Dans la nuit
AreKan
Ses yeux s'ouvrirent dans la pénombre, cherchant du regard. Il n'y avait rien à voir à part le noir complet. En bougeant son corps sur le lit, il sentit des clics, ses poignets et ses chevilles étaient enchaînés. Grimaçant à cause des brûlures vives liées aux chaînes. Sa respiration était forte, cette désagréable sensation de n'écouter que lui-même. Son cœur battait fort à ses oreilles, la pression lui montait au cerveau, se demandant comment il s'était trouvé ici, en cet instant, dans cette position. Le tissu dans sa bouche l'empêchait d'appeler à l'aide. Il n'y avait que des bruits étouffés qui pouvaient sortir. La pièce était silencieuse, aucun bruit ne passait. Cherchant à écouter le moindre bruit, cela le mettait mal à l'aise de ne pas pouvoir rien entendre, d'être aussi exposé, d'être aussi vulnérable à n'importe quelle attaque. Ses mains tremblaient, ses yeux cherchaient la moindre signe de lumière.
Kanda savait qu'il ne devait pas paniquer, que peut-être c'était une blague de mauvais goût. Le brun était en train de s'autopersuader. Bizarre, aucun souvenir ne lui revenait mais au moins, son nom lui revenait en tête. Kanda ne savait pas où il habitait qui étaient ses parents mais au moins ce nom était quelque chose de concret. Dieu, qu'est-ce qu'il avait soif, passant sa langue desséchée sur ses lèvres. Son corps était endolori, le brun avait l'impression que quelqu'un s'était amusé à le frapper encore et encore. À chaque fois qu'il faisait un mouvement du visage, sa joue droite l'étirait. Il avait envie de vomir, la douleur était insupportable. Le temps passait, lui enchaîné au lit comme un moins que rien, mais il avait encore ses vêtements. Cela le rassurait en dépit des douleurs qu'il pouvait ressentir. Une colère sourde le prenait, le rendant nerveux ne voulant pas être ici.
Combien de temps avait passé ? Est-ce que quelqu'un le cherchait ? Sa famille ? Est-ce qu'il en avait ? Tellement de questions et peu de réponse. Il n'avait aucun souvenir, sa panique reprit de plus belle. Kanda avait l'impression de s'étouffer, que l'air lui manquait. Il faisait des spasmes qui n'amélioraient pas sa condition. Il s'était encore coupé, le sang coulait de ses poignets meurtris ainsi que de ses chevilles. Cette envie de frapper son front contre le mur était si irrésistible. Ses cris de peur, d'angoisse, de colère furent étouffés par le bâillon. Toute cette frustration de ne pouvoir rien faire le rendait dingue que sa tête lui jouait des tours.
– Mm'' un bruit et le brun s'arrêta, écoutant. C'était une voix qui gémissait. Il n'était pas tout seul dans cette galère, c'était au moins ça. Il essayait d'appeler l'autre personne, mais il ne pouvait qu'émettre des gémissements. Il entendait l'autre paniquer, cherchant, criant que son dieu lui vienne en aide.
Kanda avait envie de le faire taire. C'était paradoxal lui qui voulait du bruit, maintenant qu'il l'avait, il ne le supportait plus.
– Il y a quelqu'un'' dit la personne d'une petite voix, la peur au ventre. C'était comme si un monstre tapissait dans l'ombre. Kanda bougea ses chaînes et émit un bruit. L'autre fit un cri de panique mais le soulagement était là,- vous, vous pouvez parler'' dit la personne qui était complètement épuisée,- vous êtes où ?
Kanda voulait lui répondre mais au lieu de ça, il rigola de soulagement mais d'impuissance ne pouvant pas parler.
