Title: Douce agonie
Category: Games » Final Fantasy
Author: flammula
Language: French, Rating: Rated: M
Genre: Supernatural/Mystery
Chapter 1
Avertissement : autant prévenir d'avance que j'ai pris beaucoup de libertés en mélangeant des tas d'éléments de différents Final Fantasy, principalement les 7,8,10 et 13.
La fic sera loin d'être joyeuse, il y aura sans doute des éléments contrariants. Désolée d'avance XD
Merci infiniment à ma bêta, Becca, d'avoir relu avec autant de patience !
Bonne lecture !
La pluie battait les pavés déjà inondés de la ville et on n'entendait rien d'autre que les trombes d'eau qui tombaient, les flots qui coulaient le long des rues. Lorsqu'il essaya de respirer, son nez bouché et ses bronches en feu transformèrent la bouffée d'air qu'il prit en torture, le faisant tousser et cracher . Un goût de fer lui emplit la bouche mais il ne pensait qu'à sa respiration courte et rapide...il tentait de garder son calme, mais la tâche s'avéra bien difficile. Le fait qu'il ne sente pas son corps ne l'aidait pas à se calmer. Le froid, l'eau, ses tremblements étaient les seules choses qu'il sentait. Il ouvrit les yeux avec bien du mal et sa vue mit un certain temps à s'adapter à l'environnement, d'autant plus qu'elle était brouillée par la pluie et le sang.
Du sang.
La réalisation de sa situation lui tomba sur la poitrine et il eut l'impression d'avoir une pierre à la place du cœur.
Comment est-ce qu'ils en étaient arrivés là ?
Le corps inanimé de son amie se trouvait à quelques centimètres de lui. Il n'avait qu'à tendre un peu le bras, ses doigts pouvaient presque atteindre les siens. Mais il n'en avait pas la force. Il n'avait plus la force de rien.
Il cligna plusieurs fois des paupières et sa vue s'éclaircit un peu.
Son visage était tourné vers lui et ses yeux le fixaient. Mais il n'y avait rien dans ce regard. Sa poitrine ensanglantée ne se soulevait pas, et ses vêtements étaient devenus écarlates. L'eau qui coulait autour d'elle était teintée de la même couleur.
Il retint un sanglot qui lui aurait été trop douloureux.
C'était sa faute. C'était à cause de lui qu'ils étaient là.
Un frisson le fit claquer des dents et se répandit dans tout son corps. Il avait tellement froid... et ce malgré le corps qui se trouvait sous le sien et les bras qui l'entouraient.
Son oreille était collée tout contre sa poitrine, mais il n'arrivait pas à savoir si le cœur de son protecteur battait encore ou pas.
Il céda à la panique.
Pas lui, pitié. Pas lui...
Sa respiration se fit encore plus difficile et il se sentait autant étouffé par l'angoisse que par ses poumons écrasés.
Il tenta de l'appeler, prononcer son nom, mais aucun son ne sortait de sa gorge sinon des râles. Il cracha de nouveau du sang et sa vision devint complètement noire.
Peut-être que finalement c'était une bonne chose. Le seul moyen d'être enfin libéré..
Peut-être qu'ils n'avaient jamais eu le choix, peut-être qu'ils devaient l'accepter et apprécier de n'avoir à se soucier de plus rien...être libres.
°.o.O.o.°
«Vers où on se dirige ? Fit la jeune femme le nez plongé dans des documents jaunis et dont l'encre était presque effacée.
Ses jambes étaient étendues et ses pieds posés sur le tableau de bord côté passager, les papiers étaient soit posés sur ses cuisses, soit dans ses mains. L'homme à côté d'elle conduisait la voiture. Il lui jeta un regard en biais, plutôt agacé de voir ses chaussures sur le tableau de bord de sa voiture.
-Une ville perdue, au pied de la montagne.
-Génial. J'ai déjà peur de ce qu'on va y trouver.»
Elle disait avoir peur, mais rien dans son ton ne l'indiquait. Elle aurait pu paraître blasée aux yeux de quelqu'un qui ne la connaissait pas. Mais lui, ça faisait maintenant cinq ans qu'il voyageait et travaillait avec elle, il avait apprit à comprendre que même si elle ne le montrait pas, elle était touchée par les choses qu'ils découvraient.
Quelles choses ? Ça risque d'être un peu long à expliquer.
Disons qu'ils venaient tous les deux d'une grande ville qui s'appelait Zanarkand où ils menaient une vie assez pénible. Lui était dans un corps spécial de l'armée, elle était de la garde civile. C'était une scène de crime plutôt hors du commun qui les avait menés à se rencontrer. Zanarkand avait beau être un exemple grandiose de la civilisation et avancée technologique, ses bas quartiers étaient comme ceux de toutes les villes.
Le corps d'une petite fille avait été retrouvé exactement à l'endroit où elle avait disparu...trente ans plus tôt. Rien n'avait changé chez elle : elle portait les même vêtements, avait la même apparence ; comme si le temps n'avait pas eu d'emprise sur elle. Évidemment la différence se trouvait dans le fait qu'au moment de sa disparition, elle était vivante. Au début de l'enquête, ce n'était qu'une pauvre enfant sans nom qui n'avait même pas un parent lointain qui s'inquiétait de son absence. C'était un sentiment incompréhensible qui avait poussé l'enquêteur à étendre ses recherches parmi les disparitions des trente dernières années. Personne n'y avait cru, personne ne pouvait concevoir que la fillette réapparaisse autant d'années après, sans avoir changé. Aux questions 'qui a fait ça et pourquoi ?' s'étaient ajoutées celles du pourquoi ici, pourquoi maintenant ? C'était plutôt invraisemblable, mais tous les indices qui pouvaient aider à l'identification de la victime menaient à la même conclusion : ils avaient bien affaire à la petite fille enlevée trente ans auparavant.
