Jusqu'ici vous avez plutot bien vécu mes petits délires littéraires alors je me suis dit que j'allais me lancer dans une nouvelle folie! En plus en ce joli printemps, je voulais créer quelque chose d'un peu plus léger pour oublier le froid de l'hiver... Enjoy!
Nouveau saut, nouvelle toile. Emma étendit son bras, plia son annulaire et son majeur, sentit l'air frais du matin envahir ses poumons, et tendit ses muscles pour s'élancer une nouvelle fois. Il était presque sept heures, la grande pomme se réveillait et elle était, bien évidemment, en retard. Il ne lui restait que six minutes pour traverser trois quartier et arriver tant bien que mal a la porte de son nouveau travail. En même temps, on n'avait pas idée de faire commencer les gens si tôt…
Elle entendit un bruit de sirène derrière elle, à l'ouest, mais ne s'en soucia pas.
Je ne peux pas être partout les gars, songea-t-elle en bondissant de nouveau.
Elle vit enfin, au loin, la façade de l'université et se rassura mentalement. Une minute de retard le premier jour, ce n'est pas une fatalité non plus. Nouveau saut, nouvelle toile. Elle atterrit le plus discrètement possible dans la cour immense du campus, et se tapit derrière un buisson touffu pour se changer en toute hâte.
Une jeune fille brune aux cheveux courts patientait devant la porte du café dont l'insigne représentait une sirène et sembla rassurée lorsqu'elle vit Emma arriver enfin.
"Bon, c'est ton premier jour à ce qu'on m'a dit?" Demanda la brune poliment. Emma acquiesca et celle qui devait être sa formatrice du jour déverrouilla les portes avant d'entrer dans le petit café, la blonde sur ses talons.
Six tables étaient éparpillées dans la salle, face à l'imposant comptoir sur lequel trônait une énorme machine à café professionnelle, et Emma songea que toutes les succursales de cette compagnie se ressemblaient indéniablement. Les couleurs brunes et verdâtres rappelaient celles du café et du thé, les principales boissons proposées par l'enseigne, tout en donnant un côté à la fois chic et cosy au décor. Si le client venait pour un breuvage dont il ne trouverait d'égal nulle part ailleurs, il fallait aussi, évidemment, qu'il se sente privilégié et puisse le déguster dans un lieu unique et original. C'était les maximes de la compagnie, que la directrice de ressources humaines avaient transmises a Emma lors de son entretien d'embauche, deux jours plus tôt.
La jeune barista indiqua à sa nouvelle recrue oú étaient les vestiaires et l'invita à aller se changer avant de débuter son quart de travail. Emma s'exécuta en silence, désirant absolument garder ce nouveau job, étant donné qu'elle en avait deja perdu deux dans les mois précédents.
Trois heures plus tard
Le début de la matinée s'était relativement bien passé et la brune, qui se dénommait Mary, semblait satisfaite de sa nouvelle collègue. Elle lui avait expliqué que son travail lui permettrait, puisqu'il était au coeur du campus, d'avoir également une vision d'ensemble de la communauté étudiante. Ce qui était un atout pour Emma qui débutait à peine dans cette nouvelle université et désirait plus que tout faire de nouvelles recontres.
Mary étudiait en littérature anglaise et souhaitait devenir professeur. Elle avait essayé tant bien que mal de parler à Emma de ses livres préférés mais l'esprit scientifique de la blonde paraissait étanche à tout ce qui concernait l'idée de créer des phrases complexes pour raconter un fait qui pourrait très bien être détaillé en quelques mots.
Mary était quelqu'un de réservé, altruiste, très sérieuse dans ses études et son travail mais qui, comme elle l'avait avoué à Emma, rêvait définitivement de rencontrer un jour le grand amour. Loin d'être idéaliste, la brune semblait très terre à terre mais cette ambition de trouver le partenaire idéal pour la vie était assurément un de ses plus grands objectifs. Emma avait grimacé lorsque sa nouvelle collègue avait meme fait allusion au concept d'âme soeur mais s'était néanmoins tue. Les relations amoureuses n'étaient définitivement pas son truc.
"Je peux te poser une question ?" demanda alors la brune qui se préparait un chocolat chaud recouvert d'une généreuse couche de canelle en poudre.
"Je t'en prie," répliqua la blonde qui nettoyait des tasses.
