Perfect Triangle

Une histoire de Light Catastrophe

Traduite par Pomme d' Happy

Partie I

Rating: M

Pairing: Severus/Draco/Harry

Warnings:yaoi, slash, threesomes, lemons, mpreg, angst, swearing, écrit avant les tomes 5 et 6 (et donc le tome 7).

Disclaimer:Les personnages ne sont pas la propriété de l'auteur de l'histoire ni de la traductrice mais de la grande J.K Rowling. L'idée originale de cette histoire appartient à Light Catastrophe.

xXxXx

Bonjour, je me lance dans ma première traduction. Je plaide l'indulgence.
J'ai adoré cette histoire, c'est en la lisant que j'ai découvert ce couple un peu... particulier. Bonne lecture! Et pour ceux qui en ont envie, n'hésitez pas à aller voir le profil de Light Catastrophe.
Cette fic est la réponse à un challenge.

xXxXx

Challenge:

Severus et Draco sont ensemble et heureux. Harry débarque soudainement dans leur vie et se sent très vite attiré par eux deux. Ils passent quelques nuits ensemble mais un jour, Draco devient incroyablement jaloux de Harry bien qu'il aime Severus.

Severus et Draco se disputent à ce sujet et sont surpris par Harry. Ce dernier leur dit qu'il ne veut pas se retrouver entre eux et s'apprête à partir mais il s'évanouit. Il attend un enfant. Qu'est-ce que Draco et Severus vont faire ? De qui est l'enfant ( vu que Harry est toujours en dessous et que Sev et Draco l'ont tous deux pris)? Vont-ils le laisser partir ou essayer de le garder chez eux et de le sortir de sa dépression qui pourrait s'avérer dangereuse pour le bébé? Oh… Severus et Draco ne peuvent pas avoir d'enfants, Harry est le seul qui en est capable. Ce serait sympa si Harry et Draco étaient encore étudiants à Poudlard mais vous êtes libres de choisir.

N/T : Vous verrez que la trame de l'histoire ressemble au challenge mais que l'auteur a pris certaines libertés… Voici donc la première des cinq parties.

Bonne lecture !


Harry traina les pieds jusqu'au seuil de l'imposante maison qui se dressait devant lui, tirant sur son écharpe pour la rapprocher un peu plus de son cou et conserver ainsi un peu plus de la chaleur de son corps.

Tenant fermement le paquet dans ses bras, il trouva finalement le courage de sonner. Ses doigts longs et féminins affrontèrent le contact de l'air glacé de l'hiver et appuyèrent sur le bouton. Il entendit retentir au loin dans le manoir une sonnerie.

Quelques minutes plus tard, la porte fut ouverte avec grâce par Severus Rogue. Ce dernier semblait cependant plutôt débraillé: ses cheveux étaient emmêlés d'une manière plutôt séduisante et ses vêtements tombaient n'importe comment sur son corps grand et mince. Le jeune homme aux cheveux ébène se mordit la lèvre, luttant pour garder cachés au fond de son cœur les sentiments qu'il éprouvait pour l'homme.

« M. Potter, lui demanda Severus d'une voix traînante, qu'est-ce qui vous amène chez moi au milieu de mes vacances de Noël ? »

Ledit garçon adressa un regard furieux à son professeur de potions bien qu'il sache au fond de lui que c'était loin d'être sincère.

« Le professeur Dumbledore m'a envoyé vous porter ce paquet. » Il leva l'objet un peu plus haut pour appuyer ses dires. « Il m'a dit qu'il contenait des ingrédients de potions importants dont vous auriez besoin pendant les vacances. Croyez moi, ajouta-t-il, si cela avait été n'importe- qui d'autre qui me l'avait demandé ; je ne serais pas ici mais bien au chaud à Poudlard. »

« Sev, qui est-ce qui a sonné ? demanda une voix provenant de l'intérieur de la maison. »

Sev ? L'estomac d'Harry se contracta à l'entente de ce surnom. Il ne pouvait y avoir qu'un ami proche ou un amant qui se permettrait d'appeler Rogue par un nom pareil !

