P'tit mot de l'auteure : Parce que merde.


Les yeux rivés sur son portable, Francis se tenait interdit au milieu de la cuisine. À ses côtés et tout aussi hypnotisé par le petit écran se trouvait Arthur, son mari depuis cinq ans. Exactement le même nombre d'années s'était écoulé depuis leur arrivée dans ce pays. Rien d'étonnant : après tout, ils étaient venus exprès pour pouvoir officialiser leur union aux yeux de la loi et vivre leur amour libres.

Et leur souhait s'était réalisé, se transformant en conte de fées dans ce pays qualifié de leader du monde libre. Alfred, leur rayon de soleil, était arrivé pas moins d'un an après leur mariage et il n'y avait même pas six mois, une parente de Francis avait contribué à l'agrandissement de la petite famille en préférant confier son enfant au couple afin de lui assurer un meilleur avenir qu'avec elle. Tout allait pour le mieux.

Jusqu'à maintenant.

Francis décolla son regard des mots annonçant le nouveau dirigeant de leur pays, puis il croisa les prunelles vertes et larmoyantes de son amour. En voyant ses lèvres commencer à trembler et redoutant une crise d'angoisse - quoiqu'elle serait parfaitement légitime - Francis prit son lapin dans ses bras. Il chercha des mots de réconfort mais n'en trouva aucun.

Des pleurs leur parvinrent depuis l'une des chambres d'enfants, comme un écho à leurs émotions, alors que les épaules d'Arthur commençaient à trembler. Celui-ci se dégagea de l'étreinte de son mari pour se précipiter en catastrophe vers la source du bruit. Il revint moins d'une minute après avec leur bébé hurlant dans ses bras, puis il le confia à Francis, le seul capable de calmer Matthew dans ces moments-là.

Alfred quitta son dessin animé de super héros pour les rejoindre, intrigué que toute sa famille se trouve ainsi rassemblée dans la cuisine. Et du haut de ses quatre ans, il comprit que quelque chose n'allait pas en voyant le visage de son daddy. Désireux de le réconforter, le petit garçon se rapprocha de l'adulte et lui montra son soutien en lui tendant les bras. Arthur fit une vaine tentative de sourire et prit son fils dans ses bras. Il se sentait infiniment triste et terriblement inquiet.

Il regarda son petit bébé dans les bras de son mari, puis son fils dont il sentait les petits doigts serrer son pull. Et dans son esprit encore sous le choc tournait en boucle une question.

Quel avenir auraient ses enfants ?