Bon je me suis finalement décidée à publier cette fic qui a quelque mois maintenant.

Les chapitres sont indépendants les uns des autres et sont en quelque sorte des "moments oubliés" se situant juste en fin d'épisode ou pendant la période séparant deux épisodes.

Au passage, désolée pour les fautes qu'il reste certainement.

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(Après le 1.18 - La Strige/Something Wicked)

Il avait tort !

Tort de se responsable, tort de s'en vouloir ... comme toujours.

Il aurait tant voulut lui faire comprendre qu'il se trompait, qu'il n'avait pas à endosser quoique ce soit dans cette histoire. Mais il n'était pas naïf à ce point et savait pertinemment que quelque soient ses arguments, peut importe ce qu'il puisse lui dire... et bien ça serait peine perdue de toutes façons.

Encore aurait-il fallut qu'il le laisse au moins essayer et rien que ça c'était déjà mal barré. Sam en avait fait plus d'une fois l'expérience, arracher à son frère le début d'un commencent de ce qui aurait pu ressembler à une petite ouverture sur lui, sur ses sentiments relevait quasiment du miracle.

A cela s'ajoutait cette fichue manie qu'avait toujours eu Dean de se croire systématiquement responsable de tout et de tout le monde. Et cela était encore bien pire lorsqu'il s'agissait de sa famille, et tout particulièrement, Sam en avait conscience, de lui. Son frère avait toujours fait bien plus que veiller sur lui, il le couvait carrément.

Il fallait bien reconnaître que dans cette histoire de Strige, les éléments amenant Dean à se renfermer s'accumulaient : son petit frère en danger, la réaction de leur père, ces enfants malades... et bien évidemment cette fichue tête de mule s'était persuadée qu'il était le coupable ou tout du moins responsable de tout cela, et surtout il refusait d'en parler, il refusait de lui en parler.

Non, ce n'était pas juste.

Sam, depuis quelque temps en était arrivé à se demander quelle estime son frère pouvait bien avoir de lui-même. Et la conclusion s'imposait : celle-ci ne devait pas être bien haute.

D'accord Dean était ce qu'on appelle une " grande gueule ". Il était même certain qu'apprendre à se taire, au moins dans certaines circonstances, lui aurait évité bien des ennuis. Son frère avait en effet cette faculté, quoique dans son cas on pouvait même dire ce "don", de faire sortir n'importe qui, humain ou entité surnaturelle, de ses gonds et ceci en un temps record.

En un mot : un provocateur, doté qui plus est d'un culot incroyable, d'un aplomb insolant même lorsqu'il vous servait le plus énorme des mensonges, même s'il se trouvait en position de faiblesse. Comme si rien ne pouvait le déstabiliser.

Comme si cela n'était pas suffisant s'ajoutait à cela cette fâcheuse habitude de plaisanter à tous propos dans les bons moments comme dans ceux qui ne s'y prêtaient pas franchement voir carrément pas.

Enfin il ne faisait pas le moindre doute qu'une bonne dose de diplomatie lui aurait fait le plus grand bien. Si une personne ou une situation lui déplaisait, il avait beaucoup de mal s'en cacher, et le plus souvent il faut bien le dire ne se donnait même pas la peine de le faire.

Et encore tant qu'il se contentait de bouillonner sur place ou de grimacer cela pouvait passer. Au pire on prenait ça pour de l'impolitesse mais s'il se décidait à exprimer son opinion de vive voix cela devait immédiatement beaucoup plus embarrassant, car c'était une certitude : Dean n'excellait pas vraiment en matière de délicatesse ni de subtilité.

C'est vrai que tout cela mis bout à bout faisait, qu'il passait assez facilement au premier abord pour une personne pleine d'assurance qui débordait de confiance en elle, quelqu'un d'un peu immature qui ne prenait jamais rien au sérieux ou encore pour un enquiquineur de premier plan au sens de l'humour vraiment particulier.

Et pourtant... c'était si loin de la vérité (A part peut être pas pour l'humour et le coté casse pieds).

Dans les faits c'était avant tout quelqu'un qui ne parlait pas ou très peu de lui. De ce qu'il avait fait, oui… et encore... ce qui avait pu le toucher étant soigneusement passé sous silence ; éventuellement de ce qu'il pensait, mais il ne s'aventurait pas sur le terrain glissant de ce qu'il pouvait ressentir. Jamais. Ou si peu…

Jusqu'à très récemment il ne lui avait même jamais réellement parlé de la nuit de l'incendie, des souvenirs qu'il avait pu en garder. Il ne lui avait même jamais dit que c'était lui qui l'avait porté hors de la maison en flammes. Sam n'en n'avait pas eu la moindre idée, aucune allusion n'avait jamais été faite sur le sujet. C'était pourtant loin d'être un simple détail.

En réalité Dean s'était en fabriqué un personnage de roc, de dur à cuir que rien n'effrayait (mis à part les voyages en avion), de Dom Juan incorrigible ...

Alors que, pour peut qu'on s'en approche suffisamment et qu'il veuille bien abaisser ne serait ce qu'un tout petit peu sa garde on pouvait rapidement s'apercevoir que tout cela n'était en fin de compte qu'une façade derrière laquelle il s'abritait, sous laquelle il cachait ses sentiments.

