Auteur : Kats
Genre : romance
Couples : Vous verrez
Rating : M ou NC-17
Disclaimers : Les personnages et l'univers de Saint-Seiya appartiennent à Masami Kurumada… Heureusement, il nous permet de les lui emprunter et je l'en remercie !
Je vous souhaite une bonne lecture !
Une douce matinée de mars se levait sur le sanctuaire d'Athéna. Un homme s'éveillait au cœur de la troisième maison, les faibles rayons de soleil caressant son visage au seuil du réveil. Il battit des paupières et sourit en réalisant où il se trouvait. Redressant la tête sur son oreiller, il contempla un instant le plafond, heureux. Puis, il s'étira comme un chat, lentement, réveillant un à un ses muscles puissants, tout en s'asseyant sur son lit. Sa longue chevelure bleue profond, presque marine, cascadait sur ses épaules et son dos, malgré le fait qu'elle fut en désordre, elle n'en était pas moins majestueuse. Il se leva enfin, s'enroula dans son drap et se dirigea vers la fenêtre de sa chambre. Kanon soupira d'aise, il était de retour chez lui. Poséidon lui avait accordé une permission illimitée pour visiter son frère et ses amis, récemment ressuscités, tout comme lui. Il était arrivé la veille, assez tard et avait longuement discuté avec Saga, prenant de ses nouvelles et de celles des autres. Tous les chevaliers d'or étaient actuellement au sanctuaire, seuls manquaient cinq chevaliers et Athéna. Saori avait emmené Seiya, Shun, Hyoga, Shiryu et Ikki au Japon quelques jours plus tôt, sans vraiment dire pourquoi, ni quand ils reviendraient. Dommage, il aurait aimé les revoir, mais ce n'était que partie remise. Il aurait déjà fort à faire avec les chevaliers restant !
Mais le plus important maintenant était son frère, Saga. Le passé était le passé, tous deux avaient une nouvelle chance et comptaient bien en profiter. Un large sourire s'étala sur le
visage de Kanon. Et pourquoi ne pas renouer avec de vieilles traditions familiales ? Il laissa tomber le drap protégeant sa nudité parfaite à ses pieds, enfila rapidement un boxer et un
t-shirt et se faufila à pas de loup jusqu'à la chambre de son double. Il entrouvrit délicatement la porte, guettant le moindre signe d'activité. En jetant un œil à l'intérieur, il constata que son frère, allongé sur le ventre, dormait comme un bien heureux, la tête calée dans l'oreiller prisonnier de ses bras, souriant aux anges. Il pénétra lentement dans la pièce, veillant à ne pas faire le moindre bruit et se glissa jusqu'au lit, comme une ombre. Une mèche de cheveux barrait la joue de Saga, lui donnant un air encore plus enfantin. Kanon s'en saisit et la
ramena délicatement dans le dos de son frère, l'œil brillant. Comment un si redoutable guerrier pouvait l'attendrir à ce point ?
- Mon petit Kanon, tu ne vas pas te laisser piéger par cette gueule d'ange ! Se morigéna t il.
Le Dragon des Mers fléchit légèrement les genoux et, dans une féline détente, bondit sur le dos de son frère, comme un fauve sur sa proie. Il planta sans ménagement ses doigts dans les côtes de Saga et entreprit la plus terrible des tortures, celle qui terrorisait son frère lorsqu'ils étaient enfants : les chatouilles !
- Allez debout là dedans ! Debout la crevette, la marée monte ! Hurla Kanon à l'oreille du chevalier des Gémeaux.
Celui-ci avait d'abord sursauté et comprenant enfin dans quel horrible piège il venait de tomber, tentait de se protéger des mains cruelles de son frère, entre deux éclats de rires. Il parvint après de nombreux efforts à se trouver face à Kanon, toujours accroupi sur lui, redoublant l'intensité des ses chatouilles.
- NON ! Arrêtes, mais NON ! Suppliait-il, hors d'haleine, se tordant de rire. Peine perdue…
- Tu l'auras voulu Kanon ! Menaça le Gemini.
Oeil pour œil, dent pour dent. Saga contre attaqua par de vicieuses chatouilles sous le t-shirt de son frère, qui se tortillait d'hilarité, tant et si bien qu'il se retrouva projeté du lit et atterrit lourdement sur le dos, avec un Saga triomphant assis sur son ventre.
- Vengeance ! Hurla Saga dans un fou rire.
Arroseur arrosé, Kanon s'esclaffait, sous les attaques vengeresses du chevalier d'or. Ils faisaient assez de remue ménage tous les deux pour réveiller tout le sanctuaire. Kanon manquait d'air et se dit que pour une fois, il pouvait laisser gagner son jumeau. Ne pouvant rien dire pour se rendre, il se contenta de frapper le sol à plusieurs reprises de sa main, signifiant ainsi à Saga qu'il le reconnaissait comme grand vainqueur de ce combat de chatouilles. Les attaques cessèrent, mais pas les rires. Il leur fallut plusieurs minutes pour se calmer et reprendre une respiration normale. Saga essuya ses larmes d'un revers de main. Kanon relevait son buste et se maintenait avec ses mains, posées à plat sur le sol. Il frôlait presque le visage de son frère. Ils se souriaient tendrement à présent, les yeux brillants d'affection pour leur reflet respectif. Saga passa sa main gauche dans les mèches de son frère et lui lança, taquin :
- Allez le crapoteux ! A la douche, tu commences à sentir la marrée basse !
Anticipant une réaction excessive, il s'était vivement levé et rapproché du lit.
- Hé ! Dis tout de suite que je sens le pétrole pendant que tu y es ! Cracha Kanon faussement furieux.
- Naann, pas le pétrole, mais le poisson qui n'a pas vu la mer depuis lonnnnnnnngtemps !
Et Kanon reçu l'oreiller de Saga en pleine figure !
- Non mais tu vas voir, Monsieur boite de conserve dorée !
Kanon relança l'oreiller qui atterrit dans le dos de son frère, sans produire l'effet escompté. Saga était occupé à farfouiller dans son armoire, dont il sortit deux piles de serviettes et gants de toilettes. Il lança une des piles à son frère en souriant. Non, Kanon n'abandonnerait pas si facilement, il se devait de laver l'affront et mourrait d'envie de prolonger cette complicité enfantine. Profitant que Saga s'était retourné encore une fois, l'imprudent, pour chercher son gel douche, Kanon déplia vivement une grande serviette et la fit s'enrouler sur elle-même dans un mouvement circulaire de sa main droite. Lorsque la cravache d'éponge fut prête, il s'approcha subrepticement de son double et la fit claquer bruyamment sur les fesses nues de Saga. Ce dernier cria de surprise et persifla.
- Ouuuuh, toi, tu vas voir !
Il se saisit à son tour d'une serviette et partit à la poursuite de son agresseur, qui fuyait la pièce. S'ensuivit une furieuse bataille à travers tout le temple, où cavalcades, fous rires et tissus claquant sur des parties charnues de l'anatomie de nos deux jumeaux, se mêlaient joyeusement. La journée commençait vraiment bien…
Ils avaient enfin réussi à se doucher ensemble et déjeunaient dans la cuisine de la maison des Gémeaux. Les cheveux encore humides, ils se délectaient de deux grands bols de chocolat et
de tartines beurrées. Les chatouilles et autres joyeusetés, ça creuse !
- Kanon, il va falloir nettoyer, ce n'est plus une salle de bain, c'est la marre des canards !
Saga venait de lever la tête de son bol et deux magnifiques moustaches brunes ornaient ses lèvres supérieures. Kanon, pouffa.
- Qu'est ce qui te fait rire, Dragon des Mers ? Demanda Saga.
- Tes moustaches, Zorro !
Saga 'Don Diego' rit son tour, lécha ses moustaches cacao et redevint ainsi plus présentable.
- Oh, dommage ! Ca t'allait bien ! Regretta Kanon… Mais tu as raison pour la salle de bain
ça vire au lac des cygnes : j'ai même cru voir Hyoga piquer une tête entre les savonnettes.
Les jumeaux rirent en cœur puis Saga redevint sérieux.
- Bon, alors on a juste le temps de remettre de l'ordre dans ce temple et ensuite je devrais les
rejoindre.
Saga avait expliqué à Kanon qu'aujourd'hui, il était de garde. Lui et d'autres chevaliers d'or devaient chaperonner les apprentis en ville. Une autre nouveauté au sanctuaire. Une fois par mois, tous les chevaliers en dehors des chevaliers d'or, qui étaient libres de circuler à leur guise et apprentis étaient autorisés à quitter le sanctuaire pour la journée, s'ils le souhaitaient. Aujourd'hui, Saga, Aphrodite, Aldébaran et Mu s'occupaient des plus petits, les 4 / 8 ans, qui ne pouvaient être laissés seuls sans surveillance. Shaka, Dohko, Aiolia et Milo profitait de l'après midi pour faire des courses en ville pour le sanctuaire. Les autres avaient quartier libre.
