"Taco flavored kisses".
Cette maudite chanson, c'était bien la seule chose concernant Jennifer Lopez qu'il détestait. Méprisait cordialement et maudissait toujours ardemment lorsqu'elle lui revenait en tête. Sûrement parce que Cartman en était le véritable auteur et interprète. Un pathétique interprète qui avait voulu lui faire embrasser sa main grimée en n'égalant pas le talent de l'artiste originale. Et définitivement pas aussi merveilleux, innommable de perfection, que tous ces baisers échangés avec Clyde. Encore mieux que ces embrassades avec des gars censés être plus doués que son meilleur pote. Ou ce qu'il avait pu imaginer en pensée lorsque le fervent défenseur de cochons d'Inde s'était autorisé à y croire. Se dire qu'un jour, par la grâce du plus grand faiseur de miracles, son pote deviendrait son petit ami. Ou ce qu'il avait pu ressentir vaguement dans ses rêves. Des rêves très doux et romantiques, ou purement érotiques, mais toujours bien frustrants au réveil. Sauf que cette fois, point de songes ou de fantasmes plus ou moins explicites, c'était bien la réalité : Clyde Donovan, son meilleur ami censé être hétérosexuel et trop stupide pour comprendre certaines choses pourtant capitales, sortait bel et bien avec lui ! Ils formaient un couple, un vrai couple. Un couple gay, bien sûr.
Surtout, Clyde n'était pas seulement troublé et victime d'une certaine attirance encore obscure, il avait embrassé son ami d'une façon tout sauf hésitante. Passionnée, langoureuse, légèrement maladroite, mais définitivement délicieuse. Et attestant de ses sentiments plus seulement amicaux, mais plutôt d'agréables et intéressantes émotions qui ne demandaient qu'à évoluer. Cette fois encore, il se ferait un plaisir de suivre aveuglement l'ancien Seigneur des Ténèbres dans ses grands projets à en plus le concerner directement !
À son réveil, provoqué par les petits couinements de son cochon d'Inde, Craig avait émergé de ce court sommeil de fort bonne humeur. Sûrement parce qu'il avait encore le goût des tacos dans la bouche, le parfum de Clyde en mémoire, et toujours la sensation de son corps contre le sien. Absolument parfait. Adorablement romantique. Abominablement niais. Tout ce qui plaisait à son cher ami, et sûrement un peu à lui aussi...
Une situation digne d'un film à l'eau de rose. Voire d'un conte de fée, qui servirait en plus d'inspiration pour un énième film destiné aux adolescentes naïves ou croyant éternellement au prince charmant. Dans lequel un véritable rêve pouvait devenir réalité. Un rêve dont le gamin au bonnet péruvien n'osait pourtant plus y croire car pour lui, sortir avec son meilleur pote s'approchait du désir bien trop fou pour oser y penser si impunément. Pire, nourrir assez d'espoirs pour l'imaginer trop en détails et donc en souffrir face à la réalité implacable dans ce genre de situation. Et rester raisonnable ainsi que fortement réaliste lui avait toujours semblé la meilleure solution. Se dire qu'il finirait bien par oublier Clyde et trouverait un petit ami presque aussi parfait et insupportable que ce dernier.
Pourtant, à la manière dont Clyde l'avait enlacé et embrassé, sans oublier ses mots confus mais sincères ainsi que cette atypique presque déclaration, la réalité jouait pourtant bien en la faveur de ce désir plus si irréaliste que ça. Craig devait bien l'admettre, malgré sa préférence pour les choses censées et réalistes, ce genre de miracle pouvait arriver. Comme dans les films, en particulier ceux où Jennifer Lopez jouait le premier rôle féminin. Donc, en suivant cette merveilleuse logique jugée si sévèrement autrefois, ce satané bouffeur de tacos était ENFIN officiellement son petit ami ! Ils sortaient ensemble, s'étaient embrassés, avaient échangé quelques timides caresses et émotions romantiques, peut-être déjà mutuellement pensé à leur futur mariage...
