Je me possède aucun des personnages des livres ou des adaptations cinéma
Une histoire de Thranduil de la bataille de Dagorlad (dont le déroulement a été influencé par de très belles illustrations croisées sur internet de fanart) à la rencontre avec celle qui sera son épouse.
Finalement, nous ne savons que peu de chose sur l'histoire de Thranduil. J'ai donc essayé de retracer le moment où il fait face à la mort de son père et à la perte d'une grande partie de ses soldats. Une perte qui va influencer le caractère du personnage et qui m'a permis d'introduire son épouse qui n'est jamais évoqué dans les livres.
En espérant que cela vous plaise.
Bonne lecture
L'histoire d'un roi
Le Mal était partout, Sauron avait comme ambition de dominer le monde et ce n'était pas quelques elfes et des hommes qui allaient l'arrêter… Les troupes s'étaient massées dans les pleines de Dagorlad. La bataille était proche et inévitable. Tout le monde se préparait. Mais dans le clan des elfes, tout ne se passa pas spécialement bien et Oropher, dont le caractère sanguin n'était plus à démontrer, décida de ne pas suivre les ordres de Gil Galad, arguant qu'il était roi et que ce dernier n'était pas au dessus de lui. Gil Galad n'appréciait guère les elfes sylvains et il se moqua bien de la crise du roi de leur roi, même si cette dernière pouvait être justifiée. Il maudit donc les elfes des bois pour leur arrogance, leur disant de se débrouiller seuls s'ils pensaient faire mieux et c'est ce que fit Oropher, précipitant le siens dans le malheur.
Désireux de montrer, qu'ils n'étaient pas des sous-elfes et que ses hommes valaient les plus grands guerriers de la Terre du Milieu, Oropher fit mener la charge avant même que Gil Galad n'ordonne aux siens de se lancer à l'attaque. Mais, Oropher avait sous évalué la puissance et le nombre de leurs adversaires. Dans le fracas assourdissant de la bataille, les elfes sylvains se heurtèrent à un mur d'orcs cruels et biens mieux équipés que ces derniers. Les guerriers d'Oropher était habiles, mais les orcs bien plus nombreux et leur nombre compensait facilement leur manque de tactiques de combat.
Le combat fut violent et brutal. Dans la mêlée, Oropher tomba face à un orc impressionnant par sa taille qui le dévisagea de son regard cruel. Ce dernier sourit avant de se mettre à affronter le roi des elfes, lui disant que sa tête serait un magnifique trophée. Mais, Oropher ne se laissa pas impressionner et le roi attaqua l'orc monstrueux. Le duel fut aussi acharné que le reste des combats. Oropher sentait la rage monter en lui au fur et à mesure qu'il comprenait que ses hommes étaient en sous nombre et que nombreux était ceux qui étaient en train de périr sous les coups de leurs adversaires. Tout en combattant il rechercha la longue chevelure blonde pâle de son fils et il fut heureux de le voir encore debout sur ses jambes. Thranduil tournoyait avec une grâce qui lui était propre. C'était un excellent guerrier qui faisait la joie de son père. Oropher se re-concentra donc sur son combat. L'une de ses charges déstabilisa son ennemi qui mit un genou à terre. Oropher sourit, s'apprêtant à l'achever lorsqu'un trait fendit l'air et se planta dans l'épaule droite du roi, transperçant son armure. Oropher tituba en gémissant. Il tenta de serrer les dents, levant son épée lorsqu'une deuxième flèche le frappa à la taille. Cette fois, il bascula, tombant à son tour à genoux devant son ennemi qui le regarda d'un air mauvais avant d'empoigner son épée. Oropher leva la sienne pour tenter vainement de se protéger mais, la lame de l'orc repoussa l'épée de l'elfe et pénétra de face dans la poitrine du roi qui poussa un gémissement de douleur avant de s'effondrer en avant. Avec un sourire d'excitation sadique, l'orc arracha son arme du corps du roi des elfes sylvains en souriant.
- Tu as perdu roi des elfes.
Il s'apprêtait déjà à le décapiter lorsqu'une lame fut plus rapide que la sienne. La tête de l'orc fut projetée et son corps s'effondra sur le sol en émettant des gargouillis. Oropher leva la tête vers son sauveur, croisant les yeux terrifiés de son fils qui se jeta à ses genoux avec angoisse.
- Adar ! (Père !)
Les yeux du père et du fils se croisèrent une nouvelle fois. Oropher vacilla et s'effondra en avant en gémissant. Thranduil poussa un grand cri de désespoir en le rattrapant avant qu'il ne s'effondre totalement sur le sol.
- Non ! Adar !
Ses bras s'enroulèrent autours de lui et il le serra contre sa poitrine en frémissant. Il y avait tellement de sang. La main du prince se plaqua sur la large plaie à la poitrine de son père tout en sachant que son geste était dérisoire. Il allait mourir et cette simple constatation suffit à le faire frémir une nouvelle fois.
- Adar !
Les yeux d'Oropher s'ouvrirent et le roi des elfes sylvains laissa échapper un faible gémissement. Son regard voilé balaya le visage triste et effrayé de son fils et s'arrêta sur ses larmes.
- Ne pleurs pas…
- Adar…
- Tu as une bataille à mener… Ne pleurs pas…
Du sang tâcha les lèvres d'Oropher, finissant de faire comprendre à son fils que l'issue ne pouvait pas être heureuse.
- Je vous en prie Adar… Tenez bon !
- Je… vais mourir… Gagne cette bataille !
- Non !
- Cesse de pleurer et protège les nôtres… Tu vas devenir leur roi, montre leur que tu en es digne ! … Ne pleurs pas !
Oropher frémit et ses yeux se fermèrent lentement, provoquant un sentiment d'impuissance qui fit frémir son fils.
- Adar !
Le jeune prince était de plus en plus bouleversé par la l'agonie de son père. Oropher avait toujours été un père dur, élevant son fils pour qu'il devienne un guerrier redoutable et un chef de guerre qui serait craint et respecté. Les preuves d'amour paternel étaient rares, pourtant Thranduil aimait profondément son père et le sentir mourir dans ses bras lui déchirait le cœur en deux. Il aurait aimé pouvoir l'écouter… Il aurait aimé ne pas pleurer, mais c'était si compliqué… Il l'aimait… Il ne voulait pas le perdre… Les combats avaient déjà été nombreux… Les pertes dures à surmonter et avec la mort de son père, Thranduil se retrouverait seul… Il ne voulait pas se retrouver seul. Alors, il le serra plus fort dans ses bras et tenta d'ignorer ses larmes pendant qu'il murmura d'une voix brisée.
- Je vous en prie, ne me laissez pas seul !
Les yeux d'Oropher s'ouvrirent une nouvelle fois et il observa son fils avec l'air dur qu'il prenait lorsqu'il avait des remarques désagréables à lui faire.
