Me voilà avec une nouvelle histoire, sans lien avec les précédentes même s'il s'agit encore et toujours de développer des relations père/fils entre Gibbs et Tony. Cela fait longtemps que j'ai commencé cette histoire mais entre temps je suis devenue professeur dans un lycée et... je croule sous les copies. Vous qui vous plaignez de devoir faire des contrôles, pensez à vos pauvres professeurs qui doivent les corriger...

Au début j'avais prévu de faire un long OS mais devant la longueur, j'ai finalement opté pour une courte histoire. Les chapitres sont courts mais ils devraient arriver rapidement car la fic est presque terminée (et avec l'arrivée des vacances, je devrais pouvoir souffler un peu).

Cette fic est classée M à cause de tortures physiques et morales et, vraiment, il y a des passages qui peuvent être dérangeants, je préfère prévenir. Et ceux qui ont lu mes autres fics savent que j'aime faire souffrir Tony...

Bonne lecture et j'espère que vous aimerez !

Chapitre 1 :

Un jour banal au NCIS. Pas de cas sur lequel travailler donc paperasse, paperasse et encore paperasse. Gibbs enchaînait les cafés et les regards noirs, Thimoty McGee discutait avec Abby Sciuto par ordinateur interposé tout en essayant de survivre aux blagues stupides de Ziva David et Anthony Dinozzo qui n'arrêtaient pas de se taquiner tout en nettoyant son arme pour Ziva, feuilleter un magazine, jouer à un jeu vidéo et lancer des boulettes de papier sur sa partenaire – tout cela en même temps – pour Tony. McGee envisageait d'envoyer un virus dans l'ordinateur de ses deux collègues – il en avait créé un à cet effet, baptisé peste noire, qui devrait plaire à Tony – quand les portes de l'ascenseur s'ouvrirent dans leur ding habituel et que trois hommes en sortirent.

Le premier était l'agent du FBI Tobias Fornell, le visage fermé et une drôle de lueur dans le regard, quelque chose, aussi étrange et inquiétant que cela pût paraître, qui ressemblait à de la compassion. Le premier des deux autres devait approcher la soixantaine, une taille supérieure à la moyenne, une excellente condition physique et se dégageait de lui une impression de force tranquille et de calme assurance. Une arme était facilement discernable sous sa veste et un insigne de police à la ceinture. Le dernier homme était plus jeune, une petite quarantaine tout au plus, il portait un costume impeccable et une morgue comme un étendard. Tout en lui criait à l'agent fédéral. FBI, pensa aussitôt Gibbs. Il ne connaissait aucun des deux hommes et son instinct lui hurlait que la raison de leur venue n'allait pas lui plaire. En même temps, ce n'était pas comme si la présence du FBI dans les locaux du NCIS signifiait autre chose que des ennuis.

« Agent Dinozzo… commença Fornell, sans déformer le nom pour une fois. »

Gibbs se leva immédiatement et, en quelques foulées à peine, se trouva entre son agent et les trois hommes.

« De quoi vous l'accusez cette fois-ci ? grogna-t-il. »

Le plus âgé des hommes, celui qui portait un insigne de police, observa longuement Gibbs d'un air indéchiffrable.

« Nous ne l'accusons de rien, essaya de désamorcer Fornell en soupirant – il adressa un regard aux deux hommes qui l'accompagnaient, un regard qui semblait dire : Je vous l'avais bien dit ! – En fait, nous sommes ici pour lui demander son aide… »

Gibbs fronça les sourcils et se tourna vers son agent senior, en quête d'une explication. Tony était à moitié levé mais semblait comme tétanisé et il était plus pâle que Gibbs l'avait jamais vu. Plus pâle encore qu'avec la peste.

« Non. »

Ce n'était guère qu'un souffle qui sortit de la bouche de Tony.

« Non, répéta-t-il plus fort et plus fermement mais ses mains étaient crispées sur son bureau.

_ Anton, soupira le policier. »

Tony frémit. Gibbs se rendit alors compte que Tony et cet homme se connaissaient. Plutôt bien si on en croyait l'utilisation du surnom.

« Je ne veux plus rien avoir à faire avec cette histoire, lâcha Tony.

_ Agent Dinozzo ! »

La voix du troisième homme claqua dans l'open space. Tony et lui ne semblaient pas se connaître par contre.

« Il ne veut parler qu'à vous ! Dans deux jours, il sera trop tard ! Certaines de ses victimes n'ont jamais été retrouvées ! N'ont-elles pas droit à des sépultures ? Leurs familles n'ont-elles pas le droit à ce réconfort ? Il a dit que nous ne connaissions même pas toutes ses victimes…

_ Non, non, non… répétait Tony en secouant la tête. »

Gibbs ne l'avait jamais vu aussi bouleversé. Ses ongles étaient véritablement enfoncés dans son bureau.

