Chapitre I :
Ne pensez-vous pas qu'il y a des choses qui, même si vous ne les comprenez pas, existent cependant ? [...] Ah ! c'est bien là le défaut de la science : elle voudrait tout expliquer ; et quand il lui est impossible d'expliquer, elle déclare qu'il n'y a rien à expliquer.
Dracula – Bram Stoker
Depuis plusieurs jours, Miranda venait d'emménager à New-York. C'était tout nouveau pour elle, jamais elle n'aurait cru qu'elle arriverait jusqu'ici. Alors qu'elle portait un dernier carton dans ses bras, elle observa à travers sa fenêtre la ville. C'était tout simplement magnifique : d'ici, elle voyait le monde bouger, les quartiers s'animaient et surtout, elle voyait la vie partout autour d'elle. C'était une occasion en or pour se faire connaître. Depuis l'âge de ses douze ans, elle voulait devenir chanteuse. Malheureusement, avec le peu de débouchés que cette carrière exigeait, elle avait préféré se diriger dans des études de littérature dans une prestigieuse université. Pourtant, en admirant cette ville dynamique, elle désirait tenter sa chance. Elle souriait à cette idée-là tandis qu'elle se remettait au travail. Dans une heure, elle aura enfin fini de ranger son appartement de 28m².
Quand elle termina, elle prit une tasse de thé au caramel et admira son travail. Ses meubles en bois se fondaient pour elle avec le blanc cassé des murs. Elle avait soigneusement suspendu trois tableaux abstraits l'un à côté de l'autre au-dessus de sa petite télé noir. À côté, se situait une étagère qui était remplie de mangas. Devant la télé, il y avait un ancien canapé en forme de baignoire qu'elle avait récupéré à la déchetterie et dont elle avait soigneusement refait. Puis, derrière se trouvait une porte qui menait à la salle de bains qui contenait une baignoire, un miroir, un lavabo ainsi que des WC. Aussi, vers la droite du canapé, on trouvait une petite cuisine américaine. À côté, se situait sa chambre de 15m². À l'intérieur, il y avait un lit de deux places, une armoire de bois blanc, ainsi qu'une commode et trois étagères qui étaient situées au-dessus du lit où se trouvaient des tonnes de livres.
Miranda souriait à la nouvelle vie qui venait tout juste de commencer et sortit de l'appartement. Vêtu d'un slim en jean, d'un haut kaki avec un petit décolleté, d'un blouson en cuir noir et d'une paire de bottines noir, elle était prête pour partir. Elle se regarda une nouvelle fois dans le miroir de la salle de bains afin de vérifier qu'elle était bien, elle attacha ses cheveux roux en une queue-de-cheval et se mit du rouge à lèvre rouge pétant. Enfin prête, elle se dirigea vers la porte de sortie, mais s'arrêta en réalisant qu'elle n'avait pas son pendentif. Aussitôt, elle se précipita dans sa chambre et chercha son collier. Au bout de quelques minutes plus tard, elle trouva : il s'agissait de son collier de baptême avec un pendentif en forme de croix. Elle soupira de soulagement, prit son sac à main marron et partit enfin de chez elle.
Lorsqu'elle sortit de chez elle, elle brancha ses écouteurs à son portable et mit Whola Lotta Love de Led Zeppelin. Elle inspira une nouvelle fois et partit une fois pour toutes à la découverte de New-York. Pendant qu'elle marchait, elle admirait tous les gratte-ciels qui étaient atour d'elle, elle souriait aux enfants qui la regardaient étrangement par ses cheveux rouges, elle rigolait lorsqu'elle écoutait les paroles de ses chansons et se paya un hot-dog. Pour la première fois, elle profitait de la vie alors qu'habituellement, elle restait tout le temps enfermée chez elle, à écrire et étudier. Plus elle explorait cette ville gigantesque, plus elle appréciait le bruit des voitures et des cris des enfants. Avant de rentrer chez elle, elle visita Central Park. À l'instant même où elle mit les pieds ici, elle réalisa qu'il y avait une étrange rupture entre la nature du parc et les structures humaines. Les arbres n'étaient d'autre que les barrières qui séparaient les humaines du paradis.
