Bonjour bonjour.

Et bien non vous ne rêvez pas : je suis bien vivante ! Apres plus de six mois sans rien écrire ni poster, me revoilà (plus en forme que jamais, j'espère). J'ai fini mon année scolaire il y a peu, et vu la difficulté des cours, je n'avais absolument pas le temps d'écrire. j'espère que vous ne m'en voudrez pas.

Bref, alors voici l'histoire qui, de base, venait répondre au futur défi de L'Envie de Crazy AV. Mais elle ne poste plus ses défis, mais je me devais de vous écrire cette histoire que j'ai en tête depuis bientôt un an (et oui ;D)

Il s'agit de la suite de "Une surprise pour un chaton" mais vous devriez pouvoir comprendre sans (mais bon, au bout de la 8e histoire vous devrez être habitués XD)

Cette histoire sera en 3 parties. Je ne peux absolument pas vous dire quand les 2 autres parties seront publiées (car pas du tout écrites XD) Mais je peux vous dire que ce chapitre 1... a été une torture à écrire (pas trop d'inspiration surtout... et c'est revenu tout d'un coup XD)

Attention : cette histoire est rating T, mais elle risque de frôler le rating M par moment (je vois déjà vos yeux s'illuminer XD) Vous êtes donc prévenus !

Sur ce, bonne lecture !


MY DEADLY SIN IS YOU


Chapitre 1 : If you want to warm, I'll be your fire

Playlist : « Broken » – Seether ft. Amy Lee


L'hiver était une saison aussi capricieuse que l'été. Alternant jours de grand froid, températures inférieures à ce qu'un parisien moyen pouvait supporter, vents violents et glacials, sans oublier les chutes de neige qui paralysaient la capitale, il n'était pas étonnant de croiser des personnes qui se plaignaient sans cesse, implorant le ciel pour que le temps soit plus supportable et clément avec eux. Mais en cette fin de janvier, le grand manitou de l'hiver était bien installé et décidé à ne pas partir de sitôt.

Certains aimaient l'hiver, d'autres le haïssaient. Et puis, certaines personnes avaient un avis partagé sur cette saison. Adrien Agreste faisait partie de cette dernière catégorie. Il pourrait sans aucun problème énumérer chaque point positif et chaque point négatif de la question, illustrant ainsi une opinion des plus neutres. Ceci était tout le contraire de sa petite-amie qui vouait une passion pour la saison froide. Elle avait maintes fois essayé de faire pencher la balance dans l'esprit du jeune homme, mais rien n'y faisait. Il était vrai qu'elle soulevait de très bons arguments, avec lesquels il était en accord. Parmi ceux-ci, il y avait le plaisir ultime de s'enrouler dans une couverture avec un bon chocolat chaud. Adrien avait apporté son contre argument en faisant remarquer qu'il n'avait pas véritablement de temps pour se le permettre, ni un accès illimité à sa cuisine, bien qu'il rêvait de goûter à ce simple plaisir.

Mais s'il reconnaissait un bon point à l'hiver et qui était relatif à son métier, c'était le fait de ne plus faire de séances photo en extérieur. Rien que cela valait la peine d'attendre l'hiver.

Cependant, il existait bien un point qui l'empêcherait de pleinement apprécier cette saison, et ce malgré toutes les vérités qu'avançait Marinette. Ce point-ci était la tristesse qu'il avait ressenti cette année, comme à l'hiver précédent, à l'approche des fêtes de fin d'année. Une nouvelle fois, son père n'avait pas voulu célébrer Noël. Ayant été quelque peu pris sur le vif l'année dernière par la disparition de son fils et l'arrivée à l'improviste de ses amis au manoir, Gabriel Agreste n'avait pas toléré de célébration cette année. Ceci avait profondément peiné Adrien qui s'était retrouvé interdit de sortie le 24 au soir, alors qu'il était invité à passer les fêtes chez Marinette. Cela comptait beaucoup pour lui, mais une nouvelle fois, son père ne semblait pas porter la moindre attention au bonheur de son fils. Sa mère n'était plus de ce monde pour apporter la magie caractéristique de cette période. Il avait placé ses espoirs en la personne de Marinette, afin qu'elle puisse, elle, lui faire de nouveaux apprécier les fêtes de fin d'année.

Adrien avait, si l'on pouvait dire, bravé l'interdiction de son paternel. Il avait attendu plusieurs heures, le temps de laisser croire qu'il s'était endormi, avant de se sauver par la fenêtre sous l'apparence de Chat Noir. Il avait couru le plus vite possible, sans prendre la peine de ralentir au cas où la neige le ferait chuter, pour gagner au plus vite la chambre de sa bien-aimée. Ceci avait été une surprise pour cette dernière car Adrien n'avait pas pris la peine de la prévenir. De sorte que le choc était total quand Marinette avait entendu un bruit venant de sa terrasse alors qu'elle s'apprêtait à aller se coucher. Adrien se souvenait parfaitement qu'après s'être détransformé, il avait serré si fort Marinette qu'il avait manqué de l'étouffer. Sa présence le rassurait terriblement et emplissait son cœur d'un sentiment indescriptible de plénitude absolue.

Les deux amoureux avaient alors pu échanger leurs présents. Mais le fait le plus intéressant de la soirée fut lorsque Marinette insista pour qu'il reste dormir. Elle avait affirmé ne pas être rassurée à l'idée de le savoir dehors en pleine nuit, qu'il courrait le risque de tomber malade par ce froid. Bien évidemment, elle n'avait aucune raison de s'inquiéter de la sorte – n'était-il pas Chat Noir, après tout ? – mais elle n'avait que cette excuse à sortir. Elle n'avait pas envie d'admettre à haute voix qu'elle voulait tout simplement qu'il reste à ses côtés pour la nuit. Adrien avait marché, bien que n'étant pas dupe sur le volonté cachée et inconsciente de sa petite-amie. Ceci s'était confirmé quand, une fois installés dans le lit, elle était venue se blottir au chaud contre lui, et qu'un doux sourire s'était dessiné sur son visage.

Alors que Marinette s'était plongée dans le monde des rêves avec une facilité déconcertante, cela n'avait pas été le cas d'Adrien. Son souvenir de cette nuit lui paraissait à la fois clair et flou. Il se souvenait très clairement ne pas avoir dormi (ou alors très peu), tombant raide sur son canapé une fois rentré chez lui en toute discrétion le lendemain matin. Et pourtant, cette nuit lui avait semblé passer en un éclair.

La faute à son esprit qui n'avait fait que divaguer au simple contact du corps de son amoureuse contre le sien, produisant ainsi des pensées qui, il en était sûr, auraient fait hurler Marinette de peur et de consternation. Le jeune garçon avait dû faire preuve d'un sang-froid incroyable pour ne pas réveiller sa petite-amie et satisfaire ces pulsions qui s'étaient emparées de son corps – ou tout du moins tenter de les satisfaire.

Mais le problème était qu'il n'arrivait pas (ou plus) à les chasser. Ses pensées étaient là, dans sa tête, depuis voici un mois ! Parfois il arrivait à faire abstraction et à se concentrer sur son travail au lycée et en tant que modèle. Mais sitôt qu'il voyait Marinette en classe, à l'extérieur, et même lors des missions en Ladybug (ce qui était véritablement la pire des situations...), l'esprit d'Adrien se perdait à nouveau... Ce qui arrivait quasiment non-stop. C'est alors que l'aspect calme et posé de son caractère était le bienvenu, lui permettant d'adopter un masque comportemental en présence de la jeune fille qui le hantait, l'empêchant de trahir le véritable fond de sa pensée.

Marinette et Adrien s'étaient promis au début de leur relation de ne plus se cacher derrière un masque, d'agir comme ils étaient au fond d'eux-mêmes l'un avec l'autre, sans avoir à se cacher. Et aujourd'hui, après huit mois de relation, Adrien était en train de rompre cette promesse... Pour leur bien à tous les deux, s'était-il convaincu.


