Note de l'Auteur
Je tiens à préciser que dans cette histoire, que les événements du premier film n'ont jamais eu lieu…
Chapitre 1
C'était une belle journée de printemps. Enfin du moins, d'un point de vue viking. Durant tous le trajet du drakkar voguant depuis l'île de Beurk, l'océan avait été relativement calme et le ciel assez dégagé par moment. Sans compter que les passagers n'avaient pas vu l'ombre d'un dragon aussi bien aérien que marin. Ce qui s'avérait être extrêmement rare dans les voyages d'une semaine sur les eaux de cette partie du monde. Surtout en cette saison. Et curieusement, les Beurkiens présents à bord en avaient été à la fois soulagés et déçus.
D'un côté « soulagés » à cause des dégâts sur le navire qu'une attaque de dragons aurait pu causer. Dans le meilleur des cas, ils auraient terminé leur périple sur un radeau de fortune.
Puis, d'un autre côté, ils avaient aussi été « déçus » dans la mesure où se voyage s'était montré des plus monotone et, qu'ils n'auraient pas été contre un raid reptilien pour tuer un peu leur ennui.
Quelqu'un d'extérieur à ce peuple trouverait ça complètement dingue. Mais pas les Vikings. Ils étaient comme ça tout le temps. Toujours en proie à des sentiments et des envies contradictoires.
« L'île de Pwish devrait bientôt être en vue » - annonça d'une voix blanche Stoïck la Brute aux membres de son peuple qui avaient pris part au voyage.
« Ce n'est pas trop tôt ! » - geignirent en chœur les jumeaux Kranedur et Kognedur.
« Entièrement d'accord avec vous pour une fois. Une journée de plus sur ce rafiot et, je mange mon casque ! » - se plaignit à son tour Rustik, le neveu de Stoïck.
« Je vous avais bien dit de prendre de quoi vous occuper – commenta Varek, le nez plongé dans un livre de botanique. Regardez Astrid ! Elle a fini par faire autre chose que d'affûter sa hache ou de nous hurler dessus »
Les trois interpellés tournèrent alors leurs regards vers la concernée, debout à l'avant du drakkar, raide comme un piquet, les deux mains tenant bien fermement le manche de sa hache, visiblement plus alerte que jamais et, prête à agir en conséquence au moindre mouvement ou bruit suspect.
« Excuse-moi mais, je ne vois pas en quoi la paranoïa totale est une forme de distraction » - lança sarcastiquement Kranedur en s'étirant de tout son long.
« Ouais ! - convint sa jumelle. Il est vraiment temps qu'on mette pied à terre pour qu'elle puisse se détendre un peu. Ça fait deux jours qu'elle est comme ça. Elle est en train de devenir complètement folle. Ce voyage est tellement ennuyant qu'elle s'imagine des attaques de dragons là où il n'y en a pas »
« Moi, je ne suis pas si sûr qu'elle soit victime d'hallucinations » - intervint Gueulfor en approchant du petit groupe avec son reconnaissable pas clopinant.
« Pourquoi tu dis ça ? » - l'interrogea Varek passablement surprit.
« Parce que moi aussi, l'autre nuit, je l'ai entendu rôder autour du navire ce dragon » - affirma le forgeron.
Les quatre jeunes se retrouvèrent bouche-bée.
« Alors, c'est pour ça que mon oncle est bizarre lui aussi depuis deux jours – sembla comprendre d'un coup Rustik. Ça doit le préoccuper autant qu'Astrid »
« Euh… à vrai dire… il n'est pas au courant. Vu les circonstances, on a jugé préférable avec Astrid de ne pas lui en parler », expliqua Gueulfor mal à l'aise.
« Quelles circonstances ?! » - s'étonnèrent les jumeaux.
Le forgeron regarda tour à tour les quatre jeunes adultes affichant tous une expression complètement hébétée. Enfin, du moins jusqu'à ce que Varek paraisse soudain frappé d'une illumination.
« Il y a deux jours, c'était l'anniversaire d'Harold » - finit-il par déclarer d'une voix grave.
« QUOI ?! - s'écria Rustik outré. Mon oncle se prend encore la tête pour cette erreur de la nature ! AÏE ! »
Gueulfor venait de la frapper de bon cœur avec son crochet sur la tête, que la présence d'un casque sur celle-ci n'avait apparemment pas suffit à protéger.