- Si tu veux, je peux demander à Camus ou Aiolos de me remplacer ? Notre roulement est établi, mais on peut s'arranger, nous l'avons déjà fait…
- Pourquoi seulement ces deux là ? Masque… euh, Angelo et Shura, ne peuvent pas ?
Saga eut un sourire narquois.
- Hum, hum, ces deux là, je les soupçonne de fricoter à l'extérieur ! Depuis plusieurs semaines, ils disparaissent des après midi entiers et découchent régulièrement de leurs temples. Ca leur réussi plutôt bien d'ailleurs, ils ont une mine superbe et sont d'une humeur charmante. A mon avis, ils doivent fréquenter quelques filles de la même famille, ou des copines. Ils se couvrent l'un l'autre, se font des clins d'œil quand on veut les faire parler et éclatent de rire, on ne sait pourquoi, au même moment. C'est leur journée de libre et s'ils veulent faire une sortie à quatre, je ne vais pas les en priver.
- Ils pourraient fréquenter deux frères également ! Kanon se rembrunit en pensées. Pourquoi devraient-ils obligatoirement ne fréquenter que des filles ! Chacun est libre de sa
sexualité !
Lui-même, ne pensait bien qu'à un seul homme, comme jamais il ne penserait à aucune femme. Mais ce n'était pas le moment de laisser son esprit vagabonder. Pour ce qu'il connaissait d'eux, le Capricorne et le Cancer semblaient bien trop 'males' pour se laisser tenter pas l'homosexualité, en dehors d'une expérience sexuelle sans lendemain, motivée par quelques curiosités ou perversions.
- Ca doit faire les gorges chaudes du sanctuaire non ? Demanda Kanon.
- Hum, en fait, ce qui excite le plus les commères, c'est de ne pas connaître les heureuses élues. Aphrodite est vert ! Le seul à savoir et à les couvrir en conséquence, c'est Sion. Je me demande d'ailleurs comment le pope est au courant. Se confier au pope, plutôt qu'à nous, leurs frères d'armes, après tout ce que nous avons traversé !
Saga réfléchissait, le fait de ne pas savoir le contrariait également.
- A moins qu'il ne les ai surpris en compromettante situation ?
Les yeux de Saga brillaient d'excitation à présent.
- Bah, rassure-toi, tu seras sûrement invité aux mariages ! Plaisanta Kanon.
- Alors, je contacte Camus ?
- Non, ça va aller. Je vais fureter à droite à gauche. Avoir le sanctuaire pour moi, pour une fois, l'occasion est trop belle. Ca me rappellera notre enfance.
- Tu es sûr ?
- Mais oui, ne t'inquiète pas, j'irai aux termes, voir si Hyoga s'y sent mieux que dans notre salle de bain ! Ca me reposera de notre matinée agitée !
Pour toute réponse, Saga replongea dans son bol de chocolat en souriant…
L'après midi arriva rapidement. Après le ménage complet du temple, les jumeaux étaient allés déjeuner chez le pope, avec tous les chevaliers d'or. Ils devisaient gaiement autour d'un café
lorsqu'Aphrodite se leva et vint prendre Saga par les épaules.
- Il est temps d'y aller, les petits monstres ne vont pas attendre ! Ironisa le Poisson en claquant amicalement le dos de Saga.
- Aaaaaah, tu as raison. Mon frère, souhaite-moi bonne chance ! Dit ce dernier, lançant un regard faussement effrayé à Kanon, provoquant l'hilarité Générale.
Ils se séparèrent rapidement. Kanon regagnait le troisième temple, tandis que les chaperons rassemblaient leurs troupes et se dirigeaient vers la ville.
Le Dragon des Mers des mers flâna un moment aux arènes, puis, prit son temps pour gravir le chemin menant aux thermes. Il allait passer un petit moment là bas, puis il irait au Cap Sounion. Il se déshabilla rapidement dans l'ambiance moite des vestiaires et se dirigea d'un pas décidé vers les bains chauds. Il allait ouvrir la dernière porte lorsqu'il constata qu'elle était entrebâillée et que des soupirs et autres gémissements de contentement provenaient du bassin. Contrarié, il se pencha et jeta un œil par l'ouverture, pour espionner le chanceux qui avait l'air de bien s'amuser, seul dans la piscine. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir Shura, de profil, adossé au muret du bassin, son bras droit posé sur le bord, onduler dans l'eau, ne laissant aucun doute sur la source de ses gémissements.
- Oh, le… ! Il est en train de se faire du bien dans l'eau ! Pensa Kanon, mi contrarié à l'idée de l'eau souillée, mi émoustillé par les bons souvenirs que cela évoquait en lui.
Un petit cri de plaisir le tira de sa rêverie et il constata une chose qui le ramena totalement à la réalité. Shura avait les DEUX bras posés sur le bord du bassin. Cela voulait dire qu'il n'était pas seul dans l'eau et que la naïade qui lui prodiguait ses bons soins était totalement immergée. La curiosité et l'excitation submergèrent ses réticences et il s'installa plus confortablement pour jouer les voyeurs. Il faudrait tôt ou tard que cette créature revienne à la surface, à moins que Shura n'ait rencontré une sirène ou un Marina… Kanon secoua mentalement la tête pour chasser cette idée, il était le seul Marina hors du sanctuaire marin et la seule sirène qu'il connaissait s'appelait Sorrento. Ses pensées l'avaient entrainé sur des raisonnements absurdes. Un léger clapotis lui fit comprendre qu'il allait bientôt savoir. Une tête bleue émergeât d'entre les eaux et fut bientôt suivie d'un torse et d'épaules d'airain, ne laissant aucun doute sur la virilité de son possesseur. Kanon crut que sa mâchoire allait se
décrocher lorsqu'il vit Angelo, l'ex Masque de Mort, présentement Chevalier d'or du Cancer, lécher amoureusement de minuscules gouttes d'eau sur le torse de Shura ! Ce dernier guida rapidement la bouche de son amant jusqu'à ses lèvres et le baiser passionné qu'ils échangèrent les laissa pantelants tous les deux. Il ne subsistait plus aucun doute sur la nature de leur relation dans la tête de Kanon… Le Capricorne et le Cancer étaient amants et vu la virtuosité avec laquelle ils se caressaient, leur liaison n'était pas récente. Ils semblaient connaître parfaitement le corps de l'autre et les moyens d'en tirer ou de lui donner du plaisir. Ils continuaient à s'embrasser avec affection, cependant, la passion gagnait en intensité. Angelo réajusta sa position, s'immisçant entre les cuisses de Shura.
Kanon retenait son souffle, une étrange chaleur au creux des reins, tout en se mordant la lèvre inférieure, camouflant du mieux qu'il pouvait son cosmos. Les vapeurs des termes et leurs
soupirs mêlés aux légers bruits d'eau rendaient cette apparition chimérique, à la frontière entre mirage et féerie des sens. Shura rejeta la tête en arrière et se mordit les lèvres lui aussi, gémissant : le Cancer était en lui. Les corps des deux amants, répondant à un signal perceptible d'eux seul, se mirent à ondoyer lentement au même instant, faisant gronder de contentement Shura et Angelo. Le Capricorne avait refermé ses bras autour du cou et des épaules de son bel Italien, tandis que le Cancer, soutenait et caressaient les hanches de l'Espagnol, se maintenant prisonnier des cuisses pales et fuselées. Leurs lèvres ne se quittaient que rarement, uniquement pour contempler le visage de l'autre et y vérifier que le plaisir y était présent. Ils se dévoraient des yeux avec passion et leur soif inextinguible de l'autre les poussait à s'embrasser passionnément, encore et encore, tentant vainement de les sevrer de leurs nectars entêtants. Kanon restait pétrifié, hypnotisé par un tel spectacle, il voyait pour la première fois deux hommes faire l'amour et le fait de les connaître le fascinait d'autant plus. Combien de temps les espionna-t-il ainsi ? Le Général de Poséidon avait perdu toutes notions du temps.
