Chapitre 1
Darcy se tenait au fond de la salle de bal. Comme à son habitude il affichait un air totalement détaché et hautain afin d'être sûr de n'être importuné par aucun invité indésirable. Il ne cessait de repenser à l'expression d'Elizabeth lorsqu'il lui avait avoué son amour et son désir de la voir devenir son épouse. Il revit la douleur, la colère et l'interdiction dans les yeux noirs et profonds. Il ne put s'empêcher de laisser s'afficher un air malheureux sur son visage d'habitude si froid et fermé. Réalisant subitement qu'il n'était pas à l'abri dans son bureau à Pemberley, il se redressa et tenta de reprendre contenance afin de ne rien laisser paraître. Il fut tiré de sa rêverie par le brouhaha que générait l'arrivée des derniers invités : les Bennet.
A ses cotés Charles jubilait de voir arriver celle qui pourrait devenir « sa bien aimée Jane ». Il se précipita à ses cotés, laissant de nouveau Darcy en proie à ses pensées douloureuses, celles-ci s'accentuant lorsqu'il vit apparaître Elizabeth. Elle était radieuse dans sa robe de satin d'un blanc immaculé et portait des perles entremêlées dans ses cheveux noirs et bouclés. Jamais elle ne lui avait paru si belle et rayonnante mais il savait désormais qu'elle lui était totalement inaccessible. Le cœur battant il réalisa subitement qui l'accompagnait. Wickham. Comment osait-il ? Sa mâchoire se crispa et il resserra sa prise sur son verre afin de ne pas le laisser choir sur le parquet brillant de l'immense salle. Caroline Bingley, toujours à l'affût du moindre mouvement de Darcy, se rapprocha plus que la bienséance le permettait et commenta la scène à celui qui, depuis deux jours, était son fiancé.
« - Et bien mon cher, je note chez vous une certaine réticence à l'idée de fréquenter un certain groupe !
- En effet Miss Bingley, pour une fois vous avez su voir juste en ce qui concerne mes pensées... » répondit Darcy d'un ton las.
Caroline ne put que se féliciter de cette réponse, toujours persuadée que la condition inférieure des Bennet était la principale cause de la réticence de Darcy. Elle affichait un sourire satisfait lorsque Charles revint avec à son bras une Miss Bennet rougissante suivit de près par Elizabeth et Wickham.
« - Miss Bennet, dit Charles, vous vous souvenez sûrement de ma sœur, Miss Caroline Bingley et de son fiancé Mr Darcy ?
- Bien évidemment. Mr Darcy, le salua-t-elle avec une révérence.
- Miss Bennet. La salua-t-il en retour avec un léger signe de tête.
- Et comment pourrais-je oublier Miss Bingley ! Comment allez-vous ? Demanda Jane, visiblement heureuse.
- Miss Bennet ! Quel plaisir de vous revoir ! Je me porte à merveille, merci de vous en soucier. Répondit Miss Bingley d'un ton pince sans rire. »
Jane sourit devant cette réponse qu'elle pensait sincère, mais Elizabeth, qui avait vu la scène ne pu retenir un sourire devant l'apparente hypocrisie de Caroline Bingley.
« - Darcy, coupa Mr Bingley, laissez moi vous présenter Mr Wickham ! Je l'ai rencontré cette après midi à Meryton alors que celui-ci escortai Miss Elizabeth. Mr Wickham, je vous présente mon très bon ami, Fitzwilliam Darcy de Pemberley !
- J'ai déjà le plaisir de connaître Mr Darcy et ce depuis l'enfance, mon père était l'intendant de feu Mr Darcy. Répondit Wickham avec aplomb et n'hésitant pas à toiser Darcy.
- Vraiment ! S'étonna Bingley, et avec une bourrade dans l'épaule de son camarade, il repris. Darcy vous n'aviez jamais mentionné l'existence de Wickham !
- A vrai dire, je n'en voyais pas l'utilité. » Répondit sèchement Darcy qui fournissait un effort surhumain pour ne pas arracher Elizabeth du bras de cet avorton.