- Gouverner c'est être seul ! Soit fort pour les nôtres… Ne pleurs pas tout de suite… Tes larmes ne seront nécessaires que lors de mes funérailles quand notre peuple partagera ta peine !
Thranduil frémit. Comme il aurait voulu pouvoir faire cesser ses larmes, comme il aurait voulu ne pas décevoir son père alors qu'il était en train de mourir mais, le jeune prince était bouleversé et il ne parvenait pas à les retenir.
- Je vous aime… Ne me laissez pas… Adar…
Mais cette fois, le roi était arrivé au bout de ses forces. Un dernier gémissement s'échappa de ses lèvres avant que son corps ne se détende brutalement, arrachant un dernier cri de douleur à son fils qui se pencha en avant pour le serrer plus fort contre lui, déposant sa tête au creux de son cou avant que ses sanglots ne se fassent plus forts.
- Adar… Pardon… J'aurais dû vous protéger… Adar…
Tout à sa peine, le jeune prince fini de s'effondrer, serrant dans ses bras le corps sans vie de son père en oubliant le combat qui continuait à faire rage autours d'eux… Comme si tout cela n'avait plus d'importance.
...
Du haut de la colline, Elrond observait le combat des elfes sylvains avec angoisse. Le seigneur d'Imladris voyait bien que l'affrontement était mal engagé et que les elfes sylvains perdaient des hommes et du terrain. A chacune de leur perte, son cœur se serrait en pensant à son ami… son meilleur ami… presque son frère qui était en train de lutter là-bas… Son regard se posa sur Gil Galad. Le haut-roi des Noldor semblait imperturbable, totalement hermétique au drame qui était en train de se jouer. Un frémissement parcouru Elrond, comment pouvait-il accepter de laisser périr des elfes pour une simple dispute de chef ?
...
Sur le champ de bataille, Thranduil serrait toujours son père dans ses bras lorsqu'une voix lui parvint.
- Ernil nìn ! (Mon prince !) Nous avons besoin de vous !
Le jeune elfe redressa la tête, découvrant l'un de ses capitaines qui le regardait avec angoisse.
- Glordrim ? Mon père est mort…
- Nous le pleurerons de tout notre cœur avec vous mon prince, mais nous avons besoin de vous…
Le regard de Thranduil balaya les combats. Les elfes sylvains se battaient avec courage, mais cela ne suffisait pas. Glordrim avait raison. Ils avaient besoin de quelqu'un pour les encourager à se battre. Alors, le prince déposa doucement le corps de son père sur le sol et ses doigts se refermèrent sur son épée. Il se releva en chancelant un peu et redressa sa haute silhouette. Sa main se posa sur l'épaule de son capitaine et il lui murmura.
- Allons combattre… Si nous devons mourir, que les orcs se rappellent à jamais du courage des nôtres.
Les deux elfes plongèrent donc de nouveau dans la bataille.
...
Elrond traversa le rang des elfes et vint se planter devant Gil Galad qui regarda son héraut avec un air étrange.
- Quelque chose ne va pas ?
- Nous devons attaquer. Les elfes sylvains sont acculés. Ils ont besoin de notre aide.
- Visiblement ce n'état pas le souhait de leur roi.
- Mais ils combattent seuls et…
- Oropher a fait son choix, le coupa sévèrement Gil Galad. Il a voulu gérer seul, qu'il en paie les conséquences !
- Mais ils sont en train de se faire massacrer ! Nous devons les aider !
- Je ne mettrais pas mes hommes en danger pour venir en aide à la mégalomanie d'un roi irresponsable.
Il y avait tant de fermeté dans sa voix. Elrond frémit et tenta de lutter contre ses émotions.
- Mais ce sont des elfes mon seigneur et ils sont en train de mourir.
- Ce ne sont que des elfes sylvains !
- Avec tout le respect que je vous dois, leurs vies vaudraient moins que les nôtres ? Demanda Elrond profondément touché par la froideur qu'il sentait chez le roi.
Gil Galad ne répondit pas, mais son regard de plus en plus sévère fini de glacer le sang d'Elrond.
- Je vous en supplie ! Mon meilleur ami… Mon frère est là-bas… Je ne peux rester là en me disant qu'il est en train de lutter pour survivre et que je ne vais rien faire pour l'aider.
- Je n'irais pas aider un roi aussi irresponsable et je vous suggère d'apprendre à mieux choisir vos amis !
Elrond frémit. Il y avait tant de violence dans ses propos.
- Vous ne ferez donc rien ?
- Non, nous avions planifié une charge coordonnée. Je ne mettrais pas mes hommes inutilement en danger. Nous lancerons l'attaque lorsque tout sera prêt.
- Mais combien seront morts d'ici là ?
- Vous demanderez à Oropher, en espérant que votre ami ne soit pas parmi eux.
Gil Galad se détourna de son héraut, mettant un terme à la conversation. Un long frisson parcouru l'échine d'Elrond pendant qu'il se retourna vers ses propres guerriers.
...
Dans le fracas de la bataille, Thranduil tentait de diriger ses hommes. Le prince des elfes sylvains voyait bien qu'ils perdaient peu à peu du terrain et qu'ils étaient en train de se faire massacrer. Il savait qu'il ne devait pas rester ici s'il voulait en sauver quelques uns, mais ils étaient acculés et leur situation risquait de devenir de plus en plus compliquée.
Des orcs chargèrent sur la droite, repoussant violemment deux soldats elfes qui percutèrent leur prince. Thranduil bascula. Il tenta de se rattraper mais, il tomba lourdement au sol. Un peu sonné, il ne vit pas un orc monstrueux brandir sa lourde lame au dessus de sa tête. Lorsqu'il s'en avisa, il tenta de se protéger mais, il était presque trop tard. Le coup repoussa la lame de l'elfe qui tenta de se redresser, mais son adversaire le toucha à gauche de la poitrine, sous l'épaule. La pointe de son arme s'enfonça profondément dans son torse, faisant résonner le craquement de ses os brisés sous l'impact. Thranduil vacilla, mais le jeune elfe parvint à reculer pour ne pas se faire totalement embroché. Il gémit pendant que sa vue se fit floue. L'orc ricana et brandit une nouvelle fois sa lame en souriant.
- Ainsi périt la lignée des elfes sylvains ! D'abord le roi, ensuite le prince ! Ricana-t-il en abattant sa lame une nouvelle fois sur Thranduil.
Ce dernier bondit sur la droite, mais l'orc repoussa de nouveau sa lame et son arme frappa le jeune elfe au ventre, entaillant fortement sa chair. Thranduil frémit et chancela, tombant à genoux sur le sol pendant que sa main se portait à cette nouvelle blessure. L'orc ricana et brandit une troisième fois son épée en s'exclamant tout en riant.
- Adieu mon prince !
Il abattit violemment son épée sur Thranduil, mais une forme se jeta entre les deux et son arme transperça le corps d'un autre elfe dont le sang éclaboussa Thranduil, toujours à genoux sur le sol.
