J'ai soudain senti quelque chose de désagréable, j'ai donc ouvert les yeux. J'avais le soleil en plein dans la figure. Je m'étais endormi.
Je me lève, puis je m'étire. J'observe autour de moi : la forêt est recouverte d'une fine couche de rosée matinale, qui au soleil, lui donne un éclat hors-pair. C'est vraiment agréable.
Aujourd'hui, je ne sais pas ce que je vais faire. Je ne sais jamais trop, au fait. Du coup, j'ère sans but particulier. Et j'observe. Ici, on dirait qu'il n'y a personne. Mais il y a toujours quelqu'un qui se cache pas loin, lorsqu'on fait une halte à la rivière, lorsqu'on fait la sieste au pied d'un chêne, ou lorsqu'on sillonne le bois à la recherche de quelque chose à manger.
J'aime chasser. Au début, je trouvais ça un peu cruel, mais tout compte fait, on meurt tous un jour, et quitte à mourir, autant que ce soit pour aider quelqu'un d'autre à vivre. La chasse, c'est aussi devenu un loisir, après tout. Sentir son corps dominé par l'instinct, avoir tous ses sens en éveil, courir, poursuivre, suivre les moindres mouvements de sa proie, fondre dessus, et enfin, prendre sa vie d'un bref coup de mâchoire. Il n'y a pas meilleur goût que celui de la réussite.
Pourtant, la réussite a toujours un petit arrière goût amer. Une âme, encore, qui part là-haut. Mais il y en a tant d'autres, ici. Rien à faire. Je pense que c'est ça que l'on appelle la solitude.
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Je vais aller faire une sieste. La routine. J'irai mieux après. Je cherche donc un coin agréable et un peu à l'abri des rayons.
Mais parfois, il y a des animaux qui viennent briser ma routine. Et ceux-là, ce ne sont pas des proies.
Je n'ai même pas le temps de réfléchir. Un coup de feu. Deux. Mon corps bouge de lui-même. Mes muscles se tendent, et mon instinct reprend le dessus. Un instinct de survie, cette fois. Je vois les arbres, les branches, la forêt défiler à toute allure, je manque de trébucher, au sol, des pierres, des racines, des bosquets, j'entends des cris et des aboiements. Je sens leurs pas qui grondent sur la terre. Et là, un faux pas. Je m'écrase au sol.
Le temps de rouvrir les yeux, les chiens étaient déjà là. Il y en avait deux. Ils m'ont sauté dessus directement, avec une agressivité impressionnante. J'esquive de justesse les coups de griffes et les morsures pour me relever et assainir un coup de tête à l'un et éjecter l'autre avec mes pattes arrière. Ils ont fui. J'ai tourné la tête : le plus dangereux était là.
Son arme me pointait, comme si j'étais coupable de quelque chose. J'ai fléchi les pattes au moment où j'ai entendu son doigt se plier sur la gâchette pour effectuer un bond sur le côté. Le moment. Celui où il a pesté et rechargé son fusil. Je l'ai attaqué. Et j'ai fui à toute vitesse. Avec son bras.
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Arrivé en lieu sûr, j'ai fixé le membre de l'humain. C'est à ce moment là que j'ai réalisé. J'étais vraiment seul.
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*Ding dong*
Je fronce les sourcils. Mon heure de «repos» était déjà terminée… Remarque, je pourrais bien en prendre une autre, mais si c'est pour sécher tous mes cours, j'aurais carrément ne pas du venir.
- Saki-chan. … Saki-chan !
Il manquait plus qu'elle. Mademoiselle la déléguée, championne de la discipline du jememêledetoutetn'importequoi. Décidément, quelle journée pourrie.
- Saki-chan, pourquoi ne t'es-tu pas présentée au cours de mathématiques ?
- Ça ne te regarde pas.
- … Tu as des problèmes ?
Et puis quoi encore ? C'est elle qui a un problème.
- Qu'est-ce qui te fait croire ça ?
- Eh bien, tu ne viens pas en cours, tu n'as eu que des notes catastrophiques depuis le début de l'année, et puis… tu es tout le temps toute seule.
- Et alors ? C'est un choix. Laisse-moi tranquille.
Elle afficha une sorte de mine attristée.
- Le professeur m'a dit de te rendre ton contrôle.
Je prends la feuille, désintéressée. 1.5/20.
