Chapitre I: Monde inconnu

Quartier Deep-Area, à peu près vingt-deux heures ; 29 Août

Il était exactement vingt-deux heures et trois minutes. Le quartier Deep-Area était plongé dans un silence presque sinistre et aucune lumière ne filtrait par les fenêtres des maisons. Si quelqu'un s'était aventuré dans ce quartier, il aurait été intrigué de trouver tous les réverbères éteints. En général, l'été était une saison festive où toutes les familles prenaient des vacances méritées après des mois de travail. Mais les gens habitant ce lieu ne semblaient pas dérangés le moins du monde de rester confinés dans leur habitation. « Ou bien préféraient-ils la solitude» pensaient certaines bonnes âmes qui n'avaient rien de mieux à faire que de radoter sur la vie des gens.

Outre l'isolement dont ces mystérieuses personnes faisaient preuve, le fait que les voisins n'avaient jamais vu personne sortir ou entrer ne pouvait que les faire soupçonner davantage. Les gens des quartiers voisins commençaient sérieusement à se poser des questions. Même le petit terrain aménagé pour les enfants était toujours vide. Pourtant, les buissons de roses qui l'entouraient et les balançoires bien entretenues n'avaient rien de repoussant. Au contraire.

Évidemment, des mères de famille n'étaient pas restées les bras croisés. Elles se disaient entre elles qu'elles avaient peur pour la sécurité de leurs enfants alors qu'il fallait vraiment être un idiot pour ne pas s'apercevoir que c'était de la jalousie pure et simple.

En dernier recours, elles avaient même appelé la police. L'excuse qu'elles avaient fournie pour les déranger n'était peut-être pas débile, sinon idiote. « Apparemment », ces personnes soupçonnaient l'existence d'une sorte de secte qui vendait de la drogue aux délinquants de la ville. Au début, les policiers avaient refusé catégoriquement de faire une perquisition. Comme si ce quartier réputé depuis longtemps pour être le plus calme de ce pays était aménagé pour ce genre de chose !

Mais les gens commencèrent à faire circuler des rumeurs, les unes plus absurdes que les autres. Au début, des adolescents amusés par la méfiance que ces gens inspiraient ensuite des parents curieux qui voulaient enfin découvrir à qui ils avaient affaire, pour finir par des vieilles édentées dérangées par le changement que ces voisins avaient fait à leur vie monotone et sans intérêt.

Agacés par ces petites idioties, les policiers avaient finalement décidé d'aller y faire un tour. Mais contre toute attente, ces derniers, revenus de cette petite inspection, avaient déclaré qu'il n'y avait rien à signaler. Les voisins incapables de contenir leur besoin de fouiner les avaient attendu au commissariat puis étaient repartis, les uns déçus de n'avoir aucun ragot et d'autres indignés soupçonnant les policiers d'avoir été trompés.
Ils ne savaient pas à quel point ils avaient vu juste. Ce jour-là, les policiers avaient été ensorcelés... Car oui les sorciers existent bel et bien dans le monde et vivent cachés sous le nez des gens de la population non-magique, plus communément appelés les Moldus.

Cette nuit, une magnifique pleine lune se dressait majestueusement dans le ciel. Pourtant, sa lumière n'était pas suffisante pour permettre d'éclairer le quartier tout entier. Les fenêtres des maisons où se reflétait cette lumière étincelaient légèrement. Soudain, elle disparut sur l'un d'eux. En une fraction de seconde la vitre devint noire. En fait ce n'était pas tout à fait cela. Une personne venait de passer à côté de la fenêtre, surgissant de nulle part, à quelques mètres du petit Parc. Marchant d'un pas vif, une cape virevoltante qui touchait presque ses pieds, cet individu avait toutes les chances de s'attirer les regards méfiants et les rumeurs inquiétantes des gens de bonnes familles.

Le chemin était bordé à gauche par des mûriers sauvages et, à droite, par une haute haie soigneusement taillée à l'anglaise. Il tourna finalement, se retrouvant dans une large allée qui prenait une autre direction. Il s'arrêta soudainement, les battements de son cœur devenant plus frénétiques, pointant sa baguette magique sur le dos d'une personne. Celle-ci, manifestement un adolescent, était en train de scruter le quartier et ne se doutait absolument pas qu'il y avait quelqu'un derrière lui qui menaçait de le tuer. Les battements du cœur de l'inconnu à cape ralentirent leur course folle. Affichant un air de dégoût, il abaissa un peu sa baguette magique. Sentant finalement une présence derrière lui, l'autre adolescent se retourna brusquement, puis bondit en arrière en poussant un petit cri aigu.

Mais avant même d'avoir pu faire quoi que ce soit, il tourna brusquement les talons et revint sur ses pas, ayant une soudaine envie d'aller faire ses devoirs.

Eh oui, Piers Polkiss ne se souviendrait jamais du jeune garçon qui avait repris sa route et il rentrerait chez lui où il subirait un interrogatoire par ses parents. Mais il ne pourrait jamais leur expliquer où il se trouvait car il ne s'en souviendrait plus. L'inconnu, quant à lui, venait de tourner à l'angle d'une grande bâtisse imposante. Des plissements sur son front se formèrent tandis qu'il réfléchissait à une excuse pour son retard. Lui aussi, comme les moldus, n'était pas dispensé des interrogatoires infligés aux adolescents de son âge. Il songea à son lit bien moelleux et se maudit intérieurement de ne pas être arrivé plus tôt.

Quelques secondes plus tard, il était devant le manoir. Sa maison. Il s'immobilisa sur le perron de la grande bâtisse puis murmura quelques mots et un léger déclic se fit entendre dans le silence nocturne. L'adolescent soupira encore une fois puis tourna la poignée de la porte bien sculptée et pénétra dans la pièce sombre. Avec un pincement au cœur, il remarqua une silhouette assise sur un fauteuil qui le regardait avec colère. Drago Malefoy déglutit. La nuit promettait d'être longue...


Alors qu'est ce que vous pensez de ce premier chapitre? J'aimerais beaucoup avoir votre avis.