Load I : Charly-Roze
« Charly' ! T'as vu l'heure oui ? Tu vas rater ton train ! »
Comme si je ne m'en étais pas rendue compte. Je rétorque à ma mère que j'arrive tout de suite – ce qui va dépendre directement de l'humeur d'Oscar. En fait, j'ai environ cinq minutes pour arriver à faire sortir cet abruti de Boursoufflet obèse de sous mon lit. Il adore ma chambre. On ne peut pas lui en vouloir, c'est beaucoup plus confortable et calme que les dortoirs de Poudlard. Tous les ans, c'est la même chose, il fait tout pour m'échapper. Heureusement, les capacités intellectuelles d'un boursoufflet ne sont pas très étendues et, ses plans d'échappées ont toujours été voués à un échec cuisant. A partir de ma deuxième année, ayant peu apprécié d'avoir eut à le chercher sur le toit de la maison la veille de mon départ, j'ai investi dans une petite cage dans laquelle je l'enferme le soir précédent la rentrée. Tout s'est toujours merveilleusement bien passé mais une cage, passé cinq ans, c'est défectueux. Ce matin, alors que je m'apprêtais à partir de la maison pour ma dernière année à Poudlard, ce crétin d'Oscar a littéralement explosé le loquet de sa cage pour aller se coller sous mon lit. Même en tendant le bras à la limite de la déchirure musculaire, je n'effleure pas un seul de ses poils roses vifs. Je pourrais très bien le ramener à moi d'un simple Accio mais, la magie, sur ces bestioles, c'est pas conseillé Ca leur ruine les tripes.
Deux minutes. Je panique complètement et…La voilà la solution. Je me redresse, bondis par-dessus mon lit et attrape ma canne de billard posée contre le mur. Je m'agenouille, m'excuse d'avance au près de ma bestiole pour ce que je vais lui faire et lui décoche un coup qui le fait rouler hors de sa cachette. Bingo ! Je saisis Oscar et le regarde droit dans les yeux, haletante.
« T'as réellement cru que tu t'en tirerai comme ça ?...Naïf ! »
Je n'ai pas plus de temps pour savourer ma victoire, ma mère vient de rugir mon nom. Je fourre Oscar dans sa cage que je solidifie à l'aide d'un micro sort qui pourrait me valoir une comparution au ministère de la magie. De toute manière, je préfère ça plutôt que de devoir poursuivre Oscar sur le quai. Rapidement, j'enfile mon manteau et noue mon écharpe. La valise dans une main et la cage de mon fauve dans l'autre, je suis fin prête. Heureusement d'ailleurs puisque ma mère semble au bord de la crise d'hystérie. A peine ai-je descendu les escaliers qu'elle m'empoigne en marmonnant des choses à propos de ma ponctualité et mon manque de sérieux. Je roule les yeux dans mes orbites au moment où elle nous fait transplaner, direction la voie 9 ¾. C'est toujours aussi désagréable de voyager comme ça. Un *plop* retentissant me fait sursauter. C'est mon père qui vient de nous rejoindre.
Mes parents sont des gens simples et heureux…même si à première vue, ils sont un poil intimidant. Ma mère est grande. Par là, je veux dire, plus grande que la majorité des femmes. Elle est fine, bien proportionnée et habillée avec classe. Elle attache souvent ses longs cheveux blonds grisonnant en un chignon épaté. Mon père lui, est grand aussi. Large d'épaule, avec des grandes mains et une moustache sympathique, il semble très protecteur. D'ailleurs il l'est un vrai papa-poule. Moi là dedans et bien…je ne suis pas grande. Et j'entends que, comparée aux autres filles de mon âge, bien je suis un tantinet au-dessous de la moyenne.
« Ca va Charly ? Me demande mon père en retenant ses larmes. C'est la dernière fois que tu viens là…
– C'est bon papa, j'suis cool.
