Disclaimer : La série, les personnages et les lieux ne m'appartiennent pas. De plus, je ne retire aucun salaire de ces écrits. Je ne fais que satisfaire mon esprit tordu de fan :0P (en espérant que d'autres personnes apprécient et se divertissent ;0).

Résumé : Rodney s'est fait piqué par un étrange moustique qui lui donnent des facultés hors de l'ordinaire! °McBeck°

Rating : Cette fic est classée M et c'est un slash. Vous êtes prévenu(e)! ;0)

Dédicace : Un merci tout spécial à Isancity qui m'a aidé à améliorer ma fic et à la rendre plus subtile! ;0)

Note de l'auteure : Cette fic est un peu une suite de « Mon Ange », mais il n'y a nul besoin de la lire pour comprendre celle-ci. J'espère que vous l'apprécierez, car moi, en tout cas, j'ai eu beaucoup de plaisir à l'écrire:0)


Chapitre 1 : L'incident

Carson se réveilla en sursaut. Il était couvert de sueur, son cœur battait la chamade et sa respiration était irrégulière.

Il fronça les sourcils, tentant de se rappeler ce qui l'avait mis dans un tel état. C'est alors qu'il se souvint de son rêve.

Les images affluaient… Rodney se penchant vers lui, le contact de ses lèvres étrangement douces sur les siennes… son regard bleu intense qui le fixait… Rodney, l'homme qui avait pris une telle importance dans sa vie. Rodney qui était dans le coma.

Carson ferma les yeux, espérant faire barrière aux larmes qui menaçaient de couler, et se laissa retomber dans son lit. Il ne voulait pas se souvenir de ça.

Il ne voulait pas, mais il ne pouvait empêcher les souvenirs de remonter à la surface. Les images lui revenaient en mémoire aussi clairement que si tous ces évènements s'étaient produits la veille, aussi clairement que si ses paupières avaient été un écran de cinéma sur lequel on projetait un film tragique que personne ne voulait voir, mais que tout le monde regardait comme hypnotisé.

Et ce film était la journée fatidique où SGA-1 était rentré de mission plus tôt que prévu…

Flash back

Radek était en train d'expliquer à Élizabeth l'ingénieux système que les Anciens avaient mis en place pour faire voler la cité (système qu'il essayait d'ailleurs toujours de percer…), lorsque fut annoncée une activation non programmée de la Porte.

Élizabeth se redressa et fronça les sourcils en regardant sa montre. Aucune des trois équipes en mission ne devait rentrer si tôt. L'une d'elles avait sans doute eu un problème. Son cœur s'emballa en pensant qu'il s'agissait peut-être de SGA-1, car, bien qu'elle n'en était pas très fière, un peu comme une mère qui aurait montré plus d'attachement à un de ses enfants au détriment des autres, elle ne pouvait nier toujours nourrir plus d'inquiétudes au sujet de l'équipe du colonel Sheppard qu'elle n'en avait pour les autres équipes d'exploration sous sa responsabilité.

Ou peut-être était-ce pire : et si un ennemi avait découvert qu'Atlantis n'avait pas vraiment été détruite lors de l'attaque qu'ils avaient essuyée contre les Wraiths?

- Avons-nous un code d'identification? demanda le docteur Weir, appréhendant la réponse, peu importe laquelle de ses hypothèses s'avèrerait vraie.

- Oui, madame. C'est l'équipe du colonel Sheppard, répondit l'officier en tournant un visage inquiet vers leur chef.

- Désactiver le bouclier, ordonna Élizabeth en se tournant vers l'immense lac bleu vertical.

Elle tenta de calmer les battements de son cœur alors qu'elle attendait la venue de son équipe qui tardait à apparaître à travers le vortex.

Lorsque, finalement, John, Ronon, Teyla et Rodney passèrent la Porte des Étoiles, Élizabeth ne put que fermer les yeux et expirer tout l'air qu'elle avait retenu dans ses poumons sans même s'en rendre compte.

- Une équipe médicale!

Le pire était arrivé.

Élizabeth ignorait les détails, mais lorsqu'elle se rendit compte que John et Ronon portaient le corps inerte de leur chef scientifique, elle avait compris l'essentiel : Rodney était mal en point!

Radek vint poser une main réconfortante sur l'épaule de la diplomate. Il savait que, pour elle, rien n'était plus important que les gens dont elle avait la responsabilité. Sans compter que Rodney était un membre pivot de l'expédition.