Au bout de quelques heures plus tard, elle décida de rentrer chez elle. Elle quitta Central Park et passa par un raccourci. Bien évidemment, elle n'avait pas un bon sens de l'orientation. C'est pour cela que durant les minutes qui suivirent, elle finit par se perdre. Inquiète, elle remarqua qu'il y avait peu de monde qui circulait ici et que le quartier était de plus en plus sinueux. Elle augmenta le volume de son tandis qu'elle accéléra le pas en essayant de trouver une personne pour demander son chemin. Malheureusement, il n'y avait que des SDF ainsi que des hommes qui la regardaient étrangement. Elle avança alors le pas encore plus rapidement, en évitant de croiser le moindre regard.
Tout à coup, elle sentit quelqu'un qui l'observait derrière elle. Miranda se retourna aussitôt. Mais il n'y avait personne. Son cœur qui commençait à s'accélérer, l'empêcher d'avoir les esprits clairs. Qui était-ce ? Pourquoi avait-elle l'impression qu'une personne la suivait ? Quand elle regarda l'heure sur son portable, elle réalisa qu'il commençait à se faire tard. Elle reprit sa marche et tenta d'oublier les passants.
Puis, alors qu'elle commençait à reconnaître le chemin, elle entendit des voix qui l'interpellaient :
- Eh ma jolie ! dit un jeune homme derrière elle. Que fais-tu ici toute seule ?
- Ouais ma belle ! dit un autre en la sifflant. Viens nous rejoindre, on va t'aider à retrouver ton chemin.
- Aller viens ! On va te faire visiter le quartier ! dit un autre en rigolant.
Miranda, de plus en plus inquiète, continuait de marcher tellement vite, qu'elle remarquait qu'elle commençait à courir. Pourtant, les mauvaises intentions des jeunes hommes continuaient à la déranger. En voyant sa réaction, ils coururent derrière elle. La rousse remarqua aussitôt ce changement d'attitude. Elle accéléra et essaya de les poursuivre. Pourtant, au fur et à mesure qu'elle courrait, elle parvenait à se perdre dans un endroit encore plus sombre. Elle tourna à gauche, à droite, tout en regrettant d'avoir oublié sa bombe lacrymogène. Elle n'arrivait plus à réfléchir, dès la moindre rue qu'elle croisait, elle s'empressa d'y rentrer en espérant de les semer. Malheureusement, sa maladresse et son manque d'intelligence finirent par prendre le dessus. Alors qu'elle pensait que de tourner dans une petite ruelle à droite, elle tomba nez à nez devant un mur.
- Oh non… Un cul-de-sac ! réalisa-t-elle, paniquée.
Quand elle se retourna, elle vit les trois hommes qui la regardaient en souriant. Tandis qu'ils s'approchèrent d'elle, Miranda tenta de les fuir en reculant de plus en plus. Néanmoins, son corps était déjà plaqué contre le mur. Plus ils étaient proches d'elle, plus elle sentait son cœur battre rapidement. Oh non, ce que va-t-il se passer maintenant ? Pensait-elle. Son esprit défila toutes situations les plus probables ce qui lui donna des frissons. Ses yeux bleus s'écarquillèrent lorsqu'ils sortirent un couteau suisse, un flingue ainsi qu'une caméra.
- Si tu es gentille, on ne te fera aucun mal, promis. fit l'un en caressant la chevelure de la jeune fille.
- S'il vous plaît, laissez-moi… supplia Miranda.
- Pas temps que tu n'auras pas fait ce qu'on te demande. répondit l'autre en allumant sa caméra.
- Maintenant, laisse-toi faire poupée. termina le dernier en ouvrant sa braguette.