Quand Adrien sortit de la voiture, le vent le frappa au visage, alors que dans le même temps, des flocons venaient s'accrocher à ses vêtement et dans les quelques mèches blondes qui dépassaient de son bonnet chat noir. Bien que grelottant comme s'il attendait que l'esprit de l'hiver ne vienne le tirer du froid, il fit signe à son garde du corps de partir. Sitôt que la voiture s'éloigna, il s'élança et rentra par la porte d'accueil de la boulangerie TS. Dès qu'il passa le pas de la porte, la chaleur qui se dégageait du lieu et des pâtisseries le réchauffa instantanément, bien qu'il sentait Plagg trembler de froid à l'intérieur de son manteau. Tom Dupain l'aperçut derrière le comptoir alors qu'il servait un client. Et oui, pas de repos pour les boulangers le dimanche !

Quand le client partit, Adrien s'avança et passa derrière pour saluer le père de Marinette. Le boulanger fit remarquer que cela faisait un moment que le jeune garçon n'était pas venu à la maison. Ceci était tout à fait vrai. Mise à part sa visite en cachette le soir de Noël, cela faisait plusieurs semaines que les deux adolescents ne s'étaient pas accordés un petit après-midi au chaud à ne rien faire d'autre que se reposer. La faute à l'emploi du temps surchargé d'Adrien, comme toujours, mais cela ne les avait pas empêché de faire quelques sortie en couple ou avec leurs amis. Ils parvenaient toujours à trouver une solution pour se voir le plus possible.

Tandis que Tom retourna au travail, Adrien partit par la porte arrière puis monta les escaliers jusqu'à l'appartement de la famille Dupain-Cheng. Il sentit très clairement l'impatience de Plagg qui n'attendait qu'une chose : sortir de sa cachette pour enfin respirer. Il n'en tint cependant pas rigueur, bien trop transporté par l'idée de retrouver Marinette.

Adrien n'eut même pas le temps de frapper que Sabine Cheng lui avait ouvert la porte.

– Bonjour, Adrien. Comment vas-tu ? lui demanda-t-elle chaleureusement tout en le laissant entrer.

– Très bien, merci.

Dès qu'il entra, Adrien fut frappé par l'absence des plus inattendues de Marinette. C'était toujours elle qui l'accueillait quand il se rendait chez elle. Elle sautillait sur place dès qu'elle ouvrait la porte et un sourire des plus lumineux éclairait son visage dès qu'ils se retrouvaient. Il fallait croire qu'elle avait décidé de changer ses habitudes.

– Si tu cherches Marinette, elle est à l'étage avec Alya, l'informa Sabine ayant perçu l'étonnement du garçon.

– Avec Alya ? dit-il surpris.

Il n'était aucunement au courant de cela. Marinette lui disait tout. Et Nino lui avait même dit qu'il voyait justement lui aussi sa petite-amie aujourd'hui.

– Oui. Cela fait des heures qu'elles sont enfermées et qu'elles passent cette musique en boucle. Je sens que je vais devenir folle.

Alors que Plagg donna un nouveau coup dans les côtes d'Adrien, le priant de se dépêcher, il remarqua enfin que l'appartement était tout sauf silencieux. Une musique pop dont le volume devait être monté au maximum émanait depuis la chambre de Marinette. Adrien avait l'impression de la connaître, mais il ne saurait pas retrouver le titre tant qu'il demeurerait dans le salon.

– Tu tombes donc à point nommer, reprit Sabine. Elles seront bien obligées de baisser le son maintenant que tu es là.

– J'essaierai de les convaincre, répondit-il timidement.

– Tiens, avant que tu ne montes, tu peux prendre ceci. Je les ai préparé pour vous.

– Merci, madame. C'est très gentil à vous.

La mère de Marinette venait tout simplement de remettre à Adrien une boite contenant des cookies semblant tout droit sortis du four. Elle somma presque le garçon de monter, ce qu'il dut faire contraint et forcé. La musique était bien plus forte une fois qu'il se retrouva sous la trappe. Il frappa par convention, devinant pertinemment que les deux meilleures amies ne l'entendraient pas. Contraint par la force des choses, Adrien s'invita dans la chambre, pressentant d'ores et déjà le cri de surprise de Marinette, et l'expression amusée d'Alya face audit cri.

Mais il n'en fut rien. Elles n'avaient pas fait attention à lui. Ou plutôt elles avaient l'air tellement adsorbé par leur activité qu'elles ne remarquèrent pas sa présence. Elles étaient de dos, penchées sur l'ordinateur et venaient de couper la musique. A pas loup, Adrien monta complètement et se fit alors le plus discret possible, retenant difficilement un éclat de rire mais reconnaissant toutefois la musique objet de tout ce raffut.

– Regarde, dans le clip, elles commencent par un déhanché et ensuite elles tournent sur elles-mêmes, fit remarquer Alya en pointant l'écran du doigt.

– Oui, mais dans la vidéo de danse, c'est d'abord pause puis déhanché, défendit Marinette. Je trouve que ça irait mieux sur ce passage de faire comme ça.

– Oh, alors tu veux vraiment prendre une pause sensuelle sur « If you want to be my lover » ? se moqua la métisse en chantonnant.

– Mais non ! Je dis juste que ça semble plus logique de faire un temps mort à ce moment, et puis reprendre.

– On demandera leurs avis aux autres la semaine prochaine. C'est le refrain, il faut qu'on soit toutes d'accord sur ce qu'on fait.

– Tu perds ton temps, Alya. Je suis sûre que mon idée l'emportera.

– Et moi, je maintiens que tu n'oseras pas le faire à fond.

– Et, je te ferai remarquer que c'est toi qui a imposé la musique !

– Tu exagères, Marinette. Les Spice Girls, c'est un classique.

– Oui, et bien nous n'avons pas la même définition de classique.

Adrien dut faire un effort surhumain pour ne pas complètement exploser de rire face à cette scène. Voir Marinette et Alya se prendre la tête pour une histoire de chanson et – à ce que cela laissait deviner – de chorégraphie était un spectacle fort divertissant. Il décida alors de conserver sa place d'honneur jusqu'à être démasqué. Certes, il ne comprenait pas pourquoi les deux filles discutaient de cela (un énième divertissement certainement), mais il ne voulait pas gâcher le spectacle. Et ceci contre l'avis de Plagg qui se remit à gesticuler dans son manteau, ayant hâte de retrouver sa liberté.

Il observa Alya et Marinette réfléchir, parler de synchronisation entre un pas et une parole, gribouiller leurs idées sur une feuille de papier tout en écoutant Wannabe et en s'inspirant d'exemples de chorégraphies trouvés sur internet. En ce qui concernait la chanson, il était en accord avec son amoureuse : il ne la voyait pas écouter ce genre de sons. Au vu de sa réaction plus tôt, il semblait être dans le vrai. Mais cela prouvait qu'elle pouvait encore le surprendre...

Alors qu'il prit appui sur l'une de ses jambes, la pression exercée par son corps eut pour effet d'émettre un petit grincement qui émana du parquet. Craignant de se faire remarquer, Adrien retint son souffle...

Avant qu'Alya ne le perce à jour.

Elle avait été la seule à percevoir ce petit bruit, Marinette étant trop concentrée sur leur activité. Cela serait mentir que d'affirmer qu'elle ne fut pas étonnée de sa présence – d'autant que personne n'était au courant de leur projet ! Ses yeux bruns s'écarquillèrent davantage lorsqu'Adrien lui fit signe de se taire. L'étonnement fut remplacé par une envie machiavélique dans l'esprit d'Alya qui comprit aussitôt la volonté du garçon de surprendre son amie. Elle avait l'habitude d'assister aux débordements émotionnels de Marinette depuis bien longtemps, mais jamais elle ne louperait ces instants comiques pour rien au monde.

De toute manière, son arrivée tombait à pic. Elle-même devait retrouver Nino chez lui pour... un dimanche après-midi « tranquille », dirons-nous.

– Alya, tu m'écoutes, l'interpella Marinette sans la regarder, à la suite de quoi la métisse se pencha de nouveau sur le bureau. J'étais en train de dire que j'essaierais de commencer les costumes ce soir. Tu as une préférence ?

– N'importe quelle couleur me convient. Mais si tu me faisais une jupe très courte, un décolleté plongeant et un crop-top, je t'en serais infiniment reconnaissante.

Elle plaisantait, bien évidemment, mais c'était plus fort qu'elle de la taquiner sur ce point sensible. Sa pudeur et son innocence inavouée. De plus, Alya était persuadée que dans son dos, Adrien riait silencieusement de sa moquerie.

