Chapitre 1 : Le début de tout !

Je suppose qu'il arrive un jour où l'on ressent le besoin de faire une rétrospective sur sa vie. En regardant l'ensemble de ma vie, je peux dire que je suis comblée de ce qu'elle est actuellement. Bien sûr, elle n'est pas toute rose ni toute lisse comme on peut se l'imaginer, mais elle est à mon image, autrement dit imparfaite mais satisfaisante. A la fois réelle et irréelle. Elle est à la fois ce que je rêvais d'être et ce que finalement, je suis devenue. Il s'agit de ma vie fictive et je vais maintenant la partager avec vous.

Tout d'abord, commençons par le commencement, je suis une jeune femme dans la trentaine. Je suis de taille moyenne avec des cheveux châtains foncés et des yeux bruns. J'ai toujours été une fille standard, ni trop jolie, ni trop moche. J'ai un petit charme exotique hérité de ma mère qui était originaire de Polynésie, mais rien de transcendant sinon. J'ai des petits complexes aussi comme celui d'avoir des petits seins. Nous en parlerons plus tard. J'ai aussi quelques rondeurs que je trouve disgracieuse comme des petits bourrelets vers mon dos, ça aussi nous en rediscuterons. Je ne suis ni marié ni maman. Complètement aberrant pour beaucoup de personne qui me côtoient et le pire, c'est quand je leur réponds que je n'en ressens pas l'envie. Une véritable cacophonie se déclenche. Mais je devine que ce n'est pas ça qui vous a fait cliquer sur mon histoire. Mais plutôt celle de ma jeune moi, celle que j'étais à l'âge de 15 ans.

C'est l'âge où les amours se font et se défont et malheureusement, j'étais comme toutes les autres. C'est-à-dire une écervelée à qui une bonne paire de claques aurait été bénéfique. A l'époque je crevais littéralement d'amour pour un garçon de ma classe : Le beau Tom Jedusor. Mes pensées étaient alors extrêmement primaires, du type : « Tom et moi, moi et Tom, ce sera pour la vie ». Pour le moi d'aujourd'hui, qui commente tout ça, je me trouvais absolument guimauve, pitoyable mais aussi mignonne. Il s'agit après tout d'un moment de ma vie que je trouve particulièrement adorable, inoffensif et fondateur. Vous comprendrez bientôt pourquoi. J'avais également un regard très critique sur moi-même, je ne laissais rien passé et m'auto-flagellais volontiers. Je me fais vraiment l'effet d'une psychopathe actuellement, mais ne soyez pas trop prompt à me juger. Quand on est jeune, on fait souvent des folies et nos choix sont loin d'être judicieux, pourtant, je ne pense pas m'être autant amusée depuis ces folles années.

Et cela commença à Poudlard, l'école de sorcellerie, où j'entamais alors ma cinquième année. J'avais alors 15 ans et je venais de découvrir les effets ravageurs des phéromones adolescentes en la présence de Tom Jedusor, préfet de Serpentard. Les cours avaient commencé depuis un mois et j'étais assise dans la salle de métamorphose où Albus Dumbledore s'apprêtait à donner cours.

J'étais dans un état semi-rêveur quand j'entendis cette voix grave me saluer. Je pouvais la reconnaître parmi des centaines de voix. A la fois douce et inflexible. Me tournant vers celui qui l'avait émise, je lui répondis à peine, le fixant de mon regard brun. Le regardant s'asseoir, je ne pouvais poser sur lui que des yeux embarrassés et désolés, car mes pensées le concernant étaient loin d'être innocentes et saines. Je savais que je ne devais pas m'enticher de lui. On pourrait se demander pourquoi ? La raison était simple, car cette personne ne sait tout simplement pas que j'existe. Je ne fais pas partie de son espace-temps. Il me salue, mais il n'attend pas de moi que je lui réponde, d'ailleurs, je ne lui ai jamais donné de réponse. Et s'accrocher à cet amour non-réciproque n'aurait aboutit qu'à quelque chose de douloureux. Au moins, j'étais lucide sur ma situation contrairement à d'autres.

