Lorsque je vois la lourde porte coulisser je sais qu'il est temps. Moi, Dylan Kane, je vais mourir aujourd'hui

J'attends ce jour depuis trois cents cinquante-deux jours. Autrement dit, une année entière. Une année passée à l'isolement. C'est ici que tous les mineurs ayant commis un crime sont placés. Le jour de nos dix-huit ans un second procès a lieu. Suite à ce procès soit on est gracié soit on est envoyé à la dérive, c'est-à-dire qu'on est envoyé dans le cosmos destiné à dériver pour toujours. Étrange comme exécution vous me direz mais on fait avec les moyens du bord puisque que nous sommes tous coincés sur une immense navette spatiale appelée l'Arche. C'est tout ce qui reste de la race humaine après le Cataclysme qui a complètement irradié la Terre. Nos scientifiques estiment que l'on doit attendre encore trois générations avant de pouvoir poser à nouveau un pied sur Terre. En attendant on est tous coincés ici, dans cette immense boîte à attendre que l'on puisse retourner chez nous. Malheureusement pour moi je ne pourrais jamais assister à cela puisque je vais être exécutée dans quelques minutes. Deux gardes entrent dans ma cellule.

- Prisonnière quatre cents soixante-cinq mettez vous le long du mur.

Je m'exécute sans rien dire. Je me mets au fond de ma cellule et pose les mains à plat contre le mur.

- Tendez votre poignet, m'ordonne un des gardes

Je lui tends mon poignet et il referme un bracelet en métal autour. Un cri de douleur m'échappe.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Tout vous sera expliqué en temps voulu.

- Expliquer quoi ? Je comprends pas. J'ai dix-huit ans aujourd'hui le Conseil est censé réexaminer mon dossier.

- Dans ce cas vous pouvez vous estimer chanceuse. Avancez maintenant.

Je sors de ma cellule suivit des deux gardes. L'agitation qui règne dans la zone d'Isolement me surprend. Plusieurs détenus sont sortis de gré ou de force de leur cellule.

- C'est quoi ce bordel ?

- Tout vous sera expliqué quand vous serez tous installés

- Non je veux une explication toute suite.

- Avancez, je ne me répèterais pas.

- Je veux parler à mon père, maintenant !

- Avancez dernière fois, me dit-il en sortant sa matraque électrique

- Je ne bougerais pas d'ici tant que je n'aurais pas vu mon père.

- Dans ce cas.

Il va pour m'enfoncer sa matraque dans les côtes quand une voix grave l'arrête. Je me retourne et j'aperçois mon père qui avance d'un pas déterminé vers moi.

- Je peux savoir ce que tu fais ?

- C'est tout ce que tu trouves à dire après un an sans me voir, papa ?

Il souffle d'exaspération et me tire par le bras à l'écart des gardes. Une fois éloigner je dégage brusquement mon bras. Je vois dans son regard qu'il est blessé par mon rejet

- . Dis-moi ce qui se passe ? Pourquoi vous nous sortez tous de l'Isolement ? Y a plus assez de place alors vous faîtes une exécution de masse !, dis-je avec tout le mépris dont je suis capable.

- Ne dis pas n'importe quoi, Dylan. On ne va pas vous exécuter. On vous envoie sur Terre.

- Quoi ? Non c'est trop dangereux ! Tu m'as dit toi-même qu'on ne pourrait pas y retourner avant trois générations !

- Oui c'est vrai mais on est en situation d'urgence. On est trop nombreux sur la station. On va bientôt manquer d'air.

- Mais pourquoi vous n'envoyez pas des spécialistes ? Ils seront sans doute plus à même de survivre sur Terre.

- Le Conseil estime qu'étant donné vos crimes on peut se permettre de vous sacrifier

- Pardon ?

- Si la Terre est habitable et qu'on peut descendre sur Terre vous serez tous graciés

- Donc on est de la chair à canon ! Ça ne devrait pas m'étonner après tout tu n'as pas hésiter à appuyer sur le bouton qui a envoyé maman à la dérive, n'est-ce pas ?

- Dylan…

- Non, laisse-moi ! On se reverra sur Terre.

Je vais pour rejoindre les gardes quand il me rattrape.

- Quoi ?

- Je veux que tu prennes la tête du groupe. Tu es entraînée pour ce genre de mission. Fais en sorte que ça marche. Mais soit prudente. Je sais que depuis la mort de ta mère je n'ai pas vraiment été un bon père. Mais je veux que tu survives.

- Woah ! Fais attention, papa, ça ressemble presque à une déclaration d'amour. Pourtant tu n'as pas hésiter à m'envoyer groupir ici. Mais t'en fais, j'essayerais de rester en vie

. Je me tourne définitivement de lui et je rejoins mes deux gardes préférer.

- Je crois que j ai une navette à prendre.

