la bouche de son comparse. « Qui a dit que j'allais me barrer ? J'y compte pas pour le moment. »

« A-ah bon ? »

Alors il s'était uniquement relevé pour pouvoir l'embrasser et le... rassurer... ?

« T'en fais pas, ça arrive même aux meilleurs... Et puis, c'est pas si grave. »

Bah si un peu quand même quoi... C'était la honte !

« … Parce que je connais un truc INFAILLIBLE pour te donner une trique d'enfer qui va durer TOUTE la nuit... » Susurra suavement le tigre.

« Si tu parles de Viagra, on va devoir attendre un peu le temps avant qu'il fasse effet... » Regretta la panthère.

« Non, oublie cette saloperie. Mon truc à moi, il est naturel et il fait effet instantanément. »

« Wesh, c'est quoi la drogue que tu prends ? Parce que ce que tu décris n'existe pas ! Même avec de la drogue, on peut pas obtenir un tel résultat ! »

« Just trust me, ok ? »

Et pas besoin d'avoir fait anglais première langue comme Nelson Monfort pour comprendre. Les yeux de Kagami parlaient d'eux-mêmes... Emplis de douceur et de tendresse. Une expression qu'Aomine n'avait encore jamais vue dans le regard de personne, excepté Momoi lorsqu'ils sortaient encore ensemble au lycée.

« Ca va bien se passer, détends-toi juste. »

« Heu... c'est pas plutôt l'inverse qu'il faut faire en temps normal ? »

« Shhh... Ca alors, je n'aurai jamais pensé pouvoir exercer ma technique sur le grand Aomine Daiki ! Dire que c'est toi pourtant qui me l'as inspirée avec ton Shiofuki... »

Quoi ? Qu'est-ce que c'était encore que ces conneries... ?

Aomine n'était pas un cobaye ! Et puis d'abord, est-ce que cette technique fonctionnait REELLEMENT et surtout, était-elle homologuée par un syndicat quelconque ou par un sexologue à la mode ? Figurait-elle dans un manuel du type "LE SEXE POUR LES NULS" ? Et du coup, Aomine pouvait-il avoir confiance en ce gamin, qui devait avoir à peu près autant d'expérience qu'un ramasseur de balles au tennis !?

Le basané avait besoin de SAVOIR !

Là, tout de suite, maintenant !

Et d'être certain du choix de la sauce à laquelle il allait être mangé.

En priant pour qu'il s'agisse de la Californienne...


Et voila, c'est fini pour aujourd'hui !

Environ 18000 mots ça vaaaa on est dans la moyenne haute habituelle !

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et si vous avez des théories concernant la suite (notamment à propos de la SUPER TECHNIQUE NINJA de Kagami et ce en quoi elle consiste !) ou même des envies !

Pour information le "shiofuki" n'est absolument pas une invention de ma part, c'est une pratique qui a été popularisée par Taka Kato, l'acteur porno le plus populaire de tous les temps au Japon et dont je me suis librement inspirée pour vous livrer ce chapitre.

A bientôt pour la suite !

Et un GRAND merci à Lawiki et Kuro Hagi en particulier qui m'ont beaucoup motivée et aidée à pondre ce désastre... heu cette nouvelle folie !