Je me faisais pitié à chaque fois que je le voyais. J'étais tour à tour, timide, maladroite et complètement transparente. Je le plaçais au centre de mes pensées désirant être une personne qui compte, composant une histoire d'amour, un conte de fée, terriblement mièvre. Or, cet homme n'est pas mièvre, il est beau et il dégageait une assurance que je n'ai jamais eue. Je ne lui rendais absolument pas hommage à imaginer cette pseudo-réalité qui n'existait que dans mes rêves les plus fous.

Je pose sagement ma tête au creux de ma main la dirigeant vers la fenêtre. Je peux affirmer avec certitude que regarder les premières années avoir cours de vol est un excellent moyen de se changer les idées en particulier si un préfet sexy est juste à côté de vous.

« Miss Ellington, arrêtez de pousser des soupirs à fendre l'âme à un dragon et plongez-vous dans le chapitre treize de votre manuel » me rappela à l'ordre notre professeur de métamorphose.

Légèrement honteuse, je me mis à ma lecture avec minutie sans apercevoir mon charmant voisin me jeter des coups d'œil curieux. Une fois ma lecture terminée, je me mis à scruter ma classe. Apparemment, je ne suis pas la seule à avoir finie et attendre que les autres daignent faire de même. Une fille au coin de la classe se lime même les ongles. Eh bien, elle n'a pas froid aux yeux, si le prof la chope elle est morte. Je me mis à griffonnée sur ma feuille un serpent s'enroulant langoureusement autour d'un petit blaireau. Il ne faut pas être Merlin pour comprendre mon rêve insensé. Enfin, je dois reconnaître que mon dessin est chou. Soudain, une image s'inscrit dans ma rétine et je me mets à rougir. Je m'imagine Tom en train de m'embrasser tendrement sur le front me tenant dans ses bras. Trop mièvre, définitivement. Je raye la preuve de mon fantasme d'un coup sec et plaque violemment un nouveau parchemin sur mon bureau. Aussitôt, je suis la cible des regards et en particulier celui de mon voisin. Il me regarde, je le regarde ainsi de suite pendant une minute quand je lui lâche un « Quoi !? » hargneux qui le pousse à arrêter ce contact visuel. Merde, le bonhomme en moi s'est manifesté. On repassera pour la douceur et la féminité. Je m'agace franchement pour le coup. Essayant de me rattraper, je suis malheureusement coupé par un petit « Rien » sorti de la bouche de mon correspondant qui affiche un petit sourire en coin amusé. Misère, je vais finir par perdre la vue à force de constater sa beauté. Je me retourne pour qu'il ne voie pas ma bave dégouliner sur mon menton et replonge dans mon livre pour lire le chapitre suivant. Je constate avec une certaine amertume que je me fais remarquer par mon prince charmant, mais pas de la meilleure des manières.

« Miss Ellington, Miss Ellington, du professeur à l'élève m'entendez-vous ? »

« Oui professeur, je vous entends » je réponds absente.

« Dans ce cas, résumez-moi le chapitre treize, je vous prie ».

M'exécutant, je mis exactement trois minutes trente pour dire l'essentiel de ce chapitre. L'heure touchant à sa fin, le professeur nous demanda de faire quinze centimètres de parchemin pour expliquer la différence entre la métamorphose d'objet léger et d'objet plus imposant. Prenant mes affaires, j'esquivais avec brio mes camarades pour sortir de la classe. Me laissant guider par le reste des élèves, je finis devant la grande salle. Allant à la table des Poufsouffles, je m'assis et laissa ma tête dodeliner n'importe comment. Quelle vie de misère, je pouvais presque voir mon âme sortir de mon corps et s'évaporer dans les airs. L'un de mes nombreux souhaits était souvent de disparaître sans laisser de traces comme un nuage qui se disperse au gré du vent. Malheureusement ma prière ce jour-là ne fut pas entendu, car deux gros bras me saisir et me soulevèrent de terre. Ils s'agissaient des sbires de ce cher Charles, le grand manitou de notre maison. M'amenant à ce dernier, tel un ouistiti entouré de deux gorilles, j'entendis ce macaque me dire fièrement :

« Ellington chérie, j'ai décidé que tu m'accompagnerais à la fête de Slughorn qui aura lieu dans une semaine. »

« Tu décides pour moi maintenant Charles » soulignais-je exaspéré par tant de machisme.

