Une petite fanfiction pour la rentrée…enfin, pas si petite que ca.
Il s'agit d'un cross-over avec l'univers des Royaumes Oubliés extrait du jeu Donjon&Dragons (bien qu'ici, il ne soit ni question de donjons et encore moins de dragons).
Pas besoin de connaître le jeu, d'ailleurs, pour suivre l'histoire, j'emprunte juste quelques éléments : le nom de certaines villes, le panthéon et la faune de cet univers.
Donc comme d'habitude, les personnages de Mai Hime sont la propriété de Sunrise et l'univers des Royaumes Oubliés appartient à Ed Greenwood.
La terre froide entre ses doigts et la lune, pleine et pâle, dans le ciel.
Un orbe funeste…
Le sang, son sang ! Qui s'écoule en lent filet chaud de ses plaies.
Un œil qui observe…
Le bruissement du vent dans les arbres, et le bruit précipité de pas.
Qui te cherches, te traques…
La peur au gout amer et salé, qui empreigne sa bouche.
Tu ne peux pas lui échapper…
Le vert des arbres.
La première chose dont elle avait eu conscience.
Le vert de la cime des arbres qui formait une voute végétal juste au dessus d'elle.
Un sanctuaire dans la nature, voila ce qu'elle pensait à chaque fois que sa fièvre lui laissait assez de répit pour qu'elle puisse ouvrir les yeux.
Le reste du temps était partagé entre des vagues brulantes de souffrances et des moments d'inconsciences.
Et puis, elle avait commencé à entendre de la musique. Le son d'une guimbarde.
Lente et vibrante.
Parfois une voix relayait l'instrument. La voix d'une femme. Langoureuse.
Voila à quoi se résumait son existence : la morsure écarlate de la douleur, le vert apaisant des arbres et cet air alanguie.
Et le noir de l'inconscience qui emportait tout.
Depuis combien de jours cela durait ? Elle ne pouvait le dire. Elle n'avait pas la force de compter le nombre de nuit et de levé de soleil qui se succédaient au dessus de sa tête.
Et toujours ce chant.
.
Elle n'aurait pas pu dire combien de temps elle était restée ainsi.
Lorsque parfois elle arrivait à demeurer lucide assez longtemps, elle pouvait voir la lune poursuivre sa course dans le ciel.
La lune… Le disque pâle dans la nuit noir avait quelque chose de funèbre. Comme celui d'un souvenir blessant, sans qu'elle ne sache pourquoi.
Un arrière-gout amer de lutte, de sang et de défaite.
Une réminiscence, qui s'était imprégnée douloureusement dans chaque partie de son être.
Et puis parfois ses rêves s'estompaient. Même la douleur et cette voix, si rassurante.
Il ne restait que les ténèbres.
L'obscurité, comme une nuit sans lune.
Et cette peur, sournoise, qui la guettait, tapi dans les recoins les plus profonds de son esprit.
Pourquoi avait elle peur ? Elle ne savait pas. De toute façon, elle ne savait plus.
Où elle se trouvait, qui elle était. Etait-elle seulement encore vivante ?
Un esprit entre deux mondes, juste une âme sans attache.
Et doucement, dans la nuit, la voix réapparaissait. Difficilement, par soubresaut, comme si elle devait surmonter toute les barrières de son inconscience pour lui parvenir.
La voix.
Si ténue, et pourtant si forte. Un phare dans la tempête.
Son seul repère pour ne pas se noyer dans l'obscurité, dans les limbes d'une nuit sans fond.
La voix, qui la ramenait peu à peu à la surface.
Et, elle revoyait se dessiner dans le ciel d'encre, le vert des arbres.
Et toujours ce lent vibrato.
.
Souvent, lorsqu'elle émergeait, elle entendait une autre voix. Celle d'une femme, également, aux nuances plus froide. C'était pourtant le même timbre, mais il y avait dans cette voix, quelque chose de menaçant. Un danger dissimulé.
Les deux voix conversaient, se disputaient… elle ne savait pas.
Seules les intonations importaient.
Le rythme doux et suave opposait au ton détaché et minéral.
Parfois elle sentait l'attention des deux voix se porter sur elle, et une menace sourde grondait en elle.
Une menace qui ravivait sa douleur et sa peur.
Alors elle replongeait dans ses sombres rêves, et tout disparaissait.
Le temps s'estompait, ce qui l'entourait n'existait plus. Seule les ténèbres étaient réelles.
Et le son de cette guimbarde qui vibrait dans la nuit…
.
Peu à peu, la douleur s'était retirée et elle avait pu reprendre possession de ses sens.
La chaleur d'une flamme prés de sa peau. L'odeur des fleurs dans l'air du soir. Les étoiles éclairant les feuilles au dessus de sa tête et le gout du sang dans sa bouche.
Et toujours cette voix suave qui la berçait….
Elle s'était retournée péniblement vers l'origine du chant, ordonnant à son corps de ne pas hurler de douleur.
Pour la première fois elle prenait conscience du lieu où elle se trouvait.
C'était une sorte d'abri dans un arbre, fait de bois et de feuillage. Prés de sa couche se trouvait un récipient contenant des charbons ardents. C'était de là que provenait la chaleur.
Et derrière ce réceptacle, embrasée par la lumière rougeoyante des braises, était assise une jeune femme.
La voix.
Et puis l'obscurité, de nouveau.
