Une autre fic, qui n'est pas encore finie mais disons plutôt bien avancée alors normalement les mises à jour devraient être très régulières
Au début des temps, un temps où l'homme ne foulait pas encore notre terre, il y eut dans l'enfer de la nuit un éclair. Un éclair qui déchira le ciel et enflamma un arbre. De ces cendres naquit l'oiseau de feu, qui déjà formé, leva fièrement son bec et déploya ses ailes. Et comme une comète enflammée, il fila à travers les ténèbres pour un vol, une éternité.
Ne pouvant se reproduire et sentant sa fin proche, le phénix construisait un nid de branches, y mettait le feu et se laissait consumer dans les flammes. De ces cendres naissait un autre phénix.
Il naquit de ses cendres, et renaissait de ses cendres. Tel qu'un phénix, il reviendra...
OoO
La faible lumière de ce début de matinée brillait au travers de la fenêtre. Elle éclairait le pied du lit et se propageait tranquillement dans le reste de la pièce, faisant luire les photos posées sur le bureau, illuminant les murs d'étranges arabesques, ombrageant alternativement le tas d'habits chiffonnés sur le sol.
Elizabeth ouvrit péniblement les yeux, la lumière bien que douce était trop forte pour ses yeux embrumés de la nuit. Après avoir jeté un furtif coup d'oeil au réveil, elle reposa sa tête sur l'oreiller, voulant profiter encore un peu du calme et de la sérénité ambiante; mais une personne à côté d'elle ne l'entendrait pas de cette manière indéfiniment. La jeune femme s'étira et se posa les mains sur le visage pour effacer tout vestiges de la nuit. Et là, elle se souvint. Aujourd'hui, cela faisait deux ans.
La fraîche matinée s'assombrit, le froid devint soudainement oppressant alors qu'elle s'assit, les couvertures pesant autour d'elle. Deux ans, jours pour jours. Elizabeth ferma les yeux pour contenir ses larmes.
Comme un remède à son chagrin, elle se pencha sur le côté et encercla de ses bras ce petit être à la chevelure noire pour l'embrasser sur la joue en guise de bonjour. Son coeur se gonflait d'amour à chaque fois qu'elle posait son regard sur lui. Doucement, elle lui caressa de son index la joue, puis le bout de son nez. Réceptif à ces caresses, il ouvrit les yeux et la transperça de son regard émeraude. Le même que le sien, pensa t-elle douloureusement.
- « Mama » lui fit son fils en tendant les bras pour un câlin.
Répondant aux attentes de son fils, Elizabeth le prit dans ses bras et le berça affectueusement. Aujourd'hui n'était pas un jour comme les autres, alors au diable son sens de la ponctualité. Ils avaient plus que jamais besoin de réconforts, bien que Johnatan, du haut de ses treize mois, n'ait pas encore conscience de ce qu'il avait perdu.
Elizabeth passa une main dans les cheveux noirs de son fils et le cala un peu plus contre elle.
Deux ans.
Une larme coula le long de ses joues qu'elle essuya d'un revers de main. Jamais, elle ne pourra s'habituer à son absence. Jamais, elle ne pourra s'en relever. Tout lui faisait penser à lui, tout malgré le temps passé et qui, contrairement aux croyances populaires, ne cicatrisait pas ses plaies. Elles étaient encore bien ouvertes, la douleur aussi palpable qu'au premier jour, surtout aujourd'hui.
A commencer par ces photos. Les vestiges de leur union passée, le temps d'un bonheur et d'un avenir où tout leurs souriait. Un bonheur figeait désormais dans un cadre, comme pour rappeler à la jeune femme en guise de punition ses fautes et les conséquences qui en découlèrent.
Certains de ses objets jonchés encore la pièce car ne s'étant jamais résolue à les mettre dans une boîte. Sa montre reviendra à leur fils une fois grand. Quant à ses vêtements civils, ils prenaient de la place dans l'armoire, mais à chaque fois qu'elle avait tenté de les enlever, elle fondait en larmes. Alors finalement, elle les avait gardé, se vêtant de ses tee shirt pour dormir.
