ALORS. Je résume rapidement la situation parce que sinon y en a qui vont être perdus. C'est donc une fiction historique, même si y aura probablement une ou deux incohérences parce que je maîtrise pas parfaitement le sujet .3. et ça va beaucoup parler de politique.
Pour commencer, trois définitions capitales :
Socialisme : Alors ça, c'est les gens qu veulent un système sans classe sociale, avec une répartition égale des richesses et sans propriété privée, mais de manière pacifique et grâce au dialogue. Les grèves et révoltes sont utilisées seulement si le pourparler avec le patronat ne mène à rien
Communisme : Bah c'est un peu comme le socialisme mais en beaucoup plus violent : Leur but, c'est l'insurrection populaire, la suppression radicale des classes sociales et de la propriété privée, bref, la révolution en première solution, alors que les socialistes se révolteraient plutôt en dernier recours
Anarchisme : En gros c'est ceux qui veulent une société ou le peuple domine complètement, sans aucun chef d'Etat. En gros, chacun décide de comment il vit, y a pas de président/Roi/Empereur pour te dire de faire ci ou ça. Et c'est le gros bordel, c'est génial 8D
Ça se passe au cœur de l'Allemagne de la fin du XIXe siècle, pendant la Révolution Industrielle du pays, où les idées socialistes/communistes/anarchistes commencent à éclater vraiment et prendre énormément d'ampleur. Les droits du travail n'existent pas encore ou pas totalement alors les patrons se permettent parfois de faire travailler les ouvriers à outrance et les enfants aussi. En gros on est plus ou moins post-guerre franco-prussienne (donc, années 1875). L'Allemagne est un Empire et c'est un peu beaucoup le bordel. Je pense que ça ira, je vais pas vous assommer d'infos :') En tout cas, cette fiction sera (je l'espère) une petite aide pour les Terminales L qui étudient le syndicalisme en Allemagne comme moi.
Sinon appart ça, Hetalia appartient toujours à Himaruya. Arf... Je l'aurais, un jour. Je l'aurais.
« Il a encore baissé notre salaire. De cent marks* !… Eh ! Vous écoutez ce que je vous dis ?
- Oui Yao, on t'écoute… »
Soupira Ivan, le seul assez poli pour lui répondre, concentré sur la gigantesque scie hydraulique qui découpait un énième rondin de bois.
Ils étaient trois à travailler moins rapidement que les autres ouvriers de la scierie, stratégiquement placés au fond dans le coin de l'usine où personne n'allait les embêter : D'abord il y avait Ivan, déjà transpirant, crasseux et sentant les écorchures du bois lui picoter la peau des bras, qui travaillait depuis l'aube. Ensuite il y avait Gilbert, qui supervisait le travail du russe en tenant le bois et s'assurant que son ami ne se blesse pas. Et puis il y avait Yao, qui avait machinalement attaché ses cheveux de jais et retroussé les manches de sa chemise mais n'avait pas levé la main à la pâte depuis la matinée, et entretenait la conversation tout seul pour eux trois.
« Moi j'en ai marre de cette situation, poursuivit le chinois sur un ton déterminé. Je propose qu'on se mette en grève.
- On peut pas se mettre en grève toutes les semaines pour des raisons aussi stupides. C'est complètement con ce que tu dis, lâcha Gilbert, devant crier pour se faire entendre malgré le bruit de la scie, et ne mâchant pas ses mots, comme d'habitude.
Ivan s'essuya le front avec un chiffon en soufflant, et leva la tête vers son ami chinois en affichant un petit sourire.
- Si tu as des problèmes avec Kirkland, va lui en parler. Je suis sûr qu'il comprendra. Si ça se trouve, il n'a pas compris, essaye de dialoguer avec lui avant d'en arriver à des solutions aussi extrêmes.
- Le dialogue ne sert à rien avec le patronat, Vanya. »
Le ton du chinois s'était radouci lorsque ses yeux avaient croisés ceux du russe, mais il restait toujours aussi dur et inflexible.
Ça faisait six mois que Yao et Ivan avaient quitté leur pays d'origine respectif pour venir s'installer en Allemagne, en tant que réfugiés politiques socialistes. Après avoir rejoint le SAP**, ils s'étaient plus ou moins installés avant de venir travailler dans le Scierie Kirkland. Leur patron, Arthur Kirkland qui venait de Brighton en Angleterre, n'était pas particulièrement méchant ou irrespectueux. Mais les conditions de travail y étaient épouvantables et leur salaire faisait souvent des montagnes russes. Ivan s'y était adapté et faisait sa part de travail, voire même plus. Yao avait beaucoup plus de mal. Ses idées étaient de plus en plus révolutionnaires, son esprit de plus en plus instable, et ça agaçait ses deux amis. Gilbert ne se faisait pas prier pour lui dire ses quatre vérités mais Ivan n'osait jamais le contredire. Par admiration, et par crainte, sûrement.
