Mon nom est Océania et je suis originaire d'un petit village dans les confins des montagnes, coincé entre une rivière chantante et une immense forêt. Mes parents sont des fermiers et nous vivions une vie heureuse jusqu'à cet horrible jour. Laissez-moi-vous conter mon histoire…
Un doux soleil illuminait le village. La période des moissons débutait et une grande animation régnait dans toutes les maisons. Je venais de fêter mon quinzième anniversaire et j'aidais les travailleurs aux champs en leur portant du vin et de la nourriture.
- Ah, Océania !!! C'est gentil de nous soutenir. Mais qu'est ce qu'une jolie fille comme toi fait toute seule ? Ne me dis pas qu'il n'y a pas un garçon qui te plaît par ici ???
Rougissante, je leur rendis un grand sourire en échange de leurs rires. J'aimais cette ambiance et j'avais l'habitude de leurs taquineries. Pour moi, ils étaient comme des grands frères.
- Voyons ! Comment pourrais-je choisir alors que je suis entourée par tant de gentils hommes ? C'est impossible.
- Ce que tu nous dis nous réchauffe le cœur et nous laisse l'espoir de te conquérir.
- Je vous laisse. Je dois aider pour la préparation du dîner.
- Fais attention en rentrant.
- Je n'y manquerais pas Sven.
Je repris mon panier et me dirigeas vers le chemin traversant la forêt. L'atmosphère était pesante, comme si une chape de plomb reposait sur mes épaules. Même les oiseaux avaient arrêtés de chanter.
- Je n'aime pas ça. Il y a quelque chose qui cloche.
CRAC !!! Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Ce craquement avait rompu le calme du lieu.
- Qui est là ? Sven ? C'est toi ?
- …
- Qui que vous soyez, montrez vous ! Ce n'est pas drôle.
La panique me gagnait. Sans plus attendre, je pris mes jambes à mon cou et couru le plus vite que je pouvais. Les premières habitations étaient toutes proches. Cette idée me donnait des ailes mais je sentais toujours ce regard pesant dans le creux de ma nuque. Enfin, j'apercevais la forge. J'étais sauvée. C'est alors que je me pris les pieds dans la racine d'un arbre et que je m'étalai de tout mon long sur le chemin.
- Aïeuuuuuu. Racine stupide !!!!
Rouvrant les yeux, je vis une ombre se projeter devant moi. Me retournant d'un seul coup, je me retrouvai face à face avec un petit homme hirsute. Il portait une grande robe maculée de taches de vin et de graisse. Dans un temps ancien, elle avait du être dans les tons bleus. Ses traits étaient émaciés et de la folie se lisait dans le fond de ses yeux. Une folie destructrice qui ne semblait pas supporter d'obstacles. En le regardant plus intensément, on pouvait discerner une aura maléfique autour de lui.
- Que voulez vous ? Désirez vous que je vous indique le chemin de l'auberge ?
Ses yeux brillaient de malveillance. Sans répondre, il leva lentement la main et une boule d'énergie se matérialisa. J'étais pétrifiée de peur. Mes jambes refusaient de bouger et je ne pouvais détourner mon regard du sien. Dans un cri bestial, il lança son attaque. Je n'eus que le temps de faire un bond de côté. La boule explosa non loin de moi.
- A l'aide !! Au secours !
Criant de toutes mes forces, je tentai de me relever et de courir vers la sécurité tant promise du village. Haletant et trébuchant, je pouvais voir l'homme me suivre lentement. Un sourire se dessinait sur ses lèvres desséchées tandis qu'il préparait une nouvelle attaque. Devant moi, je pouvais voir arriver des hommes armés de fourches mais ils ne purent rien faire quand l'attaque me heurta de plein fouet et m'envoya valser à plusieurs mètres. A moitié assommé, j'entendis un rire strident s'élever dans mon dos.
- Et maintenant, meurs !!!
Le temps ralentit. Me retournant, je me trouvai face au visage du sorcier déformé par la démence et à cette déferlante synonyme d'une mort prochaine.
- Je ne veux pas mourir. Non, que quelqu'un m'aide !
C'est à alors que je sentis une force se réveiller au fond de moi. Plus par instinct que par conscience, j'attrapai le fil de pouvoir et le lançais devant moi pour me protéger.
Une énorme explosion balaya le terrain tout autour. De la rage déformait désormais le visage de mon attaquant alors que le mien ne devait refléter que de l'incompréhension et de la peur. Je n'avais aucune idée de ce qu'il venait de se passer.
- Non !!! Je ne te laisserais pas me battre. Ah Ah Ah Ah
Cette fois, des éclairs se formèrent au dessus de sa tête. Je n'étais plus que panique. Quand ils se dirigèrent vers moi, je perdis le faible contrôle que j'exerçais sur mon pouvoir naissant. De gigantesques vagues de glace apparurent autour de moi et se ruèrent vers mon ennemi, comme des fauves sur leurs proies. Ses cris résonnèrent sous la frondaison des arbres. Des cris de douleurs et de rages. Je ne voyais rien, ébloui par les larmes. Un instant de lucidité me permit d'arrêter ce carnage. Il ne restait que des lambeaux de ses vêtements et il était recouvert de blessures. Mais il vivait toujours.
- Un jour, je te retrouverais et je te tuerais à petits feux. Tu brûleras dans les feux de l'enfer. Je me vengerais.
Il fit alors apparaître un énorme nuage de fumée et en profita pour disparaître. J'étais sous le choc et je me demandais si ce que je venais de vivre était bien réel. Me secouant mentalement, j'entrepris de me mettre debout. Mais mon corps en décida autrement. Les blessures ainsi que le soulagement gagnèrent sur ma volonté. Le paysage se mit à tourner et je fus happer vers les noirceurs de l'inconscience.