– Vous êtes là ?'' dit la voix. Kanda sentit l'autre corps bouger dans la pièce, des chaînes se firent entendre. Au moins, l'autre pouvait bouger à sa guise,- je vais essayer d'allumer la lumière'' dit la personne peu sûre d'elle. Cette personne trébucha plusieurs fois jurant de colère, tâtant les murs jusqu'à trouver l'interrupteur qu'il alluma. La pièce fut éclairée, Kanda gémit, la lumière était forte à ses pauvres yeux qui s'étaient habitués aux ténèbres,- putain, c'est désagréable'' gémit la personne.
Kanda ne pouvait pas tourner la tête pour le voir, sa gorge était encerclée par des fils qui lui maintenaient sa tête droite. Le plafond était tellement moche, tellement blanc si jaunâtre. Il bougea ses yeux pour essayer de voir les angles.
– Oh mon dieu qu'est-ce ?'' dit la personne en s'approchant de lui. Le brun ne pouvait que voir la chaîne entourant le cou de la personne,- vous allez bien ?'' sa voix était plus détendue, ne voyant pas de menace à l'horizon.
Kanda ne pouvait rien prononcer. Il était à la merci de cette personne qui le regardait de ce regard pesant comme s'il allait mourir.
– Je vais vous aider'' Kanda roula des yeux d'exaspération. La frustration le prenait mais ne voulait pas fuir cette personne qui voulait l'aider. Le brun voulait juste voir cette personne, voulant mettre un visage sur cette voix si enfantine, si jeune.
Maintenant, il se sentait coupable d'avoir dit que quelqu'un était avec lui. Quel âge cette personne avait ? Sans le connaître, le brun avait déjà mal pour lui. Des mèches blanches passèrent sur l'angle de ses yeux. Il ne le voyait pas bien.
– Je ne peux pas encore enlever la corde de votre gorge'' la personne ne pouvait pas gâcher son inquiétude,- je vais essayer de trouver la clé, d'accord.
Kanda ne pouvait pas répondre mais l'autre compris. Il resta dans son lit regardant le plafond si moche, si indésirable. Comment il s'était trouvé ici ? Qui il avait emmerdé pour être là ? Il n'y avait qu'une ampoule éclairant la pièce. Le brun savait qu'il allait avoir des cicatrices sur sa gorge, la crise qu'il avait faite avait bien entaillée sa peau. Le sang avait cessé de couler, tousser, c'était hors de question et pourtant sa gorge l'irritait, lui donnant envie de racler et de tousser.
– Je ne peux pas m'approcher de vous et pourtant je suis à quelques mètres de vous'' dit la personne si frustrée de son incapacité à l'aider,- mais la clé est sur le mur'' Kanda émit un bruit,- je sais, mais je ne peux pas. Vous allez devoir bouger votre main jusqu'au mur sans bouger votre tête. Vous êtes en sang'' Kanda entendait une certaine fragilité dans la voix de cette personne,- relaxez'' murmura la voix à lui-même,- votre main droite doit bouger de quelques centimètres'' le brun se laissa guider, tapotant le lit jusqu'au mur. Il grimaça quand la corde se serra contre sa gorge qui était mélangée avec des fils électriques. Ses doigts cherchèrent la clé sur le mur,- un peu plus à droite.
Kanda toucha enfin la clé, soulagé, la prenant et la lança pour que l'autre puisse l'attraper.
– Merci'' dit celui-ci cherchant désespérément à enlever la chaîne autour de son cou,- oh merci'' dit la personne soulagée sentant la chaîne tomber au sol.
Quelques pas se firent entendre comme si la personne était à court de temps. Kanda sentit ses pieds être libérés.
– Ne bougez pas'' dit la personne enfin le brun pouvait voir le visage. Ce n'était qu'un adolescent mais si vieux dans son regard. C'était inhabituel de voir cette couleur sur des jeunes, c'était comme de la neige. Kanda se demandait comment cette personne a pu avoir un blanc si pur. Cette personne qui était un, il avait une cicatrice à l'œil gauche bien rouge,- surtout pas'' le regard de ce jeune homme cherchait une solution, mordant sans se rentre compte l'ongle de son pouce jusqu'au sang, grimaçant,- merde, concentre-toi'' dit-il en regardant le brun avec un sourire encourageant, mais son regard disait autre chose.