- On ne sait pas encore ce qu'il a, gardez espoir, tenta-t-il de l'encourager.

Weir lui accorda un pâle sourire avant de se retourner vers Carson qui arrivait en furie avec un brancard et son équipe médicale. Rassemblant tout son courage, elle descendit les marches la menant au pont inférieur et rejoignit son équipe.

- Que s'est-il passé? demanda immédiatement le médecin en aidant les infirmiers à déposer le scientifique sur la civière.

- C'est difficile à dire…, commença John.

Le médecin le foudroya du regard. Comment ça difficile à expliquer? Un homme en pleine santé ne tombait quand même pas dans les pommes sans aucune raison… et ce, même si Rodney avait déjà montré une certaine prédisposition en la matière.

- Il s'est plaint d'une piqûre d'un insecte quelconque et quelques minutes plus tard, il tombait. Mais comme il a aussi bu l'eau d'une rivière et qu'il se plaignait depuis un bon moment de divers maux, je ne sais pas trop qu'est-ce qui est la cause de… de son malaise, termina le chef de l'équipe.

L'écossais marmonna quelque chose comme « Bloody hell! » avant de se dépêcher de ramener son patient à l'infirmerie.

Carson avait l'air beaucoup plus nerveux qu'à son habitude, ce que ses infirmiers ne manquèrent pas de remarquer. Cependant, ils mirent cela sur le compte du manque de sommeil… il fallait dire que le chef du département médical semblait passer ses nuits à l'infirmerie depuis quelques semaines! Ce qu'ils ignoraient, en fait, c'était que la cause de sa présence quasi permanente à l'infirmerie n'était qu'un moyen pour lui de concentrer son esprit sur autre chose que sur un certain scientifique aux yeux bleus… mais comme celui-ci était inaccessible, le médecin préférait se changer les idées plutôt que de tomber dans l'obsession.

Même s'il refusait de se l'avouer, Carson avait une peur terrible pour Rodney en ce moment. S'il y avait bien une chose qu'il redoutait, c'était que quelque chose d'effroyable arrive à cet homme qui avait presque à son insu, trouvé le chemin de son coeur. Voulant empêcher la panique de s'emparer de lui, il repoussa l'idée que son pire cauchemar était en train de devenir réalité et se remit au travail.

Il fit une prise de sang à Rodney et la donna à une infirmière pour qu'elle l'analyse pendant que lui auscultait son patient.

Il prit le pouls de McKay, vérifia la dilatation de ses pupilles face à un stimulus, palpa les organes vitaux pour finalement chercher la trace de la piqûre dont John lui avait parlé.

Le médecin découvrit finalement une boursouflure ayant la taille d'un noyau de pêche au niveau de la nuque du scientifique. Ses yeux s'agrandirent de surprise et de peur.

- Que donnent les analyses?

La voix de Carson n'était plus qu'un murmure, mais ce dernier ne le remarqua même pas.

- Juste une petite seconde, docteur…

- Mais je n'ai pas une seconde, mademoiselle Finch! s'emporta l'écossais.

L'infirmière le regarda, incrédule. Habituellement, le médecin était d'une patience et d'une douceur infinies avec tout le monde, même lorsqu'il était épuisé. Être aussi abrupte ne lui ressemblait guère.

Un « bip » sonore coupa l'atmosphère tendue qui s'installait tranquillement dans l'infirmerie. La jeune femme se tourna vers l'écran et lut les résultats des analyses.

- Apparemment, il y a un poison dans son organisme. Mais sa composition est très étrange… il y a plusieurs molécules inconnues. Un antidote sera donc long à trouver.

Carson soupira, désespéré. Bien sûr, il connaissait les implications. Plus longtemps ce poison restait dans le corps de Rodney, pires seraient les dégâts.

- Il faut filtrer son sang et enlever cette saloperie de son organisme. Finch, vous m'isolez les molécules de ce venin, Roberts vous venez avec moi chercher la machine à dialyses et Matthews, vous le préparez pour le traitement.

Tous se mirent au travail, sachant que le temps était compté pour Rodney et que chaque seconde était précieuse.

Rapidement, tout fut prêt. Beckett programma la machine pour qu'elle élimine la toxine alien en même temps que celles naturellement produites par le corps. Puis, il se dépêcha de brancher Rodney sur l'appareil. Lorsque le sang circula normalement à travers la petite merveille de technologie et que le médecin constata que la procédure fonctionnait comme prévu, il remercia son équipe et leur donna congé.