Sa plaisanterie fonctionna comme elle souhaitait, en témoignait la teinte rose qu'avaient pris les joues de Marinette.

– Euh... Tu ne voudrais pas quelque chose de plus... confortable ? demanda-t-elle en essayant d'afficher un faux air indifférent, ce qui était peine perdue.

– Mais je plaisante, voyons ! Laisse libre court à ton imagination, ça me conviendra. Tu as carte blanche.

Désirant ardemment enfoncer le clou – en se promettant d'être plus gentille avec Marinette la prochaine fois –, Alya suggéra une dernière chose.

– Bon alors, vas-y ! Montre-moi ton idée géniale pour le refrain.

– Tu vas voir que j'ai raison, et les autres accepteront mon idée, lui répondit Marinette avec assurance.

Alya savait parfaitement que si elle avait eu connaissance de la présence d'Adrien dans son dos, Marinette aurait catégoriquement trouvé une stupide excuse pour ne pas « se ridiculiser devant lui » comme elle le dirait si bien. Alya remit alors la musique, juste quelques secondes avant ledit refrain, et adressa un furtif clin d'œil au garçon. Elle eut l'impression qu'un rire pouvait sortir de sa bouche à tout moment tant il devait se retenir – et depuis combien de temps !

Quand elle reconnut l'extrait, Marinette commença à exécuter les mouvements qu'elle avait défini au préalable. Oh, bien sûr, cela n'avait rien d'une danse professionnelle. Le but était de tout simplement s'amuser avec ses amies. Il est vrai que si elle avait eu conscience du regard d'Adrien fixé sur elle, cette simple idée l'aurait paralysé et elle aurait cherché à s'enterrer au plus profond de la terre. Mais pour une fois, exceptionnellement, son amoureux n'occupait pas la première place dans son esprit. Tout ce qui l'obnubilait, c'était de prouver à Alya que son idée de danse en valait la peine, malgré son aversion pour la chanson qu'on lui avait imposé.

Elle ignorait le regard à la fois sérieux et amusé d'Alya, tandis que celle-ci émit quelques commentaires sur sa performance. Cela ne représentait que quelques secondes de la chorégraphie mais elle tenait à y ajouter sa propre touche.

Mais alors qu'elle s'engagea dans un petit tour sur elle-même (priant dans le même temps pour ne pas trébucher), elle crut l'espace d'un instant avoir une vision. Une vision d'Adrien. Dans sa chambre. En ce moment ! Son esprit réfractaire savait que cela était purement impossible qu'il se trouve dans sa chambre. Il était bien trop tôt... Pourtant, désirant en avoir le cœur net et se convaincre que son cerveau lui jouait un tour, elle se retourna vers sa prétendue vision. Marinette tomba de haut quand elle vit Adrien la saluer. Complètement bouche-bée, elle le vit se rapprocher d'elle, tandis qu'Alya éclatait d'un rire franc à côté d'elle. Ses derniers élans de lucidité disparurent quand elle réalisa pleinement qu'Adrien l'avait vu danser de façon totalement ridicule. Elle espérait juste qu'il venait d'arriver... Mais elle fut incapable de formuler le moindre propos quand, enfin, le silence fut brisé.

– Salut, Adrien, dit Alya une fois calmée. Pardon, j'ai un peu débordé sur ton temps.

– Pas grave, t'inquiète. Mais qu'est-ce que vous faites, au juste ? demanda-t-il en se tournant vers Marinette avec son regard le plus complaisant.

Il n'avait aucun mal à deviner le malaise de sa petite-amie, même si cette petite plaisanterie avait été assez drôle. Elle le fixait, complètement estomaquée, stoïque, perdue, incapable de bouger. Face au silence de Marinette, Alya décida de prendre les devants et répondit à son ami.

– Ok, j'imagine que t'es au courant de la grande fête qu'organise Polina.

– Euh... oui...

Polina était une de leurs nouvelles camarades, se trouvant dans la même classe que Chloé Bourgeois, bien que les deux filles ne pouvaient se supporter. Elle venait de Russie et avait emménage à Paris avec sa famille en raison du travail de son père. Comme la famille Bourgeois, la sienne était riche... Mais contrairement à Chloé, elle était bien plus appréciable et beaucoup moins insupportable. Pour cette raison, elle avait décidé d'organiser une fête et d'inviter tous les élèves de seconde sans distinction. Et un petit détail avait échappé à Adrien à propos de cette soirée, mais qu'Alya avait visiblement parfaitement retenu, vu le regard inquisiteur qu'elle lui lançait alors qu'il ne comprenait pas où elle voulait en venir.

– Mais la fête est dans super longtemps, reprit Adrien qui se rappela que la soirée était annoncée pour début mars.

– Tu n'as pas retenu ce qu'il y aurait ! le gronda-t-elle ironiquement. Elle a dit qu'on allait faire un concours de talents ! On va devoir animer la soirée !

– Je pensais qu'elle avait dit ça pour rigoler...

– Nous, nous l'avons prise au sérieux, déclara Alya en prenant Marinette sous son bras, ce qui sembla réveiller cette dernière.

Adrien regarda l'une après l'autre les deux filles, puis jeta un coup d'œil à l'écran d'ordinateur derrière elles, alors que la musique était interrompue depuis longtemps.

– Votre talent... C'est donc de faire revivre les Spice Girls, prit-il conscience d'un air amusé.

– Un classique je sais, mais notre version sera géniale ! s'emporta Alya. On doit voir les filles la semaine prochaine pour réfléchir à cinq.

– Ah, et vous êtes avec qui... ?

A peine eut-il posé sa question qu'Adrien se figea sur place en constatant que le regard d'Alya était passé de chaleureux... à glacial.

– Écoute, Agreste, tu dois garder ce que tu as vu pour toi, dit-elle en le menaçant presque. Pas un mot à personne ! C'est top secret. Même pas à Nino !

– Lui non plus ne sait rien ?

– Bien sûr que non. Pour preuve, à toi non plus Marinette ne t'a rien dit...

Marinette, qui n'avait toujours pas ouvert la bouche depuis plusieurs minutes, sentit la gêne la gagner de plus en plus.

– Bon, j'ai suffisamment pris de ton temps, déclara Alya, retrouvant soudainement son habituelle expression amicale. Je vais y aller.

C'est en silence qu'Alya remit ses vêtements chauds pour parer au froid et à la neige. Elle salua Adrien et Marinette, non sans oublier de lancer un « Bon après-midi, les amoureux ! » qui avait fini de déstabiliser sa meilleure amie. Une fois que la trappe fut refermée, les deux adolescents ne purent dire quoique ce soit. Même pas le temps de souffler, de se saluer, ou de reprendre de l'assurance pour Marinette. En effet, Plagg avait décidé que le moment de sortir de sa cachette était enfin venu.

– Pouah ! On étouffe là-dedans, se plaignit Plagg. Vous n'auriez pas pu faire encore plus long, vous deux ! J'ai cru que j'allais mourir.

– Tu n'as pas l'impression d'exagérer un petit peu, lui fit désespérément remarquer Adrien.

Tikki, qui était cachée dans le lit en hauteur depuis l'arrivée d'Alya, se montra alors.

– Tu as au moins entendu quelque chose de drôle, Plagg, dit-elle.

– Ce n'est pas une raison pour me faire poireauter inutilement. Je vaux mieux que ça !

L'esprit de Marinette se réactiva, se disant que le petit caprice du kwami était un bon prétexte pour la dérider et détendre l'atmosphère. Tous les moyens étaient bons pour faire oublier à Adrien cette vision d'horreur...

– Ne t'en fais pas, Plagg. Moi, j'ai pensé à toi.

La jeune fille partit vers son bureau et attrapa une assiette qu'elle avait au préalable déposer au sommet d'une pile de livres de cours. Les yeux de Plagg s'illuminèrent dès lors qu'il aperçut que l'assiette en question était remplie de fromage.

– Oh ! Je le reconnais rien qu'à l'odeur. C'est un brie de Melun !

– Oui, et il est rien que pour toi.

Sans même demander la permission, le kwami vint se saisir de l'assiette et s'installa sur le bureau de Marinette afin de déguster son met des plus délicats. Il fut rapidement rejoint par Tikki qu'il n'écoutait guère malgré ses remontrances.