Avec attention, cette personne enleva la corde et les fils sur son cou. Dieu que cela faisait mal, il commença à s'étouffer. L'adolescent voyant l'état de l'autre essayait de faire vite pour ne pas faire des dégâts irréversibles. À chaque fois que la corde était retirée, les fils se serraient contre sa gorge traversant petit à petit sa peau, sa chair. Kanda avait du mal à respirer à mesure que cela s'approchait voyant que du noir autour de lui jusqu'à perdre connaissance.
Ses yeux s'ouvrirent à nouveau dans la lumière, cherchant quelqu'un ou quelque chose. Deux chiffres lui étaient apparus clairs comme de l'eau de roche, le 1 et le 4.
– Ah vous êtes enfin réveillé, j'ai pensé que je vous avais perdu'' la voix était si calme, si fatiguée mais si attristée,- vous m'avez fait peur mais vous êtes là'' termina-t-il. Kanda bougea sa tête doucement tout en grimaçant pour voir l'individu à côté de lui, le surveillant.
– Qu'est-ce qui… ?'' n'arrivant pas à parler, sa gorge était sèche lui faisant mal. Il y avait cette douleur constante dans tout son corps qui ne le quittait pas.
– Je suis désolé, j'ai fait tout ce que je pouvais. Vous avez perdu connaissance à cause de l'étouffement, le câble se resserrait, c'était difficile à enlever. Heureusement que mon père disait tout le temps, je suis un enfant chanceux'' avec un grand sourire.
Kanda ne faisait qu'observer, s'appropriant l'endroit du regard. Vraiment l'endroit était moche, tellement vieux, tellement ancien, si poussiéreux qui contrastait avec la nouveauté, eux.
– J'ai essayé de trouver de l'eau, mais il n'y a rien ici, vraiment rien'' divagant dans ces propos,- je me sens inutile, tellement'' ce regard le regardait sans le regarder. C'était déroutant comme si ce blandin discutait avec quelqu'un d'autre,- je suis désolé'' prenant sa main meurtrie. Sérieux, le brun se demandait comment il pouvait encore tenir. Son corps était tenace ne voulant pas abandonner,- je vais essayer de trouver une sortie. Vous, vous vous reposez.
Kanda avait envie de lui répondre, mais ce jeune homme avait raison. Il devait se reposer, seigneur qu'est-ce qu'il en avait besoin mais la douleur le maintenait réveillé. C'était un cauchemar qui lui avait ouvert les yeux. Ne voulant pas retourner dans les bras de Morphée, le brun essaya de se relever. C'était la pire des idées, le faisant basculer en arrière, il cria de douleur. C'était comme avoir des millions d'aiguilles qui le piquaient doucement, lentement comme un supplice.
– Je vous ai dit de ne pas bouger. Vous êtes en piteux état. Je ne sais pas comment vous tenez, vous m'impressionnez'' blablata le gamin, l'aidant à se recoucher. Kanda grimaça, essayant de le repousser mais l'adolescent était vraiment fort,- vous êtes quelqu'un qui ne se laisse pas commander.
Sa tête se reposa sur l'oreiller, le brun n'avait même pas envie de voir les dégâts sur son corps, il pouvait le sentir mais le courage lui manquait. Le plus bizarre, il ne savait pas comment se représenter. Physiquement et mentalement, il ne savait comment se voir.