Elizabeth, se trouva dans un certain inconfort lorsqu'elle dû saluer Mr Darcy. Devoir le saluer après la réponse sèche faite à Wickham et la demande peu protocolaire qu'il lui avait faite à Hunsford, la conforta davantage dans son opinion concernant son caractère arrogant. Elle le salua en le regardant droit dans les yeux, comme pour lui signifier que l'annonce de ses fiançailles avec Caroline Bingley lui importait peu, bien qu'elle eut tressaillit à la mention de la nouvelle. Elle entendit alors sa sœur se lancer dans les félicitations d'usage et se trouva fort embarrassée lorsque Jane lui enjoignit de confirmer la joie de la famille Bennet quant à l'annonce de fiançailles aussi importantes.
« -Permettez moi de vous féliciter, au nom de la famille Bennet ? Déclara timidement la jeune femme au couple qui se tenait en face d'elle. Nous sommes absolument ravis pour vous, n'est-ce pas Elizabeth ? ».
Darcy qui recevait pour la énième fois de la soirée des compliments quant à son choix et son supposé futur bonheur conjugal, s'apprêtait à répondre une phrase que la bienséance jugerai adéquate en une telle situation. Mais à la mention du prénom de celle dont il s'efforçait de ne pas croiser le regard, il releva vivement la tête, se tourna vers Elizabeth et s'aperçut qu'elle rougissait. Il cherchait un signe quelconque, même infime de la part d'Elizabeth, susceptible de lui redonner de l'espoir, aussi, il regarda fixement Elizabeth. Cette dernière, surprise de la requête de sa sœur aînée, tenta de se reprendre et, croisant le regard de Darcy, vira au cramoisi. Prise au dépourvu par l'intensité qu'elle lu dans les yeux sombres de Darcy, elle répondit rapidement et sans grande conviction pour son auditoire.
« - Oh si bien sûr ! Nous sommes tous enchantés. »
Elle adressa un sourire de circonstance à Miss Bingley mais ne pu se résoudre à affronter une nouvelle fois les yeux de Darcy. Toujours stoïque et avec une Miss Bingley à son bras qui ne cessait de s'extasier sur son futur mariage, Darcy ne pensait qu'à la réaction d'Elizabeth. Entendant vaguement Miss Bingley exiger qu'il confirme son impatience à l'idée de cette union, il répondit machinalement pour contenter Miss Bingley. Il en avait assez de cette litanie. De nouveau happé par ses pensées il ne cessa de se remémorer l'attitude d'Elizabeth lors de l'annonce de ses fiançailles. Les questions se bousculaient dans son esprit, il n'avait jamais été dans une aussi grande incertitude, hormis ce jour où il avait fait sa demande. Ne sachant que penser des agissements de la jeune femme, il se rendit compte qu'elle avait un pouvoir beaucoup plus puissant sur son être et son esprit. Elle faisait battre son cœur plus vite et plus lentement à la fois. Il la savait forte et courageuse et qu'elle ne se laissait pas difficilement impressionner. La marque de gène et de pudeur qu'elle avait laisser entrevoir le conforta dans l'idée que quelque soit son choix d'épouse, aucune ne parviendrait jamais à lui faire oublier la douce, chaleureuse et espiègle Elizabeth. Elle le hanterai jusqu'à la fin de ses jours et il en avait douloureusement conscience.
La conversation suivit ainsi son cour, chacun allant de ses nouvelles et s'extasiant devant la beauté des lieux, le nombre d'invités et les parures des femmes toutes plus belles les unes que les autres. Lorsque les premières notes d'un quadrille retentirent, il entendit Wickham proposer la prochaine danse à Elizabeth. Il la regarda se tourner vers Wickham et lui sourire en réponse alors qu'elle prenait le bras qu'il lui proposait. Il la regarda s'avancer sur la piste de danse après leur avoir demandé de les excuser. Et il la regarda danser, tourner et sourire à ce fourbe de Wickham. Si seulement elle savait ! Serrant les poings, il se perdit dans la contemplation d' Elizabeth. Il ne remarqua pas que Charles s'était éloigné avec Jane et que Caroline le scrutait. Elle savait parfaitement ce qui se tramait sous ses yeux, elle savait quels étaient les sentiments de Darcy pour Elizabeth et savait ce que celle-ci pensait de lui. D'autant qu'elle avait surpris la demande de Darcy à Hunsford, cachée derrière un vieux chêne.
