Voilà un petit OS auquel je pensais depuis un moment. Parce que je suis persuadée que des gens nous observent et notent le moindre de nos faits et gestes.
N'hésitez pas à laisser une trace quelconque de votre passage.
Enjoy ^^
Je suis une ombre.
Je me contente d'observer. Je n'interviens pas. Jamais. C'est mon mot d'ordre. La règle. Absolue. Terrible. Salvatrice.
Observer. Se souvenir. Écrire. Trois mots qui résument ma vie, et celle de mes ancêtre. Trois mots qui résument notre tache immense. Nous sommes la mémoire de l'humanité. Vous faites l'Histoire, nous la consignons. C'est ainsi depuis toujours mais ça vous ne le savez pas. Nous sommes discrets, c'est même notre plus grande qualité. Et nous sommes puissants. Très puissants.
Je me tient à un tournant de l'histoire. Je le sens, je le sais. Le garçon devant moi va changer la donne. C'est lui qui a les cartes en main. Oui, il fera de grandes choses. Tout le monde parlera de lui. C'est certain. C'est pour cela que je l'observe particulièrement depuis maintenant quatre ans. Tout le monde n'a pas la chance – ou la malchance selon les points de vue – de rencontrer quelqu'un qui sera aussi important. Je continue mon chemin dans le couloir.
Il ne se doute de rien. Personne ne se doute de rien. Je suis une ombre. Invisible. Je me fond dans le décor.
Banale. Voilà le mot qui me définit le mieux mieux. Je suis d'une banalité étudiée à l'extrême. Physique, attitude, aptitudes, comportement. Tout est sous contrôle, tout est parfaitement ordinaire. Personne ne doit savoir.
Je m'assoit sur mon fauteuil habituel de la salle commune, celui près de la fenêtre, un livre d'histoire à la main. Je suis toujours ici, plus personne ne fait attention à moi, les gens parlent. J'écoute. J'enregistre. Rien ne m'échappe. Je connais tous le monde. Le moindre élève du château. Mais ce n'est pas réciproque.
Ils connaissent tous mon nom. Difficile de l'ignorer. Ma famille est aussi ancienne que prestigieuse. Mais je ne les intéresse pas. Paradoxe étrange. Voulu.
Mon nom est Brome. Je fais partie d'une famille de Sang Pure parmi les plus respectées. Mais personne ne vient m'embêter. On embête pas les Bromes. Nous sommes connus pour rester aussi passifs qu'incorruptibles. Nous ne prenons jamais parti dans les conflits et personne ne nous conteste cela. Ou disons que ceux qui s'y sont essayés ont abandonnés. Ou disparus.
C'est à mon tour de faire mes preuves. À mon tour d'écrire. Une grande responsabilité pèse sur mes épaules, mais j'accomplirai ma tache. Après tout j'ai été éduquée pour cela.
On m'appelle. Je lève les yeux de mon livre. C'est l'heure d'aller en cours.
Potions. Matière facile. Trop facile et pourtant mes notes ne dépassent pas l'effort exceptionnel. Je vous en ait déjà donné la raison. Banalité. Une élève trop brillante attirerait trop l'attention. Alors je suis dans la moyenne. Du bon côté de la moyenne cependant. Je ne m'autorise à briller qu'en sortilèges. J'aurais préféré l'histoire mais j'ai jugé cela trop risqué vu le professeur. Sortilèges est une bonne matière.
Lui par contre excelle dans tous les domaines ou presque. Cela m'amuse parfois de nous comparer. Il brillera, je resterai inconnue. Il aura le pouvoir, je ferai comme si je n'en avais pas. Il est entouré, je suis seule. Pourtant nous n'avons pas ni l'un ni l'autre d'amis. Quoi que j'ai mon frère.
Mon frère est toujours là pour moi. Nous sommes très différent. Il est là pour me seconder. Il a choisi une autre voie. Il est assez populaire. Il a des amis. Mais la même mission. Il est partie intégrante de ma couverture. Il couvre mes arrières. C'est la seule personne que j'ai le droit d'apprécier. D'aimer.
