Titre: L'Espace d'une nuit

Auteurs: Gorgonne & Meduse

Disclaimer: Les personnages et bien sûr le contexte/monde/univers appartiennent à JKR.


NDLR^^: Cette fic a été écrite à quatre mains avec Meduse. Après le court prologue où nous avons joyeusement mêlé nos mots, Meduse exprimera le POV de Severus tandis que j'adopterai celui de Kingsley. Si cette répartition du Choixpeau s'est naturellement imposée à nous, elle sera transcrite pour plus de clarté en caractères standard pour le POV de Sev, en italique pour celui de Kings.

Ce choix nous a paru plus léger que celui de la répétition "POV SEV"/ "POV Kingsley" mais, si cet avis n'était pas partagé, toute suggestion de ta part, ô lecteur, sera étudiée avec la plus grande attention :)


Résumé: Tome 6- 48 heures après la mort de Dumbledore.

Improbable amitié que celle de l'ombre et de la lumière, du sombre Severus et du lumineux Kingsley. Et pourtant… c'est bien à travers cette alliance des contraires que tous deux renouvellent, bravant les orages depuis leurs quinze ans, d'inviolables serments jamais formulés.

Mais Poudlard est bien loin ce soir, et Dumbledore n'est plus. Rogue est un assassin, Shacklebolt un Auror.

A l'instant crucial où seule guide la force de l'intuition, où la voix de l'instinct peut perdre ou sauver l'âme, l'improbable amitié de leur jeunesse résistera-t-elle à ce qui s'annonce comme l'ultime tempête?

Du haut de cette Tour, l'Auror et le damné sont si près de chuter tous deux…


PROLOGUE

Pré-au-Lard, 1976

-Tu n'es pas à Serpentard ?

Kingsley avait éclaté de rire à cette question. Si son instinct ne le trompait pas, sa réponse avait quelques chances de déplaire.

-Non… Et je vais même te dire pire : je suis à Poufsouffle !

Il regardait son camarade, une lueur amusée dans les yeux, curieux de savoir comment il allait réagir à ça.

Quelque peu intrigué, Severus avait plissé les yeux. Etait-ce de la naïveté ou une totale inconscience ? Voilà que la créature face à lui riait… Un rire léger, franc… Un son étrange à ses oreilles.

Moment de grâce ou effet de surprise ? Quitte à poursuivre dans l'improbable, autant continuer cette discussion, s'était en tout cas pris à penser le Serpentard, étonné de lui-même.

-Peu de souffle… rassure-toi, il existe encore pire.

Un petit sourire en coin, Severus avait attendu de voir si la gaieté apparemment tenace de son interlocuteur allait s'envoler en fumée.

Mais Kingsley lui avait rendu son sourire, comme étonné de cet étrange humour. Voilà qui changeait un peu, semblaient lui dire les yeux pétillants du jeune audacieux.

L'inconnu l'intéressait de plus en plus.

-Sans doute : tu pourrais sûrement faire pire que ma connaissance… et moi la tienne !

Son regard s'était perdu sur les dolmens face à eux. Chaque jour pouvait décidément réserver des surprises…

Soit ce petit être avait un effet euphorique sur Severus, soit il devenait joyeux avec l'âge. Quoi qu'il en soit, il l'amusait décidemment. C'était un sourire inconnu qui s'était dessiné sur ses lèvres.

-C'est vrai, tu aurais pu tomber nez à nez avec un loup vorace. Ou encore dans un nid de Gorgones hystériques. En fait, tu as beaucoup de chance de m'avoir rencontré.

Un rire silencieux avait un instant secoué Kingsley.

-On peut le dire comme ça… Et toi, tu aurais pu tomber sur quelqu'un qui ait envie de faire la conversation… Alors que je te propose de goûter un instant de silence dans ce lieu apaisant.

Sans un mot, Severus le sombre s'était alors laissé glisser contre la pierre voisine dans un tacite acquiescement. Pour la première fois, sans qu'aucun d'eux sache bien pourquoi, c'était côte à côte que ces deux solitaires avaient écouté la nuit.

OoO

Poudlard, 1977

Intérieurement, Severus riait comme un diable.
Un tour en balai ! Lui !

Pourtant Kingsley, en une phrase, l'avait détourné des recherches qu'il avait prévu en bibliothèque. D'une de ses idées aussi étranges qu'étonnantes, il l'avait distrait de ses noirs desseins.

Mais qu'était une ballade de quelques minutes face à l'oeuvre d'une vie ?

N'en restait pas moins que Kingsley, l'improbable ami, était un futur Auror au coeur pur. Un jour ou l'autre peut-être s'affronteraient-ils ?

En attendant, ils allaient faire un tour dans les airs en bons camarades.

Alors oui, Severus riait.

Comme ils prenaient de l'altitude, les élèves vêtus de leurs capes devenaient des points de plus en plus petits.

-Regarde ça! On est libres comme l'air à côté d'eux! Alors, toujours envie d'être rivé au sol? Avait lancé Kingsley par-dessus son épaule.

Severus était pris de la même fièvre que son ami ... Ce sentiment si fort, si puissant de liberté.
N'était-ce pas cela qu'il recherchait du fond de la Salle sur demande ?

Ainsi chacun de leur côté, encore une fois, chacun à leur façon, comme toujours, Severus et Kingsley recherchaient encore et toujours la même chose : n'être pas des pions, vivre et devenir ce que leur susurrait leur conscience.
Observant le sol, Severus avait enfin vu se matérialiser ce qu'il ressentait depuis toujours. Lui étranger au milieu des autres. Lui sans relation aucune avec leur petite vie.
Mais aujourd'hui, ce sentiment, c'était avec Kingsley qu'il le partageait et il en était ravi, troublé mais ravi !

-Oui, un sentiment enivrant que celui de la liberté, hein ? Jusqu'où peut-on aller pour lui ? Avait-il demandé.

Son pilote était demeuré un instant pensif. Jusqu'où, oui? Jusqu'où Sev et lui seraient-ils prêts à aller pour rester libres?
Pour sa part, Kingsley ne trouvait pas de limites à sa réponse. Il en avait éprouvé une sensation de vertige qui n'avait rien à voir avec leur altitude.

-Je ne sais pas. En fait, il me semble que rien ne m'arrêterait si je devais me battre pour préserver ça...

Sev non plus sans doute. Mais de quelle manière se battrait-il, lui? Sans doute pas comme Kingsley, celui-ci le pressentait bien.
Pourtant... Pour la première fois, il avait aussi pressenti que quelqu'un partageait cette part solitaire de son être -cette part que lui-même ne comprenait pas toujours.

Sev, son sombre jumeau... Son âme damnée... Lequel d'entre eux tirerait l'autre de son côté? Aucun peut-être.

Mais en cet instant, dans les airs, loin de tous, l'Ombre et la Lumière résonnaient à l'unisson : c'était la même fièvre qui coulait dans leurs veines, c'était la même force qui agitait leur âme.

OoO