Alors se produisit un phénomène aussi étrange que furtif. Les cosmos des deux chevaliers d'or se mirent à brûler ensemble, puissants, majestueux, au même instant. Puis les deux auras, se frôlèrent, se caressèrent, pour se fondre enfin l'une dans l'autre, en une explosion dorée phénoménale. Au même moment, les deux chevaliers atteignaient bruyamment l'orgasme. Les flammes d'or s'estompèrent. Shura se dégagea légèrement de l'étreinte de son amant à la peau de bronze et lui murmura un émouvant 'Te quiero' en lui caressant la nuque. Angelo, chuchota à son tour, d'une voix touchante 'Ti amo' je t'aime... Le Capricorne resserra son
étreinte, appuyant sa tête sur le sommet du crâne d'Angelo, y déposant de tendres baisers, laissant ses doigts se noyer dans l'onde bleue de sa chevelure. Le Cancer l'imita, serrant plus
fort le torse d'albâtre, nichant son visage au creux de l'épaule, caressant de ses lèvres la peau soyeuse de son amour. Kanon déglutit avec difficulté, les larmes aux yeux. Des foules de sentiments contradictoires se bousculaient dans sa tête. Son cœur battait si fort que chaque pulsation lui déchirait la poitrine. Et son bas ventre lui rappelait cruellement qu'il n'était qu'un homme, soumis à sa chair et ses instincts. Il se leva sans discrétion et traversa en courant le couloir qui le menait au vestiaire. Là, il se rhabilla à la hâte et s'enfuit, la vue brouillée par les larmes. Il courut, courut sans s'arrêter jusqu'au Cap Sounion…
Pendant ce temps, Angelo s'était adossé au bord du bassin, le dos de Shura posé sur sa poitrine. Il respirait les effluves sensuelles des cheveux humides de l'Espagnol, plantant ça et là un baiser, tantôt sur une joue, une tempe, une oreille ou une épaule. Ce dernier caressait rêveusement la main de l'Italien, reposée nonchalamment le long du muret. Ils gardaient les yeux fermés tous les deux et souriaient de ravissement, se laissant aller à la douce caresse vaporeuse des termes, qui effaçait peu à peu la fatigue de leur étreinte passionnée.
- On devrait faire ça plus souvent… Susurra Shura, occupé à embrasser la main libre d'Angelo, jouant à emmêler ses doigts au sien.
- Quoi ? Epouvanter Kanon ? Tu as vu à quelle vitesse il a filé ? Plaisanta le bel Italien dans un demi-sourire, tout en continuant ses baisers.
- Je ne parlais pas exactement de ça, je pensais plutôt à nos… jeux aquatiques. Assura le
ténébreux Capricorne, un large sourire aux lèvres.
- Oh ! A ça ! Lança Angelo, taquin.
- Sérieusement, le pauvre, je l'ai senti très mal !
Le ton de l'Espagnol était chargé d'inquiétude.
- Ca lui apprendra à espionner les gens, c'est très impoli jouer les voyeurs ! Trancha
fermement l'Italien.
- Tu as senti son aura ? Je t'assure que ça allait mal dans sa tête… et dans son
cœur…
- Je sais, tu as raison, je l'ai ressenti moi aussi… Soupira Angelo gagné par l'inquiétude à son
tour.
- Nous lui parlerons ensemble, si tu veux, plus tard. Là j'ai d'autres activités en tête.
Les caresses d'Angelo devenaient plus pressantes.
- Ah oui ? Quelles activités ? Lança Shura, le plus innocemment qu'il pu.
- Hum… je me demande combien de temps tu peux tenir sous l'eau sans respirer.
Cette voix sensuelle et rocailleuse le faisait chavirer à chaque fois… Shura se retourna lentement, saisit Angelo par le bras et l'entraîna au milieu du bassin. Il s'allongea complètement dans l'eau, s'immergeant totalement. D'un geste de la main, il
invita l'Italien à venir s'allonger sur lui. Le Cancer disparu à son tour dans l'eau. Shura réapparut brusquement à la place laissée libre par Angelo. Il rejeta sa chevelure en arrière dans un gracieux mouvement de buste, projetant à travers les termes des milliers de diamants multicolores. A cet instant, il était d'une beauté à damner les anges, à la fois virile et sensuelle. Mais le seul Ange qu'il voulait pervertir se trouvait déjà à sa merci. Ce dernier, le suppliant de rompre sa solitude, sortit ses mains de l'onde bleue et les envoya à la rencontre de celles de Shura. Les doigts se frôlèrent un instant, puis s'emmêlèrent, soudant fermement les deux mains, l'une pale, l'autre bronze, en une seule entité. Ils se regardaient, chacun d'un coté du miroir des flots. Shura était à l'air libre, mais c'est lui qui manquait d'oxygène. Il plongea doucement goûter au doux calice sucré qui l'attendait et repris enfin possession du corps et de l'âme de son ange d'airain…
Kanon était arrivé au cap, mais il n'arrêta pas de courir. Il stoppa sa course lorsque l'eau de mer lui mordit durement les cuisses de ses vagues gelées. Le Général de Poséidon hoqueta,
cherchant à faire entrer de l'air dans ses poumons vides. La course, les larmes et le froid lui déchiraient sa poitrine sauvagement. Peu à peu, il se calma et se laissa tomber à genoux dans l'eau sombre. Une sourde colère l'envahissait et le Dragon des Mers commença à frapper la surface de l'eau, ou plus exactement le visage en larme qu'elle lui renvoyait. A cet instant, il détestait la terre entière : Angelo et Shura, parce qu'ils s'aimaient, Saga, parce
qu'il ne voyait pas son tourment, mais surtout lui-même, parce qu'il avait laissé son cœur lui dicter sa loi. Ses poings redoublaient de fureur, creusant à chaque fois un peu plus la surface de l'eau, son cosmos furieux gagnant en intensité. Sa rage décuplait encore et encore, car il
n'arrivait pas à le détester, Lui, ce monstre d'indifférence qui lui avait volé son cœur et son âme. Le beau Grec lança un dernier coup, hurlant sa rage et vaporisa l'eau de mer sur plusieurs mètres autour de lui, fabriquant un espace vide au milieu de l'onde, se mettant au sec provisoirement. Le calme revint. L'eau sombre retourna planter ses crocs acérés dans la chair du Marina. Il n'en avait que faire.
- Alors, tu te sens mieux, imbécile ! Se dit Kanon. Ça ne pouvait plus durer. Il avait fait de gros effort pour se contrôler jusqu'à présent, ne pas se laisser submerger par ses sentiments.
Mais l'étreinte passionnée des deux chevaliers avait fait voler en éclat le mur des ses résolutions. Il s'était dit que l'amour n'était pas pour lui, ni pour ceux de son engeance, ils
étaient des combattants, qui devaient chasser tout sentiments de leurs cœurs. L'amour pour un seul être leur était interdit. C'était se battre pour le genre humain ou mourir, un point c'est tout. Mais maintenant, maintenant, tout était possible. Il en avait eu la preuve quelques minutes plus tôt. La digue qu'il avait mis des années à bâtir autour de son cœur avait cédé en quelques instants. A présent, les flots des passions empoisonnées coulaient dans ses veines. Kanon revit les images qu'il tentait vainement de chasser de sa mémoire. Leurs mains qui se frôlaient, leurs lèvres gourmandes, leurs corps avides de plaisirs interdits, leurs cœurs… unis. Tous deux, ils avaient été capables d'aller au delà des principes et des conventions, de briser leurs conditionnements. Ils avaient récupéré la part d'humanité dont on les avait privés dès la naissance.
- Te quiero… Ti amo… je t'aime… Ces mots valsaient dans sa tête.
Aimer un autre était possible, aimer un homme était possible, s'aimer entre chevaliers était possible. Et cela avait toujours été ainsi. Kanon se maudissait de sa faiblesse. Il s'était retranché derrière tout un tas de bonnes raisons pour ne pas avoir à subir un refus de sa part à LUI. Il avait été lâche, se dissimulant derrière les conventions, la norme, le devoir de sa
charge, de leurs charges, pour ne pas lui avouer son amour. Il avait laissé le champ libre à d'autres, estimant que lui n'était pas digne de l'approcher. Tout n'était que mensonges. Rien ne l'empêchait d'aimer et d'être aimé, il n'y avait que lui, Kanon, pour s'en détourner.
Le Dragon des Mers enviait furieusement les deux chevaliers d'or. Sa décision était prise. Il devait être fixé une bonne fois pour toute. Tant pis s'il essuyait un refus, au moins, il saurait pourquoi souffrir. D'ici quelques jours, il lui dirait tout sur l'amour qu'il lui portait depuis des années, depuis que son cœur d'adolescent s'était éveillé à ses charmes. La tâche n'allait pas être facile. D'autant plus qu'un autre prétendait au titre, il en était sûr et certain. Non, il ferait ce qu'il faut pour remporter ce cœur qu'on dit de glace. Le cœur de Camus, son Prince des Neiges, son étoile de Sibérie…
Lorsque Saga revint au temple, après le coucher du soleil, il trouva son jumeau étrangement calme, presque serein. Au lieu de l'apaiser, ceci ne fit qu'augmenter son inquiétude. Quelque chose perturbait Kanon, assez profondément pour qu'il n'en parle même pas à son propre frère. Ce calme apparent était un signe : Kanon venait de prendre une décision irrévocable
et se préparait à l'appliquer. Et manifestement, cela l'emplissait de tristesse.
