Hello everybody !
Me revoilà pour une nouvelle aventure.
Je remercie bien évidemment PetitPentagram pour la correction des fautes d'orthographe et la relecture ainsi que ses idées d'améliorations qui m'ont grandement aidée.
Disclaimer: rien ne m'appartient. Tous les personnages sont à Kurumada.
Bonne lecture !
Inaccessible, indifférent, froid, majestueux sont autant d'adjectifs pour me décrire. Je ne pense pas avoir usurpé mon titre de magicien de l'eau et de la glace. J'ai fait autant de sacrifices voir plus que mes frères. Je sais que les gens chuchotent dans mon sillage, qu'ils ne comprennent pas mon attitude. Je les comprends, ça ne me dérange pas.
Je suis devant les plaines de Sibérie depuis un moment déjà. Je frissonne aussi depuis que j'ai mis les pieds dehors, pour une fois que le froid a une emprise sur moi. J'ai marché jusqu'au glacier avec comme seule envie celle de me perdre dans les méandres de mon subconscient. Je me suis arrêté une fois au pied du glacier. Perdu dans la beauté du paysage, je me suis laissé emporter par mes pensées.
Au cours de mon entraînement j'ai compris. Il me fallait changer pour survivre. J'ai fini par fermer mon cœur pour ne plus être blessé. Les débuts ont été difficiles. Je ne pense pas être né pour ne rien ressentir. Sous mes airs froids et intouchables, je reste un homme avec les sentiments qui vont avec. J'ai juste appris à les cacher.
Les plaines enneigées de Sibérie sont vite devenues mon unique foyer. Devant leur étendue j'ai pris conscience de la faiblesse d'un homme. Un homme n'est qu'une toute petite partie de l'univers. J'ai appris à ne faire qu'un avec cette étendue glacée. Je suppose que ces plaines protègent tous les chevaliers du Verseau qui réclament refuge pour quelques années avant les horreurs de la guerre.
Lorsque je suis revenu à moi, ce n'est que pour voir que le vent s'était levé et jouait avec mes cheveux. J'ai toujours aimé cette sensation de liberté pourtant je l'ai perdue il y a longtemps déjà. Et c'est avec une certaine appréhension que je laisse mes souvenirs remonter à la surface.
Nous étions jeunes, trop jeunes quand tout cela a commencé. Je ne souhaitais qu'une chose : me fondre dans la masse. Peut-être ne m'y suis-je pas pris de la bonne façon ? Après tout, avec mon comportement je ne passe pas si inaperçu que ça. Nous avons tous changé au cours de nos entraînements. Aucun d'entre nous ne pourrait se vanter d'être encore le même.
Moi même je ne le peux pas, ma déchéance à commencé lorsque j'ai été envoyé en Sibérie. Je ne me suis jamais senti aussi serein que là-bas. Je n'ai peut-être même jamais autant ri que là-bas aussi. Seul face aux glaciers, je me sentais si libre que c'en était risible. Les chevaliers d'Athéna sont probablement tous des fous. Sinon comment se sentir libre alors que l'on est prisonnier d'un destin que l'on ne veut pas. Nous avons tous appris à se faire à cette idée. Des soumis, c'est sûrement ce que nous sommes pour nous abaisser devant des Dieux. Mais que pouvons nous faire ? Mourir en se rebellant ? Cela ne changerait rien si ce n'est de faire couler un peu plus de sang.
J'ai passé plus de la moitié de ma vie dans cette isba. Petite mais si accueillante. La maison que l'on se transmet de chevalier du Verseau en chevalier du Verseau. Là où mes deux apprentis ont grandi. Milo venait parfois me voir. Le pauvre il grelottait sur place, je n'ai jamais pu effacer l'ombre de mon sourire dans ces situations. Il ne l'aurait jamais mal pris mais je n'aurais pas voulu goûter à Antares.
En repensant à lui, je revois le visage d'un Milo souriant. Et c'est naturellement que je me calme et me rends compte que mon meilleur ami me manque. Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour revenir à l'époque de notre insouciance. Et c'est avec un peu plus de plaisir que cette fois ci je laisse mes souvenirs me montrer ce que j'ai voulu enterrer pour devenir plus fort.
Je crois, non je suis sur que de tous ceux du sanctuaire c'est ma plus belle rencontre. Le petit garçon bagarreur est devenu un jeune homme souriant pour oublier, puis il est devenu un homme violent. Bien sur pas avec moi, mais je le savais. Milo du Scorpion n'avait plus rien du gamin d'autrefois c'est dommage. Par moment, j'aimerais que ce petit bout d'homme revienne. Quand je le vois je ne peux empêcher mon cœur de ce remplir d'une rancœur tenace non pas envers lui mais envers les Dieux. Ces Dieux que nous servons mais qui ne servent à rien. Que rien n'ait été fait pour les Verseaux j'ai fini par l'accepter, mais pourquoi lui ?