L'adulte laissa échapper un petit sourire en coin tandis- qu'il prenait le paquet des mains d' Harry. « C'est seulement Potter, Dray ! cria-t-il en retour. »

Un garçon blond de l'âge d' Harry arriva à la porte, vêtu en tout et pour tout d'un bas de pyjama. Harry sentit qu'il était sur le point d'être malade. Il avait sous ses yeux la preuve que les deux hommes qui l'attiraient depuis des années étaient amants. Lui qui avait toujours espéré qu'il pourrait peut-être avoir une chance avec l'un où l'autre voyait ses espoirs partir en fumée.

« Severus, gronda Draco les mains sur les hanches, invite le à entrer. On dirait qu'il va tomber malade ! Il doit faire atrocement froid dehors. » Sans se poser plus de questions, il attrapa Harry et le traîna à l'intérieur tout en fermant la porte pour empêcher l'air froid d'entrer.

« Bien Harry, reprit-il un peu embarrassé, qu'est-ce qui t'amène dans ce coin des bois ? »

Harry et Draco étaient tous les deux dans leur dernière année à Poudlard. Ils n'avaient même pas encore obtenu leur diplôme de fin d'études. Dans ces conditions, dire qu'il un peu curieux de trouver Draco ici, à demi- nu, avec Severus Rogue était un bel euphémisme !

Voyant que Harry ne disait rien, Draco lui sourit et continua : « Je vais aller me mettre quelque chose sur le dos et ensuite je nous ferai un peu de thé. »

Il fit un pas en direction de Severus et attrapa sa main. « Ne pars pas Harry, ok ? »

Ce dernier acquiesça mollement en regardant les deux autres hommes disparaître en haut du grand escalier qui menait au premier étage du manoir. Une fois qu'ils furent hors de son champ de vision, Harry s'appuya contre le mur pour y chercher un support, les yeux fermés et essayant de se convaincre que tout ceci n'était qu'un rêve, qu'il avait encore une chance. Mais il était convaincu au fond de lui que cela n'était pas vrai.

Il fut tiré de ses pensées quelques instants plus tard par des bruits de pas. Draco et Severus étaient à nouveau devant lui, l'air un peu plus présentable.

« La cuisine est dans cette direction, reprit Draco d'un air désolé. »

Depuis un an environ, après la défaite de Voldemort, Draco avait tenté de se montrer courtois envers Harry après qu'il se soit rendu compte qu'ils avaient pas mal de choses en commun. Même s'ils n'étaient pas exactement devenus amis, ils avaient au moins réussi à développer une confiance mutuelle- du moins du côté de Draco. Harry, lui, avait commencé à développer une profonde attirance pour le garçon blond.

Quant à Severus… Harry n'était pas certain du moment où il avait commencé à éprouver des sentiments pour l'homme. En réalité, peut-être que cela avait toujours été le cas mais qu'il ne s'en était rendu compte que récemment.

Après que Draco eut fait le thé, ils s'assirent tous trois autour de la table de la cuisine. « Est-ce que tu aimerais un peu de sucre ou de crème Potter ? lui demanda le plus âgé. »

« Du sucre, s'il vous plaît, professeur, répondit-il en appuyant sur le dernier mot pour essayer de ressembler à celui qu'il était avant. Mais il lui était très difficile de se rappeler comment il était avant sa victoire face à Voldemort et avant qu'il ne soit agité par tous ces sentiments nouveaux.