- Non, murmura avec impuissance ce dernier en voyant le corps de Glordrim tomber à ses pieds.
Il tendit la main vers son ami, mais comprit qu'il était déjà mort… qu'il venait de se sacrifier pour lui sauver la vie… Une rage terrible remonta en Thranduil. Le jeune prince rassembla ses forces et poussa sur ses jambes pour se relever. Il gémit et tout son corps lui fit mal mais, il ne pouvait pas abandonner aussi facilement. L'orc le chargea mais, le jeune elfe, dans un sursaut de rage parvint à l'éviter et lui trancha la gorge d'un mouvement sec. L'orc émit un étrange gargouillis et tomba à ses pieds. Thranduil fut parcouru par un tremblement. Il n'allait pas bien. L'elfe avait du mal à respirer et sa vue se faisait floue mais, il ne pouvait pas abandonner, pas tout de suite. Sa main gauche se plaqua sur sa blessure au ventre et il reprit le combat tout en hurlant à ses hommes.
- Nous devons nous replier !
Certains comprirent les ordres de leur prince et tentèrent de mener la manœuvre. Deux orcs en profitèrent pour attaquer Thranduil. Ce dernier tenta de lutter mais ses forces le quittaient de plus en plus. Il chancela et glapit doucement lorsqu'une lame lui entailla le bras gauche. Alors, il hurla de nouveau à ses hommes avant de s'écouler à genoux.
- Il faut se replier !
Thranduil gémit. Il se sentait de plus en plus mal. Un frémissement le parcouru. Il allait mourir là, comme son père… Mais il lutterait jusqu'au bout et, en puisant dans ses dernières forces, il parvint à venir à bout de ses deux adversaires en les embrochant par en dessous, mais cela fini de brûler ses dernières forces. Le jeune elfe frémit et tenta de reprendre sa respiration, mais c'était si difficile. Son regard fut attiré par les elfes de Gil Galad, là haut, sur la colline… Des elfes qui les regardaient se faire massacrer sans venir les aider.
- Pitié… Nous avons besoin d'aide… Murmura-t-il doucement en luttant contre l'inconscience qui tentait de le vaincre.
Ce fut à ce moment qu'une masse sombre se planta devant lui, le forçant à redresser la tête pour découvrir un orc monstrueux qui lui souriait. Ses doigts se refermèrent sur son arme, même si le jeune homme savait déjà qu'il n'avait plus la force de repousser ce nouvel adversaire. Il perdait trop de sang, il avait trop mal. L'orc allait le frapper lorsqu'un elfe bondit sur la droite et le transperça. L'orc s'effondra sur le sol. Thranduil gémit et se pencha en avant. La douleur était de plus en plus insupportable. Son corps fut parcouru par de légers tremblements. Le goût du sang lui remonta dans la bouche et il toussotât doucement pendant que sa vue se fit de plus en plus floue. Il avait tellement de mal à respirer. Le champ de bataille se mit à tourner et il se serait écrouler si quelqu'un ne l'avait pas agrippé fermement par les épaules pour le retenir.
- Thranduil !
Le prince elfe redressa péniblement la tête, croisant le regard sombre de l'homme à genoux devant lui. Un certain étonnement se lut sur son visage pendant qu'il se remit à toussoter avant de murmurer d'une voix presque éteinte.
- Elrond…
Le seigneur de Fondcombe, observa le sang tâcher les lèvres de son ami et frémit en pressant plus fort ses épaules.
- Oui.
- Qu'est ce que… vous faites là ?
Chacun de ses mots étaient plus difficile à sortir que les autres. Thranduil se sentait si mal.
- Je ne pouvais pas vous abandonner gwador nìn… (mon frère : dans le sens de frère d'armes et pas frère de sang)
- Vous… avez désobéi ?
- Oui, répondit Elrond. Où est votre père ?
- Il… Il est mort, répondit doucement Thranduil en frémissant. Dans mes bras… Je n'ai rien pu faire…
- Non ! S'exclama Elrond, touché de n'avoir pas pu intervenir avant pour éviter un tel drame.
Thranduil gémit et fini de s'écrouler vers l'avant. Elrond le rattrapa, l'allongeant dans ses bras avec une certaine inquiétude.
- Thranduil !
Mais le prince elfe, arrivé au bout de ses forces, venait de perdre connaissance dans les bras de son ami. Elrond frémit et ses doigts effleurèrent sa joue recouverte de sang pour décoller quelques unes de ses mèches blondes.
- Courage mon ami… Je suis là…
Elrond ne savait pas si ces mots d'encouragement étaient destinés à son ami inconscient ou à lui-même car ses yeux ne pouvaient se détacher de son corps en sang… Il y en avait partout… Sur son torse, son visage, ses cheveux… Elrond frémit et glissa ses doigts dans son cou, ressentant un profond soulagement en sentant son pouls battre sous ses doigts, car il refusait de n'arriver que pour le voir mourir dans ses bras.
- Il faut s'accrocher… Je suis là…
...
Avec une infinie précaution, Elrond allongea le corps de Thranduil sur son lit dans la tente de commandement des elfes sylvains. Son regard se posa sur le lit en face sur lequel des guerriers avaient déposés le corps de leur roi, mort au combat. Elrond frémit, bien qu'encore en vie son ami faisait presque aussi pâle. Sa respiration était difficile. La plaie sous l'épaule lui avait brisé des côtes et perforée le poumon, il se noyait lentement dans son sang. Elrond posa sa main sur sa joue et frémit tout en murmurant.
- Allez, il faut s'accrocher… Je suis là mon ami.
Thranduil finissait de nouer un solide bandage autour de la poitrine de son ami lorsque la porte de la tente fut soulevée et que Gil Galad entra avec un air sombre. Elrond lui jeta un coup d'œil et se redressa comme pour se mettre au garde à vous devant le haut-roi Noldor.
- Désobéir devient une habitude, dit le roi en posant son regard sur Thranduil, toujours inconscient.
- Ils étaient en train de se faire massacrer.
- Oropher avait fait son choix.
- Et il l'a payé de sa vie, répondit Elrond.
Gil Galad tourna la tête vers la dépouille du roi des elfes sylvains.
- Chacun de nous doit assumer ses choix.
Elrond ne répondit pas mais de l'inquiétude se lut sur son visage lorsqu'il entendit Thranduil gémir doucement.
- Et lui, comment il va ? Demanda Gil Galad sur un ton plus doux en observant le prince blessé.
- Ses blessures sont graves, répondit Elrond, et j'ai peur que les lames aient été empoisonnées.
Gil Galad soupira et se laissa tomber assis sur le bord du lit. Ses doigts serrèrent la main du jeune elfe blessé.
- Courage mon garçon.
Elrond sentit une profonde empathie envers son ami et se détendit un peu. Gil Galad posa une main sur la joue de Thranduil, faisant appel à sa magie pour tenter de le soulager.
- Il est si faible.