L'ancien pope vint s'asseoir sur le bras du fauteuil où reposait son frère et lui saisi le menton, le forçant à le regarder.
- Vas-tu enfin me dire ce qui ne va pas ?
- Tout va bien. Mentit le Dragon des Mers.
- Oh, je t'en prie, je te connais mieux que moi-même, quelque chose ne va pas et ce depuis longtemps, mais maintenant, j'ai peur. Peur que tu fasses une bêtise. Je sens que tu vas faire quelque chose d'insensé.
Kanon sourit devant la tendresse de son frère.
- Ne t'inquiète pas. C'est avant que je faisais une bêtise. Mais, en un certain sens, tu as raison,
je vais faire quelque chose 'd'insensé'. Promets-moi une chose : quoi que je fasse, m'aimeras-tu encore ?
Saga restait interloqué devant cette question, lourde de sens. Est-ce qu'ils allaient encore être
séparés ? Devraient-ils encore se battre ? Kanon allait-il partir ? Il tenta le tout pour le tout, la gorge serrée.
- Sans savoir ce que tu te prépares à faire, il est difficile pour moi de te répondre.
Kanon ne répondit pas, la gorge trop serrée pour formuler le moindre mot.
Saga ne pouvait pas laisser encore planer ce doute affreux qui blessait l'être qu'il aimait le plus au monde.
- Mais oui, quoi que tu fasses, tu resteras toujours mon frère bien aimé.
Kanon sourit en embrassant la main de son double, Saga avait manqué son but, il ne lui dirait rien de se qu'il préparait. Cependant, le Dragon des Mers ne pu s'empêcher de douter de son frère. Serait-il encore aussi affectueux, aussi tendre et aimant, aussi protecteur, si Saga apprenait que son jumeau était homosexuel ? Il priait intérieurement pour que rien ne change, mais les choses allaient bientôt être très différentes, au sein du sanctuaire.
- Saga, je peux dormir avec toi cette nuit ?
- … Euh, oui, bien sûr… Mais…
- Je t'en prie, plus de questions…
Une dernière nuit avant que tout ne change, c'était tout ce que Kanon souhaitait. Qui sait si demain son frère l'autoriserait encore à l'approcher…
Les jumeaux se levèrent de bonne heure, évitant soigneusement de parler de la veille, faisant comme si de rien n'était et attaquèrent la journée par une bataille de polochon, histoire de se
détendre. Ce matin, entraînement pour tous ! Les chevaliers d'or s'étaient donnés rendez-vous aux arènes, pour se dégourdir les jambes et les poings. Après un rapide petit déjeuné et
des ablutions séparées, Saga tendit un sac de toile à Kanon, qui ne pu s'empêcher de sourire en découvrant son contenu.
- Tu as gardé ma tenue d'entraînement ?
- Eh oui… Mais ne le répète pas, où je vais passer pour un grand sentimental ! -
Kanon faillit changer d'avis, tout laisser tomber. Mais cela aurait été lâche de sa part. Perdre son frère, ou se perdre soi même, cruel dilemme… Les jumeaux s'habillèrent rapidement et filèrent aux arènes, gagnés par l'excitation.
Aphrodite, Mu et Aldébaran étaient déjà sur place lorsque les habitants du troisième temple arrivèrent. Puis Aiolia et Aiolos, Shaka, Milo et Camus les rejoignirent.
- Bon, ben, il ne manque plus que les trois mêmes ! Plaisanta Aphrodite l'œil coquin.
- Dohko a encore une réunion avec le grand pope, il est donc inutile de l'attendre. Ajouta le
Sagittaire.
- Ok pour lui, mais nos deux cavaleurs ? On en fait quoi ? Renchérit Aphrodite.
- Ah, ah, ah. Les voilà qui arrivent, ensemble comme d'habitude… ils ne se quittent plus depuis l'anniversaire de Shura. Rajouta Mu dubitatif, fixant deux points en haut de la colline.
- J'aurais aimé être une mouche pour les suivre dans leur virée en ville, ce soir là. Ils ont du bien s'amuser. Compléta Aiolia.
- Ça tu peux le dire, ils avaient plutôt bonne mine, pour avoir veillé tard ! Dit Shaka.
- Non mais c'est pas bientôt fini oui, Radio Sanctuaire ! On dirait une congrégation de
concierges ! Que va penser notre invité !
C'était Camus, faussement indigné, prenant sans le savoir la défense des amants, mêlant son rire à celui de ses compagnons.
- Bla, bla, bla, comme s'il n'y avait pas de ragots chez Poséidon. Au fait Kanon, tu n'as pas d'histoires croustillantes à nous raconter ? L'interrogea Milo.
- Chut, les voila ! Coupa Saga.
En effet, les deux compères se chahutaient joyeusement en descendant dans les arènes. Kanon ne pu s'empêcher de rougir lorsqu'il distinguât leurs visages. Ils avaient l'air si heureux.
- Alors, encore à la traîne ? On a eu du mal à se lever ce matin ? Vous vous entraînez trop les garçons. Vous allez finir par tomber malades ! Dit Aphrodite, ne masquant pas les sous entendus ironiques.
- Jaloux ! Lui lança Angelo entrant dans le jeu. Mais je t'assure mon beau bleu, tu es
le seul chevalier avec qui j'aime vraiment m'entraîner !
Il déposa un gros baiser sonore sur la joue du chevalier des Poissons, le maintenant par les épaules.
Les autres chevaliers se mirent à siffler, huer et protester avec véhémence
- Et nous alors ?…
- Pas de problème, je suis là pour combler vos désirs barbares, mes agneaux ! Lança gaiement Shura en sautant dans les bras d'un Shaka médusé, ébouriffant sa crinière blonde.
Hilarité Générale…
- Une bande d'ados attardés. Pensa Kanon…
- Alors, on se la fait, cette petite sauterie ? Coupa Aphrodite, pressé d'en découdre.
- Bon, ben, puisque tu as l'air en forme, tu commences, je te rejoins après. Lança Angelo,
s'écroulant sur un gradin, au coté de Kanon.
- Lâcheur ! Shura, mon ange, tu n'as pas envie de tâter du Poisson ?
Aphrodite s'était campé les poings sur les hanches, séducteur, devant un Shura hilare.
- Non, pas tout de suite, ma puce, j'ai la migraine. Mais regarde moi ça !
Il lança un regard de défi à Saga, assis aux cotés de son frère.
- Un chevalier aux cheveux bleus, c'est parfait pour toi ça, mon grand.
Tout en disant cela, il avait projeté Saga dans les bras d'Aphrodite, libérant la place pour s'asseoir à coté de Kanon, le prenant ainsi en étau entre son amant et lui.
Kanon comprit vite le manège et se dit que ça aller chauffer pour lui d'ici peu. Il tenta de
fuir, mais en vain. Deux mains puissantes, l'une claire, l'autre sombre, s'étaient collées à ses épaules et le forçaient à se rasseoir.
- Hep là, mon Général, tu restes ici ! Taquina Shura.
- Nous avons à te parler. Projeta t il mentalement dans la conscience du Dragon des Mers.
- Aie, je vais me prendre un savon ! Se maudit Kanon, se mordant les lèvres.
Les rires ne cessaient pas aux alentours, mais Kanon riait jaune.
Saga fit la révérence devant Aphrodite
- M'accordez-vous cette danse, chevalier des Poissons ?
- Pff, au moins un qui sait y mettre les formes. Constata le Suédois. Ce dernier lui rendit sa
révérence.
- Avec plaisir Saga !