Et si jamais vous tentiez de franchir cette barrière, ou que celle ci menaçait de s'écrouler, il utilisait alors sa dernière arme, détournant dans la seconde la conversation pas une pirouette, une blague douteuse ou par une réflexion ironique.

C'était encore ce qu'il c'était passé quand la nuit dernière lorsque Sam avait tenté de s'excuser de ses réflexions qu'il avait eu au sujet de l'obéissance aveugle de son frère vis à vis de leur père, obéissance dont il comprenait mieux à présent le pourquoi ... Dean avait alors fait mine de s'en moquer gentiment comme si cela était sans importance et qu'il n'y avait pas matière à s'attendrir davantage. Mais c'était avant tout une façon d'éviter qu'on ne passe plus de temps sur un sujet qui immanquablement allait devenir sérieux et par conséquent le mettre mal à l'aise.

Sam laissa échapper un soupir, s'attirant immédiatement un regard inquiet de la part de son frère à qui il s'empressa de signifier d'un simple geste que tout était OK. A priori rassuré l'aîné reporta son attention sur la route non sans lancer un dernier coup d'œil furtif sur son cadet.

Sam hésitait parfois entre sourire et se fâcher face aux élans protecteurs de son grand frère. Pourtant, même si cette attitude l'irritait parfois, il savait aussi pertinemment que Dean ne le faisait en pensant à mal mais qu'il ne pouvait tout simplement pas s'en empêcher. Cela tenait du réflexe chez lui. Veiller sur lui. Après tout, il avait fait ça toute sa vie, sans aucune exagération : il n'avait pas 4 ans quand tout cela avait commencé, un enfant...

Un enfant ... Il l'était encore quand leur chemin avait croisé celui de cette maudite strige pour la première fois. Seulement un enfant à qui on en demandait beaucoup trop et depuis bien trop longtemps.

Sam sentit naître en lui une colère sourde à l'encontre de leur père, une colère bien plus forte que celle qui l'animait lors de leurs disputes, peut être même encore plus forte que lorsqu'il avait claqué la porte et qu'il avait décide de partir pour l'université.

Bon sang, comment pouvait-on coller une telle responsabilité sur le dos d'un môme. Et surtout comment pouvait-on lui reprocher ce qui était arrivé ce soir là ? Ce n'était qu'un gosse ! Un gosse qui avait voulut jouer quelques minutes. Quoi de plus normal ? Mais voilà le " normal ", leur famille ne semblait pas y avoir droit.

Ce soir là, John Winchester avait-il seulement réalisé que ce n'était qu'un enfant, un enfant terrorisé, qu'il avait en face de lui et non pas un soldat. Sam en doutait. Après tout, leur père était tellement habitué à ce que Dean se charge de tout, naturellement, de lui, de son frère.

Il l'avait toujours fait.

Sam réalisait aujourd'hui que John avait bien trop tôt et bien trop chargé son aîné de responsabilités qui n'était pas les siennes qui n'avaient en aucun cas à être les siennes, le forçant ainsi à devenir adulte à un âge où les enfants devraient être maintenus dans une certaine innocence, devraient être protégé.

Bon sang, mais pourquoi Dean ne lui avait jamais raconté cette histoire ?

C'est vrai ... il aurait compris s'il avait seulement pu savoir.

Compris l'attitude de son frère face à leur père, cette obéissance constante sans faille. A présent les propos qu'il avait pu tenir sur le sujet lui paraissaient presque déplacés ... presque blessants. Et ça il ne l'avait pas voulu ... mais comment savoir ?

Pourquoi avait-il fallu que son frère se taise encore une fois ? Encaisse sans rien dire ? Même face aux remarques récurrentes sur le sujet. Il avait eu tant d'occasions. Sam ne comptait plus les fois où il lui avait reproché d'écouter aveuglément leur père sans jamais protester ni même discuter. Il ne comprenait pas. Dean, n'était pourtant pas du genre à laisser d'autres décider pour lui ou lui imposer quoique ce soit. Sauf quand il s'agissait de leur père.

Et cette attitude mettait Sam hors de lui, c'était même devenu la source principale de leurs disputes. LE sujet sur lequel ils n'arrivaient pas à se mettre d'accord. Sam ne parvenait pas à accepter ni même à comprendre l'attitude de son frère.

A présent si, il comprenait en peu mieux et sa colère augmenta. Volontairement ou non, Sam ne pouvait le dire, leur père avait en quelque sorte conditionné son fils aîné, avait eu une attitude telle que Dean s'était finalement convaincu que si jamais il ne suivait pas à la lettre les instructions qui lui était donner alors un nouveau malheur arriverait. Pire que tout un malheur à son père ou à son frère. A sa famille.

Et il était si facile de comprendre que justement rien ne comptait davantage pour son frère que sa famille. Tout le reste, même la chasse, même la vengeance n'étaient en fin de compte que secondaires.

Il lui avait dit, s'il était venu le chercher à Stanford c'était bien évidemment pour retrouver leur père et le responsable de la mort de leur mère, mais aussi parce qu'il il espérait que tout les trois ils pourraient à nouveau être une famille. Bien évidement que pour Sam aussi s'était important, très important même, mais pour Dean s'était carrément vital, sa vie toute entière s'articulait autour de son père et de son frère. Mais aussi de cette craindre perpétuelle de ne pas être assez important aux yeux de ceux qu'il aimait plus que tout.

