A/N : Bonjour à tous. Comme je vous l'ai promis dans mon A/N du 27/04/2019 sur « Hors de Contrôle », je vous publie aujourd'hui un texte sur le thème de Pâques. J'arrive avec une bonne semaine de retard, mais mieux vaut tard que jamais, non ? Pour tout vous dire, je voulais déjà publier ce texte pour Pâques 2018, mais je n'avais jamais réussi à le terminer à temps. J'ai donc reporté la publication à cette année. J'espère que le ton de ce texte vous plaira. Bonne lecture.
Contexte : univers 2016 pour les personnages, univers 1984 (Turtle Prime) pour le décor et l'ambiance.
Rappel : l'histoire m'appartient, mais les TMNT ne m'appartiennent pas – tous les droits sont réservés à leurs créateurs. L'image ne m'appartient en aucune façon.
CHOCOLAT
« We strike hard and fade away…into the dark! » – Teenage Mutant Ninja Turtles
1st comic book, 1984, 1st of May.
Des nuages noirs et gris d'un sublime camaïeu couvraient New York, la peinturlurant avec beauté à la manière d'un comics en noir et blanc. L'atmosphère régnante était très lugubre et le ciel, orageux et menaçant, pleurait à chaudes larmes dans les rues de la ville jusqu'à l'inonder par endroits. De temps à autres, seuls des éclairs illuminaient ce cadre ombrageux et dantesque. Comme pour casser cet étrange et sinistre décor, une ombre sillonnait les toits et les avenues telle une étoile filante, rapide comme l'éclair et puissante comme la foudre. Cette ombre inconnue et vive avait retenu l'attention des quelques caméras de surveillance que Donatello avait installées de part et d'autres dans la ville.
Confortablement installé sur son fauteuil fabriqué de skateboards, les jambes étalées sur son bureau et les chevilles croisées, le jeune mutant ingénieur, alarmé par les mouvements affolés de ses caméras, plissa les yeux derrière son masque mauve en quittant sa position nonchalante.
-« Leo ? Viens voir ça », appela-t-il en fixant ses lunettes rafistolées sur son nez plat reptilien afin de corriger sa myopie.
Tandis qu'il pianotait rapidement sur son clavier, le leader accourut.
-« Qu'est-ce qu'il se passe, Donnie ? » questionna-t-il en trottinant jusqu'à lui.
Curieux, il croisa ses bras musclés et tatoués sur le dossier peu confortable du fauteuil de skateboards pour regarder par-dessus l'épaule de son frère.
-« Regarde, rétorqua Donnie avec confusion et sérieux. Ces images viennent tout juste d'être filmées par la caméra que j'ai installée du côté du zoo de Staten Island. »
Les yeux plissés derrière le verre de ses lunettes rondes et rongées par le temps, Donatello pressa la touche entrée de son clavier pour dévoiler l'enregistrement à Leonardo. Attentif et très intrigué par les mots de son frère, ce dernier plissa ses yeux myosotis derrière le bleu roi de son masque en se penchant légèrement vers l'écran de surveillance, sans décrocher son regard troublé de celui-ci. Sur ces images filmées en noir et blanc, une ombre imposante et allongée filait à une vitesse fulgurante, sans se soucier de la pluie qui s'abattait violemment dans les rues. Son passage n'avait duré qu'une fraction de seconde mais l'ombre avait eu le temps de rebondir sur deux toits puis disparaître dans une ruelle plus sombre, difficilement distinguable sur les images. Stupéfait, Leonardo écarquilla ses yeux, se demandant si ce passage éclair était réel ou simplement le fruit de son imagination.
-« Qu'est-ce que c'était ? », demanda-t-il aussitôt d'une voix vive et impérieuse.
L'air grave et tout aussi concerné que lui, Donatello haussa les épaules puis lança simultanément sur ses moniteurs les vidéos de trois autres de ses caméras de surveillance, pointant du doigt chaque passage éclair de l'ombre sur chacun des enregistrements.
-« Je ne sais pas, mais c'est inquiétant. Regarde, ça traverse littéralement Staten Island et ça se dirige vers Brooklyn ».
Troublé et extrêmement frustré de ne pas parvenir à distinguer la silhouette fugace, Leonardo grinça des dents en regardant chacun des enregistrements avec gravité.
-« Là, mets sur pause », ordonna-t-il en pointant du doigt l'enregistrement sur le moniteur à leur gauche.