Ils se mettent en route et je les suis. D'autres jeunes arrivent derrière moi et ils sont plus ou moins paniqués. On est au moins une bonne centaine et de tout âge confondu. On arrive au pied d'une échelle et ils nous font mettre en file indienne et on monte un part un. Quand mon tour arrive j'attrape les barreaux de l'échelle et grimpe dans la navette. Le premier niveau est déjà plein je monte donc au suivant. Je m'installe à côté d'une fille brune aux cheveux longs. Elle semble anxieuse. Je le serais sans doute aussi si je ne savais pas où j'allais. Je sangle mon harnais et j'observe les autres délinquants monter dans la navette. J'en reconnais deux trois mais jamais je n'aurais cru retrouver ces deux-là ici. Le fils du chancelier Jaha et la fille du médecin en chef qui est aussi ma meilleure amie.

- Clarke !

Elle ne réagit pas. Et je remarque qu'elle est inconsciente.

- Wells, qu'est ce qui lui arrive ?

- Je sais pas. Je crois qu'ils lui ont donné un sédatif.

- Et toi ? Qu'est-ce que tu fiches ici ?

- Je suis venu pour elle.

- T'es au courant que toutes les personnes présentes dans ce vaisseau sont ici à cause de ton père et que c'est sur toi que ça va retomber.

- Pas forcément.

- T es bien naïf, Wells. T'aurais jamais dû venir ici

Tous les sièges sont maintenant occupés et on peut entendre les réacteurs se mettre en marche. On est tous collés à nos sièges avec la pression du décollage. Soudain les écrans s'allument et le visage du chancelier apparaît.

- Chers citoyens de l'Arche, vous êtes cent délinquants à être envoyé sur Terre dans le but de tous nous sauvés. En dépit de vos crimes passés nous estimons que nous sommes en droit de vous sacrifiés pour sauver tous les citoyens de l'Arche.

- Ton père est un enfoiré, Wells, dit un délinquant sous les rires des autres.

Je n'écoute plus le discours de Jaha mais j'observe plutôt les trois abrutis qui ont décidé de se détacher.

- C'est intelligent ça vous voulez être les trois premiers abrutis à mourir sur Terre. En tout cas vous êtes bien partis.

- Dylan a raison, leur dit Clarke qui a repris connaissance. Finn rattache toi.

- On devrait pas tarder à entrer dans l'atmosphère, avertit Wells.

- Ça va secouer, dis-je pour moi-même.

Et effectivement, ça ne manque pas. Une impressionnante secousse ébranle le vaisseau et les trois délinquants se retrouve propulser contre les parois. On est secoué dans tous les sens puis plus rien. On a dû atterrir. Clarke se détache et se précipite sur les garçons à terre. Je me détache aussi et la rejoins.

- Ils sont vivants? demanda-t-elle à Finn qui par miracle est toujours en vie.

Il fait non de la tête.

- Fallait si attendre, on ne pourra pas dire qu'on ne les avait pas prévenu.

Puis on entends de l'agitation en bas. Quelqu'un veut ouvrir la porte.

- Non ! S'exclame Clarke avant de s'élancer vers l'échelle.

Je la suis et on voit tout un attroupement devant la porte.

- Reculez tous! Ordonne un mec.

Clarke fend la foule et je la suis. Le mec porte une tenue de garde et semble bien plus vieux que nous.

- Arrête, lui dit Clarke. On ne sait pas si l'air est respirable. Ça peut tous nous tuer en une seconde.

- Et bien on va bientôt le savoir.

Il pose la main sur la poignée mais une voix l'arrête.

- Bellamy !

Le garde se retourne et je vois la même fille qui était assise à côté de moi se jeter dans ses bras.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Oú est ton bracelet et c'est quoi cette tenue ?

- Fallait bien que quelqu'un veille sur toi.

- Je la reconnais, dit un délinquant. C'est Octavia Blake la fille qui a vécu pendant seize ans sous un plancher.

Évidemment ils sont frère et sœur. J'avais entendu parler de cette histoire. Une femme avait eu un second enfant ce qui était contraire aux règles de l'Arche qui n'autorisent qu'un seul enfant par famille. Sa mère l'avait enfermée sous le plancher de leur maison. Quand la vérité fut découverte, la mère à été envoyée à la dérive et la fille à l'Isolement.

Je n'ai pas vraiment suivit la conversation mais Bellamy actionne le levier de la porte. La porte s'ouvre doucement et une lumière intense passe par l'ouverture. Puis une odeur d'herbe et de terre emplit mes narines puis enfin les couleurs toutes ces nuances de vert qui s'étalent devant nos yeux. Des arbres immenses nous entourent, la chaleur du soleil qui brûle notre peau et enfin la caresse du vent sur notre peau. C'est encore mieux que ce que j'imaginais. J'ai l'impression de respirer pour la première fois de ma vie, c'est comme une renaissance. Octavia pose la première les pieds sur Terre avant de lever les bras au ciel et de s'écrier :

- On est de retour pétasse !

C'est comme un signal et on se précipite tous dehors. Courant, criant, respirant à plein poumons cet air pur qui n'a rien à voir avec celui de l'Arche. On est enfin de retour. Finalement cette journée est pas si mal.