"Pourquoi le lait de soya ou d'amande ne mousse pas autant que le lait de vache ?
-C'est un test?" gloussa la blonde.
"Non," rétorqua sa collègue en lui tirant la langue. "Mais je suis rarement en compagnie d'une scientifique donc j'en profite pour en apprendre plus sur le travail que je fais quatre matins par semaine!
-C'est à cause des protéines," expliqua alors Emma. "Je ne te détaillerai pas tout le processus chimique derrière la mousse de lait, mais le fait est que plus un lait est protéiné, mieux il va mousser. Et comme les laits de soya et d'amande sont faibles en protéines, les bulles d'air créées par ton mousseur ne peuvent pas de fixer alors le lait ne mousse pas vraiment." Elle lança un sourire rassurant a la brune et Mary lui répondit par un remerciement ravi, comme si cette information valait presque autant que le remède contre le cancer.
"As tu un copain ? Ou une copine ?" S'enquit soudain la brune d'un air curieux.
"Euuuhhh.. non," répliqua la blonde, surprise par l'interrogation si subite.
"Quelqu'un en vue ?" Ajouta Mary.
"J'ai pas vraiment le temps pour ça…" sourit Emma d'un air poli.
"Tu veux dire qu'entre quinze heures de cours et vingt de travail tu n'as pas une minute à accorder à qui que ce soit d'autre ?" Ironisa alors la barista.
"Je fais beaucoup de sport aussi," gloussa sa nouvelle collègue comme une blague pour elle même. "J'ai pas trop de temps pour quelqu'un d'autre, en effet."
Mary sembla la sonder du regard un instant avant de boire une nouvelle gorgée de son chocolat chaud. Elle appréciait déjà sa nouvelle collègue et songeait qu'elles pourraient aisément devenir amies dans un futur proche. Alors qu'elle allait poser une nouvelle question a la blonde pour la connaitre un peu mieux, la porte du café s'ouvrit sur quatre étudiantes qui paraissaient occupées par une conversation passionnante.
La première était une grande brune au nez aquillain, traits fins et aux yeux noisette. La seconde, un peu plus petite, avait des cheveux gris électriques, et ses yeux noirs étaient mis en valeur par un maquillage pailleté. La troisième dépassait les autres et était une rousse aux yeux océan qui avait des allures très british. Enfin, la dernière a entrer dans le café était une petite brune aux airs latinos avec des yeux couleur charbon.
Mary sembla faire les quelques pas qui la séparait d'Emma en un éclair et feint d'être occupée à nettoyer des tasses pour lui parler à demi voix.
"Ces quatre là, je te les laisse," affirma-t-elle d'un ton soudain très nerveux.
Emma l'interrogea du regard alors que lesdites clientes ne s'étaient toujours pas approchées du comptoir pour commander, ricanant toujours entre elles.
"Ce sont les pires pestes du campus," expliqua la brunette d'un air inquiet. "Ici on les appelle les reines des ténèbres. Entre nous." Elle parut nettoyer d'autant plus vivement la petite tasse qu'elle avait en main alors qu'elle comptait son histoire à Emma. "En plus elles me suivent depuis le lycée et me font vivre un enter, surtout la latino là, c'est leur leader je pense… et la pire du quatuor…"
Elle s'éloigna soudain aussi vite qu'elle s'était approchée alors que la rouquine venait enfin pour passer sa commande. Emma avait jeté un regard alentour et remarqué qu'en effet une certaine tension s'était installée auprès des autres clients depuis l'arrivée des dites pestes.
"Salut," lança alors la rousse d'une voix enjouée alors que ses amies l'avaient rejointes.
La plus grande brune posa enfin son regard sur Emma et parut étonnée.
"Tiens, une nouvelle recrue ? On ne t'a jamais vue sur le campus, il me semble," déclara-t-elle d'un ton dédaigneux.
"Je viens d'arriver, mais moi non plus je ne vous ai jamais vues, en fait," répliqua Emma comme pour remettre les choses à leur place.
Son interlocutrice sourcilla et parut s'offusquer de la réponse si audacieuse de la blonde. Elle lança un regard entendu à ses amies qui paraissait toutes assez déstabilisées d'être enfin face à quelqu'un qui ne les craignait pas. Toutefois, la latino bouscula la rouquine d'un air agacé et s'approcha du comptoir pour passer sa commande.
