disclaimer: Tous les personnages appartiennent à Stéphanie Meyer

Chapitre 1 : rencontre

La forêt est mon élément. Je vis isolée depuis tant d'années que la solitude est devenue ma meilleure alliée. Je m'approchais peu du hameau en bordure du bois et je préférais la quiétude du lac ou la cime des grands pins. J'avais trouvé une cabane abandonnée de chasseurs et je m'y étais installée.

Pourtant, depuis 4 ou 5 jours, ils étaient là.

Au début, je n'avais que perçu leurs présences. L'air était devenu électrique, les animaux plus silencieux. Des prédateurs avaient débarqué dans leur territoire, ils se méfiaient à juste titre. Leur anxiété m'avait alertée. Et puis, j'ai entendu leurs voix, leurs rires. Et un soir, j'entraperçus leur camp entre les arbres.

Ils étaient sept, mes semblables. Le plus âgé avait l'apparence humaine d'une trentaine d'année mais devait en réalité atteindre les six cent ans, les autres étaient bien plus jeunes.

Pas de quoi me faire peur. Ils ne pouvaient pas me faire du mal. Mais je n'aimais pas ceux de ma race : trop violent, trop hiérarchisé, trop monstrueux.

Aussi préférais-je ne pas me montrer et les laisser à leur chasse : cerf, ours, lion des montagnes. Jusqu'ici, je les avais laissé faire.

Mais ce jour là, c'était une jeune ourse qui était traquée.. Il l'avait surprise, ce matin là, alors que la brume envahissait chaque parcelle de la foret et donnait une couleur féerique au paysage. Il avait entendu son pas, il s'était approché d'elle rapidement, très rapidement. Trop. Et elle n'avait pas eu le temps de réagir.

Et maintenant, il était là, devant elle, de moitié sa taille. L'ourse se braqua sur ses deux pattes arrières, montrant sa force, sa grandeur, sa puissance face à cet être. Et pourtant, je savais qu'elle n'avait aucune chance.

Avant que l'un d'entre eux n'attaqua le premier, je sautais entre eux deux.

L'homme fut surpris, recula d'un pas. Ses yeux devinrent noirs et il se mit en position de défense. Je plongeais mon regard dans le sien et je fus surpris par sa profondeur. Il était bel homme, extraordinairement bel homme, parfait comme tout ceux de notre race. Jeune, les cheveux bruns-roux en bataille, il avait la peau couleur du lait. Les humains lui auraient donné 17 ou 18 ans. Je lui en donnais plutôt une bonne centaine.

De ma main gauche, je posai mon index sur mes lèvres pour lui signifier le silence et je tendais la main droite , paume en avant, vers la pauvre bête qui n'y comprenait rien.

L'ours se remit sur ses quatre pattes, et après une courte hésitation, s'avança vers moi et me toucha la main de son front.

L'étranger fut surpris de ce comportement – ce qui était bien légitime d'ailleurs – et il se releva un peu, incrédule. Ses yeux avaient repris leur couleur miel.

Le temps sembla se figer quelques secondes, plus rien ne bougeait. Et soudain, derrière une touffe de bruyère, deux oursons apparurent.

.Je le fixai à nouveau afin de lui faire comprendre qu'il ne fallait pas y toucher.

- Je ne savais pas balbutia-t-il alors. Il est tard dans la saison pour avoir des petits si jeunes

Sa voix était douce et chaude. J'y prêtais à peine attention, sachant que ce n'était qu'un subterfuge pour envoûter les humains.

- Elle est jeune, répondis-je. Elle apprend…

- C'est une erreur, nous ne touchons jamais aux mères. Je m'excuse.

Tant d'humilité chez lui me surprit. Nous restâmes encore un instant à nous observer tandis que l'ourse et les deux oursons disparaissaient dans la profondeur de la forêt.

- Pourquoi, lui demandais-je.

Nous chassons uniquement pour nous nourrir. Mais pour autant, nous ne voulons pas porter atteinte à l'écosystème d'un milieu. La survie d'une espèce dépend de sa capacité à procréer

- Non, pourquoi des excuses, rectifiais-je.

- Oh ! Et bien. J'avais l'impression que tu portais un certain intérêt à cet animal. Et nous ne sommes pas là pour avoir des ennuis avec qui que ce soit.

Je fronçai les sourcils, indécise devant une attitude que je ne connaissais pas chez nous.

- Vous ne vous nourrissez pas de sang humain ? continuais-je

- Non. Nous avons décidé de vivre parmi les humains et nous venons chasser de temps en temps dans les montagnes lorsque nous en avons besoin.

- C'est bien, murmurai-je, plus pour moi même que pour lui.