Il était donc devenu ce qu'on voulait de lui, un bon petit soldat obéissant pour son père et un soutient pour son petit frère qui avait cruellement besoin d'une personne sur laquelle s'appuyer, leur père étant trop absent pour pouvoir remplir ce rôle.

Mais lui sur qui avait-il pu s'appuyer ?

Sam retint un nouveau soupir, il savait que son enfance était loin, très loin, d'être parfaite mais on moins il avait eu Dean. Il avait été bien plus que son frère, remplissant également les rôles de père et de mère. D'ailleurs ce triple " rôle " définissait parfaitement Dean : son plaisir d'aîné à taquiner son frère, un certain coté autoritaire quasi-paternel qui resurgissait parfois lors des chasses notamment et le coté mère poule surprotectrice.

Sam jeta un coup d'œil rapide sur l'amulette qui ne quittait jamais son frère depuis qu'il lui avait offert. Avec son bébé enfin sa voiture, quoi, cette amulette était le seul objet auquel son frère paraissait accorder une réelle importance, ces deux seuls biens. L'avait-il quitté pendant la période Stanford ? Sam ne lui avait jamais posé la question mais bizarrement il savait que non. Il ne le supposait pas, il le savait, instinctivement, sans pouvoir l'expliquer.

Ce soir où Dean était venu le rechercher, il n'avait pu s'empêcher d'avoir un regard pour l'amulette, à sa place comme toujours.

Car même s'il avait acquit le pendentif pour son père à l'origine elle revenait à Dean plus qu'à tout autre. Parce que ce soir là c'était Noël et que leur père n'était pas là, comme toujours, Dean si, comme toujours... Et qu'il avait essayé d'offrir à son frère un semblant de vie normale, un Noël comme les autres avec sapin (bricolé avec les moyens du bord), cadeaux (volés et de filles en plus, mais ça c'était involontaire) et même un père présent en voulant lui faire croire que tout cela venait de John.

Alors oui, le pendentif était pour son père et il l'avait donc offert à celui qui remplissait ce rôle. Il n'avait encore jamais réalisé la symbolique de ce geste. Il en avait seulement conscience aujourd'hui. Conscience aussi de ce qu'avait sacrifié son frère pour leur famille et en retour il en n'avait eu qu'un père qui le traitait comme un soldat et disparaissait du jour au lendemain sans la moindre explication et un frère qui n'avait pas hésité à le laisser derrière lui pour aller vivre sa vie.

Non pas que Sam pensait qu'il avait eu tort de vouloir cette vie, une vie sans monstres sans chasse, une vie normale ; mais il aurait dû en parler à Dean, peut être pas le convaincre de se ranger à son opinion mais lui expliquer le pourquoi de sa décision. Ne serait-ce pour qu'au moins il ne vive pas ce départ comme un abandon, pour qu'il ne culpabilise pas et ne se fasse le reproche de ne pas être parvenu à garder sa famille unie.

Une nouvelle bouffée de colère envahi Sam mais cette fois elle était dirigée contre lui même. Il n'avait pas fait, dit ce qu'il fallait. Car même si ce n'était pas chose aisée avec la carapace dont Dean s'enveloppait et son refus total de communiquer sur ses sentiments, il aurait dû lui faire comprendre depuis longtemps ce qu'il pensait de lui.

Mais voilà les démonstrations de ce genre n'était pas monnaie courante dans le monde des Winchester et pourtant cela aurait évité bien des situations que Sam aurait préférer oublier.

Il avait encore en mémoire ce qui c'était passer et dit dans cet asile. Même si c'était sous influence, il avait parfaitement conscience d'avoir blessé cruellement son frère ce jour là, et cela n'avait rien à voir, avec cette décharge de gros sel en pleine poitrine. Car sans parler du fait qu'il lui ait tiré dessus, avec une arme non chargée mais cela n'enlevait sans doute rien au geste, c'était surtout les mots prononcés qui avaient été bien plus douloureux qu'une blessure physique.

Sam avait bien essayé d'en parler, mais encore une fois Dean évitait soigneusement toutes discutions sur le sujet. Le cadet se demandait encore si son frère croyait sincèrement qu'il puisse avoir eu envie de tirer sur lui ou même qu'il puisse penser de telles choses sur son compte.

Mais le pire était encore que Dean semblait presque accepter cela, les faits comme les mots. Comme s'il était justifié que l'on puisse avoir de pareilles pensées à son égard. Comme s'il était normal que les autres ne lui accordent finalement pas plus d'estime que lui-même ne s'en accordait.

De la même façon si Dean avait pu savoir l'importance qu'il avait à ses yeux, il aurait comprit immédiatement que ce n'était pas vraiment lui mais la colère qui parlait sur cette route quand il avait voulu rejoindre leur père et qu'il avait lancé à Dean des choses qu'il aurait tant aimé ne pas avoir dit. Mais il était en colère, en colère contre son père avant tout chose qui continuait à les tenir éloignés pour on ne sait quelle raison. Mais voilà, il n'était pas là, Dean, si, alors il avait délesté cette colère contre lui. Mais quoi qu'il ait dit, il n'en pensait pas, n'en avait jamais pensé un mot...