"Allez on n'a pas que ça à faire," souffla-t-elle en faisant claquer sa langue.
Son regard croisa celui de la nouvelle recrue du café et Emma songea qu'elle était vraiment ravissante. Ses cheveux bruns lui arrivaient à hauteur des épaules et lui donnaient un air sérieux. Ses yeux couleur charbon semblaient sonder votre âme et alors que le regard d'Emma descendait vers ses lèvres charnues, elle se dit que son sourire devait vous faire fondre comme neige au soleil lorsqu'il vous était adressé. Sa machoire était carrée, sévère, mais lui donnait sans aucun doute des airs masculins qui n'étaient pas déplaisants. Alors que le regard de la blonde allait s'attarder sur le buste, la latino daigna enfin lui dire ce qu'elle allait prendre.
"Un grand latte au lait d'amande avec beaucoup de canelle sur le dessus," déclara-t-elle sans aucune formule de politesse. Peu impressionnée par son ton autoritaire, Emma choisit de ne pas en user non plus.
"Crème fouettée ?" demanda-t-elle comme une évidence.
"C'est vraiment une question ?" Rétorqua la brune d'un ton ironique qui fit glousser ses amies. La blonde acquiesça poliment et fit un signe du menton à Mary qui commençait à préparer ledit latte.
"Kelly va prendre la même chose, Mal prend un cappuccino glacé et pour Victoria ce sera un matcha latte," enchaina alors la cliente qui n'avait visiblement pas de temps à perdre. De son côté Emma pianotait toute la commande sur l'Ipad qui faisait office de caisse.
"Payé ensemble ou séparément ?" questionna la vendeuse d'un air assuré.
"Je vais payer," affirma la latino d'un ton sec. Elle sortit alors sa carte de crédit de son sac et la tendit nonchalamment à Emma. Alors que la blonde confirmait le moyen de paiement sur son iPad, elle releva alors ses yeux océan vers l'étudiante et lui demanda :
"Et toi c'est quoi ton nom?"
La brunette fut très visiblement prise au dépourvu par la question car son visage se figea de surprise, et il lui fallut une petite seconde avant de reprendre son attitude nonchalante.
"Comme si cette ignare de Mary ne te l'avait pas déjà dit!" répliqua-t-elle alors en jetant un regard mauvais a l'intéressée qui essayait de se faire toute petite derrière sa machine à café.
"Elle a omis ce détail," précisa alors Emma pour contrer la latino.
"Pourquoi ça t'intéresse tant ?" demanda alors la brune en pianotant son code sur la petite machine à carte.
"Faut bien que je puisse te nommer dans mon répertoire quand tu m'auras donné ton numéro," rétorqua la barista du tac au tac.
Elle entendit Mary emettre un hoquet de surprise derrière elle et vit les visages des amies de la latino s'offusquer d'horreur. Toutefois, la concernée eut un léger rictus avant de relever ses yeux bruns vers la blonde.
"Audacieuse," commenta-t-elle en retirant sa carte et en la rangeant dans son sac.
Emma lui répondit par un sourire assuré alors que les quatre étudiantes se dirigeaient vers l'extrémité du comptoir en riant pour récupérer leurs boissons. Lorsqu'elles quittèrent le café, la latino jeta un dernier regard à Emma et eut le meme rictus qu'auparavant.
"T'es…. Mais qu'est ce qui t'a pris ?!" S'alarma la brunette aux cheveux courts quand elles furent enfin seules.
"Quoi ? Elle est vraiment belle!" protesta Emma alors qu'un sourire fier illuminait désormais son visage.
"Personne n'est assez bien pour Regina Mills, Emma. Personne n'est à la hauteur," expliqua alors Mary. "Elle n'est jamais sortie avec qui que ce soit et il semblerait qu'à part quelques coups d'un soir, personne ne l'intéresse. Et puis, entre nous, t'as pas envie de sortir avec cette fille là," ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel.
"Pourquoi pas ?" Gloussa la blonde. "Une fois éclatée la carapace de grande peste invincible, je suis sure qu'elle est une personne charmante!
-Eh bien si tu veux t'y essayer, bon courage," soupira sa collègue. "Mais je te promets que le jeu n'en vaut pas la chandelle…
-On verra bien," sourit Emma d'un air curieux alors qu'elle repensait au regard étrange que ladite Regina lui avait adressé.