- Je sais aran nìn (mon seigneur)…
- Puisse ma magie te soulager un peu mon enfant… Tiens bon…
Gil Galad laissa sa main sur la joue de Thranduil pour continuer de tenter de l'aider tout en tournant la tête vers Elrond.
- Pourquoi les guerriers de Vertbois préparent leurs affaires au dehors ?
- Les elfes sylvains ont subis de telles pertes qu'ils ont décidés de se retirer du champ de bataille pour pleurer leur roi et panser leurs plaies… Je… Je vais les raccompagner… Il a besoin que je prenne soin de lui pour avoir une chance de rentrer en étant toujours en vie.
- Vous quittez le combat ?
- Notre ennemi s'est replié en Mordor, le siège commence. Je serai de retour avant la fin. Lindris prendra la tête de mes hommes pendant mon absence mon roi.
Gil Galad observa fixement son héraut pendant quelques secondes avant d'hocher la tête.
- Très bien… Prenez soin de lui… Il serait regrettable que la lignée des rois meure pour un excès de leur souverain.
- Je vais faire tout mon possible pour le sauver, il est plus qu'un simple ami, lui répondit Elrond d'une voix sourde.
Gil Galad hocha la tête et pressa la main du jeune elfe inconscient, tentant toujours de le soulager.
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Elrond jeta un léger coup d'œil par la fenêtre. C'était l'une des rares ouvertures qui donnait sur l'extérieur et elle donnait sur une falaise à l'à-pic impressionnant. Plusieurs centaines de mètres plus bas, une rivière bouillonnante venait se jeter contre la muraille de pierre. Elrond trouvait cela beau et impressionnant à la fois. Lui qui était habitué à Fondcombe et à la Lorien avec leurs arbres millénaires avait toujours été impressionné par la cité souterraine des elfes sylvains. Cela semblait si peu naturel que des elfes vivent sous terre et pourtant il y avait une telle harmonie dans le dédale des couloirs de la cité. Elrond perdit son regard sur l'horizon et fut tiré de ses rêveries par gémissement de douleur.
Le seigneur d'Imladris frémit. Il n'était pas là pour visiter la cité ou admirer son architecture. Il fit rapidement demi-tour vers l'intérieur de la pièce et se laissa tomber sur le bord du lit dans lequel reposait Thranduil. Le jeune prince des elfes des bois était toujours inconscient. Sa peau trop pâle était recouverte de sueur et son corps était parcouru par des crispations qui n'annonçaient rien de bon. Elrond trempa un linge dans une bassine d'eau et essuya le visage de son ami dans une veine tentative pour le soulager. Son regard s'attarda sur ses lèvres trop blanches. Il n'allait pas bien, cela était une certitude et le seigneur d'Imladris en était bouleversé… Il ne supportait pas l'idée de se retrouver impuissant devant la longue agonie de son meilleur ami. Guérir ses plaies était une chose mais, vaincre le poison qui s'était répandu dans ses veines en était une autre…
Thranduil frémit et se cabra en gémissant de douleur. Elrond attrapa sa main et la pressa tout en lui murmurant des encouragements en elfique. La douleur était de plus en plus importante. Il avait tellement peur qu'il ne meure.
- Courage mon frère.
Sa voix était légèrement tremblante, montrant l'angoisse qui l'étreignait de plus en plus. Thranduil se cabra une nouvelle fois et, en gémissant, il entrouvrit les yeux. Elrond se redressa pour se pencher sur lui.
- Hey ! Mellon nìn ! (Mon ami)
Thranduil continua à gémir de douleur et se cabra. Elrond comprit qu'il se sentait mal et plaqua ses mains sur sa poitrine pour lui faire comprendre que tout allait bien.
- Thranduil !
L'elfe blond gémit et tenta de repousser les mains de cet homme qui tentait de le maintenir avant de reconnaître les intonations inquiètes de ma voix qui était en train de lui parler.
- Elrond ?
- Oui, c'est moi !
Thranduil sembla se calmer un peu même s'il gémit de douleur. Ses mains s'accrochèrent à celles de son ami comme a une bouée et Elrond le laissa faire, pressant doucement ses doigts.
- Où sommes-nous ?
- Regardez autour de vous mon ami, nous sommes chez vous.
- Ma vue est floue, murmura faiblement Thranduil avant de gémir une nouvelle fois.
- Vous êtes chez vous…
- Mais comment…
- Vos pertes ont été conséquentes. Moins d'un tiers de vos guerriers est rentré. Je suis tellement désolé de ne pas avoir pu vous venir en aide avant. Vos hommes voulaient panser leurs plaies et pleurer leur roi.
- Les funérailles… Murmura faiblement Thranduil. Je dois présider les funérailles…
Thranduil tenta de se redresser en gémissant de douleur mais Elrond le plaqua doucement dans son lit.
- Non, ne bougez pas. Vous êtes trop faible.
- Cela n'a pas d'importance, je dois m'occuper des funérailles de mon père.
- Vos gens l'ont fait pour vous mon ami… Il y a longtemps hélas qu'elles sont finies.
Le jeune prince paru surprit et un peu perdu.
- Comment cela ?
- Thranduil, cela fait plus de huit jours que je lutte contre les poisons qui vous ronge.
- Huit jours ?
- Oui… J'ai tellement eu peur de vous perdre… Je suis si heureux de vous voir éveiller.
- Mais comment ai-je pu ne pas être là pour les funérailles de mon père ?
- Vous étiez gravement blessé mon ami, presque mort... votre peuple le sait et personne ne vous en tient rigueur.
- Ça c'est ce qui est dit en votre présence.
- Non… Ils sont tous si inquiets.
- Vous êtes sûr ?
- Oui…
Thranduil hocha la tête avant de se mettre à gémir de douleur en murmurant péniblement.
- J'ai tellement mal.
- Ça vient des poisons. Ils sont violents et je les connais mal. Mais buvez ceci, dit Elrond en prenant une coupe posée sur la table de nuit à côté d'eux. Cela atténuera vos douleurs.
- Hantale (merci).
- C'est normal mon ami.
Elrond aida Thranduil à se redresser un peu avant de porter la coupe à ses lèvres. Le jeune prince frémit et bu le liquide à petite gorgée, tentant de maitriser les douleurs qui lui coupaient en deux.
- Bien, maintenant il faut fermer les yeux et s'endormir.
- J'ai tant de choses à faire…
- Je n'en doute pas mais pas dans cet état mon ami.
- Pourtant, je…
- Thranduil, vous êtes tellement faible… Votre corps a besoin de repos pour se remettre.
- Mon père est mort Elrond.
- Iston (je sais)…
- Tant de choses doivent être faites.
- Je le sais aussi mais je refuse que cela se fasse au détriment de votre santé… Votre peuple pleurs encore son roi, ne le forcez pas à pleurer son prince. Vous avez besoin de repos.
- Qu'en est-il de la lutte contre Sauron et ses armées ?
- L'armée unifiée assiège le Mordor en ce moment même.