Miranda les regardait, terrifiée et n'essaya pas se défendre. Elle était faible et ne savait pas se battre, et surtout pas se défendre ! Comment pouvait-elle fuir face à ce danger ? Lorsqu'un l'homme au couteau prit les poignets de Miranda, elle comprit que rien ne pourra les arrêter. C'était trop tard, elle ne pouvait rien faire mis à part se débattre. Mais elle était tellement pétrifiée par ce qui lui arrivait, que son corps ne l'écoutait plus, elle était incapable de bouger !
Soudain, alors qu'elle ne croyait en plus rien, elle entendit une voix masculine qui les interrompit :
- Violer une pauvre jeune fille pour votre pur plaisir est un crime impardonnable.
Miranda observa cette personne et vit alors un jeune homme brun qui était présent. De là où elle se situait, elle pouvait seulement apercevoir le costard noir ainsi que sa chemise blanche. Cet accoutrement surprit assez Miranda. C'était la première fois qu'elle voyait un homme d'affaires dans ces quartiers-là.
Mais l'homme, les mains dans les poches, fit quelques pas vers eux sans se soucier du danger qui rôdait. Pourtant, la jeune fille, en se doutant du sort qui lui réservait, s'écria :
- Non ! Partez ! S'il vous plaît ! C'est dangereux !
Cependant, celui-ci ne semblait pas réagir. Au lieu de partir, il s'approcha des hommes. L'un des délinquants, en remarquant cette opposition, sourit.
- Oh, monsieur veut faire son gentleman ? dit-il.
- Le pauvre, il va devoir salir son costard de cent dollars ! fit l'homme avec le couteau.
- Et bien, s'il veut jouer, on va jouer. termina l'autre.
Les trois hommes se regardèrent entre eux. Lorsqu'ils hochèrent la tête, celui qui avait le couteau pris brusquement la tignasse de la jeune fille et positionna le couteau sous son cou. Le deuxième marcha vers l'homme en costard avec son arme tandis que le troisième le suivit en rangeant sa caméra dans sa poche.
- Mais avant, dit celui qui avait l'arme blanche, on va devoir se débarrasser de la rouquine.
Et, à l'instant même où il prononça ces paroles, il s'apprêta de trancher la gorge de Miranda. Cependant, alors qu'elle entendit un :
« Je ne pense pas, non. »
Elle vit alors une chose les plus étranges se produire. Ce fut en quelques secondes où tout se déroulait. Alors qu'elle pensait que s'était la fin pour elle, l'homme qui tenait le couteau fut aussitôt écarté d'elle. Il se retrouva plaqué contre le mur, la gorge tranchée. L'homme armé, en remarquant son ami mort, il lança un regard noir à l'homme au costard.
- Ok mec, je ne sais pas comment tu as fait ça, mais tu vas le payer.
Sur ces avertissements, il dirigea le flingue sur le brun tandis que l'autre s'enfuit en courant. Pourtant, alors qu'il pensait pouvoir s'en sortir, l'inconnu le rattrapa. Il prit le cou de son ennemi tandis et le souleva en le regardant dans les yeux.
- Vous partez déjà ? Et bien, laissez-moi vous faciliter la tâcher. dit l'inconnu.
Il serra le cou de plus en plus jusqu'à ce que celui-ci s'étouffât. Cependant, le troisième homme, en voyant la scène, décida d'agir. Aussi vite qu'il pouvait, il se précipita vers la jeune fille et tira sur elle. Mais, alors que la balle se dirigeait vers elle, l'inconnu frappa de nouveau. Par une raison incompréhensible, il déplaça Miranda après avoir tourné la tête de l'homme. Ces quelques secondes qui étaient du moins des plus impressionnantes, mais surtout, des plus confuses, restèrent dès ce jour gravé dans la mémoire de la jeune fille. La dernière image qu'elle avait de ce mystérieux inconnu était son visage. Il était bien brun oui, mais ses yeux étaient d'un noir profond tandis que sa peau était aussi blanche que les murs de son appartement. Il la regardait, sans montrer la moindre expression et le moindre sentiment. Quant à elle, elle essayait de le regarder encore et encore avant qu'il disparaisse. Et, lorsque c'était le cas, elle fut perdue dans ses pensées par ce qui venait de se passer.
~ 6 ~
