Disclaimer : Bleach est un manga de Tite Kubo, à qui j'emprunte les personnages et l'univers, pour le seul profit de m'amuser et de distraire.
Cette fiction est née pendant les dernières vacances d'été...
Le vocabulaire utilisé, pour les besoins de la fic, peut s'écarter de l'usuel : j'emploierai très souvent des honorifiques de la langue française.
Jacques Paillard, tout comme le général Trouville, est entièrement issu de mon imagination. Son nom de famille provient de l'adjectif paillard (qui aime les plaisirs de la chair et de la vie). Toute ressemblance avec une personne existant ou ayant existé serait purement fortuite.
Le défilé militaire des Arrancars
Prologue
Être un chef mégalomane n'était pas de tout repos.
Roi autoproclamé du Hueco Mundo, et futur empereur de tous les mondes spirituels, Sôsuke Aizen, que ses vassaux, les Arrancars, appelaient avec respect « seigneur Aizen », et que ses ennemis, les Shinigamis, n'appelaient plus qu' « Aizen » tout court, devenait irritable. Non pas qu'il n'avait aucune raison de s'irriter, mais d'ordinaire, sa colère restait maîtrisée et son expression, toujours polie ; seule sa pression spirituelle variait d'intensité.
Or non seulement il arrivait de plus en plus souvent que les serviteurs officiant à Las Noches s'évanouissent par-ci par-là en fumée, désintégrés par l'incandescence des débordements d'énergie spirituelle débridée du maître du royaume, mais surtout, on entendait fréquemment ses éclats de voix impatientée retentirent aux quatre coins du palais.
Ulquiorra Schieffer, son quatrième espada, l'un de ses généraux les plus puissants, et le plus dévoué de ses sujets, s'inquiéta : un roi n'ayant plus le contrôle de ses émotions n'était pas pour lui plaire. Il confia son déplaisir aux deux fidèles lieutenants de son seigneur, anciens Shinigamis comme ce dernier, anciens capitaines des treize armées de la cour royale de la Soul Society.
Le judicieux Kaname Tôsen conseilla une providentielle journée de congé. Le malicieux Gin Ichimaru proposa la toujours très distrayante ville de Paris, et voilà sa majesté Aizen, envoyé pour une journée hors du Hueco Mundo à destination de la célèbre capitale française, avec pour mission de se divertir et de se détendre.
C'était le quatorze juillet.
La surprise fut grande à son retour : le seigneur Aizen revenait accompagné ! Cependant, l'éclat ludique de ses yeux noisettes, la mèche sur son front qui bouclait à nouveau allègrement, la légèreté de ses pas, le port assuré de ses épaules, tout comme son air tranquille, décoré d'un petit sourire, rassurèrent son quatrième espada : la magie parisienne avait opéré et le voyage avait été un succès.
Phase 1 : Méfiez-vous des idées d'Aizen...
Un brouhaha indescriptible régnait dans la grande salle du trône. Une foule s'y était rassemblée, formée des dix espadas et de leurs fraccions, tous au grand complet.
Du haut de son siège royal, le seigneur de ces lieux, Sôsuke Aizen, regardait avec indulgence chacun prendre sa place. Il était de très bonne humeur, et la raison en était la présence d'un petit homme, maigre et au crâne dégarni, qui se tenait, raidi de dignité, à côté de l'estrade.
Si le seigneur Aizen, du haut de son piédestal, affichait un visage impérial et détendu, on ne pouvait en dire autant de son invité. Le pauvre homme jetait de fréquents regards dans la direction du souverain, comme s'il avait peur de même respirer sans son accord. Lorsqu'il ne vérifiait pas la bonne disposition du chef de l'assemblée, il s'évertuait à éviter de regarder les membres de l'assistance.