Elizabeth dansait toujours avec Wickham lorsqu'elle sentit un regard posé sur elle. Tout en continuant de tourbillonner elle découvrit un Darcy au visage fermé mais dont les yeux, d'un noir profond, trahissait le cours de ses pensées. Ils brillaient d'une lueur qu'elle ne leurs connaissaient pas et, vainement, elle tenta de reprendre sa danse sans prêter une seconde d'attention de plus au regard ardent du jeune homme. Incapable de résister, elle lançait de rapides coups d'œil dans sa direction pour s'assurer qu'il la regardait toujours. Soudain sa raison la rappela à l'ordre. Pourquoi ce soudain besoin de t'assurer qu'il te regarde ? Et dans une dernière rotation, elle accrocha son regard. Alors qu'ils se dévisageaient, elle vit un infime sourire passer sur ses lèvres avant que celui-ci ne s'évanouisse dans son regard. Troublée, elle rata le dernier pas et tomba à genoux. Le yeux rivés sur le sol, elle ressenti toute la profonde humiliation que de se retrouver ainsi à genoux, au milieu des autres danseurs qui désormais accouraient pour l'aider. Mortifiée, elle n'entendit pas les questions de son entourage sur sa santé, mais elle distingua en revanche parfaitement l'exclamation de Caroline Bingley.
« - Oh oh! Voilà ce qui arrive lorsque l'on souhaite se frotter à un monde qui n'est pas le sien ! »
Darcy sorti de sa torpeur à cet instant, près à secourir Miss Elizabeth mais il fut devancé par Wickham qui l'aidait déjà à se relever. Caroline riait toujours lorsque Elizabeth se redressa et remisa ses jupes correctement. Dans un excès de fierté, elle leva le menton et regarda droit devant elle avant d'aller s'installer sur le fauteuil le plus proche. Captivé par la jeune femme, Darcy ressenti une bouffée d'affection en la voyant réagir aussi dignement. Entendant Caroline rire de plus belle de la situation, il ne pu s'empêcher de lui faire comprendre par un regard des plus menaçant qu'il n'approuvait aucunement son comportement. Révulsé par ce qu'il voyait chez Caroline Bingley, il tenta de se diriger vers l'attroupement rassemblé autour d'Elizabeth afin de s'enquérir de son bien être. À sa grande surprise et pour son plus grand déplaisir il fut retenu par une Caroline qui à présent ne cachait plus rien de sa jalousie et de son mépris pour les Bennet.
« - Mr Darcy, dois-je vous rappeler que je suis votre fiancée et que vous rendre à son coté pour s'assurer de sa bonne santé ne ferait qu'alimenter les plus folles rumeurs et serait plus que mal vu par cette assemblée ? »
Rattrapé par son éducation et les principes de bienséance, Darcy ne bougea pas et ne pu que regarder, impuissant, Elizabeth se remettre de ses émotions aidée par Wickham. Il se résolut à ne s'enquérir du bien être d'Elizabeth qu'une fois le que le bal aurait repris son cours et que le petit groupe ne serait plus l'objet de toutes les discussions. Mais Caroline l'en empêcha une nouvelle fois. Déterminée à ne laisser aucun moment de répit à son fiancé, elle agrippa son bras et l'entraîna à travers la salle de bal pour faire quelques présentations. Ainsi exposés, elle avait conscience, qu'il ne tenterai pas de se dérober à son devoir de fiancé. Passant au cribles toutes les personnes présentes afin de décider laquelle d'entre elle aurait le privilège d'être au courant en premier de ses récentes fiançailles. Parmi les convives elle perçu une silhouette qu'elle connaissait bien et, tenant toujours fermement le bras de Darcy, l'entraîna vers son amie, Fanny Merkham.
« -Fanny ma chère ! Cela fait si longtemps ! Comment vous portez-vous ? » Lança Caroline et se dirigeant droit sur son amie, les mains tendues.
Prenant les mains de cette dernière en signe d'affection, Mrs Merkham répondit avec une chaleur teintée d'ironie à son amie.