C'était d'une telle évidence ... pour lui, oui ... mais pour Dean ?

Nouveau soupir du cadet et cette fois Dean brisa le silence qui s'était doucement installé.

- Hé, Sam ? Ça va ?

-Mais oui ... répondit le cadet sans la moindre conviction

Son frère n'en fut d'ailleurs pas dupe une seconde.

- " Mais oui " Répéta Dean moqueur, je vois ça … Non ? Tu espères vraiment que je vais te croire là ? Sam, tu soupire depuis une heure.

- Mais non... Soupira le cadet

-Ah ... tu vois...tu recommence, s'exclama son frère avec un accent de victoire dans la voix. Alors quoi … ? Un petit creux ? ... Un besoin urgent ?... Ou alors on a déjà besoin d'étendre ses petites jambes ? ... Alors j'ai bon ?

Bien que le ton se soit voulut moqueur l'inquiétude perçait dans la voix de l'aîné. Quelque chose clochait, il le sentait. Et il n'y avait qu'à voir la façon dont Sam plissait le front en être pleinement convaincu. Dean n'aimait pas ça, mais alors pas du tout.

Bon d'accord il reconnaissait que sa façon d'engager la conversation n'était peut être pas la meilleure qui soit mais après tout l'humour, bien qu'il était évident que tout le monde ne comprenait pas toujours le sien, avait toujours été son moyen favori pour dérider une situation mal engagée ou un peu trop tendue.

-Dean..., s'impatienta Sam.

Bon sang, c'était à croire que son frère en jouant les gosses se rattrapait aujourd'hui de ne pas avoir en être un en temps voulu.

-Ouiiii ... répondit celui-ci dans un sourire qui se voulait angélique mais surtout dans l'espoir de dérider un peu son frère qui décidément arborait une mine un peu trop sérieuse et beaucoup trop triste à son goût.

Malheureusement Sam n'était visiblement pas d'humeur à abandonner son air des mauvais jours. Bon, il aurait au moins tenté le coup. Dean comprenait sans mal que son frère même s'il ne l'avouerait pas, soit inquiet pour leur père. Après tout lui même l'était suffisamment mais s'il insistait pour agir en solo pour le moment, s'il tenait à rester caché, c'est qu'il devait avoir de bonnes raisons.

Enfin pour être honnête c'était surtout ce dont il aurait voulu se convaincre, lui. Se convaincre que leur père avait eu de bonnes raisons pour l'avoir abandonné du jour au lendemain en disparaissant sans un mot, pour les avoir de nouveau laisser quand ils l'avaient enfin retrouvé.

Il avait besoin d'y croire. Sans cela …

Enfin peu importe, ce qu'il croyait ou ce qu'il avait besoin de croire, il devait avant tout en convaincre son frère. Le rassurer.

- Écoute, commença Dean redevenu sérieux, Papa sait parfaitem...

- C'est pas ça ... le coupa Sam

-Bon ... quoi alors ? S'étonna l'aîné

-...

- Sam... insista Dean.

Le jeune homme réfléchit quelques secondes. Après tout si c'était Dean qui y tenait ...

-OK, comme tu veux. Mais quand on se hurlera dessus dans 5 minutes, fais moi penser à de te rappeler que c'est toi qui a voulu qu'on discute.

-Hé ! Je suis quand même fichu d'avoir une discussion sans hurler, s'offusqua Dean. Là, je suis très calme. Allez vas-y, tu va voir... et admire la zen attitude...

-Parfait ... Pourquoi tu ne m'a jamais parler de cette histoire de strige ?

Dean lui lança un regard rapide et Sam vit comme un éclair de tristesse passé dans les yeux de son frère avant que son visage ne se ferme totalement.

- Parce qu'il n'y avait rien en dire. Répondit-il simplement d'une voix qui se voulait détachée.

- Rien ? fit mine de s'étonner Sam. Vraiment ?

- Non... Rien.

Il était si facile de voir que ce ton ferme, que ce calme affiché étaient l'un comme l'autre forcés. Autrefois Sam s'était peut être laissé abusé par cet apparent détachement que pouvait prendre Dean, mais plus maintenant.

Est-ce une question d'âge ? Ou est ce lié à ces derniers mois passés ensemble sur les routes ?

Il avait en effet beaucoup apprit sur son frère depuis qu'ils parcouraient le pays. Des choses qu'il avait complément ignorées, comme le mutisme de Dean dans les mois qui avaient suivit la mort de leur mère. Des choses qu'il aurait eu du mal à croire possible, Dean faisant suffisamment confiance à quelqu'un, Cassie, pour lui dire ce qu'il faisait, ce qu'ils vivaient. Mais aussi des choses qu'il n'avait peut être pas voulut voir jusque là : comme ce qu'avait pu ressentir son grand frère lors de ses disputes avec leur père ou quand il été parti ( fuit ?) à Stanford.

Mais quoi qu'il en soit, quelque soit la raison, cette attitude détachée, ce calme : il n'y croyait pas une seule seconde.

-Et bien désolé mais je ne suis pas d'accord. Bon Sang, Dean, tu ne crois pas que tu aurais quand même pu me dire qu...