- Comment cela se fait-il que vous n'y êtes pas ?
- Votre vie était en danger. Vous aviez besoin de soin et d'un guérisseur pour regagner votre cité en vie.
- Vous êtes partit pour moi ?
- Il y avait de l'émotion dans la voix du jeune prince et son ami se pencha sur lui pour murmurer en réponse.
- Bien sûr mon ami. Je suis intervenu alors que Gil Galad voulait attendre, je n'allais pas vous regarder mourir de vos blessures sans rien faire pour vous aider.
- Hantale.
- Non, il ne faut pas me remercier. Cela est normal mon frère… Vous le savez bien.
- Oui mais votre loyauté vous honore, murmura Thranduil avant de se cabrer de douleur.
Ses gémissements perdurèrent et le jeune elfe manqua de peu de perdre connaissance. Il avait tellement mal. Elrond frémit à son tour et se pencha sur son ami pour essayer de l'encourager. Il pressa doucement sa main et lui murmura des mots apaisants en elfique. Thranduil les entendit mais la douleur était si violente. Il avait du mal à respirer. Ses muscles semblaient être pris de spasmes incontrôlés. Il entendit bien la voix de son ami au loin qui tentait de le retenir mais, un voile de douleur fini de l'entourer et il perdit connaissance. Elrond l'observa perdre de nouveau connaissance avec angoisse. Il allait mieux, mais son état était encore tellement précaire. Il déposa doucement une main sur son torse et l'autre sur sa joue, qu'il caressa du pouce sans dire un mot. Ce fut à cet instant que la porte de la chambre s'ouvrit et qu'un elfe entra avec un air gêné.
- Excusez-moi de vous déranger aran nìn, je voudrais savoir comment va le prince.
- Il est faible… Il a reprit connaissance mais son corps a encore besoin de repos.
- Quand pensez-vous que nous pourrons le voir ?
- Pas avant plusieurs jours.
Elrond perçu une certaine gêne chez l'elfe et se leva du lit en fronçant les sourcils pour marquer son agacement.
- La vie de votre prince a-t-elle si peu d'importance que vous soyez prêt à lui demande de se lever de ce lit alors qu'il est incapable de respirer ou de bouger sans souffrir.
- C'est que… certains commence à…
- Faites les taire, c'est votre rôle. A moins que vous préfériez que je m'en charge !
- Non aran nìn. Je vais leur dire que notre prince a besoin de repos.
L'elfe sortit un peu précipitamment de la chambre. Elrond le suivi du regard avant de revenir s'asseoir sur le bord du lit de son ami dont il prit la main dans la sienne en soupirant.
- Les coutumes des elfes sylvains sont en rien comparables aux nôtres mais dormez mon ami, reprenez des forces… Je veille sur vous… Je resterais à vos côtés tant que vous en aurez besoin.
Toujours inconscient, Thranduil ne pu répondre à son ami. En revanche, son corps frémit et il se cabra doucement en gémissant de douleur. Elrond se pencha en avant pour poser sa main sur sa joue et lui transmettre une partie de sa magie. Comment ces hommes pouvaient-ils bien lui demander de prendre place à des rituels protocolaires alors qu'il était toujours en train de lutter pour sa vie ?
- Allez mon ami… Tout ira bien…
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Thranduil ouvrit les yeux et une grimace de douleur marqua profondément son visage pendant que sa vue se fit floue. Ses blessures le faisaient tellement souffrir que le prince elfe, devenu roi sans l'avoir appelé de ses vœux, quelques jours plus tôt était à deux doigts de perdre connaissance. Pourtant, il ne pouvait pas se montrer en état de faiblesse plus longtemps, il n'en avait pas le droit. Depuis la mort tragique de son père, qui s'était éteint dans ses bras à la bataille de Dagorlad, le prince des elfes sylvains était devenu roi… Une charge qu'il n'avait jamais réellement voulu assumer, mais qui lui revenait dans ce moment de deuil et de détresse… Son peuple avait besoin de lui… Cela faisait dix jours maintenant... Il fallait qu'il sorte de cette chambre pour aller au devant de ses conseillers et capitaines de son armée qui avait survécu au désastre de Dagorlad... Il devait se lever... Il ne pouvait pas rester allongé dans un lit toute la journée même si son corps, très épuisé lui aussi par la bataille, lui réclamait du repos. Pourtant la douleur était si violente.
L'elfe frémit et rassembla les forces qui lui restaient pour tenter la périlleuse manœuvre de se lever de son lit. Il gémit de douleur pendant que sa main droite se crispa sur la large bande qui entourait sa poitrine. Il se sentait tellement mal… Mais, il avait des devoirs à accomplir. Alors, il ferma les yeux et poussa sur ses jambes en tentant de contrôler sa douleur.
Thranduil parvint à se lever et se cramponna au mur à côté de lui pour chasser un vertige qui le fit chanceler douloureusement. Chaque respiration était douloureuse mais, il refusait de rester plus longtemps dans cette chambre. Une fois qu'il eu l'impression que la pièce ne tournait plus, il ouvrit les yeux et se risqua à faire quelques pas. Ses jambes cédèrent et il se rattrapa de justesse après une chaise sur laquelle il empoigna une chemise qu'il enfila en grimaçant de douleur. Ses yeux se posèrent sur son reflet dans la glace en face de lui. Ses traits étaient fatigués et sa peau trop blanche. Thranduil frémit et se redressa avant de faire quelques pas de plus. Il allait sortir dans le couloir lorsqu'un elfe entra dans sa chambre avant de s'immobiliser, surpris de le voir debout.
- Man ceril ? (Que faites-vous ?) Lui demanda-t-il avec un air inquiet.
Tentant de lutter pour ne pas montrer à quel point il avait mal, Thranduil fit un sourire à l'elfe brun en face de lui dont il ressentait l'inquiétude sincère.
- Ne vous en faites pas Elrond, im maer (je vais bien).
Le seigneur de Fondcombe prit un air sombre et posa une main sur le bras de son meilleur ami.
- Ce n'est pas vrai, vous et moi le savons très bien.
- Cela fait dix jours Elrond. Je dois me montrer, murmura l'elfe blessé en baissant la tête. Je ne peux donner l'impression à mon peuple qu'il n'a pas de roi… Ceci est bien trop dangereux. Nous savons trop comment nos ancêtres se sont massacrés pour le pouvoir.
- Vous êtes blessé… Et épuisé…
- J'aurais tout le temps de me reposer plus tard.
- Je ne veux pas que vous vous effondriez.
- Je ne vais pas m'effondrer, mon ami. Ne vous inquiétez pas.
- Comment voulez-vous que je ne m'inquiète pas ? Je vous ai ramené plus mort que vivant de ce champ de bataille. Buvez au moins ceci, dit Elrond en tendant une coupe à son ami. Cela fera diminuer votre douleur.
- Merci, répondit Thranduil en lui souriant doucement avant de lui prendre la coupe des mains.
