C'était un jour quelconque pendant les vacances d'été à 12, Square Grimmaurd. Les jumeaux s'amusaient à essayer d'écouter les conversations de l'Ordre du Phénix avec leur grande nouveauté : les oreilles à rallonge. Ron et Hermione venaient parfois écouter avec eux, mais ce jour-là, ils n'étaient pas présents.

Ils étaient concentrés sur ce que Tonks disait à propos de Vous-Savez-Qui, lorsque des bruits de chaise se firent entendre. Intrigués, Fred et George se lancèrent des regards interrogatifs. La réunion venait–elle de prendre fin, alors qu'elle avait commencée il y a seulement quelques minutes ?

Finalement, répondant à leurs questions, ils entendirent distinctement la voix chaleureuse de Dumbledore dire :

-Entrez, entrez ! Nous vous attendions. Bienvenue dans l'Ordre du Phénix, mesdames.

Puis, ils n'entendirent plus rien, sauf des bruits de pas montant au premier étage, juste à côté de là où ils étaient. Molly Weasley, leur mère, apparut devant eux, furieuse.

-Comment osez-vous ?! Si vous n'êtes pas conviés aux réunions c'est qu'il y a bien une raison ! N'essayez plus jamais de faire ça ou vous aurez affaire à moi !

Elle repartit tout de suite sans attendre de réponse.

-On le refera, dit George d'un ton mis interrogatif, mis déclaratif.

-Bien sûr, répondit Fred.

Cependant, ils ne réessayérent pas tout de suite car leur mère devait vérifier tous les coins de la pièce pour voir si elle ne trouvait rien de suspect.

Pendant ce temps, la réunion continua. Le professeur Dumbledore expliqua à ses collègues qui étaient les nouvelles arrivantes et leur rôle dans l'Ordre. Il mit rapidement fin à la réunion pour qu'elles puissent s'installer correctement après leur long voyage.

Aïdenne sortit de la salle à manger qui leur avait servi de salle de réunion comme une tempête. Ses longs cheveux rouges volèrent derrière elle. Ses yeux marron en amande se plissèrent afin de s'habituer à la pénombre de l'entrée. Elle n'aimait pas cette maison.

Pourquoi, demanderez-vous. La réponse était simple : quand elle était entrée pour la première fois, heureuse de bientôt pouvoir se reposer après son voyage harassant, elle avait vu des têtes d'elfe de maison accrochés au mur, comme si elles étaient de précieux trophées. Elle s'était alors imaginée faire de même avec son précieux elfe, et un frisson d'horreur l'avait parcourue à cette idée.

Après avoir jeté un coup d'œil à ce navrant spectacle, elle prit sa baguette et commença à dire le sort habituel, Wingardium Leviosa, pour faire voler ses valises en haut des marches, mais quelqu'un lui attrapa le bras, et lui murmura :

-Dans notre pays, la pratique de la magie en dehors de l'école est interdite avant l'âge de la majorité, c'est-à-dire 17 ans. Désolée, cela fera un petit changement par rapport à la France.

Aïdenne fusilla des yeux l'homme derrière elle. Elle n'aimait pas le ton qu'il avait pris avec elle, comme si elle n'était qu'un petit enfant dont il fallait s'occuper. La jeune fille se dégagea de l'emprise de l'homme aux longs cheveux noirs et à l'air un peu triste et décida de porter elle–même sa valise.

-Pour une chambre propre et vivable, va au troisième étage, la porte sur ta droite, murmura l'homme.

Elle le remercia d'un signe de tête, et se dit qu'il devait être le maître de la maison. Quand elle arriva au deuxième étage, deux garçons roux d'environ un an de plus qu'elle la regardaient. Ils étaient totalement identiques, elle en déduisit donc qu'ils étaient jumeaux et par leur couleur de cheveux, elle sut qu'ils étaient apparentés avec la femme qu'elle avait vu sortir pendant la réunion.