-Que quoi ? S'énerva soudain l'aîné. Qu'à cause de moi tu as faillit mourir ? C'est ça ? Ou encore que par ma faute cette chose a pu s'enfuir ? Qu'elle a pu s'en prendre à d'autres enfants ? C'est ça que tu voulais entendre ?

Sam resta interdit quelques secondes face à la soudaine colère de son frère. Abasourdit par ce qu'il avait entendu. Dean se méprit sur son silence, le prenant pour un acquiescement.

-Tu vois, ajouta-il tristement, il n'y a rien à en dire.

-Oh que si, reprit Sam plus sèchement qu'il l'aurait voulu. Mais tu vois, c'est justement ça le problème avec toi. Dès qu'on touche à ce que tu peux ressentir, à tes sentiments et bien tu estime qu'il n'y a rien en dire.

-Mes sentiments ? Quoi ? Tu jeux jouer au psy maintenant. Répliqua ironique son frère.

-Non, je veux juste que tu me parles !

Sam avait presque crié et Dean lui répondit de la même façon.

-Mais je parle !

- Jamais de toi. Jamais de ce que tu ressens. Renchérit le cadet.

- Aucune importance.

Le ton était amer.

-Cela en a pour moi. Ajouta Sam plus calmement.

Dean ne répondit pas se contenta de fixer la route, mal à l'aise.

-Tu sais, reprit lentement le cadet, je pensais ce que j'ai dis cette nuit. Je suis réellement désolé pour toutes mes réflexions sur ton obéissance à Papa. Mais ...tu aurais dû me parler de cette histoire, me dire que c'était pour ça que tu tenais tant à suivre à la lettre tout ce que dit Papa. J'aurais pu comprendre.

-Il n'y a rien comprendre. Répondit Dean avec lassitude. C'est très simple : j'ai merdé, Sam. J'ai merdé et ...et tu a faillit y rester.

Sam commençait à perdre patience. Comment faire comprendre à cette fichue tête de mule que tout ça n'était pas de sa faute ?

-Arrête avec ça ! Tu n'étais qu'un gosse, bon sang, Dean, un gosse !

-Non.

Sam lança un regard étonné à son frère : Dean avait parlé doucement, presque un murmure, pourtant le ton était de ceux qui n'appelaient à aucune contestation, comme s'il s'agissait là d'une évidence.

-Non, répéta l'aîné des Winchester un peu plus fort cette fois. J'étais peut-être jeune, OK, mais pas un gosse... Merde, tu ne vois donc pas, Sam ? Je savais que ces choses-là existent et ce dont elles sont capables. Je savais que je ne devais jamais te laisser seul. Jamais. Mais je suis quand même sorti de cette chambre. Et je savais me servir d'une arme mais je suis resté là ...paralysé comme un con.

Les mains de Dean se crispèrent sur le volant. L'âge ne pouvait pas être une excuse, pas dans son cas, il n'en n'avait aucune et ne voulait surtout pas qu'on lui en trouve. Il comprenait parfaitement que leur père ait été déçu, qu'il ait changé de comportement après ça. C'est pour ça qu'il leur avait confié cette affaire : c'était à lui de la régler, il devait finir le travail qui n'avait pu l'être par sa faute.

- Mais tu t'entends Dean ? Tu trouves ça normal, toi, qu'un gamin sache que " les monstres " existent ? Sache se servir d'un flingue ?

Sam s'était retenu d'élever la voix. Ce n'était sans doute pas la solution mais là il se heurtait à un mur et c'était à désespéré.

- Je me fous de savoir si s'était normal ou non. S'emporta l'aîné. Je le savais !... Je le savais, on comptait sur moi, vous comptiez sur moi et j'ai foiré... sur toute la ligne, je n'ai pas été à hauteur et... et si Papa n'était pas arrivé ...

Dean, n'osait même pas y songer. Son frère et son père : il n'avait jamais rien d'autre, que cela soit à cette l'époque ou aujourd'hui. Rien ne devait leur arriver, c'était son rôle d'y veiller, sa responsabilité. Tout ce qui donnait un but, un sens à sa vie. Avec, bien sûr, le fait de pouvoir sauver les gens, de tout faire pour éviter que d'autres familles ait à vivre ce que eux avait vécu.

Il passa une main sur le visage et laissa échapper un soupir avant de reprendre fermement.

- J'aurais du te protéger, Sammy, ...c'était... c'est mon job.

- Enfin, Dean, Papa n'avait pas à te coller cette responsabilité sur les épaules.

Dean lança un rapide coup d'œil à son frère et eu un sourire triste.

- Tu pense que je le faisais uniquement parce qu'il me le demandait ?

Dean ressentit un pincement au cœur : alors comme ça son frère croyait que son attitude envers lui, le fait de vouloir le protéger, c'était seulement pour obéir et rien de plus. Pas parce qu'il le voulait, lui, pas parce qu'il trouvait ça naturel mais parce qu'il en avait reçu l'ordre et qu'en bon petit soldat bien discipliné, il avait obéit.