19h56
La rubrique de Cora - croquer dans la pomme
Chers amis New-Yorkais, je vais malheureusement encore vous parler de notre très chère et emblématique gamine en costume de latex. Spidergirl arpente les buildings de notre belle métropole depuis maintenant presque un an et se donne le droit (divin?) d'appliquer sa loi partout oú elle passe. Il est clair qu'elle a prêté main forte a nos forces de l'ordre lors de l'arrestation du scientifique Graham Osborn qui, désirant suivre les traces de son père, s'était pourvu d'un costume vert d'eau et d'un surf volant pour semer la pagaille en ville. Mais si ce n'est pour combattre des monstres -ses semblables-, je vous le demande, à quoi nous sert cette super héroine de pacotille ? Et que ferions nous si elle même décidait de devenir notre ennemie ?
J'ai envoyé de nombreuses lettres au commandant général du NYPD en lui demandant d'arrêter cette créature étrange et lui disant de la jeter derrière des barreaux blindés avant qu'elle ne décide de nous causer d'autant plus de troubles… en attendant mes amis, restez sur vos gardes et gardez l'oeil ouvert ! Le mal est partout !
Emma plia le journal en soupirant avant de le déposer sur le bord du toit. C'est même pas du latex… songea t-elle en jetant un oeil à ses mains gantées.
20h03
"As tu lu mon dernier article, très chère ?
-Je n'ai pas vraiment le temps de lire les journaux," mentit Regina en jetant un regard désolé à sa génitrice.
"Il parle de ton idole," ricana alors Cora en faisant claquer sa langue.
"Ce n'est pas mon idole," protesta sa fille. "Je trouve simplement admirable que quelqu'un fasse cela pour son prochain. Voilà tout," répliqua l'étudiante d'un air blasé.
"Tu l'admireras moins quand ce sera elle, notre ennemie ! Et qu'elle tuera son prochain sans aucune pitié !
-Elle n'a aucune raison de faire une telle chose," soupira Regina en terminant d'une traite son verre de vin blanc.
"Il ne faut jamais faire confiance a qui que ce soit, Gina, jamais," répéta alors sa mère comme un adage.
10h12, le lendemain
Emma déposa la petite fille qu'elle avait sur le dos devant elle et se redressa en soupirant comme pour signifier sa fatigue. La professeure d'école ne semblait meme pas se préoccuper de sa présence, alors qu'elle comptait distraitement ses élèves.
C'était le coup classique. Un malade s'était introduit dans l'école dix minutes plus tôt, avait commencé par arroser tous les parquets d'essence avant d'y mettre le feu et de se décider enfin à utiliser son semi automatique sur les enfants et les professeurs. Heureusement, il n'avait réussi a blesser gravement qu'un seul professeur avant qu'Emma n'arrive -en quittant son travail sans explication- et ne le mette hors d'état de nuire. Elle s'était ensuite attelée à aider les instituteurs à évacuer au plus vite avec leurs élèves, alors que le feu continuait à se propager dans le batiment.
Toutefois, alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre la voiture de patrouille de police qui s'était rendue sur place, pour les rassurer, l'institutrice interpella son héroïne du jour :
"Attendez !" Souffla-t-elle alors que l'angoisse que trahissait sa voix. Emma se tourna de nouveau vers elle d'un air curieux, attendant que la quadragénaire ne s'explique.
"Henry… il nous manque Henry…. Il était aux toilettes je crois…" sanglota alors l'institutrice d'un air désespéré. Comme par automatisme, elle et Emma jetèrent un regard rapide vers l'école qui était désormais sous la totale emprise des flammes et la blonde poussa un nouveau soupir avant de s'élancer par la seule fenêtre encore intacte de la devanture. Elle se projetta immediatement au plafond pour être le plus loin possible des flammes et avança à tatons dans l'air saturé de fumée. Elle sentit dès le premier instant que le dioxyde de carbone avait commencé à prendre le pas sur l'oxygène et comprit que son temps était compté. Meme si la fibre de son masque était plus épaisse au niveau de la bouche et du nez pour la protéger, justement, dans ce genre de situation. Si elle ne trouvait pas le gamin en moins de dix minutes, il était clair qu'elle y passerait.