Au loin j'entendis alors les voix de ses compagnons l'appeler Edward. Bientôt ils seraient là, guidés par l'odeur.

- Excuses acceptées, murmurai-je à nouveau.

Et je disparus !

Des excuses dans la bouche d'un vampire, je ne l'avais encore jamais entendues sauf peut –être lorsqu'ils savaient leur mort proche et qu'ils désiraient que je les épargne.

Mais là, il n'y avait aucun risque. Alors pourquoi ?

Aussi, par curiosité, je m'installai près de leur camp.

Les sept étaient là. Très vite, je compris qu'il y avait trois couples : les deux qui semblaient les plus âgés, le grand à la carrure athlétique avec la jolie blonde, et les deux plus jeunes. Seul celui que j'avais rencontré le matin même, était seul.

Les discutions allaient bon train, entrecoupées de rire. Ils semblaient tous parfaitement s'entendre. Et j'eus bientôt l'impression d'assister à une scène familiale. Un père et une mère campant avec leurs cinq enfants. Celle qui représentait la mère les couvait du regard, protectrice et aimante. Elle semblait particulièrement s'occuper du célibataire, lui lançant parfois des regards inquiets.

Les vampires n'ont jamais vécu dans une famille. Un clan parfois ! Un système hiérarchisé avec un ou plusieurs anciens et leur troupe à leur service, sans âme, sans émotion.

- Alors ! Edward, tu penses toujours à ton fantôme, lança le grand brun sportif.

Je levai la tête et sortit de mes réflexions. Ils parlaient de moi.

Edward grogna :

- Elle n'était pas un fantôme. Je reste formel. C'était l'une d'entre nous.

Le rugbyman sourit et renchérit :

- Alors explique moi comment une vampire peut avoir la peau mate et les yeux marrons comme celles des humaines et parler aux animaux.

Edward ne répondit pas mais je le vis rentrer la tête dans ses épaules. La vampire-mère jeta un regard courroucé vers le moqueur qui se tut alors. Et moi, je souris à moitié. Et oui ! Il avait été drôlement surpris.

- Et elle est belle ? demanda alors la plus jeune.

- C'est la plus belle femme qu'il m'ait été donnée de voir, chuchota-t-il.

Des petits sourires apparurent sur les lèvres des six autres mais Edward ne semblait pas l'avoir aperçu.

- Notre Edward amoureux, et il faut que cela tombe sur un fantôme, conclut la belle blonde.

« Il m'oubliera vite », pensai-je. Les vampires sont des inconstants. Ils ne se mettent en couple que pour leur profit personnel. Et tant qu'il ne saura pas qui je suis, je ne lui serai d'aucun profit.

Durant les quatre jours qui suivirent, je ne les revis plus. Il me sembla jouer au jeu du chat et de la souris, choisissant mes déplacements en fonction des leurs.

Et un après-midi, je pressentis à nouveau un danger. Depuis longtemps, j'avais l'aptitude de prédire les évènements futurs. J'usais peu de mes pouvoirs : ils me renvoyaient à ce que j'étais et j'en avais horreur.

Mais parfois, lorsque la nécessité le demandait, ils s'imposaient à moi !

Un accident de voiture ! Sur la nationale qui longeait la forêt. Une femme, sa fille ! Et du sang de partout. Je les connaissais. Je les avais déjà vu à Fallercreek, la ville bordant la forêt les rares fois où je descendais me mélanger aux êtres humains.

Je savais déjà que pour l'accident, je ne pouvais plus rien faire. J'allais arriver trop tard. Mais je pouvais encore sauver la mère.

Je courus à toute vitesse, parcourant les kilomètres qui me séparaient d'elles en quelques minutes seulement. La camionnette avait déjà foncé sur la berline qui, pour l'éviter, avait braquée sur la droite. Elle était partie dans le ravin et s'était écrasée contre un énorme pin en contrebas.

Les roues tournaient encore dans le vide, le pare brise éclaté, le torse de la femme à l'extérieur, éventrée contre les morceaux de verre. La fillette hurlait à l'arrière. La camionnette, elle, s'était arrêtée sur le bas côté et je ne pris pas garde à ce que faisait le conducteur.

J'attrapai en premier la femme, la sortit le plus délicatement possible et la remontait sur la route. Je l'allongeai à même le sol. J'allai ensuite récupérer la fillette qui ne devait pas dépasser les 8 ans et qui hurlait toujours. Elle n'avait rien. Je la remontai, l'assis sur le bas côté. Je m'approchai doucement d'elle et lui murmurai une douce mélodie. En quelques secondes, elle se calma et s'endormit.