Carson resta de longues heures à veiller Rodney et il vérifiait toutes les demi-heures que la machine fonctionnait convenablement.

Lorsqu'Élizabeth passa à l'infirmerie près de six heures plus tard, elle trouva le médecin assoupi au coin du lit où reposait le scientifique qui arborait une couleur presque aussi blanche que celle d'un cadavre. Après un regard affecté sur son ami, elle se décida à secouer Carson. En se réveillant, ce dernier sembla complètement perdu. Il lui fallut quelques secondes avant de comprendre où il était et quelle était la situation. Élizabeth vit clairement la douleur et la tristesse dans son expression lorsque ses yeux s'arrêtèrent sur Rodney.

- Ça va?

Le médecin tourna vers elle un visage aux traits tirés. Carson avait visiblement besoin de repos. Mais il se leva néanmoins et observa les panneaux de la machine à dialyses.

- Tout fonctionne comme prévu. D'ici deux heures, tout son organisme sera lavé de ce maudit poison, lança Beckett d'une voix teintée d'une colère pure et puissante.

Comme si le venin qui affectait McKay avait été le fait d'un Wraith ayant délibérément attaqué son ami et que l'écossais pouvait se décharger da la rancoeur qu'il l'habitait par le seul son de sa voix.

- Va-t-il se réveiller une fois que le traitement aura fait son effet?

Le médecin prit un air désolé.

- Je l'ignore, Élizabeth, je l'ignore. Je ne connais pas les effets de cette enzyme, je ne sais pas si elle aura détraqué les fonctions vitales de Rodney. Seul le temps nous le dira…

- Bien, dans ce cas allez prendre une bonne douche et allez dormir, vous en avez grandement besoin!

- Je ne peux pas, je dois d'abord attendre que le traitement soit fini.

- Je suis persuadée qu'un membre de votre équipe pourra s'en charger.

Carson leva son regard blessé vers la diplomate. Elle avait parfaitement raison, ils le savaient tous les deux. Alors, pourquoi lui cacher la vérité?

- Je préfère rester. Je vous promets d'aller me reposer lorsqu'il sera totalement hors de danger.

Weir sourit. Elle sentait bien que le médecin tenait à Rodney bien plus qu'il ne voudrait jamais l'avouer. Et elle pouvait parfaitement comprendre son sentiment d'impuissance et de culpabilité puisqu'elle y était quotidiennement confrontée. Alors s'il fallait ce genre de thérapie pour aider l'écossais à se sentir mieux, qui était-elle pour l'en priver?

- Très bien, Carson. Je repasserai donc dans trois heures. Et je ne veux pas vous voir ici!

- Promis, répondit le médecin avec un sourire reconnaissant.

Lorsque la commandante eut quitté l'infirmerie, Beckett tourna à nouveau son regard vers Rodney. Il était si pâle… il aurait pu rivaliser avec un fantôme! Mais ce n'était pas étonnant pour quelqu'un qui était branché depuis plus de six heures à une machine qui extirpe tout votre sang de votre corps pour le nettoyer.

- Oh, Rodney… je t'en prie, tu dois t'accrocher, murmura le médecin en passant sa main sur le front glacé du scientifique. Je ne pourrai pas supporter la vie sans toi, tu n'as pas le droit de m'abandonner! Et que deviendrait Atlantis sans son génie pour la sauver à toutes les semaines?

Carson s'attendait presque à voir Rodney ouvrir ses yeux et lui dire d'une voix suave et faussement sarcastique « quotidiennement, tu veux dire! ». Mais il ne dit rien. Carson se tut en fixant Rodney, un petit sourire mi-amusé mi-affligé fixé sur ses lèvres.

Carson resta un long moment à l'observer, à observer sa poitrine qui se soulevait à un rythme régulier. Rien d'autre ne venait troubler le silence de l'infirmerie… rien sauf le ronron de la machine qui fut rapidement rejoint par le bruit de sanglots étouffés.

Carson hésita, puis approcha sa main de celle de McKay, effleurant de ses doigts le dos de sa main sans vraiment s'autoriser à la toucher.

- Rodney, je t'interdis de mourir, tu m'entends? S'il te plaît, réveille-toi, réveille-toi! le supplia-t-il.

