Disclaimer : Bleach et ses personnages ne m'appartiennent pas.
Pairing : Ichigo/Rukia (implicite)
Rating : G


Ceux qu'on protège

Il haïssait beaucoup de choses mais plus que tout, plus que n'importe quoi d'autre, il haïssait ce sentiment. Ce qu'il ressentait chaque fois qu'il savait que quelqu'un pleurait par sa faute, qu'il voyait quelqu'un pleurer par sa faute. Pire encore lorsque ces larmes étaient versées par des personnes cherchant à le protéger. De quoi que ce soit.
Il haïssait ce sentiment. Impuissance et rancœur envers soi-même mêlées tout à la fois.
Et à chaque fois que cela arrivait, il l'entendait hurler au fond de lui. « Pourquoi ? » Cette voix qui ne lui laissait pas de répit lorsqu'il se laissait aller à la faiblesse. « Pourquoi ? » Il le savait bien ; il se persuadait qu'il protégeait ces personnes qu'il aimait alors que c'étaientelles qui tentaient de l'éloigner du danger. « Pourquoi ? »

Oui, pourquoi. Pourquoi malgré toutes ces larmes gaspillées par sa faute, y avait-il encore des gens désirant le protéger ? Ca n'avait aucun sens. « Pourquoi ? » Il était arrivé tellement de malheur sur sa famille, tout ça à cause de lui. Mais on continuait à prier pour sa sûreté, comme s'il était la victime et non le coupable. On continuait à pleurer pour lui, comme s'il n'y avait pas eu assez de larmes versées aux funérailles de sa mère.

Il ne voulait plus jamais qu'on pleure par sa faute. Qui que ce soit. Quelle qu'en soit la raison. Et il avait voulu devenir fort pour protéger ce but.

Mais elle avait pleuré, elle aussi. Et sa maigre confiance en sa propre force avait volé en éclats.
S'il n'avait pas vu les larmes, il les avait entendues dans sa voix. Elle le protégeait, encore, et elle pleurait.
Pour lui.
A cause de lui ?
« Je ne te le pardonnerai jamais. »
Des larmes sonores, des mots terribles, mais toujours cet écran bienveillant qu'on s'entêtait à tendre autour de lui. Comme si on voulait le tenir à l'écart du monde. Et cette idiote qui s'y mettait ! Elle allait mourir. Mourir par sa faute. Et elle le protégeait encore ! Parce qu'elle ne voulait plus l'impliquer dans le péril. Mais il y était déjà impliqué ! Il y était impliqué jusqu'à la mort ! A quoi donc pensait-elle comme sottise pour se sentir aussi coupable ? Elle le connaissait pourtant.
Peut-être justement… le connaissait-elle suffisamment pour savoir comment le tenir à distance. Et ses larmes invisibles avaient creusé un gouffre entre eux, bien plus important et difficile à franchir que le fait de se trouver à présent dans deux mondes différents.

Mais malgré le combat, le gouffre creusé et tout ce sang versé, il vivait. Il vivait malgré tout. Et il ne comptait pas vivre comme un lâche qui se serait laisser protégé par une femme condamnée par sa faute. Il ne comptait pas vivre en portant un fardeau aussi lourd.
Non. S'il vivait, c'était pour se battre. Pour se battre, pour cette promesse de ne plus jamais voir ces larmes. Ses larmes.
Il n'était pas encore assez fort ? Soit, il le deviendrait. Il parviendrait à devenir celui qui protège et pas celui pour lequel on pleure. En se jurant de ne jamais pleurer devant ces personnes qu'il désirait protéger ; parce qu'il connaissait, autant qu'il haïssait, la douleur que causaient ces larmes traîtresses. Et il souhaitait que personne ne ressente pareille souffrance à son tour.

« Je ne te le pardonnerai jamais. »
C'était à lui de dire ça, pas à elle.
Et il ne manquerait pas de le lui faire savoir lorsqu'il la retrouverait. Il le lui dirait si elle tentait encore de le protéger au péril de sa propre vie.
« Je ne te le pardonnerai jamais. »
Il le lui dirait si elle venait encore à pleurer pour lui.
« Je ne te le pardonnerai jamais. »

Mais il espérait aussi ne jamais avoir à lui dire.