Et puis le nom de Shinra a fait surface, et tout a été très vite. Affaire classée sans suite, soit disant qu'on ne pouvait pas résoudre une affaire seulement avec des cadavres et des fantômes.
La vérité, c'était qu'ils avaient peur de ce nom : Shinra.
Cela faisait bien longtemps que Squall Leonhart entendait ce nom murmuré avec crainte. Pourtant la compagnie ne possédait plus rien du tout de sa puissance d'antan. C'est en fouillant un peu qu'il découvrit que plus que la compagnie elle-même, c'était ce qui restait et les conséquences de ce qu'elle avait fait qui effrayaient les gens. Shinra était à l'origine d'un trafic humain abominable. Quand ses supérieurs se sont rendu compte qu'il continuait l'enquête malgré tout, Squall avait été sévèrement réprimandé. On lui ferma beaucoup de portes, au point qu'il fut presque incapable de mener ses investigations habituelles normalement.
Et puis un jour, Lightning avait frappé à sa porte, lui demandant de l'aide. C'était elle qui s'était retrouvée avec lui sur l'affaire de la fille réapparue trente ans plus tard. Elle lui avait dit qu'elle avait entendu parler de ses recherches poussées malgré les interdictions, elle lui avait dit qu'elle avait fait de même de son côté et qu'ils pourraient peut-être échanger leurs informations. Il découvrit vite qu'elle était encore plus impliquée que lui dans l'affaire, qu'elle continuait parce qu'elle avait de toute façon était mise à pied. Il y avait une bonne raison pour qu'elle ait continué malgré tout là où Squall avait abandonné : sa petite sœur avait été enlevée de la même façon que la fillette d'il y a trente ans. Lightning était déterminée à la retrouver, et Squall n'était pas insensible à la situation, au fond. Il l'avait aidée autant qu'il le pouvait et lorsque toutes les portes s'étaient fermées devant eux, ils décidèrent que la voie légale n'était plus celle qu'ils devraient suivre. Squall avait été forcé d'abandonner son poste avec bien du mal, mais persuadé que c'était le bon choix. Ils finirent par ressembler plus à des mercenaires qu'à des personnes de loi. C'est en vivant des petites missions qu'on leur confiait qu'ils finirent par acquérir de plus en plus de contacts, d'infos et connaissances au sujet de la Shinra et de tout ce qui se tramait dans les dessous de leur société ; et d'expérience au combat. Au bout deux ans à peine ils avaient été amenés à quitter la ville. C'est à l'extérieur qu'ils trouvèrent des pistes qui les éloignèrent de plus en plus de Zanarkand.
« J'espère que tu sais ce que tu fais. T'as pas intérêt à ce qu'on soit payés avec une boîte de cookies sinon je te les fais passer par l'entrée de derrière.
-Je sais pas encore qui est le client, alors je peux rien te promettre.
Light eut un rire sans joie et se frotta les yeux avant de ranger les documents qu'elle tenait.
-Tu continues pas à lire ? Demanda Squall.
-Quelque chose me dit que j'aurai tout le temps d'étudier ça sur place, répondit-elle, l'air cynique.
-Tu ne me fais pas confiance ? Fit-il sur un ton qui tenait plus de la constatation que de la question.
Lightning haussa les épaules. Ils avaient déjà eu des clients qui leur avaient demandé des trucs bidons à faire, et qui les avaient payés comme s'ils avaient été des gamins qui avaient baladé leur chien.
-Sois déjà contente que je t'aide, fit Squall sur un ton amer auquel Light ne répondit pas. J'ai sacrifié autant que toi pour une cause qui n'est pas la mienne.
-A l'époque, je t'avais demandé de me dire ce que tu avais appris de ton côté, je ne t'ai jamais demandé de me suivre, fit-elle en détournant le regard et en croisant les bras.
-Avec le nombre de fois où je t'ai sauvé la peau-
-Je ne t'ai rien demandé, et au fond si tu es allé si loin c'est que tu avais quelque chose d'important à y gagner toi aussi.
Squall soupira, appuya son coude sur le bord de la fenêtre de sa portière et posa sa tête sur son poing tandis que son autre main tenait le volant. Light continua même si le brun montrait clairement qu'il ne voulait pas que ça tourne à la dispute.
-T'as peut-être l'air d'un stupide soldat qui obéit bêtement aux ordres, mais je sais que tu ne supportes pas qu'on se serve de toi comme d'un pion, et qu'on se moque de toi.
Squall continuait de se concentrer sur la route, et Light laissa quelques minutes s'écouler avant de reprendre :
-Tu sais aussi, avec tout ce qu'on a découvert, que nos supérieurs avaient peut-être peur de la Shinra, mais que c'est les têtes de l'armée et de la garde civile qui nous bloquaient tous parce qu'ils sont certainement impliqués dans une quelconque affaire louche. Mais maintenant la seule autorité qui reste au-dessus de toi, c'est la mienne.
-Tu n'es certainement pas ma supérieure, fit Squall d'un ton morne.
-Je pensais qu'en plus de quatre ans, tu l'avais compris pourtant. »
L'homme préféra ignorer totalement sa partenaire et ils restèrent silencieux pendant encore une bonne partie de la route. La langue de Squall se délia lorsqu'il sût qu'ils arrivaient bientôt.