Ils se mirent en position et les rires cessèrent instantanément. Ces petites joutes verbales leurs permettaient de se détendre avant de passer aux choses sérieuses. Ils pouvaient parfaitement se blesser ou même se tuer s'ils n'y prêtaient pas attention. Aussi, lors de ces entraînements informels, ils avaient décidé, d'un commun accord, de ne pas utiliser leurs attaques respectives. Ils se contentaient de porter les coups standards, réservant leurs démonstrations de force pour la formation de leurs propres apprentis. Ceci leur permettait d'être plus inventifs et les apprentis aimaient assister à ces affrontements rituels, s'inspirant de leurs aînés pour se perfectionner. Le bruit d'un entraînement commun des chevaliers d'or s'était vite répandu à travers le sanctuaire. De nombreux apprentis s'étaient installés dans les gradins de l'arène, impatients de connaître le spectacle qui allait s'offrir à eux. Les cours pratiques s'interrompaient facilement, car voir l'élite du sanctuaire se mesurer en combat singulier était un spectacle riche en enseignements. Aphrodite et Saga se tournaient autour, les yeux rivés l'un à l'autre, cherchant la faille, le moment d'inattention, qui leur permettrait de prendre l'avantage. Le combat s'annonçait passionnant. Ils s'élancèrent l'un contre l'autre au même instant. Aphrodite enchaînait les coups de poings, alternant droits et gauches avec une rapidité ahurissante, Saga esquivait en reculant à présent, n'ayant pas le temps de porter un coup, surpris par la vivacité de son adversaire. Il finit par stopper la main gauche et frappa de la sienne la main libre du Poisson, lui bloquant ainsi la possibilité de porter un autre coup. Le Gémeau sentit trop tard la jambe lui faucher son équilibre et tomba lourdement sur le dos. Il repoussa cependant Aphrodite, vif comme l'éclair, frappant violemment la poitrine de ses deux pieds. Aphrodite voltigea dans les airs et fit un acrobatique roulé-boulé au sol. Le maître de la douzième maison se releva par un élégant jeu de jambes circulaire, rétablissant ainsi son équilibre, bientôt imité par Saga. Retour au point de départ, les deux combattants se tournaient encore une fois autour. Cette fois ci, Saga prit l'initiative, il lança une série de coup de pieds retournés furieux dans la poitrine, la tête et les épaules du Poisson. Ce dernier parvint cependant à bloquer un coup et déséquilibra son adversaire, le projetant au loin. C'est à ce moment qu'il commit une erreur, voulant maintenir Saga au sol, il n'avait pas anticipé la contre attaque de celui-ci. Ils étaient maintenant debout, le Gémeaux bloquant d'une clé de bras la gorge et la partie supérieure du corps du suédois, son dos contre sa propre poitrine. L'étreinte se resserrant, l'homme aux cheveux cyan commençait à manquer d'air.
- Maté ? L'interrogea Saga.
- Il n'en n'est pas question ! Cracha Aphrodite hors d'haleine.
Dans un ultime sursaut, ce dernier projeta ses jambes en avant et écrasa ses talons dans les genoux de Saga, lui faisant lâcher prise. Puis, il propulsa son corps vers le haut, s'éleva dans les airs et après une splendide série de pirouettes, atterrit derrière un Saga à genoux. Milo siffla d'admiration. Il avait réussi à se dégager mais avait utilisé toutes ses forces pour cela et se retrouva très vite dans la même position. Cette fois ci, Saga força Aphrodite à s'agenouiller avec lui, lui coupant ainsi toute possibilité de fuite.
- Bon, je disais : Maté ? Susurra d'une voix douce Saga à l'oreille de son adversaire,
émoustillé par sa domination.
- ..N.. ..non...
- Comme tu veux !
Et il resserra encore la pression. Aphrodite était au bord de l'évanouissement.
- Ils vont finir par se faire mal ! Protesta Shaka, entre humour et inquiétude.
Admettant enfin sa défaite, Aphrodite lâcha 'maté !', ce qui eut pour effet de faire s'engouffrer un flot d'air pur dans ses poumons. Il était maintenant à quatre pattes, toussant et crachant, tout en massant sa gorge douloureuse.
- Ça va aller, Monsieur tête de mule ? S'inquiéta Saga, à genoux à ses cotés.
- T'inquiètes, je tiens la grande forme ma puce ! Taquina Aphrodite dans un clin d'œil. Il rajouta plus bas.
- Je vois que le pouvoir t'excite toujours autant…
Saga lui sourit et l'aida à se relever.
- Idiot, j'aurais pu te massacrer.
- Qu'est ce que tu veux ? J'aime faire plaisir et tu adores qu'on te résiste !
- Et toi, tu adores avoir le mot de la fin, hein ?
Les deux amis s'étaient assis l'un à coté de l'autre, un peu plus loin que le groupe, sous les félicitations du public. Les discutions allaient bon train, pour désigner les deux prochains
combattants. Le moment idéal pour une petite explication…
Shura repris contact mentalement avec Kanon.
- Alors, le spectacle t'a plu ?
Malgré la question équivoque, Kanon décida de jouer franc jeu.
- Je te demande pardon, ainsi qu'à Angelo, je n'avais nullement l'intention de jouer les
voyeurs…
-… Mais la curiosité a été la plus forte. Pas vrai ? Compléta Angelo, venant se
joindre à la conversation télépathique.
Kanon : - Pardon à tous deux, je n'ai aucune excuse
Shura : - N'en parlons plus…
Angelo : - …C'est oublié.
Shura : - Nous comptons sur ta discrétion…
Angelo : - …Nous tenons à garder notre secret encore quelques temps…
Shura : - …Et faire mariner ces commères est assez amusant, tu verras.
Kanon : - C'est entendu, vous pouvez compter sur moi. Au fait, toutes mes félicitations.
Kanon n'en revenait pas de s'en tirer aussi facilement, décidément, l'amour faisait des miracles !
Angelo : - Merci. Maintenant, si tu nous disais quel est l'heureux élu parmi tous ces beaux
jeunes gens ?
Kanon faillit s'étrangler, pris de panique.
- Que… quoi ?
Angelo : - Je t'en prie, depuis quelques temps, nous devenons plutôt sensible à ce genre de chose, en tout cas plus qu'avant.
Shura : - Nous détectons clairement les sentiments amoureux dans les cosmos et crois moi, le
tien ne murmure pas, il hurle !
Angelo : - De toutes manières, il est inutile de nous le cacher, préfères tu que nous te disions son prénom ? Ou alors le tendre surnom que tu lui donnes…
Shura : -… Ton Prince des Neiges…
Ils savaient, ils savaient ! La première réaction de panique s'évacua avec difficulté, malgré le constat suivant : Kanon connaissait aussi leur secret et ils lui demandaient sa discrétion. Ce n'était sûrement pas pour claironner le sien sur tous les toits.
Shura : - Calme toi. Nous sommes de ton côté.
Angelo : - Nous sommes passés par les mêmes interrogations, les mêmes inquiétudes que toi,
chacun de notre côté, puis ensemble.
Kanon : - Quelles interrogations ? Il mentait mal.
Shura : - Ton frère t'aime et tes préférences sexuelles n'y changeront rien.
Angelo : - Il sera surpris, bien entendu. Mais après tout ce que vous avez traversé, vos disputes, vos affrontements…
Shura : - … Crois tu réellement que tes penchants le fasse fuir ?
Ils avaient raison… mille fois raison.
Angelo : - Tu te fiches bien de ce que penseront les autres… mais tu ne veux pas faire honte à
ton frère…
Shura : - …Et ça n'arrivera jamais, quoi que tu fasses.
Si le Général avait pu, il les aurait embrassé tous les deux. Kanon était ému aux larmes et essayait de se contrôler. Les trois auras se frôlèrent discrètement, mais amicalement, deux
d'entre elles essayant de prodiguer un peu d'affection à Kanon.
Shura : - Maintenant, en ce qui concerne Camus…
Angelo : - … Tu es le seul à pouvoir faire quelque chose.
Shura : - Le seul conseil que nous pouvons te donner, c'est…
Angelo : - … Tente ta chance. Au point où tu en es…
Shura : - … Tu n'as rien à perdre. A toi de prendre ta décision.
Kanon : -…Je… je vais essayer de lui parler.
Angelo : - Bon, nous t'avons assez malmené comme ça…
Shura : - … Ceci, est un petit cadeau...
Angelo et Shura : - … Notre cadeau.
Les chevaliers n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur le combat suivant et se chahutaient encore lorsque Shura se leva, sans un mot. Il se téléporta ailleurs et revint une fraction de seconde plus tard, un long coffret dans les mains, qu'il déposa sur les gradins. Les chevaliers s'étaient tu et l'observaient avec attention, certains ayant déjà compris ce qui allait se passer… Shura sorti une magnifique épée à double tranchant de son étui, la fit virevolter au soleil, tout en s'approchant du groupe de chevalier. Il posa l'épée sur son bras, garde vers l'avant et la présenta respectueusement devant Camus. Shura proposait simplement un combat à l'épée au meilleur escrimeur qu'il connaissait. Pendant une fraction de seconde, les yeux du Verseau brillèrent d'excitation, puis revinrent à leur aspect glacé.
- Avec grand plaisir… Murmura Camus en saisissant lentement la garde de l'épée.
- Tout l'honneur est pour moi, Saint du Verseau. Lui répondit Shura, ravi de le voir accepter.
Le Capricorne revint saisir la jumelle de l'épée de Camus, qui dormait paisiblement dans son étui.
L'ensemble des spectateurs fit silence. Les deux meilleures lames du sanctuaire allaient s'affronter dans un duel hors du temps et en public pour une fois. Une journée exceptionnelle.
Les chevaliers regagnèrent sans bruit les gradins, s'installant confortablement pour assister à un combat mémorable, les yeux flamboyants d'impatience. Les deux hommes, déjà nobles dans leurs postures naturelles, n'en étaient que plus magnifiques une épée à la main. Ils se positionnèrent au centre de l'arène et se saluèrent lentement, lames perpendiculaires au sol, au niveau du visage, puis tranchant l'air sur leur coté droit.