Après quelques minutes de silence, Harry se risqua finalement à reprendre la parole. « Alors, vous êtes ensemble ? »

Le visage de Draco s'éclaira immédiatement tandis- que les coins de la bouche de Severus se soulevèrent de manière à peine perceptible. « En fait, cela fait maintenant un an que nous sommes ensemble, répondit Draco. Nous avions prévu de l'annoncer au grand jour après la remise des diplômes mais comme tu le sais, Harry, les choses ne se passent jamais comme on l'aurait pensé. »

Le garçon aux yeux verts acquiesça, leur adressant un petit sourire encourageant même si cela lui semblait bien vide. « Je ne le sais que trop, effectivement. Félicitations à vous deux. »

Une brusque rafale de vent fit vibrer les vitres de la cuisine. Les trois hommes tournèrent en même temps leur tête en direction de la fenêtre. Le monde extérieur semblait totalement blanc. Le blizzard s'était déchaîné durant les quelques minutes que Harry venait de passer à l'intérieur de la maison. Reculant sa chaise de la table, il se leva. « Je devrais y aller. Merci pour tout ! »

Mais, alors qu'il se retournait pour partir, il sentit à nouveau une forte prise s'abattre sur son bras, des longs doigts s'enrouler autour de ses muscles trop peu développés. « Tu ne peux pas partir Harry, plaida Draco d'une voix teintée d'inquiétude. Il faudrait que tu marches pendant des heures dans cet enfer blanc pour arriver hors des sorts d'anti- transplanage. Et je suis prêt à parier que ton petit corps ne pourra pas supporter les rafales de vent. Nous avons plein de chambres d'amis dans lesquelles tu peux t'installer et je suis presque certain que nous devons avoir des vêtements qui t'iront dans cette grande maison! »

Severus acquiesça.

« Bien que je ne vous apprécie pas franchement, Potter, je ne voudrais pas devoir vous déterrer de la neige une fois la tempête calmée. Il me reste certains des vêtements que je portais étant jeune, quand j'avais dix ans peut-être, qui devraient vous aller, ajouta-t-il avec un petit sourire ironique. » Son amant lui donna un coup dans le bras.

Harry baissa la tête, le cœur blessé par les réflexions de Severus. Il avait toujours été conscient de l'aspect de son corps, de sa petitesse et de sa féminité; et il détestait le fait que Severus le souligne. Le seul point positif était que sa personnalité n'était pas à l'image de son apparence extérieure.

« Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, professeur, j'ai dix-sept ans. Je suis un adulte ! Vous n'avez pas à toujours vous moquer de moi pour la simple raison que je ne suis pas aussi froid que vous l'êtes. » Même s'il venait de le dire, il savait que cela était faux, que l'homme n'était pas aussi froid qu'il voulait bien le faire croire. Il pouvait le voir à la manière dont le bras de Severus entourait les épaules de Draco dans un mouvement protecteur.

Draco toucha le bras de son amant. Ce geste sembla permettre aux deux hommes de se comprendre et le blond se leva. « Viens Harry. Je vais te montrer où tu vas t'installer. »

x-x-x-x-X-x-x-x-x

Même si Draco ne connaissait pas très bien Harry, il savait que quelque chose perturbait le jeune homme brun ; quelque chose de plus profond que la simple découverte du fait que lui et Severus soient amants. Le blond pouvait le voir à la manière dont les épaules de Harry étaient avachies et dont son regard cherchait sans cesse le sol. Il y avait un petit quelque chose qui n'était pas totalement… Harry. Mais il ne parvenait pas à mettre le doigt sur ce qui avait donné naissance à cette version plus déprimée du brun. Il se dit que le jeune homme était peut-être simplement triste de n'avoir pu retourner à Poudlard.

Draco le précéda dans les escaliers et ouvrit une porte sur sa droite, révélant une chambre spacieuse et élégante, comme Harry n'en avait jamais vu auparavant. Il essaya sans trop y parvenir de ne pas laisser la stupeur se peindre sur son visage. Le jeune homme découvrit un grand lit à baldaquin, une coiffeuse en bois précieux, une immense penderie et, ce qu'il préféra, une banquette devant la fenêtre offrant une magnifique vue des paysages enneigés.