«Nibelheim, fit-il, et Light tourna la tête vers lui avec un regard interrogatif. C'est le nom de la ville où on va. Quelque chose me dit qu'on peut trouver quelque chose là-bas. Il y a un ancien complexe scientifique qui a appartenu à la Shinra...je veux y jeter un coup d'œil.
-J'ai déjà peur de ce qu'on pourra bien trouver dans un labo Shinra. Qu'est-ce qui t'a mené là ?
-Une lettre et la photo qu'elle contenait. »
Lightning fronça les sourcils et replongea son nez dans les documents qu'elle tenait un peu plus tôt. Elle donna un coup dans l'épaule de son voisin quand elle ne trouva pas ce qu'elle voulait. Il ne lui accorda qu'un regard rapide et se redressa pour tenir le volant de sa main gauche et fouilla une poche intérieure de sa veste. Il en sortit l'enveloppe qui devait contenir la lettre en question. Light la lui prit des mains et l'ouvrit.
« Tu comptais me montrer ça quand ? »
Squall fit comme s'il n'avait pas entendu la question de son amie et posa ses deux mains sur le volant. La route s'étendait encore à perte de vue...on apercevait à peine les montagnes à l'horizon.
Et personne sur leur chemin. Mais ce n'était pas étonnant, la ville avait brûlé il y a des années de cela, personne ne devait plus s'y rendre. Ni en partir. Et pourtant...
« Qu'est-ce que c'est que cette lettre ? Et tu nous emmènes si loin pour ça ?
-C'est exactement pour cette raison que je t'ai emmenée sans rien dire.
-Squall, si tu ne m'expliques rien comment tu veux que je t'aide ?
-Parce que je n'ai rien à expliquer...On me demande de l'aide dans cette lettre, j'ai cherché où se trouvait la ville pour répondre à l'appel.
-Ok...maintenant qu'on est si loin, je te ferai pas retourner en arrière, mais si j'avais su ce que tu manigançais, y a longtemps qu'on aurait rebroussé chemin.
-Après tout ce que j'ai sacrifié pour t'aider, tu pourrais me faire un peu plus confiance.
-Tu te répètes. J'y réfléchirai quand j'aurai retrouvé Serah.
-Et si c'était elle qui avait écrit cet appel à l'aide ?
-Ce n'est pas son écriture.»
La jeune femme baissa de nouveau les yeux sur la lettre. C'était n'importe quoi. Ils perdaient leur temps alors qu'ils auraient mieux fait d'aller attaquer la source. Midgar n'était peut-être plus qu'un tas de ruine, mais c'était là-bas qu'était ou avait été le siège de la Shinra. Ils ne pouvaient pas se permettre d'aller se perdre dans un trou paumé juste pour aider allez savoir quel type bizarre.
À l'aide
Elle soupira et jeta un coup d'œil à la photo qui en dirait peut-être plus. Une famille apparemment, un adolescent qui se tenait entre ses deux parents ? Les adultes semblaient rayonner de bonheur mais on ne pouvait pas en dire autant de leur fils. Quoi que, est-ce qu'il s'agissait des parents ? Ils ne semblaient pas tellement plus vieux que le garçon. Ils se trouvaient tous les trois devant ce qui ressemblait à un manoir, peut-être leur maison, peut-être qu'il ne s'agissait que de touristes. Derrière il y avait le nom de la ville et la date. Cinquante-cinq ans plus tôt.
Nouveau soupir.
« Et tu as trouvé facilement la ville sur les cartes ?
-Pas sur les cartes, non. Mais le réacteur qui est lié à elle s'y trouve.
-La photo ne montre qu'un manoir, comment tu es sûr que c'est le bon ?
-Réacteur de Nibelheim. C'est son nom. Je n'ai aucun doute. La ville n'est plus sur les cartes parce qu'elle a complètement brûlé.
-On va fouiller un tas de cendres ? Ou le réacteur...
-Aucune idée. Je ne sais pas ce qui s'y trouve maintenant. Certainement pas la ville comme je l'ai vue dans les archives, c'est sûr.
-Tu as vu ce manoir dans ces archives ?
-Oui, c'est comme ça que j'ai su qu'il avait appartenu à la Shinra.
-Le fameux 'complexe scientifique' ?
-C'est ça.
-Tu as conscience qu'il est très certainement en cendres ?
-Pourquoi j'ai l'impression que tu t'imagines de gros tas noirs à la place des maisons ? Il restera bien assez pour qu'on s'y intéresse.
-Hn. »
Ils arrivèrent environ quatre heures plus tard à l'entrée de la ville. Ville qui avait l'air de s'être parfaitement remise de l'incendie. Squall n'en crut pas ses yeux : tout était parfaitement comme sur les photos des archives qu'il avait étudiées. Il n'y avait rien qui pu laisser penser que la ville avait autrefois été ravagée par les flammes, rien. Même les habitants refusaient de se souvenir de l'incident car chaque fois que Squall et Lightning essayaient d'en parler, on changeait de sujet, on répondait qu'il n'y avait jamais rien eu de tel, que Nibelheim avait toujours vécu en paix, sans incident. Et lorsque le sujet du manoir était abordé, on leur répondait que ce n'était qu'un vieux château et que personne n'y vivait. Ou s'en approchait. On racontait qu'il était hanté.
« Un manoir hanté. Ridicule, grogna Lightning. Pour une ville fantôme, je la trouve bien animée moi. Tu es sûr qu'il n'y a pas deux Nibelheim ?