Seul face au silence de la nuit Atlante, Carson permit à sa souffrance de se manifester. Il pleura de nombreuses secondes qui devinrent rapidement des minutes.

Doucement, très doucement… il se calma. Les larmes se firent plus rares, les supplications s'éteignirent et l'écossais se releva fièrement, malgré ses yeux complètement rougis. Son instinct de médecin reprit le dessus et il débrancha l'homme qu'il aimait de la machine qui, l'espérait-il, lui avait sauvé la vie.

Puis, il appela un infirmier pour veiller sur Rodney et il quitta l'infirmerie avant que son collègue n'arrive. Il ne tenait pas à ce que tout le monde sache qu'il avait pleuré tout son saoul.

Carson se dirigea donc rapidement vers ses quartiers. Il ne prit même pas la peine d'allumer les lumières, il connaissait la pièce par cœur. Il prit la direction de sa salle de bain personnelle et actionna la douche, réglant la température de l'eau pour qu'elle soit aussi chaude qu'il puisse la supporter. Il se déshabilla rapidement et plongea sous l'eau purificatrice.

À nouveau seul avec ses pensées, il ne put les empêcher de vagabonder vers Rodney, toujours étendu inconscient dans son lit d'infirmerie. Le médecin connaissait le pronostic si le scientifique tombait dans le coma… en résumé, bien peu de chances de se réveiller.

Le praticien n'aurait jamais cru cela possible, mais son corps fut à nouveau secoué de violents sanglots. Ses jambes ne le portaient même plus. Carson se laissa glisser le long du mur lisse de sa douche et se lova en position fœtale au sol, ses larmes se confondant à l'eau chaude qui, même si elle soulageait ses muscles crispés, était impuissante à défaire le nœud d'angoisse qui nouait son estomac.

Lorsqu'il n'eut même plus assez de larmes dans son corps pour pleurer, il se sécha rapidement et s'enfouit sous les couvertures de son lit, espérant sombrer dans l'inconscience bienfaitrice du sommeil. Morphée se montra clément et, bien que son repos fut perturbé par de pénibles cauchemars, il constitua tout de même un court moment de répit.

o0O0o

Le lendemain matin, Carson se réveilla à la première heure. Il avait l'impression d'avoir passé une nuit blanche. Il se dirigea vers sa salle de bain, s'aspergea le visage d'eau froide, se pressa de s'habiller et se rendit directement à l'infirmerie, sans même prendre le temps de manger.

Il découvrit l'infirmière Finch penchée au-dessus de Rodney, en train de prendre son pouls. Le scientifique avait repris des couleurs, ce qui était encourageant.

- Bonjour, la salua Carson d'une voix enrouée.

- Oh, bonjour, docteur! Je vous attendais justement.

- Hum?

- Je crois que nous devrions faire un scanner au docteur McKay.

Beckett se figea. Un scanner. Son infirmière soupçonnerait-elle des lésions importantes? Ou, pire… un coma.

- Il ne s'est pas réveillé?

- Non, docteur, répondit l'infirmière sur un ton prudent.

- Bien, alors emmenons-le passer un encéphalogramme.

o0O0o

Deux heures plus tard, Carson était en salle de réunion avec Élizabeth, l'équipe de John et Radek. Le médecin avait une mine d'enterrement, ce qui n'était pas pour plaire aux autres membres de l'expédition.

- Je présume que vous vous doutez tous pourquoi je vous ai réuni.

John soupira bruyamment. Il ne voulait pas entendre la suite, il s'y refusait. Il s'attendait presque à ce que McKay passe la porte de la salle de réunion en s'excusant de son retard, mais que c'était pour la survie de la cité qui, comme toujours, ne pouvait continuer à tourner dans le bon sens sans lui. Il lui aurait alors lancé un pique sarcastique et Rodney lui aurait lancé un de ses regards où brillait l'espièglerie… un de ses regards qu'il ne lui réservait qu'à lui et à lui seul.

Mais le militaire devait se rendre à l'évidence : cela n'arriverait pas. Il encouragea donc le médecin à continuer son discours, car ce dernier s'était tut pour lui lancer un sourire désolé typiquement « je-sais-que-ça-va-être-difficile-mais-je-suis-avec-vous » que tous les docteurs ont lorsqu'ils doivent annoncer une nouvelle particulièrement difficile à l'entourage proche d'un patient décédé. Mais comment pouvait-il en vouloir à Carson? Rodney était aussi un de ses très bons amis… même si John doutait que Carson et Rodney n'aient atteint le même niveau d'intimité que lui et son scientifique préféré.