« Tu allais dire oui de toute façon » me signala-t-il avec évidence. « Qui ne voudrait pas après tout ».

« J'aurais pourtant aimé te donner une réponse plus officielle ».

« Vas-y, je suis prêt à la recevoir » dit-il convaincu de ma réponse.

Me rapprochant doucement, le sourire aux lèvres, je pris très vite de l'élan pour lui assener avec férocité mon genou dans les parties les plus sensibles de son anatomie. Tombant à terre, rouge coquelicot, je lui assène le coup de grâce qui le maintiendra à deux cent mètres de ma personne dans les mois à venir « Voici ma réponse. Je parie que tu la trouves percutante. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, j'ai des petites choses à faire ». L'enjambant calmement, je sortis de la grande salle sans faire attention à l'ensemble des élèves qui murmuraient dans mon dos.

Me baladant dans les couloirs sans réel but, je ne pus que constater que je m'ennuyais comme pas possible. Je piétinais déjà depuis un moment quand j'aperçue le professeur Dumbledore un peu plus loin. Ce vieux schnock était toujours en train de vagabonder dans les couloirs également. Je ne sais pas moi, il n'a pas des copies à corriger ou des collègues à enquiquiner, apparemment non. A son âge, il devrait être gaga dans un fauteuil roulant propulsé par magie. Il n'était clairement pas humain, et cette constatation se faisait plus forte chaque jour depuis que j'avais mit les pieds dans cette école. Il s'arrêta devant moi tandis que je le dévisageais recherchant chez lui des traces physiques confirmant mon hypothèse. J'accorde que ce n'est pas très poli de faire ça, mais sur le coup, je m'en foutais royalement.

« Re-bonjour Miss Ellington, le temps est magnifique n'est-ce-pas ? » Me demande-t-il gaiement.

« Bof, il pleut »

« Oui, c'est vrai… mais le soleil peut arriver d'un moment à un autre. Ne dit-on pas après la pluie, le beau temps »

« Certes »

« Je suis ravi de voir que vous commencez à positiver »

« Autant qu'une personne atteinte d'un cancer en phase terminale » glissais-je sarcastique.

« Voyons ne dites pas ça, mon enfant » me répond-il avec des yeux larmoyants.

Holà, sortons de cette fâcheuse situation tout de suite autrement, je suis bon pour avoir une thérapie : « Je plaisante professeur ».

« Voilà qui est mieux. Cependant, vous trouverez toujours, chez moi, une oreille attentive si vous avez une baisse de morale, Miss. »

« Merci, professeur » fis-je en passant à côté de lui pour continuer à arpenter les endroits les plus isolés du château. C'est au détour d'un couloir que je surpris une bande d'imbéciles accomplir leur activité préférée : asticoter Mimi geignarde. Malheureusement, ce sport semble répandu dans toute l'école et parmi toutes les maisons confondues. Mais le chef de file n'était autre que ce sale type d'Olive Hornby, un gaillard de sixième année roux et se trimbalant avec des mitaines de boxe. Je m'avançais doucement pour voir la scène de plus prêt et voir où en était la situation. La pauvre Mimi, de son vrai nom Myrtle, venait apparemment de faire tomber ses lunettes au sol et ses abrutis congénitaux étaient en train de la pousser pour la désorienter. Bien sûr, la jeune fille ne cessait de supplier ses assaillants d'arrêter et de lui rendre ses lunettes qui se trouvaient dans les mains d'Olive Hornby. C'était un spectacle pitoyable, mais c'était toujours plus sympathique que de se retrouver la tête dans les WC à cause d'une tierce personne. Pas d'inquiétude, vous saurez tout en temps et en heure. Pour le moment, il était temps d'agir, me glissant derrière Hornby, je lui pris rapidement les lunettes de mimi et me mis hors porter de sa main.

