Disclaimer : Aucun personnages de Lie to me* ne m'appartient, je ne touche pas d'argent.
Note : Cette histoire se situe juste après l'histoire : Le Boulevard des rêves brisés, Cal et Gillian sont rentrés sur Washington. (OS)
UNE SIMPLE PHOTO
(What It Is - Kodaline)
Dans la soirée, Cal déposa sa fille, Emily, chez sa mère puis retourna à son domicile en compagnie de Gillian. Devant son porche, la psychologue posa une main tendre sur la joue rugueuse de l'expert en mensonge. Après les derniers événements, elle lui demanda s'il souhaitait qu'elle reste avec lui pour cette nuit. Pour toute réponse, il lui prit tout simplement sa main afin de l'entrainer à l'intérieur de sa maison. Ils ôtèrent leur veste puis elle lui demanda, suite à leur long voyage, l'autorisation d'utiliser sa salle de bain. Cal assura à la jeune femme de faire comme chez elle et celle-ci l'abandonna pour prendre une douche à l'étage.
Profitant de son absence, Cal se dirigea vers un petit meuble de son salon. Il s'accroupit à sa hauteur pour ouvrir un tiroir et trouver l'objet qu'il désirait. Ses tempes se contractèrent à sa simple vue. D'une main tremblante, il attrapa ce qui semblait être une ancienne petite boîte en bois où était gravée grossièrement son prénom. Il se redressa et marcha jusqu'à son canapé afin de s'y assoir lourdement. La boite entre ses mains, il regarda intensément son couvercle et effleura la gravure sur le dessus avant de l'ouvrir avec précaution. À l'intérieur, il trouva une chevalière. Il s'agissait du seul cadeau que son père lui avait offert lorsqu'il avait eu 9 ans, songea t-il en esquissant un rictus de mépris. Il y avait aussi le bracelet de naissance de sa fille et la montre de son grand-père.
Dessous tous ces souvenirs, il extirpa, au fond de la boite, une photo en noir et blanc. Il posa la boîte sur la table basse et fixa, avec une certaine douleur dans les yeux, le dit cliché. Il plaqua une main contre sa bouche comme pour ravaler ses émotions alors qu'il contempla la jeune femme, assise sous un arbre, posant face à l'objectif. Elle avait de longs cheveux blond, des yeux bleus profond et un large sourire. Sans le savoir, Gillian s'était rapprochée silencieusement de son nouveau compagnon pour lui demander :
— C'est ta mère ?
Cal resta muet, mais releva sa tête pour ancrer son regard attristé dans celui compatissant de la jeune femme. Comprenant le message, elle s'installa avec douceur au côté de l'homme qui était empreint d'une grande tristesse. D'une voix légèrement tremblante, il narra :
— J'avais 8 ans quand la photo avait été prise...
Gillian se tut pour écouter les paroles de son compagnon et posa simplement une main tendre sur sa cuisse en signe de soutient.
— J'avais piqué l'appareil photo de mon père ce jour là…, conta t-il, d'un léger rire nerveux. Elle... Elle m'avait dit de ne pas la prendre en photo, parce qu'elle ne se trouvait pas belle… Mais moi, je la trouvais magnifique avec son sourire, ses longs cheveux, sous ce soleil... Elle me faisait penser à un ange…
— C'est un ange maintenant, souffla t-elle, en caressant tendrement sa cuisse.
— Ouais…, confirma Cal, la voix brisée.
— Cal, tu peux pleurer tu sais. Tu n'as pas à rester fort en toute circonstance. Parfois, il faut savoir lâcher prise et accepter que nous ne pouvons pas tout contrôler. Il faut que tu évacues cette douleur que tu as trainé tant d'année... Je suis là, je serais toujours là pour toi et je t'aiderais dans cette épreuve comme je t'ai aidé à te recueillir auprès de la tombe de ta mère. Je sais qu'au fond de toi, tu as besoin de ça pour avancer. Je sais qu'elle voudrait que tu puisses continuer de vivre et enfin laisser tes fantômes derrière toi. Je sais qu'elle voudrait que tu sois heureux, que tu vives…
Elle déplaça sa main et la posa sur le dos recourbé de l'expert en mensonge afin de le caresser avec douceur. Cal abaissa sa tête. Quelques secondes de silence s'écoulèrent, lorsque Gillian sentit comme des petits frémissements sous ses doigts. Surprise, elle arrêta son geste tendre et entendit comme de léger pleurs. Elle vit son compagnon pleurer entre ses mains et comprit qu'il avait enfin lâcher prise. Une boule se forma au creux de sa gorge, Gillian releva lentement la tête de son compagnon et contempla son visage ravagé par la tristesse. Son visage exprimait enfin la vérité sur ses sentiments si longtemps réprimés. Il semblait n'y avoir plus de mensonge, plus de façade, juste lui…
Il croisa le regard de la femme dont il était éperdument amoureux et cru voir son reflet dans ses yeux. Celui d'un homme qui n'avait plus de barrière, de masque, faisant enfin table rase du passé pour faire face à de jours meilleurs avec la personne qu'il aimait le plus au monde. Il avait attendu cela depuis tellement d'années. Dans ses bras, il lâchait enfin, son désespoir, sa douleur, sa culpabilité, sa rage...
Gillian pris rapidement son compagnon dans ses bras qui s'accrocha désespérément à elle. Il essaya de contrôler sa peine, mais cela lui était devenu impossible.
— Je suis là Cal, répéta t-elle, en caressant le dos de l'homme meurtri.
— Elle me manque tellement...
— Je sais, souffla t-elle.
— Ça fait si mal...
— Je sais.
Cal pleura ainsi pendant plusieurs minutes dans les bras réconfortants de sa compagne. Une fois vider de toutes larmes, Gillian l'embrassa tendrement comme un pansement à ses douleurs passés. Après cet échange, ils posèrent leur front l'un contre l'autre et fermèrent leurs yeux, comme pour sentir l'intensité du moment qu'ils partageaient ensemble. Elle encadra son visage avec ses mains, et souffla :
— Je t'aime Cal et je serais toujours là pour toi... Ne me cache pas ta souffrance. Il n'y a plus de limite entre nous. Ne la cache plus, jamais... Promets-le moi…
Les yeux toujours clos, il hocha lentement sa tête afin d'attester les propos. À cette promesse silencieuse, Gillian s'écarta légèrement de son compagnon pour effacer les traces de sa tristesse éphémère. Un geste symbolique refermant toutes ses blessures, comme s'il avait eu le pouvoir d'éloigner tous ses démons et balayer tous ses doutes quant à son avenir.
Une heure plus tard, la fatigue gagna l'expert en mensonge qui s'était endormis, sans s'en rendre compte, sur les cuisses de la psychologue avec sa main dans la sienne. Restant éveillée, elle avait préféré veiller sur lui en songeant que si un cauchemar venait le perturber dans son sommeil, elle voulait être là pour le rassurer… Or ce que l'expert en mensonge ne savait pas, c'était qu'un autre regard protecteur s'était posé sur lui et cela depuis bien des années. Cette nuit là, Cal ne sut jamais si c'était le vent qui s'était glissé par la fenêtre ouverte, ou si c'était Gillian ou bien tout simplement une sensation dans son rêve... mais il senti comme une sorte de caresse sur sa joue, comme un souffle, un soupir, une voix qui lui promettait que tout irait bien maintenant, que son bonheur était désormais à porter de main et qu'il ne serait plus jamais seul...
FIN*