« Anton, soupira à nouveau le policier. Et si tu nous épargnais tout ça ? Tu peux refuser autant que tu veux, tu sais comme moi que tu finiras par accepter. Parce que tu es ce genre d'hommes… J'étais là, tu te souviens ? Je te connais… »

L'homme avait parlé d'une voix douce. Il posa une main sur l'épaule de Tony mais la retira en voyant l'homme frémir.

Gibbs n'avait pas la moindre idée de ce qu'il se passait mais au diable s'ils pensaient pouvoir obliger son agent à faire quoi que ce fût qu'il ne souhaitait pas !

« Il a dit qu'il te dirait ce qu'il avait fait de son corps… ajouta l'homme, doucement. »

Tony vacilla et Gibbs crut qu'il allait s'évanouir.

Le chef d'équipe s'apprêtait à mettre tout ce beau monde à la porte quand Tony le coupa :

« Ok, laissa-t-il échapper dans un souffle, se levant. Je vais le faire. Laissez-moi juste quelques minutes… »

Gibbs n'eut pas le temps de faire le moindre geste que son agent avait déjà disparu en direction des toilettes.

« Agent Thoraw, ordonna Fornell, occupez-vous de régler les détails avec le directeur du NCIS. Faites-lui savoir que l'agent spécial Dinozzo sera absent pendant quelques jours par ordre du secrétaire d'état à la justice et du gouverneur de l'Ohio. Et qu'il n'a aucun besoin d'en savoir plus ! »

L'agent du FBI hocha la tête et se dirigea immédiatement vers le bureau de Vance. Gibbs s'apprêtait à nouveau à intervenir afin de savoir enfin ce qu'il se passait avec son agent mais Fornell le coupa encore :

« Nous n'avons pas le temps de discuter de ce qui se passe maintenant et nous n'avons aucune obligation de te donner la moindre information, ce serait même plutôt le contraire. Mais je te connais alors prends ça ! »

Gibbs réceptionna de justesse une lourde boite en carton avec une étiquette uniquement noircie d'un code à six chiffres et quatre lettres.

Tony et l'agent du FBI qui était allé parler à Vance réapparurent dans le même temps et Gibbs ne put rien faire d'autre que regarder son agent partir avec les trois hommes son agent qui semblait plus jeune et plus fragile qu'il ne l'avait jamais vu.

Gibbs arracha pratiquement le couvercle de la boite. Celle-ci contenait de nombreux dossiers papiers. Gibbs n'avait pas besoin d'ouvrir le moindre dossier pour comprendre qu'il s'agissait de dossiers de police certains même étaient estampillés FBI et ils étaient tous datés de plus de treize ans.

Gibbs serra les poings alors que Ziva et McGee s'approchaient. Il savait déjà qu'il n'allait pas aimer ce qu'il allait découvrir. Pas aimer du tout !

« Affaire Lekusky, lut Ziva qui avait saisi un dossier. »

Gibbs fronça les sourcils, persuadé qu'il connaissait ce nom mais il n'eut pas le temps de fouiller son esprit qu'un bruit de verre brisé le fit se retourner vers l'ascenseur. C'était Ducky et il venait manifestement de laisser tomber sa tasse de thé.

« Un problème Ducky ? demanda-t-il.

_ Pour quelle raison parlez-vous de Lekusky ?

_ Tu connais cette affaire ? demanda Gibbs.

_ Comment pourrais-je avoir oublié ? C'était il y a treize ou quatorze ans… Il y avait tous ces meurtres horribles de jeunes hommes à Cleveland… J'avais été réquisitionné pour aider aux autopsies… Une des pires choses que j'ai vues… Pourquoi rouvres-tu cette affaire ? »

Gibbs avait froncé les sourcils. Il commençait à se rappeler cette affaire. On en avait parlé pendant des mois dans tous les journaux du pays. Etrangement, par contre, il se rappelait à peine comment cette histoire s'était terminée. Il savait juste que le meurtrier avait été arrêté…

« Fornell, un agent du FBI et un policier sont venus chercher Tony, expliqua Ziva. Ils ont dit qu'il était le seul à qui il acceptait de parler et qu'il devait y aller pour savoir ce qu'il avait fait des corps…

_ Je suppose qu'ils veulent que Tony parle au meurtrier mais je ne comprends pas pourquoi, releva McGee. Je ne savais pas que Tony avait été à Cleveland. Il a été à l'université de l'Ohio mais…

_ Oh mon dieu ! »

Ducky sembla prêt de s'évanouir lui aussi et Gibbs dut l'aider à s'asseoir.

« Qu'y a-t-il Ducky ? s'inquiéta Gibbs.

