Saisons 8
Pairing : Morgan/Prentiss
Résumé : Quand Prentiss décide de quitter le BAU, Morgan comprend qu'il va la perdre encore une fois. Il décide alors de lui offrir un ultime cadeau.
XXX
Le mariage battait son plein : JJ et Will étaient aux anges, une esquisse de réconciliation planait au dessus de Garcia et Kevin, même la présence de Strauss ne choquait plus personne. Et tandis que les enfants s'amusaient avec les ballons aux couleurs nacrées, et que les adultes dansaient, une femme, seule, regardait toute cette scène d'un œil ému et déjà nostalgique.
Emily, appuyée contre un arbre près de la piste de danse, souriait faiblement : elle regardait chacun attentivement, comme pour les marquer dans son esprit, comme s'ils pouvaient disparaitre d'un instant à l'autre. Et en vérité, c'est ce qui allait se passer.
Derek avait raison … Elle allait partir.
Personne ne le savait encore, si ce n'était lui. Il avait promis de n'en parler à personne ce soir, car cette soirée était celle de JJ, mais dans sa tête, les choses s'éclaircissaient : dans quelques jours, elle quitterait le BAU pour Londres et un bureau à Interpol.
Rien ni personne n'était en cause dans sa décision, si ce n'était elle-même. Comme elle l'avait si bien dit à Derek : revenir, prétendre que tout allait bien, acheter une maison, essayer de créer des racines … Et finalement se rendre compte que tout était plus profond et compliqué que ça. Que le BAU ne pourrait rien n'y faire, que ses collègues et amis ne pourraient combler ses attentes, même si elle les aimait de tout son cœur, qu'ils étaient sa famille, créée il y a plus de 5 ans maintenant, avec ses bons et ses mauvais cotés …
Aujourd'hui, quand elle regardait en arrière, elle savait que sans eux, elle aurait tourné bien pire. Mais à présent, elle devait tourner la page : la page BAU, la page Doyle, la page USA. Quitter le pays, le continent, traverser l'Atlantique … Serait-ce suffisant ? Il était évident que fuir loin ne servait à rien, que les problèmes vous suivaient aussi.
Elle avait été suivie par une psy plusieurs semaines, elle savait que tout ne serait- pas simple. Quitter tout était-ce vraiment la solution ? Elle qui avait eu tant de mal à reconquérir la confiance et l'amitié de ses collègues, la croyant morte durant des mois. Et voilà qu'à présent, elle allait repartir loin et définitivement. Elle avait peur de leurs réactions, à l'image de celle de Derek il n'avait rien dit, mais dans son regard Emily avait pu lire de la tristesse, de la déception aussi de n'avoir rien dit avant. Quand elle lui avoua qu'elle avait pensé à partir dès qu'elle avait fait sa réapparition, il y a quelques mois déjà. Il s'était inquiéter pour elle, il avait traqué Doyle, el croyant être son meurtrier. Et pour le remercier, elle partait encore une fois.
Au moins, cette fois-ci, elle ne lui avait pas menti et, au final, ce fut pour ça qu'il n'était pas en colère contre elle.
S : « Une danse ? »
Spencer se tenait devant elle, lui tendant la main, un sourire à la fois discret et gêné sur le visage.
E : « Avec plaisir. » Lui répondit-elle en souriant tout autant
Son cœur se serra : elle savait que ces tendres moments avec chacun seraient les derniers. Elle devait en profiter, ne pas laisser la culpabilité ou la tristesse la ronger et gâcher ce moment. Alors elle dansa, avec Spencer, avec Hotch, avec Rossi, même avec Garcia et JJ … Elle dansa comme si c'était la dernière et … En effet, ça serait la dernière fois. Et quand la soirée se termina par une dernière chanson, c'est dans les bras de Morgan qu'elle finit. Il avait un secret éphémère en commun, mais il était hors de question de l'évoquer à ce moment-là. Serrés l'un contre l'autre, ils profitèrent de chaque seconde. Elle retint quelques larmes pour ne rien montrer, mais le silence qui s'imposa à eux était plus assourdissant qu'autre chose.
Et quand la soirée toucha à sa fin, c'est Derek qui se proposa pour raccompagner la jeune femme chez elle. La encore, aucun mot ne fut prononcé jusqu'à ce que la voiture ne s'arrête devant l'immeuble de la jeune femme.