Pourtant, il aurait cru que Sam avait conscience de l'importance qu'il avait toujours eut pour lui. D'accord, ça ne passait pas forcément par des mots, il n'était pas franchement à l'aise avec ses choses là. Mais protéger son frère, veiller sur lui, s'était sa façon à lui d'exprimer cet attachement. A priori, Sam ne l'avait donc pas comprit ... pour lui il n'était donc rien d'autre qu'un pantin sans sentiment, sans libre-arbitre, 'un gentil chien bien dressé, rien de plus.

-Dean ..., Commença le cadet mais il ne savait pas quoi ajouter l'air soudain malheureux qu'avait prit son frère le déroutait.

- Laisse tomber, va. Reprit Dean amèrement. Après tout, c'est vrai que je ne suis qu'un pauvre type pathétique qui ne peut rien faire sans l'aval de son père, incapable de penser par lui même. Le bon petit soldat à son papa. C'est bien ça, non ?

Sam ne pu retenir une grimace. Dean l'aurait frappé la sensation n'aurait pas été pire. Voilà que cette fichue histoire d'asile refaisait surface. Il devait s'y attendre, c'était habituel chez son aîné, de ne rien dire sur le coup, d'encaisser l'air de rien, enfin plus ou moins mais il n'oubliait jamais. Non... monsieur se torturait l'esprit, en ressassant encore et encore, et enfin un beau jour, tôt ou tard, ce que vous auriez tant souhaité ne pas avoir dit vous revenait brusquement en plein visage.

- T'es vraiment con. Lança le cadet fatigué

- En plus du reste ? Répondit Dean dans un sourire sans joie. Merci du compliment.

- Mais enfin s'emporta brusquement Sam, pourquoi faut-il que tu ne retiennes que le pire de ce qu'on peut te dire ? Pourquoi tu n'accorde de crédit qu'à ce que j'ai pu te dire sous le coup de la colère ou en étant manipulé par un esprit ? Alors je vais te le répéter Dean : je ne pensais pas un mot de ce que je t'ai dit dans cet asile ! Pas un ! Tu comprends ça : pas un. Bon sang, c'est pas faute d'avoir essayé de t'expliquer mais encore une fois tu as refusé qu'on en parle, tu fais comme si ça ne t'atteignait pas, comme si cela n'avait aucune importance. Alors oui, je confirme : tu es un parfait abruti mais d'avoir pu croire que je puisse avoir cette opinion de toi !

-Mais ...

-J'ai pas fini !

Sam avait presque hurlé : il n'était pas disposé à écouter ses protestations. Pas en voyant les idées que cet imbécile s'était enfoncé dans le crâne.

Le cadet se força reprendre plus calmement :

-OK, j'admets que je voudrais de voir t'opposer à Papa ... que ça me fous en colère de te voir toujours tout accepter de lui, ... tout ça est on ne peut plus vrai. Mais que j'ai pu croire que cela te rendais pathétique ou quoique soit d'autre de ce qu'Elicott ait pu me faire dire, ça, non ... Non !... Honnêtement, je ne sais pas quoi te dire de plus, ni même ce qui pourrait te convaincre une bonne fois pour toute que je ne le pensais pas... Alors, juste ... crois moi...s'il te plaît, Dean, ... s'il te plaît...

Dean se pinça les lèvres. Ce n'était pas loyal ça ! Bon sang comment aurait-il pu résister au ton qu'avait employé son frère, c'était juste inhumain.

-OK, ça va ... Je te crois. Marmonna-t-il, le regard toujours braqué obstinément sur la route.

Sam sembla se détendre légèrement.

Bon on avançait, doucement c'est vrai, mais on avançait. Il n'en dit rien mais d'une certaine façon cette foi qu'avait Dean en leur père, il l'enviait. Cette façon de croire encore et encore en lui... parfois il aurait aimé en être capable.

Pourtant, malgré tout ce qui avait pu se passer, il tenait à lui. Énormément. Seulement cela avait toujours été si compliqué entre eux deux, il aurait tant voulu qu'il en soit autrement. Il croyait en son père bien évidemment mais pas comme Dean pouvait le faire, pas comme lui même croyait en son frère.

-Tu sais, reprit-il, pour toute à l'heure, je n'ai jamais cru que si tu veillais sur moi c'était seulement pour suivre les ordres de Papa.

-Vraiment ? Questionna l'aîné qui cette fois se tourna vers lui.

Ce que Sam entendit dans ce simple mot, lui serra le cœur : de l'incrédulité mais celle-ci était totalement dénuée d'ironie, non, ce qui perçait ressemblait beaucoup trop à une note d'espoir. A l'envie d'y croire. Sam se demanda un instant s'il devait se sentir vexé. Non pour être tout à fait franc : il était vexé. Devait-il pour autant le montrer ?

Ce n'était certainement pas la meilleure chose à faire, d'autant que cela avait été totalement involontaire. Au fond, en y réfléchissant c'était bien plus triste, pour l'un comme pour l'autre, que blessant.

- Merde, Dean soupira Sam ...Tu me crois aveugle ... ou complètement idiot ? Je t'ai toujours vu le faire. Encore aujourd'hui. Je n'arrive pas à te convaincre que tu ne pourras pas toujours être là, que tu n'as pas à le faire et que je suis capable de m'occuper de moi tout seul. Tu ne me lâche pas !