Je savais qu'il voulait me le cacher quand il venait me voir, c'est peut-être pour cela que ses visites se sont espacées. Je voyais bien qu'il n'était plus le même. Il a changé le jour où le sang de sa première victime a coulé sur ses mains. Il est devenu un tueur et il ne l'a jamais accepté. C'était un homme brisé comme moi, mais pas de la même manière. On l'a forcé, on l'a brisé pour qu'il survive, moi je l'ai fait de ma propre initiative. Même si je me suis retrouvé trop faible pour me relever par moi même. J'aurais tellement aimé trouvé les mots pour soulager sa douleur mais je n'ai pas réussi. En même temps, je me demande bien comment j'aurais pu réussir alors que je n'arrivais déjà pas à alléger les miennes.
C'est sur ces pensées que j'aperçois ce que j'exècre le plus au monde. Mon reflet. Cette paroi de glace qui me reflète mon image je n'ai qu'une envie la détruire. La blancheur des plaines fait saigner un peu plus mes blessures que je croyais cicatrisées. Ce reflet n'exprime en rien la vérité. Ce n'est que pur mensonge, je me sens si sale. Et c'est avec un goût de bile qui me remonte le long de la gorge que je me rappelle que je ne crois plus en mes convictions.
Ce monde que nous devons sauver en vaut-il la peine ? Ne nous sacrifions nous pas pour rien ? Les hommes ne changeront jamais, ce n'est qu'une belle utopie dont rêve Athéna. Peut-on être un bon chevalier si on lui en veut ? Les chevaliers sont-ils réellement des hommes supérieurs ou des hommes bons animés d'une quelconque envie de sauver cette planète ?
Si j'ai accepté de me briser moi même pour devenir plus fort, il y a des choses que je ne cautionnerais jamais. Contrairement à Deathmask, je n'ai pas pris plaisir à cela. Pour moi c'était nécessaire. J'avais besoin de tomber en mille morceaux pour pouvoir mieux me relever. Se briser pour supprimer ses sentiments voilà le destin tragique des onzièmes gardiens. Une carapace de froideur pour empêcher les autres de nous approcher, les décourager et éviter tout risque de rechute. Les femmes chevaliers portent des masques et nous aussi. Sauf qu'à nous on n'a pas l'affront de lui faire prendre la forme d'un bout de métal. Certains se cachent derrière un sourire, moi derrière un masque d'indifférence aussi faux que je ne m'appelle pas Aquarius.
Le temps passe et je reste planté là devant ces glaciers. Le froid commence à engourdir mon corps mais ce n'est pas grave. J'ai trouvé une façon de faire sortir ma rage. Lentement, je me vois donner des coups dans la glace puis mes coups se font de plus en plus forts. Je n'arrive pas à m'arrêter alors je continue encore et encore en attendant la montée du prochain souvenir.
Je ne peux pardonner ce que j'aurais dû faire à mes disciples. Ce n'était que des enfants qui n'avaient rien demandé à personne. Alors pourquoi tout ça ? Tout ce gâchis ? J'admets volontiers que Hyoga s'accrochait trop à sa mère mais ce n'était qu'un petit garçon qui avait peur. Qu'y avait-il de mal ? On ne fait pas de bons chevaliers en les privant d'amour. Comment peut-on dire que l'on défend l'amour alors que l'on ne sait même pas ce que signifie ce sentiment ? Les border le soir, un bisou sur le front avant de dormir, un câlin de temps en temps n'auraient tué personne.
Moi aussi j'ai eu droit à ces petites attentions. Lorsque je suis arrivé au sanctuaire Milo et moi nous sommes rapidement rapprochés. Je ne compte plus les nuits où j'ai dormi dans son temple car mon maître était en mission. C'était pratiquement toujours au maître de Milo qu'on me confiait. Et ce n'était pas rare la nuit qu'on désobéisse à son maître pour dormir dans le même lit. Blotti l'un contre l'autre, pour profiter de la chaleur humaine qu'on acceptait de se donner et de se partager. Puis je suis parti et j'ai oublié cette chaleur qui réchauffait autrefois mon cœur meurtri.