Kanon sentit une légère appréhension traverser l'aura d'Angelo. Il posa son regard sur lui. Shura connaissait-il sa chance ? Aimer et être aimé, aussi fort, aussi profondément. Il étendit la sienne, rassurante, jusqu'au Cancer, qui lui sourit timidement, appréciant son geste. Kanon se sentit curieusement satisfait, heureux même, de nouer de nouvelles alliances, avec les chevaliers amoureux.
Shura plongea en avant, portant une série d'attaques rapides, facilement stoppées par Camus, qui riposta, forçant le Capricorne à reculer légèrement. Le bruit des lames s'entrechoquant,
la lumière du matin nimbant les adversaires, le silence total les entourant, rendaient la scène d'une majesté fabuleuse. Les deux hommes se séparèrent un instant, faisant tournoyer leurs épées autour d'eux en de savantes arabesques, par de gracieux mouvements de poignet, projetant les éclats du soleil autour d'eux. La beauté du geste… le chant des lames… deux épicuriens de l'escrime. Ils se dévisageaient avec respect et admiration, se tournant autour, recherchant non seulement le bon moment pour attaquer, mais aussi la botte qui rendrait honneurs à un tel adversaire. Cette fois ci, Camus attaqua le premier, coup à droite, à gauche, d'estoque et de taille. Shura contra, puis tournoya sur lui même en s'affaissant, tentant de faucher les jambes du Verseau avec la sienne. Camus bondit par-dessus l'obstacle vivant et une fois groupé au sol, tenta la même manœuvre sur Shura. Ce dernier d'un coup de rein, se projeta en arrière et retomba, félin, quelques mètres plus loin. Il fit tournoyer encore une fois son épée, moulinet à droite, puis à gauche et pris une posture offensive. Camus l'imita, moulinets, puis posture. Un simple échauffement… Leurs yeux brillaient. Une prise de contact sommaire, maintenant commençaient les choses sérieuses. Ils fondirent l'un sur l'autre au même instant, le fracas des épées se mêlant aux
cris d'effort. L'échange était beaucoup plus long et rapide, obligeant tantôt l'un, tantôt l'autre à reculer pour de nouveau s'élancer. Ils se bloquèrent un instant, croisant le fer au niveau de leurs visages déterminés, deux archanges guerriers en plein combat. S'ils n'en n'avaient pas déjà été amoureux, Angelo et Kanon auraient succombé à leurs charmes sur le champ. Et
d'autres dans l'assistance, sentaient leurs cœurs bondir au rythme de la bataille, soit pour l'un, soit pour l'autre des combattants.
Kanon… Depuis le début du duel, il voyait la scène au ralenti. Son visage d'ange contrastait
avec son attitude guerrière, mais Camus n'était que contradictions pour lui. Son ami de toujours et l'ennemi de son âme. Lumière de ses nuits blanches et ténèbres dans son cœur meurtri. Ange d'Athéna, démon d'Hadès. Un être froid qui déchaînait les passions brûlantes. Le Général voulait être le vent qui caressait ses cheveux bleus verts, la chemise qui épousait sa poitrine robuste, les mèches émeraude qui frôlaient son visage, la ceinture qui étreignait ses reins, l'épée docile, soumise à ses mains. Dieux qu'il l'aimait…
Les deux statues de chair abandonnèrent leur pose, pour de nouveau chercher à s'affronter. Aucun des deux ne semblait prendre l'avantage, presque comme s'ils voulaient prolonger
l'instant. Soudain, un bruit sourd, une épée virevoltante dans les airs, seule, sans son maître pour lui donner vie. Un murmure parcourus l'assistance. L'épée retomba, comme morte, au
pied de Shura qui tenait toujours la sienne. Camus le regardait, attendant sa sentence, le souffle court. La douce voix du Capricorne retentit dans le cerveau de Kanon.
- Tu veux que je prolonge le spectacle ?
- Oui !
Il avait répondu à voix haute, sans s'en rendre compte.
D'un geste captivant, Shura projeta l'épée orpheline avec sa propre lame, vers son maître stupéfait, en lui déclarant, pour toute explication
- C'est mon jour de bonté…
Camus saisit l'épée au vol, sourit de façon énigmatique et repris une posture d'attaque. Etrange clémence… Deux fauves ténébreux s'élancèrent encore, magnifiés par les gerbes d'étincelles qu'ils créaient de leurs armes. Cette fois, Camus, dans un mouvement tournant, déséquilibra Shura tout en lui arrachant des mains son épée. Le Capricorne, étendu sur le sol, esquissa un geste pour se remettre debout, mais la lame acérée qui dardait sur sa gorge l'en dissuada.
- Maintenant, regarde-le ! L'avertit mentalement Angelo.
Kanon intensifia sa concentration… Dieux, ses yeux… Disparus les deux iris froid, sans vie. Des flammes brûlantes, rouges et or, occupaient ses orbites. Son visage… Camus rayonnait intensément. Pas de cette aura froide et piquante qui le caractérisait. Non, il n'était que passions en cet instant éphémère. Son sang coulait comme la lave, son corps brûlait littéralement, plus vivant que jamais. Mais Seigneur, ses yeux… des joyaux irisés aux reflets chatoyants. Son Prince des Neiges, si froid, si dur, se consumait de passions humaines ! L'ivresse du combat, la jouissance de la victoire… Mais que cet instant fut bref ! Si bref que Kanon eut l'impression d'avoir tout imaginé.
- Regarde ce que tu pourrais obtenir de lui, si tu sais te faire aimer…
Shura venait encore une fois d'entrer dans son esprit, chuchotant cette phrase, chargée de sens.
Camus, redevenu maître de lui-même… Mais avait il seulement perdu le contrôle ?, lui tendait la main.
- Ton jour de bonté ne t'as pas porté chance, mon ami.
- C'est ce que tu crois. Lui répondit le Capricorne souriant, décidément bien étrange
aujourd'hui. L'aurait il laissé gagné ? Non sûrement pas, Shura ne lui aurait pas fait cet affront. Il voulait que Camus le batte, loyalement. Mais pourquoi ?
Lorsque Shura et Kanon se croisèrent, le Général de Poséidon lui murmura - merci pour ton cadeau, pour votre cadeau, mes amis.
- Fais-en bon usage
La main d'Angelo sur son épaule était si chaude, comme celle de Saga.
Aphrodite donna un coup de coude à Shaka.
- Tu as vu ça ? Les maisons du Cancer et du Capricorne opèrent un rapprochement stratégique avec le sanctuaire sous marin on dirait…
- Tu n'as plus qu'à faire chanter la sirène pour tout savoir… Lui rétorqua Shaka, amusé par la
curiosité de son camarade.
La journée fila comme un rêve. Après de magnifiques joutes, physiques et verbales, chacun retourna à son temple, pour se reposer. Ils avaient convenu de se retrouver le soir, après
dîner, pour prendre un café chez Aphrodite. Les jumeaux arrivèrent bons derniers, ayant encore une fois mis leur temple et la salle de bains sens dessus dessous. Là encore, Dohko manquait, préférant laisser les jeunes entre eux. Aphrodite avait bien fait les choses, après le café et les petits fours, pousse café, ou alcools forts pour les plus téméraires. Kanon goutta un liquide au nom imprononçable que lui tendit Aphrodite.
- Raaaaaaaa, argh… Bon sang, mais c'est du pétrole ce truc !
Aphrodite, vérifiant le contenu de la bouteille, dubitatif.
- Ça ? C'est une petite liqueur locale du village de Camus et Hyoga. C'est Hyoga
d'ailleurs qui me l'a amené la dernière fois qu'il est passé à la maison.
Camus affirma, pince sans rire.
- Chochotte, chez nous, on met ça dans les biberons des enfants, pour ne pas que le lait gèle. Ça fait des hommes robustes…
Milo s'esclaffa.
- Mouais et des Saints complètement givrés. Tu as été élevé à ça ? Ça ne m'étonne pas que toi et ton disciple vous ayez des cases de vides…
Tous riaient de bons cœurs.
La soirée touchait à sa fin. Aphrodite bailla à s'en décrocher les mâchoires. La journée avait été fatigante.
- Désolé les garçons, j'ai une petite baisse de forme là.
- On va te laisser, ouuuh… Mais c'est qu'il n'est pas loin d'une heure… S'étonna Mu.
- On t'aide à ranger ? Demanda poliment Aldébaran.
- Non, mon frère et moi, nous allons le faire. Il faut bien que je me fasse pardonner mes manières de sauvages, pas vrai Aphro ? Rentrez vous autres, nous maîtrisons la situation. Poursuivi Saga, donnant de grands coups de coude à son frère.
- Oye ! Je crains le pire, vu le chantier qu'est devenu le temple des Gémeaux… Termina
Aphrodite, dans les rires.
- Zut. Pensa Kanon.