Leonardo ayant désigné l'écran trop tard, Donatello rembobina l'enregistrement et, les yeux plissés derrière le verre correcteur de ses lunettes, il réussit à emprisonner la silhouette sur l'écran après quatre essais. Le regard sombre, Leonardo se redressa gravement et croisa ses bras sur son plastron en dévisageant le moniteur. Il était parfaitement impossible de distinguer clairement la silhouette fugace. Cette ombre inconnue et si rapide lui paraissait menaçante et la simple idée qu'un malfrat puisse sillonner les rues de leur ville lui était insupportable.
-« Imprime-moi ça et réunit les autres, il faut le coincer », déclara-t-il gravement en s'éloignant vers l'armurerie pour s'équiper.
Le ciel était si sombre que le jour se confondait avec la nuit et les couleurs semblaient s'être ternies : ce n'était que par un temps si lugubre que les chevaliers d'écaille se permettaient de quitter les égouts en pleine journée. Les ombres étaient leurs seules alliées et, privée de la lumière du soleil, la ville assombrie constituait un terrain parfait pour chasser les malfrats. Ayant concocté un plan infaillible, le jeune leader avait désiré tirer profit de ce sombre cadre qui leur donnait l'avantage du terrain pour arrêter cette ombre vivace et inquiétante qui se dirigeait vers Brooklyn, leur quartier. Ainsi, il avait ordonné à ses frères de se camoufler aux quatre points cardinaux de la ville afin d'intercepter ce potentiel criminel.
Dissimulé contre le mur d'une ruelle nullement éclairée de Dyker Heights, quartier à l'entrée de Brooklyn, Donatello plissait ses yeux ambrés derrière le verre de ses lunettes ruisselant d'eau de pluie. Parfaitement mêlé aux ombres, rien ne trahissait sa présence dans les ténèbres. Une main posée sur le mur glacé de la ruelle et son bō fermement empoigné par l'autre, il observait attentivement et silencieusement les alentours depuis déjà une dizaine de minutes. Seul le fracas assourdissant de la pluie cassait le silence qui régnait tout autour de lui quand, finalement, l'ombre fila près de lui dans une course effrénée et cinglante. Écarquillant les yeux de stupeur, il escalada aussitôt le toit et eu tout juste le temps de l'apercevoir tourner sur la gauche, traçant vers le Sud. L'eau ruisselait sur son corps tandis qu'il activa le communicateur qu'il portait à son épaule.
-« Raph ! Ça se dirige vers toi, tiens-toi prêt ! »
Quelques rues plus loin, perché sur un building de Sheepshead Bay tel un animal prêt à bondir, Raphael restait sur ses gardes. Des rigoles d'eau dessinaient ses muscles saillants qu'il avait mis tant d'années à sculpter. Les oreilles tendues, les yeux plissés et les dents serrées, le jeune mutant était à l'affût de la moindre ombre, du moindre bruit. Seulement une ou deux minutes s'écoulèrent quand, brusquement, une ombre dévala l'avenue face à lui dans un zig-zag déroutant puis s'engouffra dans une des rues qui faisait l'angle du building sur lequel il s'était dissimulé. Un grognement frustré racla aussitôt la gorge du mutant alors qu'il prit l'ombre en chasse. Tandis qu'il sautait sur le toit voisin dans une course poursuite digne d'un film d'action, Raphael activa son communicateur pour avertir son frère de sa voix grave et bourrue.
- « Leo ! Ça continue vers l'Est, il va me semer ! »
Accroupi telle une gargouille au sommet d'une vieille ligne téléphonique de Canarsie, Leonardo étouffa un grognement amer. Les larmes des nuages noirs ruisselaient sur son corps athlétique tandis que des éclairs rares révélaient son ombre devenue terrifiante dans les ténèbres. Leonardo attendait sans ciller que ce malfrat jaillisse au tournant d'une rue pour bondir et l'arrêter dans ses actes délictueux. Le crime ne s'arrêtait jamais à New York, pas même le jour de Pâques. Le jeune leader retient un soupir d'exaspération à cette pensée. Seulement trois minutes après le signal émis par Raphael, l'ombre pourchassée apparue au coin de la rue dans laquelle il avait élu nid. Les yeux plissés, Leonardo se redressa de toute sa hauteur pour bondir. Mais il était déjà trop tard, le brigand avait détalé vers le Nord. Sa rapidité déconcerta Leonardo, tant qu'elle lui mit les nerfs à vif. Sans trop réfléchir, il s'élança à sa suite tandis qu'il empoignait déjà son communicateur.