Mes coups se font de plus en plus puissants. Je me rends compte que j'essaie juste de sortir toute cette rancœur et ce dégoût que j'éprouve envers moi même. Je n'ai rien de pur comparé à ces plaines. Contrairement à elles qui s'étendent où que je pose mon regard, je ne suis plus rien depuis longtemps. L'éclat de pureté que dégage cette étendue glacée me met face à mon amertume. Et alors que je commence à faiblir mes larmes se mettent à couler.
Je suis rentré au sanctuaire contre toute attente Milo n'est pas venu m'accueillir. Je savais qu'il était au sanctuaire, ce que je ne savais pas c'est qu'il avait tué sa première victime quelques jours auparavant. Je suis allé le voir dans son temple mais il n'a pas voulu me recevoir. Tout cela à durer quelques jours. C'est Deathmask qui m'a appris pour son rôle d'assassin. Il m'a aussi dit pourquoi il ne voulait pas me voir. La peur que je le rejette, que je l'abandonne.
Grâce à Deathmask, j'ai réussi à percer la carapace de Milo et ainsi j'ai retrouvé mon ami. J'ai raconté à Milo comment il m'avait aidé pour que je réussisse à l'approcher. Et c'est d'un commun accord que nous avons décidé de nous rapprocher de lui. Cela a pris un certain temps. Mais je crois qu'Aphrodite nous aimait bien et finalement Death à fini par nous accepter dans son cercle d'ami restreint. Nous sommes devenus proche tous les quatre.
A ce souvenir, un fin sourire étire mes lèvres mais je continue de frapper la glace. Je commence à avoir mal aux mains mais cela ne m'arrête pas. Le soleil commence à décliner derrière moi et je ferai mieux de rentrer si je ne veux pas être surpris par la fraîcheur de la nuit. Pourtant je reste là. Et tape inlassablement contre la glace.
Quoi qu'on en dise Deathmask a toujours été le plus fort de nous quatre. Lui il savait la dure réalité de la vie. Tout comme Milo, Aphro et moi il a changé pour survive. Mais à la différence de nous tous, il a toujours su qu'il devrait changé et il l'a accepté. C'est toujours lui qui nous a empêché de faire les plus belles conneries de notre vie même si lui il ne se gênait pas pour les faire. Il a assumé le fait d'être un assassin sans cœur aux yeux des autres. Aphro lui sous son air superficiel s'est révélé un ami à l'écoute, sur qui on pouvait compté. J'ai une totale confiance en ces trois là. Et je n'oublie pas que sans eux j'aurais totalement sombré.
Le soleil vient de se coucher derrière l'horizon. Je suis encore en train de frapper ce mur de glace. Je me rends compte en regardant mes mains que si j'ai mal c'est parce qu'elles sont en sang. Pourtant je ne cesse pas. Malgré mon essoufflement je persiste à me faire mal. Mon sang a taché de rouge la blancheur de cet endroit. J'ai finalement réussi à souiller ce lieu que je considère comme mon seul refuge.
Le vent qui s'était calmé se lève d'un coup. Il est froid et je frissonne malgré moi. Les larmes se sont arrêtées de couler depuis un bon moment déjà. Je ne sais plus depuis combien de temps je suis ici dans le froid. La neige est recouverte de mon sang. Plongé dans mes pensées mes mains continuent de s'abattre contre ce mur si transparent. Soudain je sens que quelqu'un m'arrête. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qui sait.
Deathmask a toujours été le plus fort.
Il a entendu mon appel au secours que je n'avais même pas conscience d'avoir lancer. Il a arrêté ma main de la sienne. J'ai baissé la tête comme pris en faute. Deathmask ne m'a pas sermonné, il n'a rien dit. Il a juste bandé mes mains ensanglantées dont mon sang tâchait déjà les bandes. Pendant tout ce temps je ne l'ai pas regardé. Quand j'ai enfin croisé ses yeux j'ai pu y lire toute son inquiétude, celle d'un grand frère pour son petit frère. Et j'ai compris que quoi qu'il arrive je ne serai plus jamais seul. Deathmask répondra toujours présent à mes appels, il sera toujours là pour moi. Deathmask me sauvera de moi même car il connaît ce sentiment et que personne ne l'a aidé quand il en avait besoin. C'est peut-être une façon pour lui de se racheter mais je l'en remercie sincèrement car j'ai toujours besoin de cette main tendue pour m'aider à me relever.
Il est le plus fort de nous quatre, celui sur qui on se repose, celui qui ne nous laissera jamais tomber quitte à se perdre lui même.
Merci grand frère.
The end ?
J'espère que vous avez autant aimé lire ce texte que j'ai pris plaisir à l'écrire.
Je suis bien entendu ouverte à tous vos commentaires pour m'améliorer.
A bientôt.