La brute rousse se retourna dans un grognement digne des hommes des cavernes et beugla :

« Ellington, rend moi ça immédiatement avant qu'il t'arrive un malheur »

« C'est plutôt toi qui devrais faire attention. Y a pas cinq minutes, je castrais Charles Studby et je ne suis pas d'humeur avec tes gamineries »

« On s'amusait, c'est tout. Hein mimi ? »

Le silence lui répondit.

« Réponds putain ! » Rugit-il en postillonnant. C'est incroyable la quantité de salive qui pouvait produire. Ce mec ne cessait de postillonner et de cracher, et cela, toutes les cinq à dix minutes. C'était un cauchemar visuel de chaque instant.

Tremblante des pieds à la tête, Mimi n'arrivait pas à décocher un seul mot à son assaillant. La tête basse, elle se mordait la lèvre inférieure et ne cessait de se tordre les doigts. Interrompant cette scène d'intimidation une nouvelle fois, j'affirmais spontanément :

« Je pense que son silence veut tout dire. Mimi suit moi, on doit causer » Je lui mis les lunettes sur le nez et lui agrippa le bras avec force, la traînant jusqu'aux toilettes du deuxième étage.

« Ellington, je …. Merci » fit-elle avec reconnaissance, mais toujours tremblante.

« Ne me remercie pas. Je n'ai rien fait sauf te sortir de ton merdier. » Maugréais-je.

« Mais… »

« Non, ne dis rien de plus. Je ne vais pas venir te sauver à chaque fois. C'est la troisième fois cette semaine et je n'ai pas que ça à faire. D'abord, comment tu t'y es prise pour finir en pleurs encore une fois »

« J'allais me rendre dans la grande salle quand quelqu'un m'a fait un croche-pied. J'ai perdu mes lunettes et ils ont commencé à m'embêter. » Couina-t-elle rapidement.

« Merde. Ce sont des gamineries vieilles comme le monde mimi. Fallait agir. Un Accio lunette et elle aurait atterri sur ton nez et hop, tu les rembarres ».

« Mais, il est interdit de faire de la magie dans les couloirs » Dit-elle d'une petite voix.

« On s'en fout de ça Mimi. On t'attaque, tu te défends. Certaines règles sont faites pour être contournées, et là, c'était le cas » répliquais-je brutalement.

« Oui », souffla-t-elle anxieusement. Je lui tapote le dos en signe d'amitié et la raccompagna devant sa salle commune, la laissant répondre seule à l'énigme du heurtoir.

Prenant la direction du château, je ne pus que constater que les brimades étaient monnaie courante dans l'école de sorcellerie. Une centaine de pauvres gosses sont enfermées dans un château pendant 11 mois. Y a de quoi être frustré et péter des plombs. En particulier quand les examens approchent. C'est durant cette période qu'il y a le plus de dégât. Quand j'étais en deuxième année, une pimbêche s'est défoulée sur moi parce qu'elle avait loupé ses Buses blanches. La harpie m'a enfoncé la tête dans les chiottes parce que selon elle, je l'aurais perturbé avant ses examens en éternuant. Bien sûr, j'ai essayé de me débattre, mais c'était un combat perdu d'avance. C'était un troll face à un chaton. Si je la retrouve cette psychopathe, je la brûle sur place. Je lui en ferais voir de toutes les couleurs. M'appuyant gentiment contre le mur des cachots, je pris un élastique à cheveux dans mon sac. Voyant le reste de ma classe arrivait, j'adressai un petit sourire à Colin, un garçon joufflu de ma classe, et sa petite amie Kim, une beauté timide.

