Premier texte que j'ai écrit en écoutant de la musique. Voici les titres des morceaux qui m'ont inspiré ce petit texte, que vous pouvez retrouver sur Youtube :
-Breathe (Two steps from hell)
-Death of Jane Seymour (Howling Wilderness)
Gandalf ne put s'empêcher de sourire malgré sa fatigue : devant lui s'étendait enfin l'ombreuse vallée où il était arrivé en choisissant de venir dans le Monde, la vallée où Nienna demeurait. Tandis qu'il foulait l'herbe rase qui exhalait une fraîche odeur dans la lumière crépusculaire, les souvenirs, longtemps refoulés par son incessant labeur en Terre du Milieu, déferlaient à présent dans son esprit. Il se revit, maïa jeunement créé, se prosterner devant Illúvatar pour lui présenter son choix de descendre dans le Monde puis fidèle serviteur de Nienna l'endeuillée, dont il tâchait d'acquérir la compassion quand ils allaient ensemble réconforter les esprits retenus dans les cavernes de Mandos et enfin, son départ de Valinor vers les Terres Mortelles.
Nienna lui avait alors présenté une apparence de vieillard, qu'il avait respectueusement endossé, quoique sans comprendre.
«Si tu apparaissais dans toute ta grandeur, avait-elle dit, personne n'osera être consolé par toi. Mais si tu sembles aussi faible qu'un homme de grand âge, nul n'aura à te craindre, et ton aide et ton conseil seront acceptés : quand ils viennent du plus humble, ils ne sont jamais considérés comme une humiliation. J'ai pensé un instant te donner l'apparence d'un jeune enfant, mais les habitants de la Terre du Milieu sont persuadés–étrange pensée!–que la sagesse vient avec l'âge.
Je t'envoie donc ainsi, diminué physiquement, contraint de t'appuyer sur un bâton. Cependant, cet abaissement volontaire te servira davantage que toute ta splendeur, et je perçois que tu ne resteras pas sans aide dans ta tâche. »
Et voici qu'à présent, Nienna se tenait à nouveau devant lui. Le corps las du magicien était si courbé qu'il devait lever la tête pour la regarder.
La Valar s'avança, tendit les bras et posa les mains sur son visage. Un sourire compatissant éclaira ses traits pâles.
«-Oh, Olorin, comme ton labeur t'a usé ! Ma pensée ne t'a pas quitté, mais j'ignorais que ta fatigue était si grande…
–J'ai parfois détesté ma faiblesse, répondit Gandalf. Mais quand je regarde en arrière, elle a été ma plus grande force. »
Lentement, les mains de Nienna glissèrent le long du visage de Gandalf. Ses doigts fins captèrent chaque ride, de rire ou d'inquiétude. Elle dit finalement :
«À présent que tu es rentré, tu mérites d'être à nouveau toi-même ! Laisse-moi t'ôter cette humble apparence, et révéler ce que tu es vraiment… »
Quand Olorin revint vers ses compagnons, Elrond et Galadriel furent les seuls à le reconnaître. Les autres restèrent confus : qui était ce grand jeune homme vigoureux, qui semblait brûler d'une flamme intérieure, non pas d'un feu dévorant et destructeur, mais du brasier de la charité et de l'espoir ?
Mais quand son rire jaillit, semblable à celui qui avait résonné en Ithilien lors du réveil de Frodon, ils n'eurent plus de doute, et une joie indicible les envahit, comme une nouvelle vie distillée dans leurs veines.