« - Caroline ! Grands dieux, voilà bien des semaines, voire des mois que nous ne nous sommes pas rencontrées ! Pensez donc que je n'arrive pas à me souvenir de notre dernière discussion ! Mais je dois vous dire que je me porte très bien ! Tout comme mon cher Mr Merkham. Le bal vous sied t-il ? Avez vous fait quelque rencontre intéressante ? Je sais que vous ne perdez jamais une occasion de traquer un bon parti ni de goûter au punch !
- Cessez donc de me taquiner de la sorte Fanny ! Nous savons toutes les deux qu'il n'est rien dans votre description qui ne corresponde à mon comportement ni à mon caractère ajouterais-je. »
Mrs Merkham, amusée mais néanmoins dubitative face à la réponse feinte de Caroline, laissa échapper un léger ricanement qui eut pour effet d'attirer l'attention de Darcy. Tout en la dévisageant il écouta d'une oreille distraite les présentations faites par Caroline. Inhabituellement à l'aise en présence d'une inconnue, il observa avec attention cette femme qui, certes était l'amie de Caroline Bingley, mais à l'inverse de celle-ci affichait un air chaleureux et sans prétention. Darcy dû admettre qu'il appréciait cette femme de par sa simplicité bien qu'elle le cachât sous de airs de crânerie que Caroline semblait apprécier et dont elle recherchait même la compagnie.
« -Mais sachez que vous n'avez pas tout à fait tord sur un point. J'ai fais de prometteuses rencontres ! Laissez moi vous présenter Mr Darcy, de Pemberley, dans le Derbyshire, mon fiancé. »
Elle appuya ces deux derniers mots et les prononça suffisamment fort pour attirer l'attention des personnes présentes autour.
Mrs Merkham resta un instant interdite puis ouvrit de grands yeux étonnés avant de se tourner vers Darcy et de le saluer avec la plus grande politesse. Bien qu'elle gratifia Caroline d'un sourire complice, elle resta évasive quand à son avis sur les fiançailles de Caroline.
« - Je suis surprise mais néanmoins charmée Mr Darcy.
- Ravi de faire votre connaissance Mrs Merkham. » Répondit Darcy avec sincérité.
Elle adressa un sourire sincère à Darcy, puis se tournant vers Caroline, enchaîna :
« -Voilà une annonce des plus inattendues Caroline ! Vous avez su tirez votre épingle du jeu je dois dire...
-Je pense en effet que cette union s'avère être des plus sage. Après tout il est plus avisé de rester dans son cercle et de contracter des alliances susceptibles de garantir un bon train de vie ! Imaginez mon amie, que je vais atteindre des cercles encore plus élevés ! »
Sans faire davantage attention à l'homme qui se trouvait à ses cotés, Caroline se mit alors à détailler toutes les possessions de Mr Darcy à son amie sans omettre aucun élément composant la fortune du gentleman. Habitué à entendre Caroline faire les louanges de ses capacités financières plus que de sa personne, il ne prêta pas attention au discours de celle-ci bien qu'il eut du mal à retenir un rictus de dégoût quand Caroline mentionna les 10 000 livres de rente annuelle qui bientôt seraient siennes. La bienséance voulu qu'il restât auprès de sa fiancée encore un bon moment cependant il décidât qu'à la première occasion lui permettant d'échapper à la diatribe de Miss Bingley, il la saisirait et s'en irait voir du côté de Miss Elizabeth afin de s'assurer de son rétablissement. Le regard perdu dans son verre de vin, qu'il n'avait pas touché depuis le début de la soirée, ses pensées tournèrent vers Elizabeth. Il finit par apercevoir l'objet de son affection, de son amour, assise et souriante, plus ravissante que jamais en compagnie de Jane et de Mr Bingley qui lui faisait signe.
Le ciel soit loué Charles ! Trop heureux de pouvoir échapper à sa fiancée et de se rapprocher d'Elizabeth, il se tourna vers sa fiancée et son amie et, sans plus de cérémonie, demanda à être excusé. Caroline, bien trop occupée par tous les attraits matériels que pourraient lui offrir son mariage, ne prêta d'abord aucune attention au départ de Darcy. Charles voyant son ami et futur beau-frère se diriger vers leur petit groupe et décida d'entamer la conversation.