Ce petit couple est souvent critiqué pour leur physique divergent. Mes chères camarades ne les trouvent pas bien assortis. Selon eux, un gros, ça ne peut pas sortir avec une jolie fille, c'est impensable. Bande de cons. Heureusement que Kim et Colin n'écoutent pas ces conneries. Je les regarde me rejoindre main dans la main et leur balance, taquine :

« Vous êtes collés à la glue perpétuelle ou quoi ? ».

Kim rit de bon cœur tandis que les joues rebondies de Colin se teintent de rouge.

« Jalouse ? » Me rétorque Kim espiègle.

« Oui, mon rêve secret est de sortir avec Colin ».

« Désolé, mais j'ai vu ma brioche avant » Me réplique-t-elle malicieuse. Je ricane devant le surnom et fixe Colin qui cache son visage cramoisi derrière ces mains. « Brioche ? » Mimais-je silencieusement au garçon concerné. Il acquiesce écarlate et je me mets à le questionner sur le surnom de Kim.

« Je n'ai pas encore trouvé quelque chose d'assez bien pour elle » glisse-t-il délicatement. Je souris devant son air ennuyé et me tourne vers la porte qui vient de s'ouvrir sur un homme encore plus rondouillard que Collin, notre vénéré professeur Slughorn. Je plonge directement à la première place devant le bureau du professeur. Ne croyez surtout pas que je suis un génie des potions, mais quitte à être nulle autant montrer de la bonne volonté. Je m'assois et sort tous les ingrédients utiles à la potion de ratatinage. Je regarde à ma gauche pour voir qui sera mon partenaire de potion du jour. Personne, c'est parfait. Ma réputation de catastrophe des potions me précédent. Je souris heureuse quand même et me penche sur ma petite recette. Le professeur me regarde d'un air apeuré dès que je sors ma dague en argent. Je le regarde malicieuse et assène un coup direct vers ma douce branchiflore. Hop, une bouillie. Je ricane devant mon œuvre et les gens autour de moi éloignent leurs chaudrons. Je commence à balancer les ingrédients sans aucune précaution lorsqu'une main inconnue écarte mon poignet plein de scarabée. Je lève mon regard agacé vers le perturbateur de mon art et mon cri d'exaspération ce bloc dans ma gorge. Merde, mon partenaire du jour, c'est Tom. C'est Tom. Putain. Nan, pas putain. Heureuse. Non, pas heureuse. Atterré. Oui, c'est une catastrophe. Pourquoi il se met là, zut. Je fais glisser furtivement mon poignet hors de sa paume et fixe mon regard vers mon chaudron qui a une couleur noire avec des volutes de fumé rouge. Je n'ai jamais vu ça. C'est beau. Je suis fière de moi. Je souris satisfaite et me tourne vers Tom tout sourire.

« D'accord, tu n'as pas tout ton cerveau vraisemblablement. » Je ricane une nouvelle fois et pose mon glorieux popotin sur mon tabouret et observe Tom se précipiter pour récupérer un minimum notre potion. Je le vois tourner la potion de façon frénétique et il ajoute une petite plante bleue qui permet à la potion de prendre une couleur rose lilas. Et bien, il est fort. Je le vois ensuite peser un petit tas de sable, de la poussière de crevette, je crois, et le verse dans le réceptacle qui prend alors une teinte grise métallisée. Incroyable. Je viens à coté de mon partenaire et me penche sur mon chaudron. Cette couleur métal avec des reflets roses me fait de l'œil. Je dégaine avec dextérité mon appareil photo et fige cette couleur sur le papier glacé. Magnifique, j'attends que le polaroid fasse apparaître la dite couleur et repart doucement vers mon tabouret. Je range délicatement la photo dans mon album dédié à Poudlard. Je continue de scruter un Jedusor complètement désespéré qui se dépêche de rattraper mon erreur sans pour autant réussir. Je ris dans ma barbe inexistante et mon binôme me lance un regard mi-irrité, mi-réprobateur. Détournant mon regard, mes yeux partent à la recherche de mon professeur qui interroge un élève sur son frère ainé. Ce dernier à l'air d'ailleurs pas mal gêné. Il ne semble pas savoir s'il doit se focaliser sur sa potion ou répondre avec moult détailles au professeur afin de rafler des points. Je le plains.