_ Je pense savoir pourquoi Anthony est le seul à qui ce monstre veut parler. Oh, mon pauvre garçon ! Mon pauvre garçon…

_ Ducky ? insista Gibbs, qui commençait vraiment à s'inquiéter.

_ Ça paraît évident maintenant. La description colle parfaitement. J'aurai dû le reconnaître…

_ Qu'est-ce que tu racontes ? Est-ce que tu parles de Tony ? Gibbs était clairement dans le noir.

_ Oui. Il était à Cleveland. Comme inspecteur junior. Très junior…

_ Il ne devait même pas avoir vingt-et-un ans ! Et il a commencé à travailler à Peoria, pas Cleveland, le reprit Gibbs.

_ Je suppose que le FBI aura effacé toute l'affaire…

_ Pourquoi auraient-ils fait ça ? demanda McGee.

_ Parce que le meurtrier était l'agent du FBI qui partageait l'enquête avec la police de Cleveland… »

Gibbs cilla. Cela expliquait que le règlement de l'affaire eût été aussi étouffé. Mais comment Tony s'était-il trouvé mêlé à tout cela ?

« Tu as rencontré Tony là-bas ? demanda Ziva. »

Ducky secoua la tête.

« Je ne sortais guère des salles d'autopsie et, en raison de l'encombrement de celles-ci – le vieux médecin légiste avait frémi à ce mot, Gibbs se rappelait quelques détails particulièrement horribles de ce qu'avaient subi les victimes – les policiers ne s'y rendaient guère, encore moins le duo lumineux…

_ Le duo lumineux ? releva Ziva. »

Ducky soupira tristement.

« Je suppose que je devrais commencer par le début. Comme je vous l'ai dit, je ne sortais guère des salles d'autopsie mais cela ne m'empêchait pas d'entendre tout ce qui se disait. Et s'il y avait un sujet qui revenait dans toutes les conversations des policiers de Cleveland, en dehors de l'affaire en cours, c'était bien le duo lumineux comme ils les appelaient. C'était moins une moquerie que cela peut paraître maintenant… Tout le monde semblait vraiment les apprécier…

_ Qui, les ? demanda Gibbs qui avait du mal à suivre les propos en apparence décousus de son vieil ami.

_ Les deux dernières recrues du commissaire Desbois. Deux jeunes hommes de vingt et vingt-trois ans qui avaient terminé majors de leur promotion à l'école de police et que le commissaire avait spécialement été chercher. Deux jeunes hommes brillants dans tous les sens du terme. Et extrêmement soudés… Je ne sais pas trop comment ils ont atterri sur cette affaire mais je sais parfaitement comme cela s'est terminé… – Ducky fit une pause, compassion et tristesse noyaient son regard – Ils ont été les dernières victimes du tueur. Je suppose qu'il a trouvé drôle de s'en prendre à deux des policiers qui le recherchaient et encore plus drôle de s'en prendre aux enfants chéris de la police de Cleveland… »

Gibbs se figea, un dossier à la main, sans oser l'ouvrir. Il ne voulait pas entendre la suite. Il avait une trop bonne idée de ce qu'elle allait être. Il ne voulait pas que Tony ait eu à subir cela. Il ne voulait pas…

« Je sais que la police de Cleveland a retrouvé les vidéos de ce qu'il leur a fait subir. Il a pris un grand plaisir à les torturer physiquement et moralement. Jusqu'à ce que l'aîné perde conscience et que le plus jeune, je sais maintenant qu'il s'agissait de notre Anthony, ne profite de l'absence du monstre et ne réussisse à se libérer… Mais il était trop tard. L'autre jeune homme avait déjà succombé à ses blessures et nul ne sait comment Anthony a réussi à s'évader… »

Gibbs avait ouvert le dossier et il devait désormais faire face à des photos de son agent montrant, sous tous les angles, les atrocités qu'on lui avait fait subir.

« Le tueur a été arrêté mais il a fallu faire sortir Anthony de l'hôpital pour le procès… Il paraît que l'assassin a passé tout le temps du procès à faire souffrir le plus de personnes possible… Et le corps du jeune inspecteur n'a jamais été retrouvé… Ce… monstre est un véritable sadique. Je sais qu'il doit être exécuté dans deux jours mais je suppose qu'il a proposé de révéler l'emplacement de ses victimes pour faire reculer l'exécution. Ou peut-être simplement pour faire souffrir une dernière fois… »

Gibbs déglutit et laissa tomber le dossier. Il ne laisserait pas faire cela ! Il prit ses clés de voiture, son arme, et se dirigea à grands pas vers l'ascenseur, sous les regards chargés d'incompréhension de ses agents.

« Où vas-tu ? demanda Ducky.

_ A Cleveland. »

Ducky hocha la tête, un léger sourire aux lèvres.