Et Johnatan. Leur bébé. Le fruit de leur amour. Leur plus belle réussite. Il lui suffisait de poser son regard pour le voir, ses mimiques étant les mêmes, sans parler de son sourire et de ses yeux. C'était lui, tout simplement. Son fils la remplissait de joie et de fierté mais dans le même temps il la faisait souffrir. Il lui rappelait trop son père.
Le moment était venu de se lever. Malgré les protestations de son fils, Elizabeth se glissa hors du lit et ramassa ses vêtements jetaient négligemment la veille sur le sol ainsi que quelques jouets. Et dire qu'avant elle était si ordonnée - devenir mère peut vous faire perdre certaines habitudes.
Elizabeth déposa Johnatan dans son lit parapluie, juste le temps de faire couler un fond d'eau pour lui faire prendre son bain. Il aurait dû passer la nuit dans son lit, mais elle avait ressenti plus que jamais le besoin de dormir avec lui.
Lorsqu'elle sortit de la salle de bain, elle fut amusée de le voir agrippé au bord du lit pour essayer de s'échapper mais il tomba sur les fesses. Heureusement que la couche amortit la chute. A ce titre, elle songea qu'il serait temps de lui apprendre à faire sur le pot, bien que Keller lui ait certifié qu'elle avait encore quelques mois pour voir venir.
- « Allez monsieur, à la douche! » s'exclama t-elle en le prenant dans les bras.
Johnatan posa ses petites mains sur le large tee shirt de sa mère et tira dessus, comme pour lui faire comprendre qu'il n'en avait pas envie.
- « Oh mais c'est qu'on se rebelle »
- « Vi.. pas » gazouilla t-il
Elizabeth réprima un sourire et entra dans la salle de bain. Après lui avoir ôté sa grenouillère et vérifié encore une fois la température de l'eau, elle le déposa dans la baignoire. Et comme à chaque fois, son fils se calma en sentant l'eau toucher ses fesses. Il se mit à jouer avec les canards en plastique sous l'oeil plein d'admiration de sa maman qui le mouilla doucement.
- « Ah non Jo, tu n'éclabousses pas maman »
Devant le semblant d'autorité de Elizabeth, le petit garçon ria aux éclats avant de recommencer de plus bel.
- « Johnatan Sheppard! » reprit-elle plus sévèrement.
Aussitôt, son fils se figea et lui darda un regard à lui rompre l'âme. En cet instant, il avait cette étincelle dans les yeux, la même qu'arborait son père lorsqu'il se sentait fautif ou qu'il voulait se faire pardonner. Et comme avec son père, elle céda.
- « Désolée d'avoir crier mon coeur, mais après maman est toute trempée » dit-elle en lui montrant son tee shirt.
- « Oh, oh » lui chanta Johnatan moqueur.
- « J'en ai pas fini avec toi » fit-elle dépitée avant de l'embrasser sur le haut du crâne chevelu.
OoO
Comme à chaque fois qu'elle entrait au mess avec Johnatan dans les bras, tous les regards se braquaient sur eux. Il faut dire que la bouille de son fils amenait les convoitises des femmes qui ne pouvaient que craquer devant cet enfant. Toutes les femmes étaient folles de lui. Quant à Johnatan, il était aux anges face à tant d'attentions, en redemandant même.
Elizabeth l'installa dans sa chaise haute qui ne quittait plus le mess et s'installa à côté de lui. Après lui avoir mis un bavoir, elle ouvrit un petit pot de compote et piocha une cuillère qu'elle tendit à son fils. Mais ce dernier détourna la tête en grimaçant.
- « Johnatan, fais plaisir à maman »
Finalement, son fils obtempéra et ouvrit la bouche pour accueillir la nourriture, mais ne tarda pas à tout recracher.
- « Non, mais c'est pas vrai » fit-elle blasée en réprimant un soupir d'exaspération. « Ne me dis pas que tu n'as pas faim Jo car je ne te croirais pas. »
Son fils hocha la tête et s'essuya avec la manche de son haut la compote de la bouche. Et dire qu'il était propre !
- « Bonjour vous deux » fit une voix derrière elle. « Salut crapule! » enchaîna Ronon en sortant Johnatan de sa chaise haute pour le prendre dans ses bras.
- « Bonjour Ronon » se força Elizabeth à lui répondre en lui grimaçant un sourire.
- « Ce n'est pas la grande forme on dirait » constata le runner en asseyant Johnatan sur ses genoux.