« Un peu de respect ! - s'indigna t-il. C'est de ton cousin dont tu parles, je te signale ! Et qu'il ait été ou non une « erreur de la nature », c'était tout de même son fils ! Et qui plus est, son seul enfant ! »
Après quoi, plus personne n'osa faire de commentaire. À la place, ils se lancèrent des regards en biais avec un air penaud collé au visage.
Gueulfor, lui, avait retourné son attention vers son meilleur amis qui fixait l'horizon d'un regard absent. Si pour les Beurkiens présents à bord, qu'il était évident que leur chef tentait d'apercevoir leur destination il était par contre plus évident aux yeux de l'amputé que ses pensées du moment étaient en grande majorité plus concentrées sur le passé que sur le présent.
Il vit Stoïck soupirer le plus discrètement possible, avant de s'en retourner vers sa cabine d'un pas qui se faisait plutôt traînant par rapport à sa démarche fière et assurée habituelle.
Il y avait cinq ans, une nuit, lors d'un raid de dragons sur Beurk, les villageois avaient réussi tant bien que mal à immobiliser un Cauchemar Monstrueux que Stoïck avait décidé d'exécuter lui-même devant tout le monde. Toutefois, les choses ne se passèrent pas comme prévues. Harold, à qui son père avait bien entendu interdit de sortir de leur maison, était comme à son habitude venu mettre son grain de sel en oubliant de laisser sa maladresse au vestiaire. Résultat, il s'était pris les pieds dans l'un des appuis du filet de fer retenant la bête au sol, permettant amplement à celle-ci de se libérer du reste. Et comme bon nombre de beurkiens avaient relâché leur garde compte tenu de l'emprisonnement du monstre, beaucoup furent sérieusement blessés lorsqu'il prit la fuite.
Jusque lors, les catastrophes déclenchées par Harold n'avaient pas été irréparables. Mais là, il y avait eu des blessés. Et le sang de Stoïck n'avait fait qu'un tour. Pour lui et la quasi-totalité du village, ça avait été la maladresse de trop et, il s'était vu contraint de bannir son propre fils.
Et si tout le monde fut plus que soulagé de ne plus avoir ce vendredi 13 sur pattes parmi eux, il ne fallut pas plus de trois jours à Stoïck pour amèrement regretter sa décision. Après tout, il avait quand même laissé son unique enfant, un gosse de tout juste quinze ans, dans une petite barque au beau milieu de nul part.
Il avait contacté les chefs des îles alentours pour savoir si son fils avait accosté sur l'une d'entre elles. Ou s'ils avaient au moins découvert quelque chose ayant un quelconque rapport avec le garçon. Malheureusement, il n'avait eu que des réponses négatives. Harold avait disparu sans laisser de traces.
Stoïck avait alors sombré dans un abîme de remords et de chagrin indescriptibles. Son fils était mort ! Il en était convaincu. Et c'était lui qui l'avait tué. Tout ça parce qu'il avait réagit en viking pur et dur. Il avait réfléchi avec son orgueil et sa fierté plutôt qu'avec sa raison. Et il avait de ce fait sacrifié son propre fils pour sauvegarder son honneur de chef.
« Foutaises ! Je suis un monstre pas un chef ! » - avait-il pris l'habitude de beugler dans les oreilles de son amis de toujours, pendant que celui-ci tentait du mieux qu'il pouvait de le mettre au lit, après qu'il eut trop tiré sur la bouteille au cour de ces cinq dernières années.
D'ailleurs, il y avait fort longtemps que Gueulfor avait cessé de compter les fois où ça arrivait. Et puis, il avait son propre chagrin à surmonter, bien qu'il essayait de rester de marbre aux yeux de tous. S'il ne comptait plus les gueules de bois du père, lui, le mentor, ne saurait dire combien de litres de larmes il versait pour son protégé à chaque fois qu'il allait s'enfermer dans l'arrière pièce de sa forge pour s'y laisser aller. Il y restait des heures à observer la poussière s'y accumuler. Tout était resté dans l'état où Harold l'avait laissé. Il n'avait osé toucher à rien. Pour lui, l'atelier de son apprenti était devenu un mausolée.
Il fut sortit de ses pensées macabres par la voix tonitruante de Kroupgra (Livre I comme référence), le père de Rustik et le demi petit-frère de Stoïck, annonçant que l'île de Pwish était enfin en vue.