– J'ai dû faire croire à Alya que c'était une vieille tradition chinoise de laisser du fromage à l'air libre quand on voulait réussir un projet, avoua Marinette en se rapprochant l'air penaude de son amoureux.

– Une idée originale, mais j'ai peur qu'elle t'ait juste prise pour adoratrice de fromage.

Elle rit de sa remarque, officialisant ainsi le début de leur après-midi en tête à tête.

Adrien put enfin tendre la boite de cookies à Marinette. Quand celle-ci effleura les mains du garçon, elle fut presque gelée sur place tant ses doigts étaient froids.

– Mais tes mains sont gelés !

– Disons qu'il n'y a pas un grand soleil dehors. Il y a quoi fouetter un chat.

Elle voulut vérifier cela et se saisit délicatement du visage d'Adrien. Ses joues étaient aussi froides que ses mains.

– Je te propose qu'on aille se chercher un bon chocolat chaud avant de faire quoique ce soit. Il faut à tout prix te réchauffer !

– Merci, ça me ferait très plaisir. Toi par contre, tu es bouillante. Comment tu as fait ? interrogea Adrien en faisant allusion au t-shirt de sport que portait Marinette.

– C'est normal, on n'a pas arrêté avec Alya. Pendant deux heures !

– Je crois que tu n'as jamais fait autant de sport aussi longtemps et en une seule fois, la charria-t-il en commençant à retirer son manteau.

– Si on ne compte pas la partie « sauver Paris », je suis entièrement d'accord avec toi.

Dès qu'Adrien eut fini d'enlever ses affaires pour les déposer sur le dossier de la chaise de bureau, il se retourna aussitôt vers Marinette et put enfin faire ce qu'il attendait depuis trop longtemps : la prendre dans ses bras et l'embrasser. Il l'avait prise de cours, mais la surprise de Marinette s'envola bien vite. Les lèvres de son chaton étaient aussi froides pour ne pas changer. Elle se mit alors en tête de tout faire pour leur redonner un peu de leur chaleur naturelle. D'elle-même, elle approfondit leur échange, totalement inconsciente de la bataille qui était en train de se dérouler au même instant entre les pulsions d'Adrien et sa raison. La pression de ses lèvres chaudes contre les siennes, désormais tièdes, ne faisait qu'accroître son conflit intérieur. Il était plus qu'évident qu'il n'était pas resté indifférent au spectacle qu'elle lui avait involontairement livré plus tôt. Alors même que elle trouvait cela ridicule et en mourrait de honte, lui s'était concentré sur la vision qu'il avait d'elle, de son corps qui se mouvait au rythme de la musique... L'espace d'un instant, il avait béni Alya pour avoir imposé cette chanson. Sans cela, il n'aurait jamais su que Marinette pouvait bouger ainsi... Et par dessus tout, qu'il serait aussi envoûté. Il l'était déjà tout naturellement, mais il semblerait que le moindre geste, la moindre parole de sa compagne produisait un électrochoc en lui. Combien de temps pourrait-il tenir ainsi, alors même qu'un simple baiser pouvait le mettre dans un tel état...

La raison d'Adrien prit finalement tant bien que mal l'avantage. Il interrompit leur baiser, qui objectivement n'avait duré que quelques secondes, et adressa un tendre sourire à Marinette. Sourire qu'elle lui rendit au centuple.

– Bon, on va le chercher ce chocolat ? le pressa-t-elle.


Finalement, le reste de l'après-midi s'était déroulé de manière on ne peut plus normale. Durant près d'une heure, Marinette avait humilié Adrien à Ultimate Mega Strick IV, tandis que ce dernier luttait désespérément pour ne pas voir sa barre de vie réduite à néant. Mais rien n'y faisait : elle gagnait à chaque fois. Un jour, s'était-il juré, il réussirait à la battre ! Peut-être devra-t-il pour cela la distraire, voire même demander des conseils au père de la jeune fille (qui lui avait, semble-t-il,tout appris sur les jeux vidéos). Tous les moyens étaient bon pour éviter le Game Over.

L'assiette de cookies n'avait pas fait long feu, la moitié ayant été engloutie par Plagg, son morceau de fromage n'ayant pas complètement satisfait son estomac. Mais les reproches de Tikki et du jeune couple n'étaient pas parvenus à ses oreilles. Ils s'étaient alors contentés de la moitié restante.

Après cette enfilade de défaites cuisantes, Marinette avait tout simplement redonné le sourire à Adrien en lui montrant la dernière vidéo qui tournait sur les réseaux sociaux – celle d'une poule en train de chanter et danser le French Cancan. L'effet avait été immédiat et Adrien en avait presque oublié son humiliation. Depuis, ils s'étaient tous les deux installés sur le canapé avec la tablette et parcourait les dernières vidéos, toujours dans l'optique de rire ensemble.

Pendant cette longue période, Adrien avait pu ranger dans les tréfonds de son esprit les pensées qui l'avaient habité quelques heures plus tôt. Ainsi, il pouvait passer un excellent moment avec Marinette, sans arrières-pensées qui l'auraient empêché de pleinement profiter de ces instants. Et même si le moindre petit baiser était une torture en soi, il avait accepté son sort et résistait tant bien que mal.

Pour autant, plus le temps avançait, plus les vidéos humoristiques défilaient, et plus la position que le couple avait adopté évoluait vers quelque chose de plus... rapproché ? En effet, à l'origine simplement assis sur le canapé, Adrien avait fini par poser sa tête sur l'épaule de Marinette. Par la suite, prétextant avoir un coup de fatigue, Marinette s'était à demi-allongée – toujours quelque peu redressé grâce aux coussins – tandis que son amoureux se contentait de se pencher au-dessus de la tablette. Et puis, enfin, Adrien s'était lui aussi allongé... ni plus ni moins que sur sa chère et tendre. Cette dernière avait été complètement surprise par ce geste des plus inattendus. Elle s'était tout de suite tendue. Adrien, sentant ceci, lui avait demandé si cela la dérangeait. Alors que son cerveau lui criait « Oui », son cœur avait laissé échapper un « Non ». Marinette avait alors détourné le regard, certaine qu'il ne la verrait pas étant donné leur position, et avait poussé un soupire silencieux. C'était à son tour de connaître une douce torture...

La tête d'Adrien reposait au creux de l'épaule de Marinette, le regard rivé sur la tablette que celle-ci tenait à bout de bras. Son main avait naturellement trouvé sa place sur le ventre de sa compagne, mais il faisait tout pour que celle-ci demeure statique. Il n'était pas aussi idiot ; il avait compris que Marinette n'était pas à l'aise ainsi. La tension qui émanait de son corps était tout à fait perceptible. Alors, afin de préserver cette bonne ambiance, il se retenait de faire le moindre geste. Dans de telles circonstances, le moindre mouvement pouvait avoir l'effet d'une bombe.

Et pourtant, le jeune homme souhaitait se redresser et s'éloigner de ce canapé. Ce n'était même pas lui qui avait voulu se mettre dans une telle position ; son instinct et son envie avaient agi sans lui demander son avis. Or, d'après lui, cela ne rendait la situation que plus critique. Il avait l'impression d'être un funambule sur son fil : au moindre faux pas, il tombera, et aucun tapis n'amortira sa chute.

Il concentrait son regard sur la tablette afin d'avoir un repère. Il n'osait même pas lever les yeux vers sa compagne. Si cela était le cas, tout basculerait, et il ne le voulait pas. Surtout pas.

Cependant, Adrien mit quelques instants à remarquer que Marinette n'avait pas lancé de nouvelle vidéo.

Il est vrai que cela faisait plusieurs minutes que Marinette cliquait au hasard, histoire d'avoir quelque chose à regarder. Autre chose que Adrien. Si on lui avait dit il y a un an que, un jour, elle ne voudrait plus du tout croiser le regard d'Adrien, elle n'y aurait pas cru. Mais voilà bien longtemps qu'elle essayait de calmer le rythme croissant qu'avait adopté son cœur depuis que son corps et celui d'Adrien étaient entrés en contact. Malgré tous ses efforts, son attention était tournée vers cette proximité, qu'elle savait nocive pour sa santé mentale. À la fois emplie d'une sensation de bien-être et d'un sentiment de malaise, Marinette ne savait pas sur quel pied danser, vers quel sens orienter ses pensées. Devait-elle apprécier ce rapprochement, ou le trouver étrange ? Après tout, malgré leurs nombreuses étreintes – et même après une nuit ensemble – elle n'avait pas le souvenir d'une telle proximité entre elle et son amoureux. Et cette sensation la ravissait autant qu'elle la terrifiait.