« -Si tu veux, lui dit Draco, tu peux t'installer tranquillement en attendant que le dîner ne soit prêt. Severus est un excellent cuisinier. Il n'aime pas que les elfes de maison cuisinent pour lui alors il profite de ne pas être à Poudlard pour le faire. Tu devrais trouver des vêtements qui t'iront dans la penderie.

-Merci, lui répondit Harry en souriant. »

Draco ne put s'empêcher de lui sourire en retour avant de redescendre élégamment les escaliers pour retourner dans la cuisine où Severus était déjà en train de préparer le repas. L'homme lança un regard noir à Draco.

« -Pourquoi cet air grincheux Sev ? le questionna Draco tout en mettant la table pour trois personnes d'un coup de baguette.

-Je viens de réaliser que j'ai laissé Potter s'installer chez moi, répondit froidement l'intéressé.

-Tu sais, tu verrais à quel point il peut être gentil si tu prenais le temps de le connaître. Il ne ressemble pas du tout à son père ! Il est bien plus petit et fragile et vraiment intéressant. Je ne pense pas qu'il ait en lui une once de méchanceté.

-Il me déteste, rétorqua le plus âgé.

Le blond secoua la tête.

-Ce n'est pas vrai. Il me l'a dit lui-même. »

Et c'était vrai. Harry lui avait avoué une semaine plus tôt ne pas détester le maître de potions ; bien que Draco ne sache toujours pas ce qui avait pu l'inciter à lui faire une telle confession.

« On a l'impression en t'écoutant que tu l'aimes. C'est peut-être avec lui que tu devrais être. Il est plus près de ton âge que je ne le suis. »

Draco l'interrompit d'un un regard glacé. « Je l'apprécie Severus. Mais, toi, je t'aime. Je ne vais pas te quitter simplement parce- que tu penses que tu es trop vieux pour moi. Je t'aime, tu m'entends ? »

Le plus âgé acquiesça un peu tristement et se pencha pour emprisonner les lèvres de Draco sous les siennes.

« Merci, dit-il lorsqu'il s'éloigna. Je t'aime aussi. Va chercher Harry. Le dîner est presque prêt. »

Draco grimpa les marches pour retourner dans la pièce où il avait laissé Harry. Quand il eut tapé sans avoir obtenu de réponse, il ouvrit doucement la porte et s'avança silencieusement vers le lit. Harry s'y trouvait allongé, roulé en boule, un oreiller dans ses bras et vêtu d'un vieux t-shirt de Severus bien trop large qui pendait sur lui. Ses longs cils étaient clos sur ses joues pales. On aurait dit un ange. Draco ne put se résoudre à réveiller le jeune homme endormi. Finalement, il plaça sur lui une couverture et s'en alla, fermant silencieusement la porte derrière lui.

x-x-x-x-X-x-x-x-x

Plus Severus y pensait, plus il prenait conscience que Harry avait effectivement des caractéristiques appréciables. Il l'avait auparavant toujours comparé à la brute qu'avait été son père mais Harry ne lui ressemblait en rien. Mais Severus n'admettrait pour rien au monde qu'il était finalement arrivé à cette conclusion.

La neige ne s'arrêta pas, même après plusieurs jours. Cela donna plein de temps à Severus pour observer le jeune homme lorsque ce dernier décidait de se montrer. D'après Draco, il passait le plus clair de son temps assis à regarder la neige tomber, ses genoux repliés contre son torse et entourés par ses bras.

Severus avait beau se convaincre du fait qu'il n'avait pas à se sentir désolé pour le garçon; il avait pourtant fini par culpabiliser. S'il n'avait pas commandé tous ses ingrédients, Harry aurait pu être à Poudlard avec ses amis.

x-x-x-x-X-x-x-x-x

Severus laissa échapper un gémissement alors qu'il feuilletait un énième livre à la recherche d'une potion. À une certaine époque, il la connaissait de tête mais aujourd'hui, il avait l'impression que cela faisait un siècle et il ne parvenait pas à se rappeler où il avait rangé ce fichu livre. Soudain, il entendit la porte s'ouvrir. Il se retourna et se trouva face à face avec Harry.