Le colonel secoua la tête pour ne pas penser à ce sujet sensible pour lui.

- Les analyses ont démontré que le poison est totalement évacué de l'organisme de Rodney.

Enfin des bonnes nouvelles! Et qui tombaient à pic pour lui changer les idées.

- Cependant, le scanner a montré des lésions assez importantes à son cerveau.

- Mauvais ça, intervint John presque pour lui-même.

- En effet, colonel, répondit le médecin avec un nouveau sourire compréhensif. Rodney est dans le coma.

Même s'ils ne venaient pas tous de la même planète, « coma » était un mot ayant un sens commun et qui était redouté de tous. Teyla inspira difficile, essayant de contrôler l'émotion qui la submergeait. Elle accusait difficilement le coup. Dans un geste de réconfort, Ronon posa sa main sur son épaule.

- Mais… il va se réveiller, hein doc'?

- Je n'en sais rien, colonel. J'aime à croire que l'esprit brillant de Rodney saura trouver une solution à ce nouveau problème.

À cette allusion, tous eurent un sourire. Bien qu'elle fit tout pour le cacher, Teyla avait les larmes aux yeux et, par pudeur, la jeune Athosienne détourna la tête. En silence, Radek lui tendit son mouchoir. La jeune femme le remercia d'un signe de tête et ils reportèrent leur attention sur la discussion.

- Mais j'ignore quels dégâts le venin a pu avoir sur le corps de Rodney. Je ne peux donc pas me prononcer à ce sujet. Il ne reste plus qu'à espérer et à prier les dieux auxquels vous croyez.

Teyla hocha la tête. Elle, elle le ferait.

- Bien, intervint Élizabeth qui accusait visiblement difficilement le coup elle aussi, dans ce cas je mets votre équipe en repos pour un moment, John.

Le militaire ne savait pas s'il devait en être content ou non. Il aurait aimé pouvoir se changer les idées, mais il devait être réaliste : il n'aurait pas les idées claires et il risquait de prendre des décisions dangereuses. Comme celle qui avait presque coûté la vie à Rodney. Car, oui, il savait pertinemment que tout était sa faute. Rodney le répétait souvent, il n'était pas un militaire. John s'en voulait, il aurait dû mieux le protéger, il aurait dû voir que cette planète était trop calme pour être inoffensive. Si on ne pouvait même plus se fier aux moustiques, où allait la galaxie, on se le demande!

- Quant à vous, Carson, tenez-nous au courant de l'état de Rodney.

- Oui, bien sûr.

- Bien. Je crois que nous avons tous besoin de digérer cette histoire, de prendre du recul et…

- De se reposer, oui, on connaît la chanson, la coupa John, énervé par cette passivité.

- Alors, rompez, messieurs… et mademoiselle.

Teyla accorda un sourire désabusé à la Terrienne. Puis elle lança un regard entendu à Ronon. Ils avaient tous les deux besoins de se défouler. Ils se dirigèrent donc directement vers la salle d'entraînement pour échanger quelques coups.

Élizabeth, comme à son habitude, alla s'enfermer dans son bureau. Il lui incombait la tâche de rédiger le fatidique rapport. John décida finalement de la rejoindre, voulant bien évidemment discuter de sa décision de les mettre en repos forcé.

Carson, quant à lui, fixait ses mains, perdu dans ses pensées. Il réalisa tout à coup qu'il était observé. Il releva les yeux et les plongea dans ceux du tchèque.

- Ça va aller? demanda le médecin. Vous vous en sortirez?

- En tant que scientifique, oui, comme toujours. En tant qu'ami, je vais faire de mon mieux pour tenir bon. Je crois que beaucoup ici auront besoin de soutien.

L'écossais approuva d'un hochement de tête. Leur groupe était composé de gens très sensibles. Cette expédition n'avait pas juste une valeur militaire ou scientifique, elle comptait aussi de nombreuses personnes dont les qualités humaines ne pouvaient être remises en doute.

- Et vous?

Carson leva un regard étonné vers le scientifique. Lui? Pourquoi Radek s'inquiétait-il pour lui? Savait-il? Il vit dans les yeux du tchèque que c'était bien le cas… Rodney devait bien être le dernier à ne pas s'être rendu compte de ses sentiments à son égard!