-Avec exactement le même manoir ? » Fit remarquer Squall en tendant la photo à bout de bras, pour la comparer au manoir qui se trouvait juste en face d'eux.
Ça faisait deux heures qu'ils tournaient dans la ville pour essayer de récolter des informations avant de se lancer dans l'exploration du manoir Shinra, pour essayer de comprendre ce qui s'était passé, mais les gens n'étaient absolument pas coopératifs.
Pour l'heure, ils devraient penser à trouver un endroit pour dormir car il ferait bientôt nuit.
« Allons nous installer à l'auberge qu'il y a sur la place du château d'eau, proposa Squall en rangeant la photo dans sa veste. Pour aujourd'hui, on s'arrête là. »
Light hocha simplement la tête et partit devant. Le jeune homme regardait un peu partout en marchant. Encore. Il trouvait que quelque chose était très étrange dans cette ville. C'était peut-être l'ambiance, car malgré l'apparente tranquillité, la joie simple des habitants...tout semblait faux. Il avait le sentiment de se retrouver devant une reconstitution grotesque de la vie réelle. Est-ce que c'était parce qu'il savait pertinemment que cette cité était censée être en cendres ? Mais rien n'avait laissé entendre, dans ce qu'il avait trouvé, que la reconstruction des lieux était impossible. Ou peut-être...que c'était le fait d'avoir lu qu'il n'y avait eu aucun survivant. Qui aurait prit la peine de reconstruire la ville exactement comme avant s'il n'y était pas particulièrement attaché ? Un riche touriste amoureux du paysage ? Très peu probable, Nibelheim n'était pas ce qu'il y avait de plus séduisant pour les étrangers. Exit la Shinra, elle n'était plus en état de reconstruire quoi que ce soit. Ce n'était pas non plus un nouveau propriétaire pour le manoir, puisqu'il n'y en avait pas, d'après les habitants.
Arrivés sur la place principale, Squall se rendit compte qu'il faisait bien noir tout d'un coup, alors que le soleil aurait dû disparaître dans un peu plus d'un quart d'heure encore. En levant la tête, il se rendit compte que de gros nuages noirs venaient de la montagne. Et puis une sirène se mit à hurler, une plainte qui glaçait le sang et résonnait dans toute la ville. Elle était apparemment installée en haut du château d'eau et Squall leva inconsciemment le regard vers elle.
« Les gens ont l'air bien pressés tout d'un coup, fit remarquer Light en se rapprochant de lui.
-En général les sirènes ne hurlent pas sans raison. On devrait peut-être leur demander ce qui se passe. S'il vous plaît !
Une vieille dame s'arrêta à l'appel de Squall et lui fit signe de se dépêcher. Pendant qu'il lui demandait ce qui se passait, Light remarqua des flocons tomber du ciel. Elle fronça les sourcils en se disant que la température était un peu haute pour de la neige...et le ciel bien noir. Quand l'un d'eux tomba dans sa main, elle l'écrasa entre ses doigts et il y laissa une marque noire. C'était de la cendre, pas de la neige.
-C'est le réacteur Mako qui rejette des fumées toxiques, fit la voix de la vieille femme, un peu plus loin. Il vaudrait mieux que vous alliez vous mettre à l'abri le temps que ça passe. Fermez bien les fenêtres et les portes.
-Merci, répondit la voix de Squall qu'elle vit revenir près d'elle du coin de l'œil.
-Allons-y, Light, ne traînons pas dehors.
-Tu te rappelles des marques noires sur le visage et les mains du corps de la fillette ?
-Oui...pourquoi ?
-C'était de la cendre.
Squall fronça les sourcils et leva les yeux au ciel. De plus en plus de 'flocons' tombaient.
-Quand est-ce qu'a eu lieu l'incendie ? Tu l'as trouvé ? Continua Light.
-...Il y a cinq ans...
-Ah. »
Sur quoi ils se dépêchèrent de rejoindre l'hôtel où on les gronda d'avoir tant traîné.
Leurs affaires rangées dans leur chambre, ils descendirent dans la grande salle à manger de l'auberge où on leur servit de quoi se restaurer. Installés devant une fenêtre, ils regardaient parfois avec curiosité la pluie de cendre tomber, s'arrêtant de parler comme si elle n'était plus que la seule à attirer leur attention.
« Je n'ai jamais entendu parler d'un réacteur Mako qui faisait ça, fit Lightning en fronçant les sourcils, les yeux tournés vers le ciel noir.
-Moi non plus...ce qui m'intrigue le plus, c'est que lorsqu'on est arrivés, ni le sol, ni les murs, ni même les toits ne portaient de signes des précédentes tombées de cendre... L'air serait toxique et pourtant s'enfermer suffit...et quand on est arrivés, pas d'odeur qui rappelle la présence du réacteur... Je me demande si ce genre d'événement est fréquent.
-Ils devraient être en train de s'étouffer dessous, prononça la jeune femme à voix basse, le doigt passant sur la commissure entre le cadre et la fenêtre. Ça, c'est de l'isolation...
C'était plus une manière de parler pour elle-même qu'un moyen d'être discrète, aussi Squall ne répondit pas à sa réflexion. Au lieu de ça, il revint sur la question que Light lui avait posée sur la place.
-Tu penses que la fillette qu'on a retrouvée était passée par cette ville, expliquant les marques de cendre qu'elle avait sur elle ?
-Tu ne trouves pas que c'est une drôle de coïncidence ?
-Compte tenu de toutes les bizarreries de cette ville...c'est vrai qu'il y a matière à réfléchir. » admit Squall.