Ayant fini par trouver ce moment plus gênant qu'il ne l'était déjà, Adrien se redressa quelque peu afin d'étudier le comportement de sa compagne. Il aurait mieux fallu qu'il attende sans rien dire, car le regard perdu qu'affichait Marinette n'arrangeait pas ses affaires. Pourquoi était-elle toujours aussi adorable, même quand elle ressemblait à une petite fille perdue ?

Marinette sentit son cœur faire un nouveau bond. Elle ne savait quoi répondre à Adrien qui l'interrogeait du regard. Elle l'entendit l'appeler deux fois tout doucement, mais elle restait muette. Après tout, qu'est-ce qui n'allait pas ? Tout allait parfaitement entre eux, et pour le mieux. Pourquoi toujours compliquer les choses... Le cerveau de Marinette tournait à mille à l'heure, mais il rendit les armes quand elle sentit la main de son compagnon délicatement caresser sa joue. Marinette demeurait bouche-bée depuis un moment déjà. Elle devait agir, mais les appels lancés à son corps étaient sans réponse. Son corps ne lui obéissait plus. Elle allait complètement la réaliser.

Adrien essayait en vain de lui faire dire quelque chose, sans qu'il n'obtienne satisfaction. Pourquoi était-elle ainsi, cela ne faisait que lui rappeler son propre état second. Il devait à tout prix se contenir. Était-ce à cause de lui qu'elle était incapable de dire le moindre mot, qu'elle semblait si peu... elle-même ? Le dilemme intérieur du jeune homme réapparut de manière bien plus intense. Tiraillé entre son souhait de faire revenir à la normale Marinette, et ses pensées désireuses qui grandissaient. Car, pour ne rien arranger les choses, ce visage perdu qu'affichait Marinette ne la rendait que plus désirable... Au plus grand désespoir d'Adrien.

Il y eut un moment où lutter devenait inutile. Il se laissa complètement submergé par l'amour qu'il lui portait et vint l'embrasser. Ce baiser sonna comme un signal chez Marinette. Mais pas un signal qui aurait eu pour finalité de la réveiller. Non, ce baiser, ce signal, sonnait le glas de son état de transe. Enfin, elle réagit, en répondant à l'élan de son amoureux. Chose qu'Adrien aurait dû suspecter, mais il n'en fit aucunement attention. Cela attendra...

Ce baiser devenait presque trop intense pour qu'ils puissent le supporter. Toute résistance semblait vaine tandis que leurs corps prenaient le contrôle sur leurs esprits. Dans son élan, et sans pour autant se séparer d'elle, Adrien les avait redressé en passant ses bras autour du corps de Marinette. Il la serrait si fort qu'un soupire s'échappa de la bouche de son partenaire. De nombreux gémissements ponctuaient le tout tandis que leur baiser s'intensifiait.

Marinette passa une main dans le dos d'Adrien et une autre dans ses cheveux, toujours dans l'optique de l'attirer encore plus à elle. Elle s'accrochait à lui comme si sa vie en dépendait. Et sur l'instant, c'était bien le cas. Son état second était totalement dépendant des lèvres d'Adrien. A son plus grand désarroi, celles-ci quittèrent les siennes, mais elle sentit très vite un chemin de douceur et de picotements se tracer dans son cou. Finalement, ce n'était pas si mal. Elle s'abandonna complètement aux baisers déposés par Adrien. Ceci ne faisait que renforcer la satisfaction du jeune homme, lequel constatait l'effet qu'il arrivait à produire chez elle. Ceci le faisait davantage perdre pied.

Si seulement cela pouvait durer indéfiniment...

Un frisson parcourut le corps de Marinette quand elle sentit les doigts d'Adrien se poser en bas de son dos. Avec tout cela, son haut s'était quelque peu relevé, et un espace de peau, autant petit soit-il, était un point sensible à explorer. Adrien resserra alors sa prise sur la taille de Marinette. En réponse, cette dernière agrippa son visage et l'embrassa à pleine bouche. C'en était trop pour son cœur et pour son corps. Sa consciente était à des kilomètres ; seuls ses instincts prenaient possession d'elle. Instincts qui lui criaient de se retrouver peau à peau avec Adrien... Elle ignorait où cela l'amenait, mais son envie lui criait de sentir la chaleur d'Adrien contre son propre corps. Une pensée assez simple finalement...

Pensée bien évidemment partagée par son partenaire qui commença à faire glisser ses doigts dans le dos de Marinette, sous son t-shirt. Ce simple geste amplifiait leur désir respectif sans qu'ils ne puissent rien y faire. Ce n'est plus juste une passion dévorante. Elle se mouvait en un véritable feu, auquel ils mouraient tous les deux d'envie de s'y brûler.

Hélas, comme tout feu, une flamme avait suffi pour le déclencher, mais une énorme douche froide avait suffi pour l'éteindre.

En ce cas présent, la douche froide avait pris l'apparence d'une sonnerie de portable.

Celle-ci avait brusquement interrompu Marinette et Adrien, qui s'étaient alors figés. Ni l'un ni l'autre n'osait bouger, ou croiser le regard de l'autre. Il leur fallut quelques secondes pour redescendre sur la terre ferme, reprendre leurs souffles et leurs esprits. Quand cela fut à peu près le cas, Adrien comprit que son portable était la cause de leurs soucis. Visiblement à cran, il se leva brusquement et partit répondre à l'autre bout de la chambre.

Pendant ce temps, Marinette avait tenté de remettre ses pensées dans le bon ordre. Dans un premier temps, elle remit en place ses vêtements froissés. Puis, instinctivement, elle joua avec ses cheveux. Même si ils étaient attachés, cela lui était suffisant et nécessaire. Elle sentit son corps se vider de toute énergie, tandis que son cerveau refaisait son entrée dans le jeu. Et quelle entrée quand la seule pensée cohérente qui traversait son esprit était : « Qu'est-ce qui m'arrive ? Qu'est-ce qui m'arrive ? Qu'est-ce qui m'arrive ? » Peu à peu, et alors qu'Adrien était toujours au téléphone et mécontent, la panique envahit la jeune fille. Même si elle avait de nouveau le contrôle sur son corps, ce n'était pas le cas de son cœur, qui battait toujours à un rythme effréné.

Marinette dut cependant mettre ses interrogations de côté quand elle aperçut Adrien revenir vers elle, et s'asseoir à ses côtés. Elle l'imita, tout en prenant soin d'éviter son regard.

– C'était Nathalie, articula Adrien après plusieurs secondes de silence. Mon garde du corps ne va pas tarder.

Interloquée, Marinette jeta par réflexe un coup d'œil à sa fenêtre. Elle constata alors qu'il faisait déjà nuit, et que les flocons continuaient de tomber... comme il y a plusieurs heures.

Le silence était plus que palpable. Adrien se mordait la langue, ayant peur des mots qu'il pourrait prononcer, alors que Marinette était tout simplement et toujours aussi confuse. A peu de choses près, et cela serait comme si les deux adolescents étaient de parfaits inconnus. A croire que c'était ainsi qu'ils se sentaient après cet échange mouvementé. Des inconnus face à l'autre, mais aussi face à eux-mêmes.

Aucun mot ne raisonna dans la chambre de la jeune fille jusqu'à ce que Adrien reçoive un message de son chauffeur, le prévenant qu'il l'attendait en bas. Peut-être bien dix minutes s'étaient écoulées sans que ni Adrien, ni Marinette ne se regardent ou s'adressent la parole. Ils étaient juste restés assis sur le canapé à regarder le sol. Même Tikki et Plagg – qui s'étaient isolés depuis un moment – ne souhaitaient pas les brusquer.

Ce fut dans cette même ambiance qu'Adrien se prépara à partir. Silencieusement, Marinette le raccompagna jusqu'à la porte de son appartement. Par chance, ses parents se trouvaient en bas à la boulangerie. Ainsi, elle n'aurait pas à affronter leurs interrogations sur son état plus que douteux. Du moins, pas tout de suite.