Et avant de laisser son esprit dériver vers des chemins trop troublants (ô combien romantiquement sympathiques) qui feraient assurément paniquer son meilleur ami (et petit ami), Craig avait préféré concentrer son énergie sur quelque chose de plus simple et tranquille. Quelque chose qu'il adorait toujours faire très consciencieusement. C'est-à-dire aller chercher son cochon d'Inde qui réclamait un peu d'attention. En le prenant délicatement dans ses bras, après avoir doucement déposé un petit bisou sur sa tête pour le saluer, et ensuite lui murmurer quelque chose à l'oreille. Une simple phrase pour confirmer au cobaye qu'il était toujours la créature la plus mignonne, intelligente et importante à ses yeux, ou lui annoncer sa très récente mise en couple avec Clyde. Sinon, peut-être bien un mélange des deux : Que même si maintenant il était dans une relation amoureuse avec Clyde, c'était toujours lui qui comptait en premier.
En tout cas, quels que soient les termes exacts, le premier qui venait d'être certainement et cérémonieusement informé de cette relation à présent sérieusement romantique l'approuvait grandement. Et le fait que le petit rongeur bénéficiait exceptionnellement d'un traitement de faveur devait grandement y aider. Tout en roucoulant joyeusement pendant qu'il dégustait son premier repas de la journée sur le lit de son ami humain, Stripe devait même se dire qu'il était temps que ces deux-là se mettent en couple. Car il n'avait pas beaucoup aimé le dernier petit ami de son parent, David Rodriguez, qui avait osé dire qu'il n'était pas très à l'aise avec les rongeurs. Clyde était définitivement mieux, lui au moins n'hésitait jamais à le prendre gentiment dans ses bras et lui faire des câlins ! En plus, suite à cette romance naissante, il lui offrirait encore plus de caresses et de nourriture !
Craig pouvait bien tenter de deviner les pensées de son fidèle compagnon animal complètement concentré par son repas, celui-ci avait parfaitement pris la pose pendant que le gamin au bonnet péruvien le photographiait avec son téléphone portable. Il faut dire que Stripe avait l'habitude, son ami humain le filmait ou le prenait en photo un nombre incalculable de fois. Et, cette fois encore, le cochon d'Inde était ravi d'être un modèle privilégié et que la moindre de ses actions soit quasi sacrée. Il avait donc momentanément arrêté de manger son morceau de concombre pour sagement regarder l'objectif. En devinant sûrement que son maître allait ensuite envoyer la fameuse photo à son petit ami, son sourire ne trompait personne et sûrement pas Stripe.
Depuis toutes ces années, le cobaye avait été le seul et unique témoin lorsque son ami humain s'épanchait sur diverses contrariétés, lui ouvrait pudiquement mais sincèrement son cœur, jusqu'à lui confier certains secrets et ne pas se sentir honteux de pleurer devant lui. Ainsi, comme durant ces forts moments d'émotions ou de confidence, le petit animal faisait savoir son soutien et sa sincère affection en s'approchant de son ami humain. Pas pour quémander de la nourriture supplémentaire ou des massages, mais simplement poser sa petite tête poilue sur son pied. Ronronnant doucement en signe d'apaisement, de contentement, d'approbation encore plus sincère en sentant Craig lui caresser aussi gentiment le dos. Pas besoin de se demander si le gamin avait compris le message envoyé par son animal de compagnie, il devinait toujours chaque besoin et demande de Stripe. Mais ce coup-ci la chose était précisément un peu différente, et, à la façon dont son protecteur venait de précautionneusement le reprendre dans ses bras, le petit rongeur devait bien le comprendre. À sa manière, mais avec toujours beaucoup d'innocence et de sincérité dans sa façon de se coller à son épaule. En sentant sûrement aussi la certaine sérénité amoureuse de Craig dans sa façon de lui caresser le dos, d'esquisser ce petit sourire lointain mais bien présent, de lui murmurer très doucement des choses qu'il préférait lui conter plutôt que de le coucher sur papier comme le faisait parfois le fervent défenseur de cochons d'Inde. Un moment aussi touchant qu'apaisant.
Puis, une fois que Stripe s'était assoupi et avait été déposé avec beaucoup d'attention sur un vieux pull roulé en boule et échoué sur le lit, Craig s'était rendormi. Somnolant à moitié en mélangeant les récents événements à des sursauts de rêve. Où il se revoyait avec Clyde devant sa maison, tous les deux se tenaient les mains d'une façon bien sûr très romantique. Pendant que Craig se faisait vaguement la réflexion qu'ils ne devaient surtout pas être vus, son meilleur ami (et petit ami officiel !) l'avait serré dans ses bras en lui murmurant qu'il l'aimait beaucoup. Et, comme réponse à cette adorable déclaration, le fan de cochons d'Inde n'avait rien trouvé de mieux à dire que lui ordonner sèchement de le lâcher comme son téléphone sonnait. Sonnait pour de vrai puisque cette satanée sonnerie l'avait tiré du sommeil et gâché ce sympathique petit moment fictif mais touchant dans le royaume des songes. Un rêve directement inspiré de la réalité cette fois !