Sinon, je ne doit pas ressentir. Cela irait à l'encontre de l'objectivité nécessaire à mon travail. C'est pour ça que mon frère me seconde seulement. Parce qu'il a choisit de vivre avec des sentiments. J'ai décrété que je pourrais m'en passer. Tant que je l'ai lui.
Pour tout le monde je suis inintéressante et je m'efforce de le rester. Je parle peu. Presque pas. Je n'en ai pas l'utilité. Parler m'ennuie. Mes mots, je préfère les écrire. C'est ce que je fait tous les soirs.
Je consigne l'histoire dans un journal d'apparence banale. Un journal ayant subi des sorts aussi nombreux qu'anciens. Je doute que même Dumbledore parvienne à les défaire. Personne ne peut lire ce qu'il y a d'écrit dedans. Personne ne peut le trouver. Personne ne peut l'ouvrir. Sauf ma famille bien évidemment.
Le journal de ma première année contenait une courte biographie de toutes les personnes présentes au château. Il contenait les événements principaux qu'y s'étaient produit. Il parlait beaucoup de lui. Il contenait aussi mes doutes et mes prédictions. Erreur de débutant. L'histoire doit être objective. Toujours.
Je m'étais améliorée la seconde année. Puis la troisième. Je suis douée avec les mots.
Je m'intéresse toujours à lui. Pas pour des raisons futiles. Parce qu'il est important et qu'il le sera d'autant plus si il continue ainsi.
Depuis la seconde année deux groupe se sont formés parmi les serpentards. D'un côté ceux qui le suivent, de l'autre ceux qui restent indifférents. Le deuxième ne cesse de perdre des membres. L'école subit tout entière son influence. Les professeurs le voient comme un élève modèle. Sérieux, assidu, poli, infiniment doué. Tout ce qu'il veut laisser paraître. Dumbledore par contre adopte envers lui une attitude méfiante. Il le surveille depuis toujours.
Les élèves le respectent, par conviction ou par peur. Certains l'ignorent. Personne ne le combat. Ceux qui se rapprochent le plus de mes amis ne pensent pas grand bien de lui. Les serpentards se soumettent pour la plupart.
Moi je me contente d'observer. Je l'observe toujours. De loin. Je suis une ombre. Même mon nom me définit comme telle. Brome. Juste un anagramme d'ombre. Un clin d'œil du destin. Ma famille suit sa destinée.
Il n'a pas essayé de me recruter parmi ses partisans. Les mangemorts comme il les appelle. Je n'ai pas demandé à en faire partie. Je ne suis pas sensé vivre l'histoire. Je doit juste la suivre de loin
Il ne me parle pas. Je ne lui parle pas. De manière générale je ne parle pas. Sauf avec mes presque amis que je retrouve toutes les semaines à la bibliothèque.
Il a essayé de pénétrer mon esprit une fois. Tentative maladroite, mais tout de même informulée. Aisément contrable. Nul besoin d'être un maître en occlumancie. Il a été surpris tout de même. Je me suis autorisée un sourire d'excuse que j'ai regretté juste après. Il ne faut pas que j'attire l'attention. L'ironie est une imprudence comme une autre. Je suis montée dans mon dortoir. Il est légilimens à quatorze ans. Ce fait vaut la peine d'être noté.
Un des seuls incidents important de ma quatrième année d'étude.
En cinquième année un événement d'une autre importance a eu lieu. Un événement que même un néophyte qualifierait d'historique. Il a ouvert la chambre des secrets et s'est proclamé descendant de Salazar Serpentard. Il a fait accusé Hagrid, demi géant, même année, Poufsouffle, attirance notable pour les créature magiques communément qualifiées de monstrueuse, cachant une acromantule dans une malle.
Une fille est morte. Tuée par un regard du basilic. Oui, je connais ce monstre. Rappelez vous, l'Histoire c'est nous qui la conservons.
Il est donc Fourchelang.
Après cet événement d'une importance considérable le professeur de potion a décidé de nous changer de binôme de potion. J'ai retenu une protestation légitime. Je suis à côté de lui.