Il n'avait pas trouvé le moment propice pour lui parler et maintenant Camus allait se coucher. Son frère lui compliquait la tache. Après un ménage sommaire, les trois amis se séparèrent à la porte du temple des Poissons. Aphrodite prit congés des jumeaux. Saga s'étira longuement en baillant.
- Hum… je sens l'appel de l'oreiller… Je vais me coucher et toi ? Tu n'as pas l'air d'avoir
sommeil…
- Hum, je vais marcher jusqu'en bas, ça va peut être me détendre.
- Ok, moi je me téléporte, bonne nuit.
- Bonne nuit.
Saga déposa un baiser sonore sur le front de son frère avant de disparaître dans un nuage doré.
Kanon voulait passer à travers le temple du Verseau, ressentir sa présence pour lui seul, avant d'aller dormir. Il se dirigea lentement vers les marches et les descendit posément. Le Général s'apprêtait à traverser le temple, quand il ressentit la présence de Camus, un peu plus loin,
dans les colonnades. Le Dragon des Mers ralenti encore son pas, intimidé, comme une adolescente à son premier rendez vous. Le majestueux Verseau s'était adossé à une colonne et semblait fixer rêveusement un point invisible, en contrebas.
- Tu ne dors pas encore Camus ?
Celui-ci ne bougea pas, lui présentant toujours son profil.
- Non, je n'ai pas vraiment sommeil.
- Moi, non plus. Ça te dérange si je te tiens compagnie un instant ?
Kanon s'attendait à une réponse négative, qui ne vint pas.
- Si tu veux.
Il s'était lentement retourné vers lui, le fixant enfin. Ils restèrent un instant silencieux, Kanon rivant ses yeux à ceux de son homologue. Camus pencha la tête sur le coté, fronçant les sourcils, ressentant la muette interrogation du Dragon des Mers.
- Tu veux me parler, c'est ça ?
Inutile d'attendre plus longtemps et le gardien du 11eme temple lui tendait la perche.
- En effet, j'ai quelque chose à te dire… c'est important… enfin, c'est important pour moi.
Camus se détacha de la colonne, fit quelques pas en avant, tout en croisant les bras sur sa poitrine, canalisant son attention sur son interlocuteur.
- Vas-y, je t'écoute.
Kanon se passait nerveusement les mains dans les cheveux.
- Et bien voilà… il y a… longtemps, longtemps que j'aurais du t'en parler, mais… mais je n'ai jamais eu le courage, jusqu'à présent.
- Oui… L'encouragea le Verseau, intrigué.
- … Je te respecte, je t'admire beaucoup Camus…
- Euh… Moi aussi Kanon…
Où voulait-il en venir ?
Kanon baissa les yeux vers le sol, incapable de soutenir son regard en cet instant.
- … Mais ça va plus loin que ça, beaucoup plus loin, je… je… je suis tombé amoureux de toi…
Camus décroisa ses bras sous l'effet de la surprise et resta un moment silencieux. Un léger sourire s'étira sur ses lèvres, pour devenir de plus en plus franc, puis, il se mit à rire franchement, posant ses mais sur ses hanches. Kanon, qui avait relevé la tête, le regardait sans comprendre. Son rire était le plus infect des mépris, la colère montait en lui insidieuse, violente. Il serrait les poings, prêt à l'explosion.
- Oh, non, oh, non. Je t'en prie Kanon, pas toi… Articula Camus entre deux rires mauvais. J'ai déjà assez de Milo qui me suit comme un caniche en chaleur, sans avoir en plus un Dragon des Mers collé à mes basques.
Il se tordait de rire.
Cette… Camus se moquait de lui, son attitude, le ton de sa voix, il était abject et méprisant. Il allait voir. Kanon serrant les poings et les dents, gronda :
- De quel droit ? De quel droit te moques-tu de mes sentiments ? De ceux de Milo ? Pour
qui te prends-tu, Monseigneur des Glaces ? Toi qui ne sais rien de l'amour !
- TES sentiments ?! L'amour ?! Allons, je t'en prie ! Qu'est ce que tu connais de l'amour ? Hein ? Qu'est ce que le Sanctuaire ou Poséidon ont pu t'apprendre de l'amour ? Hypocrite !
Il s'était arrêté de rire et s'approchait, l'œil mauvais.
- Tu es comme Milo, comme les autres. Tu rêves de ce que tu ne peux atteindre. Tu ne recherches que la gloire, la domination et l'admiration des autres. Crois tu que tu m'aimes ? Tu ne fais, VOUS ne faites que me désirer… parce que je suis inaccessible, parce que le fait de me posséder nourrirait votre orgueil démesuré et vous ferais admirer de tous, parce que ce vous auriez soumis Camus, le Saint de Glace, qui n'a jamais eu ni attache, ni maître, celui qui n'as pas de cœur et donc ne peut être dominé…
Le Verseau cracha son venin au visage de Kanon, le défiant du regard. C'en était trop. Kanon le frappa violemment au visage, le projetant sur une colonne qu'il ébranla.
- La vérité fait mal on dirait ! Persifla Camus.
Le Verseau n'était pas calmé, Kanon non plus. Ce dernier lui sauta à la gorge. Il frappait et recevait des coups violents, écumant de rage contre cette chose, cet infâme bouffon qui avait remplacé le Français. Camus était froid, certes, mais jamais méprisant avec lui. Un nouveau pan de la personnalité du Saint des Glaces se dévoilait, au grand dam de Kanon, blessé à mort dans ses émotions. Sa douleur et sa colère décuplaient ses forces et il finit pas bloquer Camus au sol, sous lui, serrant violemment ses poignets, les maintenant fermement le long de son corps de givre. Leurs visages se frôlaient et leurs haleines se mêlaient. Kanon perdit le contrôle, écrasant durement sa bouche sur celle de son adversaire. Voulait-il l'humilier ? Ou se faire plaisir ? Il n'en avait aucune idée. Camus se débattait et lorsque Kanon arrêta son baiser, il lui cracha à la figure, ironique :
- Qu'est ce que je te disais ? C'est ça l'amour selon toi ? Hein Kanon ? Ça, ça s'appelle le désir, le sexe, la soif de dominer ! Rien à voir avec l'amour !
Kanon, déstabilisé par cette remarque, laissa échapper Camus, qui se releva et envoya son adversaire contre une paroi du temple. Camus se jeta sur lui, le maintenant prisonnier contre le mur. Kanon ne voulait plus se battre, écœuré.
- Alors ? Tu n'as plus envie ? Je ne te fais plus envie ?
Il l'embrassa à son tour brutalement, l'humiliant encore, pas ses grondements et par sa façon obscène de se frotter à lui.
- Alors Kanon, on ne dit plus rien ? Tu n'as plus envie de moi, hein ? Pourtant, il me semble
que si…
Le Verseau glissa de force sa jambe droite entre celles de Kanon, remonta sa cuisse et caressa l'entrejambe du Dragon des Mers avec, en amplifiant ses propres va et vient abjects contre le bassin du Dragon des Mers. Le corps de Kanon réagit contre sa volonté. Se faisant, Camus léchait le cou et l'oreille du Dragon des Mers, son souffle faisant frissonner le Général.
- Arrête ça tout de suite… Murmura Kanon la voix rauque.
- Pourquoi, c'est ce que tu voulais non ? Tu as gagné, ce soir, tu m'as ! Compris ? Tu peux
me prendre sous toutes les coutures si tu veux, je serais un gentil petit garçon. Ce n'est pas ce que tu veux ?
- NON !
Kanon sanglotait et en même temps repoussa Camus contre une colonne.
- Non… je t'aime !
Il se laissa glisser le long du mur, en pleurs.
- Je t'aime…
- Va t-en… Murmura Camus dégrisé la gorge serrée.
- Non.
Tout cela était si loin de Camus, son Camus.
- Va t-en te dis-je !
Le Verseau s'appuyait contre la colonne, les épaules voûtées, troublé.
- Non, pas avant que tu me dises pourquoi tu as fait ça !
En disant cela, Kanon s'était levé. Il ne croyait pas à ce Camus. Il mentait, avec son corps, avec ses mots…
- Que veux tu que je te dise ? Que l'alcool m'est monté à la tête ? Hum ? Je suis un
Saint de Glace, pas un humain ! Je fais ça parce que je suis un monstre ! Et je détruis ce qu'il me plait de détruire… par pur plaisir…
- C'est faux.
- Idiot, après ce que je t'ai fait, tu me cherches encore des excuses ? Je t'ai traité plus mal
encore qu'une …
Il ne finit pas sa phrase. Le masque était tombé…
- Tu me joues la comédie depuis que je suis arrivé à ce temple, j'ignore pourquoi, mais je sais que tu me mens, ce n'est pas toi !
- Et que sais-tu encore de moi ?