- « Monsieur a décidé de faire des siennes aujourd'hui »
- « Il recrache encore toute sa nourriture »
La jeune acquiesça et se renversa contre le dossier de sa chaise en croisant les bras. En dépit de son adorable minois, son fils avait le don de la faire tourner en bourrique quelque fois. Il avait un sacré caractère. Le digne fils de son père, songea t-elle mélancolique.
- « Va te prendre à manger, je m'occupe de la terreur » enjoignit le runner en le replaçant dans sa chaise.
Elizabeth le remercia par un sourire et se leva de sa chaise. De loin, elle observa Ronon donner à manger à son fils en imitant l'avion. Son coeur se serra. En pilote chevronné et passionné, nul doute sur le fait qu'il aurait lui aussi donné à manger à leur fils de cette manière. Ronon le savait également.
- « Va m'expliquer pourquoi il mange avec toi, et sans en mettre de partout qui plus est! » s'indigna Elizabeth en posant son plateau sur la table.
Ronon se contenta de hausser des épaules avant de froncer les sourcils en voyant le repas de la jeune femme.
- « Tu penses vraiment qu'un café et une pomme soient un petit déjeuner. »
- « Je n'ai pas faim » répondit-elle en tendant le gobelet d'eau à son fils.
Pas besoin d'aller chercher midi à quatorze pour comprendre la morosité de la jeune femme. Il n'avait pas oublier ce que symbolisait ce jour pour elle, et pour eux tous d'ailleurs.
- « Comment te sens-tu ? » hasarda t-il à demander.
Elizabeth n'aurait pu lui donner une réponse précise car elle n'en avait pas la moindre idée, voilà pourquoi elle lui répondit tout simplement:
- « Il me manque »
Elle dévia son regard du runner pour le reporter sur son fils qui venait de mettre ses doigts dans la bouche.
- « Tu veux ta tétine mon coeur »
Elizabeth chercha dans le sac de Johnatan, et en sortit une tétine qu'elle tendit à son fils qui l'enfourna aussitôt dans la bouche pour mordiller le latex avec ardeur.
- « Il a une autre dent qui le travaille » informa t-elle en mimant le geste à la parole.
- « Elizabeth... » appela Ronon d'une voix douce.
- « Je vais bien, ne t'en fais pas » lui assura t-elle en lui souriant, mais Ronon n'était pas dupe.
Elle souffrait. Son absence se ressentait tous les jours que dieu fait, mais encore plus aujourd'hui. Tout le monde pensait que la dirigeante, en femme forte, saurait ré-apprendre à vivre mais à l'étonnement de tous ce n'était pas le cas. Pleurant depuis deux ans son amour disparu, et par la même le père de son enfant, elle se refusait de faire son deuil. Ronon soupçonnait même que sans Johnatan, elle ne serait plus de ce monde. Elle l'aurait suivi n'importe où, même jusqu'à la mort...
- « Je sais ce que tu vas dire » stoppa Elizabeth de sa main pour l'inciter à se taire. « N'en parlons plus s'il te plait » lui intima t-elle en posant sa main sur celle de son ami.
Ils avaient commis une erreur, une seule, et elle en payait le prix fort pour le restant de sa vie. Alors que pour lui, il en était tout autrement. Elizabeth n'avait pas à supporter seule les conséquences de cette nuit...
- « Elizabeth, tu ne penses que qu'il est temps que tu refasses ta vie. Deux ans viennent de passer. Combien de temps vas-tu encore te punir? » sermonna Ronon sans vouloir être désobligeant.
Cette discussion. Ils l'avaient eu maintes et mainte fois. Toujours les mêmes questions, toujours les mêmes réponses.
- « Pour le reste de ma vie si je l'estime nécessaire, et encore ça ne le ramènera pas » rétorqua t-elle fatiguée.
Un silence gênant s'installa entre eux. Johnatan dû ressentir la tension dans l'air puisqu'il se manifesta en sautillant sur sa chaise et en appelant sa mère :
- « Mama!! »
- « Oui, mon coeur, je suis là » répondit-elle aussitôt en prenant son fils dans les bras. « Je dois allez travailler, excuse moi »
Et comme à chaque fois, elle préférait fuir plutôt que de poursuivre cette conversation, pensa Ronon tristement.