« Mes amis », commença Aizen lorsque le calme fut revenu, « laissez-moi vous présenter monsieur Jacques Paillard, la personne à qui je viens de confier le poste d'organisateur du premier défilé militaire du Hueco Mundo. »
Les arrancars, déjà stupéfiés par cette annonce, assistèrent à une vision incroyable. L'humain – car il était évident pour tous que c'était un humain – les salua ! Il s'avança d'un pas mal assuré et, les bras le long du corps, raide comme un piquet, se plia en deux à partir du bassin sans oser croiser le regard d'aucun d'entre eux. Sa salutation effectuée, le dénommé Jacques Paillard se redressa sans dire un mot et s'empressa de rejoindre sa place auprès de l'estrade.
« C'est un humain, jeta Barragan dédaigneusement.
— Vous avez raison, Barragan-sama. En plus, il est horriblement laid.
— Si Aizen-sama était si futile qu'il ne s'entourait que d'êtres beaux, tu ne ferais pas partie de son entourage, Charlotte.
— Halibel-sama a raison ! L'humain doit sûrement cacher quelque chose... je crois.
— Bof, il a pas l'air de pouvoir se battre : aucun intérêt si vous voulez mon avis.
— Ton avis n'a jamais intéressé personne, Grimmjow.
— Ulquiorra, enfoiré !
— Hum, je ne sais pas, Grimmjow. Il se tient devant le seigneur Aizen sans broncher et il peut nous voir. Il est certain que son énergie spirituelle n'est pas à dédaigner.
— Pff ! Sans tes instruments t'es même pas capable de mesurer son énergie, Szayel ? Sa puissance n'a rien à voir avec Kurosaki !
— Ahahah, complètement obsédé, ricana Nnoitra.
— Vous êtes sûr qu'on peut pas le manger, seigneur Aizen ? »
Cette dernière assertion alarma grandement Jacques Paillard, qui releva le menton et jeta un regard effrayé sur son auteur. Il le regretta aussitôt et gémit, reculant inconsciemment pour se plaquer le plus près possible du trône. Dans sa panique, il trébucha sur les marches de l'estrade. Aizen tendit un bras salvateur et le sauva de la chute, un sourire condescendant sur le visage.
Deux têtes de morts dansaient devant les yeux de Jacques Paillard, toutes rondes et dentues, enfermées dans un aquarium cylindrique, qui était tout ce qui dépassait du cou de celui qui voulait le manger. L'infortuné homme souhaita n'avoir jamais relevé la tête.
« Aoniero, abstiens-toi ! L'humain est sous la protection d'Aizen-sama », rappela alors à l'ordre Tôsen.
Le seigneur Aizen, d'humeur exceptionnellement clémente, resta un moment à écouter les réactions et critiques de son peuple. Sa main sur l'épaule de Jacques était une présence incroyablement, et contradictoirement, réconfortante. Puis, il fit entendre un rire bon enfant. Lequel rire, pour une raison échappant à la compréhension de Jacques Paillard, lui fit froid dans le dos et ramena le silence parmi les réactions vives de l'assistance à sa nomination.
« Allons, mes enfants, un peu de calme. Est-ce une manière d'accueillir parmi vous un nouveau membre de notre armée ? Je reconnais que ce pauvre Jacques ne paye pas de mine, mais écoutez plutôt comment j'en suis arrivé à l'apprécier... »
Point de mire de toute l'assemblée, le pauvre Jacques souhaita disparaître dans le sol lorsque tant de visages si impossiblement horrifiants qu'il pouvait à peine comprendre ce qu'il voyait maintinrent leur attention sur lui.
« J'avais raison... », ne cessait-il de remâcher, dans un recoin secret de son esprit, zone depuis longtemps refoulée et subitement revenue au premier plan de ses pensées, « J'avais raison... Je n'étais pas fou ! »
Qu'aurait pensé le docteur Philippe, son psychiatre, s'il avait pu être témoin de cette scène tout droit sortie d'un film fantastique ?