Adrien ne savait pas comment agir pour ces au revoir. Tout semblait si différent alors que quelques heures plus tôt à peine, tout semblait à peu près normal. Il se tenait sur le pas de la porte qu'il venait d'ouvrir.

– A demain, Marinette, réussit-il à dire.

Il s'approcha de son amoureuse, toujours aussi perdue dans ses pensées. Mais au lieu de l'embrasser sur les lèvres comme cela était son intention initiale (et leur habitude), il se ravisa au dernier moment et, à la place, déposa un long et délicat baiser sur sa joue.

Ce geste surprit Marinette bien plus qu'il ne aurait dû l'être. Un nouvel électrochoc la parcourut. Une nouvelle interrogation quant à ce changement... Elle écarquilla les yeux, et observa Adrien qui amorça sa sortie de l'appartement. Elle s'approcha du pas de la porte, et le vit dans le couloir, prêt à descendre les escaliers.

Alors, dans un dernier élan, son cœur put prononcer ses premiers mots depuis plusieurs minutes :

– Je t'aime.

Combien de fois le lui avait-elle dit depuis qu'ils étaient ensemble. Des centaines de fois. Mais aujourd'hui, cette déclaration avait un goût particulier, elle le sentait.

Quelque peu soulagé d'enfin l'entendre parler, Adrien s'arrêta quelques secondes pour lui sourire et lui répondre sur le même ton. Sourire qui recommençait à se dessiner sur le visage de Marinette, avant qu'Adrien ne disparaisse de son champ de vision.

Quand elle ferma tout doucement la porte, Marinette se laissa glisser contre celle-ci en soufflant longuement. Prête à se retourner la tête avec mille et une questions.


– Adrien, est-ce que vous allez bien ?

– Oh... Euh... Oui, Nathalie. Tout va très bien.

– Vous n'avez pourtant pas touché à votre repas.

– Je n'ai pas très faim. Je suis désolé... Je vais monter dans ma chambre.

Le jeune garçon s'était exprimé de manière neutre et quelque peu nonchalante vis-à-vis de l'assistante de son père. Il est vrai que, depuis qu'il était rentré chez lui – même depuis qu'il avait emprunté les escaliers dans la boulangerie – il était complètement perdu, sans cesse à s'interroger sur le pourquoi du comment il n'arrivait pas à chasser ces pensées de sa tête. Si bien que, alors qu'on l'avait appelé pour dîner, seul, il n'avait aucunement touché à son assiette, totalement concentré à fixer le vide.

Quand il se leva, il adressa un sourire d'excuse à Nathalie pour cet « incident » (il se doutait bien qu'elle rapporterait l'événement anodin à Gabriel Agreste, et que ce dernier en ferait toute une histoire le lendemain). Mais avant de quitter la salle à manger, il prit soin de tout de même emporter le plateau de fromages avec lui. Dans le cas contraire, Plagg lui en aurait voulu pour la soirée entière. Et ce soir, il avait besoin de calme. Il avait besoin de se retrouver en phase avec lui-même.

Dans les escaliers, il pria de toutes ses forces pour qu'un akuma ne vienne pas troubler sa nuit. Certes, il n'avait pas les idées suffisamment claires pour affronter un super-vilain. Mais par-dessus tout, il n'était pas prêt à faire de nouveau face à Marinette. Épreuve qu'il devra pourtant affronter le lendemain au lycée.

Dès qu'Adrien entra dans sa chambre, il eut à peine de le temps de faire signe à son kwami que ce dernier s'était aussitôt emparé du plateau, objet de ses convoitises. Il était par ailleurs déjà en train de se goinfrer sur le lit de son partenaire.

– Une tomme de Savoie ! Merci au cuisinier d'avoir pensé à moi ! s'exclama Plagg.

– Je ne pense pas qu'il se souciait de toi en préparant le repas.

Adrien estima inutile de préciser qu'il n'avait aucune idée du goût dudit repas.

Machinalement, il commença à faire les cent pas dans sa chambre, tout en admirant la ville depuis son immense baie vitrée. Sa chambre était plongée dans des tonalités bleutées en raison de la faible luminosité extérieure. Qu'importe, il devait tout faire pour trouver le sommeil cette nuit puisqu'un shooting photo spécial hiver l'attendait après les cours le jour suivant.

Et pourtant, ce travail était loin d'être le centre de ses préoccupations actuelles.

– Encore dans tes pensées, gamin ? demanda nonchalamment Plagg après avoir englouti un dernier morceau, ce qui fit sursauter son porteur.

– Plagg, le jour où j'aurais envie de discuter de ça avec toi... Et bien je ne t'en parlerai même pas ! lâcha-t-il exaspéré, en s'appuyant contre la vitre.

– Hum, tu sais, après des milliers d'années d'existence, je pense avoir accumulé quelques connaissances sur les émotions humaines, se vanta le kwami.

– Aussi étendues que soient tes connaissances, je ne veux pas les entendre... S'il te plaît Plagg, je veux seulement – pour une fois – essayer de passer une soirée sans me prendre la tête.

– Et bien, crois-moi quand je te dis que, sur ce point, tu es mal parti, mon grand.

Adrien s'en voulut quelques instants de lui avoir mal répondu, après tout ce n'était pas de sa faute... Rien du tout.

En signe de contestation, Plagg alla se réfugier dans le placard où Adrien cachait sa réserve de camemberts. Maintenant qu'il n'avait plus personne avec qui discuter, il essaya de trouver une occupation. Tout était bon à apprendre pour occuper son esprit et éviter de penser à Marinette... A ses baisers... A ses caresses... A cette chaleur...

Oui ! Tout était bon pour ne plus y penser ! Le seul moyen que trouva Adrien pour s'échapper fut de poursuivre la lecture du recueil de poèmes pour le cours de français du lendemain. Du Rimbaud. Cela devrait lui parler... Cependant, après avoir lu trois poèmes, Adrien dut reconnaître l'inefficacité de cette technique. Il était si exacerbé qu'il en avait presque jeté le livre sur son bureau. Sous l'effet du choc, les écrans de ses nombreux ordinateurs s'allumèrent. L'un d'eux avait pour fond une photo de sa mère. Sur l'écran du second s'affichait un collage de photos où il était entouré de tous ses amis. Et sur le dernier, une photo de Marinette et lui, une photo qu'ils avaient prise chez elle, il y a plus d'un mois, le soir de Noël...

Cela était tout bonnement insupportable. Il devait forcer son esprit à occulter leur rapprochement de l'après-midi, ou il deviendrait tout simplement fou. Déjà qu'il pensait l'être en la désirant, cette fois-ci, cela pourrait bien être la goutte d'eau qui ferait tout déborder.

Après s'être pris la tête durant plusieurs minutes, Adrien décida que le mieux qu'il pouvait faire pour le moment était d'aller dormir. Il prévint Plagg, et celui-ci ne se fit pas prier pour rejoindre l'oreiller de son porteur. Adrien ne prit même pas la peine de se changer ; il se glissa directement dans les chaudes couvertures qui étaient les bienvenues par ce froid. Cependant, il ne pouvait pas aller dormir sans au moins lui envoyer un message... Alors, après un silence de plusieurs heures d'un côté comme de l'autre, Adrien le brisa enfin en envoyant à Marinette, à presque 23 heures, un simple « Bonne nuit »... La réponse de cette dernière ne fut pas très longue. Seulement après, Adrien put éteindre la lumière plus sereinement et fermer les yeux, espérant rapidement trouver le sommeil.


Adrien fut brusquement réveillé par un infime son. En règle générale, il avait plutôt le sommeil lourd et même un camion citerne ne pouvait pas le réveiller. Mais cette fois, c'était différent. Son instinct l'avait réveillé alors qu'il savait pertinemment être en grand besoin de sommeil. Pour autant, son esprit était embrumé ; il percevait à peine la forme des différents meubles, malgré la faible lumière émanant de la Lune haute dans le ciel.

Une fois que ses yeux furent quelque peu habitués à cette quasi pénombre, Adrien remarqua avec effroi qu'une silhouette se tenait à l'autre bout de sa chambre, près du canapé.

– Qui est là ?! hurla-t-il par réflexe. Sortez d'ici !