La mère avait perdu beaucoup de sang. Elle se mit alors à gémir, le visage contracté, le poing serré sur son ventre. Je devais prévenir au plus tôt l'ambulance. Je fouillai dans la poche de son manteau et je trouvai son téléphone portable.

Le gros 4x4 arriva alors. J'avais espéré que ce serait plus tard. Gérer les deux problèmes en même temps allait être plus scabreux.

Le père sortit en premier, suivi du reste de la « famille ». Je me plaçai entre la blessée et eux. Ils s'arrêtèrent à deux mètres de moi. Je les regardai intensément pour leur faire comprendre qu'ils ne me battraient pas. Si j'arrivai à convaincre le plus âgé, les autres ne tenteraient rien.

Le vampire-père fronça les sourcils, surpris sans doute.

- Nous ne voulons pas te voler ta proie, me dit-il. Mais l'enfant est jeune, elle n'aura pas assez de sang pour te nourrir. Laisse- nous l'emmener à l'hôpital.

Je souris devant la méprise. Edward s'avança alors à sa hauteur. Son regard était aussi pénétrant que la première fois mais j'y ressentis de l'appréhension.

- Je ne peux pas croire que tu puisses sauver une ourse et ses deux petits et tuer la mère de cette enfant, me dit-il.

Sa voix était chaude et j'y perçus un frémissement. Il semblait ému par ce qu'il voyait. Décidément, c'était une drôle de famille. Pour répondre, je décrochai le portable et composai le numéro des urgences.

- Je viens d'assister à un accident route nord de Fallercreek, dis-je d'une voix douce et hypnotisante. Une femme est grièvement blessée. Venez vite !

Je raccrochai, bien certaine qu'elle allait m'obéir. Ils n'avaient toujours pas bougé et je comptai rester comme cela jusqu'à l'arrivée de l'ambulance. Devant d'autres humains, ils ne tenteraient rien, du moins l'espérai-je. La blessée continuait à gémir, inconsciente.

- Je me présente me dit alors le vampire-père. Je suis Carlisle Cullen et je suis docteur en médecine. Je pourrais lui porter les premiers secours.

Il fit un pas en avant. Une fureur intense tendit mes muscles et je serrai les poings. La prunelle de mes yeux vira instantanément au noir. Carlisle stoppa net et regarda la blessée.

- Elle ne survivra peut-être pas jusqu'à l'arrivée de l'ambulance.

Cela, je le savais. Elle ne pouvait pas survivre. Et je n'avais pas la capacité actuellement de lui porter secours. Edward m'avait dit dans la forêt qu'ils ne buvaient pas le sang des humains. Mais je n'arrivais pas à le croire. Je devais choisir entre ce que je lisais dans l'esprit de Carlisle et qui me prouvait qu'il voulait lui sauver la vie et mon instinct qui me hurlait de ne pas le laisser s'approcher d'elle.

Mais de toute façon, je n'avais pas le choix: elle était en train de mourir.

Le conducteur de la camionnette sortit à ce moment. Il titubait, complètement saoul, le visage rouge, les yeux hagards. Il nous regarda et s'avança rapidement vers nous, vociférant des propos incompréhensibles.

Je m'approchai de lui, le contournai et lui comprimai fortement une artère au niveau de la clavicule. En quelques secondes seulement, il s'effondra par terre, inanimé.

- Je m'occuperai de toi plus tard, lui susurrai-je.

Je le laissai dans son alcool et j'allai m'asseoir à côté de l'enfant endormie. Carlisle prit cela pour un accord et se tourna vers les autres.

- Esmé, dit-il à la vampire-mère, va me chercher ma trousse. Les autres, vous rentrez dans la voiture.

- Je reste avec toi, affirma Edward.

- D'accord mais reste en retrait.

Esmé lui tendit sa mallette et il se pencha sur le corps de la blessée. Je frémis lorsqu'il posa ses mains sur elle. Mes yeux se crispèrent sur chacun de ses gestes, tentant de jauger s'ils étaient dangereux ou non pour la femme. Je caressai machinalement les cheveux de l'enfant qui dormait toujours du sommeil du juste. Je ne compris pas ce qu'il faisait mais ses gestes étaient surs et précis. Au bout de cinq minutes, il me regarda :

- J'ai besoin de ton aide. J'ai besoin de tes mains pour tenir une pince.

Je m'approchai rapidement et pris ce qu'il me montrait. Il continua à soigner sa patiente. J'admirai la précision des mouvements. Mais la femme ne semblait réagir comme il l'aurait voulu. Ses gémissements avaient diminué et maintenant, elle émettait un faible râle.