Qui que ce soit, Craig avait répondu trop tard. Tant pis pour cet inconnu qu'il maudissait (sauf si c'était Clyde) et pour son rêve lâchement sabré pour rien. Juste au moment le plus important... Plutôt que de complètement sombrer dans l'amertume de si bon matin, le gamin au bonnet péruvien caressait son cochon d'Inde en se disant que c'était juste une petite broutille sans importance. Un détail tellement moindre puisque maintenant il sortait vraiment avec son meilleur ami. Comme Clyde était à présent son petit ami, ils pourraient s'embrasser, se câliner, et se dire des choses romantiques autant de fois qu'ils le désiraient. Sans qu'un des deux se comporte de façon stupide... La chose semblait tellement plus facile en rêve.
Au lieu d'imaginer trop en détails une situation cauchemardesque où il oserait offrir un baiser à son récent petit ami, et que celui-ci resterait toujours aussi con et immature en affirmant que c'était vraiment gay avant d'éclater bêtement de rire, Craig avait plutôt préféré vérifier si cet inconnu lui avait laissé un message. En espérant secrètement que c'était un appel de Clyde, qui allait ensuite lui envoyer un message très niais mais terriblement mignon.
Presque, cela venait en effet d'une personne à beaucoup l'apprécier, le considérant comme un véritable ami, bien que ses sentiments exacts soient encore des plus mystérieux. Et le contenu du message ne faisait que brouiller davantage les pistes. Ou les rendre encore plus parlante de par leur maladresse très explicite.
Mark Cotswolds commençait son message vocal en le saluant maladroitement. Puis il en venait vite au fait, s'excusant platement d'avoir été un peu cruel envers son meilleur ami Clyde (En appuyant bien sur le terme "meilleur ami", s'il savait qu'ils étaient récemment devenus légèrement plus...) Il espérait que ce petit malentendu ne changerait pas leur relation car Mark avouait beaucoup apprécier sa compagnie. Avant d'en dire de trop (ou pas assez) son cher ami avait coupé. Sans penser à le prévenir qu'il allait le rappeler ou l'inviter à nouveau. Sans lui annoncer que ça serait lui son futur nouveau meilleur ami. Ou petit ami. Un double titre déjà possédé par Clyde Donovan, depuis hier soir plus précisément. Mais ça, Mark n'était pas censé le savoir. Et il ne le saura sûrement jamais. Personne ne devait être au courant, sauf peut-être leurs amis vraiment proches. Mais surtout pas Eric Cartman.
Craig savait ce que les personnes homophobes étaient capables de faire, leur violence doublée d'une cruauté sans nom. Même si ce gars au demeurant sympathique se targuait d'être son ami, faisait tout pour lui plaire et se montrait agréable, Mark ne valait pas mieux qu'un autre. Il pourrait très bien jouer la comédie, lui faire croire à son approbation et l'attirer dans un piège fatal en l'invitant à regarder les étoiles. Ou bien faire du mal à Clyde, par simple haine ou pure jalousie. Juste parce que Clyde était son meilleur ami, et qu'ils étaient officiellement en couple.
Malgré la gravité du sujet, se répéter encore une fois mentalement la véracité de leur couple lui procurait une drôle de sensation. Pas une soudaine montée de désirs ni de l'abattement environné de doutes, juste un sentiment très léger et agréable. Certainement quelque chose proche d'un soupçon de bonheur, un moment de joie présent même plusieurs heures après la bonne nouvelle puisque cette dernière était toujours d'actualité. Une émotion qui l'inspirait pour envoyer un nouveau message à son cher petit ami, un message où il évoquait leur moment passé ensemble la nuit dernière. Bien sûr, avec assez d'humour et de romantisme pour que cette missive électronique plaise à Clyde et que lui-même puisse l'approuver avant de l'envoyer sans la moindre hésitation.
