En espérant que cela vous divertisse. Surtout n'hésitez pas à laisser votre point de vue critique ainsi j'aviserai pour la suite de l'histoire :) Je ne vous cache pas que j'ai un chouilla les pétoches de mettre un écrit en ligne... En tout cas un gros merci à ma correctrice (qui d'ailleurs se régale a faire ça) =D

Bonne lecture :)


Le Départ

A travers l'obscurité d'une rude nuit d'hiver, une jeune femme au teint basané quittait enfin son travail. Calliope Torres était fourbue de fatigue et le froid environnant rendait sa marche encore plus délicate … Soupirant doucement, elle avançait en songeant au riz qu'elle allait pouvoir acheter à ses parents. Les temps étaient difficiles et elle cumulait les emplois afin de subvenir aux besoins familiaux)

Cependant , tapi dans une ruelle mal éclairée ,un homme à l'allure douteuse l'observait en silence . Dévoilant ses chicots pourris dans un sourire malveillant, il se mit à la suivre avant de lui empoigner violemment le bras et de l'entrainer dans une impasse sombre. Tirée brutalement de ses pensées, Callie ne put que pousser un léger cri de surprise avant d'être plaquée contre un mur.

« Héé ?! » Elle n'eut pas le temps de crier à l'aide, que l'homme la poussa violemment contre un mur lui bloquant la respiration pendant quelques secondes.

La respiration coupée sous le choc et la douleur, elle sentit son sang se glacer alors que son agresseur se collait à elle. L'odeur de crasse mêlée à celle de la vinasse bon marché lui retourna l'estomac .

« Bah alors , on sort seule le soir ma mignonne ? … »

Le souffle chaud de l'homme contre son oreille tétanisa la jeune femme et elle sentit des larmes couler sur ses joues alors que l'ivrogne laissait vagabonder ses mains sur son corps . Son cou , ses seins , son buste , il continuait son exploration sans douceur et sans pudeur , toujours plus bas ...Les pleurs qui la secouaient redoublèrent et elle supplia d'une voix hachée :

« Je vous... en prie... arrêtez... laissez moi... partir » La jeune femme sanglotait à chaudes larmes. Malheureusement ,cela n'arrêtait en rien la brutalité de son agresseur qui lui écarta les jambes pour y glisser son sexe.

« Mais c'est que tu es chaude ma jolie... je vais te faire prendre ton pied tu vas voir... » lui chuchota l'homme avec un sourire de carnassier sur ses lèvres. Callie hurla espérant qu'un miracle se produise. Les secondes, puis minutes passèrent mais personnes ne répondit à son appel de détresse. Elle perdit complétement espoir quand l'homme la pénétra, lui arrachant sa seule dignité. Tentant vainement de le repousser, elle se fit gifler puis bascula dans un état de demi conscience... Le temps qu'elle reprenne ses esprits, ses habits étaient déchirés et un liquide blanc s'écoulait de son entre jambe. Elle se sentait sale, on lui avait volé sa virginité, ce qui faisait d'elle une femme. Callie se releva tant bien que mal et vomit tout ce qu'elle put. Faible ,vulnérable c'est les jambes flageolantes et le corps tremblant qu'elle reprit cependant le chemin de la maison, pour retrouver ses parents.

Arrivée à destination, elle hésita un instant. Le souvenir de son agression tournait en boucle dans son esprit … La mâchoire serrée, le visage crispé, elle tenta tant bien que mal de se ressaisir. S'obligeant à refouler toutes émotions, elle musela ainsi sa douleur, l'enfonçant au plus profond d'elle-même. Elle avait toujours été douée lorsqu'il s'agissait de ne pas trahir ses sentiments, elle n'allait pas faiblir maintenant .Elle soupira doucement et c'est cachée derrière un faux sourire et vêtue d'un costume superficiel de gaieté qu'elle poussa la porte.

« Papa ? Maman ? Je suis rentrée ! » S'exclama t-elle d'une voix enjouée.

Surprise par l'absence de réponse qui habituellement fusaient de la part de ses parents, elle se dirigea vers la cuisine. N'y trouvant personne elle jeta un coup d'œil dans le salon. Assis dans leur canapé, Carlos Torres et sa femme attendaient leur fille, pensifs. Alors que leur fille unique entrait dans la pièce, le couple leva les yeux, la fixant d'un air grave.