– Oui bien sûr, t'es cool »
Charly'. C'est mon surnom. Réellement, je m'appelle Charly-Roze mais tout le monde se contente de la première partie. Vous allez sûrement être sur le cul mais, mon nom de famille c'est Dumbledor. Ouai. Comme le vieux barbu qui est directeur de Poudlard. Lui, Albus, c'est mon grand oncle. On est sa seule famille à être restée aux Royaume-Unis. Les autres sont éparpillés un peu partout dans le monde, je n'en connais pas le quart. On constitue une espèce de tribu atypique qui s'étale sur la totalité du globe. Si je veux m'exiler en Islande, je suis sûre de trouver une tante éloignée ou un cousin germain pour m'accueillir. Enfin bon, nous, on vit en Ecosse et on y est bien. Comme on est la branche de la famille la plus proche d'Albus et que mon père est un Aurore, on se tape souvent des réunions ultra secrètes à la maison avec pleins de types un peu parano' sur les bords. Mon papa, ma maman et moi, on est de mèche avec la résistance. Depuis l'année dernière, je suis apprentie au sein de l'Ordre du Phénix. Je ne fais rien de bien particulier mais je transmets certains messages d'un hémisphère à l'autre Discrétion, c'est mon deuxième prénom.
« Severus ! Appelle mon père. »
Quoi ? Ha non ! Pas déjà. Pitié. Je fais une légère moue qui ne passe pas inaperçue aux yeux de ma mère. Elle me foudroie du regard et me donne un petit coup de coude avant d'adresser un sourire amical à « Severus ». Je ne l'ai même pas vu arriver celui-ci. Remarquez, il a le don pour surgir au moment où on l'attend le moins. Ca doit être un des nombreux critères qui font que j'ai du mal à encadrer ce type. Pas que je le haïsse cordialement mais disons que je me sens plus à l'aise quand je suis loin de lui. Chose qui n'arrive que très rarement. D'une part parce que je suis forcée de le croiser au moins une fois par jour au collège. D'autre part parce que, quand je crois être tranquille chez moi, il n'est pas rare de le voir débarquer à la maison avec quelques autres types de la clique du phénix. Bref, le voilà. Sa silhouette noire s'approche lentement de nous, comme un oiseau de mauvais augure. Bordel, j'en ai des frissons. L'ombre d'un embryonnaire sourire se dessine sur ses lèvres fines lorsqu'il salue mon père en lui serrant la main. J'écarquille grand les yeux en le voyant baiser la main de ma mère. Non mais c'est quoi ces manières ?
« J'ignorais te trouver ici Severus, tu ne devrais pas être au collège ? Lui demande-t-elle
– Si…disons que nous avons quelques…Il laisse sa phrase en suspend en plantant son regard dans le miens, impératifs. »
Impératifs ? Le mot me met la puce à l'oreille. Il est en train de se passer quelque chose d'important. Quelque chose de grave. Pour que les professeurs soient mobilisés sur le quai, la sécurité des élèves doit être en jeu. A la vue des airs graves de mes parents, je devine qu'ils sont au courant. Je lâche un soupir exaspéré. Comme d'habitude je vais être la dernière à être mise au jus parce que je suis trop jeune. A quoi je sers moi si on m'informe une fois le danger passé ? A rien. Je déteste être inutile dans ce foutu clan de rebelles.
Le sifflet retenti dans tout le quai. Ca résonne et me vrille les tympans. De quoi ajouter à ma mauvaise humeur. Je jette un regard mauvais à mes parents, leur reprochant silencieusement de m'avoir encore mise à l'écart des problèmes que rencontre actuellement l'Ordre. Ils semblent l'ignorer royalement. Ma rancœur est noyée dans l'étreinte solide de mon père qui me serre contre son cœur. Il dépose un baiser piquant sur le haut de mon crâne, comme pour dire « Ne nous en veux pas, c'est pour ton bien. ». Je resserre les bras autour de lui. Il me lâche et me regarde avec sa fierté luisant au fond des yeux. Ma mère m'embrasse sur le front, sous l'œil écoeuré de Rogue pour qui les effusions d'amour sont à peu près aussi insupportables que les mille-pattes me concernant.
« Couvre toi bien surtout fait elle en nouant bien mon écharpe autour du cou, et mange correctement. Si tu te sens mal, envois nous un hibou. Tu feras attention aux garçons, à cet âge là tu sais…
– Mamaaan je la supplie en sentant le regard bourré de mépris de Rogue peser sur moi.
– Allez file, tu vas louper ton train !
– Bye, on se voit à Noël ! »