– Par ailleurs, je m'appelle Allen'' en s'asseyant à côté de lui sur une chaise. Ce gamin avait une telle désinvolture qui lui donnait mal à la tête,- enchanté. Je sais c'est pas la meilleure façon de faire mais bon, nous y sommes'' le brun ne comprenait plus rien ou n'essayait pas de comprendre, il était tellement fatigué. Son corps était en surchauffe, le brûlait,- vous savez comment nous sommes arrivés ici. Désolé, vous ne pouvez pas parler parce que si vous pouvez, j'en suis sûr vous allez dire, ferme-la, Allen bon sang'' dit-il en rigolant,- vous savez, j'adore parler. C'est une de mes qualités enfin je crois, je ne sais pas. Mes amis doivent sûrement voir ça comme un défaut si j'ai des amis. C'est bizarre, je ne sais pas'' le blandin commença à se calmer, réfléchissant alors que les yeux de Kanda se fermaient doucement pour ne plus entendre cette voix qui l'agaçait déjà.
De temps en temps, le brun se réveillait en sursaut, d'autres fois en criant, parfois il délirait. Allen essayait de l'aider, mais il n'y avait rien pour calmer la fièvre. Il espérait qui les tenait captifs allait bientôt venir. Le brun souffrait le martyr. Allen avait de la peine pour lui. La peau de ce dernier était tellement rouge, les poignets et les chevilles étaient violacés quasi noirs. La gorge, ne parlons même pas, le sang s'était arrêté. Allen avait entouré le cou de sa chemise qui s'était imprégnée de sang maintenant même une machine n'allait pas l'arranger. Voyant que enfin le japonais dormait profondément, sa fatigue lui était revenue.
Allen, son nom juste ça. Est-ce qu'il avait de la famille ? Quelqu'un allait le chercher ? Qui était l'autre sur le lit, ne connaissant même pas son nom. La fatigue l'emporta sur sa détermination et s'écroula sur le lit à côté du brun. Des pas, des mains pleines de sang, quelqu'un rigolait cherchant quelque chose. Allen était revenu à lui, son regard pourtant sur le plafond qui était vraiment moche. Il fronça les sourcils en voyant ses mains tâchées de sang tenant des comprimés.
– Qu'est-ce ?'' il se leva rapidement, en manquant de tomber et regarda bien la pièce. Il n'y avait pas de porte ni fenêtre. Comment ? Une pensée qui resta en suspense. De l'eau était posée sur la chaise mais ne se préoccupant pas du comment et du pourquoi. Il essaya de réveiller le brun qui avait l'air d'aller un peu mieux. Kanda ouvrit les yeux doucement, ses paupières étaient tellement lourdes.
– Mm'' gémit-il.
– Tenez'' en lui donnant une bouteille d'eau ainsi que un comprimé contre la douleur,- ne me demandez pas, je ne sais pas comment c'est arrivé !
Prenant le comprimé ensuite l'eau qu'il but comme si quelqu'un courrait derrière pour l'attraper.
– Doucement vous allez vous étouffer'' dit Allen amusé mais content de la tournure.
– Vous parlez trop'' murmura Kanda un peu faiblement, sa gorge était moins douloureuse.
– Waouh au lieu de me remercier, vous me dites ça'' le blandin le regarda avant d'éclater de rire disant des choses qui n'avaient pas de sens,- franchement, j'ai sué pour vous sauver. J'ai passé une nuit blanche à vous surveiller enfin je crois, je ne sais même pas s'il fait jour ou nuit si on est là depuis longtemps. Je sens que je m'y perds. C'est tellement glauque d'être ici. Me réveiller dans cet endroit m'a foutu une de ces trouilles. J'espère que la personne va nous laisser partir.
Kanda soupira de fatigue et la fatigue d'écouter ce morveux même s'il lui avait sauvé la vie :
– J'ai faim, peux-tu te taire…
– Oh, on passe à tu. C'est vrai quoi, on est pas si vieux à ce que je sache sauf pour mes cheveux. Tu l'as vu, qu'est-ce qui m'aie passé par la tête pour teindre mes cheveux en blanc ? Peut-être je perdais la tête, peut-être c'est ma vraie couleur qui sait ! Tu me connais, je ne te connais pas ou peut-être que si. Tu me connais, je te connais, tu me connais, je te connais pas.
