Disclaimers : Les personnages contenus dans cette histoire ne m'appartiennent pas. Ils sont la propriété des créateurs/auteur de la série Person of Interest. Toutes références à des films, séries, chansons, livres, publicités ou autres, sont aussi la propriété de leurs auteurs/créateurs respectifs.

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En revanche les fautes d'orthographes sont bien de moi…

Le rating M correspond au langage et à la violence de certaines scènes, rien de plus.


Chapitre 1

Londres Novembre 1987, deux heures du matin.

Shaw, tapie dans le noir, attendait patiemment l'homme qui allait mourir sous ses yeux dans quelques minutes.

L'humidité dans l'air qui s'infiltrait à travers ses vêtements la faisait légèrement frissonner. Elle entendait la circulation un peu plus loin dans la rue principale, les voitures toujours nombreuses et bruyantes malgré l'heure tardive.

Elle n'était pas très loin de la Tamise dont la hauteur en cette fin novembre atteignait son point culminant suite aux violentes pluies des jours précédents. Elle pensa au brouillard, cette purée de pois anglaise dont elle avait entendu parler mais qu'elle n'avait jamais vue.

Elle fronça le nez, essayant de chasser les odeurs de déchets qu'accentuait la bruine. La poubelle devant elle relâchait des relents de nourriture chinoise, de celle piquante d'un plat à base de curry, d'un poisson en décomposition ou encore l'arôme douçâtre du cumin. Ces senteurs exotiques provenaient certainement des restes délaissés par les clients du restaurant un peu plus haut dans la ruelle. L'immense boîte à ordure qui la masquait aux yeux de ses voisins, ajoutait sa propre fragrance de ferraille à ce pot-pourri irritant déjà ses narines délicates.

Ils étaient trois à faire le pied de grue.

Elle, cachée, et deux types, qui ignoraient totalement qu'une femme se trouvait à quelques mètres d'eux. Ils n'étaient pas vraiment discrets, et jouaient avec leur poignard, tout en crachant par terre et en se racontant des obscénités afin de passer le temps. Ils riaient vulgairement face à : « leur dernier coup de bourre » comme ils l'appelaient.

Shaw n'écoutait plus, elle se concentrait sur ce qu'elle devait faire, ce qui signifiait, rester sur place et ne pas bouger.

Lorsque la porte de la boîte de nuit grinça et s'ouvrit, elle entendit les bribes d'une chanson du groupe Metallica. Elle observa l'homme. Pas vraiment un homme, un jeune homme plutôt, avec du vernis noir sur les ongles, portant un t-shirt sur lequel était écrit en gros caractères, Fuck Everybody, et un jean à moitié troué.

Il ferma la porte puis alluma une cigarette sans se soucier d'éventuelles autres personnes dans la ruelle. La lumière de la flamme révéla des traits assez fins et plutôt doux. Il savoura la première bouffée en regardant le ciel, heureux d'être sorti au calme. Il se frotta les mains pour se réchauffer, regrettant de n'avoir pas pris sa veste.

– Salut Newman, l'appela un des gars en s'approchant.

Le jeune homme le regarda et une lueur de panique apparut dans ses yeux clairs.

– Dites-lui que je le paierai, bredouilla-t-il aux deux hommes qui s'avançaient, menaçant leur couteau prêt à l'emploi.

Il leva les mains en signe de reddition.

– J'ai juste besoin d'un peu de temps, implora-t-il.

– Trop tard, répondit le plus grand, Niko n'est pas du genre patient.

Alors que le plus petit des deux malfrats attrapait les bras du jeune homme afin de l'immobiliser, l'autre le poignarda à plusieurs reprises. Les agresseurs le regardèrent tomber les traits déformés par la peur et la douleur, luttant silencieusement, suffoquant à même le sol à la recherche d'un peu d'air à faire entrer dans ses poumons, une tâche de sang se formant autour de lui.