Point de vu de Tom Jedusor :

Sortant de la grande Salle, je pris la direction de mon cours de potion donné par le professeur Slughorn quand j'entendis le professeur Dumbledore me saluer. J'ai toujours la mauvaise impression qu'il me suit ce vieillard même quand je me trouve à des kilomètres de sa salle de classe. Poliment, je lui rends son salut espérant couper court à la question qui accompagne toujours une salutation.

« Comment vas-tu, Tom ? » Me demande-t-il calmement.

« Bien, Professeur » fis-je dans une sempiternelle réponse de ma part. Je lui offre cette réponse depuis le début de ma scolarité, il finira bien par arrêter de me poser la même question ce vieux bougre.

« Tu as cours avec le professeur Slughorn, il me semble ». Comme si tu l'ignorais vieillard. On ne me la fait pas à moi. La sénilité est peut-être proche, mais elle ne t'a pas encore atteinte.

« Oui professeur, je mis rendais d'ailleurs » soulignais-je, désireux de partir le plus vite possible.

« J'ai croisé, il y a quelques minutes ta camarade, miss Ellington ». Ignorant de qui il parlait, j'acquiesçais l'air de rien.

« Une étrange jeune fille, n'est-elle pas. » Poursuivit-il sereinement. Curieux de l'attention que porter cet amoureux des moldus à cette fille, je commençais à trier les personnes susceptibles de correspondre à cette description. L'image qui me vint en premier fut la fille grincheuse de ce matin qui m'avait aboyé dessus sans aucune raison. Il me confirma, radieux, qu'il s'agissait bien de la fille de Poufsouffle.

« Vous êtes amis ? » Poursuivit-il avec espoir.

Réprimant difficilement un rire moqueur, je lui répondis : « Non, pas franchement. Nous ne sommes pas très proches, mais nous partageons notre paillasse en DCFM et en métamorphose. Nous avons également cours de potion en commun, mais je n'ai jamais été en binôme avec elle ».

Après que le professeur est fini de discuter, je pus enfin rentrer dans la salle de potion qui avait commencé depuis quinze minutes. La pièce était remplie de volute de fumée et le professeur Slughorn me fit signe de m'installait au premier rang à côté d'une fille complètement débordé, au vu de ces mouvements frénétiques.

Je dépose sagement mon sac sur mon tabouret quand je remarque que la jeune fille en question n'est autre qu'Ellington, elle-même. Si ça continue sur cette voie, je vais finir par croire que nous sommes prédestinées. J'avance rapidement vers le chaudron quand je me fige catastrophé par le résultat de ma future potion. Mon dieu, elle est noire comme les abysses. Je regarde Ellington consternée, mais cette dernière ne me remarque absolument pas. Je la vois saisir avec horreur une poignée de scarabées qui nous emmènera droit vers l'enfer, pour ensuite l'interrompre brutalement en lui saisissant le bras. Elle est folle, elle veut nous tuer, je ne vois que ça comme hypothèse. Ce mélange va faire exploser son chaudron et répandre un acide ultra corrosif. Le visage d'Ellington pivote vers le mien et m'accueille avec un regard féroce. Nan, mais c'est le monde à l'envers, je sauve la vie de dizaine de personne, y comprit la sienne, et elle me jette un regard hostile. Elle ne doit pas avoir toute sa tête actuellement. Tiens, voilà qu'elle me sourit de toutes ces dents maintenant. C'est qu'elle me donne des frissons la gamine. Je lui lâche la main précipitamment pendant que cette kamikaze des potions part gentiment s'asseoir sur son tabouret.