Penser encore à Clyde en allant dans la salle de bain mais juger que leur relation était encore trop récente et surtout innocente pour lui en faire part, envoyer une ou deux photos un peu trop osées, lui écrire des messages remplis de sous-entendus, ou lui dire que faute de pouvoir prendre une douche à ses côtés, il était en train de se toucher en pensant à celui qui était enfin son petit ami. Même si son ami lui semblait beaucoup plus confiant et décidé sur ce sujet, qu'il ne fuyait plus lâchement surtout, le fan de cochons d'Inde ne voulait pas le brusquer en l'effrayant trop vite avec trop de choses... gays. Tout à l'heure, si son complice venait le voir, ils pourraient regarder un film, jouer à des jeux vidéo, s'occuper de Stripe,... Les choses habituelles qu'ils faisaient en toute amitié. Sauf que quelques petits détails très peu amicaux viendraient s'ajouter, des étreintes plus ou moins romantiques, des baisers aussi passionnés que ceux de la veille, peut-être aussi quelques paroles charmeuses et bien lourdes de la part de Clyde. Un programme qui lui plaisait déjà beaucoup, bien qu'il ne voulait pas complètement l'admettre !
Hélas, les heures avaient beau passer, son compère ne se manifestait toujours pas. Alors que ce satané bouffeur de tacos aurait pu lui téléphoner et lui proposer de venir déjeuner avec lui en ville pour un tête-à-tête terriblement romantique au Taco Bell ! Craig se surprenait à l'espérer, et considérer que ce restaurant serait très romantique, presque un lieu de prédilection pour tous leurs futurs repas en amoureux. Et ce n'était certainement pas Clyde Donovan qui allait dire le contraire, même si pour le moment il semblait être trop occupé pour s'occuper de son petit ami. Peut-être bien qu'il ne le voulait justement plus comme petit ami mais ne savait pas comment l'annoncer à son ami d'enfance sans le vexer ! Que cet abruti y avait pensé toute la nuit, après leur mise en couple officielle, pour finalement se faire la réflexion qu'il n'était pas gay et ne sortirait jamais avec un gars ! Mais restait toujours aussi lâche pour oser dire la vérité, prendre une décision, et préférait donc faire durer ce moment de doute...
Pour éviter de trop se faire de films et penser à la pire éventualité, pour ne pas dire agir telle une petite amie possessive et parano dès les débuts de leur couple, Craig s'était gentiment dévoué pour prêter mainte forte à Mme Tucker durant quelques corvées ménagères. En se demandant si elle serait autant fière de lui, à lui répéter qu'il était vraiment son petit garçon chéri si mature et consciencieux, en apprenant que son cher fils adoré était gay. Et, accessoirement, sortait avec son meilleur ami. Mais au lieu de penser à la profonde et douloureuse déception que pourrait ressentir sa mère, et surtout à son petit ami commençant à être de moins en moins idéal, le gamin au bonnet péruvien préférait rester un fils modèle et ne pas s'encombrer l'esprit avec des détails aussi négatifs. Il décidait de perdurer sur cette bonne ligne de conduite en étant ensuite un gentil grand frère qui aidait sa petite sœur à faire ses devoirs. En se félicitant de ne pas être aussi nul que Clyde pour les mathématiques. De ne pas être aussi nul que cet abruti, tout simplement. Et puisqu'il pensait justement si fort à son cher ami, ce dernier se décidait enfin à lui téléphoner. En entendant la sonnerie, Craig avait un peu trop vite vérifié de qui venait l'appel et laisser échapper un vague sourire très révélateur, des détails qui avaient assez sauté aux yeux de Tricia pour que celle-ci demande innocemment si c'était un appel de son ami Clyde. Bien sûr, la réponse directe et prévisible de son frère suffisait à la question pas complètement interrogative de la petite fille. Et comme si cela ne suffisait pas, Craig venait de quitter la pièce pour pouvoir discuter tranquillement avec son petit ami, voilà la dernière constatation que l'on pouvait se faire en observant le fervent défenseur de cochons d'Inde se planquer dans sa chambre.
En effet, tout fébrile et aussi émotif qu'une adolescente vivant son premier amour, Craig avait pourtant décroché en saluant très calmement son meilleur ami. Sans ajouter un surnom mignon ou des mots doux pour celui qui était maintenant son petit ami. Il n'osait pas, déjà que le gamin se sentait un peu con d'avoir autant attendu et spéculé autour de ce foutu appel téléphonique à tant se faire désirer. Médire injustement sur le compte d'une certaine personne aussi...