L'atmosphère était lourde, pleine de malaise .Quelque chose n'allait pas, elle le sentait mais elle était bien incapable de mettre le doigt sur le nœud du problème . Lentement, la brunette s'avança pour faire face à ses parents. Son père prit alors la parole d'une voix faible :

« Callie , ma fille … ta mère et moi t'aimons … Et nous le ferons toute notre vie » Les sanglots que provoquèrent ses quelques mots chez sa mère ne firent qu'accentuer l'angoisse qui naissait dans le cœur la jeune femme . Lorsque son père reprit la parole l'appréhension lui nouait la gorge.

« Nous savons que tu travailles dur pour nous aider à nous en sortir … mais malgré tout cela , nous n'y arrivons plus … Et les temps à venir s'annonce beaucoup trop difficile … C'est pourquoi ta mère et moi avons pris une lourde décision … Tu vas partir dans le premier bateau en direction de la Louisiane .. » Sa déclaration avait été hachée, hésitante et jamais il n'avait osé soutenir le regard de son enfant … Les yeux rivés au sol , il se tut … Et un silence pesant s'abattu dans la pièce . Lourd, étouffant …

« Vous m'envoyez ou ?! » la voix de Callie était brisée, défaite. Sous le choc, elle ne réalisait pas encore la nouvelle. Sa mère tenta de l'apaiser de quelques paroles :

« Même si nous t'envoyons la bas, nous t'aimons de toute notre cœur, tu es notre trésor … »

Mais l'effort fut vain. La brunette ne voulait pas des mots doux … Elle voulait des explications, des réponses ! Impuissante face à l'injustice de la situation elle s'exclama :

« J'ai sué sang et eau pour vous ! Travailler sans relâche afin de vous aider ! Et voilà comment vous me remerciez ?! … Vous avez touché de l'argent pour m'envoyer la bas ?

Face au silence de ses parents, elle reprit d'une voix plus forte « Mais répondez moi ! »

Les deux parents baissèrent leur têtes , penauds et gênés, ne sachant quelle attitude adopter …

« Comment avez-vous pu … Vous m'avez vendue, troquée comme un vulgaire objet ! J'ai toujours tout fait pour vous, pour que nous puissions vivre tous ensemble ! Nous étions une famille ! Et vous, vous m'échangez contre de l'argent ! » s'écria la jeune femme

Les parents ne savaient plus où se mettre, mais pour eux , les derniers étaient devenus bien trop durs…( il fallait donc prendre rapidement une décision qui allait bouleverser à tout jamais leur vie.)Il avait fallu se résoudre à faire une décision rapidement … même si cela allait bouleverser leur vie à tout jamais .

« Écoute Callie... On fait ça pour ton bien... Faut nous croire... »

« Pour mon bien ?! Comment osez vous dire ca ?! Vous m'expédiez du jour au lendemain dans un endroit inconnu , à plus de 7000 km de tout ce que j'ai ici à Nantes ! Mes amis, mes souvenirs , mon enfance ,MA VIE ! Ne dites pas que vous faites ca pour Mon bien, vous faites seulement ça pour votre confort personnel ! Et mon opinion ? Vous en faites quoi ? JE NE VEUX PAS ALLER LA BAS ! » les mots étaient sortis en crescendo, balancés d'une traite sans contrôle, hurlés sur le final.

Après un court instant, Carlos rétorqua d'une voix sourde presque menaçante :

« Il n'y a pas de « Je ne veux pas », je suis ton père, tu n'es pas mariée encore, dans cette situation , tu me dois le respect de même qu'à ta mère . Alors tu nous obéis et c'est tout. Si nous avons décidé de cela pour toi, tu respecteras notre choix sans discussion, point final. Prépare tes affaires ce soir, ton bateau partira demain, en direction de la Louisiane. Tu aurais pu être plus mal tombée, il est dit que ton maitre est bon avec ses employés. »

La brunette ne pouvait en entendre davantage. Elle se rua dans la petite pièce qui servait de chambre familiale et se jeta sans douceur sur le vieux matelas. Le surplus d'émotions et la fatigue eurent raison d'elle, les larmes coulaient à flots sur ses joues et des spasmes secouaient son corps . Épuisée et lasse de la tournure que prenaient les évènements de sa vie, elle sombra dans un sommeil agité.

Lorsque l'aube arriva , la jeune femme avait un gout amer dans la bouche … Tout allait trop vite , hier encore elle allait simplement commencer une banale journée de travail et ce matin elle allait quitter Nantes… L'Europe même … Elle ne sentait pas prête , pas prête à partir si loin de sa famille , de cette grande ville qui était chère à son cœur … Tous ses souvenirs , bons comme mauvais y étaient … Elle y avait appris la vie , certes pas toujours de manière tendre mais le résultat était la .