« -Oh, je suis désolé professeur, lui dit le garçon d'une vois forte même si Severus savait que le jeune homme était intimidé par lui. Draco m'a dit que je pouvais venir ici. Je m'ennuie et je voudrais bien un peu de lecture…

-Je n'étais pas au courant que vous saviez lire Potter, se moqua Severus.

-Il y a beaucoup de choses dont vous n'êtes pas au courant, siffla Harry en retour. Vous avez toujours cru que parce- que je ressemble physiquement à mon père, je me comporte également comme lui. Eh bien, ce n'est pas le cas. Je ne lui ressemble en rien et si vous preniez le temps de me connaître, vous vous en rendriez compte. »

Severus remarqua que les mains du garçon tremblaient. En réalité, tout son corps semblait trembler de colère et de ressentiment. Le plus âgé finit par soupirer. « C'est bon. Vous pouvez vous servir dans ma bibliothèque. Mais ne me dérangez pas, je suis occupé. »

Harry inclina la tête pour le remercier. Il contourna ensuite Severus pour disparaître derrière une étagère de livres. Severus soupira, priant pour que Harry n'abîme rien. La seule chose qui comptait pour lui plus que ses livres était Draco.

Quelques instants plus tard, Harry réapparut avec un livre dans la main et s'installa dans un des larges fauteuils qui se trouvaient dans la pièce. Le plus âgé se sentit soulagé. Il allait pouvoir reprendre son travail sereinement.

x-x-x-X-x-x-x

Après que Severus eut fini ses recherches, il entendit Harry tousser.

« -Vous savez professeur, nous avons plus de choses en commun que vous ne le croyez.

-Qu'est-ce qui vous fait croire ça Potter, demanda Severus en roulant des yeux.

-Eh bien, vous savez, je n'ai pas eu une enfance merveilleuse et je… mon oncle et ma tante, la famille chez qui on m'avait placé, ils me battaient. »

Severus était sur le point de dire quelque chose mais à la place, ce fut Harry qui reprit.

« -Et avant que vous ne disiez quoi que ce soit, je ne suis pas en train d'essayer d'attirer votre pitié ou quoi que ce soit d'autre. Je voulais juste vous dire que… eh bien… que nous avions plus en commun que vous ne le croyez.

-Très éloquent, se moqua le plus âgé. »

Pourtant, au fond de lui, il sentait ses convictions s'effondrer face aux paroles d'Harry. Sa famille le battait ? Est-ce qu'ils l'avaient affamé également ? Etait-ce pour cette raison qu'il était resté si petit ? Parce- que quand on y pensait, ses parents étaient plutôt grands. Il se sentit soudain empli de colère. Elle n'était pas dirigée contre Harry mais contre sa famille. Mais, l'homme s'attacha pourtant à conserver un air calme et distant.

Le garçon aux cheveux d'ébène lui lança un regard furieux avant de se lever.

« -Puis-je emporter le livre avec moi professeur ? J'aimerais poursuivre ma lecture ailleurs.

-Bien Potter. Mais faites en sorte de me le ramener dans le même état. »

Harry acquiesça et quitta la pièce sans un mot de plus.

x-x-x-x-X-x-x-x-x

Pour Harry, chaque jour passé au manoir était une torture. Il détestait devoir regarder Severus et Draco ensemble, ayant l'air parfaitement heureux. Cela faisait quatre jours qu'il était été bloqué dans la maison lorsque s'était produite la rencontre avec Severus dans la bibliothèque. Cet évènement l'avait plongé un peu plus dans son mal-être.

Le lendemain, Draco l'avait une fois de plus trouvé assis à regarder par la fenêtre la neige tomber. Il s'était approché discrètement du jeune homme pour l'effrayer mais quand il avait crié « Bouh ! », Harry n'avait même pas tressailli. Et quand enfin il s'était tourné vers lui, le cœur de Draco avait raté un battement en voyant à quel point son regard était vide.