En plus, comble de la malchance ou du prévisible, Clyde était aussi peu imaginatif que lui au niveau de leurs premières salutations romantiques, son cher ami l'avait également salué comme d'habitude en y ajoutant un petit rire nerveux et gêné. Ce rire n'était pas aussi niais que celui de Butters, il était absolument adorable, mais Craig se gardait bien de lui dire. Et puis, pourquoi monopoliser la conversation alors que l'éternel soupirant de Bebe Stevens lui annonçait une nouvelle aussi importante qu'intéressante : Mr Donovan allait être absent pendant tout l'après-midi, les deux garnements allaient donc avoir la maison pour eux tout seul si son meilleur ami pouvait se libérer pour la journée...
Pas besoin de faire durer le suspense, l'heureux invité se préparait déjà joyeusement à partir rejoindre son complice, cherchant des yeux ses chaussures en répondant à son ami qu'il serait là dans quelques minutes. En prenant bien soin de ne pas trop montrer son enthousiasme, ni sa méfiance en entendant Clyde ajouter qu'ils pourraient en profiter pour regarder un film pour adultes.
Merveilleux, pour montrer à son cher ami Craig qu'il n'était surtout pas gay comme lui, Clyde voulait lui montrer que malgré leur relation homosexuelle, ses sens restaient fortement émoustillés par les créatures féminines. Comme si son petit ami ne le savait pas déjà trop bien, et avait tout à coup plus très envie de rendre visite à son voisin et ami destiné à toujours plus le décevoir. Alors que leur relation paraissait enfin idéale, romantique, amicalement amoureuse.
Toutefois, parce qu'il restait malgré tout son ami, le fan de cochon d'Inde ne voulait pas se montrer trop désagréable et, avant de fatalement décliner l'invitation et revoir les enjeux de leur couple, expliquait qu'il n'avait pas vraiment envie de voir un film avec encore la présence de Brenda Love.
- En fait... Je voudrais que ça soit toi qui choisisses le film cette fois.
Si Clyde n'avait pas été au courant de certaines choses concernant les préférences romantiques et sexuelles de son meilleur ami, en plus d'être en couple avec l'ami en question, les choses auraient été dépourvues de double sens. Juste deux potes qui regardaient des films pornographiques et voulaient un peu varier leurs plaisirs néanmoins strictement hétérosexuels. Point.
Pas deux amis, récemment devenus un peu plus, avec l'un des deux qui demandait de manière détournée, adorablement timide comme n'osait pas encore le penser l'autre ami, à regarder un film pornographique gay. Avant d'oser le penser et y croire, Craig préférait en avoir le cœur net. En usant de sous-entendus et de phrases assez vagues, lui aussi. Déjà que Clyde n'osait pas prononcer sérieusement le terme "gay", parler d'un film pour adultes avec uniquement des hommes ayant des relations sexuelles plus ou moins classiques devait être au-dessus de ses forces.
- Je ne pense pas que ça va te plaire... Ce n'est pas trop ton style.
- Je crois que j'ai envie d'essayer ce style. Juste pour voir.
On ne pouvait pas être plus clair. Clyde Donovan, son meilleur ami passant pour le gars le plus charmeur avec la gent féminine et un fan invétéré des magazines Playboy, venait de très sérieusement lui demander de regarder un film gay en sa compagnie. C'était pire que surréaliste !
Certes, Craig avait parfois pensé à des phrases et des comportements très peu hétérosexuels que pourrait avoir son ami d'enfance envers lui, mais jamais ce cas de figure ne lui était apparu.
Cependant, cette proposition ne lui déplaisait pas, loin de là ! Tout en passant son regard sur sa petite collection de DVDs d'un style qui semblait tout à coup attiser l'intérêt de Clyde, le gamin au bonnet péruvien confirmait sa présence. Et, en trouvant enfin le film parfait pour familiariser son petit ami avec la pornographie gay, Craig ajoutait mentalement qu'il avait hâte d'y être. Surtout quand Clyde allait découvrir que ce fameux style n'ayant rien à envier aux talents discutables de cette pute de Brenda Love.
