Disclaimer : Albator, Clio, son vaisseau et son équipage, Warius, son vaisseau et son équipage, la Déesse Dorée, appartiennent à leur créateur M. Leiji Matsumoto

Les autres sont à moi

1.

Alérian reposa sa tasse de chocolat chaud.

- On tourne toujours au ralenti, remarqua-t-il.

- Il manque une moitié d'équipage, il n'y a pas moyen de suppléer à tous les postes sans responsable, rétorqua son père.

- Pour avoir neutralisé la Ruche de la République Indépendante, l'amiral Hoddong…

- Hors de question que des tiers, Militaires de surcroît, viennent bidouiller l'Arcadia ! protestèrent d'une seule voix Albator et Toshiro.

- Quels susceptibles vous faites !

- Elémentaire prudence, rétorqua Albator.

- Mais Warius s'était porté garant de…

- J'ai entière confiance en Warius. Les autres, je ne les connais pas ! C'est mon cuirassé, je fais ce que je veux !

- C'est bien ce que je disais : soupçonneux.

- Expérimenté, corrigea encore Albator. Attends un peu d'avoir vraiment bourlingué dans la mer d'étoiles et connu des désillusions ! A présent, la pause est finie, trêves de bavardages, Yattaran t'attend pour un cours de pilotage !

- Encore…

- Les nouveaux spacewolfs conçus par Toshiro ne sont pas aussi simples que les jets de combat Indépendants. Tu dois les maîtriser ! Au travail ! Nous sommes peu nombreux, tout le monde doit savoir tout faire !

- Au moins, ces spacewolfs, tu les as laissés être conçus par les usines Militaires de la République de Warius, grinça Alérian. En fait, tu es conciliant ou grinçant voire dénigrant quand ça t'arrange uniquement !

- Alie reviens ici, tu es insolent au possible ! aboya son père.

- J'ai été capitaine de Destroyer. Ici tu es simplement mon père, je n'ai pas à obéir plus que de raison à tes ordres ! jeta le jeune homme sans se retourner, franchissant les hautes et majestueuses portes de bois de l'appartement. Mais je vais auprès de Yattaran pour le cours…

- Alérian, ramène tes fesses ! Tu n'as pas à me parler sur ce ton ! Je suis ton père et ton capitaine !

Mais les portes se refermèrent sans qu'Alérian ne se soit retourné ou n'ait dit un mot de plus.


La mine pensive, Alérian flattait l'étoffe noire et or de la veste d'uniforme ainsi que la visière de la casquette qui étaient pliées et posées dans un coffret en bois précieux.

- Ça te manque ? glissa Beebop.

Alérian caressa le tissu de l'uniforme.

- Oui. J'aimais être mon propre maître à bord ! Mon père est un tantinet tyrannique quand il s'y met et ancré dans des idées préconçues totalement déplacées envers des amis et des alliés de combats !

- Tu piques ta crise d'adolescence ? questionna le petit robot rouge et blanc.

- Il doit y avoir de cela. Avec Mulien, ce fut simple, sans le moindre heurt. Notre vie était facile, agréable même, je n'avais aucune raison de le défier…

- Le capitaine de l'Arcadia est ton papa, rappela Beebop.

- Et il n'a pas à me commander comme un mousse tout juste arrivé à bord, corvéable à merci ! se révolta Alérian en buvant son thé glacé. Je ne suis plus un ado justement. J'ai commandé un Destroyer… Je n'en sais pas autant que lui, je le reconnais, je n'aurai jamais son expérience, mais je refuse qu'il me traite comme un gamin mal dégrossi et niais sans aucune connaissance de la mer d'étoiles et de ses dangers… Une mer d'étoiles que les Erguls mettent à sang… Nous serons bientôt de retour à la Terre, et ça me terrifie !

Alérian eut un sursaut rageur, martelant de ses poings la table la plus proche.

- Comment pourrait-il comprendre ? reprit-il après un moment de silence. J'ai quitté ma maison, mon foyer, toute ma vie, pour courir après une ombre… Et ce fantôme soudain impitoyable semble se ficher allègrement de ce que je vais trouver…

Alérian eut un reniflement entre tristesse et rage.

- Il a abandonné la Terre depuis trop longtemps. En fait, il doit se foutre éperdument de ce qui y est arrivé, de ce qui peut encore se passer !

- Ce voyage… objecta Beebop.

- Pas pour cette Terre où il n'a plus rien. Uniquement parce que les Erguls veulent en faire une base. Mon père est un guerrier froid, calculateur et sans pitié – et c'est le monstre que j'ai ranimé lors de ma première quête… Je ne pense pas arriver à jamais encore m'entendre avec lui ! Moi, j'ai encore du cœur, et on m'a appris à me battre pour protéger les civils et la paix des peuples !

- Alie, tu n'es pas un peu trop dur ? remarqua encore le petit robot rouge et blanc.

- Je suis réaliste ! gronda Alérian. Je suis encore humain et je veux croire aux valeurs du cœur !

- Alie… murmura encore Beebop.

Alérian referma le pan de sa tunique noire frappée du sigle Pirate.

- J'ai un cours de pilotage à prendre ! siffla-t-il en quittant son appartement.