Edward doit venir pour la ventiler. Elle commence à avoir du mal à respirer seule.

Je me crispai à nouveau, jetant un regard noir vers Edward. Il ne bougea pas, attendant que je donne mon accord.

- Ok ! tranchai-je.

Il s'approcha doucement et vint s'accroupir à mes côtes. Je continuai de l'observer. Je voulais le voir réagir face à tant de sang pour intervenir au plus vite si la situation dégénérait. Mais il prit le respirateur que lui tendait son père, l'appliqua sur le nez et la bouche de la blessée et commença à appuyer régulièrement sur la poire en plastique. Je regardais la femme inspirer et expirer lentement dans un silence uniquement perturbé par les ordres brefs de Carlisle.

Petit à petit, je vis le visage d'Edwards se refermer, sa mâchoire se crispa, ses yeux devinrent plus sombres.

Et cette ambulance qui n'arriverait que dans cinq minutes ! Dans le 4x4, 5 paires d'yeux étaient scotchés contre le pare brise à nous observer, prêts à bondir si je leur faisais le moindre mal.

- Carlisle, fais vite, gémit Edward qui fermait les yeux pour mieux se concentrer. L'odeur est très forte.

- Calme-toi, lui répondit son père. Tu es capable de résister.

Je sentais une lutte intense dans son esprit entre ses instincts qui le poussaient à se nourrir du sang de cette femme et sa raison qui lui interdisait de le faire. Ma main gauche était libre et je la levai vers le jeune homme.

- Je peux t'aider à te contrôler, lui murmurai-je.

Il se pencha en arrière, craintif devant ma main.

- Je vous ai fait confiance, à toi et à ton père, continuais-je sur le même ton calme. A ton tour de me croire.

Edward me fixa quelques instants. Il s'avança alors vers moi. Doucement, du bout des doigts, je touchais son front. Il recula à nouveau, surpris certainement par la chaleur de ma peau.

- Edward, ventile la donc, grogna Carlisle.

Je détournai mon regard, un peu confuse par les sentiments qui me submergeaient. Ils étaient là, à aider une humaine plutôt que de s'en nourrir, ils m'avaient fait confiance alors que j'étais comme eux une prédatrice. Et pour couronner le tout, IL était extraordinairement beau.

- Comment vas-tu, continua le père qui s'inquiétait de ce que j'avais pu faire à son fils.

- La soif a disparu, constata Edwards, médusé.

- Ce n'est que temporaire, soulignai-je

- Dommage, murmura-t-il.

Carlisle sutura encore quelques plaies puis poussa un soupir de soulagement.

- Voilà, finit-il par dire, j'ai fait ce que j'ai pu dans l'urgence. Elle va tenir jusqu'à l'hôpital.

Il prit alors des mains d'Edward le respirateur et continua à la ventiler. J'essuyai ma main couverte de sang dans l'herbe et retournai vers l'enfant. Elle dormait toujours. A son réveil, j'avais fait en sorte qu'elle ne se souvienne pas de l'accident.

J'entendis enfin la sirène de l'ambulance. Je me levai et fit face à Edward qui n'avait pas bouger de sa place et me fixai, comme hypnotisé.

- Je vais vous laisser, lui dis-je. Il va y avoir un peu trop de monde pour moi.

- Vraiment ! s'étonna-t-il. Tu pourrais monter dans la voiture avec ma mère et mes frères et sœurs et venir avec nous à l'hôpital. Tu as sauvé la vie de cette femme.

- Ce n'est pas moi qui lui ai sauvé la vie, c'est ton – Je ne pouvais pas prononcer le mot père, un vampire ne pouvait pas appartenir à une famille – compagnon de voyage. Je préfère la laisser à vos soins. Elle…Elle n'a pas besoin de savoir que j'étais là.

- C'est ton choix, admit-il, visiblement contrarié.

Je retournai vers l'ivrogne qui était toujours inconscient sur la route à quelques mètres sur la droite. Je le retournai sur le ventre, frôlait du bout des doigts sa colonne vertébrale et exerçait une pression entre deux vertèbres. J'entendis un léger craquement et j'eus un sourire de satisfaction.

Les deux autres ne bougèrent pas.

- Nous campons encore une nuit dans la forêt, ajouta alors Edward. Tu pourrais peut-être nous rejoindre ce soir… Nous te donnerons des nouvelles.

Nous savions l'un comme l'autre que son excuse était un doux mensonge et j'en souris de gène. Je restai silencieuse quelques instants, regardant venir l'ambulance qui se garait derrière le 4x4.

- Peut-être ! finis-je par dire.

Et je disparus en un éclair derrière les grands pins.