Du coin de l'œil, il chercha Plagg mais ne le trouva pas. Génial, le voici privé de son unique porte de sortie (radicale, certes) si cette mystérieuse personne était venue s'en prendre à lui. La panique le gagna quand il vit l'ombre se déplacer.

– Partez, je vous ai dit ! répéta-t-il en s'extirpant des couvertures.

– Tu veux vraiment que je parte, chaton ?

En un instant, le garçon s'était figée. Son cerveau tournait à mille à l'heure quand il comprit à qui il avait à faire. Les quelques reflets de lumière arrivant sur le corps de la jeune fille ne firent que confirmer les dernières parts de doutes qui sommeillaient en lui.

Face à lui, se trouvait ni plus ni moins que Ladybug.

– Mais qu'est-ce que tu fais ici, bon sang ! (Oui, et lui-même se le reprocha, c'était la première chose qui lui venait à l'esprit.) Tu m'as fait peur ! Ne me refais jamais ça.

– Ce que je fais ici ? Je n'ai pas le droit de rendre visite à mon chaton en pleine nuit ?

Le ton que son amoureuse avait employé ne rassurait guère Adrien. Sa voix... Elle était tellement sensuelle, tellement sûre d'elle... Tout le contraire de ce qu'était sa petite-amie en temps normal ! Quelque chose clochait. Adrien en était persuadé. Ses soupçons prirent plus d'épaisseur quand il vit Ladybug s'avancer vers lui, un pas devant l'autre... Mais très lentement.

– Tu es pourtant bien venu chez moi la nuit de Noël, lui rappela-t-elle toujours sur le même ton.

Elle était maintenant à sa hauteur.

– C'était différent. Tu m'avais invité, je te rappelle ! … J'ai juste changé l'horaire, essaya-t-il de se défendre, mal à l'aise face à l'air assuré de Ladybug.

– Tu ne vas pas me faire croire que c'est pour mes beaux yeux que tu es venu.

– Bien sûr, et pour quoi d'autre je serais venu sinon.

– Oh, je ne sais pas... Peut-être avais-tu quelques idées en tête...

L'espace d'un instant, Adrien se sentit comme mis à nu face à l'élue de son cœur. Comment avait-elle pu deviner quoique que ce soit. Il la savait si innocente et peu encline à décoder les phrases à double sens... Mise à part les événements du jour, rien n'aurait pu le trahir.

Quand Ladybug posa une main sur son torse, un frisson le parcourut. Un frisson glacial.

– Et si je te faisais part de mes idées, lui susurra-t-elle à l'oreille.

– Non... lâcha-t-il dans un soupir, essayant de ne pas trop penser à cette voix qui, il devait le reconnaître, faisait des ravages sur son faible esprit.

– Pourquoi ça ? poursuivit-elle en déplaçant sa main vers le cou d'Adrien.

– Parce que... Non !

– Tu es à court d'argument, mon chaton. Je t'ai pourtant connu plus bavard.

Alors qu'il allait de nouveau protester, Ladybug l'en empêcha en l'embrassant. Les yeux d'Adrien s'écarquillèrent de surprise quand il se rendit – enfin – compte à quel point sa Lady était entreprenante.

– Arrête ! réussit-il à articuler en la repoussant. Ce n'est pas un jeu !

– Si, c'est un jeu... Et j'ai envie de jouer.

La voix suave de Ladybug se mourut quand elle l'embrassa de nouveau. Mais cette fois-ci, Adrien ne put résister. Elle y mettait tant de force qu'elle avait réussi à le faire tomber sur son lit. Quand elle le rejoignit, collant son corps à celui de son partenaire de toujours, le piège était en train de se refermer sur Adrien. Ce dernier essayait à nouveau de la repousser, mais privé de ses forces, il dut attendre qu'elle cesse de l'embrasser.

– Je ne te plais pas, c'est ça ? Je te dégoûte ? demanda-t-elle en faisant la moue, mais tout en conservant le ton qu'elle employait depuis le début.

– Non, non ! Bien sûr que non ! répondit Adrien.

– Alors, pourquoi tu n'as pas envie de moi ?

Cette question... Il s'était attendu à tout, sauf à ça ! La confusion et la panique gagnèrent complètement l'esprit d'Adrien, car il répondit :

– Si ! Enfin, je veux dire... Non ! Enfin, si ! Bien sûr que... C'est juste que...

Les yeux brillants de sa Lady le fixèrent, et cela ne l'aidait pas à se concentrer. Elle se rapprocha de lui davantage, si bien qu'il put sentir son souffle chaud sur son visage.

– Je ne veux pas que ça se passe ainsi, avoua-t-il avant d'enchaîner rapidement. Je te respecte trop pour ça. Je ne veux pas que ça arrive dans ses conditions. Je préférerais même qu'on en discute ! Je ne veux pas te forcer, ou je serai un monstre. Et puis, je ne sais même pas ce que toi tu veux. Ce que tu en penses. Et puis-

– Tu parles trop, ria Ladybug avant de plonger vers son amoureux pour l'embrasser.

Étrangement, Adrien accepta plus volontiers ce baiser, maintenant qu'il lui avait avoué une partie de son fardeau.

– Laisse-toi faire. Je m'occupe de toi. Je m'occupe de tout, chuchota-elle.

L'énième contestation d'Adrien disparut quand Ladybug se mit soudainement à déplacer ses lèvres dans le cou du jeune garçon. Alors que son cerveau lui criait d'à nouveau crier « Non », ce simple son ne passa pas la barrière de ses lèvres. Car, il devait le reconnaître, ceci était tout bonnement l'une des sensations les plus agréables qu'il ait connu. Mais il savait que c'était mal. A nouveau, il ne voulait que cela se déroule ainsi... Pas comme ça.

Cependant, alors qu'Adrien luttait mentalement pour ne pas succomber aux avances de sa Lady, son corps ne semblait pas de cet avis. Il était impossible de nier l'effet des baisers et caresses de Ladybug. Cet effet était bien important que ce qu'il aurait pensé. Le corps d'Adrien se laissait totalement faire et se fit envahir par un désir des plus profonds, tandis que son esprit continuait de lutter... En vain. Il se laissa submerger par cette douce sensation.

Ladybug continuait de parsemer le cou d'Adrien de baisers. Dans le même temps, l'une de ses mains se fraya un chemin sous son t-shirt, à la recherche de la moindre parcelle de peau à explorer. Chose extraordinaire, elle réussit à le lui enlever, mais revint aussitôt le plaquer sur le lit, à sa merci, dans l'impossibilité de bouger. Alors Ladybug recommença son jeu, et déposa plusieurs baisers volages sur la peau d'Adrien.

La respiration du garçon s'accéléra de plus en plus, de même que le rythme de son cœur. La sensation était encore meilleure que ce qu'il avait imaginé. Mais alors que sa raison semblait avoir été envoyée à l'autre bout du pays, elle fit une brusque réapparition quand il sentit les mains de Ladybug au niveau de son pantalon. Puis il entendit le bouton qui céda.

Cela en était trop. Il devait reprendre le contrôle, tout arrêter avant de cela n'aille trop loin.

– Non, ma Lady ! Arrête ça ! Maintenant !

– Mais ça a pourtant l'air de te plaire, murmura-t-elle avant de déposer un long baiser sur ses lèvres.

– Je suis sérieux !

– Mais, moi aussi...

Malgré les supplications de son amoureux, Ladybug ne l'écouta pas. Elle reprit son numéro de caresses et de baisers mouillés, parcourant ainsi le torse d'Adrien. Ce dernier était bien plus conscient que précédemment. A nouveau, il ordonna à la jeune héroïne d'arrêter tout de suite ses actions. Elle ne fit rien dans ce sens. Adrien était paralysé ; il n'avait aucune échappatoire, à part ses nombreuses protestations. Il priait pour que Ladybug reprenne conscience et cesse tout cela.

Mais, quand Ladybug réussit à baisser, non seulement son pantalon, mais également son boxer, Adrien retrouva tous ses esprits.

Alors il fit la seule chose dont il était capable. Il cria.

– Non !

Cet appel long et strident était sorti de sa gorge sans crier gare. Il avait espéré que cela ramènerait Ladybug à la raison.

Force est de constater que, d'une certaine manière, cela avait fonctionné...