Le silence s'installa entre les deux amis, les laissant plongés dans leurs réflexions chacun de leur côté tandis qu'ils terminaient leur repas.
« Tiens...» fit Lightning pour attirer l'attention de Squall.
Ce dernier tourna le regard vers la fenêtre en même temps que le son de la pluie battant contre les vitres atteignait ses oreilles. Il arqua un sourcil, assez stupéfié que la pluie se mette à tomber aussi soudainement...et à travers le nuage noir du réacteur. Il regarda la brume qui se levait du sol, causée certainement par les gouttes d'eau qui remontaient à cause du choc (la pluie tombait drue et très fort), sûrement à cause des cendres, et aussi à cause de la différence de température entre les deux.
« Vous êtes vraiment mal tombés.
Squall et Light furent un peu surpris par l'apparition soudaine de la serveuse et furent ainsi arrachés à leur observation assez violemment.
-Il va pleuvoir comme ça, sans arrêt, pendant deux jours au moins. Impossible de sortir.
Les deux coéquipiers se regardèrent et Light demanda à la serveuse, sceptique :
-On ne peut vraiment pas sortir ? Ce n'est que de la pluie, non ?
La serveuse haussa les épaules et déposa l'addition sur leur table.
-Vous pouvez toujours essayer, mais vous ne ferez pas deux pas. On n'y voit rien, on avance mal et on croule sous le poids de l'eau. À moins de sortir nu et de n'avoir que votre poids à déplacer.
Si ç'avait été leur genre, Squall et Lightning auraient des yeux ronds comme des soucoupes. Ces gens des villages exagéraient toujours tout.
La serveuse les quitta et leur regard se tourna automatiquement vers la fenêtre.
-Moi qui voulais commencer par le réacteur Mako..., fit Squall, songeur.
-On arrivera pas à aller dans la montagne sans rien voir. Même avec un guide, pas la peine de risquer qu'il lui arrive quelque chose. Par contre...le manoir n'est pas si loin.
-Il y a de la trotte quand même. J'essaierai de sortir demain. Sinon on attendra le second jour. La pluie aura sûrement diminué, conclut le jeune homme.
Sa compagne hocha simplement la tête puis croisa les bras en soupirant de frustration. Ils n'avaient pas spécialement le temps de subir les caprices du micro climat qui régnait sur ce village de fous. Il ne restait plus qu'à espérer qu'ils soient sur la bonne piste.
Squall se leva pour aller payer, Light sur ses talons.
-Ces chutes de cendre...ça arrive fréquemment ? Dit-il en posant l'argent sur le comptoir.
-Environs une à deux fois par mois. Le réacteur se fait vieux. Quelqu'un le surveille constamment et fait sonner la sirène quand nous devons nous mettre à l'abri. La pluie tombe toujours dans les minutes qui suivent. »
D'accord pour le reste...mais la pluie ? Est-ce que ça pouvait s'expliquer scientifiquement ? Les deux jeunes gens remercièrent la serveuse et remontèrent dans leur chambre, histoire de feuilleter et bouquiner ce qu'ils avaient comme infos en réserve.
Pas comme s'ils avaient autre chose à faire en attendant.
Squall se réveilla en pleine nuit avec l'impression qu'un bulldozer lui était passé sur le corps. Il s'était endormi à la table où il avait installé ses affaires pour travailler. Tout était un peu chamboulé, mais s'il avait dormi dessus ça n'avait rien d'étonnant. Pourtant, plus que les courbatures qu'il avait dans le dos, c'était le froid et l'humidité qui régnaient dans la pièce qui l'avaient sûrement réveillé. Étonné, il regarda autour de lui et son regard tomba sur la fenêtre ouverte. La pluie tombait drue et envoyait des gouttes sur la petite table avec le vase qui se trouvait là, le faisant presque tomber, ainsi que sur le sol. Une grande flaque s'était déjà formée et Squall se leva pour aller vite fermer ça. Si l'air était encore toxique de la tombée de cendre, ils étaient bons pour une visite à l'hôpital ou, à défaut, choper un sale truc. Après avoir vérifié que plus rien ne rentrerait par là, Squall se tourna et observa le reste de la pièce à la recherche de Lightning. Si c'était elle qui avait ouvert la fenêtre, ce n'était pas bien malin de sa part. Un tour d'horizon rapide lui fit comprendre qu'elle n'était pas dans la pièce. Les lits vides, les chaises aussi, et la porte de la petite salle de bain étant entrouverte, il pouvait aussi affirmer qu'elle n'y était pas. Intrigué, il retourna à la table où ils avaient travaillé et vérifia si la jeune femme n'avait pas laissé un mot pour dire où elle se trouvait. Rien. Machinalement il ouvrit l'ordinateur portable et essaya de l'allumer, peut-être que la dernière page qu'elle avait étudiée lui donnerait un indice. Rien ne se passa. Il soupira et chercha l'alimentation de l'appareil qui, étrangement, était branchée. Cherchant alors ce qui pouvait empêcher l'ordinateur de s'allumer, il vérifia que l'électricité marchait bien en allant à l'interrupteur pour éclairer la pièce. Jusqu'à maintenant il n'avait pas eu besoin de lumière car malgré la pénombre, ses yeux étaient plutôt bien habitués.
Pourtant...il était tout de même surpris de ne pas voir moins bien. Après tout, il pleuvait des cordes, donc ce n'était pas la lumière de la lune qui l'aidait.
Clac, clac. Aucune réaction.