Ils s'éloignèrent après lui avoir asséné un dernier coup de pied dans le ventre.

– J'en étais où ? Ah ouais, la pouffiasse que j'ai ramenée chez moi… reprit le plus charpenté en sortant de la ruelle, suivi par les ricanements de son acolyte.

Shaw attendit encore un peu, puis s'approcha de l'homme à terre. Elle s'accroupit, déposa sur le sol la petite valise noire et appuya sur le bouton en écoutant le bruit sec du mécanisme d'ouverture. Elle commença la préparation de la seringue en verre, un instant, incertaine face au diamètre de l'aiguille à adopter dans la gamme présente devant elle. Elle fit son choix, se décidant grâce à l'âge et la corpulence de la personne étendue à sa gauche. Le jeune homme, au paroxysme de la peur, paralysé par la souffrance, tourna vers cette inconnue des yeux terrifiés, la suppliant de l'aider, murmurant des paroles incompréhensibles.

Shaw le regarda et tendit la main vers son visage. Non pour le rassurer mais pour attraper sa mâchoire et tourner le plus délicatement possible sa tête afin que sa nuque soit accessible.

Elle inséra l'aiguille à la base du crâne.

C'était une opération délicate et une véritable torture pour le « patient ». Elle devait passer au-dessus de la vertèbre d'Atlas pour accéder au tronc cérébral, le tout en évitant l'os occipital. Elle lui maintint le crâne fermement, en sentant que la vie du jeune blond l'abandonnait petit à petit, pendant qu'elle injectait le liquide qui rendrait la moelle allongée fluide. Une fois le mélange administré, elle compta mentalement jusqu'à trente et tira sur le piston dans le but de récolter plusieurs millilitres du myélencéphale. Lorsque la seringue fut pleine, il émit un dernier râle et ferma les yeux définitivement.

Shaw reposa doucement sa tête sur le sol, puis plaça la seringue dans la valise au niveau du compartiment prévu à cet effet. Elle toucha le sang sur le goudron, l'étudia sur son index et son majeur. Elle le tâta avec son pouce, constatant qu'il était collant, poisseux et noir, ou du moins foncé.

Elle se demanda brièvement à quoi pouvait bien ressembler le rouge ou tout autre couleur.

– Bonsoir Sameen.

Elle ferma les yeux, « Root » se dit–elle. Elle se tourna vers cette voix et regarda les deux personnes face à elle. Harold Finch et Samantha Groves.

Comme à son habitude, la brune portait une veste en cuir noir et dessous, un t-shirt pourvu d'une soucoupe volante et d'un, They exist, pour toute légende. Un jean noir et des bottes de la même couleur complétaient son « style » des années quatre-vingts. Elle réprima un sourire face à l'accoutrement de l'homme à lunettes, ses cheveux coiffés en gros pics tenaient avec apparemment une bonne couche de gel, et son t-shirt sans manches ne mettait pas en valeur ses bras maigrichons. Mais c'était la tête de mort sur l'habit qui attirait le regard, blanche, du sang coulant des orbites et un serpent s'échappant de la mâchoire vous fixait de manière qui se voulait effrayante. Un vieux jean délavé et des bottes sales cloutées à leur extrémité, finissaient ce « déguisement » ridicule.

– Le look punk ne vous va pas, Finch, lâcha-t-elle.

Il rougit légèrement en lançant un coup d'œil en coin à Root.

– Ne lui dis pas ça, mon cœur, il risque de complexer. Si tu savais à quel point il a été difficile de le convaincre d'utiliser du gel, répondit la femme en lui souriant gentiment. Si seulement vous aviez accepté l'eyeliner, soupira Root en se tournant vers lui.

Harold ouvrit la bouche, puis se racla la gorge en reportant son attention sur la femme accroupie.

– Donnez-nous la valise, Mademoiselle Shaw.

Sameen serra les dents et tendit ses muscles, se levant d'un coup, bousculant de l'épaule la poitrine d'Harold et courant en direction de la rue principale.