– Mais ferme-la'' dit Kanda dans un ton vénère. Vraiment sa main lui démangeait de lui donner une bonne gifle mais dans son état, il ne voulait même pas essayer pour ne pas aggraver son cas.
– Désolé quand je panique, je blablate enfin je crois, je le sens. C'est ancré en moi, c'est mon essence.
– Achève-moi tant qu'on y est'' dit-il dans un ton sérieux, Allen le regarda en fronçant les sourcils puis éclata de rire de bon cœur.
– Waouh, je me sens vexé, monsieur euh, je ne connais pas ton nom…
Le silence était revenu, ils se regardaient :
– Sérieux, tu ne vas pas répondre'' assit sur la chaise avec désinvolture,- je mérite au moins ça, je suis ton sauveur'' le brun n'en pouvait plus de ces conneries. Il tourna le dos au blandin qui émit un rire éphémère,- mais plus sérieusement, qu'est-ce qu'on fait ici ? Je me rappelle plus de rien et toi ?!
Allen attendait une réponse, attendait, attendait…
– Kanda,
– Quoi ?'' Allen fronça les sourcils en regardant le dos de l'autre individu qui tremblait, la fièvre n'avait pas encore baissé.
– Mon nom'' sa voix était rauque à force de délirer.
– Kanda'' murmura doucement le blandin, appréhendant le mot, ce nom,- c'est joli, enchanté Kanda, moi c'est Allen, je ne me rappelle plus de mon nom de famille et toi ?
– Tsk
– D'accord, je prends ça pour un non. Qu'est-ce qu'on va faire ? Putain, on est dans la merde.
– Je ne vois rien…
– Quoi !
– Ma vision est brouillée, j'ai l'impression de voir des choses qui n'existe pas. Cette pièce c'est quoi, j'arrive pas'' sa voix accentua à mesure que sa panique augmentait.
– Cette pièce est moche'' la voix du blandin était enfantine presque boudeuse que le brun rigola de bon cœur.
– On est d'accord sur ça'' Allen ne voyait que le dos du brun, voulant voir plus de cette personne qui l'attirait sans savoir pourquoi. Il y avait quelque chose qui clochait.
– C'est comme une chambre, la peinture des murs est blanche voire jaunâtre'' Allen regarda un peu plus prêt, regardant vraiment,- il n'y a pas de porte ni de fenêtre. Il y a une table posée un peu plus loin, une chaise d'où je suis assis, le lit où tu es allongé, aucune nourriture ni à boire.
– Tu penses que cette personne veut quoi'' dit Kanda en soupirant, grimaçant de temps en temps, bouger n'était plus naturel pour lui.
– J'en sais rien et c'est ce qui m'inquiète.
– Pourquoi ?'' toussant un peu, le brun avait l'impression que ses doigts étaient brûlés.
– Parce que dans les… j'en sais rien en fait, j'ai l'impression que la personne aurait dû déjà venu nous voir. Je me rappelle d'une affaire, mais j'arrive pas à voir où…
– Tu ne trouves pas qu'il fait froid'' murmura le brun, ses dents qui claquaient.
– Maintenant que tu le dis, oui'' en tremblant, son souffle était glacé le voyant blanc dans l'air.
…
– Je m'ennuie, j'en peux plus'' dit Allen sur le ton de l'énervement, être enfermé ici dans cette pièce, qui est trop petite pour seulement deux personnes, n'était pas sa tasse de thé,- fais chier'' cria-t-il en frappant le mur. Il avait l'impression de devenir dingue. Les murs s'approchaient de plus en plus.
– Tu vas arrêter de crier, abruti.
– C'est toi l'abruti, ça ne t'énerve pas.
– À quoi cela va m'aider de me défouler comme toi crétin'' dit Kanda, allongé sur le lit. Ses blessures guérissaient petit à petit, mais il avait une de ces faims. Le brun ne savait pas s'il était ici depuis un jour, une semaine, voir des mois. Tout était confus, il n'y avait aucune horloge pour indiquer l'heure.
