Mary Alice BRANDON
Chapitre 1: première rencontre
Mary Alice pleurait et hurlait mais personne ne l'écoutait, personne ne réagissait. Elle le savait mais ça lui faisait du bien de laisser la haine et la peur couler dans ses plaintes. Le froid s'insinuait en elle comme toujours dans cette sombre geôle. La jeune femme avait pris l'habitude de ce sentiment de glace qui stoppait son cœur. Elle avait encore vu des choses, ces choses qu'elle ne devrait pas voir selon sa famille et les médecins. Mais même si Mary Alice craignait ces visions, elle sentait qu'elles faisaient parties d'elle. Il était rare qu'elle voie, il lui arrivait surtout de sentir les événement arriver. Elle les pressentait. La seule chose qu'elle n'avait pas senti arriver, c'était la trahison de sa famille. Cette dernière la prenait pour un monstre, une erreur de la nature qui n'aurait pas dû exister et l'avait placée ou plutôt l'avait abandonnée dans un asile soi-disant dans le but de la guérir. Ils la croyaient possédée par le démon, voyant des choses qui arrivaient par la suite.
Tout à coup, un grincement résonna dans la pièce sombre où elle était, puis elle sentit une ombre sur elle. Mary Alice releva sa tête : un homme au visage sombre et sans expression la toisait et deux femmes le suivait. Mary Alice se recroquevilla dans le coin de la pièce où elle se trouvait, espérant se fondre dans le mur et échapper à ce qui allait suivre. Elle savait que chaque fois qu'ils venaient, une nouvelle séance de « soins » allait lui être appliquée.
Elle tenta de se débattre, mais sa détention, ainsi que les séances et le régime alimentaire qui lui était réservé, l 'avait considérablement affaiblie. Les deux infirmières la contrôlaient aisément.
La jeune fille fut installée sans ménagement sur une chaise puis ses mains et pieds furent sanglés aussitôt. Elle regarda ,effrayée, une infirmière lui poser des ventouses sur ses tempes et son front, ventouses qui étaient reliées à un appareil électrique.
Les ventouses.
Les électrochocs.
Le bouton rouge.
La douleur.
Encore.
Et encore.
Mary Alice hurlait, elle criait à s'en casser les cordes vocales, hurlant sa rage, sa douleur. Mais la douleur persistait. Des ombres dansaient devant ses yeux. Ne la supportant plus, elle sentit son esprit dériver et sombra dans l'inconscience.
Lorsqu'elle reprit connaissance, elle reconnu sa soi-disant chambre, aux murs sombres sans fenêtres. La seule ouverture se trouvait en haut de la porte, barricadée, par laquelle ses persécuteurs la surveillaient.
N'ayant pas la force de se lever, la jeune fille se traina jusque dans le coin le plus sombre. En se balançant d'avant en arrière, elle repoussa une mèche de cheveux de son visage puis cala sa tête sur ses genoux. Bientôt, des sanglots résonnèrent dans la pièce mais le froid revint plus fort et Mary Alice s'endormit, épuisée.
*****
Une semaine plus tard, Mary Alice apprit qu'un nouveau médecin arrivait dans l'établissement. Étant spécialisé, selon les dires, dans tout ce qui sortait de l'ordinaire, on lui avait attribué d'emblée la patiente n° 318, c'est-à-dire elle-même.
Un jour, la porte de sa cellule s'ouvrit sur lui. Lorsqu'elle releva les yeux, la jeune femme découvrit un homme à la beauté époustouflante. Grand, brun, une peau d'une blancheur immaculée, ce furent surtout ses yeux qui la surprirent le plus. Incroyablement dorés, empreints d'une grande profondeur et d'une grande sagesse, Mary Alice avait l'impression de s'y noyer. Malgré la physionomie divine de cette apparition, la jeune femme ressentait un malaise vis à vis de lui. Son inconscient lui soufflait de fuir cet autre homme, en blanc qui plus est.
« Mary Alice Brandon? Je suis enchanté de faire ta connaissance. Je me présente, je suis le médecin Louis Bergevin et à partir de maintenant, c'est moi qui m'occuperais de toi. »
Mary Alice ne lui répondit pas, préférant se tasser un peu plus sur elle-même malgré sa fascination pour cet homme d'une beauté époustouflante.
À son grand étonnement, Mary Alice appréciait de plus en plus le nouveau docteur de l'établissement. Il était différent des autres, se montrait plus gentil, plus compréhensif. Mais il semblait lui cacher quelque chose. Elle en eu, un jour, la certitude : alors qu'il lui touchait l'épaule, sa vue se troubla, son regard se fit lointain. Non seulement elle voyait mais elle entendait.
Du rouge...
Fuir...
Une forêt...
Continuer de fuir...
Une ombre...
Une douleur insupportable...
Un gémissement...
Un rire inhumain et glacial...
Le noir total...
Mary Alice hurla et s'enfuit à l'autre bout de la pièce, terrorisée par ce qui venait de se produire. Cela faisait si longtemps que ça ne lui était pas arrivé, elle pensait avoir vaincu ces visions, mais cette dernière se révélait être la plus horrible et la plus réaliste qu'elle n'ait jamais vue.
« Alice ! » S'écria le médecin en se rapprochant d'elle.
Mais la jeune fille recula devant le contact physique qu'il essayait d'établir. Cette horrible vision lui était apparue dès que la main du Dr Bergevin était entrée en contact avec sa peau. Et elle ne tenait absolument pas à revoir ces images d'horreur.
« Alice, calmes-toi je t'en conjures. Je ne te ferais aucun mal. Là jeune fille, ça va aller, je suis là, tu ne crains rien »
Pas à pas, petit à petit, le médecin se rapprochait d'elle en la réconfortant et finalement, elle s'effondra en pleurs dans ses bras.