Dean laissa échapper un sourire d'excuses. Il avait conscience d'être parfois un peu... "mère poule", mais lui demander de ne plus veiller sur son petit frère, de ne plus s'inquiéter pour lui c'était comme lui demander de cesser de respirer. Il ne pouvait pas. Il en avait besoin.

-Désolé ....

-Arrête, tes conneries, je n'ai jamais voulu que tu t'excuse pour ça ... mais..., Sam hésita un instant, ...enfin, t'es mon frère et je voudrais que tu me laisse aussi t'aider parfois.

- M'aider ? Mais je vais bien, Sam... C'est vrai... Je ne veux surtout pas que tu t'en fasses pour moi, d'accord ?

Malgré l'assurance que tentait d'afficher Dean, Sam ne s'y laissa pas tromper, il l'avait vu faire trop de fois pour ne pas reconnaître immédiatement les moments où son frère bluffait.

-Non. Répliquât-il en pinçant les lèvres.

Dean soupira, il oubliait parfois combien son petit frère pouvait être entêté.

- Tu vois, expliqua le cadet, quand je te dis que j'aurai voulu que tu me raconte cette histoire, ce n'est pas seulement parce que si j'avais su j'aurais évité certaines réflexions sur ton obéissance à Papa mais surtout parce que j'aurais pu te dire que tu avais tort.

- Pour... quoi ? S'étonna Dean, le regard passant à plusieurs reprises de la route à Sam.

- Quoique tu en penses, tu n'avais pas à te racheter de quoique ce soit, Dean.... Ce n'était pas ta faute. Ce qui c'est passé à l'époque ou aujourd'hui, tu n'en es pas responsable.

- Je crains que tout le monde ne partage ton opinion.

Dean avait répondu dans un murmure. Il ne pouvait oublier comment son père l'avait regardé cette nuit là ni son changement d'attitude après cela. Pas plus qu'il ne pouvait ignorer la façon que John avait eu d'éviter soigneusement le sujet pendant toutes ces années. Pour être franc, lui-même n'avait jamais cherché à l'évoquer, comme si le fait de ne pas en parler rendait tout cela un peu moins réel mais cela ne le rendait certainement pas moins douloureux, bien au contraire.

Comment pourrait-il se défaire de cette crainte dans laquelle il avait vécu depuis ? La crainte que quelque chose arrive à son frère ou à son père à cause de lui, parce qu'il n'aurait pas fait ce qu'il fallait, ce qu'il devait.

- Navré de te l'apprendre, répondit avec ironie Sam qui avait parfaitement compris de qui il était question, mais Papa n'a pas toujours raison. Tu tiens réellement à ce que je te donne des exemples?

Bien que la question soit de pure forme, Dean secoua la tête en signe de négation. Non...il n'avait pas besoin d'exemples.

En dépit des apparences et de ce qu'on pouvait croire, le fait qu'il s'acharne à suivre les ordres de son père n'avait jamais signifié pour autant qu'il les approuvait. C'est vrai, il avait fait de son père son modèle à suivre, sa référence, tant il admirait l'homme, le chasseur. En revanche, il était bien loin de l'approuver dans tous les domaines. Leurs opinions, leurs façons de voir les choses n'étaient pas franchement toujours identiques.

Mais la plus part du temps il préférait ne rien dire, c'était inutile de toutes façons. Alors à quoi bon? Autant faire semblant. Enfin sauf pour un seul sujet. LE sujet ou il ne pourrait jamais approuver son père, n'y faire semblant : Sam.

Dean ne pouvait s'empêcher d'être en total désaccord avec l'attitude qu'avait eue leur père envers son fils cadet. OK, Sam n'était pas étranger à la relation tendue qui s'était installée entre eux deux et il aurait voulut que Sam y mette un peu du sien mais leur père aurait du essayer de le comprendre davantage et surtout il n'aurait jamais du lui interdire tout retour quand il avait voulut partir pour la Fac.

Il ne pouvait pardonner à leur père le fait que Sam se soit retrouvé seul pendant ces années, l'obligeant à couper les ponts avec eux, avec lui ... bousillant ainsi la chose la plus précieuse qu'ils le restaient à tous les trois : leur unité. En dépit de leur vie, ils étaient resté jusque là une famille, comptaient les uns sur les autres, se protégeaient. Personne n'avait pas le droit de touché à ça.

En fait il y avait pas mal de sujets sur lesquels il pensait que son père avait tord, même si au fond ses sujets se rejoignaient tous plus ou moins. Ainsi il était très loin d'être convaincu que le fait de s'être séparés était la meilleure des options. Ils seraient bien plus forts ensemble, tout les trois.

Sam se demanda un instant ce que signifiait le geste de négation de son frère : une réponse à sa question, qui n'en était pas vraiment une d'ailleurs, ou alors un signe de lassitude.

-Dean ? ...

Ce dernier hésitait encore. Il était touché par ce que Sam essayait de lui dire mais en même temps il ne n'arrivait pas en s'en convaincre. Pas de la sincérité de Sam, juste que cela pouvait être vrai. Il restait persuadé que ça avait toujours été à lui de régler cette affaire, à personne d'autre. Il avait besoin de le faire. Ça n'apaiserait peut être pas sa culpabilité mais au moins il n'aurait plus à craindre que la strige s'en prenne à d'autres familles.