- Tu sais, si tu ressens le besoin de parler à quelqu'un, n'hésite pas…
- J'ai pas besoin de parler, et au pire, ici il y a un psy.
Elle est partie sans rien dire. Je regarde ma feuille un instant. Mon père va me tuer, comme d'hab'. Cette fille m'a saoulée, je ne suis plus d'humeur à faire quoi que ce soit, je quitte donc le lycée et rentre à la maison.
Je lâche mon sac dans l'entrée et pose mon contrôle sur le plan de travail. Ma mère arrive et me lance un regard interrogateur.
- On a pu quitter plus tôt, la prof de français n'est pas là.
Ma mère me croit à chaque fois. Mais ce n'est pas le cas de mon père. D'ailleurs, il devrait déjà être rentré. Tant mieux s'il n'est pas là, je n'aurais pas à me faire crier dessus pour ma note. Sans laisser le temps à ma mère de la voir, je ressors. Il fait beau dehors, autant en profiter.
C'est ainsi que je déambule sans but précis dans les rues de mon village, ce qui est finalement assez ennuyant. D'habitude, je vais dans le bois à côté, mais là, il y a la chasse, donc on ne peut pas s'y rendre. C'est chiant.
J'y vais quand même. J'imagine qu'un chasseur sait différencier une personne d'une biche. C'est peut-être dangereux, mais je trouve cette forêt vraiment belle. Les maths et le français, c'est rien par rapport à la nature. En fait, s'aventurer dans les bois, c'est peut-être le seul truc que j'aime faire. Du coup, j'observe, je fouille, je découvre. C'est si calme et si vivant à la fois…
J'adore sentir le craquement des feuilles sous mes pieds, respirer l'air pur, être en contact direct avec cet autre monde. Souvent, je croise des petits animaux. À chaque fois, je crois qu'ils vont s'enfuir, mais à chaque fois, ils restent et m'observent, l'air de se demander quel animal je peux bien être. Ça me fait toujours sourire, et après ça, je continue mon chemin. Lorsque j'en ai marre de marcher, je me mets à la recherche d'un endroit agréable où je peux m'asseoir et observer autour de moi tout en me reposant.
Aujourd'hui, j'ai trouvé un arbre gigantesque dont les immenses racines sortaient du sol. Je m'installe confortablement sur l'une d'entre elles et commence à admirer le lieu dans lequel j'étais posée.
Sauf que là, ça ne s'est pas passé comme d'habitude. Je regardais autour de moi, quand j'ai remarqué que je n'étais pas seule. Une grosse bête au pelage foncé était à une dizaine de mètres de moi. Je retins mon souffle, quand il tourna la tête vers moi. Il m'avait vue. Sur le coup, j'étais paralysée. C'était la première fois que je me retrouvais face à un loup. J'aurais pu m'enfuir, mais mes jambes ne voulaient pas bouger. Je fixais l'animal, qui faisait de même. Ses yeux ambre me transperçaient de l'intérieur. C'est une sensation très étrange que je n'avais jamais ressentie auparavant.
La créature ne montrait finalement aucun signe d'hostilité. Mais je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'elle s'approche jusqu'au pied de la racine où j'étais perchée. On se fixait, silencieusement.
- Oy… t'es bizarre, hein ?
Pas de réponse. Normal.
- Finalement, les loups ne sont pas des mangeurs d'hommes ou je ne sais quoi. C'est cool.
Puis je me suis levée, commençant à rebrousser chemin.
- Fais gaffe, c'est dangereux en ce moment. Va pas te faire tuer.
Et là, je me suis retournée, et je n'ai pas compris sur le coup pourquoi j'ai sorti ça.
- Au fait, je m'appelle Saki. À plus !
Et je suis partie.
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Rentrée à la maison, ma mère m'a coincée dans une étreinte bien étouffante, criant qu'elle s'était fait «un sang d'encre» ou un truc du genre. Mon père n'est toujours pas là. Ma mère m'explique donc qu'il est à l'hôpital à cause d'un accident. … Bah, tant mieux, ça m'évitera une nouvelle dispute.
Yo! Eh bien... c'est une nouvelle fic qui commence aujourd'hui. Ce n'est que le début, tout cela est donc un peu flou, mais n'hésitez pas à laisser une petite review, histoire de m'encourager (ou quoi que ce soit d'autre au fait, de toute façon ça fait toujours plaisir) !
Sur ce, à très bientôt ! ^^