« - Darcy ! Ainsi vous daignez enfin venir vous enquérir de la santé de Miss Elizabeth ! »
- Je vous en prie Mr Bingley, je ne suis pas si fragile et Mr Darcy a sûrement mieux à faire que de se soucier de ma santé. » répondit l'intéressée, visiblement gênée et agacée.
Darcy fut surpris de la pointe de jalousie dans les paroles d'Elizabeth et choisi d'en tirer avantage en se montrant plus avenant et charmant qu'elle ne l'eut jamais vu.
« -Détrompez-vous Miss Bennet, commença-t-il doucement, j'ai immédiatement songé à venir vous apporter mon aide mais vous étiez déjà bien accompagnée et je ne voulais pas m'imposer... » Conclu-t-il avec un sourire timide.
Elizabeth le regardait, perplexe. Le voir sourire de la sorte le rendait moins austère et elle se rendit compte qu'il paraissait également plus jeune.
« -J'apprécie votre sollicitude monsieur... » finit-elle par répondre avec un sourire.
Sentant le rouge lui monter aux joues, elle baissa la tête et regarda fixement ses genoux. Pour une fois, elle devait se rendre à l'évidence, elle était heureuse qu'il se soit soucié d'elle et elle lui répondit avec chaleur. Darcy jubilait intérieurement de la voir réagir de la sorte. De leur côté, Jane et Bingley étant trop absorbés l'un par l'autre, ne remarquèrent pas le trouble qui s'empara d'Elizabeth et la mine enjouée de Darcy. Caroline, qui écoutait d'une oreille distraite les dernières nouvelles de Londres ne rata rien de l'échange de Darcy et Elizabeth, de même que Wickham, parti chercher des rafraîchissements. Aussi ces derniers décidèrent de se joindre au groupe. Wickham fut le premier à intervenir en se rendant auprès d'Elizabeth.
« - Tenez ma chère, buvez, cela vous revigorera. Vous savez combien votre bien être et vos besoins sont ma priorité. Lui dit-il en s'asseyant à ses côtés.
-M... merci... Mr Wickham... » bafouilla t-elle, prise au dépourvu par le prompt retour de Wickham.
Darcy ne l'avait jamais vu chercher ses mots ou bafouiller, il fut touché par cette timidité soudaine et n'en fut que plus amoureux. L'arrivée de Wickham le fit perdre son sourire et un profond ressentiment s'empara de lui au moment où Wickham lui lança un regard de défi en plus d'afficher un sourire satisfait. Voyant Elizabeth se pencher vers le petit guéridon à sa droite pour y poser son verre de limonade, il oublia la présence du malotru et durant un instant détailla les courbes de la nuque d'Elizabeth et se satisfit de ses joues encore rosies. Il sursauta lorsqu'il senti une main se poser sur son bras, détournant son regard d'Elizabeth, il vit Caroline se placer à son bras.
« - Ah Fitzwilliam, je vous trouve enfin ! Grand Dieu, Miss Eliza vous semblez bien pâle, tout du moins, plus qu'à l'accoutumée. »
N'appréciant pas que Miss Bingley utilise son nom de baptême devant une telle assemblée, il relâcha d'abord le bras de celle-ci et s'écarta de quelques centimètres. Il s'apprêtait à répondre que Miss Elizabeth semblait au contraire toujours pleine de vie de santé, espérant revoir l'infime part de chaleur qu'il avait perçu dans les yeux d'Elizabeth mais il fut devancé par Wickham.
« - Au contraire, je trouve que Miss Elizabeth ne manque jamais de vivacité que ce soit dans la couleur de son teint autant que dans ses traits d'esprits. »
La répartie de Wickham prit tout le monde court. S'en suivirent des regards étonnés et quelques sourires incertains mais chacun garda ses commentaires afin de ne pas froisser le jeune homme ou d'embarrasser davantage Elizabeth, qui s'obstinant à fuir les regards tout autour d'elle, se tordait les mains de gêne. Décidant que la soirée était suffisamment avancée, elle pria Jane de bien vouloir rentrer à Longbourn, au grand damne de Darcy. Au vu des événements de la soirée et de l'heure tardive, elle savait que personne ne trouverai rien à redire sur le départ des Bennet.