« Je sais que nous avons pas mal d'avance. Mais l'Océan s'est montré des plus clément tout au long de notre voyage »- déclara Stoïck à son confrère chef de tribu, après qu'ils se furent salués d'une bonne poignée de main à la viking.
Erg, le chef de l'île de Pwish, faisait encore plus viking que Stoïck. Enfin, il était plutôt l'incarnation de l'image stéréotypée que les peuples du sud se faisait d'un viking.
C'est-à-dire, taillé dans le même type de roc que Stoïck et aussi grand. Les yeux bien bleu et les cheveux blond qu'il coiffait en deux nattes tombant de chaque côté de son visage, qui lui, était pourvu d'une énorme et longue moustache arrivant un peu en dessous du menton. Et il avait, bien entendu, comme tous les membres de son peuple, le teint assez pâle.
« Ne dis pas ça comme si tu débarquais en parasite Stoïck ! - ria t-il en donnant à son interlocuteur une bonne tape dans l'épaule. Tout est prêt depuis déjà plusieurs jours ! Alors, ce n'est pas une tragédie si tu arrives un peu en avance. Et puis, ça vous laissera du temps, à toi et aux tiens, pour prendre vos aises ici en attendant que les autres arrivent »
« Mais nous, on est déjà très à l'aise » - chuchotèrent de concert Rustik et Kranedur qui, à peine débarqués, louchaient déjà sur les jeunes filles du coin, venues avec leur chef accueillirent les Beurkiens.
« Les mecs » - soupirèrent Astrid et Kognedur, tandis que Varek feignait celui qui n'avait ni rien vu ni rien entendu.
Fallait vraiment que ces deux décérébrés se trouvent des copines, parce qu'ils devenaient de plus en plus insupportables. Et peut-être que comme ça, Rustik lâcherait une bonne fois pour toute Astrid.
Bien que leurs parents respectifs avaient convenu entre eux des les marier, compte tenu du fait qu'il fallait une épouse au futur chef et que, ce dernier était déjà amoureux de la demoiselle : ils avaient dû abandonner l'idée plus vite qu'ils ne l'avaient eu à cause de la réaction d'Astrid lorsque ses parents le lui avait parlé.
À vrai dire, les Hofferson avaient plus eu peur pour la survie de Rustik que pour la leur. Et Stoïck ne le leur aurait probablement pas pardonner d'avoir fait assassiner son dernier héritier légitime.
Néanmoins, ça n'avait pas empêcher Rustik de continuer à faire des avances à la meilleure guerrière de leur tribu. Mais cependant, de manière plus distante qu'auparavant, à cause des menaces de mort très douloureuse qu'elle avait proféré à son égard. Et il savait qu'elle n'hésiterait pas une seconde à les mettre à exécution si elle l'estimait nécessaire. C'était ce qui l'avait amené à la courtiser de façon moins directe, en se disant qu'il finirait peut-être par l'avoir à l'usure. Mais plus le temps passait et plus il semblait que c'était plutôt l'inverse qui se produisait. Plus ça allait, plus Astrid se montrait résistante et, Rustik moins insistant. Au bout du compte, c'était lui qui devenait usé et découragé.
D'un certain côté, il devait sans doute se consoler en se disant qu'il n'était pas après tout le seul qu'elle eut rejeté comme un bulot pas frais à la mer. Bien d'autres prétendants s'étaient présentés et, avaient tous subi exactement le même sort que lui.
Cela faisant maintenant un bon moment qu'Astrid avait bien fait comprendre, surtout à ses parents, que si elle prenait un jour la décision de se marier, que se serait ELLE qui choisirait avec qui.
D'ailleurs, Kognedur n'avait pas traîné à suivre son exemple.
« C'est vrai quoi ! Pourquoi les mecs ont le droit de choisir qui ils veulent et pas les filles ? Comme Astrid, je ne vois pas pourquoi je me laisserai marier, ou plutôt vendre, sans rien dire ! » - avait-elle un jour proclamé haut et fort dans la Grande Salle pour que tout le monde l'entende bien.
Et la prononciation du verbe « vendre » en avait fait tiquer plus d'un.
Il y avait pas à dire, elles avaient toutes les deux la même conception des mariages arrangés. Une vente aux enchères selon elles ! Et la simple pensée d'être considérées comme des meubles, des tiroirs-caisse et des pondeuses à héritiers les rendaient malades.