Je m'applique à hacher les carapaces de scarabée Je les hache assez bien mais pas parfaitement non plus. Mais il me reprend. Il me dit qu'il veut une potion parfaite et m'explique brièvement comment bien découper ces insectes. Je crois que c'est le plus de mot qu'il ne m'ait jamais adressé.
Je le regarde un instant. Ce temps est suffisant pour qu'il tente à nouveau de pénétrer mon esprit. Il s'est amélioré. Beaucoup de progrès. Mais je ne me suis pas permise de le féliciter. Pas même un sourire. Je tourne juste la tête pour reprendre ma découpe méthodique. Ma défense mentale devait suffisamment l'étonner. Nous avons obtenu un optimal pour cette potion.
Tout en étant cachée je l'entend demander quelque chose à propos d'Horcruxes à Slugorn. Fait intéressant une fois encore. Comme tout ce qui touche à lui.
En sixième année il est venu me chercher à la bibliothèque. Je lis un livre d'histoire, tandis que Potter et McGonnagall discutent de Quiddich. J'ai levé les yeux à l'entente de mon nom. Le directeur des Serpentards veut me voir. Étonnant.
Je n'aime pas la façon dont il m'escorte en silence. J'ai peur de l'intriguer. Peur qu'il ne me force à prendre parti dans cette Histoire qui n'est pas la mienne. Peur qu'il ne voit à travers mon rôle d'ombre. C'est stupide.
Il ne dit rien. De toute façon, nous n'avons rien à nous dire. Avant de changer de chemin pour se rendre dans la salle commune il se retourne. Il a une bague à la main gauche. Horcruxe. Il en a déjà réalisé une.
C'est certain, il va influer sur l'histoire d'une manière extraordinaire. Il tente pour la troisième fois la légilimancie sur moi. Il est passé maître dans cet art. Sa présence est presque intangible. Mais ma maîtrise de l'occlumancie est bien supérieure. Personne ne doit pouvoir voir ce qu'il y a dans ma tête. Pour le bien de ce monde. Et de cette personne. Il serait dommage de tuer un garçon promit à un si brillant avenir.
Je lui sourit et continue mon chemin vers les cachots. Je ne sais pas pourquoi Slughorn m'invite maintenant à l'une de ses fêtes privées. J'ai assisté à chacune de ses partie mais jamais en tant qu'invité. Ce changement ne me convient pas vraiment. J'ai toujours préférer ne pas être sur le devant de la scène. Être cachée dans le noir me convient mieux.
Je préfère espionner. Je suis très douée pour cela. Personne ne me voit jamais. Où alors ils ne font pas attention. En même temps, pourquoi s'inquiéteraient ils d'une petite araignée dans un coin du plafond? Moi même je ne fait pas attention aux araignées. Je devrait. Après tout si je peux me changer en arachnide qu'est ce qui me dit que je suis la seule?
Il me faut un cavalier. J'irai avec mon frère. Il est toujours d'une grande aide. Je pourrai retourner à la salle commune. Après tout, c'est là qu'il se dirigeait. Mais j'ai l'impression que c'est un test. Il ne faut pas qu'il sache que je le suit, qu'il est mon sujet favori. Il ne peut pas comprendre mon intérêt pour lui. Je retourne donc à la bibliothèque.
Deux jour après je le croise dans un couloir. Alors que je continue mon chemin l'air de rien il m'appelle. Je le regarde, sans montrer mon étonnement. C'est rare que nous échangions autre chose que de polies salutation. Il me propose de venir avec moi à la soirée. Vu le ton employé cela ressemble plus à un ordre. Je lui sourit avec le même air désolé que j'ai eu la première fois qu'il a tenté de pénétrer dans mon esprit. J'y vais déjà avec mon frère. Puis je tourne les talons. Il tient vraiment à me faire entrer dans l'histoire. Il va falloir que je sois plus prudente.
La soirée se passe bien. Entendez par là aucun incident particulier. Les conversation cachent sous leur politesse des informations importantes. Slughorn a cela de bien qu'il me mâche le travail en rassemblant les personnes pouvant prendre de l'importance dans l'histoire.