– Au moins, moi je fais quelque chose'' dit énervé le blandin qui frappa le mur avec ses pieds en se faisant du mal, il tomba par terre, s'insultant lui-même.
– Oui, je vois ça'' murmura sarcastique le brun, qui se leva enfin, s'asseyant sur le lit.
Allen le regarda en boudant, les larmes aux yeux vraiment énervés :
– J'en peux plus, je suis comme un animal en cage. Je vais craquer.
– Parce que tu ne l'as pas déjà fait'' dit malicieusement le brun.
– Oh va te faire voir, baKanda'' dit Allen, son dos contre le mur, ses jambes étendues sur le sol croisées, son regard gris regardait le brun qui faisait une queue de cheval avec la corde qui avait failli le tuer qui était entaché de sang.
– Toi-même, Moyashi…
Maintenant qu'il pensait, Allen sentit ses aisselles, ses vêtements pour voir s'il ne sentait pas.
– Maintenant que j'y pense, on a pas de toilettes'' ledit Kanda soupira de désespoir. Ce n'était pas possible, d'être enfermé avec celui-ci. Il aurait aimé être enfermé tout seul.
– Tu vas te taire un j…'' le brun s'arrêta.
– Quoi qu'est-ce que tu allais encore me dire ?'' en roulant des yeux, boudant. Sérieux, il avait froid. Il était torse nu, il n'allait pas mettre sa chemise qui était complètement ensanglantée. Cette cicatrice qu'il avait sur son torse jusqu'à son bas ventre, se demandant qui avait bien pu lui faire ça.
– Tu vois ce que je vois'' dit le brun lui pointant le mur.
– Quoi !'' perdu, le blandin regarda ce que le japonais lui indiquait,- oh nom d'un. C'est quoi cet endroit'' dit-il en se levant rapidement, regardant une porte,- c'est quoi ce délire. J'en suis sûr, on est pas dingue.
– On ne sait pas depuis combien de temps on est ici, on n'a pas de nourriture ni d'eau, mais on délire pas encore'' résonna le brun.
– Donc, elle est apparue comme ça'' dit dubitatif le blandin qui s'avança doucement vers le mur où il toucha la poignée,- nom d'un, c'est réel'' en l'ouvrant, Kanda s'avança pour voir. La curiosité l'emporta,- tu vois ce que je vois'' murmura Allen.
– Oui,
– C'est une salle de bain, on s'est mis d'accord qu'on est pas dingue, pas encore. Tu sais que j'ai une faim de loup'' dit Allen distrait.
– Oh bon sang, concentre-toi'' le brun lui frappa sur la tête.
– Désolé, j'en peux plus. Une salle de bain est apparue dans cette pièce, quoi encore la cuisine tant qu'on y est'' aussitôt dit, aussitôt fait. Tous les deux se tournèrent à cause du bruit, une porte violette,- nope, j'ai rien dit.
– C'est quoi cet endroit'' dit Kanda en s'avançant pour ouvrir cette porte qui le faisait de l'œil. Sa démarche était incertaine, n'avait pas envie de se faire encore du mal.
– C'est quoi ?!
– Une cuisine,
– Donc euh, cette pièce fait apparaître d'autres pièces donc on peut partir si je dis, la porte de la sortie'' les deux se regardèrent avant de voir s'il se passait quelque chose.
– Ce serait trop facile'' murmura le brun en rentrant dans la cuisine, sa tête tournait. Sa mission : chercher quelque chose à manger. Les placards étaient vides, le frigo aussi.
L'eau ne coulait pas. Il n'y avait rien du tout, des voix, il l'entendait. C'était près, trop près. Il frissonna, une main se posa sur son épaule.
– Kanda ça va ?'' demanda inquiet Allen.
– Fiche-moi la paix, il n'y a rien à manger'' dit-il en fermant les yeux, essayant de trouver l'équilibre.
– Quoi, t'es sûr ?'' dit Allen en regardant aussi,- waouh, baKanda belle blague'' dit-il en sortant des chips. Kanda fronça les sourcils.
