STUCK ON PAPER.


J'admirais ces contours parfaits.

Je savais que jamais je ne pourrais me lasser de les contempler.

Mon regard se détourna des yeux à la couleur et à la forme d'amandes qui semblaient entourés de charbon pour survoler une arrête de nez fine comme on en avait rarement vues.

Mes yeux s'arrêtèrent sur une bouche pulpeuse qui aurait pu donner à n'importe qui une terrible envie d'y poser ses lèvres furtivement pour ensuite les retirer et revenir rapidement à la charge dans un ébat fougueux et sauvage.

Les lèvres étaient d'un rose d'une couleur pastel douce mais tirant légèrement vers un rose plus vif.

Une couleur quasiment indescriptible tout comme la beauté du visage que je contemplais depuis déjà au moins cinq longues minutes.

Après avoir détaillé tous les principaux éléments composant la face angélique, je décidai de me préoccuper des longs cheveux noirs aile-de-corbeau du personnage situé en face de moi.

Ils étaient parsemés de mèches de différentes couleurs partant du blanc et qui pouvaient aller jusqu'à tirer sur le jaune à certains endroits.

Malgré la netteté des contours et la perfection du visage, l'être qui me faisait face semblait inanimé et une certaine mélancolie émanait des deux iris pointés de deux petites taches lumineuses brillantes comme deux minuscules diamants qui semblaient représenter l'espoir dans ce regard presque irréel.

Je séparai quelques secondes mon propre regard de ce visage angélique, mais qui semblait tout de même avoir quelque chose de malin, comme si la perfection des traits voulait cacher une sorte de culpabilité démoniaque, impression qui n'en était que renforcée par le large trait de couleur suie qui entourait les deux amandes et les diamants qui s'y trouvaient.

Pénétrer ce regard à la fois innocent et intimidant par le mien avait fini par me rendre mal à l'aise et je me trouvais soulagée de ne pas avoir su le soutenir et de m'en être détachée.

Comme je m'apprêtais à lui tourner le dos et à sortir définitivement de la pièce, j'entendis Lise entrer doucement dans la chambre par l'entrebâillement de la porte :

« Alors, qu'est-ce que tu en penses ? Tu ne trouves pas que j'aurais dû estomper les yeux davantage ? »

©Fallin'Engel.