Le vent s'était remit à souffler de plus belle, gonflant les voiles du navire, remuant les cordages, sifflant aux oreilles de l'équipage. C'était une belle après-midi de printemps, le soleil se reflétait sur le parquet du Bold, fierté de la Compagnie des Indes, bâtiment de grande valeur aux yeux du monde entier…ou du moins de ceux de son propriétaire.
Parmi tous les hommes qui se trouvaient sur le pont, un jeune garçon s'activait à laver le sol. Bien que ce travail ne semblait guère lui convenir, il s'appliquait avec soin à la tache qu'on lui avait confiée. Cet homme se nommait Cutler Beckett. C'était un jeune homme d'une vingtaine d'année, de petite taille certes, mais il était doté d'une grande intelligence, ce qui expliquait sa monté en grade aussi rapide. En quelques mois, il était passé de simple marin en maître second. Mais une erreur faite dans le passé lui avais coûté des remontrances du gouvernement et il fut alors directement remis au grade de novice, nettoyant le pont durant la journée, et réparant les voiles la nuit. Il s'en voulait encore de ses erreurs passées, et passait ses journées à se plaindre du fait que le soleil tapait trop fort, que le vent ne l'était pas assez, qu'il avait trop chaud, ou que ses mains étaient moites.
- Regarde moi ça…elles glissent tellement que je ne pourrais plus jamais tenir une arme de ma vie…
- Je t'en pris Cutler, cesse de te plaindre à tout bout de champs, lui disait alors un de ses amis, marin lui aussi. Regarde l'océan, ça te changera les idées.
Alors Becket s'éloignait en marmonnant, un balai vieux de 30 ans dans une main et un seau remplis d'eau et de savon dans l'autre.
Pour le jeune ami de Beckett, ce jour n'était pas un jour comme les autres. En effet, ce dernier soufflait ses vingt-deux bougies ce jour même.
Jack Sparrow était de loin plus imposant et séduisant que Becket. Mais il était quelqu'un de très…spécial. Il était grand et maigre, avait une chevelure châtain lui tombant jusqu'aux épaules, propres et retenus par un bandana beige qu'il portait sur lui constamment. Ses yeux étaient de couleurs chocolat, quasi noir, ce qui lui donnait un regard pénétrant, un regard de braise. Il ne portait pas de chemise. Il n'aimais tous simplement pas ça, alors il passait son temps à se balader torse nu sur le pont du navire, sa hâtant pour accrocher les cordes ou déplier les voiles, sous les regards offusqués des membres de l'équipage. En guise de bas, il avait un pantalon noir qui lui descendait jusqu'au chevilles, trop large pour lui. A ses pieds, il portait une vieille paire de bottes brunes, couverte de boue. Ah oui…et n'oublions pas de préciser que la tenue exigée à bord était une tenue bleu et blanche avec sandales.
- Tu te rend compte, dis Jack à Cutler. Une vingt deuxième année vient de s'écouler, et pourtant j'ai l'impression de n'avoir rien fait. Je traîne comme pas possible, c'est assez embêtant je dois dire…
Becket posa ses affaires et vint s'approcher de lui en lui donnant une légère tape sur l'épaule.
- Comment peut tu dire que tu n'a rien fait ? Tu es adoré par tous les généraux. Tu as monté les échelons à une vitesse incroyable. Tout le monde cède aux moindre de tes caprices et tu es doté d'une intelligence exceptionnelle. Et puis tu…
- Oh, ça va je t'en pris, le coupa Jack.
Avec un léger sourire, Cutler laissa le jeune homme seul dans ses pensées. Jack ne pensait qu'a une chose : la liberté. Mais être embauché dans la Compagnie des Indes était pour lui comme être enfermé dans une cellule étroite où il avait du mal à respirer. Il avait besoin d'une vraie liberté. Il devait changer d'air. Et vite.
Le soir s'installa tranquillement. Des étoiles commencèrent à parsemer le ciel et la lune se présentait sous la forme d'un croissant de belle taille. Jack, allongé sur le dos, pensait. Il pansait à ce qu'il aimerait faire. Ce qu'il n'avait jamais osé faire. Il se rappela ce jour où sa mère lui avait dit qu'il était promis à faire de grandes choses, qu'une fois grand il ressemblerait traits pour traits a son père…oui mais voila, son père, il ne le connaissait pas. Peut être qu'il l'avait vu durant son enfance, mais les souvenirs remontaient à trop longtemps et il ne s'en souvenait plus. Sa mère l'avait élevé seule jusqu'à ce qu'il devienne un jeune adulte. Puis elle avait disparue sans laisser de trace.
Ce fut à partir de ce jour que Jack fut obligé de se débrouiller seul. Il commença par faire des petits boulots, mais il se rendit vite compte qu'il était fait pour l'océan, et non la terre ferme. Alors il tenta le concours d'entrée a la Compagnie des Indes. Et c'est alors qu'il su qu'il ne c'était pas trompé : lors des exercices pratiques destinés a manœuvrer un navire, il se révéla être quelqu'un d'extrêmement doué. Ce fut aussi lors de ce concours qu'il rencontra Cutler Becket, ce dernier ayant déjà tenté par 2 fois de rentrer dans la Compagnie. Cutler était quelqu'un d'ouvert d'esprit et d'une intelligence égale a celle de Jack, mais il manquait de confiance en sois. Jack lui donna de bons conseils ce qui permis à Becket de réussir son examen d'entré. Depuis ce jour, ils devinrent inséparables.