Soupirant longuement, elle fit sa valise … Cela fut rapide, elle n'avait que peu d'affaires personnelles , un simple sac de toile avec quelques vieux habits et le tout était bouclé .

Même si elle vivait dans la pauvreté absolue, elle en était pas moins joyeuse de pouvoir respirer la vie à plein poumon. D'autres personnes n'avaient pas ce privilège.

Son sac sur l'épaule, elle n'adressa pas un seul mot à ses parents et quitta pour la dernière fois le cocon familial avant de se mettre en direction du port. Pas une seule émotion n'avait traversé son visage mais plus la distance qui la séparait des bateaux diminuait plus elle sentait l'angoisse la submerger … Son ventre se nouait davantage à chaque pas et son pouls s'accélérait. « Normal ,pensa t elle , ce n'est pas comme si je partais en croisière pour m'amuser et visiter la Louisiane … le voyage va être un véritable calvaire , les cales , le travail …

Les mains moites et le souffle court, elle prit la ferme résolution de tout faire pour survivre à ce périple. Sur cet objectif, elle s'élança dans le port … Noyée dans la foule, elle eut le sentiment de n'être pas plus signifiante qu'une fourmi. Bousculée par les marins et les voyageurs elle était complètement perdue ... Elle repéra un homme assis tranquillement sur un pilier et prenant son courage à deux mains elle décida de l'accoster :

«Euh … S'il vous plait ? »

« Qu'est ce qui y a ma jolie » répondit son interlocuteur.

« Je cherche le bateau en partance pour la Louisiane... Pourriez-vous me l'indiquer ? »

« Oh mais rien de plus simple m'zelle ! Vous voyez le contre maitre qui beugle la bas ? Hé bien c'est votre embarcation qui vous attend ! »

« D'accord, merci monsieur » répondit Callie d'un air quelque peu effrayé.

« Ne vous inquiétez pas, il parait grande bouche comme ça, mais au fond c'est quelqu'un de bien ce gars. Il s'appelle Dereck Sheperd. »

« Vous savez comment on embarque ? Enfin je veux dire comme se passe le voyage ? Si on devait ramener à manger ou autre... »

« Ne vous inquiétez pas... Enfin si vous n'êtes pas prise pour la terre de Robins, là, vous avez des soucis à vous faire... Je veux dire par là que vous serez dans le fond de cale avec tous les autres esclaves achetés, qu'il faudra limite vous battre pour ne serait-ce que manger... Seuls les employés achetés par le Maitre Robins sont traités d'une autre manière. »

« D'accord, je n'ai donc plus qu'à espérer être dans ce cas-là » songea Callie en s'éloignant du jeune homme. Plus elle se rapprochait du contre maitre plus ses beuglements s'assimilaient à des propos cohérents :

« Allez allez ! Bougez-vous les mauviettes ! J'ai pas qu'ça à faire moi ! Magnez-vous le cul bande de lavette ! Ouais c'est ça , ramène ca vite fait sur le pont ! »

Soudain son regard bleu acier capta la présence de Callie et c'est sur le même ton qu'il lança

« Hé vous là ! Oh j'vous parle ! Señorita ! V'te nom ! »

« Calliope... Je suis Calliope Torres monsieur. »

« Hum... Un instant je vous cherche sur le registre. » … « Calliope Torres !Ah … te voila ! Ainsi vous êtes sa nouvelle employée? »

Le contre maitre toisa rapidement la brune aux formes généreuses avant de reprendre :

« Chanceuse … soyez tranquille ,vous passerez non seulement un bon voyage mais vous serez également très bien accueillie par le Maître. » Sur ces dernières paroles , le dénommé Sheperd esquissa un léger sourire et retourna à sa besogne .

La pièce où voyageais Callie était petite, mais elle comportait un lit et une salle de bain, bien qu'assez étroite. Cependant en faisant un rapide tour sur le bateau, elle réalisa très vite la chance d'être seule dans son propre quartier . Elle ne saurait dire si s'était du luxe ou pas, mais comparé à la misère dans laquelle voyageaient les autres passagers ... Après tout comme le dirait sa mère « au royaume des aveugles, le borgne est roi »… De plus, la brunette avait droit à un repas matin midi et soir ce qui était loin d'être le cas pour tout le monde …

Au bout de trois semaines de traversée, les morts se comptaient par dizaine dans les cales du navire. Malgré le maigre confort dont elle disposait, Callie pouvait sentir ses forces s'amoindrir au fil des jours …Le temps passait, lentement et la jeune femme commençait à désespérer de retrouver à nouveau la terre ferme sous ses pieds . Aussi quand ,après deux longs mois de voyage, ils mouillèrent enfin l'ancre dans un port de la Louisiane elle ne put s'empêcher d'être soulagée.