Elrond ne dit rien mais se sentit un peu plus inquiet en percevant le léger tremblement de ses doigts. Quoi que lui dise son ami, il n'allait pas bien. Il avait besoin de repos et non de sacrifier à ces rituels protocolaires pour satisfaire quelques obscurs conseillers qui, à l'évidence, se moquaient bien de l'état de santé et de détresse de leur jeune roi, encore éprouvé par la bataille et la mort de son père. Thranduil but le contenu de la coupe d'un trait et la tendit à Elrond avec une tentative de sourire qui dissimula à peine sa douleur. Le seigneur de Fondcombe lutta contre son envie de lui dire de retourner s'allonger. Il connaissait bien son ami et son côté têtu et fier qui avait déjà tant coûté à ceux de son peuple. Il savait bien que rien ne le ferait changer d'avis. Alors, il empoigna une surchemise brodé et, sans un mot, l'aida à l'enfiler par-dessus sa tunique avant de lui lacer. Thranduil ne dit rien, appréciant l'aide de son ami qu'il remercia par un petit signe de tête et un sourire. Elrond lui rendit son sourire et le prit doucement par le bras pour voir s'il pouvait faire quelques pas sans s'écrouler. Thranduil y parvint et posa sa main sur celle de son ami pour lui faire comprendre qu'il pouvait le lâcher. Elrond soupira.
- Ce n'est pas prudent.
- Est-ce ma qualité première ? Lui demanda malicieusement son ami.
- Non, et c'est cela qui m'inquiète.
...
A pas lents et mesurés, Thranduil entra dans la grande salle de réception du palais. La plupart des élites des elfes sylvains étaient là pour entretenir leur nouveau roi d'affaires diverses et lui poser des questions. Certains étaient là aussi pour le voir et, en aparté, ils se demandaient s'il serait à la hauteur de la tâche qui l'attendait. Succéder à Oropher ne serait pas aisé pour son fils. Thranduil était solitaire et peu bavard. Ce n'était pas les meilleures caractéristiques pour un roi. Le jeune elfe blessé fit pourtant de son mieux pour cacher qu'il se sentait de plus en plus mal, affichant un sourire forcé et hochant la tête sans vraiment écouter tout ce qu'on lui dit pendant presque deux heures. Les conseillers paraissaient satisfaits de le voir tenir son rang sans se soucier de la pâleur presque inquiétante de sa peau et des légères grimaces de douleur qu'il avait de plus en plus de mal à cacher tout comme les tremblements de ses doigts qui le reprirent sans qu'il ne puisse rien faire pour l'empêcher.
Thranduil tenta de résister le plus possible aux signaux de détresse lancés par son corps, continuant d'écouter avec patience ce qu'on lui racontait... Moins d'un tiers des hommes étaient rentré et cette perte catastrophique avait traumatisé tout son peuple. Il voulait bien comprendre leur inquiétude, mais il se sentait si mal. Soudain, alors que sa main se referma sur le dossier d'une chaise pour ne pas s'écrouler, son regard croisa celui d'une jolie elfe qui se tenait à l'autre bout de la salle. Thranduil frémit. Il ne l'avait jamais vue mais, il la trouva d'une beauté saisissante. Un teint de porcelaine, de longs cheveux ressemblant à une cascade de rayons de Lune, des yeux saphirs qui ne le quittaient pas… Le roi était fasciné… Il en oublia un peu la conversation qu'il tentait de suivre, étonné de lire de l'inquiétude dans le regard cristallin qui ne le quittait pas. L'elfe qui était en train de lui parler tenta de capter de nouveau son attention mais, Thranduil leva une main pour s'excuser.
- Je suis désolé… Je reviens tout de suite…
Dans les faits, le jeune roi aurait bien voulu traverser la salle pour aller dire deux mots à la jolie inconnue mais, il savait qu'il serait arrêter cent fois avant de la rejoindre et il ne se sentait pas capable d'entendre tout ce que ces gens avaient à lui dire. Sa tête martelait et il se sentait de plus en plus mal. Cela faisait déjà plus de deux heures qu'il était là, debout, et la fatigue était en train de lui provoquer des vertiges de plus en plus persistants. L'elfe sortit donc dans le couloir et fit quelques pas avant de s'accrocher au mur. Le sol semblait danser sous ses pieds et il laissa échapper un léger gémissement avant de s'écrouler. Mais, il ne s'effondra pas sur le sol. Des bras s'enroulèrent autour de sa taille et le rattrapèrent à moitié, l'empêchant d'heurter violemment les dalles de marbre ouvragées pendant qu'une voix lui murmurait.
- Je vous tiens…
Thranduil frémit et laissa retomber sa tête sur l'épaule de la personne qui venait de le rattraper. Ses yeux croisèrent le regard saphir de la jeune femme qui était en train de l'aider et une certaine surprise marqua son visage. C'était la belle elfe qu'il avait repéré dans la salle avant de se sentir mal. Cette dernière lui sourit comme pour l'encourager.
- Tout va bien…
- Merci… Murmura faiblement Thranduil pendant qu'un frémissement parcouru son corps fatigué.
- Ce n'est rien aran nìn (mon seigneur)… Si vous me guidez, je vais vous ramener à votre chambre pour que vous puissiez vous reposer.
- Non. Je ne peux pas…
- Amman ? (Pourquoi ?) Demanda la jeune femme visiblement surprise.
- Je ne peux pas quitter cette pièce… Ces gens ont besoin de me voir… Je ne voulais pas être roi, car je savais ce que cela impliquerait mais, je ne peux me soustraire à mes devoirs.
- Votre vie n'est pas plus importante que vos obligations ? Vous avez passé plus de deux heures avec ces gens et aucun d'entre eux n'a remarqué à quel point vous étiez blessé et épuisé… Pourquoi leur accorder plus d'importance que votre propre vie ?
- Notre peuple pleurs ses enfants et un grand roi… Il ne peut rester sans guide… Je dois montrer à ces gens que nous surmonterons cette épreuve même si…
Thranduil marqua une pause pour contrôler à la fois sa respiration et ses larmes, prouvant à la jeune elfe combien il était encore touché par les épreuves qu'il venait de traverser.
- Même si je n'arrive pas… à effacer la vision de mon père… étendu dans mes bras… recouvert de sang…
Thranduil se tut et ferma les yeux, vaincu par ses larmes qu'il ne put retenir. La belle elfe le serra doucement contre elle sans dire un mot. Un frémissement parcouru le corps du jeune roi qui murmura faiblement.
- Pardon…
- De quoi ? Lui demanda la jeune femme. D'être encore bouleversé par la perte de votre père ?
- Pleurer le jour de son décès est une chose… Ne pas réussir à retenir ses larmes en dehors de ce jour de deuil est une preuve de faiblesse méprisable…
- Qui a bien pu vous dire ça ?
- Adar nìn (mon père)…
- Il avait tort… Vous avez le droit de le pleurer… Comme vous avez le droit de prendre du repos… Dites-moi où se trouve votre chambre.