Le reste... et bien il ferait avec.

-Hé... Dean tu m'écoutes ? Insista Sam étonné du soudain silence du frère.

Et puis au fond, quelle importance que lui ne parvienne jamais à se convaincre du fait de ne pas être en faute dans cette histoire. Sam, lui, semblait y croire. Non, mieux que ça, son petit frère il y croyait vraiment. Sam ne lui en voulait pas. A ses yeux, c'était tout ce qui comptait.

- Tu veux conduire ?

La question prit Sam totalement au dépourvu et il resta quelques instants stupéfait. Depuis quand Dean proposait ou même laissait quelqu'un d'autre conduire sa précieuse voiture, si spontanément ? Sans y être contraint et forcé. Accéder au volant de l'impala n'était pas une mission facile, à bien y regarder certaines chasses l'étaient sans doute davantage.

Il arrivait quand même que son frère lui laisse le volant mais cela restait somme tout assez rare. En général Sam devait plaider sa cause ou démontrer à Dean qu'il était trop blessé, trop faible pour pouvoir conduire. Ce qui n'était pas le cas actuellement.

Ils leur arrivaient aussi de se relayer, quand la distance à parcourir était trop importante même pour Dean, et ce n'était pas peut dire. Mais là ils roulaient depuis un à peine plus de 2 heures et étaient environ à mi-chemin, en un mot un parcourt bien trop court pour que son frère ait besoin qu'on le remplace.

Et il n'avait perdu aucun pari... Il craint un instant un coup tordu, il connaissait l'humour particulier de son frère. Ou alors Dean voulait tout simplement se débarrasser une fois pour toute de cette conversation gênante et n'avait rien trouvé d'autre.

Non ... ce ne collait pas : son frère n'avait pas ce sourire sarcastique qu'il arborait quand il préparait un coup, bon ou mauvais, et encore moins ce regard vide et cette mine fermée qui signifiait chez lui : "conversation terminée ".

Rien de tout cela. Non ...c'était plutôt comme s'il attendait quelque chose... Comme quand ils étaient enfants et qu'il cherchait à lui faire plaisir sans en avoir l'air, sans vouloir le reconnaître.

Soudain Sam comprit. Il comprit ce que voulait "dire" son frère. Ce que signifiait cette proposition. En fait, c'était si caractéristique de sa façon de faire.

Dean ne savait pas dire les choses, pas avec des mots en tout cas, alors il utilisait d'autres méthodes pour s'exprimer. Lui proposer de conduire cette voiture à laquelle il tenait tant, c'était quelque part accepter de se laisser approcher, et peut être même, qui sait, de lui dire qu'il était touché de sa démarche, de l'en remercier. Car Sam savait que même si son frère ne l'avouerait jamais, lui aussi avait besoin d'être écouté, d'être rassuré.

- Sammy ? L'interpella doucement lainé devant son absence de réponse.

Dean était bien la seule personne à pourvoir l'appeler ainsi sans recevoir en retour un sec "c'est Sam! ". C'est vrai ...il n'avait plus quatre ans ! Et bon sang il mesurait quand même 1,93 mètre, cela rendait cette fichue manie qu'avait les gens de l'appeler " Sammy " d'autant plus ridicule.

Mais Dean, c'était différent ... déjà parce qu'il n'aurait jamais pu l'en empêcher même s'il l'avait voulu, et en dépit des quelques réflexions quand ils s'étaient retrouvés, il ne le voulait pas. Tout simplement parce que chez Dean, " Sammy ", n'avait rien d'un surnom idiot, c'était beaucoup plus, cela prenait, avait un sens véritable... quelque chose de difficile à définir mais quelque chose qui faisait que lui, et lui seul avait ce droit.

- Oui, bien sûr que je veux, finit-il par répondre dans un sourire à l'adresse de son frère qui lui rendit : ils s'étaient compris.

Dean se rangea donc sur le bas coté.

-Bon sang, un bon bain, ne te faire pas de mal, déclara Dean pendant qu'ils contournaient la voiture pour échanger leurs places.

Son frère le regarda surpris.

-Quoi ?

-Quoi ... Quoi ? demanda Dean en relevant les yeux qu'il avait fixés sur sa voiture, puis il comprit. Mais non pas toi, andouille, Elle ! Ma pauvre, continua t-il en passant une main sur le toit de l'Impala, non mais regarde dans quel état tu es. Ne t'en fais pas, on va arranger ça.

Sam s'installa au volant en secouant la tête, il ne s'habituerait jamais à cette habitude étrange qu'avait Dean de parler à sa voiture. Il ne pu cependant, retenir un sourire amusé devant la mine réellement contrariée de son frère.

Dean reprit place à son tour dans la voiture pestant toujours, sur l'état intolérable dans lequel se retrouvait sa malheureuse voiture. Tout ça à cause de ces fichus chemins qu'ils avaient du emprunter en raison de ce fichu pont coupé à Hayward.

Sam démarra tout en retenant un soupir. De tout évidence les plaintes menaçaient de s'éterniser et s'il ne voulait virer dingo, il allait devoir trouver une station de lavage ... et vite.

-…en plus ils n'avaient même pas commencé leurs foutus travaux, ils auraient pu… Hé tu m'écoutes ?

Très vite.