D : « Bon … »
E : « Merci encore de m'avoir raccompagné. »
D : « Tu n'allais pas rentrer à pied. »
Emily lui sourit, un peu gênée de ces longs silences entre eux. Elle ouvrit la portière mais Derek posa sa main sur son avant bras.
D : « Hey … On te voit demain ? »
E : « Derek, je ne vais pas m'enfuir comme une voleuse. Vous valez tous bien plus que ça. »
D : « … »
E : « Ecoute … Je sais que … Que tu penses que c'est injuste. Qu'après mon retour, je vous fasse subir une nouvelle un départ impromptu … »
D : « C'est ta vie, tu en fais ce que tu veux après tout … Si tu penses que ça ira mieux en partant alors … Je n'y peux rien. Je me dis juste que tu vas encore terriblement nous manquer … Me manquer … »
E : « Londres n'est à 5h d'avion tu sais … Je pourrais revenir vous voir. »
D : « Mais tu n'en feras rien. »
Un petit silence d'Emily et Derek comprit qu'il avait vu juste : après tout, la voir partir était déjà assez dur comme ça, pour qu'elle en rajoute en revenant et repartant sans cesse. Bien sur elle reviendrait, mais pas autant qu'il le voudrait ou qu'elle le laisser entendre.
E : « Je suis … »
D : « Non, tu n'es pas désolée. Tu as certainement de la peine pour l'instant, parce que tu penses avant tout à nous, mais ton départ, tu le fais pour toi. Si c'est la seule solution alors … Nous l'accepterons. Je ne peux évidemment pas te garantir la réaction de chacun mais … Ils comprendront, ils finiront par comprendre. »
Oui … Ils finiront, pensait-elle. Elle avait tellement peur qu'ils lui en veuillent encore une fois et que leur amitié ne tiendrait pas les kilomètres qui les sépareraient …
Diriger le bureau d'Interpol à Londres était une opportunité de carrière qui séduisait vraiment Emily. Peut-être était-ce le signe qu'il lui fallait pour repartir sur d'autres bases nouvelles, même si cela comprenait de laisser derrière elle sa famille, ses amis.
E : « On se dit à demain. »
D : « Tu vas en parler demain ? »
E : « Hotch s'y attend en tout cas. »
D : « Tu partirais quand ? »
E : « Attends un peu ! Je n'ai encore rien décidé pour Londres. »
D : « Bien sur que si Emily, et on le sait tous les deux. Et puis … Directrice des bureaux d'Interpol à Londres, c'est plus que ce que tu pourrais espérer. C'est une opportunité à saisir. »
E : « A t'entendre, je devrais partir sur le champ. Et pourtant tout à l'heure … »
D : « … Tout à l'heure, c'était sous le coup de la surprise. Tu m'annonces que ça fait des mois que tu penses partir, que tu ne te sens pas bien. Oui, j'étais surpris et déçu aussi parce qu'on a travaillé fort tous ensemble pour que tout redevienne comme avant, sauf que, comme tu l'as dit, c'était plus profond que ça. On était tous à coté de la plaque. »
E : « Je suis désolée, si tu savais … Si je pouvais je … Je … »
D : « Si tu revenais en arrière, tu changerais les choses ? Tu ne serais pas revenue hein ? »
E : « … »
D : « Remarque, si tu n'étais pas revenue, on aurait tous continué à penser que tu étais morte, et au bout d'un moment, on s'en serait remis, on serait aller de l'avant on aurait pas oublier, mais on aurait fait avec ton départ … Tout comme on fera avec ton départ encore cette-fois. »
E : « … »
D : « Allez, va te coucher, demain sera une longue journée … »
Il esquissa un sourire forcé et laissa Emily sortir de la voiture. Il ne redémarra que lorsque que la porte de l'entrée de l'immeuble se referma sur la jeune femme qui ne se retourna pas une seule fois. Ce n'est que quand elle entendit le moteur ronfler de la voiture et s'éloigner qu'elle consentit à jeter un œil derrière elle … Sur sa joue, une larme luisante brillait aux lueurs de la lumière de la cage d'escaliers.