L'électricité était bel et bien coupée. L'ordinateur n'avait donc ni batterie ni courant pour l'alimenter. Et s'il n'y avait pas de lumière, dans ce cas c'était simple : Lightning était allée voir ce qui se passait. C'était la plus probable des explications quant à sa disparition. Squall se demanda juste pourquoi elle n'avait pas plutôt essayé de s'endormir. Il soupira et attrapa la poignée de la porte pour peut-être rejoindre son amie. Quelque chose au fond de lui le stoppa et lui dit qu'il serait plus prudent de se préparer. Il se méfiait de quoi ? Allez savoir...tout était tellement étrange dans cette ville. Il alla vite fouiller sa veste et en sortit les clefs de la chambre et son arme. Dans le reste de ses affaires il attrapa une lampe de poche ; il ne verrait certainement pas aussi bien dans toute l'auberge. Il se servit d'ailleurs de sa lampe tout de suite puisque le couloir était complètement noir. La porte se referma derrière lui mais il n'y prêta pas attention et avança rapidement dans l'allée, entre les entrées des différentes chambres. Le parquet craquait sous ses pas malgré les grands tapis qui le recouvraient. Le faisceau de lumière que projetait sa lampe caressait les murs et ne révélait que des portes closes, des tableaux de paysages, des vases de fleurs et la tapisserie un peu vieillotte. En haut des escaliers il n'y avait plus rien qui couvrait les planches et il fut encore moins discret lorsque ses semelles tapèrent sur le bois. Normalement il n'y avait pas de quoi s'inquiéter de sa discrétion, mais le même sentiment qui lui avait fait prendre son arme l'oppressait. Il n'y avait personne dans le hall d'entrée, même pas derrière le comptoir et Squall trouva la porte d'entrée verrouillée. Le silence était lourd autour de lui, si ce n'était pour le bruit de sa respiration et celui de la pluie qui battait les vitres. Il entendit qu'on cognait contre un carreau un peu plus loin et il entreprit de se déplacer jusqu'à la source du bruit. Par réflexe il chargea son arme et la leva. En traversant le couloir étroit et court qui menait vers la grande salle à manger, le bruit d'un cadre qui frotte contre le mur le fit légèrement sursauter. Il fronça les sourcils et se maudit de ne pas faire un peu plus attention...même s'il était persuadé qu'il n'était pas passé si près du mur que ça. Il haussa les épaules en se disant que de toute façon, dans ce noir, c'était difficile de bien calculer les distances, puis il redressa l'objet de décoration qu'il avait déplacé à son passage. Il continua sa route et une fois dans la grande salle, il fit le tour des fenêtres. Il lui avait semblé qu'on avait toqué à une de ces vitres, et pourtant rien n'indiquait nulle part la présence de quelqu'un coincé à l'extérieur. Il baissa son arme et tendit l'oreille pour voir si ce quelqu'un d'invisible n'était pas passé à un autre endroit dans l'espoir de trouver une personne pour lui ouvrir dans l'une des pièces adjacentes, mais il n'entendit pas toquer de nouveau. Il avançait entre les tables et regardait un peu partout, dans la limite de ce qu'arrivait à lui montrer sa lampe. Il sentait l'angoisse lui serrer la poitrine (ce qui n'était pas si fréquent) comme il ne voyait pas grand chose alors qu'il y avait pourtant tant d'endroits où regarder. Il fut tenté d'appeler Lightning, pour voir si elle était là, et surtout parce qu'il commençait à se demander si ce n'était pas elle qui avait frappé à la vitre parce qu'elle était dehors. Mais comment serait-elle sortie ? Et surtout, pourquoi en pleine nuit ? La porte principale était fermée...elle n'était quand même pas sortie par la fenêtre de leur chambre ? Sous cette pluie... Elle ne ferait pas de choses pareilles à moins d'être forcée ou d'avoir vu quelque chose qu'elle ne pouvait pas laisser filer...mais la serveuse avait dit qu'on arrivait à peine à avancer sous cette pluie...
Il refit le tour des fenêtres un peu plus rapidement en baissant la lampe de poche pour que la lumière ne se reflète pas dans les carreaux, mais ne vit de nouveau personne, la pluie tombant toujours en rideaux qui bloquaient la vue à moins d'un mètre, et la nuit étant trop noire.
Il stoppa au milieu de la salle et fronça les sourcils. Oui, justement, on ne voyait pas à un mètre et il faisait nuit noire, alors comment Lightning aurait pu apercevoir quoi que ce soit à l'extérieur ? Il commença sincèrement à s'inquiéter pour elle, et alors qu'un peu plus tôt l'idée de remonter à la chambre lui avait effleuré l'esprit, il décida d'aller jeter un coup d'œil dans les dernières pièces. Deux étaient fermées et il ne savait absolument pas où elles menaient. Et la plus grande qui était en double battants conduisait à la cuisine. Il y entra et ne mit pas cinq minutes pour en faire le tour, celle-ci n'étant pas très spacieuse. Ses talons qui claquaient sur le carrelage étaient accompagnés par le bruit régulier du robinet qui gouttait dans l'évier en inox. Une grande porte devait ouvrir sur un cellier qu'il n'avait ni l'envie ni le besoin de visiter, et il n'y avait aucune fenêtre, ce qui le fit retourner dans la salle à manger. Il était presque prêt à réveiller l'auberge entière en appelant sa camarade, mais il se dit qu'il ferait mieux plutôt de remonter dans le cas où elle serait en fait retournée en haut alors que lui se trouvait dans la cuisine ou dans le fond de la salle. Il pensait que si elle était passée près de lui, il l'aurait entendue, mais c'était de Light que l'on parlait, donc il n'y croyait pas trop. Cela dit, lui était difficile à rater...elle l'aurait quand même arrêté pour lui demander ce qu'il faisait, non ?