« Ce n'est pas trop mal ici » - déclara justement Kognedur, pendant que toutes deux s'installaient tranquillement dans la chambre double qui leur avait été réservée.
« Ouais – convint Astrid. Ma tante m'a dit qu'elle avait aimé son séjour ici, il y a vingt et un ans. La dernière fois que la Grande Assemblée y a eu lieu »
« Il paraît qu'ils ont une prophétesse ici. Si c'est vrai, il faudra que j'aille absolument la voir pour savoir si mes futurs coups de crasse à mon frère vont marcher » - sembla jubiler le fille Thorston.
« Et bien, tu vas pouvoir être satisfaite car, la rumeur est vraie. Ma tante m'a aussi parlé d'elle. Elle m'a également affirmé que c'est elle qui est à l'origine de la fameuse Prophétie des Dragons »
« Sérieux ?! - sursauta Kognedur. En plus, ta tante a eu le privilège de l'entendre en directe ! »
« Tu en as déjà entendu parler ? » - s'étonna Astrid.
« Ouais, mais je n'ai aucune idée de ce qu'elle dit. Et personne sur Beurk n'a été capable de me répondre à chaque fois que j'ai posé la question. Pas même Varek. Apparemment, personne n'a prit la peine de la noter »
« Tu m'étonnes ! Surtout pour se faire entendre dire qu'il allait se passer un truc tout bénef pour les dragons »
« Comment ça ? »
« Ben, d'après ce que ma tante a bien voulu me dire : il y a vingt et un ans, cette prophétesse a annoncé la naissance prochaine d'un dragon assez particulier. Un dragon devant lequel tous les autres se prosterneraient. Mêmes les alphas. Qu'il serait un sorte de souverain ultime de leur espèce et, qu'il les mèneraient à leur heure de gloire, faisant entrer le monde dans une nouvelle ère. Enfin bref, une jolie petite histoire qui a vachement enthousiasmé les vikings présents ce jour-là » - termina l'Hofferson en reniflant avec dédain.
« Et, elle a annoncé quand ça arriverait ? »
« Apparemment non »
Gueulfor avait jugé bon d'aller rendre une petite visite à son collègue forgeron de ce village. Enfin, disons plutôt petite ville selon lui car, il avait estimé Pwish cinq fois plus grand que Beurk.
À dire vrai, c'était la première fois qu'il venait sur cette île. Les autres fois où la Grande Assemblée y avait eu lieu et, qu'il avait été en âge d'y assister, il n'avait pas pu venir.
D'après les Pwishiens, qu'il avait interrogé au sujet de son confrère lui avaient répondu que leur forgeron était un véritable colosse. Qu' il était encore plus imposant que Stoïck et Erg mais que, malgré son apparence terrifiante, qu'il était aussi doux qu'un agneau. Sauf, bien sûr, lorsqu'il s'agissait de battre le fer. Et il avait pu constater qu'on ne s'était pas foutu de lui une fois qu'il eut passé la porte de la forge. Il pensait même se réveiller le lendemain matin avec un torticolis. Il était également convaincu que plus d'un viking préférerait se jeter de lui-même dans la gueule d'un dragon, plutôt que de prendre une baffe par ce type là. Heureusement que la description « doux comme un agneau » était aussi vrai que le reste car, il lui avait paru tout de suite fort sympathique.
« Vous arrivez à vous en sortir tout seul avec ce nombre important d'habitants ? » - lui demanda t-il, après qu'il eut été invité par son hôte à s'asseoir avec une bonne chope d'hydromel.
« Absolument pas ! C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai pris deux apprentis au lieu d'un », lui répondit la montagne parlante, tout en continuant à travailler sur une future épée et, d'un timbre de voix qui épousait parfaitement sa carrure.
« Par Odin ! - avait aussitôt penser Gueulfor quand il eut entendu pour la première fois le son de sa voix quelques minutes auparavant. Tout doit s'écrouler autour de lui quand il hurle ce gars. À condition qu'il en soit capable »
« Deux apprentis ? - s'étonna sur le moment l'amputé. Ce n'est pas une mauvaise idée »
« Sinon, depuis environ un peu plus de deux ans, j'ai aussi l'aide supplémentaire d'un jeune homme qui a une formation assez avancée »
« Il n'est pas d'ici ? » - fut de nouveau surpris Gueulfor.