– Il n'y avait rien…
– Oui, je vais te croire.
…
Va-t'en, c'est l'heure…
Qu'est-ce que t'entends par là ?
Ses yeux s'ouvrirent doucement dans cette pièce obscure qui était la sienne. Son dos lui faisait mal depuis qu'il était tombé dans les escaliers. Il soupira en arrêtant l'alarme qui n'arrêtait pas de sonner. C'était horrible la façon de se réveiller. Un son strident qui le stressait dans ce monde qu'il arrivait à peine à comprendre. Soupirant, il alluma la lampe de son chevet aillant la flemme de se lever pour ouvrir les rideaux. Le temps n'était pas beau depuis plusieurs jours, il pleuvait sans cesse mais le calme que cela lui procurait était bénéfique ne voulant plus voir dans ces cauchemars cette guerre qu'il n'arrivait pas atteindre à temps.
C'était la première fois qu'il se permettait d'être flemmard, cet endroit le permettait. L'alarme sonna encore une deuxième fois, le réveillant de sa brume. Il prit du temps pour se lever, son corps était lourd, ses yeux se fermaient tout seuls. La fatigue était là alors qu'il se frottait les yeux. Il mit ses chaussons ainsi que son peignoir pour se diriger vers la salle de bain. Dire qu'il n'avait jamais imaginé ça, n'était pas vrai mais où Allen avait grandi, cette vie-ci ne lui avait jamais traversé l'esprit.
Ce n'est pas le tien…
Allumant la lumière, son regard tomba directement sur son reflet. Il fuyait ce regard, ce n'était pas sa vie. C'était toujours aussi difficile de se regarder alors qu'il fermait la porte. Il se déshabilla alors que l'eau coulait, il rentra ne voulant plus rien ressentir, ne voulant pas partir alors qu'il y avait quelqu'un de cher à son cœur ici. C'était une surprise qu'il n'arrivait même pas à s'en remettre. Ses émotions étaient chamboulées alors que l'eau coulait sur sa tête, c'était agréable. Juste apprécier ce moment.
On ne peut pas rester…
Allen le savait. Ce n'était pas sa vie, ce n'était pas son monde. Rester ici n'était rien de bon alors que ses amis combattaient. Cette décision, le blandin ne pouvait pas la prendre. Ce serait égoïste de les laisser. C'était un cadeau empoisonné de ses premiers pas sur ce monde. Lavant ses cheveux, se demandant ce que les autres faisaient, s'ils étaient préoccupés de son absence. Son regard fixa un point sans le voir, perdu dans ses pensées ne remarquant pas les bruits de la maison. Allen essayait de se convaincre de se bouger, de ne pas rester inactif et de chercher la raison du pourquoi il était ici.
On manque de temps…
Bien laver, il coupa l'eau et sortit de la douche cherchant une serviette dans le placard de rangement. Allen s'essuya avant d'aller laver ses dents. C'était un rituel pour le calmer et le faire sortir de ce monde où il avait l'impression à chaque fois de faire une crise d'angoisse. Préparer mentalement alors qu'il marchait vers sa chambre.
Ce n'est pas le tien…
Cherchant quoi mettre dans le placard, il sentit l'odeur du café. C'était relaxant et cela avait tendance à échauffer son corps alors qu'il mettait son boxer. Il se prépara vite, son cœur battait à la chamade. L'angoisse le prenait alors qu'il se dirigeait vers la cuisine. Cette vision le mettait toujours en larme. Son père était là, Mana était là, ce n'était pas une illusion ni une désillusion. Le petit déjeuner était déjà prêt, c'était une montagne russe qui se passait à l'intérieur de son corps. C'était ce Mana qui l'empêchait de partir pour le moment, voulant comprendre sa venue ici. Tout lui était étranger de sa chambre jusqu'à son collège.
Tu perds la tête, ce n'est pas ton monde…