- Je dois retourner dans cette pièce…
- Et que se passera-t-il quand vous allez vous effondrer au milieu de ces gens. Ne serais-ce pas pire pour votre image ?
Le jeune roi ne quitta pas la jolie elfe des yeux. Il était indéniable qu'il y avait un vrai bon sens dans ses propos.
- Vous me tenez tête ?
- Pour votre bien…
- Dans tous les cas, il va falloir m'aider à me relever, murmura Thranduil en capitulant. Je ne sais pas si mes jambes tiendront. Je suis tellement fatigué…
- Ce n'est pas un problème. Appuyez-vous sur moi.
- Merci…
- Je m'appelle Idelwën… Lui répondit la jolie elfe en souriant.
Thranduil posa un bras sur les épaules de la jeune fille et poussa sur ses jambes. Il se redressa en gémissant pendant que sa main se crispa sur la blessure à sa taille. Sa tête se mit à tourner et il sentit Idelwën nouer ses bras autours de lui pour le maintenir debout. Un frémissement le parcouru et le jeune roi s'appuya sur elle pour ne pas s'écrouler.
- A gauche, murmura-t-il doucement lorsqu'elle fit quelques pas.
Lorsque Idelwën entra dans la chambre de Thranduil, le jeune roi avait été reprit par un malaise et il était presque totalement effondré sur elle. La jeune elfe ne sembla pas en faire cas plus que ça, et elle le laissa tomber doucement sur son lit. Thranduil gémit faiblement sans ouvrir les yeux. Idelwën l'observa quelques secondes, prête à le laisser avant de se dire qu'il était faible et qu'il avait sans doute besoin que l'on prenne soin de lui. Alors, elle s'assit sur le bord du lit et délaça sa sur chemise qu'elle parvint à lui ôter avant de remonter sa tunique. Le large bandage qui entourait sa poitrine était tâché de sang et elle comprit qu'elle devrait lui refaire parce qu'il était bien incapable de s'occuper de lui tout seul. Quant elle posa la main sur son bandage, les doigts de Thranduil se posèrent sur sa main et il se força à ouvrir les yeux pour détailler la belle jeune femme.
- Vous n'êtes pas obligé de faire ça.
- Iston (Je sais)… Mais vous êtes si fatigué, je vais refaire ce pansement. Rester debout n'a pas été une bonne chose, car la plaie s'est rouverte. C'est pour cela que vous devez vous reposer et rester allongé.
- Hantale…
- Cessez de me remercier… Il est normal que quelqu'un prenne soin de vous… Que vous soyez roi ou non…
Sa main caressa sa joue et une légère inquiétude marqua son visage.
- En plus vous avez un peu de fièvre…
- Vous avez de si jolis yeux, murmura Thranduil dont le regard épuisé ne parvenait pas à se détacher du visage d'Idelwën.
- Merci, lui répondit-elle en lui souriant. Mais j'espère que cela ne vient du fait que la fièvre vous fait voir flou, ajouta cette dernière en tentant de lui arracher un sourire.
- Non, murmura celui-ci en tentant effectivement de lui sourire malgré sa profonde fatigue.
Puis, Thranduil frémit avant de fermer doucement les yeux, laissant la belle elfe prendre soin de lui.
...
D'un geste sûr, Idelwën noua le bandage propre autour de la poitrine à la fine musculature du jeune roi des elfes sylvains. Ses yeux étaient clos. Sa respiration légèrement saccadée, mais le fait de se retrouver allongé semblait lui avoir fait du bien. La jeune femme remonta doucement les couvertures sur ses épaules et fit mine de se lever du lit lorsqu'une main se noua autour de son poignet. Elle sursauta, légèrement surprise de voir le regard bleu pâle du jeune roi la regarder.
- Pouvez-vous rester ?
Idelwën lui sourit.
- Je pensais que vous dormiez.
- J'ai bien trop mal pour ça… Cela vous dérange de rester ?
- Non, répondit-elle un peu surprise par sa demande.
- Si cela vous dérange ce n'est pas un problème, murmura le jeune roi à moitié inconscient. Ce n'était pas un ordre… C'était juste un souhait…
- Je sais… C'est pour cela que je viens de vous dire que cela ne me dérange pas de rester, répondit Idelwën en brossant en arrière les cheveux du jeune roi des elfes.
Thranduil frémit
- Hantale… Murmura Thranduil en frémissant.
- Je vous ai déjà dit aussi qu'il fallait arrêter de me remercier. Vous venez de traverser une telle épreuve, il est normal que quelqu'un prenne un peu soin de vous.
- Mais nous ne nous connaissons pas.
- Ce n'est pas un problème…
Thranduil frémit une seconde fois et il ferma les yeux en gémissant doucement. Idelwën lui pressa doucement la main pour l'encourager.
- Je suis là…
Le jeune roi ne lui répondit pas mais, il ferma les yeux avant de se mettre de nouveau à pleurer. Tant de choses se bousculaient dans sa tête. La jeune femme fut touchée par son état d'esprit. Elle caressa timidement sa joue avant de se laisser tomber allongé aux côtés du jeune roi. En la sentant prés de lui, Thranduil frémit et, en se moquant de l'image que cela risquait de renvoyer, il bascula contre elle, enfouissant sa tête dans son cou en continuant de pleurer.
- Tout me paraît si difficile et insurmontable… Pourquoi je ne suis pas mort à Dagorlad avec les nôtres ?… Si peu sont revenus… Pourquoi moi ?
- Je ne peux pas répondre à cette question, répondit Idelwën en berçant Thranduil dans ses bras mais, je peux vous promettre que je serai là pour vous aider.
Le roi frémit, touché par la sincérité de la jeune femme qu'il avait trouvée si belle au premier regard. Alors, il laissa sa tête au creux de son cou, pleurant doucement pour évacuer une partie des douleurs qui le rongeaient depuis les heures sombres de Dagorlad et ce fut là… toujours en larmes, mais légèrement apaisé qu'il fini par s'endormir dans les bras de celle qui n'allait pas tarder à devenir sa reine. Idelwën comprit qu'il venait de s'endormir et ne bougea pas, finissant elle aussi par s'assoupir en serrant contre elle le jeune roi.
...
Les deux jeunes gens dormaient toujours dans les bras l'un de l'autre lorsque Elrond pénétra dans la chambre. En découvrant la jeune elfe, il fut surpris mais un sourire parcouru son visage en comprenant que son ami s'était sans doute ouvert à cette jeune femme. Il avait tellement besoin de parler à quelqu'un. Le seigneur de Fondcombe comprit également que la jeune femme avait dû refaire son bandage. Pour contrôler l'état de son ami, il posa une main sur le front de Thranduil sans le réveiller avant de tirer une couverture sur les deux jeunes gens. Ce fut à ce moment que Idelwën ouvrit les yeux. Elrond prit un air navré.