Elle ne leur adressa aucun signe, quasiment aucun regard. Elle ne les connaissait pas. Ce qui était un peu ironique, car en ce moment, elle ne connaissait rien ni personne, sauf sa mère qui faisait parti de l'Ordre, comme elle.

Elle monta encore un étage et ouvrit la porte de droite d'une manière désinvolte. Elle le regretta tout de suite quand elle vit une jeune fille rousse, plutôt agréable à regarder, en train d'enfiler un haut par-dessus son soutien-gorge. Aïdenne referma vivement la porte et jura dans sa tête.

« Par Merlin, qu'est ce que j'ai avec les têtes rousses aujourd'hui ? »

-Excuse-moi, je… je ne pensais pas qu'il y avait quelqu'un… dans la chambre ! Babultia-t-elle. Vraiment désolée, je dois m'être trompée !

La porte s'ouvrit en grand, laissant apparaître la jeune fille totalement habillée, avec un pantalon rouge et un haut assorti à la couleur de ses cheveux.

-Non, non tu ne t'es pas trompée ne t'inquiète pas. On va partager cette chambre un petit moment, jusqu'à ce qu'on désinfecte les autres chambres, donc installe-toi !

La jeune fille avait tout dit d'une traite et paraissait enchantée de partager sa chambre. Cela fit sourire Aïdenne de toutes ses dents. Elle adorait déjà cette fille.

-Comment tu t'appelles ? Demandèrent-elles en même temps.

Elles rirent et la rousse répondit en premier.

-Moi c'est Ginny. Ginny Weasley. Et toi ?

-Aïdenne. Aïdenne Medio.

Elles se sourirent, et Ginny aida Aïdenne à poser sa valise dans la chambre. Elles commencèrent à discuter pendant que la jeune fille aux cheveux rouges vidait sa valise dans une étagère.

-Tu es venue avec les personnes qui doivent rentrer dans l'Ordre ? Demanda la rousse.

-Oui, ma mère et moi avons accepté de nous joindre à eux car ils nous avaient demandé et...

Elle s'arrêta de parler lorsque Ginny la regarda, outrée.

-Attends une seconde… tu as quel âge ?

-16 ans, pourquoi ? La questionna Aïdenne, un peu perdue par ce revirement de situation.

-Pourquoi Fred et George n'ont pas le droit de rejoindre l'Ordre si toi tu as le droit ? C'est absolument injuste !

La nouvelle chercha dans sa tête qui pouvait bien être les garçons qu'elle venait de citer.

-Pardon, mais qui sont ces garçons ?

-Mes frères ! Ils ont 17 ans et on leur a refusé l'entrée dans l'Ordre car ils sont trop jeunes et toujours dans les études, dit Ginny la mine boudeuse.

Aïdenne finit de ranger ses affaires en silence, ne sachant pas quoi répondre à cela. Après avoir fini, elle descendit dans la salle à manger, où elle remarqua que le dîner aller être servi. Elle s'assit donc en bout de table et attendit quelques minutes seules.

Quand Fred et George rentrèrent dans la salle à manger, ils virent la jeune fille dont Ginny leur avait parlé. Ils étaient avides de savoir pourquoi elle était rentrée dans l'Ordre et allèrent se placer en face d'elle.

Lorsqu'ils l'avaient croisée dans les couloirs un peu plus tôt, les jumeaux avaient déjà remarqué la beauté saisissante de la jeune fille, mais quand ils furent vraiment en face d'elle, ils ne purent que penser que c'était la plus belle fille qu'ils voyaient de toute leur vie. Elle était très gracieuse, mais par la même occasion ils pouvaient distinguer une lueur rebelle dans ses yeux qui faisait contraste. Elle semblait très intelligente et d'une sagesse infinie.

Après que tous les occupants de la maison se furent assis, les conversations commencèrent de part et d'autre de la table. Les jumeaux décidèrent donc de se lancer eux aussi dans une conversation avec la fille d'en face.