« Harry, c'est le soir de noël. Severus et moi aimerions savoir si tu as envie de nous aider à décorer la maison. Severus a des cartons entiers de décorations dans le grenier qui n'ont pas été ouverts depuis des années et j'ai envie de donner au manoir une ambiance plus festive. »

Harry hocha lentement la tête, se sachant incapable de refuser quoi que ce soit venant de Draco. « Oui, ok. Je vais vous aider. »

Les yeux argentés du blond s'illuminèrent et il attrapa Harry par la main pour l'emmener au rez-de-chaussée, dans le salon, où se trouvait déjà un énorme sapin. Severus arriva dans la pièce quelques minutes plus tard, une tasse de lait de poule fait maison à la main. Il la tendit au jeune homme brun. « Tiens, lui expliqua-t-il. En excuse pour hier. »

Un petit sourire se forma sur les lèvres d'Harry tandis- qu'il prenait la tasse, leurs doigts se trouvant l'espace d'une seconde en contact ce qui eut pour effet de faire frissonner Harry des pieds à la tête.

Il sentit ensuite des lèvres se poser sur les siennes alors que sa tasse se retrouvait posée sur la table de salon. Deux paires de bras l'emmenèrent vers le canapé où il se retrouva sous deux hommes qui faisaient plus ou moins deux fois sa taille. Harry les regarda échanger un regard avant d' acquiescer. Et on l'embrassa à nouveau.

Mais Harry savait que c'était uniquement parce- qu'ils étaient désolés pour lui ou peut-être dans un moment d'égarement et que quoi qu'il en soit cela ne voulait rien dire pour eux alors que pour lui cela voulait dire tellement.

« No-non ! cria-t-il. » Il trouva étonnement suffisamment de force en lui pour les repousser. Son corps entier tremblait mais il ne prit même pas la peine de les regarder.

Au lieu de cela, il se dirigea vers la porte d'entrée, attrapant au passage son manteau mais sans prendre la peine de prendre mitaines, gants ou bonnet. Il ouvrit brutalement la porte et plongea dans la nuit blanche sans même savoir où il allait. Il sentait seulement le sol sous ses pieds. Il avança ainsi pendant ce qui lui semblèrent être des heures sans jamais s'arrêter. Quand il commença à arriver au bout de ses réserves, il se sentit enfin libéré d'une forte pression qui pesait jusqu'alors sur son corps et il comprit qu'il pouvait enfin transplaner. Il atterrit juste devant les grilles du château, encore malmené par le blizzard tandis- qu'il se dirigeait vers le hall d'entrée. Une fois entré, il s'effondra presque aussitôt.

x-x-x-x-X-x-x-x-x

Draco avait essayé de rattraper Harry dès qu'il avait été à nouveau capable d' émettre une pensée rationnelle. Mais ce court laps de temps avait suffi à Harry pour disparaître dans le blizzard et Draco n'y voyait pas plus loin que le bout de son nez. « Eh merde, murmura-t-il pour lui-même en refermant la porte pour empêcher la neige d'entrer dans la maison. » Il partit rejoindre Severus. « Qu'est-ce qui vient de se passer bon sang, lui demanda-t-il ».

L'autre sorcier secoua la tête d'une manière résignée qui ne lui ressemblait absolument pas.

« -Je n'en ai aucune idée, mais tu l'as fait toi aussi.

-Je sais, chuchota Draco, mais nous nous pencherons sur cette question plus tard. Pour l'instant, nous devons retrouver Harry. Tu sais bien que ses chances de survie dans ce froid sont minuscules.

-Il a vaincu Voldemort, lui répondit Severus. Je suis certain qu'il survivra au blizzard. Et puis, comment pourrions-nous le trouver, Dray ? On n'y voit rien du tout dehors.