- Je ne voulais pas vous réveiller.
- Je ne dors pas vraiment, répondit la jeune femme.
Elrond hocha la tête et s'assit doucement au bord du lit, posant une main sur la jambe de son ami qui dormait profondément la tête dans le cou de cette jeune fille qu'il ne connaissait pas.
- Comment va-t-il ?
- Il est épuisé.
- Je sais… Mais j'ai eu du mal à le faire dormir.
- Au final, qu'est ce que ça leur apporte ? Demanda Idelwën en caressant doucement la joue de Thranduil du bout des doigts. A tous ces gens, qu'est ce que ça leur apporte de le forcer à participer à tous ces protocoles au détriment de sa santé ?
- Je ne sais pas, répondit Elrond.
- Il est si épuisé… Je l'ai vu tout de suite quand il est entré dans la pièce, mais personne ne semblait s'en soucier… Il était pourtant de plus en plus mal... Au bout de deux heures je l'ai vu sortir et j'ai compris qu'il n'allait pas bien… Il était si blanc… Il a eu un malaise et j'ai à peine eu le temps de le récupérer avant qu'il ne s'effondre… Comment personne n'a pu s'en inquiéter ?
- Je ne sais pas… La charge royale…
- Mais c'est un être vivant blessé et épuisé avant d'être notre roi ! Comment peut-on faire preuve d'aussi peu d'humanité ? Gérez-vous Imladris de cette manière ?
- Non…
- Alors il faut leur dire qu'il a besoin de repos… Qu'il est encore faible et épuisé… Sa fièvre m'inquiète.
- Moi aussi, admit Elrond. Il ne doit pas seulement lutter contre l'infection et la gravité de ses blessures. J'ai tout de suite compris que la lame de ses ennemis était empoisonnée. J'ai un peu de mal à trouver le bon remède pour le soulager et ses blessures seront longues à se refermer. Il faudrait qu'il reste allongé.
Idelwën frémit. Le poison expliquait la douleur, la faiblesse et les gémissements du jeune roi endormi dans ses bras. Elle lui caressa doucement la joue comme pour l'encourager et Elrond fut étonné par sa douceur et son affection. Il en fut étonné mais, il en fut aussi heureux. Thranduil était au plus mal et les petites attentions toutes en douceur de la jeune elfe ne pouvait que lui être bénéfiques.
Ce fut à ce moment que, toujours blottit dans les bras de la jeune fille, Thranduil se mit à gémir comme en proie à un cauchemar avant de se réveiller légèrement en sursaut. Elrond pressa sa jambe pendant qu'il lutta contre sa respiration saccadée et que ses yeux se posèrent sur le visage grave et inquiet de la jeune Idelwën dont les doigts lui caressèrent une nouvelle fois la joue.
- Tout va bien… Murmura la jeune femme.
- Vous êtes resté, murmura doucement Thranduil.
- Bien sûr… Vous me l'aviez demandé.
- Vous n'êtiez…
- Vous en aviez besoin… J'aurais fais la même chose si vous n'étiez pas mon roi.
Thranduil frémit et se mit à gémir de douleur pendant que son corps se mit à trembler malgré les efforts qu'il tentait de déployer pour ne pas se montrer en état de faiblesse. Elrond le comprit et se pencha pour lui presser l'épaule tout en lui disant d'une voix grave.
- Mon ami… Il est inutile de tenter de nous cacher à quel point vous souffrez. Il n'y a que des gens qui tiennent à vous dans cette pièce.
- J'ai tellement mal… Votre breuvage m'avait fait du bien.
- Courage mon ami. Je vais vous en faire d'autres. Vous allez encore avoir plusieurs jours difficiles le temps que le poison s'élimine totalement de votre corps mais après tout ira bien…
Thranduil frémit et hocha doucement la tête en toussotant légèrement.
- La tête me tourne… J'ai l'impression que… je vais perdre connaissance.
- Non mon roi, murmura Idelwën en lui pressant la joue.
- Thranduil… Répondit du bout des lèvres le jeune souverain qui se sentait de plus en plus mal.
- Il faut rester conscient mon… Thranduil, lui répondit doucement Idelwën pendant qu'Elrond se levait du lit pour préparer la boisson apaisante.
- Je suis tellement épuisé.
Le jeune roi gémit une nouvelle fois avant de s'écrouler dans les bras de la jeune elfe qui sursauta.
- Non !
Elle le secoua doucement, mais se rendit rapidement compte que cela ne servait à rien. Un frémissement la parcouru pendant qu'une larme coula sur sa joue à cause de son inquiétude.
Ce fut à ce moment qu'Elrond revint dans la pièce. Il se rapprocha et comprit que quelque chose n'allait pas.
- Que se passe-t-il ?
- Il a perdu connaissance.
- N'ayez pas peur, ça lui arrive. Il est encore faible.
Elrond se pencha sur Thranduil.
- Allez mon ami, il faut boire, murmura le seigneur d'Imladris en lui redressant la nuque pour lui faire avaler lentement le breuvage qu'il venait de préparer.
En silence, il parvint à lui faire avaler toute la coupe avant de le reposer doucement dans les bras d'Idelwën tout en lui demandant.
- Si vous voulez partir, je peux m'occuper de lui.
- Non, répondit la jeune femme en caressant doucement sa joue. Je ne veux pas l'abandonner.
Dans ses bras, Thranduil frémit doucement et reprit connaissance en gémissant faiblement. La main de la jeune elfe se posa sur sa joue et elle lui sourit en cherchant à capter son regard épuisé.
- Hey… Comment vous sentez-vous ?
Thranduil frémit sans lui répondre pendant qu'Elrond finissait de remonter les couvertures sur lui pour l'empêcher d'avoir froid.
- Il faut que je retourne là-bas… Parvint à murmurer Thranduil en essayant de l'empêcher de terminer son geste.
- Pas dans cet état, lui répondit Elrond d'une voix ferme.
Son ami arrivait à peine à garder les yeux ouverts. Il était hors de question qu'il mette sa santé en jeu pour des discussions sans importance avec des conseillers et des élites qui l'attendaient pour le juger plus que pour l'écouter.
- Mais je…
- Non, je vais aller leur dire que vous avez besoin de repos. Vous ne m'avez pas écouté et vous avez fait un malaise tout cela peut bien attendre demain ou après demain.
Thranduil aurait bien voulu protester mais son ami avait raison et il se sentait si faible. Alors, il se contenta d'hocher la tête en fermant les yeux, basculant légèrement pour faire reposer sa joue sur la poitrine d'Idelwën qui sourit et lui caressa doucement la tempe. Elrond le regarda se laisser aller, satisfait de voir que la présence de la jeune femme lui faisait du bien. Alors, il fini de se redresser et sortit de la pièce, la laissant veiller sur le jeune roi.
Une fois seul, Idelwën se pencha et déposa un baiser sur le front encore fiévreux de Thranduil en lui murmurant.
- Dormez… Je reste avec vous…