Ses pensées furent coupées par un étrange sentiment qui le fit se stopper et lever son arme. Son pouls s'accéléra sans qu'il sache pourquoi quand, soudain, il sentit quelque chose qui venait en face de lui, lui frôler l'épaule et filer vers le fond de la pièce, si vite qu'il aurait presque cru que c'était un courant d'air. Les poils de ses bras se hérissèrent et il préféra se dire qu'il avait simplement rêvé cette présence. Il avançait en marche arrière, les yeux rivés sur le point où il avait senti la chose disparaître, essayant toujours de se persuader que ce n'était rien. Après tout, il n'avait rien vu : ni forme, ni mouvement. Il respira un bon coup et lorsqu'il fit le geste de se retourner, il sentit à nouveau l'air se mouvoir, sauf que cette fois c'était directement sur lui. Il évita le premier coup mais son assaillant était plus rapide et le mit à terre, envoyant glisser son arme plus loin. Sa lampe, elle, s'éteignit en tombant au sol. Il entendit le son d'une lame qu'on découvre et sentit le froid du métal contre sa gorge. Le parfum seul trahit l'identité de l'agresseur.
« Light ?
Un soupire agacé mais aussi soulagé passa les lèvres de la jeune femme qui se releva aussitôt et rangea son arme.
-D'où tu sors ? Ça fait un moment que je suis en bas et je ne t'avais pas encore vu.
-J'ai fait tout le tour aussi, et je ne t'avais pas remarquée, fit Squall en récupérant ses affaires.
-Hn.
La lampe fonctionnait toujours, fort heureusement, et s'alluma sur les pieds nus de son amie. Il arqua un sourcil, curieux, puis leva le faisceau de lumière. Light grogna et se plaça à côté de lui.
-Tes chaussures ?
-En haut...je suis sortie un peu précipitamment.
-A cause de la coupure de courant ?
-Entre autres.
La jeune femme n'en dit pas plus, Squall ne posa pas de question. Si elle avait entendu le même genre de choses que lui, il y avait fort à parier qu'elle n'ait pas envie d'en parler, histoire de ne pas passer pour une folle. De la même manière qu'il n'osait pas aborder le sujet, dans le cas où ce serait lui qui passerait pour un fou. Mais si elle avait effectivement vécu un peu la même chose que lui, ça expliquait pourquoi elle était à cran au point de l'attaquer.
-J'ai trouvé le disjoncteur, mais ça ne vient pas de l'auberge même...la coupure doit être générale dans la ville, ou au moins dans ce quartier, dit Light pour faire part de ses découvertes.
-Alors retournons en haut. On a plus qu'à essayer de dormir en attendant le matin. Si on y arrive. »
Lightning hocha la tête et avança vers le hall pour rejoindre les escaliers qui les mèneraient aux chambres. Squall jeta un dernier coup d'œil aux alentours et la suivit. Il crut entendre quelque chose comme « Je hais cette ville » murmuré devant lui et il dut admettre que pour une fois, il était parfaitement d'accord avec sa partenaire.
Une fois devant la porte de leur chambre, elle voulut entrer mais la porte bloqua.
-Pourquoi tu as fermé ? Demanda-t-elle.
-Mais j'ai pas fermé à clef, répondit Squall en essayant à son tour.
Il soupira et fouilla la poche de son pantalon, en sortit la clef qu'il tourna dans la serrure. La porte s'ouvrit et Light le regarda en croisant les bras, l'air de lui reprocher de ne plus savoir ce qu'il faisait. Effectivement il devait un peu perdre la boule. Évidemment, il pensait un peu à autre chose en sortant, donc il n'avait pas dû faire attention. Par contre il ferma derrière lui et alla ensuite se laisser tomber sur son lit. Il posa arme et lampe de poche et ferma les yeux quelques secondes. Il entendait encore la pluie tomber et Lightning bouger sûrement pour se mettre au lit. Lui-même ne prit la peine que d'enlever ses chaussures avant de se glisser sous les couvertures.
« Au fait, pourquoi tu es partie en laissant la fenêtre ouverte ? Demanda Squall dans un murmure.
Il sentait le sommeil lui engourdir l'esprit, il ne tarderait pas à s'endormir. Lightning mit un certain temps à répondre, et lorsqu'elle le fit, ce fut avec la même voix à moitié endormie.
-Pourquoi j'aurais fait ça ? »
Et sans qu'ils aient le temps de plus y réfléchir, le sommeil les emporta.
Après une excursion comme celle qu'ils venaient de faire, qui aurait cru qu'ils sombreraient si vite ?
Le lendemain, lorsqu'ils se levèrent, le déluge continuait de tomber de telle manière que les deux amis demandèrent franchement comment c'était possible que l'eau n'ait pas encore inondé la ville. On leur répondit que Nibelheim avait un système d'évacuation très élaboré. Les pluies étaient déjà très fortes bien avant l'installation du réacteur Mako.
« Peut-être qu'il a plu le jour où cette ville a soi-disant brûlé, fit remarquer Light une fois qu'ils furent seuls à leur table, à la salle à manger.
-Non, j'ai vu des photos des ruines...Et puis pour être aussi efficace, ce système d'évacuation doit être plutôt récent, fit remarquer Squall.
-Ça contredit ce que la serveuse a expliqué...
-Oui.
-Tu ne la crois pas ?