- Je crois que ça va aller… il le faut…

- Si vous avez besoin de parler, sachez que je suis là.

- Merci, Radek.

Les deux hommes se saluèrent, puis chacun partit vers son antre : Carson vers l'infirmerie et Zelenka vers son labo où il travaillait habituellement avec Rodney...

Carson y retrouva son dormeur. Il soupira, prit une chaise et s'assit pour observer longuement Rodney, priant, conjurant tous les saints et espérant.

Fin du flash back

Cela faisait maintenant trois mois que Rodney était dans un coma profond. Son état restait stable, ne se détériorant pas… mais ne s'améliorant pas non plus.

Miko, une jeune scientifique d'origine japonaise, remplaçait le docteur McKay... officiellement, c'était temporaire, mais personne n'osait dire à voix haute ce que tout le monde redoutait. SGA-1 avait repris un service actif et cela avait été bénéfique pour ses membres qui pensaient à autre chose qu'à broyer de noir.

Zelenka planchait sur son problème de cité volante. Il passait tout son temps entre son labo et le mess, où il parlait durant des heures avec Élizabeth, chacun semblant y trouver un effet thérapeutique.

Carson, quant à lui, s'occupait minutieusement de Rodney. Chaque jour, il faisait faire des étirements et des exercices au corps du scientifique pour ne pas que ses muscles s'atrophient, il le massait pour délier ses ligaments et il lui parlait sans cesse pour le stimuler.

La cité avait repris un certain rythme normal, même si quelques membres importants vivaient en suspens, en attente de savoir.

Le premier évènement significatif arriva finalement trois mois et douze jours exactement après que Rodney soit tombé dans le coma.

- Docteur! hurla un infirmier.

Carson sortir précipitamment de son bureau et aperçut le jeune homme tentant de retenir McKay. En effet, ce dernier était pris de violentes convulsions.

Beckett accourut et examina les moniteurs sur lesquels le brillant scientifique était branché. Tous les indicateurs s'affolaient.

- NON! NON!!

L'écossais sursauta.

- Bloody hell! ne put-il s'empêcher de crier.

En effet, c'était Rodney qui venait de hurler. Or, il n'était pas habituel de voir quelqu'un dans un état comateux se remettre à parler aussi subitement et aussi clairement que s'il n'était que dans un mauvais rêve.

Tout à coup et sans que l'infirmier ne puisse le retenir, Rodney s'assit droit comme un « i » dans son lit. Il agrippa la blouse blanche de Carson et l'approcha à deux centimètres de son visage. Beckett était si près qu'il pouvait voir les petites veinules mauves sous les yeux de Rodney. Le médecin plongea son regard bleu intense dans celui de Rodney. Il vit alors que les prunelles de Rodney avaient viré au noir corbeau et cette couleur semblait vouloir s'étendre sur toute la surface des globes oculaires du scientifique.

- SORTIR!!! hurla Rodney avant de retomber dans son lit.

Les capteurs des machines de survie branchées sur McKay perdirent la boussole et se mirent à sonner les unes après les autres. Les deux hommes regardaient la scène de film d'horreur se dérouler devant leurs yeux sans comprendre et sans pouvoir faire quoi que ce soit.

Puis, aussi soudainement que l'évènement avait débuté, tout s'arrêta. Les écrans reprirent des rythmes normaux et Rodney cessa d'être secoué de spasmes.

Carson regarda son infirmier qui semblait partager son incompréhension.

- Vous avez compris quelque chose à ce qui vient de se passer vous?

Son cœur battait tellement vite que Carson entendait à peine ce que son collègue venait de lui dire. Sortir? Rodney était-il prisonnier de son propre corps? Le venin avait-il agi comme un envahisseur, prenant le contrôle de la volonté du scientifique? Et que signifiaient ses yeux tout à coup noirs?

Le médecin ne trouvait pas de réponses, mais il ne put chercher plus longtemps, car une des machines se mit à nouveau à hurler un « bip » aigu et puissant.

- Il ne respire plus! s'affola l'infirmier.

- Vite, on l'intube!

Les deux hommes procédèrent à l'intubation avec dextérité et, moins d'une minute plus tard, le signal sonore se taisait.

Là, il pouvait dire que l'état de Rodney s'était détérioré…