Root rattrapa l'homme en titubant légèrement sous la violence de l'impact.

– Harry, ça va ? Demanda-t-elle inquiète.

– Oui, oui, Mademoiselle Groves, la rassura-t-il en se massant le torse. Rattrapez-la. Nous devons récupérer cette valise.

Elle hocha la tête et poursuivit celle qui fuyait, et qui venait de tourner à l'angle de la rue.

Shaw scanna les immeubles autour d'elle tout en continuant sa course. Elle savait que Root la suivait, elle se dirigea vers le bâtiment qui lui paraissait le plus haut. Il fallait se dépêcher, Root courait vite et risquait de la rattraper rapidement. Elle sortit son arme, tira dans la vitre de l'entrée du building déclenchant l'alarme. Elle se précipita vers les ascenseurs au fond du hall, appuyant à plusieurs reprises sur le bouton d'appel, pensant bêtement que ce geste répété le ferait arriver plus vite. Elle s'engouffra dans la cabine alors que Root se trouvait à quelques mètres, les portes se refermèrent au moment où elle arrivait. Shaw entendit un juron énoncé avec colère avant que l'ascenseur ne bouge.

Elle s'appuya au pan de la cabine pour reprendre son souffle en observant les chiffres numériques augmenter pendant son ascension vers les étages supérieurs.

Au tout dernier palier, elle ouvrit la porte de la cage d'escalier, monta les dernières marches quatre à quatre, s'arrêta un instant face à la porte, et cassa le cadenas avec la crosse de son arme.

Elle se retrouva sur le toit de l'immeuble. Elle ne put s'empêcher d'admirer un instant la voûte céleste au-dessus d'elle. Les nuages épais essayaient de masquer le peu d'étoiles visibles. Elle entendit du bruit dans l'escalier et redescendit sur terre.

Elle escalada la corniche, regarda sa montre. Elle était en avance, mais elle savait qu'ils l'ouvriraient quand même. Elle appuya sur son oreillette et déclara :

– Asset Shaw en position.

Elle attendit quelques secondes, la connexion était parfois… capricieuse.

– L'avez-vous, Mademoiselle Shaw ? Demanda la voix distinguée de son supérieur.

– Oui, ouvrez ce putain de portail !

Elle se tourna au son des pas de Root sur le gravier, qui s'immobilisa à quelques mètres d'elle, la tenant en joue. Shaw ne leva même pas sa propre arme, sachant pertinemment qu'elle ne pourrait pas lui tirer dessus.

– Donne-moi la valise, mon cœur, dit-elle un peu essoufflée.

Shaw l'observa un instant, se demandant si elle oserait tirer, mais non, Root baissa le bras.

– Je t'en supplie, Sameen, ne fais pas ça, murmura-t-elle les larmes aux yeux.

La jeune femme cligna des yeux, ne comprenant pas pourquoi elle avait presque envie de l'écouter.

Presque…

Elle tourna la tête vers le vide et regarda à nouveau Root qui n'avait pas bougé. Un sourire de vainqueur se dessina sur son visage, elle lui fit un petit signe de la tête.

– À la prochaine, Groves, dit-elle avant de sauter du parapet.

Root s'approcha de la corniche et étudia le vide, Shaw avait disparu. Elle appuya sur son oreillette.

– Harold, je l'ai perdue, dit-elle doucement. « Encore une fois » pensa-t-elle amèrement. Ne bougez pas, je vais venir vous chercher.

– Non, Mademoiselle Groves, je vous rejoins, dites-moi où vous vous trouvez.

Root lui communiqua les informations demandées et attendit. Elle fixa le ciel au-dessus d'elle, refusant de donner libre cours aux émotions qui l'assaillaient systématiquement lorsqu'elle la revoyait.

Elle ferma les yeux, laissant les gouttelettes s'accrocher dans ses cheveux et sur son visage, le froid de cette légère pluie lui faisait du bien.