Son sac sur l'épaule, elle descendit lentement du bateau. Deux choses lui sautèrent aux yeux : elle n'avait plus l'habitude d'avoir un sol immobile sous elle et le climat de son nouvel environnement. L'air y était chaud, moite et elle se sentait déjà étouffer et ses habits lui collaient à présent la peau.

« Bon sang … Quelle chaleur ! Comment vais-je faire pour pouvoir travailler avec un temps pareil ?! » Songea-t-elle soudainement.

Un coup dans son épaule , une valise roulée sans ménagement sur son pied et les bousculades des badauds autour d'elle la ramenèrent brutalement à la réalité . Elle était seule, en terre inconnue, au milieu d'étrangers, sans aucune directives ni indications … La vérité était là ,elle n'avait strictement aucune idée de ce qu'elle devait faire ou de l'endroit où aller. Des larmes de rage et de frustration commençaient à humidifier ses yeux quand elle entendit une voix non loin d'elle :

« Mlle Torres ? Mlle Torres ! Je cherche une jeune femme, Calliope Torres ! »

Elle chercha du regard, la personne qui hurlait son prénom et elle ne put s'empêcher d'être surprise quand elle tomba sur un petit bout de femme à la peau noire . Haute comme trois pommes, celle-ci s'époumonait et hurlait pour se faire entendre. Cependant malgré sa petite taille, la femme dégageait un charisme et une autorité incroyable. Callie se rapprocha rapidement d'elle et immédiatement, ses craintes s'envolèrent.

« Bonjour, je suis Calliope Torres. Vous n'arrêtez pas de m'appeler. »

La jeune femme se retourna et lui lâcha un grand sourire avant de lui dire :

« Bienvenue en Louisiane Calliope Torres ! Venez, une calèche nous attend, nous ferons les présentations après. »

Quelque peu abasourdie par le comportement de son hôtesse , la brunette lui emboita néanmoins le pas. Perdue dans ses réflexions, Callie ne réalisa pas que son guide lui parlait…Elles étaient maintenant arrivées à la calèche et elle pouvait sentir le regard expactatif de son interlocutrice posé sur elle :

« Calliope ? »

« Hum ? »

« Calliope, je vous ai posé une question... »

« Excusez-moi... j'étais perdue dans mes pensées... Vous pourriez répéter s'il vous plait ? »

La jeune femme éclata de rire. C'était un rire communicatif, elle n'était nullement fâchée.

« Je vous ai demandé, où était vos bagages ? »

« Ah... Je n'ai que ce sac ... » Murmura la brunette en désignant du menton le petit ballot posé sur son épaule .

« D'accord... Donnez-le moi je vais le ranger, et allez-vous installer dans la calèche Nous n'allons pas tarder à partir » Pas de bagages ?! J'avais déjà vu des gens misérables... mais à ce point-là... jamais. Callie s'assit sur la banquette et attendit sagement l'autre femme, qui n' arriva que peu de temps après elle.

« Bien. Je pense que les présentations peuvent maintenant se faire. Je suis Miranda Bailey. Je vais être ta gouvernante tout au long de ton travail ici .Au début je t'aiderai, mais une fois que tu te seras faites aux différentes tâches que tu auras à accomplir, tu navigueras en solitaire. Il faut que tu saches une chose. Ici les gens se tutoient ou vouvoient. Adaptes toi à eux. Le tutoiement est une forme de respect mais aussi un manque, donc utilise-le au bon moment. »

Callie écoutait attentivement son interlocutrice. Celle-ci sut la mettre à l'aise immédiatement malgré l'univers inconnu dans lequel elle se retrouvait. Tout au long du voyage, les deux femmes discutèrent de divers sujets : des taches que la plus jeune allait devoir accomplir , de son voyage mais également de son passé . Sur ce sujet elle tacha de rester la plus discrète possible, ne voulant pas dévoiler de trop sa vie privée . Les heures s'écoulaient et la brunette prenait plaisir à admirer le paysage qui s'étendait à perte de vue. Alors que progressivement les chevaux ralentissaient, Miranda lui annonça avec un grand sourire :

« Nous voilà arrivée à destination. Bienvenue à ton nouveau chez toi Callie. »