Mais pas comme il l'aurait imaginé.

Adrien avait réussi à se redresser... Mais il ne se trouvait plus à la même place. Il était près de ses oreillers, et non plus sur le rebord du lit. En passant les mains sur son corps, il fut soulagé de constater la présence de tous ses vêtements. Il tourna la tête et aperçut dans la pénombre Plagg qui dormait comme une pierre. Enfin, un rapide coup d'œil, balayant sa chambre, lui fit comprendre qu'il était seul.

Comme cela avait visiblement toujours été le cas.

Après avoir cligné des yeux plusieurs fois et s'être pris la tête entre les mains, la respiration d'Adrien retrouva un rythme décent. Rien de tout cela n'était réel. Ceci était le fruit de son cerveau dérangé. Comment avait-il pu imaginer sa Lady, Marinette, dans une telle situation... Bien que rassuré de savoir que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve, Adrien voulait être sûr et certain qu'il s'agissait d'une hallucination.

– Plagg ? Plagg ? appela-t-il plusieurs fois en secouant quelque peu son kwami.

Après quelques « mhmm » de protestation, Plagg ouvrit les yeux et lança un regard mauvais à Adrien.

– Adrien, on ne t'a jamais appris que c'est mal poli de-

Plagg s'était aussitôt interrompu en voyant la mine déconfite de son porteur.

– Tout va bien ?

– Oui, je...

Que pouvait-il bien dire, après tout ?

– Juste un mauvais rêve, finit-il par répondre.

– Bon alors ça va... Mais que voulais-tu alors ?

La pensée d'Adrien le choqua lui-même avant qu'il n'en fasse part à son ami.

– Plagg, je n'arrive pas à croire que je vais te demander ça...

Adrien installa un suspense – volontaire ou non – qui agaça Plagg.

– Mais est-ce que tu pourrais me donner un morceau de fromage. Le plus puant que tu possèdes.

– Comme si c'était fait !

Il ne fallut pas plus de cinq secondes à Plagg pour revenir de sa réserve avec un morceau de camembert dont l'odeur infecte réveillerait même les morts.

– Ma plus belle trouvaille, admit-il fièrement... Mais pourquoi tu en as besoin ?

– Je dois être sûr d'avoir rêvé... et d'être bien réveillé.

Dès qu'il se saisit du morceau et put en sentir le parfum, Adrien comprit qu'il était bien de retour à la réalité. L'odeur était si forte qu'il était certain de puer pendant au moins deux jours s'il ne faisait rien. Toutefois, bien trop têtu, il le mangea tout de même... et faillit bien le rejeter tant le goût – plus que l'odeur – était ignoble.

Adrien réussit tant bien que mal à remercier Plagg pour ce geste. Le kwami repartit aussitôt à son sommeil. Adrien se prit à nouveau le visage entre les mains, complètement confus... Comment allait-il pouvoir la regarder demain... ? Quand il pensa au lendemain, Adrien jeta un coup d'œil machinal à son réveil... Il affichait 3 heures 47 précisément... Il serait loin, très loin de trouver le sommeil et de passer une bonne nuit.


– Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

Ce cri... Un cri si fort et si aigu qu'il aurait très bien pu réveiller la moitié de Paris. Qui aurait pu penser qu'une adolescente puisse sortir un tel son enfermé dans son corps frêle et sans défense. Sa respiration était saccadée. Elle sentait son cœur battre à un rythme effréné, bien au-dessus de la normale. Son kwami s'était bien évidemment réveillé à la suite de tout cela. Elle avait beau l'appeler, rien n'y faisait. La jeune fille n'entendait plus rien, bien trop plongée dans ses souvenirs. Mais pouvait-on réellement les appeler « souvenirs » alors que rien n'avait été réel ?

Elle agrippa les pans de sa couverture, serra ses genoux contre elle et y enfouit son visage, tentant en vain de se calmer. Ses yeux s'étaient d'eux-mêmes humidifiés sous l'effet de la panique. Jamais elle ne parviendrait à se rendormir... Pas après ce qu'elle avait imaginé.

– Marinette ? Marinette, tout va bien ?

Elle était si concentrée sur elle-même, sur son corps, qu'elle avait à peine entendu sa mère rentrer précipitamment dans sa chambre. Il en fut de même lorsque, enfin, elle daigna relever la tête. Sabine Cheng était montée dans son lit et s'était rapprochée de sa fille.

– Ma chérie, qu'est-ce que tu as ? se soucia-t-elle en lui prenant la main.

Que pouvait-elle bien lui dire ? Quelle excuse allait-elle devoir raconter cette fois-ci ? Qu'est-ce qui serait suffisamment crédible alors qu'elle était en pleur et tétanisée devant sa mère ?

Rien. Aucune réponse ne parvenait à sortir. C'était le cadet de ses soucis. Elle devait d'abord comprendre pourquoi son esprit lui avait envoyé de tels signaux.

– Tu as fait un cauchemar, c'est ça ?

Voilà sa porte de sortie !

Marinette hocha simplement la tête en signe d'approbation, et de mensonge. Elle passa une main sur son visage pour essayer de calmer ses larmes.

– Ce n'est pas grave, d'accord, tenta Sabine pour la rassurer. Ce n'est que le fruit de ton imagination.

Son imagination ? Vraiment ? Si elle savait...

– Il faut que tu te rendormes. Tu as cours demain... Rassure-moi, tu n'as pas de contrôle, j'espère, demanda-t-elle sur un ton léger, comme pour plaisanter.

Marinette ne fut pas réceptive à cette plaisanterie et se contenta d'un « Non » de la tête. Sabine soupira.

– Bon, il est presque 4 heures du matin. Ton père ne s'est pas réveillé heureusement, il a besoin de dormir... Et toi aussi. Fais ce que tu peux pour aligner quelques heures de sommeil.

Sa mère voyait bien que, vu l'état de sa fille, la moindre parole était inutile. Il valait mieux la laisser seule. Alors, elle l'embrassa une dernière fois avant de repartir vers sa propre chambre, pour rejoindre son époux qui n'avait pas réagi. Sitôt que Sabine quitta la chambre, Tikki sortit de sa cachette et se posa sur l'épaule de sa porteuse, laquelle n'avait pas changé d'état depuis son réveil.

– Ça va aller, Marinette. Si ce n'était qu'un horrible cauchemar, et bien il est parti, et tu peux bien te rendormir... Marinette ? l'appela-t-elle en voyant qu'elle demeurait muette.

Elle avait pu mentir à sa mère. Mais à Tikki, c'était presque impensable, infaisable. Mais comment pouvait-elle lui expliquer ? C'était impossible.

A son kwami, elle lui devait au moins une demi-vérité.

– Ce n'était pas un cauchemar, réussit-elle tant bien que mal à articuler.

– Oh, alors un simple rêve... Alors, pourquoi tu as crié ? s'inquiéta Tikki.

– Rien... Je... Il faut que je dorme.

Alors qu'elle allait de nouveau l'interroger, Tikki se ravisa au dernier moment. Elle ne pouvait pas forcer Marinette à parler si elle n'en avait pas envie. D'autant plus qu'en règle générale, elle lui disait tout...

Marinette se rallongea, tournant le dos à Tikki, et s'emmitoufla comme elle le put dans les draps. Ses yeux se perdirent sur son panneau en liège accroché au mur, sur lequel plusieurs photos figuraient. Alors que son regard passa en long, en large et en travers sur les visages de tous ses camarades, il s'attarda bien évidemment, et bien plus longtemps, sur celui d'Adrien.

Le cœur de la jeune fille se serra. Comment allait-elle pouvoir affronter son regard demain ? Comment oserait-elle le regarder ? Il allait bien remarquer que quelque chose clochait chez elle.

Elle allait devenir folle...

Comment pourra-t-elle retrouver le sommeil, et regarder son amoureux les yeux dans les yeux le lendemain...

Alors qu'elle venait de rêver de Chat Noir en train de lui faire l'amour.


Bien... je sais, je connais le refrain : vous voulez me tuez, vous êtes frustrés XD Et bien écoutez, j'adore faire ça ! Mais comme vous aurez le deviner, vous obtiendrez satisfaction à la fin de cette histoire, d'une manière ou d'une autre.

On se retrouve dans les commentaires et pour la suite très bientôt !