-Non. »
Light hocha légèrement la tête. Même si elle ne disait rien, elle avait pensé exactement la même chose. Et puis, quelque chose l'intriguait depuis qu'ils avaient vu les effets de cette pluie de cendre. Malgré le fait qu'ils soient habitués, les habitants avaient l'air bien indifférents de leur sort. Pourquoi ? Ils devraient être révoltés de vivre de cette manière : devoir s'enfermer plusieurs jours, risquer de mourir ou attraper des maladies graves, et tout ça à cause du réacteur installé par la Shinra... Réacteur qui, qui plus est, ne devait plus rien rapporter, surtout pas au village. Alors pourquoi cette absence totale de réaction ?
« Je n'aime pas du tout cette ville, j'espère qu'on n'y perd pas notre temps, dit-elle d'un ton plus inquiet qu'en colère.
Elle tenta de continuer à parler mais ce ne fut qu'un murmure qui traversa ses lèvres.
-Serah...
-Je suis persuadé qu'on est sur la bonne voie, affirma Squall en détournant les yeux.
Il avait du mal à supporter l'air que Lightning avait sur le visage quand elle s'inquiétait pour sa sœur. Ça faisait tellement longtemps qu'ils la cherchaient, et il détestait quand il en venait à se dire qu'ils ne pourraient jamais rien faire pour elle. Il savait aussi que dans ces moments, Light pensait la même chose. Elle devait d'autant plus souffrir qu'en pensant cela, elle disait en partie adieu à sa petite sœur.
-Zanarkand est à des kilomètres d'ici...comment cette ville pourrait avoir un lien...
-C'est la Shinra notre lien. Il faut juste qu'on puisse sortir de cette auberge.»
Sur ces paroles, Squall se leva et laissa son amie seule. Il rejoignit sa chambre, et fouilla encore et encore son dossier, même s'il savait qu'à ce niveau, ça ne servirait certainement à rien.
À l'heure du déjeuner il descendit vraiment agacé. Il n'en pouvait plus de rester enfermé dans cette satanée auberge, surtout sans savoir pour combien de temps encore ils en auraient. Et puis ils étaient venus dans un but précis, alors ne pas pouvoir mener son enquête l'ennuyait.
Il trouva Lightning assise à une table dans un coin éloigné. Il la rejoignit et s'assit à côté d'elle en l'observant. Elle avait l'air aussi d'être sur les nerfs, même si sa tenue voulait laisser penser le contraire : adossée nonchalamment sur le dossier de son siège, jambes et bras croisés, pas de tic nerveux, juste un air renfrogné que Squall était le seul ici à connaître.
« A part le fait qu'on soit coincés, quelque chose te tracasse ?
La jeune femme sursauta presque en entendant la voix de Squall dont elle n'avait pas remarqué la présence. Ce fait était assez surprenant venant de sa part, aussi le jeune homme fronça les sourcils, maintenant sûr qu'elle était même inquiète plus qu'irritée.
-Tout. Rien n'est normal ici. J'ai essayé de parler avec les gens, ils font un blocage sur l'incendie d'il y a cinq ans. Il ne savent pas ce qu'est la Shinra, et ils sont persuadés avoir toujours eu le réacteur Mako ici. Ils savent à peine à quoi il sert. Ils n'ont rien à raconter, comme s'ils n'avaient pas de vie...comme si ce qu'ils faisaient était toujours pareil et qu'aucun incident, même le plus petit, ne venait perturber leur quotidien. Il y a une auberge...mais Squall, regarde, je suis sûre qu'elle est toujours vide même sans cette pluie dehors. Nous sommes certainement les seuls visiteurs qu'ils aient accueillis depuis des lustres. Je veux bien que ça ne soit pas une ville spécialement touristique...Mais c'est le seul passage qui permette de traverser les montagnes. Il devrait y avoir régulièrement des voyageurs.
-Calme-toi, Light, fit Squall en fronçant les sourcils encore plus.
Son amie parlait plus vite que d'ordinaire et semblait agressive...elle avait de bonnes raisons, et Squall comprenait qu'elle perde patience, étant donné qu'il était dans le même état. Mais il fallait qu'ils tiennent le coup, et une Lightning calme l'aiderait beaucoup. Si elle gardait son sang froid, il le garderait aussi.
Ils restèrent silencieux un moment, et Squall en vint à se demander pourquoi ils se sentaient tellement agités.
-On est là seulement depuis hier après-midi. Il nous est arrivé de rester plus longtemps que ça sans bouger. Quelques fois, ç'avait aussi été parce qu'on était coincés. Je sais qu'il y a les cendres et la pluie...et le fait que les gens soient un peu bizarres. Je suis comme toi et je perds patience. Mais on a déjà dû attendre plus longtemps.
-C'est la nuit dernière.
Light ne regardait pas Squall, elle préférait éviter son regard. Lui l'observait, attendant d'entendre ce qu'elle avait à dire.
-J'ai rarement été aussi mal à l'aise. Des impressions que je n'arrivais pas à expliquer : ça m'a mis les nerfs en pelote.
-Je vois ce que tu veux dire. »
De toute évidence il n'avait pas été le seul à sentir que quelque chose clochait la nuit dernière. Est-ce qu'il avait eu peur...peur de quoi ? Il ne savait même pas...donc non. Et Lightning ? Une chose était évidente : ils anticipaient tous les deux la nuit à venir, et c'était ça qui les rendait tellement nerveux : l'idée de ne pas savoir combien de nuits comme la précédente ils auraient à passer.
A suivre…