Le départ de Miss Elizabeth fut bien trop rapide au goût de Mr Darcy. Il pu cependant se consoler en repensant à l'occasion qu'il avait saisie de raccompagner Elizabeth jusqu'au vestibule, faisant fi de toutes les conventions et pire, de son éducation, en abandonnant sa fiancée au profit d'une autre femme. Tandis qu'il la regardait enfiler sa pelisse il songea qu'il ne la reverrait sûrement pas avant longtemps et laissa échapper un soupir de dépit. Il se prit ensuite de jalousie pour le palefrenier qui, tendant la main à Elizabeth, l'aidait à monter dans la voiture qui allait l'emmener si loin de lui. Il resta un long moment sur le perron en compagnie de Charles qui dû user de persuasion pour le faire retourner à l'intérieur.
« - Vous ne venez pas William ?
- J'ai besoin d'air je crois.
- Je vois bien que quelque chose vous tracasse, vous savez que vous pouvez tout dire à votre vieil ami Bingley ! Tenta Charles pour le faire sourire.
- Ne vous en faites pas pour moi, je vais bien. » répondit simplement Darcy.
Voyant l'air absent et quelque peu renfrogné de son ami, Bingley n'insista pas, préférant le laisser à ses méditations.
« - Eliza allez-vous m'écouter oui ou non ?! S'inquiéta Jane alors qu'elles retournaient à Longbourn.
- Pardon Jane, j'étais perdue dans mes pensées... De quoi me parliez-vous ?
- Oui c'est bien ce que j'ai cru comprendre. Répliqua Jane, amusée. Je vous parlais de Mr Bingley ! N'est-il pas charmant ? Plus le temps passe, plus nous nous fréquentons et plus j'ai le sentiment qu'il est un homme bon, généreux et... Oh Lizzie, oserais-je le dire ? Je... je crois qu'il me plaît... Croyez-vous... croyez-vous que je lui plaise en retour ? »
En disant cela, Jane n'avait cessé de se tordre les mains et de regarder ses pieds comme s'ils étaient la chose la plus importante à ses yeux. N'obtenant aucune réponse elle releva les yeux vers sa petite sœur. Cette dernière ne pu retenir son fou rire plus longtemps en voyant sa sœur le visage cramoisi. Jane la suivit dans son rire. Ayant retrouvé son souffle, Elizabeth tenta de rassurer sa sœur sur les sentiments de Charles Bingley.
« - Très chère Jane, je ne suis peut-être pas meilleure juge en matière de beauté mais je puis vous assurer que vous avez fait une forte impression sur Mr Bingley. vous pouvez vous montrer gentille à son égard, vous l'avez été avec des personnes bien plus stupides. D'une façon générale vous êtes trop bienveillante envers les autres. Il vous le rendra, soyez en assurée.
- Merci Lizzie, je n'aurais pas pu rêver meilleur conseil, ni meilleure sœur. Bien que je ne saisisse pas à qui vous pouvez bien faire référence lorsque vous parlez de beauté. »
Elles rirent de ce commentaire avant de laisser un silence complice s'installer. Elizabeth repris le cours de ses pensées le regard perdue dans la nuit noire. Elle pensa d'abord à Wickham. Elle le trouvait charmant et agréable, c'était indéniable. Elle appréciait la façon dont il s'occupait d'elle et était révulsée à l'idée que Darcy ait pu ainsi le priver de ses chances.
Darcy... Ce soir, il l'avait troublée. Elle savait depuis plus d'une semaine qu'il était tombé amoureux d'elle et souhaitait l'épouser. Comment ne pas être troublée, c'est tout à fait normal Lizzie se dit-elle pour se persuader. Bien qu'il l'agaçât au plus au point, elle ne pu que s'adoucir en repensant à ce qu'elle avait perçu dans ses yeux. Wickham ne te regarde pas comme cela. Elle se surpris à penser de la sorte et fut tirée de sa rêverie par Jane.
« - Ne me direz-vous pas vers quoi ou qui sont dirigées toutes vos pensées ? Insista Jane.
- Je ne crois pas qu'il y ai quoi que ce soit à dire d'intéressant ou vous concernant, soupira Elizabeth.
- Pourtant je vois bien que quelque chose vous tracasse...
- Ne vous en faites pas pour moi, je vais bien. » répondit simplement Elizabeth.