« Non. Il vient le plus souvent lorsqu'il a besoin d'une forge pour se fabriquer quelque chose. Je n'ai même pas à lui fournir les matériaux. Il a toujours ce qu'il lui faut. Et en guise de compensation pour le prêt de ma forge, il me donne un coup de main gratuitement »
« C'est très sympa de vos parts de vous entre-aider comme ça »
« En tous cas, c'est un très gentil garçon. Je l'aime bien » - déclara le forgeron locale en plongeant sa lame dans l'eau.
«Il n'est pas là aujourd'hui ? »
« Non. Enfin du moins pas à la forge. Je sais qu'il est de retour sur l'île depuis hier. Mais, je ne l'ai pas encore vu ici. Et puis, de toute manière, s'il avait été là, vous l'auriez su tout de suite. Toutes les jeunes filles à marier de Pwish seraient agglutinées devant ma boutique, vêtues de leur plus jolie robe » - expliqua le titan avec un sourire hilare tout en examinant son travail.
« Il est beau garçon en plus d'être gentil, au moins ? » - sembla à son tour s'amuser Gueulfor, avant de boire une gorgée d'hydromel.
« S'il n'y avait que ça ! - assura l'autre forgeron en remettant sa lame eu feu. Il est aussi créatif, très intelligent et excellent combattant d'après ce qu'on m'a dit »
« Un vrai béni des Dieux celui-là »
Le géant émit un petit rire en retirant sa lame du feu et, de recommencer à la marteler sans pitié.
« Et sinon, cette perfection incarnée à un nom ? » - demanda ironiquement Gueulfor.
« Bien sûr ! C'est... »
Bien qu'Astrid était née blonde, elle ne s'était encore jamais comportée comme tel. Du moins, jusqu'à cet instant.
« Mais, qu'est-ce qui a bien pu me passer par la tête ?! » - se maudissait-elle, alors qu'elle tentait vainement de retrouver son chemin.
Après sa discussion avec Kognedur, elle avait décidé d'aller explorer un peu la forêt de l'île. Le problème, c'était qu'elle avait pendant un cours moment oublié qu'elle n'était pas dans la forêt de Beurk qu'elle connaissait bien, contrairement à celle-ci. Résultat, son bref instant d'inattention lui avait valu de sa perdre comme une vrai fillette de quatre ans.
« Si j'avais su qu'on trouvait d'aussi belle biche dans cette forêt, j'y serai venu bien plus tôt ! » - avait soudainement balancé une voix masculine sortie de nul part.
Astrid regarda alors partout autour d'elle et, constata avec horreur qu'elle était cernée par une dizaine d'hommes, présentant tous des caractéristiques des Berserks et des Bannis.
Elle avait été tellement occupée à pester contre elle-même, qu'elle ne les avait pas remarquer approcher.
Deuxième grossière erreur de débutante en l'espace d'une heure ! Vraiment génial ! Plutôt brillant pour quelqu'un qui n'avait fait qu'être sur le qui-vive ces dernières quarante huit heures.
« Qu'est-ce que vous foutez sur cette île. Je n'ai pas connaissance que vos clans soient invités aux Grandes Assemblées » - cracha t-elle, après s'être emparé de sa hache et, s'être mise en position de combat.
Au mois, elle avait pensé à sortir armée. Preuve que son cerveau n'était pas encore totalement perdu.
« C'est vrai ! Mais on nous empêche pas non plus de nous inviter nous-mêmes ! » - répliqua le même enfoiré qui avait parlé juste auparavant.
Il était évident aux yeux d'Astrid qu'il était le meneur de cette joyeuse bande de sales gueules.
« Qu'est-ce que vous voulez ? » - bougonna t-elle.
« Pour le moment, juste nous amuser un peu avec toi ma jolie », déclara t-il avec un grand sourire malsain, laissant apparaître une rangée de dents non entretenues.
À ces mots, ils sortirent tous leurs armes et se jetèrent à l'unisson sur la jeune fille.
Mais celle-ci avait prévu le coup et avait facilement esquivé. Non sans planter férocement sa hache dans le dos de l'un de ses assaillants au passage.
« Plus que neuf ! » - s'était-elle écriée fièrement.