Les deux hommes attirèrent l'attention des généraux lors d'un trajet à bord du Tournesol, navire destiné à protéger un autre bateau chargé de poudre et d'armements. Quelques jours après le début du voyage, le Tournesol s'était fait abordé par un bateau pirate. Le combat fut sanglant et d'une brutalité effrayante. Mais Jack et Cutler réussirent à s'infiltrer sur le navire ennemi et à faire prendre feu leur cargaison de poudre. Ils rentrèrent sur leur navire de justesse : le bateau pirate explosa faisant pleuvoir des amas de planches brûlées et de débris. La marine, maintenant en position de force, avait put exterminer les pirates jusqu'au dernier, tandis que les survivants furent exécutés.
Ce fut à la fin de ce voyage que Jack et son ami prirent du grade. Au fil des années, ils eurent des postes de plus en plus importants. Jusqu'au jour où Beckett fut condamné à mort pour trahison envers l'empire. Grâce à Jack, il fut innocenté, mais du reprendre tout sa vie à zéros. Une fois sortit de prison, Jack l'avait questionné sur les raisons de sa rétrogradation mais Cutler lui avait répondu :
- Une simple erreur Jack. Mais rassure toi, ça ne se reproduira plus. Je la tuerais, ajouta-t-il, la mâchoire serrée.
Jack n'avait alors plus insisté.
- VOILES A TRIBORD ! Cria une voix.
Jack sortis de ses pensées. Il remarqua alors une chose. Sans qu'il ne s'en soit rendu compte, le brouillard s'était soudainement levé. Il ne distinguait plus rien, son champ de vision ne pouvait aller plus loin que 5 mètres devant lui.
Le capitaine Edwardo s'avanca d'un pas lourd. Ou du moins, Jack en déduisit que c'était lui.
- Quelle purée de pois ! On y vois absolument rien !
L'homme continua alors d'avancer vers le mat.
- Monsieur Rags, que voyez vous la haut !
L'homme qui se trouvait à la vigie répondit d'une voix forte :
- Le brouillard est très épais capitaine ! Mais je pense avoir vu une voile noire à tribord !
Jack fronca les sourcils. « Une voile noire, c'est ça...Ce n'est pas très bon signe… Dans les environs, le seul navire à posséder des voiles noires est… »
- Hé ! s'écria une voix dans son dos.
Jack se retourna en sursautant. Il ne voyait personne.
- Hé ! Jack ? Ou est-tu ? demanda une petite voix.
Cutler apparu alors, les mains serrées sur son balai-brosse.
- Ah, tu es là ! dit-il, soulagé. C'est quoi toute cette brume d'après toi ?
Jack s'approcha de son compagnon.
- J'ai ma petite idée. Mais j'espère que je me trompe sinon on est mal…Il faudra qu'on aille voir ce que…
Un coup de fusil le coupa net. Jack retint sa respiration. Un bruit sourd retentit près du mat. Jack et Cutler se dirigèrent a tâtons vers les voiles. Soudain, la carrure du capitaine perça la brume.
- Monsieur, quel était ce coup de feu ? L'interrogea Jack. Pour toute réponse, le capitaine pointa du doigt le bas du mat. Un corps s'y trouvait, brisé, un trou rouge en plein milieu du front. C'était le dénommé Rags. Puis quelqu'un cria.
- PRENEZ VOS ARMES, NOUS SOMMES ATTAQUES ! S'écria Edwardo.
Quelqu'un sonna la cloche d'alarme. Des bruits de pas retentissaient de part et d'autres du pont. Quelqu'un d'autre hurla.
- Jack ! S'écria Cutler. Qu'est ce qu'on fait, ils sont déjà sur le pont !
En effet, Jack percevait au loin des formes indistinctes qui se battaient entre elles. Le garçon se tourna vers son ami :
- Lâche ton balais et prend une arme ! Ce sont les pirates du Black Pearl ! S'époumona-t-il !
Cutler pali.
- Tu en est sur ? demanda-t-il d'un toute petit voix.
- Certain ! Cette brume et ces voiles noires, ça ne fait aucun doute ! C'est bien la description qu'on m'a faite du Pearl ! Alors, bouge toi, qu'est ce que tu attends ! Cria-t-il en voyant que Cutler restait figé sur place.
Sur ces mots, il couru jusqu'à ce qui lui semblait être une caisse en bois remplie d'armes. Une fois sur place, il s'empara d'un fusil et d'un réservoir de poudre.
Tandis qu'il chargeait son arme, les pensées de Jack se tournaient sans cesses vers le cadavre au pied du mat. Si ça se trouve, je vais finir de la même façon…Quelle mort atroce…se disait-il.
Bien qu'il ait des années d'expérience, Jack était alarmé par la bataille qui faisait rage. Des cris strident résonnaient de toutes part du navire, le bruit sourd de corps qui s'écrasaient au sol, le son que provoquaient le fracas des épées le rendait anxieux. Car si c'était bien le Black Pearl qui venait de les attaquer, il avait peu de chance de s'en sortir.
La légende de ce bateau était profondément inscrite dans la mémoire de chaque marin de la Compagnie. La description des rares survivants aux batailles contre le Pearl montrait le vaisseau comme un navire revenu tout droit de l'enfer. Son équipage n'était composé que des pirates les plus cruels et les plus redoutés de toutes les mers, et leur capitaine était capable de vous tuer sans que vous ne puissiez bouger le petit doigt. Essayant de ne pas perdre son sang froid, Jack termina de s'équiper en vitesse, puis pénétra aveuglement dans la brume compacte que la nuit froide lui offrait.