« Nous nous sommes rencontrés par hasard sous une providentielle tente de toile où je m'étais abrité du soleil des Terriens. Vous pouvez vous imaginer ma surprise lorsque je l'ai vu venir vers moi et me demander mon nom. Bien sûr, je l'ai informé de mon statut de dirigeant du Hueco Mundo. Il a consulté sa liste. Je n'y étais pas... Ah ah ah ! Le pauvre garçon en était tout retourné. Je l'ai bien vite rassuré en lui précisant que j'étais venu incognito et que je ne dérangerai personne.
— Vous avez menacé de me tuer si je prévenais quiconque de votre présence ! »
Comme si être le point de mire de tant de monstruosités avait définitivement provoqué un court-circuit dans le contrôle que l'humain avait de ses nerfs, ce dernier avait abandonné la discrétion dont il s'était entouré depuis le début de la réunion et s'outrageait ouvertement de la légèreté avec laquelle le seigneur Aizen abordait ce qui pour lui avait été une expérience traumatisante et effrayante. Mais ses pauvres tentatives de rétablissement de la vérité n'atteignirent guère Aizen.
« Détails que tout cela, très cher Jacques. Le fait est, mes amis, qu'il a diligemment fait avancer une chaise pour moi. Ah, ce très cher Jacques... C'est une perle. Nous nous sommes aussitôt entendus à merveille.
— Vous avez exigé que je reste à vos côtés pendant toute la fin du défilé. J'ai dû abandonner monsieur le président et sa femme, ainsi que leurs invités.
— Allons, mon très cher Jacques, restons logique ! Qui d'un étranger à ce monde ou de son chef d'état a le plus besoin d'un guide ?
— Il est vrai, votre excellence, mais...
— Vous voyez, mes amis ? Ce très cher Jacques est un amour.
— Mais vous m'avez kidnappé !
— Détails que tout cela, très cher Jacques... »
La bonne humeur du seigneur Aizen semblait inébranlable alors qu'il continuait le récit de leur rencontre. Et même l'insistance de l'humain à le convaincre de son point de vue n'arrivait pas à altérer son affabilité.
« J'ai eu l'idée de le faire venir chez nous dès que j'ai su qu'il était celui qui avait magistralement orchestré le défilé militaire auquel j'assistais.
— Un défilé militaire ? », s'enquit Barragan.
Il ne fallut rien de plus que l'intérêt du précédent roi autoproclamé des Hollows pour précipiter le seigneur Aizen dans la narration de son séjour parisien, avec une jovialité qui n'avait rien de factice.
« Oui, c'était un spectacle grandiose ! Ah, mes amis, si vous aviez pu voir ces fantassins défiler en rangs bien ordonnés, cette parade somptueuse aux drapeaux chamarrés, ces... chevaux, n'est-ce point ainsi qu'on les nomme, très cher Jacques ?
— Oui, votre excellence.
— … ces chevaux, disais-je, dont les sabots frappaient joyeusement les pierres du chemin...
— L'avenue des Champs-Élysées, votre excellence. La plus...
— Détails que cela, très cher Jacques. Le fait est que ces soldats trottaient fièrement au son rythmé de la fanfare.
— Les cavaliers sont les soldats, votre excellence. Les chevaux ne sont que les animaux qu'ils montent.
— Allons, très cher Jacques, tu ne m'y prendras point. Voudrais-tu me faire croire que le dirigeant de ton pays, l'homme à la tête de cette magnifique armée, s'abaisserait à faire défiler devant lui de vulgaires animaux ? Quel humour, très cher Jacques !
— Mais, votre excellence, cavaliers et chevaux ne sont pas une seule et même personne comme vous semblez le croire !
— Es-tu sérieux ? Quel monde étrange que le tien, très cher Jacques. J'y ai vu et entendu d'extraordinaires choses... Ah, mes amis, si vous aviez pu écouter comme moi le son vivifiant de ces... tambours, n'est-il point, très cher Jacques ?
— Oui, votre excellence.