- « Mikey, il arrive vers toi ! Reste sur tes gardes ! »
Lorsque la voix grésillante de son grand frère parvint à Michelangelo, ses doigts se crispèrent sur sa console ingénieusement imperméabilisée par du cellophane. Ses trois frères n'étaient pas parvenus à stopper le brigand, tout reposait désormais sur lui. Cela l'angoissa autant que le réjouissait. C'était évidemment l'occasion de prouver sa valeur, malgré son jeune âge. Assis sur un building de Crown Heights, tout au Nord de Brooklyn, il coinça sa vieille GameBoy encore chaude entre sa ceinture et sa carapace avant de s'armer de ses nunchakus qu'il fit tournoyer nerveusement dans les airs. Les dents serrées, il guetta les environs. Seule la pluie qui s'abattait mélodieusement rythmait cette ville. Aucun signe du truand. Les secondes devinrent des minutes et, alors qu'il commençait à croire à une mauvaise blague de ses frères, l'ombre tant attendue surgit des ténèbres. Sa vitesse était fulgurante et, sans réfléchir, Michelangelo s'élança corps et âme pour tenter de la suivre. « Mais qui c'est, ce gars ?! » marmonna-t-il pour lui-même, déjà à demi essoufflé. Jamais les quatre frères n'avaient rencontré un tel adversaire. Si rapide, si puissant. Un instant, Michelangelo songea que peut-être, ils n'était pas les seuls Ninja mutants au sein de cette ville. Animé par l'adrénaline qui coulait dans ses veines, mais très vite découragé lorsqu'il comprit que l'ombre l'avait semé depuis longtemps, Michelangelo s'arrêta finalement pour reprendre son souffle. Les mains posées sur ses genoux et la tête basse, il se laissa tomber à genoux dans un élan mélodramatique. Quelques secondes suffirent à ses trois frères pour le rejoindre, guidés par le signal GPS de son communicateur.
- « Punaise ! Mais bordel c'est pas possible, ça ! À nous quatre on l'a pas eu ?! On aurait dû lui coller un GPS au cul, à lui aussi ! »
Et alors que Raphael se perdait dans ses jérémiades amères et sourdes, Leonardo massa ses tempes vrombissantes en soupirant profondément avant de s'accroupir près de Michelangelo pour le ramener contre lui dans une étreinte douce et réconfortante.
- « T'inquiète Mikey, c'est pas grave. On a tous échoué ».
Puis, alors que Raphael continuait de pester et que Leonardo consolait le plus jeune, Donnie plissa les yeux pour tenter d'apercevoir entre les gouttes de pluie qui s'abattaient encore violemment sur eux. Sans trop y croire, il aperçut sur la plaque d'égout la plus proche un objet coloré. D'un simple « oh, regardez... », il invita ses frères à le rejoindre tandis qu'il s'accroupit près de ce qui semblait être un panier garni. Un morceau de papier noirci par une encre déjà coulante et mêlée à la pluie y trônait. Donatello déglutit avant de le lire le mot à haute voix.
« Vous m'avez bien amusé, mais c'est peine perdue de courir après moi. Vous avez bien mérité vos œufs. Bonne dégustation »
Animé par la rage qui brûlait déjà ses veines, songeant qu'on se foutait de lui, Raphael s'empara du morceau de papier déjà à moitié trempé qui couvrait une dizaine d'œufs en chocolat joliment disposés dans un panier d'osier orné d'un ruban doré. Éberlué par cette situation grotesque à laquelle il ne parvenait pas à croire et qui le dépassait manifestement, un rire grave et nerveux le secoua tandis qu'il dévisageait chacun de ses frères en froissant le morceau de papier. Après un marmonnement incompréhensible, sa voix partit dans les aigus.
- « C'est une blague ?! Mais merde ! Me dites pas qu'on a coursé le lapin de Pâques ?! »
...Je me suis marrée toute seule en écrivant les dernières lignes ! J'espère que cet OS thématisé vous a plu. J'ai adoré l'écrire en tout cas et je suis ravie d'avoir enfin pu vous le soumettre aujourd'hui. J'ai tenté de jongler entre l'aspect noir, limite terrifiant, des comics et le caractère caricatural de l'œuvre avec cette touche d'humour final. J'ai voulu vous faire frémir puis rire et j'espère que le défi a été relevé. J'espère aussi que vous avez passé de Joyeuses Pâques. Je reste disponible pour échanger avec vous. Dans l'attente, portez-vous bien.
- Hiv.