- Je sais que tu es noble et fier ! Que tu es un homme de principe ! Tu es sans doute le chevalier le plus fort, le plus respecté, craint et admiré de tout le sanctuaire. Je sais
que l'homme qui m'a embrassé tout à l'heure n'est pas le Camus que je connais et que j'aime…
Il rajouta, presque pour lui-même
- Et que tu es capable d'aimer… d'aimer follement même…
- …
Camus lui tourna le dos, silencieux, troublé ? Ce point invisible qu'il fixait tout à l'heure était le temple du Scorpion, Kanon en était presque sur à présent.
- Tu aimes Milo, n'est ce pas ?
Il fallait qu'il le sache.
- … Quelle importance ?
Le Français avait l'art et la manière de riposter à une question par une autre, évitant ainsi d'avoir à répondre franchement.
- Ça aurait été tellement plus facile si tu m'avais traîné dans ma chambre et donné une bonne leçon, je ne me serais pas défendu… je suis sur que tu dois être une affaire entre les draps ! Lâcha t il avec un petit rire cynique.
- Pourquoi est ce que tu fais ça ? Pourquoi tu te fais du mal ?
- C'est tout ce que je mérite.
- Suis-je donc si transparent ? Se maudit intérieurement Camus.
Camus ne se retournait pas, s'enveloppant de ses bras, son aura dégageait tant de tristesse, autant que sa voix.
- Je regrette, pardonne moi…
Kanon s'avança jusqu'à lui et l'enlaça par derrière, alors inconscient de la portée de son geste, regrettant trop tard sa familiarité. Malgré ces quelques minutes horribles, Kanon poursuivait inexorablement son chemin vers celui qu'il aimait, envers et contre tout. Le papillon se brûlant perpétuellement à la flamme de glace. Camus se laissa faire, allant même jusqu'à s'appuyer contre lui, écrasé par ses émotions. Il n'aimait pas particulièrement les contacts physiques imposés pourtant. Il se laissa aller, vaincu.
- Oh, Kanon, pourquoi n'est ce pas toi que j'aime ?
Il avouait à moitié, mais avouait, enfin. Il était épuisé de mentir. Manifestement, le Verseau était mauvais comédien, en tout cas ce soir.
- Si l'on pouvait diriger son cœur, où serait le charme de l'amour ? Pas de doutes, de refus, de
passions, pas de douleurs… ni de plaisirs…
Ces mots, Kanon les disait autant pour réconforter Camus que pour lui-même. Kanon relâcha son ami et s'éloigna de quelques pas. Ils se moquèrent d'eux-mêmes un instant, se souriant faiblement…
Ils restèrent un moment silencieux. Camus cherchait ses mots, se sentant coupable…
- Kanon, je… je suis désolé…
- On ne peut pas gagner à tous les coups. Essaya de plaisanter le Grec.
Le Dragon des Mers était malheureux, il savait, au fond de lui que Camus ne l'aimait pas, il en aimait un autre, mais un espoir irraisonné l'habitait encore, traîtreusement. Il sentit ses larmes lui couler le long de joues, sans pouvoir les maîtriser. Camus frissonna. Il s'était comporté comme le dernier des derniers avec Kanon. Son fou rire ne lui était pas destiné, pas au départ. En fait, il se moquait de lui-même, Camus, chevalier d'or du Verseau, un homme sensé n'éprouver aucun sentiment et désespérément amoureux d'un autre, qu'il ne pourrait jamais avoir. Puis c'est vrai, il s'était aussi moqué de Kanon. Utiliser cette ruse grossière, son soi-disant amour pour le mettre dans son lit. Le Dragon des Mers n'était pas le premier à essayer de le séduire et sûrement pas le dernier. Mais ce coup-là, on ne le lui avait encore jamais fait ! Kanon ne méritait que son mépris, on ne joue pas avec l'amour. D'un autre coté, le Grec était plutôt bien fait. Et Camus était à jeun depuis longtemps. Après tout, s'il l'aimait, Kanon pouvait bien lui donner son corps. Et là, Camus avait vu ses larmes. Athéna ! Il ne mentait pas… et lui qui se comportait comme un mufle. Quelle horrible méprise. Il s'écœurait lui-même, devant son comportement abject. Le Français connaissait la douleur d'aimer. Il s'en voulait affreusement d'ajouter d'autres souffrances à celle de Kanon, à cause de son attitude affreuse. Le Saint des Glaces était décidé à consoler le Marina autant qu'il le pourrait, peut-être se faire pardonner même…
- Kanon, je ne suis pas doué pour les sentiments… Ce n'est pas dans ma nature…
Le Verseau essayait maladroitement de se justifier.
Kanon sanglotait en silence, regardant le sol. Une main lui saisit le menton, l'obligeant à relever la tête. Camus essuya les larmes du visage de son ami, lui souriant gentiment. Puis il
le regarda plus attentivement. Deux grands yeux bleus, de la même couleur que l'océan auquel il appartenait, rendus encore plus étincelants par les larmes salées que le Dragon des Mers déversait. Un visage aux traits fins, mais virils, une bouche charnue et douce, de longues mèches cascadant sur ses épaules en un désordre savant, lui donnant un air d'adolescent rebelle. Camus tressaillit, comme piqué par une aiguille invisible. Son aura, ayant enveloppé Kanon pour le consoler, avait malgré lui, sondé les sentiments du Général. Toutes ces informations affluaient maintenant dans le cerveau du Verseau, Kanon se livrant sans retenue.
Il voyait le combat du matin contre Shura, du point de vue du Général. A chaque échange de coups, Camus ressentait l'admiration et le respect que le Dragon des Mers avait pour lui, puis il ressenti une chaleur énorme le submerger. Camus et Shura se faisant face, croisant le fer. Le cœur de Kanon qui s'accélère, les sentiments passionnés qu'il éprouvât à ce moment précis coulèrent dans les veines du Verseau. Jamais il n'avait ressenti une telle chaleur, un tel amour,
qui lui était destiné exclusivement. Et cette chaleur augmentait et augmentait encore, jusqu'au moment ou le Verseau visualisa l'instant de sa victoire sur Shura. Il se vit enfin, brûlant d'une
aura quasi divine, l'épée sur la gorge du Capricorne. La vision était déformée, idéalisée par le ressenti de Kanon, mais Camus s'y trouvait… magnifique et tellement vivant. Malgré sa retenue et son apparente indifférence, la solitude pesait au Français, horriblement. Chaque
minute passée loin de Milo le tuait à petit feu. Et il mourrait un peu plus chaque jour depuis qu'il avait compris qu'il ne pourrait jamais s'unir au Scorpion. Camus voulait être vivant, comme cette homme victorieux qu'il venait de voir, une épée à la main… Sans vraiment comprendre ce qu'il faisait, le Saint du Verseau se pencha, effleurant de ses lèvres celles de Kanon. Il abandonna son visage pour plaquer ses mains au creux de reins du beau Marina, se blottissant un peu plus contre lui et goûta sans vergogne cette bouche pulpeuse. Kanon resta les yeux ouverts, surpris, les bras ballants, jusqu'à ce qu'une langue curieuse cherche à forcer
le barrage de sa bouche. Il enserra le Français à son tour, lui cédant le passage avec fébrilité. Sa langue était fraîche et indiscrète. Camus explorait lentement chaque parcelle de Kanon, avec sa bouche ou ses mains. Il laissa sa langue se répandre entièrement dans la douce cavité, plongeant sa main dans la chevelure bleue de l'amoureux transi, pour approfondir encore son baiser, qui n'avait plus rien de chaste. Sa respiration devenait saccadée. Kanon sentait que ses jambes allaient le lâcher. Son Prince des Neiges l'embrassait profondément, voracement, en laissant ses mains jouer dans son dos.
- L'épée docile, soumise à ses mains… Songea-t-il.
Pas si docile que ça. Il décida à son tour de goûter au Français. Il repoussa les assauts de la
langue insatiable, glissant la sienne entre les dents du Verseau, qui grondait de plaisir. Kanon entreprit une exploration langoureuse, gémissant, haletant. Le Général saisit à pleine main les fesses de Camus, le plaquant encore plus contre son corps et sa bouche. Camus, électrisé le poussa jusqu'à un pilier, sans lâcher ses lèvres.
- Je pourrais rester cette nuit si tu veux… Lui murmura Kanon, se dégageant de son étreinte.
- Kanon, non, je vais te broyer et t'anéantir… Répondit Camus, contredisant son propre corps. Et sa bouche revint se souder aux lèvres du Dragon des Mers.
Kanon, se dégagea encore.
- … Je ne suis pas Milo.
- Ce ne sera que physique… N'attends rien d'autre de moi.
- Je ne t'en demande pas plus. J'en ai besoin… Et toi aussi…
- Juste une nuit ? Demanda Camus.
- Juste une nuit… Promit Kanon.