Tout était si différent ici…

Il arriva en boitillant au bout d'un quart d'heure. Rouge, à bout de souffle. Les dernières marches n'avaient pas dû être faciles à monter. Elle s'en voulut de ne pas l'avoir aidé, perdue dans ses propres pensées.

Elle sourit légèrement alors qu'il la rejoignait, tentant de retrouver un semblant de dignité malgré sa démarche saccadée. Shaw avait raison, le look punk ne lui allait pas. Elle redevint sérieuse lorsqu'il fut à ses côtés.

– Je suis désolée, Harold, je l'avais en joue mais je n'ai pas pu.

Il posa délicatement une main sur son avant-bras.

– Je sais, Mademoiselle Groves. Ne vous inquiétez pas. Elle est en vie, c'est le plus important. Nous trouverons un moyen.

– Cela fait des mois que nous échouons…

– Ayez confiance, nous y arriverons.

Il s'arrêta devant la corniche et se tourna vers elle.

– J'ai bien peur d'avoir besoin de votre assistance…

– Bien sûr, Harold.

Elle sauta avec grâce sur le parapet et lui tendit la main. Après quelques efforts, il gravit le muret puis ferma un instant les yeux face au vide devant lui. C'était toujours la partie des missions qu'il redoutait, il avait espéré que les répétitions lui permettraient de vaincre ce vertige qui le pétrifiait. Malheureusement non, la peur du vide lui collait à la peau quel que soit l'année, le temps ou le lieu.

Root appuya sur son oreillette.

– Nous sommes en position, dit-elle simplement.

Elle attrapa la main d'Harold en observant le tourbillon temporel se former dans le vide.

– Êtes-vous prêt, Harry ?

Il déglutit, ferma à nouveau les yeux quelques secondes, les rouvrit et hocha doucement la tête. Root attendit silencieusement qu'il la regarde. Il leva les yeux vers elle, appréciant la délicatesse de cette femme dont le regard lui envoyait le message qu'elle était à ses côtés dans cette épreuve, et ne le lâchait pas. Comme toujours, il pouvait compter sur elle.

Elle lui sourit.

– Alors on y va, Harry ! Dit-elle en sautant au centre du typhon à leur pied, l'entraînant avec lui dans sa chute.

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N/A : Notes importantes.

Il se peut qu'il y ait quelques clichés dans cette histoire, j'ai fait mon possible pour les éviter, mais on ne sait jamais et j'en suis désolée.

Il y a beaucoup de référence à des morceaux de musique dans ce récit. Étant donné que cette histoire traite des cinq sens et parfois même de leur déficience, j'ai trouvé que c'était intéressant de faire allusion à l'ouïe de chaque personnage de cette façon. Permettant aussi ainsi de comprendre un peu mieux leur caractère à travers leur préférence pour tel ou tel grand compositeur.

Tous les termes de médecine ou physique décrits existent bel et bien. J'ai essayé de rester au plus près de la réalité dans leur utilisation, néanmoins plusieurs interactions ou corrélations entre eux sont complètement romancées pour les besoins de l'intrigue.

Par exemple, toute la théorie sur l'énergie du myélencéphale est une fabrication de ma part, et je ne suis vraiment pas sûre que les rayons T puissent être utilisés pour les voyages dans le temps…

Je vous demande de ne pas trop m'en vouloir d'avoir inventé et déliré sur ces sujets.

Autre chose, cette histoire comporte beaucoup moins de plaisanteries que Badass ou Nautilus, là aussi ne m'en veuillez pas trop.

Enfin, je cite tous les morceaux entendus par les personnages dans les chapitres, sauf ici. En effet, la chanson de Metallica dans la boîte de nuit à laquelle je pensais n'existait pas en 1987, elle a été écrite en 1992. Cela dit, si vous m'accordez ce petit anachronisme, la musique que j'avais en tête est la plus connue du groupe: Nothing Else Matters.