Soudain, Yao descendit de son piédestal et s'attela au côté de ses deux amis pour travailler.
« Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu reportes la grève ? Ironisa Gilbert.
- Y a mini Kirkland qui nous surveille », grogna le chinois, visiblement mécontent.
Ivan eut aussitôt le réflexe de tourner la tête en direction du mini Kirkland en question. Il n'eut pas longtemps à chercher, ses yeux se noyèrent rapidement dans un océan bleu lagon.
Le vrai nom de mini Kirkland, c'était Alfred. Le fils d'Arthur. Âgé de seulement dix-huit ans, mais déjà ambitieux et destiné à reprendre l'entreprise familiale comme un bon fils à papa. Après plusieurs voyages en Amérique et des débauches multiples en France et en Belgique, il avait fini par devenir arrogant et immature et perdre l'accent britannique. Ivan se demandait même parfois s'il l'avait déjà eu.
Le russe se détourna en sentant ses joues chauffer lorsque, après avoir croisé son regard, le blond lui adressa un sourire rayonnant. Il ne savait pas ce qui lui avait pris. Fixer un supérieur comme il venait de le faire pouvait lui valoir d'être renvoyé… Surtout le fils du patron.
Soudain, une sonnerie stridente, aigue et désagréable retentit. Ivan lâcha la scie et éteignit le dispositif en soupirant imperceptiblement de soulagement. Il était épuisé, il avait mal partout, il était sale et trempé de sueur mais il était enfin neuf heures du soir, il avait fini ses quinze heures de travail.
Il retira le tissu blanc autour de ses hanches et s'en servit pour s'essuyer les mains, les bras et le visage, retira ses échardes et jeta le tissu sur la figure de Yao.
« Allez, arrête de ronchonner et viens, Lyobov***. »
–
« …Et y en a marre de Kirkland, y en a marre du patronat et du gouvernement, y en a marre de cet Empire en carton. Ni Dieu ni maître, c'est cela l'avenir de notre monde ! Et au fait, les camarades de l'usine de textiles sont d'accord avec moi, Vanya, tout le monde est d'accord pour la manifestation à Vienne et la grève général, on attend plus que toi pour… Qu'est-ce que tu fais ? »
Yao s'arrêta brusquement dans sa tirade lorsque Ivan s'arrêta en pleine marche pour se tourner face à lui et passer sa main sur sa joue, puis dans sa masse capillaire pour retirer l'élastique qui retenait ses cheveux. Les longues mèches noires du chinois retombèrent sur son visage d'un geste mécanique, et le russe y enfouit ses deux mains. Apaisé par le massage, Yao consentit à fermer les yeux et se laisser un peu aller.
« Tu es beaucoup plus beau les cheveux détachés, décréta le russe. Ça te donne l'air moins sévère… Et je suis désolé mais non. On a une bonne situation, on a pas besoin de la grève. Ça ne ferait que ralentir la production et nos salaires par la même occasion. On se tirerait une balle dans le pied.
- Alors qu'est-ce qu'on doit faire ?
- Mh… On verra demain à la réunion du parti. »
Il poussa légèrement les épaules du chinois pour le faire reculer dans un coin de rue où personne ne les regardait et l'embrassa langoureusement. Yao voulut protester en se débattant, et put même se détacher de lui pour marmonner un « Eh ! J'avais pas terminé de parler ! », mais il ne résistait que pour la forme. Il se laissa finalement faire, enroulant ses bras autour du cou du grand russe tandis que celui-ci le tenait par la hanche et le rapprochait de lui.
« Je te savais socialiste mais certainement pas anarchiste, souffla finalement Ivan en lâchant ses lèvres.
- L'Allemagne ne sera pas toujours un Empire pervers contrôlé par la noblesse et l'oligarchie. Il faut que… »
Ivan leva à nouveau les yeux au ciel, soupirant, et le réembrassa.
Ce qu'il n'avait pas vu, c'était l'ombre derrière eux qui l'avait suivi jusque dans cette ruelle sombre et qui venait de s'en aller, le cœur en miettes.
* : Le mark est la monnaie de l'époque en Allemagne
** : Le SAP est le nom du parti socialiste allemand
*** : "Mon amour" en russe
J'l'ai trouvé très chiant, ce premier chapitre (mais bon, faut bien poser le décor). Vivement la romance et l'action.
Voilà, conclusion : Yao est à fond dans la politique et Ivan est plus simple à vivre. ET LA PERSONNE MYSTÉRIEUSE A LA FIN, OH MON DIEU, ON SE DEMANDE TOUS QUI C'EST, LE SUSPENSE EST INSOUTENABLE. Le premier qui trouve aura un cookie.