-Merde, maugréa le jeune homme blond avant de se laisser tomber sur le canapé près de son amant, la tête dans les mains et se balançant d'avant en arrière comme une âme en peine. Sev, je croyais que tu le détestais ! »

Severus attira à lui son jeune amant pour l'installer sur ses genoux. Il déposa un baiser sur son front pour le calmer. « C'était effectivement le cas jusqu'à ce que nous ayons une conversation intéressante dans la bibliothèque hier. Et je dois avouer que j'ai enfin pu voir qu'il possède pas mal de charme. »

Draco acquiesça d'un signe de tête, un petit sourire aux lèvres. « ça c'est vrai ! ». Il fronça ensuite les sourcils. « Tu m'aimes encore Sev ? »

« Bien sûr, répondit Severus en lui souriant et en se penchant pour l'embrasser. »

Mais Draco l'arrêta d'un geste de la main. « Non, Sev. Je me sens mal maintenant en sachant Harry dehors à cause de nous. Nous l'avons effrayé en agissant de manière stupide et compulsive. Cela ne me semble pas… correct. »

Severus soupira avant de s'éloigner un peu de lui. « Comment te sentirais-tu si… nous ajoutions une troisième personne à notre histoire ? demanda-t-il doucement, peu sûr de la réaction qu'aurait Draco.

Les yeux du blond s'agrandirent. « Tu le penses sérieusement Sev ? » Lorsqu'il vit que l'homme aux cheveux noirs acquiesçait, il se jeta dans ses bras.

Mais ensuite, il fut traversé par une autre pensée. « Mais, et s'il n'en a pas envie ? »

« Il en a envie. On peut lire en lui comme dans un livre ouvert. J'ai vu dans ses yeux qu'il avait envie d'être… avec nous. »

Draco lui sourit en retour et l'embrassa. « Bon, nous lui dirons à notre retour à Poudlard. »

x-x-x-x-X-x-x-x-x

Quand Harry revint à lui, il était entouré par les murs blancs de l'infirmerie. Sa gorge était irritée, ses membres tendus et sa tête vibrait sous l'effet de la migraine. Mais plus que tout, il avait l'impression douloureuse que son cœur avait été découpé en morceaux. Il gémit et tira la couverture pour cacher sa tête dessous et profiter ainsi de la chaleur offerte par le lit de l'infirmerie.

« Oh Harry, je suis contente de te voir éveillé, lui dit Mme Pomfrey. Tu m'as bien effrayé cette fois. Ton cœur était sur le point de s'arrêter et tu avais de sérieuses engelures. »

J'aurais aimé qu'il s'arrête se dit Harry. La sorcière enleva les draps de sa tête et l'examina. Quand elle eut fini, elle lui tendit une potion. « C'est pour aider ta gorge. Tu as attrapé la grippe; ce qui est heureusement une maladie facile à soigner grâce à la magie mais si tu n'avais pas réussi à rejoindre Poudlard, tu ne serais peut-être plus de ce monde, Harry. Ton mal de gorge devrait s'estomper dans quelques heures mais j'aimerais néanmoins que tu passes la nuit ici. Mlle Granger et M. Weasley devraient bientôt être de retour. Je les ai envoyés prendre un petit-déjeuner. Ils sont restés à ton chevet quasiment toute la nuit. Je suis sûr qu'ils ont plein de questions à te poser. »

Elle lui jeta un regard qui signifiait clairement "tout comme moi".

« -Merci, chuchota Harry en grimaçant au son de sa voix.

-Je vais te laisser te reposer. Appelle-moi si tu as besoin de quelque chose. »

Juste quand Harry pensait qu'il allait enfin pouvoir rester tranquille, dormir et tout oublier, Ron et Hermione arrivèrent. Il essaya d'avoir l'air en forme pour leur donner l'impression qu'il allait bien. Mais cela ne marcha pas vraiment. « Hey, croassa-t-il. »

« -Bordel, mon pote, lui dit Ron en s'installant à ses côtés. Nous nous sommes faits un sang d'encre. Tu as disparu pendant cinq jours sans que personne ne sache où tu étais et tu reviens presque mort !

