Aujourd'hui, comme tous les soirs, le capitaine de la huitième division avait déserté le front (c'est à dire son bureau), pour pouvoir vider gaiement les caves à vin de tous les bistrots du Seireitei avec ses copains de beuverie.
Le capitaine Kyoraku riait donc à gorge déployée d' une blague que venait de raconter la vice-capitaine Matsumoto, quand il s'arrêta brusquement, subjugué.
La fenêtre de son bureau était ouverte et Nanao, sa lieutenant, était assise sur le rebord, un livre sur les genoux. Un des nombreux pruniers qui jalonnaient le domaine la surplombait et déposait sur ses cheveux noirs des pétales emportés par le vent avec la douceur d'un voile de mariée.
Elle s'adonnait probablement une pause au milieu de l'immense travail que lui donnait son capitaine. Celui-ci en ressentit une certaine culpabilité.
Il prit congé de ses compagnons et rejoint le bureau.
Elle n'avait pas bougé et n'avait même pas remarqué sa présence. Il se rapprocha d'elle sans faire de bruit, cachant le plus possible son Reiatsu, profitant le plus possible de cette vision parfaite.
Lorsqu'il fut tout près d'elle, c'est à regret qu'il posa sa main sur l'épaule de la jeune femme. Elle fit un bond en arrière et manqua de tomber par la fenêtre. Son capitaine la retint, et l'attira contre son torse. le coeur de la jeune femme battait à tout rompre.
- Et bien, ma petite Nanao, c'est moi qui te mets dans cet état?
La vice-capitaine se détacha de son étreinte et détourna la tête.
- Vous m'avez fait peur! On n'a pas idée d'approcher les gens comme ça... Qu'est-ce que vous faîtes ici? Vous n'êtes pas là pour travailler, j'imagine?
Il sourit.
- Qui sait? Tu pourrais être surprise... Mais, malheureusement, ce n'est pas la raison de ma venue ce soir.
Nanao soupira. Quand son capitaine commençait, personne ne pouvait l'arrêter. Elle se résigna donc à abandonner son travail pour la soirée.
- Vous êtes là pour quoi, alors?
- Un souvenir m'est revenu. Te rappelles-tu du jour de la chenille?
Si Nanao s'en rappelait? Bien sur qu'elle s'en rappelait. L'ancienne vice-capitaine, qu'elle considérait comme sa grande soeur et avec laquelle elle apprenait à lire avait disparu de la Soul Society.
Elle se terrait dans ses quartiers et passait ses journées à pleurer. Et il était arrivé. Il avait ouvert la porte de sa chambre avait souri.
- Dis-moi, ma petite Nanao, tu me lirais une histoire?
Elle avait été très étonnée qu'il lui demande ça.
- Pourquoi un capitaine comme vous voudrait que je lui lise une histoire? Je ne sais même pas bien lire...
- Je lirai avec toi, alors.
Le capitaine Kyoraku avait donc passé la soirée à aider la petite fille qu'était alors Nanao à décrypter l'histoire d'une chenille qui voulait devenir un papillon. Il lui avait dit alors:
- Vois-tu, ma jolie Nanao, tu es comme cette chenille. Maintenant tu n'es encore qu'une petite chose fragile. Mais dans quelques années, tu ouvriras tes ailes. Mais attention! Un papillon, c'est fragile. Il faudra que tu prennes soin de toi comme d'un papillon. Tu me le promets?
Elle avait promis et ils avaient lié leurs petits doigts en riant.
- Pourquoi vous me demandez ça, Capitaine? Bien sur que je m'en rappelle, mais je ne vois pas...
Le capitaine s'avança vers la jeune femme jusqu'à la faire reculer, jusqu'à que son dos touche le mur de la pièce.
- Ma Nanao, dit-il d'une voix douce, en approchant son visage du sien. As-tu déployé tes ailes?
L'intéressée, rougissante, ne sut que répondre. Il était trop près, beaucoup trop près. Tout en fixant le haori, elle secoua la tête de haut en bas.
Le capitaine glissa un doigt sous son menton et lui fit lever la tête.
- Mon papillon libéré de sa coquille acceptera l'amour que lui porte son capitaine.
Elle ne répondit pas mais sentit les lèvres chaudes de son compagnon sur les siennes.