Les agresseurs parurent, seulement après qu'elle en ait eu tué quatre autres, assez interloqués. Ils ne s'étaient apparemment pas attendus à ce que leur victime soit aussi sauvage et coriace qu'un dragon vipère.
La blonde était plus que certaine qu'elle allait en venir à bout. Mais pour son plus grand malheur, en esquivant un coup d'épée, elle s'était coincée une cheville dans la racine d'un arbre, lui faisant par conséquent perdre l'équilibre. Et avant qu'elle n'ait au le temps de se relever, quatre des cinq hommes restant l'avaient déjà fermement plaquée au sol.
« Tu fais moins la maligne là ! » - lui balança tout sourire et l'arrogant meneur qui avait échappé à sa hache, tandis qu'elle se débattait comme elle le pouvait.
« Ne t'inquiète pas – continua t-il. On ne va pas te tuer. Juste nous amuser avec toi, comme je te l'ai déjà dit »
Par tous les Dieux ! Avaient-ils réellement l'intention de la violer là tout de suite ? Au beau milieu des corps de leurs camarades. Elle savait les Bannis et les Berserks sans aucune morales ni même principes. Mais à ce point-là !
Cependant, ils n'eurent guère le temps de lui faire quoique se soit car, à peine avait-il terminé sa phrase, qu'elle entendit un curieux bruit de sifflement dans l'air et, vu la sale tête de poulpe de l'autre se tordre dans un rictus de douleur. Puis, contre toute attente, s'écrouler face contre terre, laissant bien voir une flèche plantée entre ses deux omoplates.
« La vache ! Qu'est-ce que... » - avait commencé à paniquer l'un des quatre autres qui la retenait toujours mais, fut stoppé net, lui aussi, par une flèche venue se planter entre ses yeux.
Les trois derniers survivants relâchèrent aussitôt leur prise, pour reprendre leurs armes et, faire face au gêneur de service.
À peine s'étaient-ils remis en position de combat, qu'un silhouette humaine, venant visiblement depuis le haut d'un arbre, avait subitement atterrie derrière l'un d'eux. Puis, avant qu'il n'ait eu le temps de réagir, deux mains s'étaient emparées de son visage et, lui avaient d'un geste rapide et précis, brisé la nuque sans hésitation. Quant aux deux restants, ils n'avaient pas fait long feu non plus. Mais ils avaient tout de même réussi à échanger un ou deux coups de lames avec leur assaillant, avant de finir en brochette sur l'épée de celui-ci
Astrid ne s'était pas encore relevée. Elle était toujours un peu sous le choc. Néanmoins, elle réagit un peu plus lorsqu'elle entendit son sauveur se rapprocher doucement d'elle.
Elle prit tout de même la peine de s'asseoir pour lui dire merci.
La première chose qu'elle vit de lui, ce fut son visage. Et quel visage ! La plus belle gueule qu'Astrid eut jamais vu. Il avait l'air d'avoir environ le même âge qu'elle, les cheveux châtain en bataille et de magnifiques yeux vert. Et curieusement, sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi, ce jeune homme lui semblait familier.
« Et bien, pour une surprise ! Si quelqu'un m'avait dit, il y a encore à peine une heure, que j'aurai à sortir la grande Astrid Hofferson d'un sacré pétrin. J'aurai passablement été préoccupé par la santé mentale de mon interlocuteur » - lui lança t-il en guise de présentation avec à la fois un ton et un sourire en coin des plus sarcastique.
Astrid était de nouveau choquée. Et même deux fois plus qu'une minute auparavant. Comment se faisait-il qu'il savait exactement qui elle était ?
« Attendez. On...On se connaît ? » - fit-elle d'une voix faible tant elle était stupéfaite.
Le jeune homme ne perdit rien de son sourire moqueur et, continua à la fixer de la sorte en croissant les bras, avant de demander :
« J'ai tant changé que ça en cinq ? Ou bien à Beurk, vous avez réellement réussi à oublier mon existence ? »
Après quelques secondes d'intense réflexion, Astrid crut sentir arriver une attaque cardiaque. Elle venait de comprendre pourquoi son sauveur lui semblait si familier. Elle venait de réaliser qui elle avait en face.
« NON ! - se hurlait-elle mentalement. NON ! CE N'EST PAS POSSIBLE ! CO… COMMENT… ? »
… à suivre