— … et le claquement retentissant de ces cymbales ! Quel luxe, quel prodigieux spectacle ! Même les instruments de musique étaient fabriqués d'or...
— De cuivre jaune, votre excellence.
— De cuivre jaune, vraiment ? Ah, je ne cesse de m'émerveiller sur le puits sans fond que semble être la source de tes connaissances. Quelle chance ai-je eu d'attirer ainsi ton attention !
— Si je pouvais en dire autant, votre excellence.
— Eh bien, très cher Jacques, j'ose le reconnaître : tu apprendras que je ne suis guère d'une nature bien modeste. Il ne me déplairait point que tu glorifies ma propre intelligence.
— Vous êtes très certainement quelqu'un qui sait parvenir à ses fins, votre excellence.
— Voyez-vous, mes amis, quel adorable être est mon très cher Jacques ? Mais je m'écarte du propos de cette assemblée.
— Et quel est-il, Aizen-sama ? J'ai dû interrompre une expérience des plus délicates que j'aimerais reprendre le plus vite possible.
— J'y viens, mon petit Szayel, j'y viens. Mes amis, si vous aviez pu voir, comme moi, comment certains de ces soldats, vêtus de leurs uniformes aux boutons rutilants, se précipitaient afin de se jeter dans les bras de leurs chefs bien-aimés !
— Ils s'avançaient pour recevoir une décoration, votre excellence, et le général Trouville leur donnait l'accolade en leur remettant leurs médailles.
— Détails que cela, très cher Jacques. L'important est que j'ai tout de suite su ce qui nous permettrait, à tous, de nous unir ; et de vous donner à vous, chers espadas et Arrancars, l'occasion de pouvoir honorer votre chef. »
Dans l'assistance, les visages étaient perplexes et n'arboraient pas, de l'avis de Jacques, l'enthousiasme que son excellence Aizen cherchait à faire naître. Un concert d'exclamations surgit à ses dernières paroles.
« Euh... On va défiler ?
— Pendant combien de temps ?
— Fantassins... Vous voulez-dire, à pied, Aizen-sama ?
— Les filles aussi ?
— C'est quoi des chevaux ?
— Moi, si y a pas à s'battre, j'en ai rien à faire.
— Ça se mange, une médaille, Aizen-sama ?
— Ouaf ! Ouaf !
— Mes enfants, mes enfants... Votre enthousiasme me va droit au cœur. À tout ceci, je n'ai qu'un mot à vous répondre : Jacques. Je compte sur vous tous pour lui apporter votre appui. Je tiens à ce que vous, les Arrancars, ayez vous aussi votre jour de fête. Réjouissez-vous avec moi, mes amis ! »
La bonne humeur du seigneur Aizen faisait plaisir à entendre. Elle était aussi communicative. Même les plus récalcitrants commençaient à se laisser gagner par son enthousiasme.
Au vu de leurs réactions, Jacques Paillard se sentit mieux. Après tout, il ne ferait rien là qu'il n'avait pas déjà fait ailleurs. Seul le pays et sa population changeait. Population étrange et dont il aurait préféré rester ignorant de l'existence, mais si l'on faisait abstraction de leurs physiques bizarres, les habitants de ce royaume fantastique avaient, d'après ce qu'il entendait, les mêmes envies, intérêts et soucis que tout le monde. Il prit la décision de remplir ses fonctions avec zèle, dignité et compétence, et observa, plus assuré qu'au début de ce rassemblement, celui qu'il pouvait considérer comme son nouvel employeur, cet Aizen qui s'amadouait quand on l'appelait "votre excellence" comme n'importe quel haut dignitaire ayant une haute opinion de lui-même. S'il réussissait à le satisfaire, peut-être alors, le relâcherait-il ?
Phase 1 : fin
C'est une publication prématurée, j'en ai bien peur, car j'ai une fic en cours que je voudrais terminer avant de m'engager sur celle-ci.
Mais, avez-vous envie de connaître la suite de cette histoire ?