-J'allais bien, répondit doucement l'intéressé. Dumbledore m'a envoyé apporter un paquet à Rogue. Quand je suis arrivé là-bas, il y avait également Draco qui était en visite et ils m'ont invité à prendre le thé. Il s'est mis à neiger et ils m'ont proposé de rester pour attendre que ça se calme.

-Dans ce cas, comment t'es-tu retrouvé en plein blizzard ? »

Hermione pinça le bras de Ron avec force. « Ne sois pas si fouineur Ronald. Je suis sûre que Harry nous le dira… plus tard. »

Harry acquiesça , baissant les yeux pour repousser les larmes qui commençaient à y perler. « Merci Mione. »

Elle lui sourit, jetant un regard en coin à Ron qui examinait d'un air furieux son bras sur lequel un bleu était apparu.

Harry commençait à sérieusement ressentir les effets de la potion que lui avait donnée l'infirmière. Ses paupières devenaient de plus en plus lourdes et il se sentit soulagé à l'idée de pouvoir se rendormir.

« Revenez plus tard, parvint-il à dire à ses amis avant de tomber dans un sommeil profond et sans rêves. »

x-x-x-x-X-x-x-x-x

Draco avait essayé de trouver Harry depuis que Severus et lui étaient revenus à l'école le jour précédant la reprise des cours. Mais le jeune homme était introuvable. Ce ne fut que le lendemain, lors du cours de potions commun aux deux maisons, qu'il put enfin poser les yeux sur le garçon aux cheveux d'ébène. Et la vue qui s'offrit à lui choqua Draco : on aurait dit que Harry n'avait pas dormi depuis des jours et que des kilos entiers avaient disparu directement de son corps. Était-ce leur faute ?

Le jeune homme blond avait tenté d'attirer son attention avant le début du cours mais Harry ne l'avait pas vu ou l'avait ignoré, s'asseyant à sa place habituelle entre Ron et Hermione. Draco avait cherché Severus du regard pour obtenir son aide mais le professeur avait simplement haussé les épaules avant de commencer son cours.

À la fin du cours, Harry s'était dépêché de quitter la salle et il était déjà à la moitié du chemin dans les couloirs quand Draco l'avait rattrapé et traîné dans une salle de classe vide, le coinçant contre un mur. Quand leurs regards se croisèrent, Draco fut déconcerté. Harry avait des cercles noirs sous les yeux, résultats de jours entiers d'insomnie. Son corps déjà habituellement petit semblait encore plus fragile. « Bordel, qu'est-ce qui ne va pas avec toi Harry ? Tu es parti comme ça, sans rien dire. Je suis surpris que tu ne sois pas mort de froid ! »

« -Presque, murmura le jeune homme d'une manière à peine audible pour Draco.

-Allez, lui répondit le blond en attrapant son poignet. Je t' emmène manger quelque chose.

-Non, gronda l'intéressé en arrachant son poignet de la poigne du plus fort. Tu n'es pas ma mère ok ? Ma mère est morte depuis seize ans. Je n'ai pas besoin que tu me dises quand je dois ou ne dois pas manger, vu ?

-Qu'est-ce tu veux alors, lui demanda Draco en pensant que cette conversation n'était absolument pas supposée se dérouler de cette manière. Harry était supposé vouloir être avec lui et Severus.

-J'aimerais que l'on arrête de se payer ma tête, lui répondit le jeune homme brun. Bordel, je suis amoureux de toi et Severus ok ? Alors maintenant que je sais que vous êtes ensemble, j'aimerais que vous me laissiez tranquille. C'est trop demandé ? »

Avant que Draco ne puisse répondre, Harry se glissa hors de ses bras et partit en courant aussi vite que ses courtes jambes le lui permettaient, laissant seul un jeune homme blond totalement abasourdi.


Alors, des réactions?

À bientôt j'espère!