Septième année. La dernière dans ce château. Il a été nommé préfet en chef. Il obtient toujours ce qu'il veut. Il a discuté du cas de son homologue avec ses partisans. J'ai été soulagée qu'il choisisse simplement de détourner les soupçons. Je m'en suis voulue. Je ne suis pas sensé apprécier McGonagall. Mais même si il avait décidé de la tuer je ne serai pas intervenue. Je n'en ai pas le droit.
J'observe invisible les élèves inquiets pour leurs examens, leur futur. Lui ne se pose pas tant de question. Son plan est déjà en place. Il a rassemblé beaucoup de monde derrière lui. Des gens puissants qui le soutiendront.
Il adapte son discours en fonction de ses auditeurs. Son réel intérêt est le pouvoir. Un pouvoir absolu. Illimité.
Je reste plus puissante que lui. Il ne le sait pas. Sinon il tenterait de me tuer.
Poudlard est une période révolue. Je continue à le suivre. Mon frère choisit une autre voie. Il m'abandonne. Mais je n'abandonne pas.
Je l'observe toujours.
Je le voit prendre de la puissance, disséminer ses Horcruxes. Il tue des innocents. Divise la communauté sorcière. Il torture. Il hait. Il cherche le pouvoir.
Je passe parfois plus de temps en araignée qu'en humaine. Juste pour pouvoir le suivre. Être là. Écrire les événements les plus intéressants de l'Histoire du moment.
J'entends une prophétie. Je le voit perdre tout son pouvoir en marquant un enfant. Un bébé qui aura un grand rôle lui aussi. Je confierai à mon fils la charge de l'observer. Moi je suis trop occupée avec lui.
Il est devenu l'élément central de mes livres. De ma vie quelque part.
Je ne porte pas de jugements sur son action. Il n'est pas question de bien ou de mal. Juste d'intérêt.Il a tué des gens. Beaucoup d'innocents. Mais je ne les ait pas sauvés. J'ai regardé chacune de ses victimes mourir, souffrir sans lever le petit doigt pour les aider. J'en ai le pouvoir. Mais le devoir m'en empêche.
Le monde sorcier a vécu de sombres heures. Ce bébé à mes pieds est un synonyme d'espoir. Je me suis autorisée un mot d'encouragement pour cet enfant. Puis je suis partie à la recherche de ce qui restait de lui.
J'ai assisté à son retour. Au retour de ses partisans vers lui.Les mangemorts se pressent à ses pieds.
Il a élu résidence dans le manoir des Malfoy. J'ai pensé à lui rendre visite. À aller le voir. Il ne m'aurait pas tué. Mais alors j'aurai interféré. Et il ne le faut pas.
Je le regarde lancer l'assaut sur Poudlard, à la tête d'une armée insensée. Il perd la tête pour sa quête de puissance. Il en oublie cette prudence, cette méticulosité qui le caractérisait pourtant. Il ne vérifie pas lui même la mort du garçon. La fierté l'a mené à sa perte.
Je suis redevenue humaine durant la bataille. Personne ne fait attention à moi. Les sorts ne me touchent pas. Ils ne le peuvent pas. Je n'attaque pas. Je me contente de regarder le combat qui se déroule.
Comme toujours je suis une ombre. Regarder. Se souvenir. Écrire. Je respecte toujours mes mots d'ordre. Je respecte toujours l'interdit. Ne pas intervenir.
La baguette de sureau sait reconnaître son maître. Elle ne peut lui faire de mal.
Il se reçoit son propre sortilège et s'effondre. C'est fini. Il n'est plus.
Je m'approche de son cadavre. Je ne m'autorise pas une seule larme. Avec lui s'achève mon histoire. Il en était le centre. Cela fait des années que je n'ai vécu que pour lui. Aucune larme. Je me retourne et laisse ce cadavre derrière moi. Lord Voldemort est mort. Il ne reste que la mémoire.
Je repose mon dernier livre sur une étagère. Je regarde dehors. Il fait beau. Le soleil me nargue de ses rayons. Je pense à mon frère que je n'ai plus revu depuis longtemps. Je pense à l'avenir du monde qui ne m'intéresse plus et que je laisse à mon fils. Je pense à lui.
Je ne suis plus l'ombre de personne.