Me laissant, le champ libre, je décide alors de rattraper cette potion maudite afin d'obtenir un acceptable d'ici la fin du cours. Mais honnêtement, je pense être plus proche du Troll que de la note que j'espérais. Je commence à regarder la paillasse de ma partenaire et remarque des yeux de tritons découpés ainsi que des feuilles de mandragore. Je mets donc les deux ingrédients afin de contrer les effets corrosifs de la potion et commence à agiter la potion pour la rendre moins grumeleuse. Je poursuis en mettant une plante de couleur bleutée et je rajoute de la poudre de scorpion pour éclaircir la mixture. La potion prend alors une couleur grise argentée au reflet rose lilas. J'ai presque rattrapé la bêtise de mon binôme, mais la couleur n'est pas encore blanche nacrée comme elle est signalée dans le manuel. Misère, qu'a-t-elle mit dans la potion pour que quoique je fasse le mélange garde cette couleur. J'arrête ma diatribe mentale quand je perçois à mes côtés ma partenaire fascinée par la potion. Elle fait surgir dont ne sait où un appareil photo et elle mitraille le contenu de son chaudron. Moi qui espérais son aide, je vais devoir me faire une raison et conclure définitivement qu'elle est folle, et cela, de manière irrémédiable.

Et dire que quelques minutes plus tôt, je l'avais classé dans la catégorie « fille insipide ». Elle correspondait parfaitement à cette classification du sous-genre femme qui peuple les couloirs de Poudlard. Elle paraissait être une jeune fille timide, polie quoiqu'un peu revêche. Et maintenant, je me retrouve à la changer radicalement de classe pour celle des « Grandes tarées à ne pas approcher ». Elle est clairement instable voire totalement psychopathe. Je ne sais pas si s'est intentionnel, mais je l'entends ricaner depuis un moment tout en me regardant. Je la regarde agacer par son comportement et me remets à associer divers ingrédients pour sauver cette potion. Je n'arrive pas à y croire, elle me met dans la merde et après elle pouffe de rire. Je la vois délicatement tourner son regard vers un jeune homme. Pour, ensuite, esquissait un sourire affectueux.

Et voilà, que maintenant elle se met à baver sur un rondouillard qui est déjà en couple avec l'une des filles les moins connes qui peuplent cette école. Misère de misère, mais comment je vais faire pour ne pas me planter et avoir ma première mauvaise note de toute ma scolarité. Jamais je ne lui pardonnerais. Elle devra crever de ma main pour payer l'affront qu'elle me fait subir. Je vais être la risée de la classe, faisant chuter ma réputation de préfet parfait et d'élève extraordinaire.

Doucement, je vois le professeur se pencher sur chaque chaudron se rapprochant inexorablement du notre. Ma carrière d'élève major de sa promotion va maintenant se finir ici, à cause de cette bécasse de Poufsouffle. Voulant lui jeter un regard lui promettant mille souffrances, je dirigeais ma tête vers la position où elle se trouvait une minute plus tôt. Disparue. Elle n'était plus là. Scrutant l'ensemble de la salle de classe, je la vis à côté du tableau dans l'armoire de Slughorn. La voyant regagner sa place près du chaudron, je me tournais vers le professeur Slughorn, qui arrivait dans exactement 20 secondes. Fermant les yeux pour ne pas voir sur son visage un air déçu, j'entendis soudain un pop suivis d'un petit pouffement ravi. Rouvrant hâtivement les yeux, je ne pus que constater que la psychopathe venait de verser dans la potion un autre ingrédient et que miraculeusement la potion venait de prendre la teinte souhaitée. Restant bouche bée, je n'entendis pas le professeur Slughorn vanté mes mérites et accorder vingt points à Serpentard et me remercier d'avoir fait équipe avec Miss Ellington. Je ne pouvais que clouer mon regard sur le visage serein d'Ellington qui regardait paisiblement son Album photos. Mais comment, diable ?! Mais qui est cette fille !