-Hey Aïdenne, moi c'est Fred.

-Et moi George !

Elle les regarda d'un œil sceptique tandis qu'elle prenait un morceau de pain dans la corbeille entre elle et les jumeaux.

-Et ? C'est pas comme si vous attendiez que je me rappelle de qui est qui, vous êtes jumeaux et c'est la première fois que je vous rencontre, dit-elle d'un ton qui devait clore la conversation.

Les jumeaux se regardèrent avec un sourire. Ils trouvaient la jeune fille intéressante, car elle ne sortait pas une quelconque formule de politesse comme elle le devrait. Non, elle disait ce qu'elle pensait et ça leur plaisait.

Une personne rentra alors dans la salle et tous les yeux se tournèrent vers elle. Elle avait les cheveux roses pâles, les yeux bleus clairs et la peau blanche immaculée. Elle avait l'air d'avoir la quarantaine et quand Aïdenne se leva pour lui faire un signe, les quelques personnes qui ne le savaient pas encore comprirent qu'ils venaient de rencontrer la mère et la fille.

La dame alla rejoindre son enfant au bout de la table et les yeux continuèrent de contempler ce spectacle. Les deux femmes étaient d'une beauté très singulière et ne semblaient pas remarquer qu'elles réduisaient au silence une assemblée qui ne s'était jamais souvent tue.

Lorsque la dame s'assit en bout de table, entre sa fille et les deux Weasley, le charme sembla se dissoudre et les conversations reprirent, bien que moins enthousiastes.

Hermione empêcha, sans s'en rendre compte, les jumeaux de parler à Aïdenne car elle avait déjà commencé à lui faire la conversation.

-Tu t'appelles Aïdenne c'est ça ? Ginny m'a dit. Moi c'est Hermione Granger. D'où viens-tu ?

La jeune fille finit d'avaler sa bouchée avant de parler.

-Je viens de France, dans le sud, près de Montpellier, je ne sais pas si tu connais.

Hermione réfléchit quelques instants et hocha la tête. Elle se rappelait de la carte de France qu'elle avait appris par cœur avant d'aller faire un voyage à Dijon avec ses parents.

Bientôt, le dîner fut fini, alors tout le monde se précipita dans sa chambre, quelques uns par fatigue, comme Remus Lupin, Aïdenne et Caliawen, sa mère, d'autres par envie, comme Fred et George qui voulaient expérimenter d'autres choses pour leur futur magasin de farces et attrapes.

Arrivée en haut de l'escalier du troisième étage, Aïdenne se retourna vers sa mère et la pris dans ses bras. Elle ne savait que trop dans quoi elles s'étaient mises, et elle savait que sa mère s'inquiétait pour elle. Alors Aïdenne fit ce qu'elle put pour la rassurer et lui sourit en disant :

-Tu sais m'man, je me suis fait des amis ici. Ils ont l'air très gentils. Je vais être avec eux à Poudlard. En plus Dumbledore à l'air d'être un très grand sorcier ! Je serais beaucoup plus en sécurité sous son toit plutôt qu'à la maison.

Sa mère hocha la tête, résignée à croire sa fille. Mais tout ce qu'elle voyait au fond d'elle, c'est qu'elle ne serait pas là quand sa fille aura besoin d'elle. Elle sera à des centaines de kilomètres d'elle, et ça lui brisait le cœur. Cependant, elle ne laissa rien paraître.

-Tu as raison, bonne nuit ma chérie, dors bien.

Elle lui déposa un baiser sur le front et s'en alla à l'étage d'au-dessus, où se trouvait sa chambre. Aïdenne, elle, rentra dans la sienne et s'arrêta devant l'armoire où elle avait rangé ses affaires. Elle caressa du bout des doigts un tissu gris très fin, et vérifiant que personne ne la regardait, elle le prit et l'enfila.